Archive pour la catégorie ''

HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUI PERD SA VIE À CAUSE DE MOI LA TROUVERA »

28 août, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-22e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Qui-perd-sa-vie-a-cause-de-moi-la-trouvera_a966.html

HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUI PERD SA VIE À CAUSE DE MOI LA TROUVERA »
Textes : Jérémie 20, 7-9, Romains 12, 1-2 et Mathieu 16, 21-27.

fr

Savez-vous d’où vient le nom que nous nous donnons lorsque nous disons que nous sommes « chrétiens » ? C’est facile de répondre… Vous l’avez deviné, bien entendu. Hé oui! Le mot chrétien vient de « Christ ». Il y ressemble d’ailleurs. Un chrétien c’est celui qui prend Jésus Christ comme modèle, c’est celui qui désire suivre Jésus Christ.

I – Jésus Christ, un modèle à suivre
Le chrétien, comme saint Pierre dans l’évangile de dimanche dernier, proclame et croit que Jésus n’est pas seulement un magicien, mais qu’il est le Fils de Dieu. Mais lorsqu’on reconnaît Jésus comme Fils de Dieu, c’est engageant. On ne sait pas jusqu’où cela va mener. Saint Pierre le vit aujourd’hui lorsque Jésus lui indique le chemin qui va le mener à la croix.
Saint Pierre ne peut imaginer un tel destin pour son Maître. « Dieu t’en garde, cela ne t’arrivera pas ». Pour Pierre, c’est impossible que le Fils du Dieu vivant soit mis à mort. C’est impensable, inconcevable. Il n’en est pas question. Et pourtant, Jésus lui explique qu’il doit passer par là pour accomplir la volonté de son Père pour le salut de ses frères et sœurs.
On comprend saint Pierre. C’est le scandale, la folie de la croix comme dira saint Paul dans sa première Lettre aux Corinthiens (I Corinthiens 1, 23).
II – Le sens de la croix
Cette folie de la croix, c’est le mystère de la vie de Jésus. Par sa mort sur la croix, le Fils de Dieu donne un sens à notre vie. La souffrance, la mort, les divisions, le mal dans le monde tout cela est incompréhensible et absurde. Mais cela prend un sens pour un chrétien parce que Jésus a porté nos souffrances, nos misères, parce que par sa mort, il a vaincu la mort. Tout est changé au point que celui qui avec ses moyens humains veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de Jésus la gardera parce qu’il entrera dans les pensées de Dieu qui ne sont pas celles des humains.
On n’y arrive pas sans effort. C’est cela que veut dire « prendre sa croix » . Si nous marchons à la suite de Jésus, la croix nous rencontrera c’est sûr. Nos croix personnelles peuvent devenir des portes pour aller plus loin dans notre rencontre de Dieu.
Être chrétien n’est pas facile aujourd’hui. On est souvent à contre-courant comme l’a été dans son temps le prophète Jérémie dont parle la première lecture. Il a été séduit par Dieu. « Tu as voulu me séduire, écrit-il, et je me suis laissé séduire ». En lui il y a comme feu dévorant que les moqueries et les railleries ne peuvent éteindre. Sa fidélité à Dieu peut nous servir de modèle dans des circonstances différentes, mais aussi difficiles parfois.
III – Application
Nous pouvons être sûrs que nous avons choisi le chemin vers le vrai bonheur. « Ne prenez pas pour modèle le monde présent » dit saint Paul dans la deuxième lecture. Le pape François y revient souvent en invitant à fuir ce qu’il appelle la « mondanité » pour suivre Jésus et marcher à sa suite. La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel…Il s’agit d’une manière subtile de rechercher « ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Philippiens 2, 21) ». (cf. Evangelii Gaudium n. 23)
On n’a pas à chercher à faire des sacrifices, à s’imposer toutes sortes de pénitences, la vie nous en donne en quantité. Il s’agit de cultiver notre union à Jésus dans la prière, dans la fréquentation des sacrements et dans notre vie de chaque jour. Il revient à chacun et à chacune selon sa vocation, son état de vie, ses obligations et ses choix personnels de trouver les moyens concrets pour vivre la « suite de Jésus » qui est au cœur de la vie chrétienne.
La personne employée dans un hôpital, le directeur ou la directrice d’une compagnie, la mère de famille, la personne retraitée, la personne en perte d’autonomie etc. auront chacun leur croix personnelle. S’ils la reçoivent comme une porte qui les mène à Dieu alors cette croix deviendra un instrument de résurrection et de vie pour eux ou pour elles. Ils la vivront même avec joie car la joie n’est pas la satisfaction béate de ses instincts ou de ses besoins, elle réside avant tout dans la suite du Christ. Cette joie le pape François l’appelle « la joie de l’Évangile ». Voici comment il la décrit : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours… » (Evangelii Gaudium n. 1).

Conclusion
Dans cette messe aujourd’hui, demandons à Jésus qui nous invite à l’imiter et dont nous partagerons le Corps à la communion de nous faire toujours choisir par toute notre vie le vrai chemin, la voie étroite qui conduit à la vie éternelle. C’est ce que je nous souhaite à tous et à toutes.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT ! » TEXTES : ISAÏE 22, 19-23, ROMAINS 11, 33-36 ET MATHIEU 16, 13-20.

21 août, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-21e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Tu-es-le-Christ-le-Fils-du-Dieu-vivant-_a965.html

HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT ! »
TEXTES : ISAÏE 22, 19-23, ROMAINS 11, 33-36 ET MATHIEU 16, 13-20.

fr

Avez-vous remarqué que les deux questions que Jésus demande à ses disciples ne sont pas pareilles, même si elles se ressemblent ? La première : « D’après ce qu’on dit, qui est-ce que je suis pour les gens? » et l’autre « Pour vous, qui suis-je? » Arrêtons-nous à cela un petit peu.

I – Deux questions
La première question touche l’image d’un homme public. Elle apporte toutes sortes de réponses. Les disciples répètent ce qu’on dit autour. « Tu es Jean-Baptiste, Élie. Tu es un prophète ».
Et encore aujourd’hui on entend plusieurs personnes dire que Jésus les inspire. C’est un homme superbe. Les artistes s’y intéressent pour faire des films ou écrire des romans. On édite des livres savants sur lui, parfois pour contester certaines pages de l’évangile et même pour nier qu’il ait existé comme le fait philosophe Michel Onfray dans Décadence. Quoiqu’il en soit, même aujourd’hui, Jésus ne laisse pas indifférent.
Mais dans notre évangile, Jésus dans sa deuxième question « Pour vous qui suis-je? » dit aux disciples, en d’autres mots, « ce que je veux savoir, c’est ce que vous vous pensez ». Il les oblige à se « brancher », à s’impliquer vis-à-vis de lui.
C’est un peu comme lorsqu’on vit une relation amoureuse. On aime se retrouver pour toutes sortes d’activités. Bien souvent c’est du « parle, parle, jase, jase ». Mais si, tout à coup, vous demandez à votre vis-à-vis : « Est-ce que tu es intéressé ou intéressée à aller plus loin? » avez-vous remarqué que souvent la personne recule ?. Elle a peur de s’impliquer. Avec raison peut-être, car faire un pas en avant peut vouloir dire beaucoup. Il faut être prêt à investir, comme on dit, pour aller plus loin dans une véritable relation amoureuse.
Ici saint Pierre va faire le pas. Il va s’impliquer et il dit : « Pour moi tu es le Messie, le Fils de Dieu. » Voilà il dit, en d’autres mots, « ce qui m’importe ce n’est pas ce qu’on dit de toi, c’est ta personne, je te fais confiance un point c’est tout. »
C’est cela la foi. C’est faire confiance à Jésus, ce n’est pas seulement croire à des vérités, mais c’est s’impliquer vis-à-vis la personne de Jésus et lui faire confiance. C’est une grâce comme le dit Jésus à saint Pierre. « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »

II – La grâce de la foi
Cette grâce de la foi en Jésus, saint Pierre l’a reçue non pas pour lui seul, mais pour soutenir les autres apôtres et tous les disciples de Jésus. Jésus lui dit « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Cette belle image des clés veut montrer que la mission de Pierre n’est pas seulement de fermer des portes mais de les ouvrir comme le rappelle si souvent notre pape François.
Saint Pierre le premier pape a reçu cette mission particulière et il l’a transmise à ses successeurs. C’est le rôle principal du pape que de soutenir la foi des chrétiens et des chrétiennes. Le pape François le fait admirablement et c’est l’occasion aujourd’hui de prier pour son ministère.
La foi, en effet, n’est pas un cadeau qu’on reçoit pour soi tout seul. La foi on ne la reçoit pas isolé. On est partie d’un peuple, d’une Église. C’est la foi de l’Église qu’on reçoit. C’est ce que nous rappelle le Catéchisme de l’Église catholique lorsqu’on y lit :
« La foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle. Mais la foi n’est pas un acte isolé. Nul ne peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul. Nul ne s’est donné la foi à lui-même comme nul ne s’est donné la vie à lui-même. Le croyant a reçu la foi d’autrui, il doit la transmettre à autrui. Notre amour pour Jésus et pour les hommes nous pousse à parler à autrui de notre foi. Chaque croyant est ainsi comme un maillon dans la grande chaîne des croyants. Je ne peux croire sans être porté par la foi des autres, et par ma foi, je contribue à porter la foi des autres. » (numéro 166)
L’Église n’est pas seulement une simple organisation matérielle avec des activités très visibles comme les voyages du pape, par exemple, c’est une réalité spirituelle : le peuple de Dieu. C’est pour cela qu’on ne peut pas dire « moi je me contente de pratiquer ma religion, de faire ma religion à ma façon, tout seul ». On se rassemble comme nous le faisons en ce dimanche en communauté. On est ensemble pour recevoir la foi, en vivre sous la mouvance de l’Esprit, en union avec le pape et les évêques et avec nos pasteurs.

III – Témoins de la foi
Ce cadeau de la foi que nous avons reçu, pensons à le transmettre. J’aime beaucoup l’image de la flamme olympique pour représenter la foi. On va chercher la flamme en Grèce, puis des coureurs se relaient pour l’apporter jusqu’au lieu des Olympiques. C’est toujours la même flamme, le même feu qui se transporte. Ainsi de la foi. C’est une affaire de témoins qui la reçoivent et la transmettent.
Cela peut se faire de mille et une façons. La créativité n’a pas de limites. Je laisse le soin à l’Esprit Saint de vous inspirer. Quelques exemples. Je connais des grands mamans qui apprennent à leurs petits enfants les prières comme le Notre Père ou le Je vous salue Marie qu’il n’ont pas appris à la maison ou à l’école. Je connais des étudiants ou des étudiantes qui ne refusent pas de dire qu’ils vont à la messe assez souvent le dimanche, même s’ils se font dire « Tu crois encore à cela, ces niaiseries-là ». Je pourrais continuer avec d’autres exemples, mais il est temps de m’arrêter.

Conclusion
Demandons au Seigneur de recevoir le don de la foi.
Demandons-lui de le développer et demandons-lui que notre foi rejoigne de plus en plus de monde aujourd’hui et demain.
Prions aussi pour le ministère du pape François qui a la charge de soutenir la foi du peuple de Dieu.
Que cette messe soit pour nous un ressourcement en communauté de foi avec nos frères et sœurs présents et avec tous ceux et celles qui, comme nous, célèbrent le Jour du Seigneur dans le monde entier.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

14 août, 2020

https://dimancheprochain.org/7010-homelie-de-lassomption-de-la-vierge-marie/

fr

HOMÉLIE DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

Abbé Jean Compazieu (3 août 2017)

La première en chemin”
Le 15 aout est un rendez-vous important au cœur de l’été. C’est le seul jour férié dédié à la Vierge Marie. Ce jour-là, beaucoup de chrétiens sont rassemblés dans de nombreux sanctuaires pour la fêter comme il se doit. Ils ont choisi de se rendre à Lourdes avec le pèlerinage national. D’autres se retrouvent à Fatima, ND du Laus, le Puy en Velay, Pontmain mais aussi dans les petites chapelles de nos campagnes. C’est ensemble, les uns avec les autres que nous nous unissons à l’action de grâce de Marie. Et nous nous unissons à la prière de toute l’Église pour notre monde d’aujourd’hui.
Pour ceux qui n’ont pas l’habitude, le récit de l’Apocalypse (1ère lecture) est un peu déroutant. Pour le comprendre, il faut savoir qu’il a été écrit pour des chrétiens durement persécutés. Pour des raisons de sécurité, il utilise un langage codé et symbolique que seuls les chrétiens peuvent comprendre. Toutes ces visions qu’il nous décrit sont là pour nous annoncer la victoire du Christ ressuscité sur les forces du mal. La femme qui engendre le Messie, c’est le peuple de Dieu. Ce Messie est affronté au dragon qui représente Satan mais aussi l’empire romain totalitaire et persécuteur. Mais contre ce Messie, il ne peut rien.
La tradition chrétienne a vu dans la mère de ce Messie la Vierge Marie, mère de Jésus ; nous pouvons toujours compter sur elle dans notre combat contre les forces du mal. Comme nous le dit un très beau chant, elle est “la première en chemin”. Elle ne cesse de nous renvoyer au Christ vainqueur de la mort et du péché. Comme aux noces de Cana, elle continue à nous redire : “Faites tout ce qu’il vous dira…”
La deuxième lecture ne parle pas directement de Marie. Saint Paul nous rappelle que Jésus est ressuscité d’entre les morts. Il est le premier d’une longue lignée à rejoindre le Père dans sa gloire. Par delà la mort, il nous ouvre le chemin. Ce sera un très beau cortège et Marie y occupera une place de choix. Elle est la première à bénéficier en son âme et en en son corps de la résurrection de Jésus, premier né d’entre les morts. Avec elle et avec tous les saints du ciel, nous sommes tous appelés à la gloire de la résurrection.
L’Évangile qui nous est proposé fait suite à l’Annonciation. L’ange Gabriel vient d’annoncer à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur. Ayant appris que sa cousine Élisabeth est devenue enceinte du futur Jean Baptiste, elle se met en route. Cette rencontre entre Marie et Élisabeth donne lieu à une explosion de joie. La Visitation ce n’est pas qu’une simple rencontre familiale entre deux cousines : c’est la rencontre des deux alliances, l’ancienne avec Élisabeth et la nouvelle avec Marie. A travers ce Messie pas encore né, c’est Dieu qui vient visiter le peuple de l’ancienne alliance.
Avec Marie, nous sommes invités à rendre grâce au Seigneur qui continue à faire des merveilles. Dans le monde de Dieu, les premiers sont les derniers ; les exclus, les humbles ont la première place dans son cœur. Marie se reconnaît proche d’eux. Elle nous le montre dans sa prière mais aussi dans son engagement qui l’a poussée à faire ce long déplacement vers sa cousine Elizabeth.
Voilà cet événement de la Visitation, Marie qui rejoint Élisabeth avec Jésus en elle. La même Marie continue à nous rejoindre chaque fois que nous l’appelons. Quand elle était au pied de la croix, Jésus lui a confié toute l’humanité : s’adressant à Jean, il dit : “Voici ta mère” et à Marie : “Voici ton fils.” A partir de cette heure, le disciple la prit chez lui. Alors n’hésitons pas à prendre Marie chez nous et à lui donner la place d’honneur. Nous pouvons toujours compter sur elle.
Avec Marie, il n’y a pas de situation désespérée. Quand tout va mal, nous pouvons toujours nous tourner vers elle. Quand nous sommes en manque de paix et de joie, elle est là. Et comme à Cana, elle le dit à son Fils. Et Jésus nous invite à “puiser à la Source” de celui qui est l’amour, la paix et la joie. Et quand nous sommes tombés au plus bas, elle se baisse pour nous ramasser. Elle qui a misé toute sa vie sur l’amour, elle nous aide à nous remettre debout pour reprendre notre route à la suite du Christ. En ce jour de fête, nous rendons grâce pour ce merveilleux cadeau qu’il nous fait en nous donnant Marie sa Mère. Elle est celle qui n’a eu comme souci “que tout se passe selon la Parole de Dieu”. Avec elle, nous comprenons que la foi est d’abord un bonheur venu de Dieu. Pour Marie, l’assomption couronne son aventure de croyante. Son Fiat prononcé à l’Annonciation s’épanouit dans le paradis.
« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».
De Marie, ce fut l’expérience. Prions-la pour que ce soit la nôtre.

 

HOMÉLIE POUR LE 19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « JÉSUS ÉTENDIT LA MAIN, LE SAISIT »

8 août, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-19e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Jesus-etendit-la-main-le-saisit_a963.html

fr si

HOMÉLIE POUR LE 19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « JÉSUS ÉTENDIT LA MAIN, LE SAISIT »
TEXTES : I ROIS 19, 9A.11-13A, ROMAINS 9, 1-5 ET MATHIEU 14, 22-33.

Cette semaine en préparant mon homélie, j’avais un heureux problème. Je trouvais tellement de choses à dire que je me demandais laquelle choisir. Je me suis arrêté à la réaction de saint Pierre qui se lance à l’eau pour rejoindre Jésus.

I – La marche sur les eaux
En effet, cet épisode de la vie de Jésus qu’on vient de proclamer est comme une image de ce qui se passe dans nos vies et dans la vie de tout être humain. Il est question de nos peurs, des fantômes qui hantent nos vies, de nos tempêtes, mais aussi de confiance, de vent qui se calme, de foi.
Que se passe-t-il ? Les apôtres et saint Pierre ont ramé toute la nuit. Ils croient voir un fantôme. Saint Pierre se lance à l’eau et il cale. Et c’est lorsque Jésus lui tend la main qu’il trouve un appui qui le secourt et lui donnee la paix. Sa foi en Jésus lui permet d’avancer malgré le péril où il s’enfonçait et elle le fait grandir.

II – Des réactions sans fondment
On est tous un peu comme les apôtres et saint Pierre, n’est-ce pas ? On est souvent pris de peurs, bouleversés. Dans la tête de beaucoup de gens, de personnes croyantes comme nous, lorsque ça ne va pas, ou si ça va mal dans leur vie, c’est que Dieu n’est pas là.
Je pense à quelqu’un qui me disait : « J’ai prié pour avoir un emploi pendant un bon bout de temps, puis je me suis rendu compte que ça ne donnait rien, alors j’ai arrêté de prier et même d’aller à la messe le dimanche ».
Je pense encore à ce que j’ai entendu un jour aux nouvelles lors d’une tragédie dans une résidence de personnes âgées où 20 personnes de l’âge d’or sont mortes. Quelqu’un qu’on interrogeait dans un vox pop disait alors au journaliste: « On en veut un peu à Dieu d’avoir fait cela » comme si le bon Dieu les avait fait mourir par exprès. On entend parfois aussi quelque chose de semblable sur la pandémie du Covid-19 qui nous est arrivé par surprise. Certaines personnes ont tendance à y voir comme une punition de Dieu.
Vous voyez, souvent on agit et on pense comme si Dieu était obligé à nous. On fait comme saint Pierre ici. On dit à Dieu ce que saint Pierre dit à Jésus : « Si c’est bien toi, ordonne que je vienne vers toi ». On considère Dieu comme une sorte de négociant, d’homme d’affaires. On marchande avec lui « Tu me donnes cela et moi je te donne cela ». Et si ça ne va pas dans le sens qu’on veut on perd confiance, comme saint Pierre. On perd la foi. On se laisse « caler ».

III- Une présence mystérieuse
Pourtant, les textes d’aujourd’hui le disent bien, leur message est clair et direct : Dieu est présent même quand ça va mal.Vous connaissez peut-être cette histoire des traces de pas dans le sable dont on a fait un beau poster. On voit sur la grève les pas de deux personnes qui marchent l’une à côté de l’autre. Plus loin les traces continuent, mais il n’y a que les traces des pas d’une personne. Ce poster exprime ce que Jésus disait un jour à sainte Catherine de Sienne qui se plaignait en le priant qu’il l’avait abandonnée dans ses peines et ses souffrances. Et Jésus alors lui fait voir cette image. Elle lui dit « Tu vois bien que tu étais avec moi » en remarquant les traces des pas des deux personnes, mais elle ajoute en ne voyant qu’une trace de pas « Maintenant regarde il n’y a que les traces de mes pas ». Jésus lui répond alors « Tu te trompes, ce ne sont pas les traces de tes pas, mais les miennes, car quand ça allait mal, je te portais dans mes bras ».
Chers sœurs et frères, nous sommes invités aujourd’hui à saisir la main tendue de la tendresse de Dieu, celle de Jésus qui nous aime. « Il n’est de salut que pour les personnes qui savent saisir la main de l’Autre quand cet autre est Jésus » a-t-on écrit avec justesse.
C’est ce que saint Pierre a fait et ce que nous sommes invités à faire lorsque qu’on se dit que la religion a bien changée, que la société est remplie de problèmes et quand nous rencontrons nos difficultés de couples, de parents ou encore de personnes retraitées. La main tendue de Jésus est la présence de Dieu auprès de nous. Celle-ci se fait souvent sentir comme celle de la brise légère qui annonçait au prophète Élie la venue de Dieu comme le raconte la première lecture. À nous de la reconnaître et de saisir cette présence de Dieu dans nos vies, une présence continuelle et proche.

Conclusion
Je termine avec cette belle phrase que j’ai lue et qui résume bien le message d’aujourd’hui : « Qu’est ce qui me reste quand il ne reste rien ? demande Maurice Bellet…. un auteur jésuite de renom… Alors, il arrive répond-il qu’un presque rien, la lumière d’un visage, la musique d’un nom, le geste offert d’une main, tout d’un coup disent tout »
Faisons, si vous le voulez bien cette prière :

Seigneur,
Quand le vent souffle en tempête,
Donne-moi de te reconnaître
Dans la main que tu me tends,
J’ai parfois l’impression que tu m’abandonnes,
Que tu n’es plus présent dans ma vie,
Alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour saisir la tienne et me laisser relever,
Je saisis ta main Seigneur, guide-moi et merci d’être toujours avec moi.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 18E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LA MULTIPLICATION DES PAINS : DES GESTES QUI PARLENT » TEXTES : ISAÏE 55, 1-3, ROMAINS 8, 35.37-39 ET MATHIEU 14,13-21.

1 août, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-18e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-La-multiplication-des-pains-des-gestes-qui-parlent_a962.html

fr si

HOMÉLIE POUR LE 18E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LA MULTIPLICATION DES PAINS : DES GESTES QUI PARLENT »
TEXTES : ISAÏE 55, 1-3, ROMAINS 8, 35.37-39 ET MATHIEU 14,13-21.

Les derniers dimanches nous avons entendu de la part de Jésus des histoires, des paraboles avec dans chaque cas un message pour ceux et celles qui les écoutaient et aussi pour nous qui les écoutons de nouveau.
Aujourd’hui, l’évangile de saint Mathieu change de ton. Il ne s’agit plus de paraboles, d’histoires, mais de gestes au cours d’un événement : la multiplication des pains.

I – Des gestes qui sont des signes
Ces gestes ne sont pas anodins. Ils sont des signes à interpréter et à recevoir. Ils nous livrent comme les paraboles des messages. On dit parfois que les gestes parlent plus fort que les paroles. Dans l’Ancien Testament, les prophètes en ont utilisés pour faire passer le message de Dieu. Isaïe, par exemple, qui se promène dévêtu pendant trois ans (Is 20,1-6), une façon de dire que si Israël fait avec l’Égypte, il sera dépouillé, dépossédé de tout. Le prophète Jérémie porte un attelage de bœuf, un joug (Jérémie 27,1-22), signifiant ainsi la soumission au roi Nabuchodonosor. Le prophète Osée épouse une prostituée pour faire réagir le peuple de Dieu qui lui-même se prostitue en rendant un culte à des divinités étrangères (Osée 1,1-3).
Jésus a accompli lui aussi beaucoup de gestes interpellants comme le changement de l’eau en vin aux noces de Cana, la tempête apaisée sur le Lac de Galilée etc.
Je vous propose de revoir le récit de la multiplication des pains dans cette perspective. Permettez que je souligne quatre gestes de Jésus dans ce récit de la multiplication des pains en dégageant la signification qu’on peut leur donner. Comme je viens de le dire, ce sont des signes que Jésus nous donne pour nous faire comprendre un message.
II – Les quatre gestes à retenir dans le récit de la multiplication des pains
Le premier, c’est l’invitation de Jésus aux disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
La situation est pourtant claire : c’est le temps d’aller faire l’épicerie pourrait-on dire. Le soir tombe, les gens ont faim et les villages ne sont pas loin. Et pourtant, Jésus répond à la préoccupation de ses disciples d’une façon surprenante. Ils les invitent à se mettre à l’œuvre. Jésus qui se fait notre nourriture est une nourriture qu’on partage. « Vous-mêmes donnez-leur à manger ». En d’autres mots, n’attendez pas le marché ou l’ouverture de l’épicerie. Vous avez avec vous en moi une nourriture spirituelle à partager.
Le deuxième geste nous met devant les yeux une quantité minime de nourriture : « cinq pains et deux poissons ».
Les pains et les poissons représentent l’action de Jésus. Jésus ne vient pas dans la splendeur. Il est présent dans la vie de tous les jours comme ces aliments simples que sont les pains et les poissons. Il est une nourriture accessible à toutes et à tous dans la pauvreté des moyens, dans la petitesse, dans la faiblesse. Sa mort sur la croix l’illustrera pour toutes les générations à venir.
Le troisième geste retenu est la réponse de Jésus : « Apportez-les moi ici …et levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ».
Cette nourriture pauvre est remise entre les mains de Jésus, l’Envoyé de Dieu. Elle est confiée à l’amour de Dieu qui se manifeste en Jésus. Une pauvreté que Jésus transforme dans la prière en s’abandonnant avec confiance à la puissance de son Père vers qui il lève les yeux en rendant grâces comme nous le faisons chaque dimanche dans l’Eucharistie. On peut voir dans ce geste un symbole du sacrement de l’Eucharistie, car ce que Jésus fait ressemble à ce que le prêtre fait à chaque messe au moment de la consécration.
Le quatrième geste retenu est le geste de la distribution de la nourriture que Jésus donne aux disciples et que ceux-ci donnent à la foule. « Il les donna…et les disciples les donnèrent à la foule… Tous mangèrent à leur faim ».
Jésus exprime ici une confiance totale en la puissance de Dieu son Père et invite les disciples à faire de même. Le résultat de cet abandon c’est un miracle étonnant qui se manifeste dans une abondance de nourriture qui répond à la faim des personnes qui sont là, mais aussi à nos faims de toutes sortes. La nourriture que Jésus donne est une nourriture de vie éternelle, qui va au-delà de nos attentes.

III – Application à la vie chrétienne
Tous ces gestes tournent autour d’un même thème, celui de la nourriture. Le récit de saint Mathieu en nous racontant l’événement de la multiplication des pains nous ouvre sur une nourriture autre que la nourriture matérielle. Celle-ci est le signe de la nourriture spirituelle que Dieu offre en abondance comme le dit la première lecture. « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas? […] Venez à moi! Écoutez, et vous vivrez ». Cette nourriture spirituelle dépasse ce qu’on attend de la nourriture matérielle. Elle remplit le cœur. Elle ne se perd pas, Elle se partage avec les autres. Il y en a toujours de disponible.
Cette nourriture spirituelle quelle est-elle? Pour l’instant, le récit de la multiplication des pains ne le dit pas. Mais, Jésus y reviendra plus tard et il expliquera que cette nourriture c’est lui-même qui se donne à nous par amour. « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jean 6, 51)

Conclusion
Cet événement de la multiplication des pains est un signe encore pour nous aujourd’hui. Devant les faims qui nous tenaillent, faim d’amour, faim de pardon, faim de bonheur, faim de Dieu etc., cet épisode de l’évangile nous invite à croire que si, comme Jésus, nous levons les yeux vers notre Père du ciel, ces faims seront comblées au-delà de nos espérances.
C’est ce que nous faisons à chaque Eucharistie en union les uns avec les autres et avec Jésus lui-même qui continue dans la gloire du ciel à intercéder pour ses disciples.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 17E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LE TRÉSOR ET LA PERLE »

24 juillet, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-17e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Le-tresor-et-la-perle_a961.html

fr si

La perle précieuse

HOMÉLIE POUR LE 17E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LE TRÉSOR ET LA PERLE »
TEXTES : ROIS 3, 5.7-12, ROMAINS 8, 28-30 ET MATTHIEU 13,44-52.

En quelques lignes nous avons aujourd’hui un enseignement merveilleux concernant la rencontre avec Dieu dans notre vie, car le Royaume des cieux dont il est question c’est en réalité Dieu lui-même. Cette rencontre de Dieu est comparée ici à un trésor caché dans un champ et aussi à une perle de grande valeur que trouve un négociant de perles.

I – La parabole du trésor
Dans la première parabole, celle du trésor caché, on peut comprendre que Dieu se laisse découvrir souvent comme par hasard dans notre vie. Cela peut survenir au moment où on s’y attend le moins de façon imprévue même, à l’occasion d’un décès, d’une séparation, d’un coup de téléphone, d’une rencontre, que sais-je? Et alors, il se fait comme une lumière éclatante, surprenante même pour la personne intéressée. On parle alors d’une conversion qui surprend les proches et qui change la vie de la personne.
C’est ce qui est arrivé à un grand journaliste français, ami du pape Jean Paul II, André Frossard, qui raconte sa conversion dans une petit livre qui a eu un grand succès et dont le titre est « Dieu existe, je l’ai rencontré ». André Frossard raconte que c’est dans la vingtaine qu’il a découvert son trésor. Rien ne le préparait, semble-t-il, à cette découverte. Son père était secrétaire du parti communiste français. À la maison il n’était pas question de religion. Puis un jour qu’il attendait un de ses amis catholique, il est entré dans une église où il y avait l’adoration du Très Saint Sacrement. Et là s’est produit la rencontre avec Dieu qui est venu vers lui. Dieu s’est révélé à lui d’une manière si forte qu’en sortant de l’église, il dit à son ami, je suis catholique moi aussi maintenant. Je crois en Dieu. Dieu existe. Tout est là. André Frossard a découvert alors un trésor. Il ne s’en préoccupait pas, mais c’est Dieu lui-même qui est venu au- devant de lui, qui s’est révélé à lui.
Mais revenons à la parabole. Une fois le trésor découvert, qu’est-ce que fait celui qui l’a trouvé : il vend tout et achète le champ où il l’a trouvé. C’est sur cela que Jésus insiste. Dieu est un trésor qui fait pâlir tout le reste à côté de lui. La rencontre de Dieu demande qu’on engage tout ce qu’on a et même tout ce qu’on est. Ailleurs dans l’évangile, Jésus dit « Vous ne pouvez servir deux maîtres ». Hélas!, comme le remarque le cardinal Vingt-Trois, ancien archevêque de Paris, il arrive qu’on ne le fait pas toujours, on négocie, on y va à moitié…Et pourtant, le message de Jésus est clair : il faut se détacher de tout pour acquérir ce bien précieux comme le fait celui qui a trouvé le trésor, qui vend tout et achète le champ où il l’a trouvé.

II – La parabole de la perle
Dans la seconde parabole, il est encore question de la rencontre de Dieu dans notre vie, mais là on peut songer plutôt à quelqu’un qui est à la recherche de Dieu, comme le négociant qui cherche toujours de plus belles perles.
Ici l’insistance de Jésus est mise sur la nécessité de chercher Dieu. Dieu se révèle parfois sans qu’on le cherche comme pour André Frossard, mais souvent aussi il se révèle au terme d’une longue recherche « Cherchez, cherchez sans vous lasser et vous trouverez » dit Jésus ailleurs dans l’Évangile. Lorsque nous cherchons, nous nous posons des questions. C’est très bon de le faire. Et il ne faut pas abandonner avant d’avoir vraiment trouvé la perle précieuse.
Je pense ici à un missionnaire qui sera prochainement canonisé – le décret a été signé le 26 mai 2020 par le pape François – le bienheureux Charles de Foucauld béatifié par le pape Benoît XVI le 13 novembre 2005. Vous en avez peut-être entendu parler. Il est à l’origine de plusieurs communauté religieuses comme au Québec dans Charlevoix les Petits Frères de la Croix fondés en 1980. Charles de Foucauld est mort assassiné en 1917 alors qu’il vivait comme ermite dans le désert du Sahara en Algérie. Orphelin de père et de mère, rendu adulte, il avait tout laissé de la religion de son enfance. Il devint militaire et explorateur en Afrique. Il va explorer le Maroc et il est toujours en recherche d’un bonheur qui lui échappe malgré ses succès. Il fait, raconte-t-il plus tard, souvent cette prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». Après plusieurs années, grâce à une de ses cousines, il fait la rencontre de Dieu à l’âge 28 ans. Il trouve la perle précieuse et il écrit : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui.».
Comme le marchand, le bienheureux Charles de Foucauld, a compris au cours de sa recherche qu’il faut tout donner pour garder cette perle précieuse.

III – Application
Est-ce qu’il arrive encore aujourd’hui ce qui est arrivé à André Frossard ou à Charles de Foucauld? La réponse est oui.
Dieu se manifeste dans nos vies simplement, mais réellement. Quand tu aides ta mère malade, quand tu écoutes ta fille qui pense au divorce, quand tu ne dors pas à cause de ton garçon parti au loin… tu rencontres Dieu? Dieu est là dans la vie de tous les jours.
Il nous revient d’avoir l’œil ouvert pour le voir comme le marchand qui recherche des perles.
Il nous revient d’avoir une oreille attentive pour l’entendre qui nous appelle à l’improviste parfois, qui nous offre le trésor de sa présence et de son amour pour nous.
Jésus à travers les paraboles du trésor et de la perle, nous invite à choisir Dieu. Et la première lecture nous montre que ce choix qu’a fait Salomon apporte sagesse et paix. Bien des choses peuvent nous distraire, mais au fond de notre cœur, il y a ce désir de Dieu, de bonheur, qui ne trouve son épanouissement que si on consent à mettre Dieu à la première place dans notre vie. Dans cette eucharistie, demandons au Seigneur de nous rendre attentifs à le reconnaître lorsqu’il se révèle à nous et demandons aussi la grâce de rester toujours « des chercheurs, des chercheuses de Dieu » dans notre vie.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

 

HOMÉLIE POUR LE 16E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LAISSEZ-LES POUSSER ENSEMBLE JUSQU’À LA MOISSON » TEXTES : SAGESSE 12, 13. 16-19, ROMAINS 8, 26-27 ET MATTHIEU 13,24-43 LECTURE BRÈVE 13, 24-30.

18 juillet, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-16e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Laissez-les-pousser-ensemble-jusqu-a-la-moisson_a960.html

fr

HOMÉLIE POUR LE 16E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LAISSEZ-LES POUSSER ENSEMBLE JUSQU’À LA MOISSON »
TEXTES : SAGESSE 12, 13. 16-19, ROMAINS 8, 26-27 ET MATTHIEU 13,24-43 LECTURE BRÈVE 13, 24-30.

Je ne suis pas sûr que vous seriez d’accord pour laisser pousser les mauvaises herbes dans votre jardin ou encore sur votre gazon. Je soupçonne que vous faites tout pour les combattre, traitement le printemps etc.
Il s’agit bien de mauvaises herbes dans l’image de l’ivraie dont parle le texte de l’évangile qui vient d’être lu. L’ivraie représente ce qui nuit, ce qui est nocif, le mal, en somme, dans le monde ou encore en chacun de soi. Le bon grain c’est ce qui est bon, c’est le bien.
Et l’attitude du propriétaire qui représente Dieu n’a pas beaucoup de bon sens, entre nous. Ce qui est normal, c’est de s’occuper d’enlever les mauvaises herbes comme je le disais. Et pourtant le propriétaire dit dans le texte de l’évangile : « Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ». Pourquoi une telle attitude de la part du propriétaire qui représente Dieu ?

I – L’attitude du propriétaire, de Dieu
Comment qualifier l’attitude du propriétaire, de Dieu ? En un mot, je dirais que « Dieu est humain » et qu’il veut que nous le soyons. Dieu a bon cœur, il est compréhensif, il n’écrase pas.
Voyez-vous, les mauvaises herbes et le bon grain ici sont une image qui nous représente. On n’a du mauvais, mais aussi de bons côtés. On n’est pas des choses, des objets qu’on manipule. On est des personnes avec des sentiments, de la bonne volonté, des faiblesses aussi. On n’agit pas avec les personnes sans les respecter, sans prendre le temps de leur donner une chance. C’est pourquoi, Dieu qui agit « humainement » pourrait-on dire avec nous veut donner une chance à chacun, donner tout le temps qu’il faut. Il est patient. « La patience, a dit un poète, est la profondeur de l’amour ». Comme c’est vrai avec Dieu. C’est encourageant.

II – Comment Dieu exerce-t-il sa patience ?
Comment Dieu fait-il ? Son secret c’est de regarder non seulement le mal, le mauvais, mais aussi le bon qu’il y a dans les personnes, dans le monde, en nous aussi. C’est comme cela que Dieu agit, et comme cela qu’il veut que nous agissions nous aussi ?
Avez-vous remarqué que cette façon de faire attire plus qu’une attitude négative ? C’est saint François de Sales qui disait « on attrape plus de mouches avec une cuillerée de miel qu’avec une tasse de vinaigre ». Faire sortir le bon chez son mari, chez son épouse, ses enfants etc. Voir le positif d’abord et pas toujours le négatif.
Pourquoi Dieu agir ainsi ?
C’est la pointe de cette parabole, le message essentiel qui est le suivant : on est toujours en croissance spirituelle. Le Royaume de Dieu se développe au fil des ans. « La Parole de Dieu porte du fruit dans la patience » écrivait à des missionnaires saint François de Laval (1623-1708), premier évêque de Québec et fondateur du Séminaire de Québec. Il faut compter avec le temps quand on grandit, quand on se développe. Regarder vos enfants. Quelle patience ils vous ont demandé parfois.

II – Application concrète
Ici il y a deux dangers dont il faut prendre conscience, deux écueils à éviter.
Le premier est celui de vouloir aller trop vite. Dieu nous dit ici de prendre le temps qu’il faut. Il y a un dicton qui le résume bien : « Tirer sur une fleur ne la fait pas pousser plus vite ». Dieu fait confiance aux capacités de grandir en dedans de nous. Il fait confiance à l’Esprit dont parle saint Paul dans la deuxième lecture, l’Esprit qui agit en nous. Dieu fait preuve de réalisme, fait preuve de tolérance. Ainsi nous aussi.
Le second danger est à l’opposé, c’est celui de se renfermer. « Tout est pourri. Y a rien à faire. Moi je m’en fous. C’est mon destin. Y pas de moyen de changer ». On se renferme dans un cocon. Alors que Dieu ici nous dit : « Tout n’est pas parfait dans le monde, il a bien des ambigüités, dans l’Église aussi, dans notre vie, mais ne soyez pas défaitiste ou fataliste. À travers l’ivraie, le bon grain va pousser quand même avec le temps. Faites votre possible et laisser, abandonner le reste entre mes mains. Encore ici une belle phrase de saint François de Laval l’exprime bien « Nous n’avons qu’à lui être fidèles et le laisser faire ».

Conclusion
Cet enseignement est très encourageant aujourd’hui. Ce n’est pas la facilité qui est prêchée. Il faut se retrousser les manches, faire sortir le bon mais en même temps, il faut accepter que çà prends du temps parfois et aussi que tout n’est pas parfait.

Faisons ensemble cette prière inspirée de l’abbé Jules Beaulac :
Esprit Saint,
Toi qui es l’agent de croissance par excellence,
Viens en nous.
Enseigne-nous à ne pas voir seulement le mal qu’il y a dans le monde, mais à découvrir le bien qui y pousse bellement.
Préserve-nous du découragement qui nous démobiliserait et nous déprimerait.
Garde-nous dans la confiance et l’espérance, convaincus que le bien pousse même au milieu du mal et sûrs que Tu nous soutiens et nous éclaires sur tous nos chemins!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 15E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « CELUI QUI A DES OREILLES, QU’IL ENTENDE ! » Chapelle du Lac Poulin le 12 juillet 2020 . Textes : Isaïe 55, 10-14, Romains 8, 18-23 et Mathieu 13, 1-23.

10 juillet, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-15e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Celui-qui-a-des-oreilles-qu-il-entende-_a959.html

(Au même lien le texte des lectures)

fr icona

Van Gogh, le semeur est sorti pour semer

HOMÉLIE POUR LE 15E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « CELUI QUI A DES OREILLES, QU’IL ENTENDE ! »
Chapelle du Lac Poulin le 12 juillet 2020 . Textes : Isaïe 55, 10-14, Romains 8, 18-23 et Mathieu 13, 1-23.

Nous commençons aujourd’hui une série de textes de l’Évangile de saint Mathieu qui sont des paraboles, des comparaisons que Jésus utilise pour faire comprendre ce qu’il veut dire quand il parle du « Royaume » de son Père. En effet, ce n’est pas nécessairement avec des démonstrations, des thèses qu’on fait comprendre. Ce qui est important c’est d’écouter ces histoires que sont les paraboles avec son cœur. « Celui qui a des oreilles, qu’il entende » dit Jésus à la fin de l’évangile lu.
La plupart des paraboles partent de la vie de tous les jours avec des images simples à la portée de tous, elles sont souvent de petites histoires faciles à comprendre. Celle d’aujourd’hui est la parabole du semeur qui sortit pour semer.

I – La parabole du semeur
Cette parabole que nous rapporte aujourd’hui l’évangile de saint Mathieu, est bien connue. Nous l’avons entendue dans sa version brève. Vous pouvez la lire en entier dans la lecture longue. Quel est le message qui se dégage de l’ensemble de cette parabole ?
C’est la question que j’ai posée autour de moi à mes confrères du Séminaire : « Que vous dit cette parole ? » ai-je demandé. Et voici en résumé ce qui est ressorti de mes échanges avec deux confrères africains et deux confrères québécois.
D’abord, d’entrée de jeu, tous se disaient – moi aussi- que cette parabole veut nous enseigner la patience dans l’attente que la semence lève. Attendre patiemment que le soleil, la pluie, le temps fassent leur œuvre. Unanimité sur cette leçon générale de la parabole.
Mais là où les divergences sont apparues c’est sur la façon de vivre l’attente. C’est bien beau d’attendre, mais pendant l’attente ne peut-on pas faire quelque chose : mette de l’engrais, retourner la terre, apporter de l’eau etc… et là s’est levée une forte discussion entre les deux prêtes africains et les deux prêtres québécois. Je vous la raconte brièvement et je vous laisse juger.

II – Un riche discussion
Les prêtres africains ont répété plusieurs fois : on ne peut rien faire, la puissance est dans la semence, on attend que cette puissance éclate par elle-même, on ne peut s’y substituer. Quoi faire alors dans le d’attente ? Eh bien ! on sème du mil dans un autre champ, de la pistache ailleurs en attendant que la première semence lève. Les québécois étaient un peu décontenancés, perplexes.
Ils disaient « Oui, oui c’est bien beau d’attendre, mais on pourrait mettre de l’engrais, amener de l’eau, arroser etc. » Les africains répondaient : « Chez nous,, il n’y a pas d’eau en réserve, il faut attendre la pluie. » Les québécois disaient : « Oui, mais ne pourriez-vous pas irriguer etc. » Les africains répondaient « Vous ne comprenez pas. Toutes ces choses que vous proposez peuvent aider bien sûr à la croissance de la semence, mais ce qui est nécessaire c’est de laisser le temps à la semence elle-même germer ».

III – Application
Eh bien ! Qu’en pensez-vous? Je dois dire que je pense que ce sont mes amis africains qui ont bien compris le message de la parabole du semeur.
Moi et mes amis québécois nous nous concentrions sur la terre, nous nous voyions comme de bons jardiniers alors que ce que la parabole du semeur nous souligne c’est la puissance de la semence. On le sait « parfois un seul mot peut sauver ou détruire une vie ».
Et une application concrète de cette heureuse patience de Dieu que Jésus nous révèle ce matin c’est de comprendre que notre Dieu est un Dieu qui dit : « Donnez une chance aux gens. Aidez-les à cheminer. Ne jugez pas trop vite ». Dieu donne toujours le temps de changer, de retrouver ce qu’il y a de bon dans les gens.
Retenons ceci : nous sommes toutes et tous bénéficiaires de cette bienveillance et de cette patience de Dieu qui sème à tout vent. À mon tour d’être patient avec le monde qui m’entoure, de toujours donner la chance au coureur.

Conclusion
Comme personnes baptisées habituons-nous à écouter le message de Jésus, en particulier celui des paraboles, non seulement avec nos oreilles de chair,, mais avec notre cœur. Les paroles de Jésus demandent à être mises en lieu avec notre vie concrète, elles ne sont pas seulement des vérités, mais elles sont avant tout vie : « Mes paroles son esprit et vie » dit Jésus lui –même ( Jean 6, 58).
Que cet Eucharistie nos aide à reconnaître les paroles que Jésus dit lui-même à notre cœur à l’intérieur de nous-mêmes et prenons le temps de les écouter dans la foi et l’ouverture.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

 

HOMÉLIE POUR LE 14E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LES SECRETS DE DIEU » TEXTES : ZACHARIE 9, 9-10, ROMAINS 8, 9.11-13 ET MATHIEU 11, 25-30.

3 juillet, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-14e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Les-secrets-de-Dieu_a958.html

fr

« car je suis doux et humble de cœur »

HOMÉLIE POUR LE 14E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LES SECRETS DE DIEU »
TEXTES : ZACHARIE 9, 9-10, ROMAINS 8, 9.11-13 ET MATHIEU 11, 25-30.

Si c’était nécessaire, je donnerais comme titre à cette homélie : « les secrets de Dieu ». Il représenterait bien, je pense, le message de l’évangile d’aujourd’hui qui nous parle de Dieu et de notre relation à lui.

I – Un secret
Un secret ? Qu’est-ce que c’est ? Ça peut être deux choses.
D’abord, cela peut être quelque chose qu’on veut cacher, qu’on ne veut pas que les autres sachent : le montant de son salaire, par exemple pour prendre un exemple anodin. Cela peut aussi être plus sérieux parfois.
Un secret, aussi ça peut être quelque chose de très intime, personnel, qu’on ne dit pas à tout le monde. On le partage seulement avec ses amis, sa famille, ceux et celles qu’on aime. Et aussi quand on le partage, on s’attend que l’autre personne soit responsable, qu’elle ne rit pas de nous, qu’elle nous respecte.
Cela m’est arrivé souvent comme conseilleur spirituel, de partager ainsi des secrets. Parfois après plusieurs rencontres avec un séminariste, dans la confiance, il me révélait ce qui le faisait souffrir, le manque d’amour de son père, ses difficultés pour étudier, son manque d’argent …que sais-je… des choses encore plus intimes parfois.

II – Le lien avec l’évangile
Hé bien! C’est ce genre de secret, cette intimité, que Dieu veut partager avec nous. Il ne veut rien nous cacher, mais il attend pour se révéler, nous révéler son amour, que se crée avec lui une confiance, une intimité, un partage. C’est ce que dit le texte de l’évangile lorsqu’on y lit : « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » Et la suite : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ».
Bien sûr pour pouvoir entrer dans les secrets de Dieu, il faut le vouloir, il faut chercher…et pas seulement avec sa tête (les savants dont parle Jésus), avec son argent et ses influences (les puissants et les sages), mais d’abord et avant tout avec son cœur. C’est pourquoi, ce passage extraordinaire de l’évangile de saint Mathieu est au cœur de l’enseignement et de la prédication de Jésus. Dieu se révèle aux tout-petits. Et qui que nous soyons, devant Dieu nous sommes toujours des tout-petits, nous avons besoin de lui.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dont la popularité dans le peuple de Dieu ne se dément pas l’avait bien compris. Pour Thérèse, nous n’avons pas à devenir petits, nous le sommes. Et c’est là que l’amour de Dieu nous rejoint et nous rencontre. Thérèse sait qu’elle est petite. Et elle prend conscience que Dieu aime ceux qui sont assez petits pour reconnaître qu’ils manquent de quelque chose

III- Application
La problématique aujourd’hui dans notre société riche exalte la performance et la réussite personnelle. Cette orientation – qui n’est pas mauvaise en soi – peut entraîner hélas! un manque d’ouverture à Dieu, aux choses spirituelles. On a presque tout : le confort, des biens en grand nombre, des connaissances. On risque de s’y enfermer et ainsi de ne plus désirer autre chose. On n’a plus besoin de Dieu. On ne reconnaît pas sa petitesse, sa pauvreté car, comme le souligne souvent le pape François, les petits et les pauvres s’en remettent plus facilement à Dieu.
C’est ce qu’un confrère missionnaire de retour du Paraguay en Amérique du Sud me confiait en me disant comment il trouvait cela dur depuis son retour au Québec. Je lui demandais pourquoi et il me répondait que là-bas les gens sont pauvres et démunis, mais ils se tournent facilement vers Dieu. Ils ne sont pas plus saints que nous autres, mais ils aiment partager, prier, manifester leur foi. La foi en Dieu fait partie intégrante de leur vie.
Ses réflexions me faisaient penser à l’évangile d’aujourd’hui et je me disais, oui, ici au Québec, peut-être qu’on se pense trop savants, trop fins, trop performants, trop bons. C’est pourquoi on ne sent plus le besoin de s’ouvrir à Dieu, d’aller vers des valeurs non uniquement matérielles, mais spirituelles comme l’amour, le pardon, la bonté, le partage, la foi en Dieu.
En tout cas, l’évangile d’aujourd’hui nous invite à faire confiance à l’amour de Dieu pour nous dans notre vie. Dieu s’attend qu’on lui partage nos secrets car il nous respecte dans ce que nous sommes. « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Conclusion
Oui, notre relation à Dieu est comme celle qu’on a avec quelqu’un dont on partage les secrets. On se confie à lui, on vit une intimité avec lui et on lui fait confiance en tout.
Que cette messe soit l’occasion d’ouvrir à Dieu notre cœur et nous pouvons être sûrs qu’en retour Dieu nous apportera la paix, la joie, le repos. C’est ce que je vous souhaite à toutes et à tous
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 13E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUI M’ACCUEILLE ACCUEILLE CELUI QUI M’A ENVOYÉ » TEXTES : 2 ROIS 4, 8-11.14-16A, ROMAINS 6, 3-4.8-1 ET MATHIEU 10, 37-42.

27 juin, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-13e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Qui-m-accueille-accueille-Celui-qui-m-a-envoye_a957.html

fr

HOMÉLIE POUR LE 13E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUI M’ACCUEILLE ACCUEILLE CELUI QUI M’A ENVOYÉ » TEXTES : 2 ROIS 4, 8-11.14-16A, ROMAINS 6, 3-4.8-1 ET MATHIEU 10, 37-42.

Relisons les dernières phrases de l’évangile : « Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

I – Diverses façons d’être récompensé
Il a diverses façons d’être récompensé de ce qu’on fait, d’être gratifié dans ce que l’on fait ou dans les rapports avec autrui.
La première est celle de la justice. Cela se produit sur une base de « tu me donnes » et « je te donne en retour ». C’est sur une base de calcul. Cela est très bien et même nécessaire. Si j’ai travaillé pour quelqu’un, je lui demande tant. Si j’ai investi dans mon entreprise (temps et argent), je puis dire « ce que j’ai, je l’ai gagné, j’en fais ce que je veux». On dit en langage familier « Qui engage quelqu’un en a pour ce qu’il paye, il en a pour son argent ».
Il y a une deuxième façon de recevoir un retour de ce qu’on fait. Celle-là n’est pas seulement sur une base de calcul, mais sur une base de partage, d’échange, de réciprocité : « Je te rends un service et quand ça « adonnera » (mot québécois qui signifie « quand l’occasion se présentera » ), tu m’en rendras un. Je te reçois chez moi, je t’accueille pour un repas, j’espère que tu me recevras aussi ». C’est normal de s’attendre à ce qu’il y ait un retour lorsqu’on fait quelque chose pour quelqu’un. « Si on aide un prophète, on aura une récompense équivalente, une récompense de prophète, dit Jésus ». Sans être regardant (mot québécois veut dire signifie « sans être calculateur »), lorsqu’on accueille quelqu’un, il est tout à fait indiqué qu’il y ait un retour en proportion de qu’on a fait.
Enfin, il y a une troisième façon de recevoir un retour de qu’on fait, c’est de recevoir beaucoup plus qu’on ne s’attend. Jésus ici nous montre comment. Lorsque j’aide ou accueille tout à fait gratuitement avec le cœur, avec amour, lorsque j’accueille un petit, celui ou celle qui ne peut rien me donner, là la récompense est quelque chose de spécial parce que l’amour ça ne se mesure pas comme le reste, parce que l’amour me fait sortir de moi. Je ne regarde pas à ce qui me reviendrait au retour. J’aime. Je donne, un point c’est tout.
C’est là que l’amour de Dieu est un modèle car Dieu le Père nous donne tout, même son Fils. Nos amours humains, l’amour conjugal, l’amour filial, l’amour des parents pour leurs enfants s’en inspirent même s’ils ne réussissent pas toujours à attendre cet idéal.

II – Le risque de l’accueil
Vous me direz : « Est-ce possible? » Oui, car l’amour est à la portée de tous et de toutes. Le disciple de Jésus est celui ou celle qui accepte de sortir de lui, de « perdre sa vie », de ne pas seulement regarder du côté de ce qui est la justice ou du côté des conventions sociales, mais il accepte d’expérimenter autre chose.
Jésus nous invite ici à prendre le risque de nous laisser changer par autrui, en premier lieu par ceux et celles qu’il appelle les petits: l’enfant que l’on accueille, le handicapé dont on s’occupe, la personne âgée que l’on visite, l’adolescent qui se cherche, le réfugié qui arrive, l’accidenté frappé dans sa chair, le sans logis etc. Le disciple de Jésus accepte de voir Jésus qui lui fait signe dans ce petit, ce blessé de la vie, dans cette personne qui a besoin de moi. C’est Jésus qui m’appelle, me sollicite.
Et ainsi en l’accueillant c’est Jésus qu’on accueille et Celui qui l’envoyé comme il est dit dans notre évangile. De là les phrases percutantes que nous avons entendues : « Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera ». Et les phrases du début de l’évangile sur la famille humaine qui ne doit pas empêcher de donner la priorité à suite de Jésus dans nos vies « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. »
Vous voyez, on devient digne de Jésus non pas seulement en écoutant ses paroles, son message, mais en acceptant qu’il soit le Maître de notre vie, en lui donnant la permission d’entrer dans notre vie. Et sa façon préférée, nous dit-il ici, c’est de passer par les petits, par ceux et celles qui ne peuvent rien nous donner, qui ne peuvent nous remercier même.

II – Application
Ce faisant, à l’image de la femme riche qui reçoit le prophète Élisée dans le récit de la première lecture, nous préparons une chambre dans notre cœur toujours prêt à accueillir. « Un jour, le prophète Élisée passait à Sunam ; une femme riche de ce pays insista pour qu’il vienne manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par là, il allait manger chez elle. » Élysée se demande quoi faire pour la remercier. Apprenant que la dame désire avoir un enfant, il prie Dieu de lui faire ce don. Et c’est ce qui arrive.
La dame est pour nous un modèle de l’attitude chrétienne à développer au fil des jours. Le chrétien est celui ou celle qui a une chambre en plus dans son cœur, son temps et sa vie, une chambre par où Jésus peut entrer en tout moment.
C’est ce qu’exprimait bien la tradition québécoise de nos grands-parents qui laissaient toujours près de la porte d’entrée à l’intérieur de leur maison une banc qui pouvait se transformer en lit pour recevoir les mendiants qui pouvaient survenir. On appelait ce lit improvisé le « banc du quêteux »

Conclusion
Que cette messe en nous unissant à Jésus qui a tout donner pour nous, même sa vie, sans attendre de retour, nous aide à sortir de nous-mêmes pour regarder autour de nous et y découvrir Jésus présent dans le petit, le faible et le démuni auquel nous pouvons offrir une chambre soit matériellement soit dans notre coeur.
Ainsi, au jour du jugement, il pourra nous dire « Toi le béni de mon Père, viens à ma droite car j’avais faim, et tu m’as donné à manger ; j’avais soif, et tu m’as donné à boire ; j’étais un étranger, et tu m’as accueilli ; j’étais nu, et tu m’as habillé ; j’étais malade, et tu m’as visité ; j’étais en prison, et tu es venu jusqu’à moi ! En effet, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.» (Mathieu 25, 34-40). C’est ce que je nous souhaite à tous et à toutes.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

123456...79