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HOMÉLIE POUR LE 32E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « L’ÉPOUX S’EN VIENT » TEXTES : SAGESSE 6, 12-16, 1 THESSALONICIENS 4, 13-18 ET MATHIEU 25, 1-13.

6 novembre, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 32E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « L’ÉPOUX S’EN VIENT »
TEXTES : SAGESSE 6, 12-16, 1 THESSALONICIENS 4, 13-18 ET MATHIEU 25, 1-13.

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L’histoire des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes (qu’autrefois on nommait les vierges sages et les vierges folles) est bien étrange pour des oreilles du 21e siècle. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne s’y retrouvent nullement.
C’est donc un récit marqué par les usages du temps de Jésus. Si nous nous donnons la peine d’y entrer cependant, il en ressort un très beau message concernant la venue de Jésus aujourd’hui dans nos vies et à la fin des temps.

I – La parabole des jeunes filles
La parabole fait référence aux rites des noces en Palestine au temps de Jésus. Deux cortèges de jeunes filles sont mis en scène. Leurs déplacements s’expliquent par le fait que l’époux quittait sa résidence pour venir rencontrer celle qu’il épousait. Celle-ci l’attendait. Ses amies, ses dames d’honneur, formaient un cortège pour aller chercher le futur époux et l’accompagner aux noces.
C’est au cours de ces déplacements que nous voyons deux genres de jeunes filles : le prévoyantes (les sages) et les insouciantes (les folles).
Les premières ont rempli leur lampe d’huile et en ont apporté en réserve. Les secondes sont parties sans se poser de question. Et ce qui devait arriver arriva, l’époux tarde on ne sait trop pourquoi. Les jeunes filles s’endorment et c’est en entendant le cri « Voici l’Époux » qu’elles se réveillent et rallument leurs lampes. Les prévoyantes ont ce qu’il faut tandis que pour le insouciantes l’huile fait défaut. Elles manqueront la fête et resteront en dehors car la porte leur sera fermée.

II – Les images et les symboles
Les images de cette parabole sont faciles à comprendre pour nous.
L’époux représente, bien sûr, Jésus lui-même qui veut s’unir à chaque disciple dans une relation personnelle d’amour et de fidélité où toute la vie de la personne est engagée.
L’huile qui remplit les lampes est l’Évangile lui-même, la Parole de Dieu, qui permet d’être éclairé, de se tenir dans l’attente, d’accompagner l’Époux et de vivre avec lui les noces éternelles, les Noces de l’Agneau (Apocalypse 19, 7).
Les jeunes filles représentent les disciples de Jésus. Elles nous interrogent sur le genre de disciples que nous voulons être.
Arrêtons-nous un moment sur leurs comportements.
Les jeunes filles insouciantes ne sont pas de mauvaises personnes. Elles vont à la recherche de l’Époux qui est Jésus-lui-même comme nous l’avons dit. Elles écoutent la Parole de Dieu mais celle-ci ne s’enracine pas comme Jésus le dira dans la parabole du semeur (Matthieu 13, 1-23). Leurs actes ne correspondent pas à cette Parole. L’Évangile se résume à des mots. Il ne remplit pas leur vie comme l’huile remplit la lampe. Elles crient « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », mais encore là ce sont des mots. Et on peut penser que Jésus leur dira comme il l’a fait pour les pharisiens « ce n’est pas en me disant : ‘ Seigneur! Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mathieu 7, 21).
« Faire la volonté du Père des cieux… » Voilà le chemin qu’ont choisi les jeunes filles prévoyantes (les vierges sages). Elles sont prêtes à suivre l’Époux et à aller jusqu’au bout. Elles remplissent leur lampe de cette huile qu’est l’Évangile lui-même. Cela signifie qu’elles savent reconnaître les appels et les passages de l’Époux. Voilà notre modèle de disciples. C’est un chemin qui n’est pas toujours facile, car l’Évangile vient déranger nos sécurités, brûler nos égoïsmes, élargir nos étroitesses et ouvrir nos cœurs.

III- Application
Dans cette parabole Jésus reconnaIt ceux et celles qui savent le reconnaître. Notre relation avec Dieu c’est un échange, une alliance, une vie où les mots doivent se manifester dans des actes et des œuvres.
Aujourd’hui dans notre monde, il y a beaucoup de manifestations de l’Époux qui est Jésus lui-même. Est-ce que nous savons être vigilants? Là est toute la question. Notre rencontre du Seigneur ne nous sépare pas du monde. Au contraire, la Parole de Dieu reçue et aimée s’incarne dans toute la vie. La vigilance qui nous est demandée est de porter attention à la présence de Jésus parmi nous maintenant et lors de son retour à la fin des temps dont la seconde lecture fait état et que nous espérons.
La vigilance se traduit dans la prière et dans des actes concrets : service, partage, compassion, accueil etc. Elle s’appuie sur l’espérance qui nous inscrit dans la durée. Cette belle vertu de l’espérance est une des trois vertus théologales. Elle nous fait transcender les temps en nous gardant les yeux fixés vers l’invisible que nous attendons pour être « pour toujours avec le Seigneur » comme le dit saint Paul dans la seconde lecture.
Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime bien lorsqu’il présente la vertu d’espérance. Je cite : « L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. » (Catéchisme de l’Église catholique n. 1817)
Vous voyez que cette histoire des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes, malgré son caractère suranné, porte un message qui, lui, ne l’est pas du tout. Cette invitation à la vigilance concerne non seulement les individus disciples de Jésus, mais toutes les communautés chrétiennes. C’est important d’être conscient que tous ensemble nous formons le Peuple de Dieu et que je ne suis disciple prévoyant ou prévoyante dont la lampe est remplie de l’Évangile, de la Parole de Dieu, que si je le suis en communion avec mes frères et sœurs.

Conclusion
Que notre communion au Corps et au Sang du Christ raffermisse en nous l’espérance joyeuse de son Retour. Qu’elle nous garde vigilants et unis dans une espérance tenace avec tous nos frères et sœurs. Ainsi nous découvrirons cette Sagesse dont parle la première lecture qui nous apparaîtra avec un visage souriant, et qui viendra à notre rencontre (Sagesse 6, 16). C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous!
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA TOUSSAINT ANNÉE A « UNE GRANDE NUÉE DE TÉMOINS  » TEXTES : APOCALYPSE 7, 2-4.9-14, 1 JEAN 3, 1-3 ET MATHIEU 5, 1-12A.

31 octobre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Toussaint-Annee-A-Une-grande-nuee-de-temoins_a975.html

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA TOUSSAINT ANNÉE A « UNE GRANDE NUÉE DE TÉMOINS « 
TEXTES : APOCALYPSE 7, 2-4.9-14, 1 JEAN 3, 1-3 ET MATHIEU 5, 1-12A.

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L’évangile de cette fête nous fait relire les Béatitudes en Mathieu 5, 1-12a qui sont le chemin incontournable de la sainteté, la « carte d’identité du chrétien » comme l’a écrit le pape François dans son Exhortation apostolique sur la sainteté intitulée Gaudete et Exultate publiée le 9 avril 2018.
Dans cette Exhortation, le pape François nous invite à considérer « la grande nuée de témoins » qui nous incitent à continuer de marcher vers la sainteté. « Et parmi eux, écrit-il, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Timothée 1, 5). Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (GE 3) Il les appelle « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté » (GE 7).

I – Le sens de la fête de la Toussaint
Vous le voyez cette fête de la Toussaint qui arrive un dimanche cette année nous permet de nous associer de façon particulière aux saintes et saints connus et inconnus, à l’Église du ciel. Comme membres de l’Église ici-bas, sur terre, qui est le Corps mystique du Christ, nous ne sommes pas isolés. Nous sommes en lien continu et permanent avec nos frères et sœurs dans le Christ, non seulement avec ceux et celles qui sont sur la terre mais avec tous ceux et celles qui nous ont précédés et qui jouissent maintenant de la vie éternelle auprès de Dieu au ciel qu’on appelait autrefois l’Église triomphante.
Cette réalité merveilleuse de la « communion des saints » comme nous le confessons dans le Je crois en Dieu à chaque dimanche est au cœur de notre foi. Le christianisme, à l’inverse de plusieurs religions orientales qui se centrent sur la personne et son bien-être physique et spirituel, le christianisme, dis-je, est une religion de communion. Ce terme est parfois galvaudé et a servi à toutes les sauces, mais pour nous la communion n’est pas seulement le geste de partager le Corps du Christ à la messe. C’est beaucoup plus que cela et c’est des plus stimulants pour nous croyants et croyantes.
En effet, l’Église, Corps mystique du Christ, est d’abord et avant tout un rassemblement de communion dans la même foi et dans les mêmes liens. Comme le dit Saint Paul, il y a une seule foi, un seul baptême. « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit, écrit-il aux Éphésiens. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. » (Éphésiens 4, 4-6)
La fête de la Toussaint fait lever nos regards vers cette multitude de personnes baptisées de toutes races, de toutes langues, de toutes nations, fils adoptifs et filles adoptives par la grâce divine et participants de la vie trinitaire. Dieu les connaît par leur nom car c’est lui qui les a appelés. Ils sont nos frères et soeurs rendus à la maison du Père et vivants pour Dieu éternellement avec le Christ ressuscité ( cf. Romains 6, 10-11 ).

II – Qui sont les saints et les saintes que nous fêtons à la Toussaint ?
Cette nué de saints et saintes de la Toussaint nous permet de regarder avec joie autour de nous et de voir, en particulier, les traces de Jésus chez des personnes que l’Église nous présente officiellement comme modèles en les canonisant. Le pape saint Jean- Paul II a voulu le manifester en canonisant au cours de ses voyages des personnes de toutes les contrées qu’il visitait comme aux Indes ou en Palestine. Au cours de son pontificat, il a ainsi procédé à plus de 1,300 béatifications et près de 500 canonisations. Hé oui! L’Église, par des gestes officiels reconnaît certaines personnes comme saintes en les proposant à notre vénération. Elle le fait parce qu’ils ont déjà reçu une reconnaissance de leur sainteté de leur vivant comme Marie de l’Incarnation et François de Laval au Québec qui ont été reconnus saints en 2014.
Outre ces saints et saintes canonisés, la fête de la Toussaint nous fait vénérer en bloc, comme le dit si bien le pape François, ceux et celles qu’il appelle les « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté », car pour imiter Jésus il n’est pas nécessaire d’attirer l’attention. Comme le dit si bien le concile Vatican II lorsqu’il décrit l’appel universel à la sainteté dans la Constitution sur l’Église au chapitre cinq qui porte ce titre : « Tous les fidèles du Christ sont donc invités et tenus à chercher et à atteindre la sainteté et la perfection propres à leur état ». C’est dans la vie de tous les jours que les chrétiens arrivent à la sainteté qui est l’imitation de Jésus.

III – Application
Profitons de cette belle fête de la Toussaint pour laisser nos cœurs s’enflammer du même amour que ces saints et saintes, inconnus ou vénérés officiellement, qui nous ont précédés. Il est bon de les célébrer. car en le faisant c’est la richesse de la grâce de Dieu que nous reconnaissons. Elle se manifeste, en effet, sans relâche au cours des âges dans toutes les situations et dans tous les états de vie.
Si les saintes et les saints canonisés sont souvent issus de communautés religieuses, cela ne doit pas nous cacher le fait qu’elles sont très nombreuses les personnes saintes sans nom et qu’elles sont pour nous des modèles aussi bien que les premiers.

Conclusion
Notre célébration ce matin est une belle occasion de vivre la proximité avec tous les saints et saintes et de nous laisser inspirer par Dieu les gestes qui nous permettront de les rejoindre un jour dans la gloire du Père en union avec Jésus Ressuscité.

Bonne fête de la Toussaint!
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

 

HOMÉLIE POUR LE 29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « UN PIÈGE DÉJOUÉ » TEXTES : ISAÏE 45, 1.4-6, 1 THESSALONICIENS 1, 1-5B ET MATHIEU 22, 15-21.

16 octobre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-29e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Un-piege-dejoue_a973.html

HOMÉLIE POUR LE 29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « UN PIÈGE DÉJOUÉ »
TEXTES : ISAÏE 45, 1.4-6, 1 THESSALONICIENS 1, 1-5B ET MATHIEU 22, 15-21.

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La scène racontée dans ce passage de l’évangile selon saint Mathieu se situe à Jérusalem où Jésus est arrivé sous les acclamations des habitants et des pèlerins qui y sont montés pour la fête de la Pâque. Il y a fait une entrée remarquée que nous célébrons le Dimanche des Rameaux. Ses adversaires, pharisiens, scribes et membres du grand conseil appelé le Sanhédrin le poursuivent insidieusement. La scène que nous venons d’entendre fait partie de cette guerre. D’autres épisodes suivront. Arrêtons-nous à celui-ci puisqu’on l’a choisi comme évangile de ce dimanche.

I – Un portrait flatteur de Jésus
La scène commence avec des préliminaires doucereux et flatteurs de la part des pharisiens. J’ai été fasciné par le portrait qu’ils font de Jésus. Malgré leur désir de le voir se laisser monter la tête par leurs éloges, ceux-ci ne sonnent pas faux. Au contraire, ils tracent un portrait de Jésus qui m’apparaît refléter ce que ses contemporains voyaient en lui : un homme vrai qui ne se laisse influencer par personne et qui ne considère pas les gens selon l’apparence.
C’est un beau portrait que j’ai aimé entendre parce qu’il va en profondeur et ne se s’attarde pas seulement à sa renommée et à ses miracles.
Ce portrait hélas! fait partie d’une stratégie que Jésus va dégonfler avec un aplomb et une sagesse remarquables par une réponse qui est devenue si célèbre qu’elle fait partie de ces phrases qui ont traversé les siècles. Après les éloges des pharisiens et leur demande pour savoir s’il est permis de payer ou non l’impôt à César, l’empereur romain, Jésus les dénonce : « Hypocrites! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?» Il leur demande une pièce de monnaie et regardant l’effigie de l’empereur romain, il dit « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

II – Le piège déjoué
Pour mieux comprendre cette réponse célèbre, permettez-moi d’entrer avec vous dans le contexte particulier de ce piège préparé pour Jésus.
La question est très liée aux mouvements de résistance contre les Romains qui se manifestaient à cette époque. Dans ce cadre on voit bien le piège. Si Jésus répond oui, il se dissocie de ces mouvements et prend le parti des Romains qui occupent la Palestine. S’il répond non, il est classé comme membre ou associé des mouvements qui luttent contre les Romains qu’on appelle alors les Zélotes. L’un de ses apôtres d’ailleurs porte ce surnom : Simon le Zélote. Il vient probablement de ces milieux de la résistance juive à l’occupation romaine.
Jésus est bien conscient du piège et il trouve une façon habile de ne pas se prononcer par un oui ou par un non. Sa réponse se fait dans un contexte bien précis et Jésus refuse de se laisser coincer dans un camp ou l’autre, pour ou contre les Romains. Sa réponse « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » est demeurée célèbre.

III – Application
Les générations chrétiennes au fil des ans ont reçu cette réponse de diverses façons.
Aujourd’hui, nous pouvons l’appliquer facilement à notre contexte politique. C’est ce que le pape Jean-Paul II faisait dans une lettre aux évêques de France en 2005 lors du centième anniversaire de la Loi de séparation des Églises et de l’État lorsqu’il leur écrivait que le principe de laïcité, bien compris, « rappelle la nécessité d’une juste séparation des pouvoirs qui fait écho à l’invitation du Christ à ses disciples : “Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu” » (Lettre du 11 février 2005).
Il y plus cependant. Un message spirituel se dégage pour nous aujourd’hui, comme pour le juif du temps de Jésus : il ne faut pas laisser les aménagements politiques et sociaux prendre toute la place et tuer celle de Dieu. C’est pourquoi après avoir dit « Rendez à César ce qui est à César », Jésus ajoute « Et à Dieu ce qui est à Dieu ».
« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu » tourne le chrétien vers Celui de qui vient tout don, par qui nous avons la vie, le mouvement et l’être (Actes des Apôtres 17, 28). Cette attitude lui fait mettre en pratique le premier commandement « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » sans laisser de côté le second « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mathieu 22, 36-40).

Conclusion
Des textes de l’évangile comme celui-ci ont donné lieu à nombreuses interprétations et même des abus au cours de l’histoire. C’est l’illustration des limites et des pauvretés de ceux et celles qui croient en Jésus-Christ. Leur foi ne les garantit pas des écarts et des dérives.
Demandons au Seigneur dans cette Eucharistie, que notre foi s’enracine de plus en plus dans le roc solide qu’est la personne de Jésus-Christ auquel nous remettons nos vies. C’est avec lui que nous cheminons sur les routes du monde en cherchant à mieux le connaître et à mieux le suivre.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LES INVITÉS AUX NOCES » TEXTES : ISAÏE 25, 6-10A, PHILIPPIENS 4, 12-14.19-20 ET MATHIEU 22, 1-14.

9 octobre, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LES INVITÉS AUX NOCES »
TEXTES : ISAÏE 25, 6-10A, PHILIPPIENS 4, 12-14.19-20 ET MATHIEU 22, 1-14.

Quelle belle image que cette image d’un banquet de noces ! Jésus sait utiliser des situations qui rejoignent les personnes qui l’écoutent et qui nous rejoignent nous aussi aujourd’hui. En effet, qui n’a pas de beaux souvenirs de moments passés autour d’une table avec des proches à déguster des mets appréciés, à boire un bon vin et à partager dans la joie et la fraternité. La première lecture note la qualité du menu du festin que Dieu prépare pour tous les peuples et ne ménage pas les qualificatifs : « viandes succulentes » et « vins décantés ». Dans l’ère de la Covid-19 où il faut limiter les contacts, les beaux souvenirs sont d’autant plus appréciés et cultivés.
Après avoir entendu l’évangile de ce dimanche, on n’a pas de misère à entrer dans l’histoire racontée par Jésus et il est facile de l’actualiser. Le Roi qui célèbre les noces de son fils c’est Dieu et le fils c’est Jésus. Pour notre bénéfice spirituel en cette rencontre dominicale où nous nous retrouvons réunis autour de la Parole et du Pain dans cette Eucharistie qui nous rassemble en Église, j’ai retenu trois points qui se dégagent de cette parabole.

I – Une déception du Roi
Voici le premier point qui ma frappé : ce sont les propos du Roi qui, on le voit bien, vit une certaine frustration, une déception. C’est ce qui est ressorti en premier lieu de ma méditation sur ce texte. Les premiers invités se défilent et s’en vont « l’un à son champ, l’autre à son commerce » et les autres s’attaquent aux serviteurs, les maltraitent et même les tuent.
L’histoire racontée ici se situe à la fin du ministère de Jésus. Elle reflète une forme d’échec, apparent du moins, de la prédication de Jésus. Malgré les foules qui le suivent et courent l’entendre, ses contemporains, en majorité, restent fermés. Leur cœur est endurci. Ils veulent bien l’entendre, mais peu s’engagent à le suivre tellement son message est dérangeant et exigeant.
En effet, Jésus ne prêche nulle autre chose qu’un renversement de perspectives où ce ne sont plus les gestes extérieurs qui comptent mais l’amour au fond du cœur des petits et des humbles qui attendent tout de leur Père des cieux et se présentent ainsi revêtus, habillés, de ce que Jésus appellera à la fin de notre évangile le « vêtement de noces ».

II – Un invitation sans frontières
Le deuxième point que j’ai retenu, c’est, dans l’image des noces tels que décrits, l’abondance des mets, leur qualité, leur variété pour indiquer que les appels de Dieu sont toujours généreux et sans limites. Le festin de noces est un moment de plénitude, de partage, de joie, ouvert à toutes les personnes invitées comme se doit de l’être le Royaume de Dieu.
S’il arrive que les invités ne répondent pas, le Roi – Dieu en l’occurrence – ne se laisse pas démonter : « Allez aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce » (Mathieu 22, 9)
Voilà indiquée ici l’universalité du message de Jésus qui s’adresse à toute personne qui veut bien l’entendre, qui ne fait pas de distinctions de couleur, de sexe, d’origine etc. C’est ce que saint Pierre et les premiers chrétiens finiront par bien comprendre, ce dont témoigne ici l’évangile de saint Mathieu rédigé dans les premiers temps de l’Église.
Saint Pierre le saisit sous forme d’une vision qui est restée célèbre et que nous raconte le livre des Actes des Apôtres. Saint Pierre, de tradition juive, était tiraillé à savoir si les nouveaux convertis venus du paganisme devaient suivre les usages juifs. Certains autour de lui le pensaient. La vision que saint Pierre a eu lui a montré qu’il fallait être ouverts à tous ces nouveaux convertis sans les obliger à suivre les usages juifs. Sous forme très imagée, saint Pierre voit dans un rêve toutes sortes de mets dont certains sont interdits aux juifs, et il entend cette parole « Prends et mange ».
Il comprend alors l’ouverture universelle du message de Jésus qui n’a pas été envoyé seulement au peuple d’Israël, mais à toutes les personnes de bonne volonté quelles que soient leurs horizons et leurs origines « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes » (Actes des Apôtres 10, 21).

III – L’intrus parmi les invités
En troisième lieu, dans cette parabole du festin de noces, j’ai été frappé par une apparente contradiction dans l’attitude du Roi. Le Roi qui représente Dieu invite tout le monde – « Allez à la croisées des chemins » – et pourtant, il s’insurge de la présence d’un invité. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas le « vêtement de noces ».
Qu’en est-il de cette contradiction apparente ?
Voici ma réponse. On peut penser que l’évangéliste saint Mathieu en ajoutant ce détail veut indiquer que pour devenir disciple de Jésus qui invite tout le monde, il y a quand même des exigences incontournables. Ces exigences sont celles d’une véritable conversion du cœur qui se manifeste dans les gestes et les agirs : une acceptation réelle et vraie de Jésus comme le Sauveur et le Seigneur de nos vies, une rencontre personnelle avec l’amour de Jésus qui nous sauve.
Voilà le « vêtement de noces » qui faisait défaut à l’invité qui ne s’est pas habillé le cœur et qui en portera les conséquences.

Conclusion
Cette histoire du festin de noces termine une série de trois paraboles sur le Royaume de Dieu que l’évangile selon saint Mathieu présente avant que Jésus termine sa prédication à Jérusalem où il sera condamné à mourir sur une croix. Les deux autres paraboles que nous avons entendues ces derniers dimanches racontaient l’histoire du père qui envoie ses deux fils pour travailler à sa vigne et celle des vignerons homicides.
Que ces enseignements de Jésus rejoignent notre cœur et non seulement notre intelligence afin que nous devenions de plus de véritables disciples de Jésus, des disciples-missionnaires, selon l’expression du pape François dans son Exhortation apostolique La joie de l’Évangile « appelés à offrir aux autres le témoignage explicite de l’amour salvifique du Seigneur, qui, bien au-delà de nos imperfections, nous donne sa proximité, sa Parole, sa force, et donne sens à notre vie ». (numéro 121)
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LES VIGNERONS HOMICIDES » TEXTES : ISAÏE 5, 1-7, PHILIPPIENS 4, 6-9 ET MATHIEU 21, 33-43.

2 octobre, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LES VIGNERONS HOMICIDES »
TEXTES : ISAÏE 5, 1-7, PHILIPPIENS 4, 6-9 ET MATHIEU 21, 33-43.

Le récit de l’évangile qui vient d’être lu est d’une violence qui heurte aujourd’hui. Il peut faire penser aux propos des radicaux de toutes sortes dont nous parlent les actualités. En effet, il y a dans cette parabole un radicalisme qui demande quelques explications.
Si on se contente de la lire avec nos sensibilités d’aujourd’hui, on n’y comprend pas grand chose ou on la rejette carrément. Il faut donc se donner la peine, d’une part, de situer les paroles de Jésus dans leur cadre historique et, d’autre part, d’en chercher le message.

I – Le cadre historique de la parabole des vignerons homicides
La parabole des vignerons homicides comme il est convenu de désigner ce passage de l’évangile selon saint Mathieu fait partie d’un ensemble qui porte sur le Royaume de Dieu parmi nous.
Pour les juifs du temps de Jésus, le Royaume de Dieu s’incarne dans leur peuple d’Israël. C’est lui le Royaume de Dieu. Avec cette clé on peut relire la parabole en l’appliquant d’abord à Israël. Pour le peuple d’Israël, Dieu s’est manifesté en faisant alliance avec leur ancêtre Abraham. Comme le maître du domaine dont parle la parabole, Dieu plante et arrose sa vigne qu’est Israël par sa Parole et par ses prophètes qui enseignent le peuple. Ceux-ci sont représentés ici par les serviteurs de la parabole.
Comme ces serviteurs, les prophètes de l’Israël ancien rappellent les lois de Dieu et les exigences de l’Alliance avec Abraham. Comme les serviteurs, ils sont persécutés, même mis à mort. Israël, la vigne du Seigneur dont il attendait de beaux raisins, en a donné de mauvais comme le dit le prophète Isaïe dans la première lecture. Mais Dieu, comme le maître du domaine, ne se décourage pas. Comme celui-ci, il leur envoie en dernier lieu son fils bien-aimé. C’est Jésus. Il subit comme le fils de l’évangile le rejet et la mort infamante sur une croix.
Voilà sous forme imagée une brève histoire du salut que Dieu offre et dont Jésus est le messager.

II – Le message
Si Jésus raconte cette histoire dans les images dures et violentes que nous avons lues, c’est pour frapper l’imagination de ses auditeurs et les pousser à la conversion.
On doit comprendre que les images utilisées le sont, non pour proposer un mode de vie, mais pour susciter, chez ceux et celles qui écoutent Jésus, un engagement différent de celui de leurs prédécesseurs qui ont refusé et tué les prophètes.
Quel est cet engagement? C’est l’accueil de Jésus lui-même, le prophète des prophètes. Celui-ci se présente d’ailleurs dans le commentaire qu’il donne de la parabole comme la pierre angulaire de la nouvelle demeure de Dieu : « La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ».
Désormais la demeure du Seigneur est ouverte à tous et à toutes. « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé, dit Jésus en pensant à Israël, pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits ». Cette nouvelle nation est une terre où Dieu s’emploie avec les ouvrières et ouvriers que nous sommes à faire produire la vigne. Cette vigne est faite de multiples cépages. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, » dira Jésus aux Apôtres en Galilée à la montagne où il leur avait demandé de se rendre après sa résurrection. (Mathieu 28, 19)

III – Application
L’Alliance faite avec Abraham et le peuple d’Israël ne souffre plus de frontières désormais. Elle n’est plus réservée à ceux qui ont la circoncision c’est-à-dire au peuple d’Israël. Elle peut se vivre par tous ceux et celles qui acceptent d’être baptisés au nom de Jésus et de le reconnaître comme leur Maître et Seigneur, comme la pierre angulaire sur laquelle s’appuie et se construit l’édifice spirituel de leur vie et du Royaume de Dieu.
Vous voyez que cette parabole de Jésus sur les vignerons homicides, malgré la violence qu’on y trouve, comporte un message des plus ouverts pour nous aujourd’hui. En effet, nous sommes invités à reconnaître le Royaume de Dieu déjà à l‘œuvre dans notre monde. « Le Royaume de Dieu est au milieu de nous » dit Jésus (Luc 17, 21).
Ce Royaume advient lorsque deux ou trois se réunissent au nom de Jésus (Mathieu 18, 20), lorsque le pauvre est évangélisé, lorsque le malade est visité, lorsque les sourds entendent, lorsque les aveugles voient etc. (cf. Mathieu 25, 34-40, Luc 4 16-20, Marc 16, 17-18) Tels sont les fruits de la venue du Royaume de Dieu.

Conclusion
À chaque Eucharistie le président nous invite en terminant à aller sur les chemins de nos vies et de notre monde pour annoncer et redire la Bonne Nouvelle que nous avons découverte en Jésus. « Allez dans la paix du Christ » nous dit-il.
Je nous redis la même chose au terme de cette homélie : « Allons et soyons chacun et chacune, selon nos possibilités et selon notre état de vie, des témoins de Jésus-Christ aujourd’hui ».
Amen!

Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 26E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « SE CONVERTIR NON EN PAROLES, MAIS EN ACTES » TEXTES : ÉZÉCHIEL 18, 25-28, PHILIPPIENS 2, 1-11 ET MATHIEU 21, 28-32.

25 septembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-26e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Se-convertir-non-en-paroles-mais-en-actes_a970.html

HOMÉLIE POUR LE 26E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « SE CONVERTIR NON EN PAROLES, MAIS EN ACTES »
TEXTES : ÉZÉCHIEL 18, 25-28, PHILIPPIENS 2, 1-11 ET MATHIEU 21, 28-32.

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Les textes des lectures d’aujourd’hui et de l’évangile nous placent au cœur du Royaume de Dieu parmi nous. Ce Royaume n’est plus seulement annoncé par Jésus. Il est là. Il nous revient de le recevoir. Jésus dans l’évangile présente deux façons de le recevoir qu’il applique par la suite à ses interlocuteurs.

I – Deux réponses
Comme souvent, Jésus, ici encore, donne son enseignement en racontant une histoire, une parabole. Celle d’aujourd’hui est très courte et très simple. Elle met en scène deux fils qui répondent de façon différente à leur père qui leur demande d’aller travailler à sa vigne.
Le premier fils se montre récalcitrant devant la demande de son père. Il répond tout de suite qu’il refuse. Mais il n’est pas satisfait de sa réponse. On imagine qu’il mijote les raisons de la demande et qu’il se pose des questions sur sa réponse trop rapide. On pourrait dire qu’il se met en état de discernement face à cet appel qu’il n’attendait peut-être pas. Finalement il change sa réponse pour un oui en allant travailler à la vigne de son père.
Le second est plutôt sympathique au premier abord. Il a l’air généreux et répond sans hésitation à son père qu’il ira faire le travail demandé. Mais une fois cette promesse faite il ne se présente pas sur le terrain. A-t-il oublié ? S’est-il lancé dans d’autres travaux ? L’histoire ne le dit pas. Quoiqu’il en soit, il reste qu’il fait faux bond à son père. Il n’est pas fiable. Il se contente de sauver la face. Il est une manière de « yes man » dans l’argot québécois ou de « béni oui-oui » dans l’argot français. Il s’évertue à plaire aux autorités pour faire belle figure. Il n’y a aucune profondeur dans ses choix. C’est seulement la façade, l’extérieur qui compte.
Le second fils reste dans le monde des apparences. Il ne pense qu’à sauver sa face. Le premier fils est plus mûr. Il hésite. De prime abord, il n’est pas intéressé, mais à la réflexion il passe de la parole de refus à des gestes qui restaurent le lien avec son père et répondent à sa demande.

II – Message de la parabole
Jésus commente ce récit en demandant à ses auditeurs « Lequel des deux a fait la volonté du père? – Le premier, disent-ils ». Et Jésus, en partant de cette réponse qui loue l’attitude du premier fils qui s’est rebuté d’abord mais qui a changé de comportement en faisant la volonté de son père comme celui-ci le désirait, explique à ses auditeurs que le second fils représente les pharisiens qui, comme ce fils, se contentent de sauver la face, qui se complaisent dans les gestes extérieurs sans y mettre leur cœur, qui manquent de cohérence entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font.
C’est ce qui le fera les traiter par Jésus de « sépulcres blanchis » (Mathieu 23, 27). Ils ont entendu la prédication des prophètes annonçant la venue du Royaume de Dieu. Ils écoutent celle de Jésus qui leur proclame que le Royaume de Dieu est déjà là, mais ils font la sourde oreille et se réfugient dans leurs pratiques extérieures.
Leur cœur reste fermé, tandis que c’est le contraire chez ceux et celles que Jésus appellent les publicains et les courtisanes, deux catégories de personnes loin des pharisiens. Les publicains souvent volent les gens en collectant les impôts pour les Romains et les courtisanes sont des filles de mauvaise vie.
Jésus les compare ici au premier fils en les louant, non de leurs fautes, mais de leur conversion et de leur acceptation de l’invitation du Père du ciel que représente le père des deux fils. « Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devancent dans le Royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui; mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui; et vous, qui avez vu, vous ne vous êtes pas repentis même par la suite pour croire en lui ». Le prophète Ezékiel fait dire à Dieu quelque chose de semblable dans la première lecture : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas ».
La véritable conversion ne se réalise pas par des paroles uniquement, mais par des actes. Jésus dira un jour : « Ce n’est pas en me disant : ‘Seigneur, Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux.» (Mathieu 7, 21). C’est que font ces publicains et ces courtisanes convertis par la parole de Jésus.

III – Application
Nous pouvons, à la suite de ce message de Jésus qui s’adresse d’abord aux personnes qui l’écoutent faire un pas de plus et nous demander quelle sorte d’auditeur ou d’auditrice nous sommes.
La question est tout à fait pertinente, car il y a en nous un mélange, dans des proportions variables, des deux fils et de leurs réponses, des pharisiens et des publicains. Nous avons à combattre pour laisser se manifester le meilleur en nous. Saint Paul dira aux chrétiens de Rome qu’il fait le mal qu’il ne voudrait pas et qu’il ne fait pas le bien qu’il voudrait (Romains 7, 19).
La demande du Père du ciel d’aller à sa vigne retentit toujours pour nous. Elle nous est transmise par Jésus lorsqu’il nous dit « Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde » (Mathieu 5, 13-14). C’est une invitation qui s’adresse à toutes et à tous quelles que soient nos situations personnelles de péché qui nous éloignent de Dieu. Malgré nos fautes, nos erreurs, nos petitesses, Dieu nous regarde et nous dit comme le père des deux fils : « Allez à ma vigne ».
Cette invitation nous est faite avec douceur, avec miséricorde, car c’est le cœur que Dieu regarde et il n’est jamais trop tard pour aller à sa vigne, pour faire sa volonté.

Conclusion
Cette Eucharistie que nous célébrons ensemble nous met en action pour entrer de mieux en mieux dans la volonté de Dieu sur nous et sur le monde. Nous sommes soutenus dans cette démarche par la certitude de la présence réelle de Jésus qui, ressuscité, est toujours vivant.
À travers les signes du Pain et du Vin nous le recevons comme le Fils Premier-Né qui nous donne l’exemple de l’accomplissement parfait de la volonté de notre Père des cieux non seulement en paroles, mais en actes. C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 25E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « DERNIERS ET PREMIERS… » TEXTES : ISAÏE 55, 6-9, PHILIPPIENS 1, 20C-24.27A ET MATHIEU 20, 1-16.

19 septembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-25e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Derniers-et-premiers_a969.html

HOMÉLIE POUR LE 25E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « DERNIERS ET PREMIERS… »
TEXTES : ISAÏE 55, 6-9, PHILIPPIENS 1, 20C-24.27A ET MATHIEU 20, 1-16.

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Je n’ai pu m’empêcher de me rappeler mon travail de vacances à la cueillette du tabac à Delhi en Ontario pendant mes études où nous devions attendre sur la place du village que des producteurs viennent nous engager. On a tous fait des expériences d’attente du même genre v.g. une visite de quelqu’un qu’on attend avec impatience, par exemple. On se demande alors va-t-il venir? Et à quelle heure…comme l’ouvrier qui espère être engagé ? Bien sûr, l’attente fait partie de la situation décrite ici dans l’évangile qui vient d’être lu, mais le récit de saint Mathieu attire notre regard plutôt du côté du maître de domaine. Celui-ci est manifestement l’image de Dieu. Regardons donc comment il se comporte et quelle leçon Jésus en tire.

I – Un maître surprenant
Le maître du domaine se déplace plusieurs fois dans la journée pour venir engager des ouvriers. Tôt le matin, à neuf heures, à midi, à trois heures, à cinq heures. Avec les premiers il fait un contrat précis pour leur prestation : « Il se met d’accord avec eux sur le salaire de la journée ; un denier c’est-à-dire une pièce d’argent » (cela équivaut au salaire que reçoit un journalier à notre époque).
La journée se termine et le maître fait remettre à chacun par son intendant le même salaire des derniers aux premiers. Les premiers sont bien surpris, car voyant que les derniers recevaient un denier, ils pensaient qu’eux en auraient plus. Ils le disent au maître. Celui-ci, loin d’accueillir leurs récriminations avec ouverture, leur répond qu’il a été correct et juste avec eux s’en tenant au contrat qui avait été fait. La justice n’est pas violée. Elle est totalement respectée. Ce qui est incontestable.
Alors pourquoi le maître ne continue-t-il pas dans la même voie en donnant un salaire en proportion du temps de travail qui a été fourni ? La raison qui est donnée par Jésus, c’est que le maître agit par pure bonté. Le comportement du maître n’est pas le résultat d’une injustice, mais simplement l’effet de sa bonté, « Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai–je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon? »
Arrêtons-nous un peu sur cette réponse surprenante et assez rude..

II- La leçon qui se dégage de la parabole
Cette réponse est le message de cette parabole. Ce message est constant dans les évangiles. Jésus nous présente un Dieu qui est au-delà de nos façons de faire humaines. Pour le montrer, Jésus va nous présenter cette image surprenante du maître d’un domaine qu’il applique à Dieu.
L’histoire racontée fait ressortir que dans nos relations avec Dieu c’est toujours lui qui a l’initiative comme dans le cas du maître du domaine. Nous sommes dans l’ordre de la grâce et non dans l’ordre des relations humaines ordinaires. Dans cet ordre de la grâce, bien des choses sont différentes. Jésus ici le dit « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers » faisant écho à d’autres enseignements comme celui des béatitudes où Jésus proclame bienheureux les pauvres, bienheureux ceux qui souffrent, qui sont persécutés pour la justice etc.
La façon d’agir de Dieu vis-à-vis nous ne se base pas seulement sur nos capacités et nos contributions, aussi grandes et aussi belles soient-elles, elle vient de son amour et de sa bonté qui va toujours aussi loin que nous en avons besoin. Son amour ne se mesure pas selon nos critères de performance sociale ou de réalisations humaines.. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » comme il est dit au prophète Isaïe dans la première lecture que nous venons d’entendre.

III- Application
L’enseignement de ce beau récit tiré de la vie courante au temps de Jésus nous invite, par l’image de la vigne où le maître du domaine envoie ses recrues travailler, à en faire une application concrète à l’Église. Les images de l’Église sont nombreuses : Peuple de Dieu, Corps mystique du Christ, Nouvelle Jérusalem etc. Celle de la Vigne est de plus en plus utilisée dans les documents des papes. Elle permet de montrer les liens qui se tissent entre les divers membres de l’Église sans mettre de supériorité des uns sur les autres. Tous et toutes dans l’Église se rattachent au même tronc qui est le Christ.
Jésus nous dit aujourd’hui que tous et toutes ont leur place dans son Royaume les derniers comme le premiers arrivés. C’est avec humilité que les premiers arrivés doivent regarder ceux et celles nouvellement arrivés. Il n’y a pas de préséance, de places réservées, de récompenses diverses. Quelle beauté dans cette égalité de tous et toutes devant Dieu.
Il en est ainsi dans l’Église qui incarne le Royaume de Dieu parmi nous où c’est toujours Dieu qui a la première initiative. C’est lui qui par la grâce du Christ l’anime, la nourrit et la fait vivre. Bien sûr que notre collaboration est requise, mais n’oublions jamais que ce n’est pas nous qui donnons la croissance et qui produisons les fruits, c’est la grâce de Dieu au cœur de la vie de l’Église qui n’est pas une institution purement humaine, mais qui est le Vigne du Seigneur.

Conclusion
Tenons-nous prêts sur la place pour entendre l’appel du Maître du domaine. Ne perdons pas patience s’il nous semble tarder. Il ne se lasse jamais d’interpeller ceux et celles qui s’ouvrent à ses appels, « d’embaucher des ouvriers pour sa vigne ».
Que notre Eucharistie soit remplie de l’attente du Seigneur qui est venu, qui vient et qui viendra comme nous le proclamons dans la grande Prière eucharistique à chaque messe après la consécration.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « PARDONNER SOIXANTE-DIX FOIS SEPT FOIS… » Textes : Siracide 27, 30-28, 7, Romains 14, 7-9 et Mathieu18, 21-35.

12 septembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-24e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Pardonner-soixante-dix-fois-sept-fois_a968.html

diario

HOMÉLIE POUR LE 24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « PARDONNER SOIXANTE-DIX FOIS SEPT FOIS… »
Textes : Siracide 27, 30-28, 7, Romains 14, 7-9 et Mathieu18, 21-35.

Je me suis senti mal à l’aise un moment pour commenter l’épisode de l’évangile de ce dimanche. Pourquoi? Je me le suis demandé.
Est-ce parce qu’il s’agissait de parler de pardon? Je ne le crois pas. À la réflexion, je pense que ce qui m’a dérangé dans le texte c’est la démesure, le caractère invraisemblable de plusieurs détails à commencer par la réponse de Jésus à Pierre : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

I – Le récit de saint Mathieu
Reprenons le récit que nous avons entendu. Dans la parabole, la somme demandée au serviteur est exorbitante : dix milles talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent précise la nouvelle traduction de l’évangile). Cette somme correspond à quelques millions de dollars aujourd’hui. On ne voit pas comment le serviteur a pu contracter une telle dette. Même s’il se met en faillite, on est loin du compte.
Puis, plus loin, les cent derniers eux représentent une très, très petite somme, quelques dollars d’aujourd’hui. Une si petite somme ne justifie pas la prison.
Enfin, en conclusion, le maître devant l’attitude du serviteur à l’égard de son collègue n’a aucune pitié. Il le condamne sans appel.
A la réflexion, j’ai compris que ces détails invraisemblables ne sont pas là pour qu’on s’y arrête pour eux-mêmes. Ils sont des images grossissantes qui nous renvoient à une leçon. Ils n’ont d’autre but que de faire ressortir le message de cette parabole. Tout devient clair si on se rappelle que Jésus nous parle ici de la manière d’agir de Dieu avec son peuple, avec nous. Qu’est-ce que Jésus veut qu’on retienne de ce récit? Regardons-y de plus près.

II – Le message de la parabole
Un. S’il est demandé au disciple de pardonner soixante-dix fois sept fois, c’est qu’il ne doit pas attendre la réciprocité de son pardon, la réconciliation effective ou encore la disparition des conflits. Il pardonnera sans attendre de retour. Comme le Père qui pardonne sans cesse, le disciple dans son cœur ne doit jamais laisser la haine, la dureté prendre racine. C’est un regard de compassion, de bonté qu’il doit toujours porter sur ses frères et sœurs.
Deux. Le serviteur de la parabole est en dette de façon si démesurée avec son maître qu’il ne peut s’en tirer que grâce à la bonté, à la miséricorde de celui-ci. Le disciple de Jésus lui aussi, parce qu’il est pécheur, ne peut prétendre se sauver par lui-même. Il a besoin de l’amour, de la compassion, de la miséricorde de son Père du ciel. Dans nos relations avec Dieu on ne peut jouer au donnant-donnant. Tes réalisations humaines, ta bonté d’homme ou de femme, comparée à l’amour de Dieu ne sont rien, dirait saint Jean de la Croix. Il n’y a pas de commune mesure entre Dieu et l’Homme.

III – Application
Voilà pourquoi le disciple doit apprendre à se libérer de ses mesures humaines, calculées avec ses manières de voir et d’agir, pour s’introduire, s’initier, s’adapter aux mesures de Dieu, aux manières d’agir de Dieu. Dans cette histoire, notre attention doit se porter le roi miséricordieux, mais non pas sur le comportement du serviteur ingrat et impitoyable. C’est le message d’aujourd’hui bien mis en évidence dans la conclusion du récit que je vous relis : « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » (verset 33)
« Comme moi-même… » Cette invitation à s’adapter de plus en plus aux manières d’agir de Dieu nous donne l’occasion de nous remettre en question. Notre attitude envers les autres restera toujours le meilleur critère de discernement. Agissons-nous à la manière de Dieu ? C’est pour avoir oublié de suivre cette voie que le serviteur est condamné. C’est pour l’avoir oublié qu’au jugement final les uns s’entendront dire « J’ai eu faim et tu ne m’as pas nourri, J’ai eu soif et tu ne m’as pas donné à boire, J’étais malade et tu ne m’as pas visité… » (Mathieu 25, 34-36)

Conclusion
Que cette Eucharistie renouvelle en nous le goût de marcher à la suite de Jésus qui, dans sa vie, n’a eu d’autre attitude que de suivre la manière d’agir de Dieu et qui nous donne par la communion à son Corps et à son Sang la grâce d’y arriver nous aussi.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 23E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUAND DEUX OU TROIS SONT RÉUNIS EN MON NOM, JE SUIS LÀ, AU MILIEU D’EUX » Textes : Ézékiel 33, 7-9, Romains 13, 8-10 et Mathieu 18, 15-20..

5 septembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-23e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Quand-deux-ou-trois-sont-reunis-en-mon-nom-je-suis-la-au_a967.html

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HOMÉLIE POUR LE 23E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUAND DEUX OU TROIS SONT RÉUNIS EN MON NOM, JE SUIS LÀ, AU MILIEU D’EUX »
Textes : Ézékiel 33, 7-9, Romains 13, 8-10 et Mathieu 18, 15-20..

I – Nos relations avec les autres
La première piste pointe vers la responsabilité que nous avons les uns envers les autres. En décrivant une façon de faire déjà présente dans l’Ancien Testament, l’Évangile met en évidence cette responsabilité
L’Ancien Testament est représenté par les paroles du prophète Ézéchiel que nous avons lues dans la première lecture : « Si tu ne dis pas au méchant d’abandonner sa conduite mauvaise, je t’en demanderai compte. Si tu le fais, même s’il ne change pas, tu lui auras sauvé la vie ».
Et dans le Nouveau Testament, nous avons cette invitation claire de Jésus dans l’évangile de ce jour : « Si ton frère a commis un péché, montre-lui . S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère »
Voilà le message. On ne peut pas dire dans nos relations avec les autres : « moi, je reste renfermé dans mon cocon » Les relations ça implique des contacts, des paroles, des échanges On devient ainsi des gens responsables et ouverts.
N’est-ce pas une belle leçon? Une leçon applicable dans l’Église bien sûr, mais aussi dans la société, dans nos familles, dans notre vie personnelle.
Ceci étant dit, on n’a pas à condamner et à se positionner en juge des autres. Le mécanisme décrit : rencontrer son frère ou sa sœur une fois, deux fois avait cours dans les premières communautés chrétiennes. Il peut encore être utile parfois, mais il ne faut pas se prendre pour un autre. Tous nous avons nos limites. Il faut regarder d’abord où est le bien, le bon côté des personnes et ensuite avoir la patience et laisser du temps, un long temps parfois, avant d’abandonner.

II – Les relations avec Dieu
La seconde piste concerne nos relations à Dieu. Il s’agit bien sûr de la prière qui est en cause ici. La prière est un échange entre Dieu et nous. Cet échange se réalise au plus intérieur de nous-mêmes. Prie ton Père dans le secret nous dit Jésus et ne fais pas comme les Pharisiens qui le font pour se faire voir.
Et ici dans ce passage de l’évangile d’aujourd’hui, Jésus ajoute quelque chose à la prière dans le secret. Celle-ci se complète par la prière en commun, comme nous faisons ici à la messe ou encore en pèlerinage, en famille, dans nos groupes de chrétiens qui se réunissent. Ce que Jésus dit c’est que la prière en commun a quelque chose de spécial : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».
Il s’agit d’une véritable présence de Jésus dans la communauté priante. En priant en commun avec d’autres, je sors de ma prière secrète. Je suis autour de Jésus avec eux, avec elles. Il est là au milieu de nous.
C’est très beau.

III – Application
Cette promesse de Jésus nous permet de réfléchir et de revenir sur nos façons de faire. Est-ce que dans les mouvements, les associations catholiques dont nous faisons partie, dans les équipes de pastorale, nous pensons à prier ensemble? Est-ce que le mari et la femme prient quelque instants ensemble? Est-ce qu’avec les jeunes enfants, au lieu de les écouter seulement, on prie avec eux ?
En tout cas, Jésus ici nous dit qu’il ne faut pas avoir peur de se mettre ensemble pour prier, même plus, il nous dit qu’il y a une force spéciale parce qu’il est au milieu de la communauté, des personnes qui prient ensemble.

Conclusion
Que cette eucharistie où ensemble nous nous retrouvons dans la prière commune avec Jésus au milieu de nous, fasse de nous des personnes ouvertes et accueillantes à ceux et celles avec qui nous entrons en relations dans la famille, au travail, dans les loisirs. Que cette messe où nous nous retrouvons ensemble exprime une ouverture réelle vis-à-vis nos frères et nos soeurs. Nous vivrons ainsi, encore une fois, la présence vivante de Jésus parmi nous comme il nous l’a promis.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 26 août 2020 – Catechese – “Guérir le monde”: 4. La destination universelle des biens et la vertu de l’espéranc

3 septembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200826_udienza-generale.html

fr Bibbia genesi

Bible, Genèse

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 26 août 2020 – Catechese – “Guérir le monde”: 4. La destination universelle des biens et la vertu de l’espérance

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour !

Face à la pandémie et à ses conséquences sociales, de nombreuses personnes risquent de perdre l’espérance. En ce temps d’incertitude et d’angoisse, j’invite chacun à accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ. C’est Lui qui nous aide à naviguer dans les eaux tumultueuses de la maladie, de la mort et de l’injustice, qui n’ont pas le dernier mot sur notre destination finale.
La pandémie a souligné et aggravé les problèmes sociaux, en particulier l’inégalité. Certains peuvent travailler à la maison, tandis que pour de nombreux autres, cela est impossible. Certains enfants, en dépit des difficultés, peuvent continuer à recevoir une éducation scolaire, tandis que pour de très nombreux autres, celle-ci s’est brusquement interrompue. Certains pays puissants peuvent émettre de la monnaie pour affronter l’urgence, tandis que pour d’autres, cela signifierait hypothéquer leur avenir.
Ces symptômes d’inégalité révèlent une maladie sociale ; c’est un virus qui vient d’une économie malade. Nous devons le dire simplement : l’économie est malade. Elle est tombée malade. C’est le fruit d’une croissance économique inique – voilà la maladie : le fruit d’une croissance économique inique – qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales. Dans le monde d’aujourd’hui, quelques personnes très riches possèdent plus que tout le reste de l’humanité. Je répète cela parce que cela nous fera réfléchir : quelques personnes très riches, un petit groupe, possèdent plus que tout le reste de l’humanité. C’est une pure statistique. C’est une injustice qui crie au ciel ! Dans le même temps, ce modèle économique est indifférent aux dommages infligés à la maison commune. On ne prend pas soin de la maison commune. Nous allons bientôt dépasser un grand nombre des limites de notre merveilleuse planète, avec des conséquences graves et irréversibles : de la perte de biodiversité et du changement climatique à l’élévation du niveau des mers et à la destruction des forêts tropicales. L’inégalité sociale et la dégradation de l’environnement vont de pair et ont la même racine (cf. Enc. Laudato si’, n. 101) : celle du péché de vouloir posséder, de vouloir dominer ses frères et sœurs, de vouloir posséder et dominer la nature et Dieu même. Mais cela n’est pas le dessein de la création.
« Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité » ( Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2402). Dieu nous a demandé de dominer la terre en son nom (cf. Gn 1, 28), en la cultivant et en en prenant soin comme un jardin, le jardin de tous (cf. Gn 2, 15). « Alors que “cultiver” signifie labourer, […] ou travailler, “garder” signifie protéger, [et] sauvegarder » ( LS, n. 67). Mais attention à ne pas interpréter cela comme une carte blanche pour faire de la terre ce que l’on veut. Non. Il existe « une relation de réciprocité responsable » ( ibid.) entre nous et la nature. Une relation de réciprocité responsable entre nous et la nature. Nous recevons de la création et nous donnons à notre tour. « Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder » ( ibid.). Les deux choses.
En effet, la terre « nous précède et nous a été donnée » (ibid.), elle a été donnée par Dieu « à tout le genre humain » (CEC, n. 2402). Il est donc de notre devoir de faire en sorte que ses fruits arrivent à tous, et pas seulement à quelques-uns. Et cela est un élément-clé de notre relation avec les biens terrestres. Comme le rappelaient les pères du Concile Vatican II, « l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres » (Const. past. Gaudium et spes, n. 69). En effet, « la propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence pour le faire fructifier et en communiquer les bienfaits à autrui » (CEC, n. 2404). Nous sommes administrateurs des biens, pas les propriétaires. Administrateurs. « Oui, mais ce bien est à moi ». C’est vrai, il est à toi, mais pour l’administrer, par pour le garder de façon égoïste pour toi.
Pour assurer que ce que nous possédons apporte de la valeur à la communauté, « l’autorité politique a le droit et le devoir de régler, en fonction du bien commun, l’exercice légitime du droit de propriété » (ibid., n. 2406) (Cf. GS, 71; Saint Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, n. 42; Lett. enc. Centesimus annus, nn. 40.48). La « subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens […] est une “règle d’or” du comportement social, et le premier principe de tout l’ordre éthico-social » (LS, n. 93) (Cf. S. Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens, n. 19).
Les propriétés, l’argent sont des instruments qui peuvent servir à la mission. Mais nous les transformons facilement en fins, individuelles ou collectives. Et lorsque cela a lieu, on porte atteinte aux valeurs humaines essentielles. L’homo sapiens se déforme et devient une espèce d’homo œconomicus – dans le mauvais sens du terme – individualiste, calculateur et dominateur. Nous oublions que, étant créés à l’image et ressemblance de Dieu, nous sommes des êtres sociaux, créatifs et solidaires, avec une immense capacité à aimer. Nous oublions souvent cela. De fait, nous sommes les êtres les plus coopératifs parmi toutes les espèces, et nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit bien dans l’expérience des saints (« Florecemos en racimo, como los santos »: une expression commune en espagnol). Il y a un dicton espagnol qui m’a inspiré cette phrase, et qui dit : Florecemos en racimo, como los santo. Nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit dans l’expérience des saints.
Quand l’obsession de posséder et de dominer exclut des millions de personnes des biens primaires ; quand l’inégalité économique et technologique est telle qu’elle déchire le tissu social ; et quand la dépendance vis-à-vis d’un progrès matériel illimité menace la maison commune, alors nous ne pouvons pas rester impassibles. Non, cela est désolant. Nous ne pouvons pas rester impassibles ! Avec le regard fixé sur Jésus (cf. He 12, 2) et la certitude que son amour œuvre à travers la communauté de ses disciples, nous devons agir tous ensemble, dans l’espérance de donner naissance à quelque chose de différent et de meilleur. L’espérance chrétienne, enracinée en Dieu, est notre ancre. Elle soutient la volonté de partager, en renforçant notre mission en tant que disciples du Christ, qui a tout partagé avec nous.
Et cela, les premières communautés chrétiennes, qui comme nous, vécurent des temps difficiles, l’ont compris. Conscientes de former un seul cœur et une seule âme, elles mettaient tous leurs biens en commun, en témoignant de la grâce abondante du Christ sur elles (cf. Ac 4, 32-35). Nous vivons actuellement une crise. La pandémie nous a tous plongés dans une crise. Mais rappelez-vous : on ne peut pas sortir pareils d’une crise, ou bien l’on sort meilleurs, ou bien l’on sort pires. C’est l’option qui se présente à nous. Après la crise, est-ce que nous continuerons avec ce système économique d’injustice sociale et de mépris pour la sauvegarde de l’environnement, de la création, de la maison commune ? Réfléchissons-y. Puissent les communautés chrétiennes du vingt-et-unième siècle retrouver cette réalité – la sauvegarde de la création et la justice sociale : elles vont de pair – en témoignant ainsi de la Résurrection du Seigneur. Si nous prenons soin des biens que le Créateur nous donne, si nous mettons en commun ce que nous possédons de façon à ce que personne ne manque de rien, alors nous pourrons véritablement inspirer l’espérance pour faire renaître un monde plus sain et plus équitable.
Et pour finir, pensons aux enfants. Lisez les statistiques : combien d’enfants, aujourd’hui, meurent de faim à cause d’une mauvaise distribution des richesses, d’un système économique que j’ai évoqué auparavant ; et combien d’enfants, aujourd’hui, n’ont pas droit à l’école, pour la même raison. Que cette image, des enfants dans le besoin à cause de la faim et du manque d’éducation, nous aide à comprendre que nous devrons sortir meilleurs de cette crise. Merci.

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