Archive pour la catégorie 'Hymne'

Le Te Deum est une prière catholique…

30 décembre, 2012

http://musiqueclassique.forumpro.fr/t1166-te-deum

Le Te Deum est une prière catholique. C’est un titre abrégé de l’expression latine Te Deum Laudamus, qui signifie À Dieu, notre louange.

Plusieurs versions tentent de raconter l’origine de cette prière : Nicétas de Remesiana l’aurait peut-être composée selon Dom Morin ; une vieille tradition indique qu’elle fut spontanément composée et chantée par trois saints la nuit du baptême de Saint Augustin, cette tradition date de la fin du huitième siècle mais est maintenant rejetée par les maîtres de la scolastique. Le Te Deum aurait depuis longtemps tenu une place importante dans la ville de Milan. Certains pensent qu’il fut inspiré des écrits de Saint Cyprien de Carthage. Ce chant est parfois appelé l’hymne ambroisienne dans la bréviaire romaine.

En plus de son usage dans l’office divin, le Te Deum est parfois chanté pour remercier Dieu en grâce d’une faveur particulière, comme l’élection d’un pape, la consécration d’un évêque, la profession d’un religieux, la publication d’un traité de paix, un couronnement royal, ou le baptême d’un simple quidam, etc. On le chante parfois en polyphonie, en psalmodie ou en tant que chant grégorien.

Tonus Sollemnis – Chant Grégorien

Francesco Urio a composé une version répandue de ce chant. Beaucoup de compositeurs connus l’ont mis en musique, comme par exemple Mozart. Mais c’est le prélude du Te Deum de Marc-Antoine Charpentier qui reste la version la plus connue jusqu’à maintenant, car il constitue le thème musical de certaines émissions de l’Union européenne de radio-télévision et de l’Eurovision.

Texte de la prière:

Nous vous louons, ô Dieu ! Nous vous bénissons, Seigneur.
Toute la terre vous adore, ô Père éternel !
Tous les Anges, les Cieux et toutes les Puissances.
Les Chérubins et les Séraphins s’écrient sans cesse devant vous :
Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées.
Les cieux et la terre sont plein de la majesté de votre gloire.
L’illustre choeur des Apôtres,
La vénérable multitude des Prophètes,
L’éclatante armée des Martyrs célèbrent vos louanges.
L’Église sainte publie vos grandeurs dans toute l’étendue de l’univers,
Ô Père dont la majesté est infinie !
Elle adore également votre Fils unique et véritable;
Et le Saint-Esprit consolateur.
Ô Christ ! Vous êtes le Roi de gloire.
Vous êtes le Fils éternel du Père.
Pour sauver les hommes et revêtir notre nature, vous n’avez pas dédaigné le sein d’une Vierge.
Vous avez brisé l’aiguillon de la mort, vous avez ouvert aux fidèles le royaume des cieux.
Vous êtes assis à la droite de Dieu dans la gloire du Père.
Nous croyons que vous viendrez juger le monde.
Nous vous supplions donc de secourir vos serviteurs, rachetés de votre Sang précieux.
Mettez-nous au nombre de vos Saints, pour jouir avec eux de la gloire éternelle.
Sauvez votre peuple, Seigneur, et versez vos bénédictions sur votre héritage.
Conduisez vos enfants et élevez-les jusque dans l’éternité bienheureuse.
Chaque jour nous vous bénissons;
Nous louons votre nom à jamais, et nous le louerons dans les siècles des siècles.
Daignez, Seigneur, en ce jour, nous préserver du péché.
Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous.
Que votre miséricorde, Seigneur, se répande sur nous, selon l’espérance que nous avons mise en vous.
C’est en vous, Seigneur, que j’ai espéré, je ne serai pas confondu à jamais.

En Latin:

Te Deum laudamus:
te Dominum confitemur.
Te aeternum patrem,
omnis terra veneratur.

Tibi omnes angeli,
tibi caeli et universae potestates:
tibi cherubim et seraphim,
incessabili voce proclamant:
« Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra
maiestatis gloriae tuae. »

Te gloriosus Apostolorum chorus,
te prophetarum laudabilis numerus,
te martyrum candidatus laudat exercitus.

Te per orbem terrarum
sancta confitetur Ecclesia,
Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.

Tu rex gloriae, Christe.
Tu Patris sempiternus es Filius.
Tu, ad liberandum suscepturus hominem,
non horruisti Virginis uterum.

Tu, devicto mortis aculeo,
aperuisti credentibus regna caelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes,
in gloria Patris.

Iudex crederis esse venturus.

Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni,
quos pretioso sanguine redemisti.
Aeterna fac
cum sanctis tuis in gloria numerari.

Salvum fac populum tuum, Domine,
et benedic hereditati tuae.
Et rege eos,
et extolle illos usque in aeternum.

Per singulos dies benedicimus te;
et laudamus nomen tuum in saeculum,
et in saeculum saeculi.

Dignare, Domine, die isto
sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine,
miserere nostri.

Fiat misericordia tua, Domine, super nos,
quemadmodum speravimus in te.
In te, Domine, speravi:
non confundar in aeternum.

_________________
La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. LvB

ODES DE SALOMON (2E SIÈCLE), 7

6 décembre, 2012

http://docteurangelique.free.fr/livresformatweb/theses/celebrernoelpascaleNau.htm#_Toc247266537

ODES DE SALOMON (2E SIÈCLE)

Ces poèmes, découverts en 1905 par Rendall Harris, sont une collection d’hymnes (42 en tout) composées au 2e siècle. On pense que leur origine était juive mais que les textes que nous avons sont des interpolations effectuées par des auteurs chrétiens. Un des aspects théologiques saillants est la description de l’Incarnation, et l’ode 19 contient probablement la première référence à la naissance sans douleur de Marie. Nous en citons une sélection de celles qui parle de la Nativité.

Ode 7

Comme l’impulsion de la colère se dirige vers le mal, de même l’impulsion de la joie se porte vers l’aimable, et entraîne sans mesure de doux fruit.
Moi joie est mon Maître et mon impulsion va vers Lui, et la route est belle,
parce que j’ai quelqu’un qui m’aide, mon Maître.
Il m’a permis de le connaître totalement, sans réserve, simplement ; et, avec bonté, il s’est dépouillé de sa Grandeur.
Il s’est fait comme moi pour que je pus le recevoir :
Et on le considéra comme un homme semblable à moi pour que je pus me revêtir de Lui.
C’est pourquoi je n’ai pas tremblé en le voyant, car il fut bon envers moi.
Il prit ma nature pour que je pus apprendre de Lui,
et il prit une forme semblable à la mienne pour que je ne m’éloignasse pas de Lui.
Le Père de toute Connaissance est aussi la Parole de Connaissance,
Le Créateur de la Sagesse est plus intelligent que ses œuvres.
Il m’a créé quand je ne savais pas encore ce que je viendrais à l’existence.
C’est pourquoi il eut pitié de moi
et dans sa grande bonté me permit de le prier et me faire bénéficier de son sacrifice,
car Il demeure incorruptible pour toutes les générations.
Il se donna lui-même pour être vu des siens,
afin qu’ils connaissent Celui qui les a créés et n’imaginent pas être leur propre origine.
Il nous a montré la voie qui conduit à la Connaissance,
et l’a étendue et élargie pour attirer tous vers la perfection,
et il y a placé les signes de Sa Lumière,
et j’ai cheminé sur cette voie dès le commencement et je le ferai jusqu’à la fin.
C’est Lui qui l’a façonné, et Il reposait dans son Fils, et pour Son Salut Il fournira tout.
Et le Très-Haut sera reconnu dans Ses Saints,
pour annoncer à ceux qui lui font des cantiques la venue du Maître :
Pour qu’ils avancent afin de se réunir avec Lui,
et puissent le chanter avec joie et avec la harpe à multiples sons :
Les prophètes viendront devant Lui et seront vus les premiers,
Ils loueront le Maître pour son amour : car Il est proche et on peut le contempler,
et la haine sera arrachée de la terre et étouffée avec la jalousie,
Car l’ignorance sera détruite grâce au Maître qui est venu.
Ceux qui composent des mélodies chanteront la Grâce du Maître Très-Haut,
et ils élèveront leurs voix, et leurs cœurs seront comme le jour,
et leur chant sera beau comme la beauté sublime du Maître,
et personne et rien de ce qui respire manquera de Le connaître et nul ne sera privé de sa voix,
Car Il a donné une voix à sa Création, pour ses voix se dirigent vers Lui et le louent.
Confessez sa Puissance, et proclamez sa Grâce, qu’Il vous a donnée. Alléluia !

Canon (lorica) de saint Patrick

26 septembre, 2012

http://www.spiritualite-chretienne.com/prieres/priere_2.html#12

Canon (lorica) de saint Patrick

Je me lève aujourd’hui,
Par une force puissante,
L’invocation à la Trinité,
La croyance à la Trinité,
La confession de l’unité du Créateur du monde.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force de la naissance du Christ et de Son Baptême,
La force de Sa Crucifixion et de Sa mise au tombeau,
La force de Sa Résurrection et de Son Ascension,
La force de Sa Venue au jour du jugement.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force des ordres des Chérubins,
Dans l’obéissance des Anges,
Dans le service des Archanges,
Dans l’espoir de la Résurrection,
Dans les prières des Patriarches,
Dans les prédictions des Prophètes,
Dans les prédications des Apôtres,
Dans les fidélités des Confesseurs,
Dans l’innocence des Vierges saintes,
Dans les actions des Hommes justes.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force du Ciel,
Lumière du Ciel,
Lumière du Soleil,
Éclat de la Lune,
Splendeur du Feu,
Vitesse de l’Eclair,
Rapidité du Vent,
Profondeur de la Mer,
Stabilité de la Terre,
Solidité de la Pierre.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force de Dieu pour me guider,
Puissance de Dieu pour me soutenir,
Intelligence de Dieu pour me conduire,
Oeil de Dieu pour regarder devant moi,
Oreille de Dieu pour m’entendre,
Parole de Dieu pour parler pour moi,
Main de Dieu pour me garder,
Chemin de Dieu pour me précéder,
Bouclier de Dieu pour me protéger,
Armée de Dieu pour me sauver :
Des filets des démons,
Des séductions des vices,
Des inclinations de la nature,
De tous les hommes qui me désirent du mal,
De loin et de près,
Dans la solitude et dans une multitude.

J’appelle aujourd’hui toutes ces forces
Entre moi et le mal,
Contre toute force cruelle impitoyable
Qui attaque mon corps et mon âme,
Contre les incantations des faux prophètes,
Contre les lois noires du paganisme,

Contre les lois fausses des hérétiques,
Contre la puissance de l’idolâtrie,
Contre les charmes des sorciers,
Contre toute science qui souille le corps et l’âme de l’homme.

Que le Christ me protège aujourd’hui :
Contre le poison, contre le feu,
Contre la noyade, contre la blessure,
Pour qu’il me vienne une foule de récompenses.
Le Christ avec moi,
Le Christ devant moi,
Le Christ derrière moi,
Le Christ en moi,
Le Christ au-dessus de moi,
Le Christ au-dessous de moi,
Le Christ à ma droite,
Le Christ à ma gauche,
Le Christ en largeur,
Le Christ en longueur,
Le Christ en hauteur,
Le Christ dans le coeur de tout homme qui pense à moi,
Le Christ dans tout oeil qui me voit,
Le Christ dans toute oreille qui m’écoute.
Je me lève aujourd’hui,
Par une force puissante,
L’invocation à la Trinité,
La croyance à la Trinité,
La confession de l’unité du Créateur du monde.

Au Seigneur est le Salut,
Au Christ est le Salut,
Que Ton Salut Seigneur soit toujours avec nous.

Amen ! Amen ! Amen !

Saint Patrick (v.390-461?)

Magnificat ánima mea Dominum (latin/français)

31 mai, 2012

http://salveregina.over-blog.com/article-5934985.html

Magnificat ánima mea Dominum

Et exsultávit spiritus meus,
in Deo salutári meo ;

Quia respéxit humilitátem ancillæ suæ :
ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes.

Quia fecit mihi magna qui potens est :
et sanctum nomen ejus ;

Et misericórdia ejus a progénie in progénies
timéntibus eum.

Fecit poténtiam in bráchio suo ;
dispérsit supérbos mente cordis sui.

Depósuit poténtes de sede,
et exaltávit húmiles.

Esuriéntes implévit bonis :
et divites dimísit inánes.

Suscépit Israel púerum suum,
recordátus misericórdiæ suæ.

Sicut locútus est ad patres nostros,
Abraham et sémini ejus in sæcula.

Amen

Version française

Mon âme exalte le Seigneur,
Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.

Il s’est penché sur son humble servante,
Désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles,
Saint est son nom.

Son amour s’étend d’âge en âge,
Sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras,
Il disperse les superbes.

Il renverse les puissants de leur trône,
Il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,
Renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël son serviteur,
Il se souvient de son amour.

De la promesse faite à nos pères,
En faveur d’Abraham et de sa race à jamais.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
Pour les siècles des siècles. Amen.

Syméon le Nouveau Théologien : « Le Père et moi, nous sommes UN »

7 mai, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120507

Le mardi de la 4e semaine de Pâques

Commentaire du jour

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec, saint des Églises orthodoxes
Hymne 21, 468s ; SC 174 (trad. SC rev.)

« Le Père et moi, nous sommes UN »

Envoyé et sorti du Père, le Verbe est descendu
et il a habité tout entier dans les entrailles de la Vierge.
Tout entier il était dans le Père,
et tout entier il était dans ce sein virginal,
et tout entier dans le tout, lui que rien ne peut contenir…
Demeurant inchangé, il a pris la forme d’esclave (Ph 2,7)
et après avoir été mis au monde, il est devenu un homme en tout…
Comment affirmer ce qui est impossible à expliquer
à tous les anges, aux archanges et à tout être créé ?
On le pense d’une manière véritable,
mais on ne peut pas du tout l’exprimer,
et notre esprit ne peut pas le comprendre vraiment parfaitement.

Comment donc Dieu et homme, et homme-Dieu
est-il aussi le Fils du Père, tout entier,
d’une manière qui ne l’en sépare pas ;
comment est-il devenu fils de la Vierge et est-il sorti dans le monde ;
et comment est-il resté impossible à contenir pour tous ?…
Tu resteras silencieux maintenant
car même si tu voulais parler, ton esprit ne trouvera pas de parole,
et ta langue bavarde demeure réduite au silence…

Gloire à toi, Père et Fils et Esprit Saint,
divinité que l’on ne peut pas saisir, indivisible dans sa nature.
Nous t’adorons dans l’Esprit Saint,
nous qui possédons ton Esprit, car nous l’avons reçu de toi.
Et, voyant ta gloire, nous ne recherchons pas indiscrètement,
mais c’est en lui, ton Esprit, que nous te voyons,
Père inengendré, et ton Verbe engendré qui sort de toi.
Et nous adorons la Trinité indivisible et sans mélange
dans son unique divinité et souveraineté et puissance.

Deus creator omnium: cet hymne est attribué avec certitude à Ambroise de Milan

6 décembre, 2011

du site:

http://dugardin.vb.chez-alice.fr/hagio/hymnes.php

Cet hymne est attribué avec certitude à Ambroise de Milan

Deus creator omnium 
polique rector, uestiens
diem decoro lumine
noctem soporis gratia,

artus solutos ut quies
reddat laboris usuin
mentesque fessas alleuet,
luctusque soluat anxios,

grates peracto iam die
et noctis exortu preces
uoti reos ut adiuues
hymnum canentes soluimus

Te cordis ima concinant
te vox canora concrepet,
te diligat castus amor
te mens adoret sobria

ut cum profunda clauserit
diem caligo noctium
fides tenebras nesciat
et nox fide reluceat

Dormire mentem ne sinas
dormire culpa nouerit
castis fides refrigerans
somni uaporem temperet

Exuta sensu lubrico
te cordis alta somnient
nec hostis inuidi dolo
pauor quietos suscitet.

Christum rogamus et Patrem,
Christi Patrisque Spiritum,
unum potens per omnia ;
foue precantes, Trinita

————————————

Dieu créateur de toute chose
Roi des cieux qui revêts
le jour de lumière éclatante,
la nuit des grâces du sommeil

pour que le repos nous détende,
rende nos membres au travail;
soulage nos coeurs fatigués,
dénoue nos chagrins anxieux,

le chant de notre hymne te rend grâce
pour ce jour déjà terminé,
te prie au lever de la nuit ;
aide-nous à tenir nos voeux.

Que le fond des coeurs te célèbre,
que la voix qui chante t’acclame,
que te chérisse un chaste amour
et que l’âme sobre t’adore !

Puisse lorsque la nuit profonde
de sa noirceur clore le jour,
la foi ignorer les ténèbres,
et la nuit resplendir la foi !

Ne laisse point l’âme dormir ;
puisse la faute s’endormir !
la foi chaste et rafraîchissante
tempérer l’ardeur du sommeil !

Dépouillé des pensées mauvaises,
que le fond des coeurs rêve à toi,
sans que la ruse de l’Envieux
éveille, effarés, ceux qui dorment !

Nous prions le Christ et le Père,
et l’Esprit du Christ et du Père
unique puissance en tous points ;
soutiens qui te prie, Trinité.

Traduction : D’après Jacques Fontaine. (c) Ed Cerf. 1992

Te Deum. L’adresse d’une hymne de louange (Maxime Allard, o.p.)

29 novembre, 2011

du site:

http://www.dimensionesperanza.it/articles-en-francais/item/6495-te-deum-ladresse-dune-hymne-de-louange-maxime-allard-op.html

Te Deum. L’adresse d’une hymne de louange (Maxime Allard, o.p.)

L’hymne Te Deum se raconte au cours d’une longue histoire. Elle est connue depuis les environs de 502, date de sa première apparition consignée dans une règle monastique. Elle semble bien avoir été composée par à-coup et insérée dans la liturgie progressivement…

L’hymne Te Deum se raconte au cours d’une longue histoire. Elle est connue depuis les environs de 502, date de sa première apparition consignée dans une règle monastique. Elle semble bien avoir été composée par à-coup et insérée dans la liturgie progressivement, même si une légende tenace en fait une composition presque spontanée lors du baptême d’ Augustin par Ambroise, à Milan en 387. Mais cette histoire a déjà été retracée[1]. L’hymne emprunte par moment au Gloire à Dieu avec lequel elle conserve des affinités quant aux jours de son utilisation. Avec une tonalité souvent proche des préfaces eucharistiques, l’hymne a été un élément de la célébration des Heures, de matines puis de l’Office des lectures. Utilisée aussi en dehors de la célébration de l’office choral pour marquer le couronnement de rois, le sacre d’évêques, des victoires en temps de guerres, elle a été mise en musique autrement que sur les mélodies grégoriennes. On trouve et apprécie diversement des Te Deum par Berlioz, Bizet, ,Brückner, Charpentier, Dettinger, Dvorak, Fauré, Haydn, Kodály, Mozart, Part, Rutter, Tinel, Verdi, etc. Jusqu’à l’opéra Tosca de Puccini qui en conserve des traces à la fin du premier acte, au moment où le drame se noue.
Cette hymne, la liturgie actuelle la propose en deux versions. La version longue, traditionnelle, inclut en finale une cascade de versets psalmiques retravaillés: Ps 27, 9 ; 144, 2; 122,3 ; 32, 22. La version brève les retranche, par souci avoué de reconstituer une authenticité historique[2]. Le choix de la version relève cependant de la volonté de la personne qui célèbre ou d’options communautaires[3]. Dans l’analyse proposée, la version longue est privilégiée. Elle est même rallongée par l’ajout du dernier verset de la version latine, en provenance du Ps 30, 1, verset que je traduis directement du latin sans souci d’exactitude liée au texte hébreu: « En toi, Seigneur, j’ai espéré: que je ne sois pas confondu dans l’éternité. »
Sa place actuelle est claire: à la fin de l’Office des lectures des dimanches et aux jours de solennités et de fêtes. D’autres traditions chrétiennes et d’autres périodes de l’histoire de l’Église en prescrivent cependant l’utilisation quotidienne[4]. Seul le temps du Carême la fait taire dans l’Église. Comme hors des milieux monastiques la pratique de l’Office des lectures en commun est peu répandue, cette hymne ne retentit donc plus souvent. Or, elle gagne, pour donner toute sa mesure, à être proférée à voix haute. En cela, elle rejoint l’Alléluia dont la force se montre vraiment lorsqu’il est chanté.
Le Te Deum termine l’Office des lectures sur une note de louange. Dans la version longue comme dans la brève, cet office se clôt sur une demande d’entrer dans la gloire éternelle des « saints » de Dieu
(« prends-les avec tous les saints dans ta joie et dans ta lumière » ; « que je ne sois pas confondu dans l’éternité »). La clôture de l’office serait donc une note de louange. Cette dernière affirmation est beaucoup trop rapide. Elle donne trop vite dans une certaine manière d’envisager la louange qui, pour être spirituelle, n’en demeure peut-être pas moins un peu déconnectée de ce que l’Église propose comme acte de louange avec le Te Deum. Après tout, il y avait quelque chose de juste à faire retentir les églises des accents puissants de Te Deum après des guerres, au moment de la victoire. À la fin de la guerre, il y a bien des ruines, bien des traces de blessures qui ne se laissent pas oublier si rapidement. Cela doit percer dans la louange, la glorification, l’acclamation, la confession assurée. Le Te Deum les met sur les lèvres. Dans ces conditions, qu’est-ce que la louange? Qu’est-ce que glorifier Dieu?
De plus, écrire qu’il s’agit simplement de louange comme si on savait ce dont il s’agit ne suffit pas. Louer est une action complexe qui recourt, selon le texte du Te Deum, à l’acclamation, à la prostration, à l’action de grâce, à l’adoration, au chant, à la glorification, à la proclamation, au témoignage, à l’annonciation et à la reconnaissance. Entre « Toi, Dieu… » et « nous » (et l’entourage céleste), la louange prend corps, littéralement. Elle passe par des mots, par des chants qui ne sont jamais solitaires. Elle requiert que les mots chantés, proclamés, se muent en attitudes corporelles: prosternation et adoration. D’ailleurs, la liturgie, avant Vatican II, suggérait que la dernière strophe, celle débutant par « Montre-toi…», soit priée à genoux. Cela laisse entrevoir la complexité de la louange adressée « À toi, Dieu… » Cela signale la « perlaboration », le lent travail que cette hymne peut faire sur une personne qui s’y livre, s’y exprime et en fait un lieu pour s’entraîner à rendre grâce.
Suivons maintenant l’hymne du point de vue double de son adresse: à qui elle s’adresse et qui l’adresse. Cela suggérera des façons de se la remettre en bouche aujourd’hui. Après tout, cette hymne ne va pas de soi. Les anges et archanges ont beau avoir été à la mode récemment, ils ont pris peu de place dans la liturgie; notre rapport à la liturgie céleste est pour le moins ambigu. De plus, la christologie qui y est chantée pourra sembler problématique à certaines personnes: qui est à l’aise avec le « tu n’as pas craint de prendre chair dans le corps d’une vierge» qui atténue le latin « tu n’as pas été horrifié ou eu horreur (horruisti) du sein de la Vierge »?

« Toi,  Dieu» ou « À Toi, Dieu… »
Toi! En latin, quatorze vers de l’hymne débutent par l’adresse ou son rappel (Te, tibi, tu).
Malheureusement, la traduction française n’a pas conservé ce rythme. Il faut la retrouver sous les lourds    « Devant toi… c’est toi que… toi que» et sous les transformations du performatif « Toi… à Toi » en constatations quasi factuelles : « Tu n’as pas craint… tu as ouvert… tu règnes. » Et ainsi, il y a perte de l’insistance, du sens de l’adresse requise pour s’adresser ainsi à Dieu, sans crainte.
« Toi… Dieu », « à toi, Dieu… ». De nos jours, ce type d’exclamation ou d’apostrophe est réservé à des interpellations plus ou moins violentes. Selon les dictionnaires, l’apostrophe possède quelque chose de brutal et d’impoli. On ne s’empêtre pas dans les fleurs du tapis, dans les formules de politesse. « Toi, Dieu… » : c’est à la fois un peu plus brusque et moins familier que Notre Père. Plus osé même que les prières eucharistiques, commençant avec leurs préfaces et qui distribuent quelques « toi » au fil de leur déroulement. Et pourtant, cela semble bien l’adresse eschatologique: « Toi… Dieu » !
Toi, Dieu… ! À toi, Dieu… Le destinataire est désigné presque comme dans: « Père Noël. Pôle Nord ». Pas de méprise possible. L’adresse est directe, unique. Elle signe à la fois la proximité, malgré la grandeur de Dieu, et une certaine audace de qui ose interpeller ainsi Dieu. Aucune précaution oratoire, rhétorique, déférente. Serait-ce dû à un débordement de joie et d’action de grâce qui en viendrait à faire manquer aux convenances, à la calme récitation de l’Office des lectures? Serait-ce les psaumes priés au cours de cet office et les lectures y guidant et nourrissant la méditation qui causent un tel débordement, une adresse si brusque ? Dans tous les cas, avec une telle adresse initiale, l’attention est détournée du sujet de la discussion, de la méditation et, résolument, orientée vers Dieu à qui il s’agit de s’adresser.
Avec habileté – adresse ! -, l’hymne déploie l’adresse initiale: Père éternel, Fils éternel et bien-aimé, Seigneur, Esprit de puissance et de paix (dommage, cependant, que la traduction française ait perdu  « l’Esprit consolateur » du latin). Lentement, l’adresse initiale s’étend et le déploiement de Dieu couvre toute la terre, le ciel, l’univers entier. L’adresse n’en finit pas d’être reprise, réitérée. Comme si on voulait y séjourner, ne pas aller plus loin, ne pas pouvoir aller plus loin. Comme si, d’un coup, on avait atteint le but.
Il vaut la peine de s’attarder encore un peu au déploiement de cette adresse. Après tout, à la déployer ainsi, la cause de la louange se laisse repérer et répéter. Dieu est loué et adoré parce qu’il est Dieu, parce qu’il est une adorable trinité. Il est confessé pour son plaisir, ou pour sa gloire éternelle. C’est la même chose. La louange adressée à Dieu est sans pourquoi. Comme la rose de Silésius ! On ne cherche donc pas à accumuler des raisons de louer Dieu. Difficile d’en trouver qui pourraient justifier aujourd’hui sa reprise hebdomadaire. Difficile d’en relier l’une ou l’autre au vécu des personnes qui s’y engagent. Seulement, on accumule, tour à tour, toutes les différentes manières de le louer par divers groupes. Comme si cela allait de soi de s’adresser « à Toi, Dieu… ».

Nous, eux, elle, nous… (enfin, je) !
L’adresse est claire: Toi, Dieu! L’adressant l’est aussi: « Nous te louons. » Mais « nous » n’est pas seul. Il s’inscrit dans un mouvement s’adressant à « Toi, Dieu » déjà enclenché depuis longtemps, par bien d’autres, au ciel et sur terre. Il y a les archanges, les anges, les esprits des cieux, le chœur des glorieux Apôtres, la multitude des prophètes, l’armée des martyrs, l’Église. C’est donc que la mort n’arrête pas l’adresse, la louange qui s’adresse à « Toi, Dieu… ». La compagnie du « nous » en est élargie aux dimensions cosmiques et par-delà. Tous les groupes et individus adressent leurs louanges à « Toi, Dieu… ». Du ciel ou de la terre, ils s’adressent à Dieu. Leur louange couvre le monde, la terre entière. En fait, on pourrait même finir par croire, à force de lire et de prier à nouveau cette hymne, que cette louange est, par elle-même, la « gloire » de Dieu qui remplit l’univers.
« Nous » se distingue d’un groupe d’« eux » : ceux qui sont déjà au ciel. Mais « nous » se distingue aussi d’« elle », soit de l’Église. Ces deux distinctions se comprennent. « Nous » n’est pas déjà au ciel. Il en va de tout l’écart entre le ciel et la terre, entre la vie présente et la vie éternelle, écart qui passe par la mort, par la vie jusqu’à la mort. Et si « nous » est occupé à chanter, c’est qu’il est encore en route jusqu’à en mourir. « Nous » se distingue de l’Église. Pas qu’il n’en est pas. Au contraire, « nous » fait sienne la confession de foi trinitaire de l’Église. Il s’en fait l’écho. Il ne se tient pas à l’écart de l’Église non plus. « Nous », déjà, cherche à s’y tenir toujours plus à l’aise.
Mais qui sommes-nous pour oser nous y accoler, nous y joindre et pour nous adresser à « Toi, Dieu…» ? Nous sommes des délivrés croyants qui attendons le Royaume des cieux. Nous sommes et espérons être comptés parmi le « peuple » d’un « Toi » qui n’est plus simplement « Toi, Dieu… », mais Toi, Christ, fils du Père, qui a pris chair de la Vierge Marie, qui a brisé l’emprise de la mort et demeure assis dans la gloire du Père. Nous ne sommes pas simplement des pièces anonymes d’un univers sans lien avec le «Toi» auquel nous nous adressons. Nous nous adressons à « Toi » car ce   « Toi » a rendu possible pour nous de trouver l’adresse de Dieu, de jouer d’adresse pour le louer. Par le Christ, Dieu s’est rassemblé un peuple sur terre et déjà au ciel, un peuple où nous désirons être comptés.
Nous sommes peut-être inscrits sur la liste des saints, dans la compagnie chantante des anges et de l’Église « céleste ». Mais nous ne sommes pas dans l’éternité. La louange est adressée à « Toi, Dieu » à tous les jours «( chaque jour… et à jamais ») et un jour à la fois (« en ce jour »). Et dans la suite des jours, dans leur succession un à un (per singulos dies), la louange se double d’une requête. Elle est alors presque supplique. La louange en compagnie des saints fait naître et soutient le désir de se retrouver en leur compagnie, de les retrouver par-delà le jugement. Mais il y a plus. Le déroulement des jours entre le chant à « Toi, Dieu… » et l’éternité accordée fait surgir une autre harmonique à la louange. Une harmonique suppliante : à chaque jour, en ce jour-ci, « garde-nous sans péché ». Rapidement, pourtant, la supplique prend un tour plus dramatique car le péché a déjà ralenti la marche vers Dieu et son adresse : « Pitié pour nous, Seigneur, pitié sur nous. » Un appel est lancé vers la miséricorde. Mais tout au long de la supplique, le fil de la louange ne se perd pas, il est tenu par l’espérance: « Comme notre espoir est en toi. »
À la fin, pour finir la louange, la parole passe du « nous » à la première personne du singulier:      « En toi, Seigneur, j’ai espéré; que je ne sois pas confondu dans l’éternité. » (Traduction non officielle du texte latin.) Le désir est si fort, l’adresse si confiante, qu’elle ne peut plus s’exprimer au pluriel. Le « Je » doit prendre sa place, sa part, s’exprimer pour lui-même. Comme si personne ne pouvait le dire à sa place. Comme s’il fallait que « je » répète ce que « nous » avait proclamé, confessé, immédiatement auparavant. Comme si la personnalité de chacun avait son bref solo, sans quoi il risquerait de manquer quelque chose à la louange universelle. Voilà une signification possible de l’ajout de ce verset psalmique après la fin de l’hymne, pour la prolonger.

Espérer louer
Le Te Deum est une avance que nous nous faisons en l’offrant à Dieu. Nous anticipons en quelque sorte. Il y a comme un écho préventif de la « victoire sur la mort », sur notre propre mort. En adressant une louange à Dieu, une louange qui se mue et porte en elle une supplication, la liturgie offre aux fidèles une action de grâce anticipant sur le Sanctus céleste. Anticipation certes de la liturgie céleste, mais déjà, de par la forme de l’hymne, anticipation de la célébration de l’eucharistie du dimanche comme mémorial de la passion et de la résurrection du Christ… jusqu’à ce qu’il vienne. Mais il y a plus. Le Te Deum, discret, à peine murmuré, dans la solitude de l’Office des lectures ou dans son calme nocturne, est une répétition, lent apprentissage de ce qu’est la louange qui s’adresse « à Toi, Dieu… », préparation à prendre place dans le Royaume des cieux.

Chanter le Te Deum
Voici, trop rapidement, presque sans commentaire, une brève liste de versions du Te Deum.
Nous omettons les versions grandioses et somptueuses écrites pour chœurs, orgue et orchestre qui se prêtent moins, il faut l’avouer, au cadre actuel de la liturgie des Heures. La liste présentée ici a pour but d’insuffler le goût de le chanter, de le fredonner pour faire sortir cette hymne du cadre silencieux et individuel de l’Office des lectures:
- Te Deum, tiré de la Liturgie tolosane des Prères Prêcheurs, André Gouzes. Cette version conserve la version longue du Te Deum sur une traduction qui rythme bien l’adresse « Toi, Dieu ». Elle offre la possibilité d’une alternance entre soliste et chœur.
- À toi, Dieu, L 62/1, Hymnes notées I, texte de J. E. David – C.N.P.L., musique de David Julien, offre un jeu entre un soliste et une assemblée.
- À toi, Dieu, I. 62/4, Hymnes notées I, texte C.N.P.L.-A.E.L.F., musique de J. Gelineau.
Utilisant la version officielle de la liturgie des Heures, l’adresse en souffre.
- A toi Dieu notre louange, Llh 100, texte A.E.L.F., musique C. Jacob. Sur la version française officielle, la musique offre une alternance entre deux chœurs et des parties chantées par tous.

À toi, Dieu, notre louange!
Nous t’acclamons: tu es Seigneur !
À toi, Père éternel,
l’hymne de l’univers.
Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux;
ils te rendent grâce,
ils adorent et ils chantent:
Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.
Dieu, nous t’adorons:
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.
Christ, le Fils du Dieu, vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.
Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume;
tu règnes à la droite du Père;
tu viendras pour le jugement.
Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang:
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.
Sauve ton peuple, bénis cet héritage;veille sur lui, porte-le à jamais.
Je veux te bénir chaque jour,
louer ton Nom, toujours et à jamais.
En ce jour, garde-nous sans péché;
pitié pour nous, Seigneur, pitié sur nous.
Ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi.
[En toi, Seigneur, j'ai espéré:
que je ne sois pas confondu dans l'éternité.]
La phrase entre crochet est une traduction non officielle du texte latin
* Cet article est paru dans la revue canadienne Célébrer les Heures, n° 29.
———————————-
1) H. Leclercq, « Te Deum », dans H. I. Marrou (dir.), Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, tome XV, vol. 2, Paris, Smyrne  – Zraia, Letouzey & ‘Ané, 1953, col. 2028-2048 ; Dom R. Le Gall, « Le Te Deum, hymne à la gloire de Dieu et de ses saints », La Vie spirituelle n° 737, 2000, p.621-638.
2) S. Campbell,From Brieviary to Liturgy of the Hours. The Structural Reform of the Roman Office 1964-1971. Collegeville, Liturgical Press, 1995, p. 221-230.
3) Présentation générale de la liturgie des Heures: « la dernière partie de cette hymne, du verset « Sauve ton peuple » jusqu’à la fin, peut être omise à volonté. »
4) R. Taft, La Liturgie des Heures en Orient et en Occident, Turnhout, Brepols, coll. « Mysteria », 1991, p. 155-156 ; P. F. Bradshaw, Daily Prayer in the Farly Church, l.ondres, Alcuin Club/SPCK, coll. « Alcuin Club» 63, 1981, p. 119 et 131 .

(La Vie spirituelle,  776, mai 2008, p. 209)

Hosanna au plus haut des cieux

25 août, 2011

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=2134

Hosanna au plus haut des cieux

P. Philippe Rouillard, o.s.b.

La liturgie de ce dimanche est exceptionnelle, puisqu’elle porte un double titre : dimanche des Rameaux et de la Passion, et comporte deux lectures d’Évangile. C’est donc un double événement et un double mystère que nous vivons en ce dernier dimanche avant Pâques, en ce jour où nous entrons dans la sainte semaine des passions du Christ.

La célébration des Rameaux

« Quelques jours avant la fête de la Pâque. » Surprise : cette indication chronologique que nous trouvons dans notre missel au début de l’évangile des Rameaux… ne figure pas dans la Bible. Elle a été ajoutée pour établir un lien plus étroit entre la célébration pascale et l’entrée de Jésus à Jérusalem, alors que dans la Bible beaucoup d’événements et d’enseignements (qui occupent les chapitres 21-25 de Matthieu) suivent l’entrée à Jérusalem.
Quoi qu’il en soit, Jésus entre à Jérusalem dans un climat d’allégresse populaire : on brandit des feuillages coupés aux arbres. Ici encore, il y a de libres traductions : selon les climats, on coupe de vraies palmes, signes de victoire, ou des branches d’olivier, symboles de paix, ou encore de modestes rameaux de buis toujours vert, qui à ce titre sont considérés comme un symbole d’immortalité et sont placés dans les maisons mais aussi sur les tombes. En beaucoup d’églises, on offre aujourd’hui les trois sortes de branchages : choisirons-nous un signe de victoire, de paix ou d’immortalité ?
À Jérusalem autrefois comme dans nos églises aujourd’hui, la procession s’accompagne de l’acclamation « Hosanna au plus haut des cieux », dont nous ignorons l’origine précise, mais qui évoque le chant des anges à Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. » Il est bon qu’avant de célébrer l’abaissement de la Passion, nous chantions déjà l’exaltation du Christ, et qu’ainsi nous donnions le ton à toute la liturgie de ce jour.
Aussi bien, l’évangile s’achève par une de ces questions d’identité chères à Matthieu, déjà rencontrées dans les évangiles de la Samaritaine au quatrième dimanche et de l’aveugle-né au cinquième dimanche. Alors qu’on vient de faire un triomphe à Jésus, quelques ignorants ou quelques étrangers demandent : « Qui est-ce ? » Ne serions-nous pas, nous aussi, de ceux qui posent des questions légitimes ?
La célébration de la Passion
Toute la célébration est marquée par la lecture ou le chant de la Passion selon saint Matthieu, qui commence avec les préparatifs du repas pascal et l’institution de l’eucharistie pour s’achever avec la déposition du corps du Christ dans un tombeau, déposition accompagnée d’allusions non anodines à l’annonce de sa Résurrection. Après l’entrée triomphale à Jérusalem, vient donc la route des douleurs, la via dolorosa, le chemin du mépris et de la dérision qui se prolonge par le chemin de croix.
Dans ce long récit, Matthieu et Marc sont les seuls à nous transmettre l’appel au secours du Christ en croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Un cri, un sentiment d’abandon, qui reste mystérieux pour nous, mais qui est relayé aujourd’hui par tant d’hommes, de femmes et d’enfants : « Mon Dieu, où es-tu, m’as-tu abandonné ? » Et peut-être est-ce le monde entier, en proie à tant de conflits, de violences et d’incertitudes, qui demande à Dieu : « Où es-tu, nous aurais-tu abandonnés ? » Ce récit dramatique, qui a ému toute l’assemblée et chacun de nous, qui fait couler souvent des larmes d’émotion et de compassion, ne doit pas rester sans réponse. En certaines églises, on chante à nouveau et à plusieurs reprises le « Hosanna au plus haut des cieux », en montrant ainsi que l’on voit dans un regard de foi l’aboutissement et donc le sens de toutes ces allées et venues relatées avec insistance par l’Évangéliste. En reprenant ce chant de la procession des Rameaux, on exprime aussi le lien entre les deux parties de la célébration.
Que dire du mystère de la Passion ? En français comme en d’autres langues occidentales, le mot passion a deux sens : la souffrance, mais aussi l’intérêt ou l’amour passionné pour une science, pour un art, pour une personne. Certes, notre dimanche de la Passion du Seigneur évoque et célèbre la souffrance endurée et acceptée par le Christ, mais il contemple et célèbre aussi, de façon plus intérieure, l’amour passionné du Christ pour Dieu son Père et pour nous les hommes, à qui il donne sa vie.
Amour passionné du Christ pour son Père lorsqu’au jardin des Oliviers il lui dit : « Non pas ma volonté, mais ta volonté » ; amour déchiré lorsque sur la croix il s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; amour de totale confiance lorsqu’il s’abandonne : « Entre tes mains je remets mon esprit. »
Et de l’autre côté, amour passionné du Christ pour ses disciples et pour tous les hommes lorsqu’il institue l’eucharistie : « Ceci est mon corps donné pour vous, ceci est mon sang répandu pour la multitude en rémission des péchés » ; amour trahi pour Judas lorsqu’il l’appelle ami : « Mon ami, fais ta besogne » ; amour infini pour Pierre le renégat lorsqu’à la fin de la Cène il lui dit : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne sombre pas », et qu’après son reniement il pose son regard sur lui, et Pierre « pleure amèrement » ; amour plein de pitié pour ses bourreaux lorsqu’il demande : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Nous rappeler les deux sens du mot passion, c’est nous rendre plus attentifs à la richesse des mystères célébrés en ce dimanche : victoire de la vie sur la mort, que symbolisent les rameaux printaniers ; souffrance indicible : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » ; amour passionné du Christ pour son Père et pour les hommes, qui lui donne la force de surmonter les épreuves et d’aller jusqu’au bout du chemin.
« Hosanna au plus haut des cieux » : ce chant lié au dimanche des Rameaux et à l’entrée de Jésus à Jérusalem, nous le reprenons à chaque messe dans le chant du Sanctus. Il y a beaucoup de façons de chanter cet Hosanna. Et Bach et d’autres compositeurs ont écrit une Passion selon saint Matthieu. À nous de donner, par notre vie, une interprétation personnelle de l’Hosanna aussi bien que de la Passion.

Séquence pour la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ « Lauda Sion » – Français

9 mai, 2011

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php

Commentaire du jour

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), théologien dominicain, docteur de l’Église
Séquence pour la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ « Lauda Sion »

« Moi, je suis le pain de la vie »

Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser
car il dépasse tes louanges ;
tu ne peux trop le louer.

Le pain vivant, le pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.

Au repas sacré de la Cène
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.

Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !…

A ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.

L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre
et la lumière la nuit.

Ce qui le Christ fit à la Cène,
il ordonna de le faire
en mémoire de lui.

Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut…

Sa chair est une nourriture,
son sang est une boisson (Jn 6,55),
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.

On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.

Qu’un seul ou mille communient,
ceux-ci reçoivent autant que celui-là,
on s’en nourrit sans le détruire…

Voici le pain des anges (Ps 78,25),
devenu la nourriture des pèlerins ;
c’est le vrai pain des enfants
qu’il ne faut pas jeter aux chiens (Mt 15,26).

D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice (Gn 22),
par l’agneau pascal immolé
par la manne donnée à nos pères.

Ô bon Pasteur, pain véritable,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants (Ps 26,13).

Toi qui sais tout et qui peux tout
tu nous nourris en cette vie,
fais de nous, là-haut, tes convives,
cohéritiers et compagnons
des saints dans la cité céleste
.

LAUDA SION (Le Lauda Sion est une séquence latine composée par saint Thomas d’Aquin)

16 mars, 2011

du site:

http://www.cathoweb.org/catho-bliotheque/prier/poesie-mystique/lauda-sion.html

LAUDA SION

Publié le 27 décembre 2008 par Jean-Baptiste Balleyguier
 
Le Lauda Sion est une séquence latine composée par saint Thomas d’Aquin pour la messe de la Fête-Dieu. C’est un chef d’oeuvre de la poésie dogmatique, qui illustre de manière « parlante » le dogme de la transsubstantiation. Wikipedia

Lauda, Sion, Salvatorem,
Lauda ducem et pastorem
In hymnis et canticis.

Quantum potes, tantum aude,
Quia maior omni laude,
Nec laudare sufficis.

Laudis thema specialis,
Panis vivus et vitalis
Hodie proponitur.

Quem in sacrae mensa coenae
Turbae fratrum duodenae
Datum non ambigitur.

Sit laus plena, sit sonora ;
Sit iucunda, sit decora
Mentis iubilatio.

Dies enim solemnis agitur
In qua mensae prima recolitur
Huius institutio.

In hac mensa novi Regis,
Novum pascha novae legis
Phase vetus terminat.

Vetustatem novitas,
Umbram fugat veritas,
Noctem lux eliminat.

Quod in coena Christus gessit
Faciendum hoc expressit
In sui memoriam.

Docti sacris institutis,
Panem, vinum in salutis
Consecramus hostiam.

Dogma datur christianis
Quod in camem transit panis
Et vinum in sanguinem.

Quod non capis, quod non vides
Animosa firmat fides
Praeter rerum ordinem.

Sub diversis speciebus,
Signis tantum et non rebus,
Latent res eximiae.

Caro cibus, sanguis potus,
Manet tamen Christus totus
Sub utraque specie.

A sumente non concisus,
Non confractus, non divisus,
Integer accipitur.

Sumit unus, sumunt mille,
Quantum isti tantum ille,
Nec sumptus consumitur.

Sumunt boni, sumunt mali,
Sorte tamen inaequali
Vitae vel interitus.

Mors est malis, vita bonis :
Vide paris sumptionis
Quam sit dispar exitus.

Fracto demum Sacramento,
Ne vacilles, sed memento
Tantum esse sub fragmento
Quantum toto tegitur.

Nulla rei fit scissura,
Signi tantum fit fractura
Qua nec status nec statura
Signati minuitur.

Ecce panis angelorum
Factus cibus viatorum,
Vere panis filiorum
Non mittendus canibus.

In figuris praesignatur,
Cum Isaac immolatur,
Agnus paschae deputatur,
Datur manna patribus.

Bone Pastor, panis vere,
Jesu nostri miserere,
Tu nos pasce, nos tuere,
Tu nos bona fac videre
In terra viventium.

Tu qui cuncta scis et vales
Qui nos pascis hic mortales,
Tuos ibi commensales,
Coheredes et sodales
Fac sanctorum civium.

Amen.

Version française

Loue, Sion, ton Sauveur, loue ton chef et ton pasteur par des hymnes et des cantiques.
Ose de tout ton pouvoir, car il est plus grand que toute louange et à le louer tu ne suffis pas.
Un thème de louange spéciale, le pain vivant et vivifiant, aujourd’hui nous est proposé.
Lors du repas de la sainte Cène, au groupe des Douze ses frères, il fut donné, n’en doutons pas.
Que la louange soit pleine, qu’elle soit sonore, qu’elle soit joyeuse, qu’elle soit belle, la jubilation de l’esprit.
Car nous vivons ce jour solennel qui de cette table entend célébrer l’institution première.
A cette table du nouveau Roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle Loi met un terme à la phase ancienne.
La nouveauté chasse la vieillerie, la vérité l’ombre, la lumière dissipe la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène, il nous ordonna de le faire en mémoire de lui.
Instruits par ses saints préceptes, nous consacrons le pain et le vin, en offrande sacrificielle pour le salut.
Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang.
Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l’assure, hors de l’ordre naturel.
Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent.
La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l’une et l’autre espèce.
On le prend sans le déchirer, ni le briser, ni le diviser, il est reçu tout entier.
Un seul le prend, mille le prennent , autant celui-ci, autant ceux-là le consomment sans le consumer.
Les bons le prennent, les méchants le prennent, mis pour un sort inégal, ici de vie, là de ruine.
Il est mort aux méchants, vie aux bons : vois d’une même manducation combien l’issue est dissemblable !
Le sacrement enfin rompu, ne vacille pas, mais souviens-toi qu’il est sous chaque fragment comme sous le tout il se cache.
Nulle division n’est réalité, le signe seulement se fractionne, et par là, de ce qui est signifié ni l’état ni la stature n’est amoindri.
Voici le pain des anges fait aliment des voyageurs, vrai pain pour les fils, à ne pas jeter aux chiens.
D’avance il est signifié en figures, lorsqu’ Isaac est immolé, que l’agneau pascal est sacrifié, que la manne est donnée à nos pères.
Bon Pasteur, vrai pain, Jésus, aie pitié de nous ! Toi, nourris-nous, défend-nous ! Fais-nous voir nos biens dans la terre des vivants.
Toi qui sais et peux tout, qui nous nourris ici-bas mortels, rends-nous là-haut les commensaux, cohéritiers et compagnons de la cité des saints. Amen.

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