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DIES IRÆ (POÈME) TESTE LATIN ET TRADUCTION

14 avril, 2014

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dies_Ir%C3%A6_(po%C3%A8me)

DIES IRÆ (POÈME) TESTE LATIN ET TRADUCTION

Le jugement dernier par Rogier van der Weyden.
La séquence (sequentia) Dies iræ (« Jour de colère » en latin), qu’on appelle aussi Prose des Morts, est un poème partiellement apocalyptique, intégré au corpus grégorien. Ses prémices sont apparues dès le début du xie siècle. La version actuelle date du xiiie siècle. Le Dies iræ était (et peut toujours être) chanté dans la messe de Requiem.

Sommaire [masquer]
1 Dies iræ
2 Origine et sources du poème
3 Le poème
4 Utilisation du thème dans la musique
5 Utilisation du thème dans le cinéma
6 Notes et références
7 Annexes
7.1 Bibliographie
7.2 Liens externes

DIES IRÆ
Écrit en langue latine sur le thème de la colère de Dieu au dernier jour (celui du Jugement Dernier), le poème évoque le retour (la Parousie) du Christ, au « son étonnant1 de la trompette » qui jettera les créatures au pied de son trône afin que tout acte soit jugé. Il participe d’une tendance médiévale (liée à l’époque des Croisades) que Jean-Charles Payen a appelée « la prédication par la crainte ». Mais c’est aussi, pour une bonne partie, le poème de la faiblesse de l’humain et du doute : « Quel protecteur vais-je implorer, quand le juste est à peine sûr ? » (Quem patronum rogaturus, cum vix justus sit securus ?). Et plus loin : « Rappelle-toi, Jésus très bon, c’est pour moi que tu es venu, ne me perds pas en ce jour-là » (Recordare, Jesu pie, quod sum causa tuæ viæ ; ne me perdas illa die).
C’est un des poèmes les plus connus de la littérature latine médiévale. Les textes de cette époque diffèrent des poèmes latins classiques par leur distribution de l’accent tonique et par la rime. Dans la séquence Dies iræ, le mètre est trochaïque (une syllabe longue, une syllabe brève). Elle est chantée en style de chant grégorien (ou plain-chant).
Son élaboration remonte au début du xie siècle (donc aux alentours de l’an mil) et aux tropes (ou développements) du Répons Libera me Domine (« Libère moi, Seigneur, de la mort éternelle ») qu’on chante également dans les messes de Requiem et où l’on trouve les mots Dies illa, dies iræ : « Ce jour-là sera un jour de colère »). L’essentiel du poème du Dies iræ semble avoir été mis en forme au milieu du xiie siècle (texte et musique). Il a longtemps été attribué à un frère franciscain italien du xiiie siècle, Thomas de Celano (Tomaso da Celano, 1200-1260). Mais il semble que cet auteur n’ait fait passer à la postérité que la version légèrement remaniée et complétée d’un poème plus bref et plus ancien, conservé dans un manuscrit du xiie siècle : en 1931, Dom Mauro Inguanez, bibliothécaire du Mont-Cassin, découvrit à Caramanico Terme, près de Naples, ce manuscrit datant de la fin du xiie siècle, qui donne du Dies iræ une version un peu plus courte que la nôtre : elle se termine avec la strophe Oro supplex. Il manque, en outre, la strophe Juste judex. Celano n’a pu, tout au plus, qu’apporter quelques modifications sur un texte déjà existant, sans doute dans le but de l’intégrer à la Messe des Morts2.
Après cela, le Dies iræ devint, pour une longue période, une Séquence (Sequentia) de la liturgie des funérailles (à laquelle appartient la Messe de Requiem). C’est à ce titre qu’il a fait l’objet de nombreuses compositions musicales ; parmi les plus célèbres, celles qu’on trouve dans les messes des morts de W. A. Mozart et de Giuseppe Verdi (qui ne reprennent aucun élément du plain-chant, mais seulement l’intégralité du texte)3. Cependant, les messes de Requiem ne comportent pas nécessairement le Dies iræ : il est par exemple absent du Requiem de Gabriel Fauré, qui retient plus les idées de repos et de paradis (voir l’In paradisum par lequel la messe se termine) que l’idée de crainte.
Dans le rite approuvé en 1969, à la suite du Concile Vatican II, par le pape Paul VI, la séquence a disparu des messes des défunts (ce qui n’entraîne pas sa disparition totale : elle reste néanmoins présente dans la forme antérieure du rite, celle-ci pouvant toujours être employée). La séquence figure aussi dans la version latine de l’Office des Lectures, à la 34e semaine du Temps ordinaire (Liber Hymnarius, Solesmes, 1983, XVI – 622 p.).
Origine et sources du poème
Le poème comporte une indication sur les sources qui l’ont inspiré, avec le vers déclarant Teste David cum Sibylla, « David l’atteste avec la Sibylle ». Le roi David est ici mentionné en tant qu’auteur biblique, en particulier des Psaumes. Le passage biblique ayant le plus clairement inspiré la composition du Dies iræ se trouve cependant dans le premier chapitre du Livre de Sophonie4. Les versets 14 à 18 évoquent en effet un « jour de colère », « jour où sonnera la trompette [tuba dans le texte latin] et jour de clameur », dans lequel toute la terre sera dévorée dans le feu de la colère de Dieu. (1,14-18) :
« Dies iræ, dies illa, dies tribulationis et angustiæ, dies calamitatis et miseriæ, dies tenebrarum et caliginis, dies nebulæ et turbinis, dies tubæ et clangoris super civitates munitas et super angulos excelsos. »
— Livre de Sophonie, 1, 15.
La Sibylle évoquée dans le Dies iræ est ce personnage de l’Antiquité auquel étaient attribués des oracles. Certains de ces oracles furent interprétés comme des prophéties chrétiennes par des auteurs de l’Antiquité, en particulier par Lactance. Ce dernier écrivit au début du vie siècle un livre intitulé La colère de Dieu, mais c’est surtout dans le septième livre des Institutions Divines qu’il a décrit le jour de sa colère en se basant sur des prophéties de la Sibylle Erythée. Ces oracles comportent nombre de thèmes présents dans le Dies iræ : le jour de la colère de Dieu, le jugement final, l’ouverture des tombeaux, la destruction du monde, l’annonce de ce jour par le son d’une trompette, la peur qui saisira tout le monde, l’appel à la clémence :
« …et pour comble de malheur, on entendra une trompette, selon le témoignage de la Sibylle, qui retentira du haut du ciel. Il n’y aura point de cœur où ce triste son ne jette l’épouvante et le tremblement. Alors le fer, le feu, la famine et la maladie servant comme de ministres à la colère de Dieu, se déchargeront sur les hommes qui n’auront point connu sa justice. Mais l’appréhension dont ils seront agités les tourmentera plus cruellement qu’aucun autre mal. Ils imploreront la miséricorde, et ne seront point exaucés ; ils invoqueront la mort, et ne recevront point son secours ; ils ne trouveront aucun repos ; dans la nuit, le sommeil n’approchera point de leurs yeux ; ils seront affligés par l’insomnie et par l’inquiétude du corps ; de sorte qu’ils fondront en pleurs, jetteront des cris, grinceront les dents, déploreront la condition des vivants et envieront celle des morts. La multitude de ces maux et de plusieurs autres, défigurera et désolera la terre, comme la Sibylle l’a prédit, quand elle a dit que le monde serait sans beauté et l’homme sans consolation5. »
— Lactance, Institutions divines, VII, XX, 3-4.
Dans ses premiers vers, le Dies iræ reprend des thèmes présents dans Sophonie et chez Lactance, mais la perspective dans laquelle ces thèmes sont exploités est très différente pour chaque œuvre. Dans le livre de Sophonie, l’évocation de la colère de Dieu précède un appel à la conversion. Chez Lactance, l’annonce du jour de la colère de Dieu est celle d’une victoire ultime, sans défaut et sans appel de la justice de Dieu. Cette justice se traduit par des supplices extrêmes pour les méchants dont les appels à la clémence seront sans effet. Lactance est fataliste, la conversion des méchants ne l’intéresse pas, il faut seulement que justice soit faite au dernier jour. Le Dies iræ ne se situe pas dans cette perspective. Il accorde une très large place aux appels à la miséricorde de la part du juste qui n’est pas certain d’avoir vraiment été juste. Par ailleurs, le Dies iræ ne dit pas que les méchants iront fatalement en enfer, il ne décrit pas non plus les supplices et les tourments que Lactance a très largement détaillés. Le Dies iræ évoque plutôt la Passion du Christ qui a souffert pour le salut des pécheurs, il rappelle aussi le pardon accordé à Marie-Madeleine et se termine par un appel à la clémence envers les pécheurs.

LE POÈME – TEXTE ORIGINAL EN LATIN
Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla,
Teste David cum Sibýlla !
Quantus tremor est futúrus,
quando judex est ventúrus,
cuncta stricte discussúrus !
Tuba mirum spargens sonum
per sepúlcra regiónum,
coget omnes ante thronum.
Mors stupébit et Natúra,
cum resúrget creatúra,
judicánti responsúra.
Liber scriptus proferétur,
in quo totum continétur,
unde Mundus judicétur.
Judex ergo cum sedébit,
quidquid latet apparébit,
nihil inúltum remanébit.
Quid sum miser tunc dictúrus ?
Quem patrónum rogatúrus,
cum vix justus sit secúrus ?
Rex treméndæ majestátis,
qui salvándos salvas gratis,
salva me, fons pietátis.
Recordáre, Jesu pie,
quod sum causa tuæ viæ ;
ne me perdas illa die.
Quærens me, sedísti lassus,
redemísti crucem passus,
tantus labor non sit cassus.
Juste Judex ultiónis,
donum fac remissiónis
ante diem ratiónis.
Ingemísco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus,
supplicánti parce Deus.
Qui Maríam absolvísti,
et latrónem exaudísti,
mihi quoque spem dedísti.
Preces meæ non sunt dignæ,
sed tu bonus fac benígne,
ne perénni cremer igne.
Inter oves locum præsta,
et ab hædis me sequéstra,’
státuens in parte dextra.
Confutátis maledíctis,
flammis ácribus addíctis,
voca me cum benedíctis.
Oro supplex et acclínis,
cor contrítum quasi cinis,
gere curam mei finis.
Lacrymósa dies illa,
qua resúrget ex favílla
judicándus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.
Pie Jesu Dómine,
dona eis réquiem. Amen.

TRADUCTION LITTÉRALE
Jour de colère, ce jour-là
Il réduira le monde en cendres,
David l’atteste, et la Sibylle.
Quelle terreur à venir,
quand le juge apparaîtra
pour tout strictement examiner !
La trompette répand étonnamment ses sons,
parmi les sépulcres de tous pays,
rassemblant tous les hommes devant le trône.
La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,
quand ressuscitera la créature,
pour être jugée d’après ses réponses.
Un livre écrit sera produit,
dans lequel tout sera contenu ;
d’après quoi le Monde sera jugé.
Quand le Juge donc tiendra séance,
tout ce qui est caché apparaîtra,
et rien d’impuni ne restera.
Que, pauvre de moi, alors dirai-je ?
Quel protecteur demanderai-je,
quand à peine le juste sera en sûreté ?
Roi de terrible majesté,
qui sauvez, ceux à sauver, par votre grâce,
sauvez-moi, source de piété.
Souvenez-vous, Jésus si doux,
que je suis la cause de votre route ;
ne me perdez pas en ce jour.
En me cherchant vous vous êtes assis fatigué,
me rachetant par la Croix, la Passion,
que tant de travaux ne soient pas vains.
Juste Juge de votre vengeance,
faites-moi don de la rémission
avant le jour du jugement.
Je gémis comme un coupable,
la faute rougit mon visage,
au suppliant, pardonnez Seigneur.
Vous qui avez absous Marie(-Madeleine),
et, au bon larron, exaucé les vœux,
à moi aussi vous rendez l’espoir.
Mes prières ne sont pas dignes (d’être exaucées),
mais vous, si bon, faites par votre bonté
que jamais je ne brûle dans le feu.
Entre les brebis placez-moi,
que des boucs je sois séparé,
en me plaçant à votre droite.
Confondus, les maudits,
aux flammes âcres assignés,
appelez-moi avec les bénis.
Je prie suppliant et incliné,
le cœur contrit comme de la cendre,
prenez soin de ma fin.
Jour de larmes que ce jour-là,
où ressuscitera, de la poussière,
pour le jugement, l’homme coupable.
À celui-là donc, pardonnez, ô Dieu.
Doux Jésus Seigneur,
donnez-leur le repos. Amen.

TRADUCTION PLUS LITTÉRAIRE
Jour de colère, que ce jour-là
Où le monde sera réduit en cendres,
Selon les oracles de David et de la Sibylle.
Quelle terreur nous saisira,
lorsque la créature ressuscitera
(pour être) examinée rigoureusement
L’étrange son de la trompette,
se répandant sur les tombeaux,
nous jettera au pied du trône.
La Mort, surprise, et la Nature,
verront se lever tous les hommes,
pour comparaître face au Juge.
Le livre alors sera produit,
où tous nos actes seront inscrits ;
tout d’après lui sera jugé.
Lorsque le Juge siégera,
tous les secrets apparaîtront,
et rien ne restera impuni.
Dans ma détresse, que pourrais-je alors dire ?
Quel protecteur vais-je implorer ?
alors que le juste est à peine en sûreté…
Ô Roi d’une majesté redoutable,
toi qui sauves les élus par grâce,
sauve-moi, source d’amour.
Rappelle-toi, Jésus très bon,
que c’est pour moi que tu es venu,
ne me perds pas en ce jour-là.
À me chercher tu as peiné,
Par ta Passion tu m’as sauvé,
qu’un tel labeur ne soit pas vain !
Tu serais juste en condamnant,
mais accorde-moi ton pardon
avant que j’aie à rendre compte.
Vois, je gémis comme un coupable
et le péché rougit mon front ;
mon Dieu, pardonne à qui t’implore.
Tu as absous Marie-Madeleine
et exaucé le larron ;
tu m’as aussi donné espoir.
Mes prières ne sont pas dignes,
mais toi, si bon, fais par pitié,
que j’évite le feu sans fin.
Parmi tes brebis place-moi,
à l’écart des boucs garde-moi,
en me mettant à ta main droite.
Quand les maudits, couverts de honte,
seront voués au feu rongeur,
prends-moi donc avec les bénis.
En m’inclinant je te supplie,
le cœur broyé comme la cendre :
prends soin de mes derniers moments.
Jour de larmes que ce jour-là,
où surgira de la poussière
le pécheur, pour être jugé !
Daigne, mon Dieu, lui pardonner.
Bon Jésus, notre Seigneur,
accorde-leur le repos. Amen.

Le poème devrait être complet à l’issue de l’avant-dernier paragraphe. Certains érudits se demandent si la suite est un ajout pour convenir à des fins liturgiques car la dernière strophe casse l’arrangement de trois rimes plates en faveur de deux rimes, tandis que les deux derniers vers abandonnent la rime pour l’assonance et sont en outre catalectiques.

Voici une paraphrase en vers du poème tirée des œuvres posthumes de Jean de La Fontaine6 :
Traduction paraphrasée de la prose Dies iræ
Dieu détruira le siecle au jour de sa fureur.
Un vaste embrasement sera l’avant-coureur,
Des suites du peché long & juste salaire.
Le feu ravagera l’Univers à son tour.
Terre & Cieux passeront, & ce tems de colere
Pour la dernière fois fera naître le jour.
Cette dernière Aurore éveillera les Morts.
L’Ange rassemblera les débris de nos corps ;
Il les ira citer au fond de leur asile.
Au bruit de la trompette en tous lieux dispersé
Toute gent accourra. David & la Sibille.
On prevû ce grand jour, & nous l’ont annoncé.
De quel frémissement nous nous verrons saisis !
Qui se croira pour lors du nombre des choisis ?
Le registre des cœurs, une exacte balance
Paroîtront aux côtez d’un Juge rigoureux.
Les tombeaux s’ouvriront, & leur triste silence
Aura bien-tôt fait place aux cris des malheureux.
La nature & la mort pleines d’étonnement
Verront avec effroi sortir du monument
Ceux que dés son berceau le monde aura vû vivre.
Les Morts de tous les tems demeureront surpris
En lisant leurs secrets aux Annales d’un Livre,
Où même les pensers se trouveront écrits.
Tout sera revelé par ce Livre fatal :
Rien d’impuni. Le Juge assis au Tribunal
Marquera sur son front sa volonté suprême.
Qui prierai-je en ce jour d’être mon défenseur ?
Sera-ce quelque juste ? Il craindra pour lui-même,
Et cherchera l’appui de quelque intercesseur.
Roi qui fais tout trembler devant ta Majesté,
Qui sauves les Elûs par ta seule bonté,
Source d’actes benins & remplis de clemence,
Souviens-toi que pour moi tu descendis des Cieux ;
Pour moi te dépoüillant de ton pouvoir immense,
Comme un simple mortel tu parus à nos yeux.
J’eus part ton passage, en perdras-tu le fruit ?
Veux-tu me condamner à l’éternelle nuit,
Moi pour qui ta bonté fit cet effort insigne ?
Tu ne t’es reposé que las de me chercher :
Tu n’as souffert la Croix que pour me rendre digne
D’un bonheur qui me puisse à toi-même attacher.
Tu pourrois aisément me perdre & te vanger.
Ne le fais point, Seigneur, viens plutôt soulager
Le faix sous qui je sens que mon âme succombe.
Assure mon salut dés ce monde incertain.
Empêche malgré moi que mon cœur ne retombe,
Et ne te force enfin de retirer ta main.
Avant le jour du compte efface entier le mien.
L’illustre Pecheresse en presentant le sien,
Se fit remettre tout par son amour extrême.
Le Larron te priant fut écouté de toi :
La priere & l’amour ont un charme suprême.
Tu m’as fait esperer même grace pour moi.
Je rougis, il est vrai, de cet espoir flatteur :
La honte de me voir infidelle & menteur,
Ainsi que mon peché se lit sur mon visage.
J’insiste toutefois, & n’aurai point cessé,
Que ta bonté mettant toute chose en usage,
N’éclate en ma faveur, & ne m’ait exaucé.
Fais qu’on me place à droite, au nombre des brebis.
Separe-moi des boucs reprouvés & maudits.
Tu vois mon cœur contrit, & mon humble priere.
Fais-mois perseverer dans ce juste remords :
Je te laisse le soin de mon heure dernière ;
Ne m’abandonne pas quand j’irai chez les Morts.

STABAT MATER – LE TEXTES (français et latin)

7 avril, 2014

http://www.fatrazie.com/TexteSM.htm

STABAT MATER – LE TEXTES (français et latin)

Stabat mater dolorosa
juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.
Cujus animam gementem
constristatam et dolentem
pertransivit gladius.

O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
mater Unigenti.

Quae maerebat et dolebat
pia mater dum videbat
nati poenas incliti

Quis est homo qui non fleret
matrem Christi si videret
in tanto supplicio?

Quis non posset contristari
Christi matrem contemplari
dolentem cum Filio?

Pro peccatis suae gentis
vidit Jesum in tormentis
et flagellis subditum.

Vidit suum dulcem natum
moriendo desolatum
dum emisit spiritum.

Eia Mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac ut tecum lugeam.

Fac ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum
ut sibi complaceam.

Sancta Mater, istud agas,
crucifixi fige plagas
cordi meo valide.

Tui nati vulnerati
tam dignati pro me pati
paenas mecum divide.

Fac me vere tecum flere
crucifixo condolere
donec ego vixero.

Juxta crucem tecum stare
et me sibi sociare
in planctu desidero.

Virgo virginum praeclara
mihi jam non sis amara
fac me tecum plangere.

Fac ut portem Christi mortem
passionis fac consortem
et plagas recolere.

Fac me plagis vulnerari
fac me cruce inebriari
et cruore Filii.

Flammis ne urar succensus
per te Virgo sim defensus
in die judicii.

Christe,cum sit hinc exire,
da per matrem me venire
ad palmam victoriae.

Quando corpus morietur
fac ut animae donetur
paradisi gloria.

 

Debout, la mère des douleurs
Près de la croix était en pleurs
Quand son Fils pendait au bois.
Alors, son âme gémissante
Toute triste et toute dolente
Un glaive la transperça.

Qu’elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu!

Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice?

Qui pourrait dans l’indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils?

Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.

Elle vit l’Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l’esprit.

O Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.

Fais que mon âme soit de feu
Dans l’amour du Seigneur mon Dieu:
Que je lui plaise avec toi.

Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.

Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.

Pleurer en toute vérité
Comme toi près du crucifié
Au long de mon existence.

Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.

Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.

Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.

Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l’ivresse
Du sang versé par ton Fils.

Je crains les flammes éternelles;
O Vierge, assure ma tutelle
A l’heure de la justice.

O Christ, à l’heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
A la palme de la victoire.

A l’heure où mon corps va mourir,
A mon âme fais obtenir
La gloire du paradis.

STABAT MATER – (UN PEU D’HISTOIRE)

7 avril, 2014

http://www.fatrazie.com/Stabat.htm

STABAT MATER – (UN PEU D’HISTOIRE)

In Memoriam : Hans Van der Velde qui était le plus fin et le plus précieux des discographes du Stabat Mater nous a quitté le 28 décembre 2005. Un éminent collectionneur et un ami que nous aurons bien du mal à remplacer

Un peu d’histoire
Le Stabat Mater est sans nul doute un des textes sacrés les plus poignants car il reflète la douleur, la compassion d’une mère qui voit mourir son fils dans la plus grandes des souffrances.
Le texte (ou séquence) de 20 strophes de 3 vers est attribué à IACOPONE da TODI (1230-1306), franciscain, originaire de la province d’Ombrie en Italie. Mais de façon très étayée cetains experts en hymnologie proposent Saint-Grégoire le Grand (d. 604), Saint-Bernard de Clairvaux (d. 1153), Innocent (d. 1216), Saint-Bonaventure (d. 1274), Jacopone (d. 1306), Le pape Jean XXII (d. 1334), et Grégoire XI (d. 1378). Ils concluent aux seules paternités possibles d’Innocent III ou de Jacopone.
Le Stabat Mater est à la fois un poème médiéval d’inspiration sacrée et une composition musicale du type oratorio ou motet, basée en tout ou partie sur ce texte. Il appartient à la catégorie des « séquences » ou « proses », textes chantés à la messe entre l’épître et l’évangile. On le chante aussi souvent pendant les chemins de croix.
Il est, de nos jours, chanté en grégorien selon le thème , Dom Fonteinnes chantre de Solesmes vers 1850.
Interdit par le Concile de Trente (1545-1563) comme de très nombreuses compositions musicales sacrées de l’époque, trop ornées pour mettre en valeur les textes qu’elles devaient illustrer, le Stabat Mater résista cependant à cette injonction de par la force de son texte qui suscita l’engouement des fidèles mais aussi le respect de compositeurs à l’immense talent comme Pergolèse ou Palestrina.
Il figure aujourd’hui dans le Missel romain (dit Missel 800) à la célébration de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, le 15 septembre, réintroduite par le pape Benoît XIII en 1727.
La séquence fait également partie de la liturgie du vendredi de la Passion, sous diverses formes, il est vrai.
Le caractère dramatique du texte a donc été une source d’inspiration pour près de 500 compositeurs qui reflètent en adaptant le « livret » la musique de leur époque : renaissance, baroque, romantique, contemporaine – même en jazz ! – mais aussi de leur pays puisque l’on dénombre, entre autres, un ou des compositeurs américains, anglais, autrichien, brésilien, camerounais, canadien danois, espagnol, estonien, finlandais, flamand, français, hongrois, irlandais, italiens, japonais, norvégien, polonais, portugais, russe, slovaques, tchèques …
On trouve donc une variété considérable d’œuvres de tout style, composition vocale et orchestrale ou durée, d’après tout ou partie des strophes d’origine, en latin ou dans la langue du compositeur et parfois selon une adaptation très libre. On dénombre même une version en breton !

Internaugraphie :
Le site de référence en matière de Stabat Mater – et mon correspondant néerlandais- est sans nul doute celui de Hans van der Velden, qui recense près de 500 oeuvres ou compositeurs, donne les traductions des Stabat mater dolorosa et preciosa en 20 langues et analyse précisément son importante collection de 150 CD. Hans est décédé fin 2006 mais sa compagne a repris le flambeau.
Catholic encyclopedia fournit quelques développements qui font autorité. Pour mémoire il existe deux site dont le nom de domaine est Stabat Mater. Une fondation hollandaise et un jeu en . com d’ailleurs inaccessible, le Stabat Mater
En France il faut remarquer un très bel abécédaire du Stabat Mater

Bibliographie : La « référence » citée par Hans van der Velde est la thèse de Jürgen Blume :
Geschichte der mehrstimmigen Stabat-Mater-Vertonungen
(Histoire des compositions polyphoniques des Stabat Mater)
Edition Musikverlag, Münich (1992) en deux volumes.

LES HYMNES CHRISTOLOGIQUES DES LETTRES DE PAUL

20 mars, 2014

http://web.cathol.lu/servicesdienste/pastorale-biblique/se-convertir-au-christ/article/les-hymnes-christologiques-des

LES HYMNES CHRISTOLOGIQUES DES LETTRES DE PAUL

2. Partage autour de la Parole de Dieu

Faire la lecture et partager autour des textes choisis
Pour Paul, Jésus est le « Premier-né » de tout un peuple appelé à vivre la vie en plénitude selon le bon vouloir de Dieu, « le seul sage » (Rom 16,27). L’hymne qui ouvre la lettre aux Colossiens (écrite entre les années 61 et 63) exprime clairement cette idée (lire Col 1,15-20 ). Dans la première partie (vv. 15-17), l’auteur s’émerveille de voir le Christ, « image de Dieu invisible », présider en tant que « Premier-né » toute la création, parce que c’est bien « par lui » et « pour lui » que tout a été créé. C’est le Christ qui donne toute sa cohérence à la création, parce qu’en lui habite la plénitude du projet créateur de Dieu (lire Eph 1,10 ; 1Cor 15,28 ; Ap 1,18 ; 2,8 ; 21,6). Dans la deuxième partie (vv. 18-20), l’auteur loue le Christ en tant que source de la nouvelle création, terme et aboutissement de la première : il est la « Tête du Corps », le « Principe » et le « Premier-né d’entre les morts ». Pour l’auteur, l’événement du Christ, notamment de sa résurrection, ne peut pas être compris comme un événement isolé, n’atteignant que l’homme Jésus de Nazareth, sinon comme un événement cosmique. En fait, en Jésus ressuscité c’est la résurrection de toute l’humanité qui est commencée (lire 1Cor 15). L’attente de libération qui traversait la création toute entière, devient dès maintenant réalité (lire Rom 8,18-22 ; 1Cor 3,22).
En effet, dans un autre hymne, transmis dans la lettre aux Éphésiens écrite entre les années 61 et 63, Paul proclame que Jésus est le « Bien aimé » en qui nous sommes bénis. Dans le Christ, Dieu nous a rempli de ses bénédictions en nous adoptant en lui comme ses enfants (lire Eph 1,3-14). Celui-là est, en effet, pour Paul, le sens caché de toute l’histoire humaine qui se dévoile maintenant dans le Crucifié-Ressuscité (lire Rom 16,25s ; 3,11 ; 2Tim 1,9) : Dieu, fidèle à son Projet créateur, a accompli en Jésus, l’Homme nouveau et définitif (lire Eph 4,24 ; 2Cor 5,17), ce qui était en germe dans le « premier Adam » (lire 1Cor 15,35-49). En définitive, par l’incarnation Dieu a manifesté que le Ressuscité est le sens, le centre et le but de la création et pour nous tous. En lui, le projet de Dieu s’est réalisé concrète et définitivement dans une personne ; dans la riche expression du théologien L. Boff : en lui « l’utopie s’est fait lieu/topos ». Si l’histoire humaine continue et avance au milieu des fortes douleurs de l’accouchement de l’humanité définitive (lire Mc 13,8 ; Rom 8,22), après la résurrection de Jésus, les disciples partagent cette marche en annonçant, par la parole et la pratique de la solidarité avec les souffrants, qu’au terme du chemin, ne se trouve pas la mort ou le non-sens, mais la vie, la justice de Dieu le Père qui aime les hommes qu’il a créé par pure philanthropie.
La raison de l’existence du Christ, ne peut être subordonnée au péché de l’homme et, moins encore, à la colère vindicative d’un Dieu qui est amour ; la vrai raison du Dieu fait Homme se trouve donc dans cet amour de Dieu qui a voulu créer pour aimer au-delà de lui-même. Dans ce sens, la croix n’est pas voulue par Dieu mais elle est « contingente », elle se situe dans l’histoire comme conséquence du rejet de Jésus et de son message et non pas comme un sacrifice imposé par le Père à son Fils « Bien-aimé ». Ainsi, la croix dévoile, comme dit Saint Jean, la gloire de Dieu qui nous a aimé jusqu’à l’extrême de donner sa vie en partageant la condition humaine avec tout ce qu’elle a de dramatique. Le Christ est bien le « Premier-né de toute créature » qui était prévu par Dieu depuis toute éternité pour s’approcher de l’homme et lui montrer le « chemin véritable qui conduit à la vie en plénitude » (lire Jn 14,6). L’Homme-Dieu, Jésus-Christ, est le premier voulu de Dieu et, en lui toutes les créatures viennent à l’être et sont également aimés.

LE CARDINAL LUSTIGER MÉDITE LE MAGNIFICAT

11 février, 2014

http://www.paris.catholique.fr/311-20-Le-cardinal-Lustiger-medite.html

LE CARDINAL LUSTIGER MÉDITE LE MAGNIFICAT

La liturgie du 15 août, pour l’Assomption de la Vierge Marie, nous donne d’entendre l’évangile de la Visitation. A cette occasion, Mgr Lustiger propose aux lecteurs de Paris Notre-Dame une méditation sur le Magnificat de la Vierge Marie. Une bonne manière d’entrer dans ce mystère et surtout dans ce que Dieu nous demande aujourd’hui.

[|"Mon âme exalte le Seigneur ; Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles : saint est son Nom". (Lc 1, 46-55)|]

D’abord, nous aurions tort de comprendre ces mots qui nous sont si familiers comme une sorte d’improvisation où la Vierge Marie ferait des confidences sur son état d’esprit. Si vous regardez attentivement votre bible, vous voyez dans la marge une colonne entière de références de citations de l’Ancien Testament. Le langage du Magnificat est totalement biblique. Si vous en aviez le temps, il vaudrait la peine de relire dans la bible ces différents passages et de découvrir pourquoi la Vierge Marie a retenu ces mots qui ne sont pas d’elle mais qui ont nourri sa prière. C’est elle qui parle d’une manière très personnelle et pourtant c’est la Parole de Dieu qui est sa parole. Nous sommes à l’opposé de l’entreprise poétique quand nous cherchons à dire les choses et à traduire nos sentiments avec une expression neuve et originale. Marie représente le destin le plus singulier dans toute l’histoire de l’humanité, au centre de l’ouvre du salut. Or son langage est celui que Dieu lui-même a mis sur ses lèvres au jour unique de la Visitation et qu’il ne cesse de mettre sur les lèvres des croyants. Le « je » du Magnificat est celui de Marie. Et par le « je » de Marie, c’est toute l’histoire d’Israël qui nous est rappelée. Le « je » de Marie c’est le « je » de tous les croyants qui l’ont précédée. Mais, le « je » de Marie, c’est aussi le nôtre. Par sa bouche, c’est l’Eglise entière qui parle, l’Eglise concrète constituée « d’âge en âge », de « génération en génération » par ces hommes et ces femmes qui se sont succédés dans l’histoire et dont nous faisons partie. Qui a chanté ce chant ? Marie, une fois ou plusieurs fois, nous n’en savons rien. Mais combien plus, des milliards de fois plus, les générations successives de chrétiens qui ont pris ces mots, en ont reçu une lumière et ont trouvé le sens de leur vie dans ce mystère donné à chacun de nous en Marie. Le Magnificat, loin d’être une projection sur Marie toute seule, nous prend, avec Marie, dans le faisceau lumineux de l’histoire du salut et nous fait entrer dans notre vocation, alors même que nous rendons grâce à Dieu pour l’appel qu’elle a reçu et la grâce qui lui est faite, à elle, pour nous. Enfin, lorsque Marie prononce ces paroles, elle porte Jésus en son sein. Le récit de la Visitation est cet extraordinaire dialogue sans paroles des deux enfants dans le sein de leur mère, enfants-prophètes qui tressaillent de joie l’un à l’égard de l’autre. Les merveilles que chante Marie, elles lui sont d’abord données, en sa chair et son cour. Le Magnificat propose à notre méditation et à notre adoration le plus extrême réalisme de l’Incarnation dans sa condition la plus secrète et la plus fragile. Il nous place devant la réalité charnelle, humaine du Verbe de Dieu fait homme : Dieu lui-même veut se rendre présent parmi nous en celle qui, en ce moment précis de l’histoire du salut, est « la Demeure de Dieu parmi les hommes » (Ap 21,3), figure de l’Eglise. Le « je » de Marie, c’est à la fois elle, Marie ; c’est la Parole de Dieu, l’histoire d’Israël, toute l’Eglise. Les merveilles que Dieu fait pour elle sont les merveilles qu’il fait pour nous et pour toute l’humanité appelée à la sainteté. Et ce « je » de Marie est totalement centré sur Dieu. Le sujet du verbe, c’est le Seigneur (« il fit, il s’est penché. Saint est son Nom »). « Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». L’idée que nous nous faisons de l’amour dans la culture contemporaine est floue, parfois dévalorisée et réduite à la réalité physique, et souvent marquée par la fragilité, l’inconsistance ou la seule affectivité. Lorsque nous entendons Marie employer ce mot, nous pouvons mettre dessous les synonymes suggérés par les diverses traductions. Son amour, c’est-à-dire sa miséricorde, sa bienveillance, sa tendresse, sa fidélité. « Sur ceux qui le craignent ». Dans la bible, l’expression « les craignant-Dieu » ne recouvre d’aucune façon une crainte d’esclave ou une notion de servitude. Ce n’est ni la peur du gendarme, ni celle du knout, ni celle du surveillant, ni celle du tyran ! La crainte de Dieu, « commencement de la sagesse » dit le livre de La Sagesse, exprime ce qu’un être humain, découvrant Dieu, saisit dans ce vis-à-vis : Dieu est plus grand que lui. La crainte de Dieu (le mot est trompeur en français) n’est pas faite de peur, mais d’un infini et confondant respect devant un amour si grand que nous nous en jugeons indignes et dont cependant nous voulons faire la règle de notre vie. La crainte de Dieu est empreinte non seulement de déférence respectueuse, mais surtout du sentiment de notre propre indignité et de la nécessité pour nous de donner toute notre vie à Dieu, en découvrant ainsi la réalité de Dieu. C’est l’éblouissement de l’amour véritable. Car l’amour véritable n’est pas un amour où on est seul à aimer et dont on se grise de façon narcissique, tel le jeune et beau Narcisse – qui se contemple dans le miroir de l’eau et finit par se noyer dans sa propre image ! « L’amour qui s’étend d’âge en âge » est l’amour du Tout Autre qui se fait tout proche. La crainte de Dieu est l’amour véritable par lequel le vis-à-vis de Dieu et de sa créature est donné comme une grâce. Cette découverte fondamentale d’une telle relation à Dieu est peut-être un des aspects de la grâce du Renouveau [charismatique NDLR], offerte à notre siècle. Siècle souvent de grande sécheresse spirituelle et de profond oubli de la réalité divine, car l’idée chrétienne – la Révélation que le Christ a faite du mystère de Dieu-Amour – s’est effacée devant la puissance grandissante de l’homme. Plus qu’une découverte de l’affectivité ou de la sensibilité, le Renouveau a été, par le don de l’Esprit, la re-découverte, l’irruption de Dieu lui-même en notre siècle qui s’était séparé de Dieu en s’enfermant dans sa propre suffisance. Le Renouveau n’est pas un renouveau fabriqué par l’homme, mais c’est le Renouveau que Dieu opère dans les hommes en les changeant, en se manifestant « à nouveau » à eux, en ouvrant la porte qu’ils ont fermée sur eux-mêmes pour empêcher Dieu. « Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». C’est la découverte de Dieu et que Dieu nous aime. Et parce qu’il nous aime, nous pouvons, pauvrement, l’aimer. Notre amour n’est que la réponse à son amour ; il est toujours insuffisant, toujours en deçà ; mais il est notre joie. [| "Déployant la force de son bras, il disperse les superbes ; il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles".|] Toutes ces expressions se trouvent dans l’Ecriture. Souvent on s’étonne du petit air révolutionnaire que prend le Magnificat et on l’a parfois interprété comme un chant subversif, la Carmagnole version évangélique ! Quels sont ces humbles que Dieu élève ? Et s’agirait-il d’une subversion systématique de l’ordre établi ? En vérité, cette phrase nous pose, aujourd’hui plus que jamais, la question de l’ensemble du projet humain. Quel monde l’homme se construit-il pour lui-même ? Quels sont ces puissants, les superbes, les orgueilleux ? Pour répondre je prendrai comme guide cette parole de Jésus : « Là où est ton trésor, là est ton cour » (Mt 6, 21). Quel est le trésor dans lequel l’homme investit son cour, c’est-à-dire sa liberté ? Le mot « cour » dans la bible dépasse largement les sentiments pour signifier l’intelligence, la capacité de choix, tout ce qui constitue un destin humain. Bref, c’est le choix que l’homme fait de ce à quoi il va consacrer non seulement son temps, son énergie, mais lui-même. Il va s’y donner au point d’être pris entièrement. On en a des exemples multiples à l’échelle de toute une civilisation ou à l’échelle des destins personnels. Prenez un sportif de compétition : l’entraînement est tel qu’il ne fait plus que cela, il est son sport ; c’est la condition de sa réussite. Le tout est de savoir ce qu’on fait de sa vie. Chacun de nous est bien obligé de répondre lorsqu’il se pose lui-même un certain nombre de questions ou lorsque le Seigneur lui en pose ! Rappelez-vous la parabole de Jésus (Lc 12, 16-21) : un homme riche avait accumulé des richesses ; il s’était dit : « Je vais démolir mes greniers pour en construire de plus grands ; j’y rassemblerai tout mon blé et mes biens. Et je me dirai : Repose-toi, fais bombance ! » – « Insensé, cette nuit même on te redemandera ta vie et ce que tu as accumulé, qui l’aura ? » Jésus le dit encore d’une autre manière : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? » (Lc 9, 25) ou « Que donnera l’homme qui ait valeur de sa vie, en échange de son âme ? » (Mt 16, 26). Réponse : rien ; elle n’a pas de prix. Prenez une civilisation maintenant. Que sommes-nous en train de construire ? La mondialisation dont on parle tant, sur quoi repose-t-elle ? Sur le calcul financier et économique. L’univers social dans lequel nous vivons, univers de l’image, de la représentation, des apparences, sur quoi repose-t-il ? Quel univers construisons-nous ? Vers quelles fascinations notre civilisation conduit-elle ? D’abord, la fascination du pouvoir jusqu’à la violence la plus extrême ; et le pouvoir engendre la guerre. Nous le voyons dans les Balkans, dans le Caucase, en Afrique – au Burundi, au Rwanda : l’épreuve de ces peuples est terrible ; l’héroïsme des chrétiens qui résistent à cette idole de la violence remplit d’admiration et force le respect. Donc, la volonté de puissance, l’amour de l’argent, la possession des biens, l’ambition de maîtriser la vie. Mais au prix de combien de meurtres ? Combien de gens sacrifiés et de victimes de toute espèce ? Et encore, l’érotisation d’une société, souvent pour des raisons bassement mercantiles. Bref, on n’en finirait pas d’énumérer les traits d’un paganisme moderne, idolâtrique. Il a pour caractéristique première que l’homme s’investit dans les objets de son désir et en devient prisonnier. Et ce faisant, il entend déployer sa propre suffisance, mais il arrive à la négation de lui-même. C’est l’image de Babel. Alors, quel monde voulons-nous construire ? Ce monde suffit-il à combler le cour de l’homme ? A cette question fondamentale dont nous sommes les témoins, Marie déjà dans son Magnificat répondait par une phrase jugée subversive, nous montrant par toute sa vie le chemin. Pour nous, êtres humains « créés à l’image et à la ressemblance de Dieu », la seule réalité qui soit à notre mesure dépasse radicalement l’homme. Nous sommes faits pour Dieu. Non pas comme des esclaves seraient faits pour leur maître ou des outils pour ceux qui les manient. Nous sommes faits pour Dieu comme l’aimé pour celui qui l’aime ; et celui qui aime trouve sa joie dans celui dont il tient la vie. Nous sommes faits pour Dieu. Seul, lui, notre Créateur, notre Père, notre Rédempteur est le terme que nous pouvons proposer à l’ambition humaine. Car seul il correspond à notre désir le plus profond et il nous rend libres à l’égard de tout. Comme l’a écrit saint Augustin : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cour est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (en latin : « Fecisti nos ad te, Domine ; et inquietum est cor nostrum donec requiescat in te »). Ce qu’il faut compléter par « Ama et fac quod vis » : « Aime et fais ce que tu veux ». Les humbles sont précisément ceux qui ne veulent pas se prendre eux-mêmes pour leur propre fin, mais qui acceptent de tout recevoir – et de se recevoir – de la main de Dieu. Sinon, toutes choses deviennent périlleuses lorsque l’homme en fait le but exclusif de son existence ; elles se retournent tôt ou tard contre lui. Ainsi en va-t-il du mauvais usage des techniques et du savoir-humain (le courant écologique, pour sa part, le met en évidence) avec leur lot de conséquences néfastes sur l’alimentation, la nature, l’urbanisme, etc. Comme si l’homme abusait de ce qu’il se proposait comme objectif ; comme si, à un moment donné, il ne parvenait plus à maîtriser, dans un juste équilibre, les réalités auxquelles il se consacre ; comme s’il allait toujours au-delà de la limite, au prix d’une destruction de soi-même ; comme s’il était incapable non pas de mesurer exactement son effort, mais de garder la bonne cible. Il croyait trouver une porte, un chemin de liberté et il se heurte à un mur. Il croyait vivre et il se tue. Il croyait construire une société conviviale et il déclenche la haine. Il croyait produire des richesses et il fait des pauvres. Il croyait aimer la vie et il la limite jusqu’à la détruire. Il croyait en la puissance de sa raison et de son intelligence et il tombe dans le mensonge. Il y a une perversion des meilleures choses parce qu’on ne s’en sert pas de la bonne façon ; comme celui qui voudrait se saisir d’un couteau en le prenant par la lame, il se blesserait lui-même. Rien de tout cela n’est Dieu. L’homme se construit des dieux avec des choses qui ne sont pas dignes de lui. Seul Dieu est digne de l’homme parce que c’est Dieu qui nous a faits, je le répète, à son image et à sa ressemblance. Cette humilité de la Vierge Marie qui reconnaît le don de Dieu lui permet de recevoir aussi en ce don toutes les réalités que l’homme, par ailleurs, veut s’approprier. Le monde nous est donné par Dieu, encore faut-il ne pas oublier Celui qui nous le donne. Nous sommes faits pour l’adorer et, recevant toutes choses de sa main, nous en servir pour notre bien et le bien de nos frères. A partir du moment où nous oublions le Donateur, le don lui-même est perdu. Jésus le dit dans une formule paradoxale : « A celui qui a il sera donné ; à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré » (Mt 13, 12). En perdant le Donateur, nous perdons la réalité humaine, historique, dans laquelle l’homme grandit. Cette strophe du Magnificat nous montre en peu de mots le but de l’existence humaine, ce pour quoi nous sommes faits, où est le vrai bonheur. En même temps, elle trace le chemin d’une civilisation où la vie de l’homme trouve sa dimension véritable dans l’accueil de l’amour qui vient de Dieu, qui est Dieu.

[|"Il comble de biens les affamés il renvoie les riches les mains vides".|]

De quelle faim s’agit-il ? De la faim la plus fondamentale comme le suggère la béatitude de Jésus en saint Matthieu (5, 6) : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés ». De quelle justice s’agit-il ? Non seulement de la justice entre tous les hommes, l’équité dans la distribution des biens ou la considération des personnes ; mais de la justice divine : la sainteté même de Dieu qui est la perfection de la vie humaine. La faim qui apparaît en notre siècle est finalement, quoi qu’on en dise, la faim de la vie avec Dieu. Dans le verset précédent, nous avons vu comment la Vierge Marie nous met sur le chemin de la construction d’une société humaine digne de ce nom, avec le combat constant que cela implique de par le choix de nos libertés. Ici, elle nous montre et veut nous faire découvrir l’appétit insatiable de l’homme pour celui qui l’a créé. Ces dernières décennies, nous avons vu une résurgence, une remontée à la conscience commune de l’Occident des recherches de type dit « spirituel ». Alors que notre siècle, avait parié sur une destruction de la religion avec « la mort de Dieu », sur une raison ou une science triomphante qui aurait remplacé toutes les autres sources de comportement. Aujourd’hui, à nouveaux frais, on s’aperçoit avec le foisonnement du « spirituel » que la dimension religieuse fait partie de la condition humaine, que l’homme est un animal à fabriquer du divin ou, plutôt, à diviniser toutes choses. Sous couvert soit de bouddhisme ou de religion orientale, soit de technique psychologique ou de méthode de méditation, beaucoup de nos contemporains se sont engagés sans trop savoir où ils allaient ni pourquoi, si ce n’est en raison de cette recherche intérieure qui les habite. Ils se sont trompés, ceux qui prédisaient que tout cela appartenait à un âge révolu de l’humanité. Au contraire, dans le vide et la sécheresse actuels, l’instinct religieux réapparaît, foisonnant jusqu’à se fabriquer de nouveaux dieux. On a été étonné de la crédulité de certains contemporains face à des inventions fantasmatiques qui comblent leur soif ou leur faim par une nourriture creuse, telle une drogue, qui endort cette faim. Dans certains pays, en particulier de l’Est qui, pendant un demi-siècle, parfois presque un siècle, ont été sous la dure loi d’un athéisme d’Etat et de la persécution de la religion, des peuples entiers ont été dépossédés de leur mémoire et de leurs traditions chrétiennes, comme culture. En raison de cette déculturation de la foi chrétienne, ils sont dans un état de désert inouï. Et on s’aperçoit que dans ce désert calciné les gens se jettent sur n’importe quel substitut et peuvent prendre « des vessies pour des lanternes ». Le Curé d’Ars disait plus cruellement : « Laissez un village sans prêtre, bientôt ils adoreront les bêtes ». Sur de grandes étendues de l’humanité le déracinement de la mémoire chrétienne, au sens de la présence de l’Evangile, peut engendrer une fausse expérience spirituelle qui asservit plus lourdement encore. Il y a là un enjeu capital pour notre mission en ce siècle. En effet, la raison humaine n’est pas suffisante pour fournir un outil critique permettant de discerner entre les idoles qui aliènent, les mensonges qui falsifient comme une drogue le désir de Dieu ou de vie mystique et la rencontre véritable de Dieu. La législation actuelle sur les sectes, telle qu’on la voit s’élaborer pour les pays européens en est la preuve. Vous savez les débats qui existent entre les Etats-Unis et l’Europe à ce sujet ; et, sur ce point, nous ne sommes probablement qu’au début d’une période difficile. Comment distinguer la vraie mystique de la fausse mystique ? Comment reconnaître le véritable chemin qui conduit à découvrir le mystère de Dieu et avancer dans cette direction, au lieu de s’engager dans une impasse pour se repaître d’expériences illusoires qui asservissent l’homme ou le laissent sur sa faim ? Nous savons, nous, que seul Dieu, Vivant et Vrai, est capable de nous désapprendre des idoles et des fausses visions que l’homme se donne à lui-même. Voilà des millénaires que le Seigneur a commencé à faire comprendre la différence entre le vrai prophète et le faux prophète, entre le Dieu vivant et les dieux morts. Voilà des millénaires qu’un croyant a eu l’audace de regarder le sphinx dans le blanc des yeux en lui faisant les cornes et de lui dire avec le psalmiste : « Il a des yeux et il ne voit pas, il a des oreilles et il n’entend pas. Que ceux qui les ont faits leur deviennent semblables » (Ps 115, 5). Il fallait avoir de l’audace et le courage de la foi pour braver ainsi la fascination de ces idoles majestueuses ! Les idoles de notre temps le sont moins et sont moins esthétiquement accomplies que le Sphinx d’Egypte ; mais leur fascination ne s’en exerce pas moins. Alors, le témoignage d’une vie spirituelle forte qui ouvre un vrai chemin de liberté intérieure ; qui humanise en plénitude en nous libérant de nous-mêmes tout en nous donnant le goût de Dieu, l’expérience véritable de la prière qui n’est pas superstitieuse mais nous fait grandir et entrer dans le mystère de Dieu en nous identifiant au Christ (la prière chrétienne n’est rien d’autre que de suivre le Christ), sont le seul chemin pour aider notre monde à trouver sa liberté et la voie qui le mènera à la vérité. Nous sommes responsables en notre temps d’une plus grande exigence spirituelle chrétienne. Précisément parce qu’il existe un foisonnement de revendications ou de demandes spirituelles. Il y a un siècle, dans une atmosphère de rationalisme desséché, on pouvait se dire : toute reconnaissance de la force du religieux est un peu un réconfort pour le croyant. Aujourd’hui, la crédulité est générale et les gens risquent de prendre n’importe quoi pour argent comptant, fût-ce les superstitions les plus grossières ; regardez la place que les horoscopes occupent dans l’univers médiatique ! Pensez à l’imaginaire de la science-fiction. Beaucoup de jeunes, parmi les moins armés et les moins éduqués à l’esprit critique, le prennent pour un intermédiaire presque réel. On est très loin des contes de fées d’autrefois avec toute l’extension de l’image virtuelle ! Il y a là une fascination et une perversion de la liberté humaine. Certes, le travail de la raison consiste à dire : ne prenez pas des vessies pour des lanternes, car, pour parler comme le psalmiste : « Ils ont des yeux et ils ne voient pas. ». Mais la vraie réponse au problème actuel est de montrer où est la Vie. Et comment montre-t-on où est la Vie ? En vivant. Comment montre-t-on où est Dieu ? En priant. Comment l’amour de Dieu se fait-il découvrir ? En rendant témoignage de l’amour qu’il nous porte et en commençant à l’aimer ; en entrant dans cette grâce qui nous est faite d’être « rassasiés de son amour ». Car « Il comble de bien les affamés » chante Marie. La faim de l’homme est rassasiée. Tandis que Jésus promettra à ses disciples : « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Celui qui mangera de ce Pain que je lui donnerai vivra pour l’éternité ; il aura en lui la vie éternelle » (Jn 6, 35. 58). Cette nourriture divine est Dieu lui-même. Nous devons à nos frères contemporains ce témoignage qui seul peut les libérer.

[|"Il relève Israël, son serviteur il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais".|]

« Israël, son serviteur ». Déjà lorsque Marie répond à l’Ange de l’Annonciation qu’elle est « la servante du Seigneur », « son humble servante » dans le Magnificat, ce mot éveille immédiatement en résonance le « Serviteur » tel qu’Isaïe le décrit, à la fois Israël, un peuple, et le Messie, « le » Serviteur souffrant dont il est écrit : « C’était nos souffrances qu’il portait, nos péchés dont il était accablé. Nous le croyions châtié, humilié, mais il nous apportait la rédemption, la libération et la guérison » (cf. Is 53, 4-5). C’est Jésus, Fils de Dieu, fils d’Abraham, fils de David, qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie ; c’est Jésus dans sa réalité historique et singulière qui est l’objet de l’action de grâce de Marie. Mais, en même temps, elle nous met sur la voie de notre propre Magnificat. Car, dire « qu’il relève Israël son serviteur, qu’il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères », c’est évoquer la résurrection du Seigneur, avant même que Marie ne puisse le savoir ou le pressentir. Le « relevé d’entre les morts » est le secret ultime que le Christ confiera à ses apôtres, lors de la purification du Temple : « Détruisez ce Temple, en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 19 sq). Saint Jean ajoute : « Lorsque Jésus se releva d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait parlé ainsi et ils crurent à l’Ecriture ainsi qu’à la parole qu’il avait dite ». Nous aussi, le Christ ressuscité nous charge d’en « être les témoins » (cf. Lc 24, 48). Avec Marie, il nous invite à participer à cet acte de rédemption. Dans la situation présente du monde où nous vivons, nous savons que nous sommes les bénéficiaires d’une grâce incommensurable : avoir part à cette promesse faite aux pères, être entré dans cette alliance pour laquelle Dieu a disposé de son peuple et singulièrement de la Vierge Marie. N’a-t-il pas voulu que « depuis la fondation du monde nous soyons les uns et les autres appelés et choisis pour rendre témoignage à son amour » ? (cf. Ep 1, 4). Toute l’histoire du salut est ainsi évoquée ; non pas seulement comme un spectacle devant nos yeux, mais comme un acte dans lequel nous sommes impliqués : la rédemption du monde ici et maintenant, l’ouvre de Dieu en train de s’accomplir en son Fils Jésus. Car l’unique Sauveur des hommes, c’est le Christ Jésus. Car l’unique Sauveur des hommes, c’est le Christ Jésus. Il est « la Voie, la Vérité, la Vie » (Jn 14, 6). Il n’est pas une forme possible de l’idéal humain. Il n’est pas une expression supérieure de l’homme transfiguré. Il est celui que la Vierge Marie porte dans son sein et qui, Verbe de Dieu fait homme, au jour de la Visitation fait bondir de joie Jean Baptiste dans le sein de sa mère (Lc 1, 41). Il est celui qui est mort, crucifié à Jérusalem, et qui est ressuscité au jour de Pâques. Ses apôtres l’ont vu ; Thomas a touché ses plaies. Il est celui dont le corps livré pour la multitude est la source de Vie qui repose sur nos lèvres et habite notre cour. Il est celui qui nous a donné son Esprit saint. Et nous, nous sommes chrétiens, non seulement en raison des déterminations de l’histoire, des cultures et des civilisations. Nous ne sommes pas chrétiens seulement comme en Asie d’autres sont bouddhistes ou comme ailleurs d’autres sont musulmans. Certes, c’est une ouvre de grâce qui passe par ces conditions de la naissance. Mais Dieu nous a choisis et appelés pour que le mystère de la rédemption s’accomplisse et se déploie dans le temps de l’histoire. La grâce qui vous est donnée d’être disponibles à l’appel du Christ, de rendre témoignage à son amour, en un mot, la mission, n’est donc pas une spécialité parmi d’autres, un choix parmi d’autres offerts à l’Eglise comme certains auront une activité de caractère social, d’autres s’occuperont de loisir, d’éducation, d’autres auront une plus grande sensibilité à tel aspect du christianisme, chacun dans ce grand magasin ecclésial étant attiré par l’article de son choix, faisant de la mission une option toute facultative ! Non ! Car c’est la volonté de Dieu que son serviteur soit dans le monde celui par qui la vie est donnée. Volonté de Dieu que la Vierge Marie accueille et reçoit : « Qu’il me soit fait selon ta Parole », rejoignant d’avance ce que Jésus dira à Gethsémani : « Non pas ma volonté, Père, mais la tienne » (Lc 22, 42), « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14, 36). Ce consentement à la volonté de Dieu est un enfantement de la liberté humaine par ce mystère d’amour qu’est le mystère de la Croix. Et nous y sommes associés. Pourquoi ? Comment ? Non seulement par le don de notre vie et l’offrande de nous-mêmes, unis au Christ, grâce à l’Esprit qui nous habite et nous rend semblables au Fils ; mais aussi en annonçant ce mystère pour que d’autres naissent à la vie, comme Dieu le veut. Ceux à qui nous annonçons cette Parole et qui l’accueillent, Dieu les a destinés à poursuivre, à leur tour, son ouvre de salut à travers les siècles, les cultures et les nations jusqu’à ce que le Jour du Seigneur soit accompli, avec le Jugement ultime de toutes choses. Il nous échappe et nous n’avons pas à nous en tourmenter. « Ne jugez pas, dit le Seigneur, et Dieu ne vous jugera pas » (Mt 7, 1) ; le Jugement ne vous appartient pas ; c’est Dieu lui-même qui juge et lui seul. « Lorsque Dieu essuiera toute larme de nos yeux » (Ap 7, 17), que « toutes les nations seront rassemblées devant le trône du Fils de l’Homme » (Mt 25, 32), lorsque nous verrons enfin la vérité de toutes les vies humaines, l’histoire de l’humanité nous apparaîtra sous un jour dont nous ne savons rien actuellement, si ce n’est que Dieu est miséricordieux et veut que tous les hommes soient sauvés. Mais il veut aussi que l’homme, dans sa liberté, respecte l’amour pour lequel il est fait, la vérité dont il a faim et dont il doit se rassasier, la beauté de la vie que Dieu en son Fils Jésus est venu lui « donner en abondance » (Jn 10, 10). Disciples de Jésus, nous sommes appelés à être le Christ présent en ce monde et dans l’histoire. Puisque Dieu vous a choisis, personne ne vous remplacera. Là où vous êtes, vous êtes les yeux du Christ, vous êtes les mains du Christ, vous êtes les pieds du Christ, vous êtes la parole du Christ. Nous n’en sommes pas dignes, ni les uns ni les autres. C’est pourquoi il nous faut sans cesse nous convertir et recevoir cette « miséricorde de Dieu qui s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». C’est pourquoi il nous faut sans cesse recourir à l’intercession maternelle de Marie et de l’Eglise qui nous replonge dans ce flux de grâce et nous donne le courage de la foi. Le Christ lui-même est à l’ouvre en tous ceux qui, par la maternité de la Vierge et de l’Eglise, sont enfantés à la vie de Dieu. La fête de l’Assomption de la Vierge Marie n’est que l’anticipation de ce jour ultime auquel nous aurons accès.

En attendant, quelques repères : La Promesse. « Il se souvient de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais ». La descendance : tous ceux aussi dont Jésus parle au soir de la dernière Cène : « Je ne prie pas seulement pour eux, dit-il, au Père (pensant à ses disciples présents autour de lui), mais pour tous ceux qui croiront en moi grâce à leur parole, grâce à leur témoignage » (Jn 17, 20). Les témoins : vous et le Christ en vous qui accomplit l’ouvre du salut.

TRADUCTION DU TE DEUM – LATIN – FRANÇAISE – 31 DÉCEMBRE

31 décembre, 2013

http://www.choeurhainautacjmonsbelgique.be/cms/index.php?page=te-deum-latin-francais

TRADUCTION DU TE DEUM – LATIN – FRANÇAISE – 31 DÉCEMBRE

Latin

Te deum laudamus : te Dominum confitemur. Te aeternum Patrem omnis terra veneratur. Tibi omnes Angeli, tibi Caeli et universae Potestates. Tibi Cherubim et Seraphim incessabili voce proclamant : Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deaus Sabaoth

Français

O Dieu nous vous louons : Seigneur, nous vous glorifions Père éternel, la terre entière vous vénère. Tous les Anges, les Cieux, et toutes les Puissances. Les Chérubins et les Séraphins redisent d’une voix inlassable : Saint, Saint, Saint est le Seigneur.  Dieu des armées.

Latin

Pleni sunt caeli et terra majestatis gloriae tuae. Te gloriosus Apostolorum chorus : Te prophetarum laudabilis numerus Te Martyrum candidatus laudat exercitus. Te per orbem terrarum sancta confitetur Ecclesia Sancta : Patrem immensae majestatis.

Français

Les cieux et la terre sont remplis de la majesté de votre gloire. Le chœur glorieux des Apôtres. L’illustre phalange des Prophètes. L’éclatante armée des Martyrs proclament vos louanges. Par toute la terre, la Sainte Eglise vous célèbre. Elle célèbre, O Père, votre majesté infinie.

Latin

Venerandum tuum verum, et unicum filium : Sanctum qoque Paraclitum Spiritum. Tu Rex gloriae, Christe. Tu Patris sempiternus es Filius. Tu ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum.

Français

Et votre adorable, unique et véritable Fils. Et l’Esprit-Saint consolateur. Vous êtes le Roi de gloire. O Christ.  Vous êtes le Fils éternel du Père. Prenant la nature de l’homme pour le délivrer, vous n’avez pas craint de descendre dans le Sein de la Vierge.

Latin Tu devicto mortis aculeo, aperuisti credentibus regna caelorum Tu ad dexteram Dei sedes, in gloria Patris Judex crederis esse venturus. Te ergo quaesumus, tuis famuli subveni, quos pretioso sanguine redemisti.

Français Brisant l’aiguillon de la Mort, vous avez ouvert aux croyants le royaume des cieux. Vous siégez à la droite de Dieu, dans la gloire du Père. Nous croyons que vous reviendrez pour nous juger. Daignez donc, Seigneur, venir en aide à vous serviteurs, que vous avez rachetés par votre sang précieux.

Latin Aeterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari. Salvum, fac populum tuum. Domine, et benedic hereditati tuae. Et rege eos, et ex tolle illos usque in aeternum. Per singulos dies, benedicimus te. Et laudamus numen tuum in saeculum, et in saeculum saeculi.

Français

Faites qu’ils soient comptés parmi vos Saints, dans la gloire éternelle. Sauvez votre peuple, Seigneur, et bénissez votre postérité. Guidez-les et portez-les jusqu’en l’éternité. Jour après jour nous vous bénissons. Et nous louons à jamais votre nom dans les siècles des siècles.

Latin Dignare, Domine, die isto sine peccato nos custodire Miserere nostri, Domine, miserere nostri. Fiat misericordia tua, Domine, super nos, quemadmodum speravimus in te. In te, Domine, speravi : non confundar in aeternum.

Français Daignez, Seigneur, en ce jour, nous garder de tout péché. Ayez pitié de nous, Seigneur ! Ayez pitié de nous ! Que votre miséricorde, Seigneur, soit sur nous, selon l’espérance que nous avons mise en vous.  En vous, Seigneur, j’ai mis mon espérance ; je ne serai pas perdu dans l’éternité.

ACATHISTE POUR UN DÉFUNT

6 novembre, 2013

http://eglise.syro-orthodoxe-francophone.over-blog.com/page-5127400.html

ACATHISTE POUR UN DÉFUNT

EGLISE SYRIAQUE ORTHODOXE ANTIOCHIENNE

Kondakion 1
Père saint, ton Fils unique, Premier des Grands Prêtres, a déposé son âme pour le salut du monde déchu et pour nous permettre de devenir enfants de Dieu et habitants de ton Royaume au jour sans crépuscule, accorde au défunt (N) le pardon et la joie éternelle  ; nous intercédons pour lui par cette prière :
Seigneur, Juge tout-compatissant, accorde à ton serviteur la douceur du paradis.
Ikos 1
Saint Ange Gardien, envoyé de Dieu, viens prier pour ton protégé, que tu as accompagné sur tous les chemins de la vie, que tu as sauvegardé et guidé, lance avec nous cet appel au Sauveur miséricordieux.
Seigneur, détruis le manuscrit des péchés de ton serviteur (N) ;
guéris les plaies de son âme ;
que sur terre ne restent pas de lui de souvenirs amers ;
fais grâce pour lui à ceux qui l’ont peiné et à ceux qu’il a chagrinés ;
recouvres ses imperfections du lumineux vêtement de ta Rédemption ;
donne-lui la joie par ta miséricorde infinie ;
toi, l’ineffable, le grand et le merveilleux, montre-toi à lui.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 2
Telle une inconsolable tourterelle, l’âme voltige par les plaines, méditant, de la hauteur de l’intelligence divine, sur les péchés et les tentations des voies du passé, emplie de chagrin pour chaque jour sans retour, perdu sans profit ; mais fais grâce à ton serviteur, ô Maître, qu’il entre dans ta paix, s’écriant : Alléluia !
Ikos 2
Si ton Fils a souffert pour le monde entier, s’il a versé des larmes et transpiré en gouttes de sang, pour les vivants et les morts, qui pourrait retenir notre prière pour le défunt ? Par lui qui est descendu jusqu’aux enfers, nous prions pour le salut de ton serviteur (N).
Ô Donateur de vie, illumine-le de ta lumière,
qu’il soit un avec toi, Père, Fils et Saint Esprit.
Toi, qui nous appelles tous dans ta vigne, ne manque pas de l’éclairer de ta lumière.
Dispensateur généreux des récompenses éternelles, fais-le fils de ton Palais ;
rends à son âme les forces de sa pureté première ;
qu’en son nom se multiplient les œuvres bonnes.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
(ne figurent pas les kondak et ikos 3)
Kondakion 4
Les tempêtes de la vie sont passées, les souffrances terrestres terminées, les ennemis et leur méchanceté, sans force ; mais fort est l’amour qui délivre de la ténèbre éternelle et sauve, ô Dieu, tous ceux qui élèvent vers toi ce chant hardi : Alléluia !
Ikos 4
Tu es pour nous la miséricorde, où n’entrent pas les comptes ; tu es l’unique Libérateur et l’unique Sauveur ; et comme Simon de Cyrène a aidé le Christ à porter la croix, ô Tout-Puissant, de même maintenant, accomplie le salut de nos proches par le secours de notre prière.
Seigneur, tu nous as commandé de porter le fardeau les uns des autres,
par l’intercession de nos proches, tu nous pardonnes après la mort.
Toi qui as établi une relation d’amour entre les défunts et les vivants.
que les prières de ceux qui l’aiment servent au salut de ton serviteur (N) ;
entends les cris de son cœur s’élevant de notre bouche.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 5
Ô Dieu, reçois son dernier soupir désolé, comme la prière du bon larron. Il s’est éteint sur la croix de la vie, fais-le héritier de ta promesse, comme tu l’as fait pour le bon larron :  » Amen, Je te le dis, tu seras avec moi au paradis « , où la multitude des pécheurs repentis chante dans la joie : Alléluia !
Ikos 5
Que ton Fils, crucifié pour nous, étende sa main et par les gouttes de son Sang précieux, qu’il lave sans laisser de trace tous les péchés commis en sa vie. Par sa respectable nudité, qu’il réchauffe son âme dénudée, devenue orpheline.
Seigneur, tu connaissais sa vie dès avant sa naissance et tu l’as aimé ;
tu le voyais de loin et tu tendais vers lui ton amour infini.
Nous demandons pour lui le pardon des ses fautes,
rendu possible par le sanglant Golgotha.
Ô Dieu tout-puissant, par la mort du Christ pour lui,
par sa mise au tombeau, sanctifie son repos dans la tombe.
Que ton Fils ressuscité d’entre les morts emporte vers toi son âme aigrie.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondak 6
Il dort du sommeil de la tombe : mais son âme ne sommeille pas, elle t’espère, Seigneur, elle a soif de toi, le saint Fiancé éternel. Que s’accomplissent sur le défunt les Paroles de ton Christ :  » Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang aura la vie éternelle « . Donne-lui à manger de la manne du secret et de chanter auprès de ton autel : Alléluia !
Ikos 6
La mort l’a séparé de tous ses proches, l’âme s’est éloignée, ceux qui le connaissaient se désolent, les barrières de la chair sont détruites, et tu t’es découvert, dans l’inaccessible grandeur de la Divinité, avec l’attente de la réponse.
Seigneur, Amour au-dessus de toute compréhension, prends pitié de ton serviteur ;
pardonne l’infidélité de son cœur.
par les espérances trompées, naissait la nostalgie vers toi,
souviens-toi de ces heures où son âme frémissait d’enthousiasme pour toi.
Accorde au défunt la joie non terrestre et le repos dans le sein d’Abraham.
Unique fidèle, sans changement, accueille-le auprès de toi.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 7
Nous croyons à la durée limitée de notre séparation. Nous t’ensevelissons, comme la graine dans le champ, tu repousseras dans un autre pays. Que périsse dans la tombe l’ivraie de tes péchés, et les œuvres bonnes s’y illumineront, là où les semences du bien apportent des fruits impérissables, où les âmes saintes chantent : Alléluia !
Ikos 7
Lorsque le sort du défunt deviendra oubli, lorsque son image s’assombrira dans les cœurs, et que le temps effacera avec la tombe l’ardeur de la prière pour lui, alors, toi, ne l’abandonne pas, donne la joie à l’âme solitaire.
Ô Dieu, ton Amour ne se refroidit pas,
ton bon vouloir est inépuisable.
Les prières de l’Église pour ton serviteur défunt ne se taisent pas,
que ses péchés soient lavés par l’Offrande du Sacrifice non sanglant.
Par l’intercession de tous les saints, accorde-lui la grâce de prier pour les vivants ;
aux jours de nos épreuves, reçois son intercession pour nous.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 8
Prions avec des larmes, tant qu’est douloureusement frais le souvenir du défunt, faisons mémoire de son nom, nuit et jour, par des aumônes nourrissant ceux qui ont faim, chantant du fond de l’âme : Alléluia !`
Ikos 8
Le visionnaire Jean le Théologien a vu auprès du trône de l’Agneau de Dieu une immense foule, tout de blanc vêtue ; c’étaient tous ceux qui venaient de la grande tribulation. Ils te servent, toi notre Dieu, nuit et jour dans la joie et tu habites avec eux, et la souffrance et la peine ne les effleureront plus.
Seigneur, fais se joindre à eux ton serviteur (N),
qui a beaucoup souffert et peiné en sa vie ;
tu connais toutes ses heures amères et ses lourdes minutes ;
sur terre il a eu chagrins et soucis, donne-lui au ciel, la joie,
et accorde-lui les délices des sources d’eau vive ;
sèche toute larme de ses yeux,
et fais-le entrer là où le soleil ne brûle pas, mais vivifie par ta Vérité.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 9
Terminé le voyage sur terre, quel bienheureux passage au monde de l’Esprit, quelle contemplation de choses nouvelles et de beauté célestes, inconnues du monde terrestre, l’âme revient dans sa patrie, où le clair soleil de la Vérité divine illumine ceux qui chantent : Alléluia !
Ikos 9
Si ton reflet et ta trace rayonnent sur le visage des mortels, comment es-tu alors toi-même ? Si les fruits de tes mains sont tellement merveilleux et que la terre reflète seulement ton ombre, dans une grandeur indescriptible, comment doit être alors ta Face visible. Fais se découvrir ta Gloire à ton serviteur (N).
Ô Dieu, fais-le voir et entendre la Liturgie céleste
afin que sa joie soit complète.
Raffermis son espérance de la rencontre dans les demeures des bienheureux
et accorde-nous de ressentir la force bienfaisante de la prière pour les défunts.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 10
Notre Père, reçois dans ton Royaume celui qui s’est éteint, là où il n’y a ni péché, ni mal, là où la Sainte Volonté est inébranlable, là où, dans l’assemblée des âmes les plus pures et des anges sans défaut, brille ton Nom bienfaisant et où règne le parfum de la glorification : Alléluia !
Ikos 10
En ce jour-là, les Anges établiront ton trône, ô Juge, et tu illumineras le monde de ta gloire, portant la rémunération à chacun. Jette alors un regard compatissant sur ton humble serviteur (N) et dit lui :  » Viens à ma droite ! « 
Seigneur, toi seul as le pouvoir de remettre les péchés ;
pardonne-lui donc ses péchés oubliés ou cachés par honte ;
libère-le de l’iniquité dû à la faiblesse ou l’ignorance,
et délivre-le des profondeurs sans lumière du désespoir infernal.
Qu’il hérite de tes demeures vivifiantes ;
ajoute-le aux bénis de tous les siècles
et accorde-lui la béatitude qui ne cesse jamais.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 11
Maître de toute Bonté, que s’ouvrent au défunt les portes ensoleillées du Paradis, que viennent à sa rencontre dans l’allégresse les assemblées des justes et des saints, la foule de ses proches et de ceux qui l’aiment, que se réjouissent pour lui tes Anges porteurs de lumière, qu’il voit aussi la Théotokos, là où résonne victorieusement : Alléluia !
Ikos 11
Par ton souffle revivent les fleurs, la nature ressuscite, des foules de minuscules créatures s’éveillent. Ton regard est plus clair que les cieux printaniers, ton Amour, ô Dieu, plus chaud que les rayons du soleil. De la poussière terrestre tu as ressuscité la chair périssable de l’homme, pour l’épanouissement à la vie éternelle, alors éclaire aussi ton serviteur (N) de la lumière de tes Bontés.
Seigneur, les bienfaits de la vie sont en ta main,
en ton regard la Lumière et l’Amour,
libère de la mort éternelle spirituelle le défunt
qui s’est endormi dans l’espérance.
Éveille-le, lorsque les ronces de la terre se revêtiront de la couleur de l’éternité
et que rien n’assombrisse son dernier sommeil terrestre,
Bonheur fidèle et but de notre existence.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 12
Ô Christ ! Tu es Royaume Céleste, tu es terre des humbles, tu es demeure de ceux qui espérent en toi, tu es boisson parfaitement nouvelle, tu es le vêtement et la couronne des bienheureux, tu es la couche du repos des saints ! C’est à toi qu’appartient la glorification : Alléluia !
Ikos 12
Par l’image des paisibles parcs d’une beauté non terrestre, et des demeures aussi claires que le soleil, et dans la perfection des chants célestes, tu nous a découvert la félicité de ceux qui t’aiment.
Seigneur, que ton serviteur entre dans ta joie ;
revêts-le de l’illumination de ta Gloire ;
qu’il entende le chant ineffable des chérubins,
qu’il s’élève de gloire en gloire,
et qu’il voit la splendeur de ta Face.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 13 (Se dit 3 fois)
Ô Dieu saint et immortel, à la minuit du péché et de l’incrédulité, arrivant du Ciel avec les Anges, pour juger le monde entier, ouvre les portes de ton palais glorieux à ton serviteur (N), qu’avec les foules innombrables des saints, il chante dans les siècles :
Alléluia, Alléluia, Alléluia !

Saint Ange Gardien, envoyé de Dieu, viens prier pour ton protégé, que tu as accompagné sur tous les chemins de la vie, que tu as sauvegardé et guidé, lance avec nous cet appel au Sauveur miséricordieux.
Seigneur, détruis le manuscrit des péchés de ton serviteur (N) ;
guéris les plaies de son âme ;
que sur terre ne restent pas de lui de souvenirs amers ;
fais grâce pour lui à ceux qui l’ont peiné et à ceux qu’il a chagrinés ;
recouvres ses imperfections du lumineux vêtement de ta Rédemption ;
donne-lui la joie par ta miséricorde infinie ;
toi, l’ineffable, le grand et le merveilleux, montre-toi à lui.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.

Père saint, ton Fils unique, Premier des Grands Prêtres, a déposé son âme pour le salut du monde déchu et pour nous permettre de devenir enfants de Dieu et habitants de ton Royaume au jour sans crépuscule, accorde au défunt (N) le pardon et la joie éternelle  ; nous intercédons pour lui par cette prière :
Seigneur, Juge tout-compatissant, accorde à ton serviteur la douceur du paradis.

LES BIBLISTES FRANCOPHONES À L’ÉCOUTE DES HYMNES

17 septembre, 2013

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/796.html

LES BIBLISTES FRANCOPHONES À L’ÉCOUTE DES HYMNES

Cent vingt biblistes, enseignants, étudiants ou animateurs bibliques s’y sont retrouvés pour étudier « Les hymnes du Nouveau Testament et leurs fonctions ». Qu’est-ce qu’un(e) hymne ? La question a accompagné interventions et débats. En effet, s’il est habituel de dénommer  » hymne  » ou  » cantique  » certaines pièces proposées par les liturgies chrétiennes et tirées de l’évangile de Luc, des lettres de Paul ou de l’Apocalypse, la définition reste vague. Le Congrès, sans en élaborer une qui fasse désormais autorité, a permis une redécouverte de morceaux bien connus qui, situés dans leur contexte historique et littéraire, éclairaient ceux-ci autant qu’ils étaient éclairés par eux.
En ouverture, illustrant la complexité des questions en jeu, Camille Focant (Louvain) a parcouru une nouvelle fois le beau texte de 1 Co 12,31–14,1. Choisi régulièrement lors des célébrations de mariage, il est souvent appelé  » hymne à l’amour « . Hymne ? Non pas, mais éloge de l’amour dans une prose rythmée, avec parallélismes et métaphores. Paul adopte là un style qui tranche sur le contexte. Rupture d’écriture qui s’accorde avec la radicalité en cause, l’amour-agapè si fortement christologique. Coup de force qui permet de relire l’ensemble de la lettre et appréhender tant les problèmes qui taraudaient autrefois les Corinthiens que, pouvons-nous ajouter en dépassant C. Focant, ceux qui traversent l’engagement du mariage aujourd’hui – puisque ce texte est choisi par les fiancés.

Un rite identitaire
Il revenait alors à Thomas Osborne (Luxembourg) de se livrer à l’exercice périlleux de  » l’état de la question  » – une première dans le domaine francophone ! La conclusion ne manquait pas d’impertinence, montrant que si, aujourd’hui, les définitions sont floues il en était de même dans l’antiquité. Au Ve s. av. J.-C., Platon regrettait que  » tout se confonde avec tout  » alors qu’autrefois les distinctions étaient claires entre  » hymnes « ,  » thrènes « ,  » péans  » et  » dithyrambes  » ! Longtemps après, les écrivains de Qoumrân ou du N.T. vont hériter de la confusion. Pourquoi celle-ci ? Une réponse s’est dessinée dans l’exposé de Yves Lehmann (Strasbourg), spécialiste de la Grèce antique : le rite social, identitaire, a pu recouvrir la poétique même des prières aux dieux (hymnes) et des célébrations de personnes ou de choses (éloges). Cette fonction identitaire a d’ailleurs été repérée par Claude Coulot (Strasbourg) dans la conclusion hymnique de la Règle de la communauté de Qoumrân. Ajoutée au corps du texte, elle aurait été proclamée, selon certaines hypothèses, lors de l’admission de nouveaux membres de la communauté au cours d’une célébration de l’alliance.

Densité et approfondissement
C’est un tout autre angle d’approche, plus littéraire, qu’a adopté Daniel Gerber. Il a montré comment le petit cantique de Siméon (Lc 2,29-32)  » densifie « , en exergue du récit lucanien, le motif lumineux du salut privilégié par la suite. Ce motif résonne tant dans le contexte proche (Lc 1–2) que dans le contexte large (Luc-Actes) et Luc situe ainsi la venue de Jésus sur l’horizon de l’attente d’Israël et des nations. L’analyse rendait justice à la fonction narrative et théologique d’un cantique que la liturgie chrétienne isole. La remarque vaut aussi pour l’hymne aux Philippiens (Ph 2,6-11). Élian Cuvillier l’a relu dans le cadre de l’épître entière, faisant apparaître – comme C. Focant précédemment à propos de 1 Co 13 – la radicalité et la profondeur que l’hymne donnait au propos de Paul, y compris dans son aveu autobiographique (Ph 3). On a pu débattre du statut  » mythique  » attribué au texte par É. Cuvillier, mais on a reconnu que Ph 2, mieux que bien des exhortations, fait entrer les chrétiens dans l’événement pascal. Fonction d’approfondissement encore que celle de l’hymne qui ouvre l’épître aux Éphésiens examinée par Chantal Reynier. Là, l’originalité de l’épître, marquée par un net caractère de louange, tient dans les  » extensions hymnologiques  » qui parcourent le texte – saturation liturgique sans doute mais surtout stratégie de communication : la partie argumentative de l’épître expliquerait et développerait un contenu hymnique qui rebondit, retenant sans cesse l’attention du lecteur par sa richesse et sa beauté.

Les harmoniques liturgiques
Jacques Schlosser s’est attaché à 1 Pierre dont il a mis en lumière le style liturgique. Particulièrement en 1 P 1,3-5.17-21 et 2,4-10, la  » langue hymnique  » participe de la célébration de la miséricorde divine qui culmine dans le choix de la pierre rejetée et dans le sang du Christ, fondement de la sainteté chrétienne et du rassemblement ecclésial. Si 1 P contient ainsi des éléments hymniques à forte teneur théologique qui travaillent l’argumentation, le livre de l’Apocalypse propose des passages bien délimités (huit en tout) qui semblent interrompre le fil narratif. Michèle Morgen a souligné qu’ils ressaisissent les motifs importants du salut, du Règne, du sang, du peuple de Dieu, du rachat, des prémices, etc. Mais elle n’en est pas restée à cet usage rhétorique. Reprises ou non à des liturgies chrétiennes déjà existantes, les hymnes préparent les lecteurs à la grande célébration finale qui clôt le livre, anticipant le rendez-vous eschatologique vers lequel sont tendues les visions de Jean.

Christologie et liturgie
En conclusion, Jean-Noël Aletti a ressaisi quelques convictions. À l’époque du N.T., la définition du genre  » hymne  » est problématique, on l’a vu dès l’introduction de T. Osborne. S’il y a des distinctions à faire, elles doivent s’appuyer sur la rhétorique gréco-latine ou l’hymnologie vétéro-testamentaire. Pour sa part, J.-N. Aletti retient le chant, l’éloge (encomium), le prologue (proemium) et l’expansion hymnique, quatre formes générales qui, d’une manière ou d’une autre, ont toutes une fonction christologique. Les chants, tels ceux de Lc 1–2, résument et concentrent le salut de Dieu raconté ou à raconter. Les éloges, tels 1 Co 13 ou Ph 2, ont un rôle d’exemple et font passer les auditeurs/lecteurs par un détour fondateur. Le prologue, tel Jn 1, précède la narration et parfois, tel Ep 1, avertit d’un mystère de Dieu qui ne va pas de soi, se rapprochant de l’ » eulogie « . Les expansions hymniques d’Ep, Col ou 1 P dynamisent l’argumentation. Se greffant sur ce dernier point, quelqu’un a fait remarquer que s’il existe dans la littérature grecque des pièces autonomes, hymnes ou odes, le N.T. n’en présente aucune, préférant les inscrire dans le fil du récit ou de l’argumentation. C’est la liturgie chrétienne, hors du canon des Écritures, qui découpe certains passages de style hymnique ou choral. La dimension liturgique se déplace ainsi des milieux producteurs d’autrefois (et il y aurait des études à reprendre sur le culte dans l’Antiquité) à la pratique des croyants d’aujourd’hui.

Le langage poétique
Le thème du Congrès de Strasbourg a fédéré moins de monde que d’habitude.  » Sujet trop particulier  » ou  » trop restreint « , a-t-on entendu dire. À tort. Les organisateurs, menés par Daniel Gerber pour la partie académique et Pierre Keith pour la logistique, ont réussi à entretenir l’intérêt par le croisement des méthodes exégétiques. La recherche historique et critique a été largement honorée grâce aux interventions de Y. Lehmann, C. Coulot, C. Reynier, J. Schlosser, M. Morgen et aux séminaires de E. Bons & J. Joosten (la prière d’Azarias en Dn LXX), G. Claudel (les citations psalmiques en Mt), A. Dettwiler (l’hymne aux Colossiens), J. Duhaime (les prières de la guerre de Qoumrân), R. Kuntzmann (le chant de Débora, Jg 5), T. Legrand (le targoum d’Ha 3). Elle a rencontré avec bonheur d’autres approches, narratives ou rhétoriques, dans les conférences de C. Focant, D. Gerber, E. Cuvillier, J.-N. Aletti, ou les séminaires de F. Laurent (le poème de Dt 32), J.-M. Sevrin (le prologue de Jn), T. Osborne et N. Siffer (les hymnes lucaniens). Le séminaire de D. Fricker s’interrogeait, lui, sur l’actualisation du prologue de Jn et de l’hymne aux Philippiens. L’actualisation était plus ouvertement pastorale avec la conférence grand public de J. Duhaime sur  » La prière d’action de grâce comme récit identitaire « . Les fonctions des hymnes, en effet, s’élaborent non seulement dans les communautés productrices, mais aussi dans le corps des gens qui, aujourd’hui, les reçoivent. Avec cette question (objet de futurs débats ?) : si les hymnes ne sont pas réductibles à des stratégies de communication, si elles sont aussi  » poésie « , quels sont les effets de ce langage qui n’est pas d’abord injonction, récit ou fiction mais tension entre l’inexprimable et l’inouï ?

Gérard Billon, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 143 (mars 2008), « L’Alliance au cœur de la Torah »,  p. 67-69..

CANON (LORICA) DE SAINT PATRICK

22 juillet, 2013

http://www.spiritualite-chretienne.com/prieres/priere_2.html#9

CANON (LORICA) DE SAINT PATRICK

Je me lève aujourd’hui,
Par une force puissante,
L’invocation à la Trinité,
La croyance à la Trinité,
La confession de l’unité du Créateur du monde.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force de la naissance du Christ et de Son Baptême,
La force de Sa Crucifixion et de Sa mise au tombeau,
La force de Sa Résurrection et de Son Ascension,
La force de Sa Venue au jour du jugement.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force des ordres des Chérubins,
Dans l’obéissance des Anges,
Dans le service des Archanges,
Dans l’espoir de la Résurrection,
Dans les prières des Patriarches,
Dans les prédictions des Prophètes,
Dans les prédications des Apôtres,
Dans les fidélités des Confesseurs,
Dans l’innocence des Vierges saintes,
Dans les actions des Hommes justes.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force du Ciel,
Lumière du Ciel,
Lumière du Soleil,
Éclat de la Lune,
Splendeur du Feu,
Vitesse de l’Eclair,
Rapidité du Vent,
Profondeur de la Mer,
Stabilité de la Terre,
Solidité de la Pierre.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force de Dieu pour me guider,
Puissance de Dieu pour me soutenir,
Intelligence de Dieu pour me conduire,
Oeil de Dieu pour regarder devant moi,
Oreille de Dieu pour m’entendre,
Parole de Dieu pour parler pour moi,
Main de Dieu pour me garder,
Chemin de Dieu pour me précéder,
Bouclier de Dieu pour me protéger,
Armée de Dieu pour me sauver :
Des filets des démons,
Des séductions des vices,
Des inclinations de la nature,
De tous les hommes qui me désirent du mal,
De loin et de près,
Dans la solitude et dans une multitude.

J’appelle aujourd’hui toutes ces forces
Entre moi et le mal,
Contre toute force cruelle impitoyable
Qui attaque mon corps et mon âme,
Contre les incantations des faux prophètes,
Contre les lois noires du paganisme,

Contre les lois fausses des hérétiques,
Contre la puissance de l’idolâtrie,
Contre les charmes des sorciers,
Contre toute science qui souille le corps et l’âme de l’homme.

Que le Christ me protège aujourd’hui :
Contre le poison, contre le feu,
Contre la noyade, contre la blessure,
Pour qu’il me vienne une foule de récompenses.
Le Christ avec moi,
Le Christ devant moi,
Le Christ derrière moi,
Le Christ en moi,
Le Christ au-dessus de moi,
Le Christ au-dessous de moi,
Le Christ à ma droite,
Le Christ à ma gauche,
Le Christ en largeur,
Le Christ en longueur,
Le Christ en hauteur,
Le Christ dans le coeur de tout homme qui pense à moi,
Le Christ dans tout oeil qui me voit,
Le Christ dans toute oreille qui m’écoute.
Je me lève aujourd’hui,
Par une force puissante,
L’invocation à la Trinité,
La croyance à la Trinité,
La confession de l’unité du Créateur du monde.

Au Seigneur est le Salut,
Au Christ est le Salut,
Que Ton Salut Seigneur soit toujours avec nous.

Amen ! Amen ! Amen !

Saint Patrick (v.390-461?)

SAINTE TRINITÉ, SOLENNITÉ – LITURGIE DES HEURES – OFFICE DES LECTURES, TE DEUM

25 mai, 2013

http://www.aelf.org/office-lectures

SAINTE TRINITÉ, SOLENNITÉ

LITURGIE DES HEURES – OFFICE DES LECTURES, TE DEUM

LETTRE DE SAINT ATHANASE
A SÉRAPION, ÉVÊQUE DE THMUIS

Bienheureuse Trinité, un seul Dieu !

Étudions la tradition antique, la doctrine et la foi de l’Église catholique. Le Seigneur l’a donnée, les Apôtres l’ont annoncée, les Pères l’ont gardée. C’est sur elle, en effet, que l’Église a été fondée et, si quelqu’un s’en écarte, il ne peut plus être chrétien ni en porter le nom.
Il y a donc une Trinité sainte et parfaite, reconnue comme Dieu dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; elle ne comporte rien d’étranger, rien qui lui soit mêlé de l’extérieur ; elle n’est pas constituée du Créateur et du créé, mais elle est tout entière puissance créatrice et productrice. Elle est semblable à elle-même, indivisible par sa nature, et son activité est unique. En effet, le Père fait toutes choses par le Verbe dans l’Esprit Saint, et c’est ainsi que l’unité de la sainte Trinité est sauvegardée. C’est ainsi que dans l’Église est annoncé un seul Dieu, qui règne au-dessus de tous, par tous et en tous. Au-dessus de tous, comme Père, comme principe et source ; par tous, par le Verbe ; en tous, dans l’Esprit Saint. ~
Saint Paul, ~ écrivant aux Corinthiens, à propos des dons spirituels, rapporte toutes choses à un seul Dieu, le Père, comme à un seul chef, lorsqu’il dit : Les dons de la grâce sont variés, mais c ‘est toujours le même Esprit ; les ministères dans l’Église sont variés, mais c’est toujours le même Dieu, qui fait tout en tous. Car les dons que l’Esprit distribue à chacun sont donnés de la part du Père par le Verbe. En effet, tout ce qui est au Père est au Fils ; c’est pourquoi les biens donnés par le Fils dans l’Esprit sont les dons spirituels du Père. Quand l’Esprit est en nous, le Verbe qui nous le donne est en nous, et dans le Verbe se trouve le Père. Et c’est ainsi que s’accomplit la parole : Nous viendrons chez lui et nous irons demeurer auprès de lui. Là où est la lumière, là aussi est son éclat ; là où est son éclat, là aussi est son activité et sa grâce resplendissante.
C’est cela encore que Paul enseignait dans la seconde lettre aux Corinthiens : Que la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous. En effet, la grâce et le don accordés dans la Trinité sont donnés de la part du Père, par le Fils, dans l’Esprit Saint. De même que la grâce accordée vient du Père par le Fils, ainsi la communion au don ne peut se faire en nous sinon dans l’Esprit Saint. C’est en participant à lui que nous avons l’amour du Père, la grâce du Fils et la communion de l’Esprit Saint.

Nul ne saurait unir
les enfants de la terre,
mais l’amour veut tout rassembler.

R/ Joie de l’homme sauvé,
monte jusqu’à nos lèvres !
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TE DEUM
À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.

Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :

Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.

C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.

Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.

Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.

Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.

Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.

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