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SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

30 juin, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28356?l=french

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

Texte intégral

ROME, Mercredi 29 juin 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de l’homélie prononcée par Benoît XVI au cours de la messe des saints Pierre et Paul qu’il a présidée ce mercredi au Vatican. A cette occasion, le pape, qui fête ce 29 juin son 60e anniversaire d’ordination sacerdotale, a remis le pallium aux 40 archevêques métropolitains nommés pendant l’année.
Chers frères et sœurs,
«Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ! » (cf. Jn 15, 15). À soixante années du jour de mon Ordination sacerdotale, j’entends encore résonner en moi ces paroles de Jésus, que notre grand Archevêque, le Cardinal Faulhaber, avec une voix désormais un peu faible et cependant ferme, nous adressa à nous les nouveaux prêtres à la fin de la cérémonie d’Ordination. Selon le déroulement liturgique de l’époque, cette acclamation signifiait alors aux nouveaux prêtres l’attribution explicite du mandat pour remettre les péchés. « Non plus serviteurs, mais amis » : je savais et j’avais conscience qu’à ce moment précis, ce n’était pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte Écriture. J’avais conscience qu’en ce moment-là, le Seigneur Lui-même me l’adressait de façon toute personnelle. Dans le Baptême et dans la Confirmation, Il nous avait déjà attirés vers Lui, Il nous avait déjà accueillis dans la famille de Dieu. Cependant, ce qui arrivait à ce moment-là était quelque chose de plus encore. Il m’appelle ami. Il m’accueille dans le cercle de ceux auxquels il s’était adressé au Cénacle. Dans le cercle de ceux que Lui connaît d’une façon toute particulière et qui ainsi sont amenés à Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n’est pas seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement au plus profond de l’être. Je sais que derrière cette parole, il y a sa Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix : dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute, et c’est seulement ainsi qu’elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me permet de jeter un regard sur l’abîme de l’homme et sur la grandeur de sa souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la Consécration eucharistique. Il m’estime capable d’annoncer sa Parole, de l’expliquer de façon juste et de la porter aux hommes d’aujourd’hui. Il s’en remet à moi. « Vous n’êtes plus serviteurs mais amis » : c’est une affirmation qui procure une grande joie intérieure et qui, en même temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté.
«Non plus serviteurs mais amis » : dans cette parole est contenu tout le programme d’une vie sacerdotale. Qu’est-ce que vraiment l’amitié ? Idem velle, idem nolle – vouloir les mêmes choses et ne pas vouloir les mêmes choses, disaient les anciens. L’amitié est une communion de pensée et de vouloir. Le Seigneur nous dit la même chose avec grande insistance : « Je connais les miens et les miens me connaissent » (cf. Jn 10, 14). Le Pasteur appelle les siens par leur nom (cf. Jn 10, 3). Il me connaît par mon nom. Je ne suis pas n’importe quel être anonyme dans l’immensité de l’univers. Il me connaît de façon toute personnelle. Et moi, est-ce que je Le connais Lui ? L’amitié qu’Il me donne peut seulement signifier que moi aussi je cherche à Le connaître toujours mieux ; que moi dans l’Écriture, dans les Sacrements, dans la rencontre de la prière, dans la communion des Saints, dans les personnes qui s’approchent de moi et que Lui m’envoie, je cherche à Le connaître toujours plus. L’amitié n’est pas seulement connaissance, elle est surtout communion du vouloir. Elle signifie que ma volonté grandit vers le « oui » de l’adhésion à la sienne. Sa volonté, en effet, n’est pas pour moi une volonté externe et étrangère, à laquelle je me plie plus ou moins volontiers, ou à laquelle je ne me plie pas. Non, dans l’amitié, ma volonté en grandissant s’unit à la sienne, sa volonté devient la mienne et ainsi, je deviens vraiment moi-même. Outre la communion de pensée et de volonté, le Seigneur mentionne un troisième, un nouvel élément : Il donne sa vie pour nous (cf. Jn 15, 13 ; 10, 15). Seigneur, aide-moi à Te connaître toujours mieux ! Aide-moi à ne faire toujours plus qu’un avec ta volonté ! Aide-moi à vivre ma vie non pour moi-même, mais à la vivre avec Toi pour les autres ! Aide-moi à devenir toujours plus Ton ami !
La Parole de Jésus sur l’amitié se place dans le contexte du discours sur la vigne. Le Seigneur associe l’image de la vigne avec la tâche confiée aux disciples : « Je vous ai institués pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et un fruit qui demeure » (Jn 15, 16). La première tâche donnée aux apôtres – aux amis – est de se mettre en route, de sortir de soi-même et d’aller vers les autres. Puissions-nous ici entendre ensemble la parole du Ressuscité adressée aux siens, avec laquelle Saint Matthieu termine son évangile : « Allez et enseignez à tous les peuples… » (cf. Mt 28, 19s). Le Seigneur nous exhorte à dépasser les limites du milieu dans lequel nous vivons, à porter l’Évangile dans le monde des autres, afin qu’il envahisse tout et qu’ainsi le monde s’ouvre au Royaume de Dieu. Cela peut nous rappeler que Dieu-même est sorti de Lui-même, Il a abandonné sa gloire pour nous chercher, pour nous donner sa lumière et son amour. Nous voulons suivre le Dieu qui se met en chemin, surpassant la paresse de rester repliés sur nous-mêmes, afin que Lui-même puisse entrer dans le monde.
Après la parole sur la mise en route, Jésus continue : portez du fruit, un fruit qui demeure ! Quel fruit attend-Il de nous ? Quel est le fruit qui demeure ? Eh bien, le fruit de la vigne est le raisin à partir duquel se prépare par la suite le vin. Arrêtons-nous un instant sur cette image. Pour que le bon raisin puisse mûrir, il faut non seulement du soleil mais encore de la pluie, le jour et la nuit. Pour que parvienne à maturité un vin de qualité, il faut le foulage, le temps nécessaire à la fermentation, le soin attentif qui sert au processus de la maturation. Le vin fin est caractérisé non seulement par sa douceur, mais aussi par la richesse de ses nuances, l’arôme varié qui s’est développé au cours du processus de maturation et de fermentation. N’est-ce pas déjà une image de la vie humaine, et selon un mode spécial, de notre vie de prêtre ? Nous avons besoin du soleil et de la pluie, de la sérénité et de la difficulté, des phases de purification et d’épreuve, comme aussi des temps de cheminement joyeux avec l’Évangile. Jetant un regard en arrière nous pouvons remercier Dieu pour les deux réalités : pour les difficultés et pour les joies, pour les heures sombres et les heures heureuses. Dans les deux cas nous reconnaissons la présence continuelle de son amour, qui toujours nous porte et nous soutient.
Maintenant, nous devons cependant nous demander : de quelle sorte est le fruit que le Seigneur attend de nous ? Le vin est l’image de l’amour : celui-ci est le vrai fruit qui demeure, celui que Dieu veut de nous. N’oublions pas pourtant que dans l’Ancien Testament le vin qu’on attend du raisin de qualité est avant tout une image de la justice qui se développe dans une vie vécue selon la loi de Dieu ! Et nous ne disons pas qu’il s’agit d’une vision vétérotestamentaire et dépassée aujourd’hui : non, cela demeure toujours vrai. L’authentique contenu de la Loi, sa summa, est l’amour pour Dieu et le prochain. Ce double amour, cependant, n’est pas simplement quelque chose de doux. Il porte en lui la charge de la patience, de l’humilité, de la maturation dans la formation de notre volonté jusqu’à son assimilation à la volonté de Dieu, à la volonté de Jésus-Christ, l’Ami. Ainsi seulement, l’amour véritable se situe aussi dans le devenir vrai et juste de tout notre être, ainsi seulement il est un fruit mûr. Son exigence intrinsèque, la fidélité au Christ et à son Église, requiert toujours d’être réalisée aussi dans la souffrance. Ainsi vraiment grandit la véritable joie. Au fond, l’essence de l’amour, du vrai fruit, correspond à l’idée de se mettre en chemin, de marcher : l’amour signifie s’abandonner, se donner ; il porte en soi le signe de la croix. Dans ce contexte Grégoire-le-Grand a dit une fois : si vous tendez vers Dieu, veillez à ne pas le rejoindre seul (cf. H Ev 1,6,6 : PL 76, 1097s) – une parole qui doit nous être, à nous comme prêtres, intimement présente chaque jour.
Chers amis, je me suis peut-être attardé trop longtemps sur la mémoire intérieure des soixante années de mon ministère sacerdotal. Il est maintenant temps de penser à ce qui est propre au moment présent.
À l’occasion de la Solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul, j’adresse mon salut le plus cordial au Patriarche Œcuménique Bartolomée Ieret à la Délégation qu’il a envoyée et que je remercie vivement pour la visite appréciée en cette heureuse circonstance des Saints Apôtres Patrons de Rome. Je salue également Messieurs les Cardinaux, les Frères dans l’Épiscopat, Messieurs les Ambassadeurs et les Autorités civiles, ainsi que les prêtres, les religieux et les fidèles laïcs. Je vous remercie tous pour votre présence et votre prière.
Aux Archevêques Métropolitains nommés après la dernière Fête des grands Apôtres, le pallium va maintenant être imposé. Qu’est-ce que cela signifie ? Celui-ci peut nous rappeler avant tout le joug léger du Christ qui nous est déposé sur les épaules (cf. Mt 11, 29s). Le joug du Christ est identique à son amitié. C’est un joug d’amitié et donc un « joug doux », mais justement pour cela aussi, un joug qui exige et qui modèle. C’est le joug de sa volonté, qui est une volonté de vérité et d’amour. Ainsi, c’est pour nous surtout le joug qui introduit les autres dans l’amitié avec le Christ et nous rend disponibles aux autres pour en prendre soin comme Pasteurs. Avec cela, nous atteignons un sens supplémentaire du pallium : tissé avec de la laine des agneaux bénis en la fête de Sainte Agnès, il nous rappelle ainsi le Pasteur devenu Lui-même Agneau par amour pour nous. Il rappelle le Christ qui a marché sur les montagnes et dans les déserts, où son agneau – l’humanité – s’était égaré. Le pallium nous rappelle que Lui a pris l’agneau, l’humanité – moi – sur ses épaules, pour me ramener à la maison. Il nous rappelle de cette manière que, comme Pasteurs à son service, nous devons aussi porter les autres, les prendre, pour ainsi dire, sur nos épaules et les porter au Christ. Il nous rappelle que nous pouvons être Pasteurs de son troupeau qui reste toujours sien et ne devient pas nôtre. Enfin, le pallium signifie aussi très concrètement la communion des Pasteurs de l’Église avec Pierre et avec ses successeurs – il signifie que nous devons être des Pasteurs pour l’unité et dans l’unité et que c’est seulement dans l’unité dont Pierre est le symbole que nous conduisons vraiment vers le Christ.
Soixante années de ministère sacerdotal – chers amis, je me suis peut-être trop attardé sur des éléments particuliers. Mais en cet instant, je me suis senti poussé à regarder ce qui a caractérisé ces dizaines d’années. Je me suis senti poussé à vous dire – à tous, prêtres et Évêques comme aussi aux fidèles de l’Église – une parole d’espérance et d’encouragement ; une parole, murie à travers l’expérience, sur le fait que le Seigneur est bon. Cependant, c’est surtout un moment de gratitude : gratitude envers le Seigneur pour l’amitié qu’Il m’a donnée et qu’Il veut nous donner à tous. Gratitude envers les personnes qui m’ont formé et accompagné. Et en tout cela se cache la prière qu’un jour le Seigneur dans sa bonté nous accueille et nous fasse contempler sa joie. Amen !

Traduction française distribuée par la salle de presse du Saint-Siège

Pape Benoît, 23 mai 2010 [Pentecôte, sur la invocation "Veni Sancte Spiritus]

5 juin, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20100523_pentecoste_fr.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE PENTECÔTE

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Dimanche 23 mai 2010

[Pentecôte, sur la invocation "Veni Sancte Spiritus]

Chers frères et sœurs,

Au cours de la célébration solennelle de la Pentecôte, nous sommes invités à professer notre foi dans la présence et dans l’action de l’Esprit Saint et à en invoquer l’effusion sur nous, sur l’Eglise et sur le monde entier. Faisons donc nôtre, et avec une intensité particulière, l’invocation de l’Eglise elle-même:  Veni, Sancte Spiritus! Une invocation si simple et immédiate, mais dans le même temps extraordinairement profonde, jaillie avant tout du cœur du Christ. En effet, l’Esprit est le don que Jésus a demandé et demande constamment au Père pour ses amis; le premier et principal don qu’il nous a obtenu avec sa Résurrection et son Ascension au Ciel.
Le passage évangélique d’aujourd’hui, qui a pour cadre la Dernière Cène, nous parle de cette prière du Christ. Le Seigneur Jésus dit à ses disciples:  « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14, 15-16). Ici nous est dévoilé le cœur en prière de Jésus, son cœur filial et fraternel. Cette prière atteint son sommet et son accomplissement sur la Croix, où l’invocation du Christ ne fait qu’un avec le don total qu’Il fait de lui-même, et sa prière devient donc pour ainsi dire le sceau même de son don en plénitude par amour pour le Père et pour l’humanité:  invocation et don de l’Esprit Saint se rencontrent, s’entremêlent, deviennent une unique réalité. « Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais ». En réalité, la prière de Jésus – celle de la Dernière Cène et celle sur la croix – est une prière qui demeure également au Ciel, où le Christ siège à la droite du Père. En effet, Jésus vit toujours son sacerdoce d’intercession en faveur du peuple de Dieu et de l’humanité et prie donc pour nous tous, en demandant au Père le don de l’Esprit Saint.
Le récit de la Pentecôte dans le livre des Actes des Apôtres – nous venons de l’écouter dans la première lecture (cf. Ac 2, 1-11) – présente le « nouveau cours » de l’œuvre de Dieu commencé par la résurrection du Christ, une œuvre qui touche l’homme, l’histoire et l’univers. Du Fils de Dieu mort et ressuscité et retourné au Père souffle à présent sur l’humanité, avec une énergie inédite, le souffle divin, l’Esprit Saint. Et que produit cette nouvelle et puissante communication que Dieu fait de lui-même? Là où il existe des déchirements et des séparations, il crée l’unité et la compréhension. Un processus de réunification s’instaure entre les différentes composantes de la famille humaine, divisées et dispersées; les personnes, souvent réduites à des individus en compétition ou en conflit entre eux, atteintes par l’Esprit du Christ, s’ouvrent à l’expérience de la communion, au point de faire d’elles un nouvel organisme, un nouveau sujet:  l’Eglise. Tel est l’effet de l’œuvre de Dieu:  l’unité; c’est pourquoi l’unité est le signe de reconnaissance, la « carte de visite » de l’Eglise au cours de son histoire universelle. Dès le début, depuis le jour de la Pentecôte, celle-ci parle toutes les langues. L’Eglise universelle précède les Eglises particulières, et ces dernières doivent toujours se conformer à elle, selon un critère d’unité et d’universalité. L’Eglise ne demeure jamais prisonnière de frontières politiques, raciales et culturelles; elle ne peut pas se confondre avec les Etats et pas plus avec les Fédérations d’Etats, car son unité est d’un genre divers et aspire à traverser toutes les frontières humaines.
De cela, chers frères, découle un critère pratique de discernement pour la vie chrétienne:  lorsqu’une personne, ou une communauté, se renferme sur sa propre façon de penser et d’agir, c’est le signe qu’elle s’est éloignée de l’Esprit Saint. Le chemin des chrétiens et des Eglises particulières doit toujours se confronter avec celui de l’Eglise une et catholique et s’harmoniser avec lui. Cela ne signifie pas que l’unité créée par l’Esprit Saint est une sorte d’égalitarisme. Au contraire, cela est plutôt le modèle de Babel, c’est-à-dire l’imposition d’une culture de l’unité que nous pourrions qualifier de « technique ». En effet, la Bible nous dit (cf. Gn 11, 1-9) qu’à Babel, tous ne parlaient qu’une seule langue. Lors de la Pentecôte, en revanche, les apôtres parlent des langues diverses de façon à ce que chacun comprenne le message dans son propre idiome. L’unité de l’Esprit se manifeste dans la pluralité de la compréhension. L’Eglise est de par sa nature une et multiple, destinée à vivre auprès de toutes les nations, de tous les peuples et dans les contextes sociaux les plus divers. Elle répond à sa vocation d’être signe et instrument d’unité de tout le genre humain (cf. Lumen gentium, n. 1), uniquement si elle maintient son autonomie à l’égard de tout Etat ou de toute culture particulière. L’Eglise doit être toujours et en tout lieu véritablement, catholique et universelle, la maison de tous dans laquelle chacun peut se retrouver.
Le récit des Actes des Apôtres nous offre aussi un autre point de départ très concret. L’universalité de l’Eglise est exprimée par l’énumération des peuples selon l’antique tradition:  « Parthes, Mèdes et Elamites… » etc. On peut observer que saint Luc va au-delà du nombre 12, qui exprime déjà et toujours une universalité. Il regarde au-delà des horizons de l’Asie et de l’Afrique nord-occidentale, et ajoute trois autres éléments:  les « Romains », c’est-à-dire le monde occidental; les « Juifs et les prosélytes », comprenant de manière nouvelle l’unité entre Israël et le monde; et enfin « Crétois et Arabes », qui représentent l’Occident et l’Orient, les îles et la terre ferme. Cette ouverture des horizons confirme ultérieurement la nouveauté du Christ dans la dimension de l’espace humain, de l’histoire des peuples:  l’Esprit Saint implique les hommes et les peuples et, à travers eux, il dépasse les murs et les barrières.
A la Pentecôte, l’Esprit Saint se manifeste comme un feu. Sa flamme est descendue sur les disciples réunis, elle s’est allumée en eux et leur a donné la nouvelle ardeur de Dieu. Ainsi se réalise ce qu’avait prédit le Seigneur Jésus:  « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé » (Lc 12, 49). Les apôtres, avec les fidèles des diverses communautés, ont apporté cette flamme divine jusqu’aux extrémités de la terre; ils ont ouvert ainsi une route pour l’humanité, une route lumineuse, et ils ont collaboré avec Dieu qui, par son feu, veut renouveler la face de la terre. Combien ce feu est différent des guerres et des bombes! Combien est différent l’incendie du Christ, propagé par l’Eglise, par rapport à ceux allumés par les dictateurs de toute époque, jusqu’au siècle dernier, qui laissent derrière eux une terre brûlée. Le feu de Dieu, le feu de l’Esprit Saint, est celui du buisson qui est embrasé, mais ne se consume pas (cf. Ex 3, 2). C’est une flamme qui brûle, mais ne détruit pas; qui au contraire, en s’embrasant, fait apparaître la meilleure part de l’homme et la plus vraie; et qui comme dans une fusion fait apparaître sa forme intérieure, sa vocation à la vérité et à l’amour.
Un Père de l’Eglise, Origène, dans l’une de ses homélies sur Jérémie, rapporte une parole attribuée à Jésus, qui n’est pas contenue dans les Saintes Ecritures, mais est peut-être authentique, qui dit ceci:  « Qui est à mes côtés est au côté du feu » (Homélie sur Jérémie l. I[III). Dans le Christ, en effet, habite la plénitude du Dieu, qui dans la Bible est comparée au feu. Nous avons observé il y a peu que la flamme de l’Esprit Saint embrase, mais ne brûle pas. Et celle-ci opère toutefois une transformation, et pour cela, elle doit consumer quelque chose dans l’homme, les résidus qui le corrompent et l’entravent dans ses relations avec Dieu et avec son prochain. Mais cet effet du feu divin nous effraie, nous avons peur de nous y « brûler », nous préférerions demeurer comme nous sommes. Cela dépend du fait que, très souvent, notre vie est organisée dans une logique de l’avoir, de la possession et non du don de soi. Beaucoup croient en Dieu et admirent la figure de Jésus Christ, mais quand il leur est demandé de perdre quelque chose d’eux-mêmes, alors ils font un pas en arrière, ils ont peur des exigences de la foi. Il y a la crainte de devoir renoncer à quelque chose de beau, auquel nous sommes attachés; la crainte que suivre le Christ nous prive de la liberté, de certaines expériences, d’une part de nous-mêmes. D’un côté, nous voulons être avec Jésus, le suivre de près, et de l’autre, nous avons peur des conséquences que cela entraîne.
Chers frères et sœurs, nous avons toujours besoin de nous entendre dire par le Seigneur Jésus, ce qu’il répétait souvent à ses amis:  « N’ayez pas peur ». Comme Simon Pierre et les autres, nous devons laisser sa présence et sa grâce transformer notre cœur, toujours sujet aux faiblesses humaines. Nous devons savoir reconnaître que perdre quelque chose, et même soi-même pour le vrai Dieu, le Dieu de l’amour et de la vie, c’est en réalité gagner, se retrouver plus pleinement. Qui s’en remet à Jésus fait l’expérience déjà dans cette vie-là de la paix et de la joie du cœur, que le monde ne peut pas donner, et ne peut pas non plus ôter une fois que Dieu nous les a offertes. Il vaut donc la peine de se laisser toucher par le feu de l’Esprit Saint! La douleur qu’il nous procure est nécessaire à notre transformation. C’est la réalité de la croix:  ce n’est pas pour rien que dans le langage de Jésus, le « feu » est surtout une représentation du mystère de la croix, sans lequel le christianisme n’existe pas. C’est pourquoi, éclairés et réconfortés par ces paroles de vie, nous élevons notre invocation:  Viens, Esprit Saint! Allume en nous le feu de ton amour! Nous savons que c’est une prière audacieuse, par laquelle nous demandons à être touchés par la flamme de Dieu; mais nous savons surtout que cette flamme – et elle seule – a le pouvoir de nous sauver. Nous ne voulons pas, pour défendre notre vie, perdre la vie éternelle que Dieu veut nous donner. Nous avons besoin du feu de l’Esprit Saint, parce que seul l’Amour rachète. Amen.

Huit odes sur l’Unique Sabbat

23 avril, 2011

du site:

http://graecorthodoxa.hypotheses.org/882

Huit odes sur l’Unique Sabbat

 3 avril 2010

 Dans la liesse qui suit l’annonce  »le Christ est réssuscité ! » — dans la nuit de Pâques, peu de gens prêtent attention à l’hymne admirable qui est alors chantée, avec quelques altérations il est vrai.

Cette hymne a été composée au 8e siècle par Jean Damascène.

Afin que ceux qui le souhaitent puissent la découvrir ou la redécouvrir ce soir, j’en donne ici la traduction française. Cette traduction est également présentée en regard du texte grec original dans le document suivant: Canon de la Résurrection.

On ne s‘étonnera pas de l’absence de la seconde ode, qui ramène les odes du Canon de la Résurrection au nombre de huit. Possèdant un caractère pénitentiel, celle-ci est uniquement présente dans les canons du Grand Carême, et en particulier dans le Grand Canon d’André de Crète (8e s.). Les hymnographes l’omettent délibérément dans les autres cas.

*

CANON DE LA RESURRECTION

Ode 1
Jour de la Résurrection,
Peuples, brillons dans la lumière.
Pâque, Pâque du Seigneur,
Chantons l’hymne de la victoire,
Car le Christ notre Dieu nous a conduits
De la mort à la vie, et de la terre au ciel.

Gloire à ta sainte Résurrection, Seigneur.

Purifions nos sens, pour voir briller le Christ
Dans l’inaccessible lumière de la Résurrection,
Et pour l’entendre clairement nous dire :
Salut, peuples, qui chantez l’hymne de la victoire.

Gloire

Que les cieux se réjouissent à bon droit,
Que la terre exulte,
Que le monde entier, visible et invisible,
Soit en fête.
Car le Christ, le bonheur éternel, est ressuscité.

Ode 3
Venez, buvons une boisson nouvelle,
Une eau claire qui ne surgit pas, prodigieusement, d’une pierre [sèche],
mais du Tombeau sur lequel nos pieds prennent appui,
Source où l’incorruptiblité dispensée par le Christ
Coule comme l’eau de pluie.

Ode 4
Qu’Ambakoum le prophète se tienne avec nous,
A son poste de garde, et qu’il montre
L’Ange porteur de lumière,
Clamant : Aujourd’hui, c’est le salut du monde,
Car le Christ tout-puissant est ressuscité.

Ode 5
Réveillons-nous au point du jour
Et, à la place d’un parfum,
Offrons notre hymne au Seigneur.
Nous contemplerons à son lever,
Le Christ, le soleil de justice
Qui donne la vie à tous.

Ode 6
Tu descendis au plus profond de la terre
Ô Christ, et tu brisas les barreaux
Qui retenaient éternellement prisonniers.
Et tu ressuscitas du tombeau, dans les trois jours,
Tel Jonas sortant de la baleine.

Ode 7
Celui qui tira les jeunes gens de la fournaise
Devenu homme,
Souffre en tant que mortel,
Et par sa passion, il revêt la mortalité
De la parure de l’incorruptibilité

Lui seul, le Dieu des pères,
Béni et glorifié au dessus de toutes choses.

Ode 8
Ce jour élu et béni, unique d’entre les sabbats
Ce jour roi et seigneur
Est la fête des fêtes, la célébration des célébrations
Car c’est en lui que nous bénissons
Christ dans les siècles.

Ode 9
Glorifie, ô mon âme,
Celui qui a volontairement subi la Passion et l’ensevelissement et qui a ressuscité après trois jours du tombeau.

Resplendis, resplendis, ô nouvelle Jérusalem !
Car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Danse maintenant et réjouis-toi, Sion !
Et toi, pure Mère de Dieu, sois heureuse,
Car celui qui naquit de toi est ressuscité.

Le Christ, la nouvelle Pâque, la victime du sacrifice, l’agneau de Dieu, Celui qui détruit le péché du monde.

Que ta voix est divine, aimée et douce, ô Christ !
Jusqu’à la fin du siècle, elle nous prodiguera
Sans mensonges, la promesse.
Nous les fidèles, nous nous réjouirons de celle-ci,
La détenant comme l’ancre de notre espoir.

Aujourd’hui toute la création se réjouit, car le Christ est ressuscité et l’Hadès pillé.

Ô Christ, grande et sainte est ta Pâque !
Ô Sagesse et Verbe et puissance de Dieu,
Donne-nous de participer fidèlement à ton image,
Dans le jour sans soir de ton Royaume.

L’ange disait à haute voix à la [Vierge] Pleine de grâce. Réjouis-toi, ô pure Vierge, et encore Réjouis-toi !
Car ton Fils est ressuscité du tombeau, après trois jours

Resplendis, resplendis, ô nouvelle Jérusalem …

Jour de la Résurrection, brillons dans la lumière de cette fête universelle et embrassons-nous les uns les autres. Annonçons-la aussi, ô frères, à ceux qui nous haïssent. Pardonnons toutes choses par la Résurrection, et clamons : Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux, il a offert la vie.

3° dimanche de l’Avent (12 décembre 2010)

11 décembre, 2010

du site:

http://www.bible-service.net/site/432.html

3° dimanche de l’Avent (12 décembre 2010)

Le troisième dimanche de l’Avent invite à la joie, celle de croire que Dieu lui-même vient nous sauver, celle aussi de découvrir que ce salut s’offre aux pauvres, aux petits, aux opprimés. Ce salut est une libération qui dépasse celle qui ferme les conflits armés. Elle libère les corps meurtris, elle libère de la mort, elle conduit à respirer à pleins poumons la vie de Dieu. Joie des joies. Viens Seigneur Jésus !

Isaïe 35,1….10

 Si le prophète insiste tant sur la réjouissance, l’exultation, la joie, c’est qu’au moment où il parle, on est loin du compte ! Il y a un demi-siècle déjà, les Babyloniens ont balayé Jérusalem et ont arraché personnalités et artisans du pays pour les exiler chez eux. À Jérusalem, ceux qui espèrent depuis d’aussi longues années le retour des leurs n’en peuvent plus ou s’efforcent d’oublier ! Pourquoi le Seigneur Dieu est-il à ce point absent ou impuissant ! 
Le prophète Isaïe, au vu des chamboulements politiques qui se préparent dans la région, fait une autre lecture. Non, le Seigneur Dieu n’oublie pas ses amis : “ Il vient lui-même et va vous sauver ”. Larmes et cris seront de joie, comme pour un aveugle qui se met à voir, un boiteux qui peut enfin marcher, un muet qui découvre la parole, un sourd qui reconnaît les sons. Dieu ne peut tolérer l’écrasement des faibles. Parler de sa vengeance et de sa revanche n’est qu’une façon de proclamer qu’il aime, qu’il est juste et qu’il sauve.

Psaume 145

Le psaume 145 a les mêmes accents de foi que le prophète Isaïe. L’action du Seigneur Dieu est en priorité au bénéfice de ceux qui sont démunis et dans un état de dépendance : opprimés, aveugles, affamés, enchaînés, aveugles, malades, orphelins, veuves. Celui qui a fait les cieux, la terre et la mer soutient ceux qui n’ont d’autres secours que lui. Les allusions au Dieu créateur de l’univers viennent renforcer cette foi au Dieu sauveur. Le Seigneur Dieu est reconnu d’abord comme Sauveur. C’est ce qui motive la joie des croyants. 

Jacques 5,7-10

Le mot « patience » revient quatre fois dans ce court extrait de la lettre de Jacques ; une comparaison avec le cultivateur sert de point d’appui à l’exhortation.
On pense à la parabole de Marc 4,26-29 : que l’homme qui jette la semence dorme ou se lève, le grain pousse tout seul. C’est la sagesse héritée de l’Ecclésiaste : il y a un temps pour tout. On n’essaiera pas de manger son blé en herbe. On saura attendre car l’impatience est improductive.
Les prophètes avaient le sens de la durée. Ils ne se sont pas irrités devant les lenteurs de Dieu, devant le retard de l’accomplissement de ce qu’ils annonçaient. Pourquoi la nouvelle génération de prophètes serait-elle plus pressée ?
Jacques « le Mineur », sous l’autorité duquel est placée l’épître, est proche du milieu juif, mais il s’adresse cependant aux douze tribus vivant dans la dispersion. Il ne parle pas de l’avènement du Christ qu’il ne nomme que deux fois dans l’ensemble de l’épître, mais de la Parousie de Dieu.


Matthieu 11,2-11

Le Baptiste doute. Il semble attendre un messie qui ne ferait que restaurer le royaume ancien de David. Or Pâques a totalement changé la façon de comprendre le Messie ou Christ. Jésus, le Ressuscité, ne vient pas restaurer la splendeur des temps anciens. Beaucoup ont été scandalisés, par l’attitude de Jésus, au lieu d’utiliser la force, annonce sans armes la bonne nouvelle aux pauvres. Le “ scandale ” évoque la petite pierre sur le chemin que l’on ne voit pas et qui fait “ tomber ” : “ Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! ”.

Matthieu entend rappeler à ceux qui étaient tentés de suivre les enseignements du Baptiste, que ce personnage, si grand soit-il, ne s’est pas relevé d’entre les morts et qu’il est donc incapable de faire entrer dans le Royaume de Dieu ! Le Baptiste n’était qu’un messager qui préparait la venue d’un autre. Jésus et lui seul est le Christ qui doit venir.

L’évangéliste est soucieux de tous les “ petits ” qui forment les communautés. Ils sont infiniment plus grands que Jean Baptiste parce qu’ils ont donné leur pleine confiance au Christ ressuscité. Malgré son importance, Le Baptiste, lui “ le plus grand ” parmi les hommes, est dépassé par “ le plus petit ” dans le Royaume des cieux ! 

À deux reprises, Jésus cite les Écritures. Il évoque d’abord plusieurs passages d’Isaïe (26,19 ; 29,18-19 ; 35,5-6 ; 61,1). L’évangéliste souligne ainsi la parfaite cohérence de Jésus avec les Écritures. La mission subalterne du Baptiste est aussi éclairée par la combinaison de deux citations bibliques (Exode 23,20 et Malachie 3,1)

Le texte de Matthieu est l’écho de l’activité de Jésus auprès des pauvres et de ceux qui souffrent. Jésus s’est dépensé pour guérir et pour apporter le salut de Dieu. Une distance s’est établie entre lui et les disciples du Baptiste.

Origines de Hanoucca

9 décembre, 2010

du site:

http://ritesjudaisme.suite101.fr/article.cfm/hanoucca-la-fete-des-lumieres-dans-le-judaisme#ixzz17dfvZhUO

Origines de Hanoucca

Fête joyeuse d’institution rabbinique, Hannouca, ou « Hag HaHanoukka » en hébreu, marque la victoire militaire des Maccabées contre le pouvoir séleucide et les persécutions menées contre la pratique du culte et des rites.
Le prêtre juif Mattathias , son fils Juda et ses frères, conduisent cette révolte des Juifs de Judée au IIe siècle avant Jésus-Christ contre le roi gréco-syrien Antiochus. Ce dernier interdit l’étude de la Torah, la pratique de la circoncision et la célébration du Chabbat. Tout est mis en œuvre pour une hellénisation massive.
Après 3 années de lutte, ils réussissent à chasser les Syriens de Jérusalem mais ne retrouveront leur indépendance que vingt ans plus tard.
Le sionisme donne à cet épisode de l’histoire une dimension nouvelle : le siège de Massada devient le symbole du courage et de la résistance juive.
Il est d’usage d’utiliser des mèches de laine et de l’huile d’olive, en souvenir du Temple de Jérusalem. Les lumières doivent briller au moins une demi-heure avant la tombée de la nuit.
Cette tradition fait référence à l’épisode miraculeux relatant la découverte d’une petite fiole d’huile dans les ruines du Temple de Jérusalem en l’an 164 avant J.-C.. Le contenu de cette fiole aurait permis aux prêtres de maintenir la lumière allumée durant 8 jours alors qu’il ne restait d’huile que pour un seul.

La symbolique des bougies

Première bougie : la Hanoukia
Deuxième bougie : la lumière
Troisième bougie : le miracle
Quatrième bougie : Shabath
Cinquième bougie : l’héroïsme
Sixième bougie : la langue hébraïque
Septième bougie : la solidarité juive
Huitième bougie : la paix

Traditions de Hanoucca, aliments et coutumes
Il est d’usage de consommer des friandises à base d’huile d’olive mais d’autres traditions de provenances diverses ont émergé et perdurent, dont certaines ont été détournées : on offre aux enfants des toupies à 4 faces revêtues d’initiales hébraïques qui signifient « cela fut un grand miracle », ainsi que des pièces de monnaie.
Cette coutume est issue des communautés juives de Pologne au XVIIe siècle, et a été reconvertie aujourd’hui en distribution de cadeaux suivant les communautés.
En référence à l’épisode miraculeux de la fiole d’huile du Temple, on consomme des plats frits dans l’huile d’olive, comme les latkes (beignets de pommes de terre), ainsi que des beignets fourrés de confiture. Pour découvrir quelques recettes de Hanoucca, cliquer sur ce lien.

JÉRUSALEM & RELIGIONS : LES « HANOUKIOT BRILLENT DE MILLE FEUX »

4 décembre, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-26287?l=french

JÉRUSALEM & RELIGIONS : LES « HANOUKIOT BRILLENT DE MILLE FEUX »

Fête des Lumières, du 2 au 9 décembre 2010

ROME, Jeudi 2 décembre 2010 (ZENIT.org) – Les « hanoukiot brillent de mille feux » titre « Jérusalem & Religions » qui présente, sous la plume de Judith Meyer, une exposition de « l’exceptionnelle collection des « hanoukiot » du Musée d’Israël »
La fête juive de « Hanouka » commence en effet aujourd’hui, 2 décembre et dure jusqu’au 9 décembre. Elle est aussi appelée la « Fête des lumières ».
« Pendant huit jours, chaque soir, chaque foyer juif allume une bougie de plus sur une « hanoukia », un chandelier à huit branches, commémorant ainsi le miracle de « Hanouka ». « Hanouka » commémore la purification et la nouvelle dédicace de l’autel du Temple de Jérusalem, après sa profanation par les grecs, à l’époque des Maccabées. Or, selon la tradition juive, durant la purification du Temple, un miracle eut lieu : la quantité d’huile d’une journée brûla durant huit jours, raison pour laquelle la fête dure huit jours. L’allumage de la « hanoukia » étant l’élément dominant de cette fête, « Jérusalem et Religions » a décidé de vous emmener à leur découverte au Musée d’Israël où une salle entière leur est consacrée.
« Chaque hanoukia apparaît comme un joyau. Dans la grande salle consacrée à la fête de Hanouka au musée d’Israël de Jérusalem, trois murs sont tapissés de plus d’une centaine de hanoukiot, petites ou grandes, sobres ou ciselées, argentées ou dorées, présentées dans des vitrines de verre tout spécialement éclairées. L’effet est magique. La richesse artistique de chaque hanoukia est ainsi merveilleusement mise en valeur. Cette présentation dans des « fenêtres » sur mesure, grandes ou petites, carrées ou rectangulaires, verticales ou horizontales, est là pour rappeler que « lorsqu’on allume les bougies de la fête, les hanoukiot sont posées devant une fenêtre afin que le miracle de Hanouka soit connu du monde entier », souligne Haya Benyamin, commissaire d’exposition au sein du département Judaïca du Musée d’Israël et qui a été en charge de la nouvelle muséographie de cette salle dans le cadre de la rénovation du Musée d’Israël qui a rouvert ses portes en juillet 2010 (voir à ce sujet :
http://www.jerusalem-religions.net/…).
« Afin de mieux souligner la dimension artistique des hanoukiot, Benyamin a banni le système classique d’étiquetage. Les données historiques sur chacun de ces précieux objets figurent sur cinq écrans tactiles incrustés dans le mur au milieu des hanoukiot, à hauteur des yeux. Ainsi, le visiteur peut, selon son bon plaisir, passer en revue l’ensemble de ces courtes monographies ou picorer des détails sur les hanoukiot qui ont particulièrement retenu son attention.
« Benyamin a également décidé de montrer le plus de hanoukiot possible. L’exposition, qui ne présente que 10% de la collection de hanoukiot appartenant au musée, est conçue pour pouvoir évoluer. Autre parti pris, mélanger toutes les époques – les plus anciennes datent du 14ème siècle – et toutes les origines géographiques. Auparavant, les hanoukiot étaient regroupées en deux groupes, ashkénaze et sépharade. Aujourd’hui, les hanoukiot du Maroc côtoient celles de l’Autriche alors que la hanoukia d’Irak est aux côtés de ses lointaines sœurs de Pologne. « La vision globale de toutes ces hanoukiot montre la diversité des styles et la richesse de l’imagination des artistes de part le monde et les époques. Cependant, on peut assez facilement identifier l’influence régionale », précise la commissaire d’exposition.
Diversité et « symboles récurrents »
« Diversité d’origine, diversité d’époque, diversité de matériau (or, argent, cuivre, pierre, porcelaine, bois, verre, tissu, …), les hanoukiot révèlent aussi des constantes. « Il y a des symboles récurrents », explique Haya Benyamin. Premier point : nombres de hanoukiot ont une forme de triangle, symbole de la maison. Second élément récurrent : la représentation d’un élément architectural que ce soit une colonne, une fenêtre, une porte, une tour, une arche, … tous destinés à évoquer le Temple de Jérusalem. Enfin, les oiseaux sont omniprésents. Deux explications à cela. D’abord, l’aigle est très présent sur les hanoukiot d’Europe de l’Est, en utilisant cet emblème du pouvoir que ce soit en Pologne, en Autriche, en Russie ou en Allemagne l’artiste marque le respect pour le dit pouvoir. Quant aux autres oiseaux ornant les hanoukiot, ils auraient une signification plus philosophique. Haya Benyamin souligne : « A l’instar des oiseaux qui reviennent toujours à leur nid après les migrations, les juifs en exil sont impatients ou rêvent toujours de revenir chez eux à savoir le Temple de Jérusalem. »
Pour en savoir plus sur la fête de Hanouka cf.
http://www.un-echo-israel.net/

9 novembre – Fête de la dédicace de la Basilique Saint-Jean du Latran

8 novembre, 2010

extrait, du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/09.php

9 novembre – Fête de la dédicace de la Basilique Saint-Jean du Latran
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Rappel historique

A. Corsini, Monument en l’honneur de Louis XV, chapelle Sainte Anne, sacristie, Saint-Jean-de-Latran, Rome, (stuc, marbre et lapis-lazuli). En 1729, Louis XV offrit au chapitre de Saint-Jean-de-Latran les revenus de deux prieurés dépendant de l’abbaye de Clairac. En remerciement, les chanoines décidèrent de lui élever un monument: l’œuvre en stuc, marbre, lapis-lazuli et bronze doré est toujours conservée dans la sacristie au-dessus d’une porte de la chapelle Sainte Anne.
Des documents retrouvés aux archives du chapitre du Latran permettent de retracer l’élaboration de ce monument resté jusqu’à présent totalement méconnu des historiens d’art. Le grand relief, qui s’inscrit dans la tradition des imposants monuments de la Rome baroque, fut sculpté par l’artiste bolonais Agostino Corsini de 1730 à 1733.
Si le monument fut connu à Versailles par l’envoi d’estampes gravées par Miguel Sorello, son érection semble avoir été ignorée à Rome. La correspondance de l’ambassadeur de France en Italie évoque à cette période divers problèmes diplomatiques soulevés à l’occasion de la construction de la façade orientale du Latran, et montre combien ce contexte historique très particulier était peu favorable à la célébration du monument en l’honneur de Louis XV.
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Servant des servants de Dieu:
le Pape Innocent XIII officie au Latran
Extrait des Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803,
(Paris, Garnier Frères, s.d. – vers 1839),

Tome II, pp133-135:

Au moment où le pape Innocent XIII faisait son entrée dans la Basilique de Saint-Jean de Latran qui est l’église cathédrale de Rome, car celle de Saint-Pierre n’est, à proprement parler, qu’un grand oratoire et que la chapelle palatine du Vatican, ceci dans la hiérarchie sacerdotale, au moins, et suivant les traditions presbytérales de la ville sainte, je vous dirais que je m’y trouvais placée dans une tribune, à côté de la Duchesse d’Anticoli, belle-soeur du Pape, et qu’on y vit s’exécuter subitement, au milieu de la nef et du cortège, un temps d’arrêt, précédé par une sorte de mouvement tumultueux dont il était impossible de s’expliquer la cause. Nous vîmes ensuite que toute cette foule empourprée, solennelle et surdorée des Princes de l’Eglise et des Princes du Soglio, s’éloigna du Saint-Père en laissant un grand cercle vide autour de lui. Les douze caudataires du Pape avaient laissé tomber son immense robe de moire blanche qui couvrait, derrière lui, peut-être bien soixante palmes de ce beau pavé de Saint-Jean de Latran. (Je me rappelle que ces caudataires étaient revêtus de vastes simarres en étoffe d’or avec des bordures en velours cramoisi.) Cependant, le Pape était resté debout, tout seul au milieu de la nef, la tiare en tête et la crosse d’or à la main. — Chi sa? Chi non sa? Che sarà dunque? — C’était un transtevère, un villanelle, un soldat peut-être, et c’était dans tous les cas un homme du peuple avec un air sauvage et la figure d’un bandit, qui avait demandé à se confesser au Souverain Pontife, afin d’en obtenir l’absolution d’un caso particolar e pericoloso. Le Saint-Père n’avait pas voulu se refuser à cette demande, qu’il aurait pu trouver téméraire, en bonne conscience, et sans manquer à la charité pontificale ; il se fit spontanément, comme on a dit pour la première fois à l’assemblée nationale, un profond silence, et pendant cette confession, qui dura huit ou dix minutes, notre Saint Père eut constamment son oreille inclinée jusqu’à la bouche de ce villageois qui était agenouillé à ses pieds. Je remarquai que tout de suite après avoir entendu les premiers mots de cet aveu, la figure du Pape était devenue d’une pâleur extrême: il avait eu l’air d’éprouver un saisissement douloureux, un sentiment d’effroi compatissant et de consternation. Après avoir proféré quelques paroles à voix très basse, il imposa une de ses mains sur la tête du pénitent auquel il fit baiser l’anneau du Pêcheur, et Sa Sainteté (c’est un mot qui n’est pas ici de simple formule) éleva pour lors sa tête et ses yeux vers le ciel, avec un air de simplicité, de miséricorde et de majesté surhumaine! — Les Cardinaux chefs d’ordres, les Princes romains, les Patriarches latins et grecs, avec les autres Assistants du Soglio, reprirent leurs places auprès du Souverain Pontife: la magnifique procession se remit en marche, et cet homme alla se perdre dans la foule.
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Sermon sur la dédicace de l’Eglise

La dédicace que nous commémorons aujourd’hui concerne, en réalité, trois maisons. La première, à savoir le sanctuaire matériel, est établie soit dans une maison réservée jadis à des usages profanes et convertie en église soit dans une construction neuve destinée au culte divin et à la dispensation des biens nécessaires à notre salut (…) Il faut certes prier en tout lieu et il n’y a vraiment aucun lieu où l’on ne puisse prier. C’est une chose pourtant très convenable que d’avoir consacré à Dieu un lieu particulier où nous tous, chrétiens qui formons cette communauté puissions nous réunir, louer et prier Dieu ensemble, et obtenir ainsi plus facilement ce que nous demandons, grâce à cette prière commune, selon la parole : « Si deux ou trois d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père.1 »
(…) La deuxième maison de Dieu, c’est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c’est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C’est la demeure sprituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s’est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l’a unifié et l’a consacré en adoptant toute les âmes qu’il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l’unité de la foi et de la charité, en cette Eglise une, fille de l’Eglise universelle, et qui ne fait d’ailleurs qu’un avec l’Eglise universelle. Considérée à part des autres Eglises particulières, elle n’est qu’une partie de l’Eglise, comme le sont toutes les autres Eglises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l’unique Eglise universelle, mère de toutes les Eglises. Si donc on la compare avec l’Eglise tout entière, cette Eglise-ci, notre communauté, est une partie ou une fille de toute l’Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu’elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d’autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu’il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l’aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui.
(…) La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l’Esprit Saint et la demeure de Dieu. (…) Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t’a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.

Lanspergius le Chartreux2
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Sermon CCCXXXVI 

Saint Augustin

La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.
Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule.
Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.3 C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. » Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : « Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur terre entière.4 » On disait alors : « un chant nouveau » ; le Seigneur a dit : « un commandement nouveau. » Qu’est-ce qui caractérise un chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter c’est la ferveur d’un saint amour.
Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.
Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre coeur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, « qui produit, chez les siens, la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien », c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.

Saint Augustin
(sermon pour une dédicace)
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La liturgie

La liturgie de la dédicace vise essentiellement à préparer un lieu pour la célébration eucharistique, une demeure de Dieu parmi les hommes. « C’est, a écrit le R.P Louis Bouyer, la sacralisation du lieu où s’accomplit l’Eucharistie dans l’Eglise, mais on pourrait aussi bien dire du lieu où l’Eglise s’accomplit dans l’Eucharistie. »
La dédicace utilise largement le quadruple symbolisme de l’eau de l’huile, du feu et de la lumière. Certains de ses rites, de caractère apotropaïque remontent à la nuit des temps : toutes les religions, en effet, ont délimité des espaces sacrés en commen­çant par en détourner (c’est le sens du mot apotropaïque) les puissances maléfiques.
Il y a donc, dans la liturgie de la dédicace, une bénédiction de l’eau suivie d’une aspersion des fidèles et de l’autel : « O Dieu, cette eau, sanctifiez-la donc par votre bénédiction ; répandue sur nous, qu’elle devienne le signe de ce bain salutaire où, purifiés dans le Christ, nous sommes devenus le temple de votre Esprit. Nous vous en supplions, faites qu’elle soit délivrée de la maligne in­fluence des esprits impurs et que tous les maux s’en éloignent par la vertu de votre bienveillante protection. Quant à nous qui, avec tous nos frères, allons célébrer les divins mystères, accordez-nous de parvenir à la Jérusalem céleste. »
Déjà apparaît dans cette oraison de bénédiction ce qui est sous-jacent à toute la liturgie de la dédicace son aspect escha­tologique ; l’église de pierres est l’image et la préfiguration de l’Eglise du Ciel. Cette Eglise du Ciel, on n’y arrive que par le passage obligé de la Croix du Christ. Le mystère chrétien est mystère de mort et de résurrection ; cela est éclatant dans la liturgie baptismale. Le monde entier doit être reconquis par la Croix, cette Croix sur laquelle le Christ s’est offert à son Père dans le sacrifice par lequel il a racheté le monde. C’est pourquoi, dans le rite de la dédicace, douze croix sont tracées sur les murs de l’église et chacune d’elle est ointe de saint chrême par l’évêque après qu’il en ait largement répandu sur l’autel. En cette consécration de l’autel culmine d’ailleurs toute la liturgie de la dédicace.
Dans l’autel du sacrifice eucharistique on place solennellement des reliques de martyrs et de saints apportées en procession. Elles associent en quelque sorte, à l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes, les martyrs qui ont donné leur vie pour Lui et les autres saints qui ont vécu pour Lui, complétant, comme le dit saint Paul, ce qui manque à la Passion du Christ.
Après ce rite qui se déroule au chant de psaumes et d’antiennes, l’évêque embrase l’encens qu’il a répandu sur l’autel : au rite et au symbole de l’eau, puis de l’huile, s’ajoute celui du feu qui se complétera par l’illumination des cierges lorsque l’autel aura été recouvert de nappes neuves et blanches, tout comme les nouveaux baptisés sont revêtus de vêtements blancs. Des psaumes, des répons et des antiennes accompagnent ces rites significatifs par eux-mêmes mais dont les textes bibliques chantés accentuent encore le sens profond.
La prière consécratoire chantée par l’évêque, et la Préface qui introduit le canon de la messe qui suit, font percevoir « comment dans l’Eglise de la terre nous participons déjà à l’Eucharistie perpétuelle, à l’action de grâce perpétuelle des chœurs angéliques, et au culte éternel du Père par son Fils incarné. » L’une et l’autre formulent de la manière la plus expressive l’assomption et la rénovation, dans l’unique consécration du sacrifice chrétien, de toutes les formes de consécration antérieures, soit naturelles, soit de l’Ancien Testament.
« Nous vous supplions instamment, Seigneur, de daigner répandre votre grâce sanctificatrice sur cette église et sur cet autel, afin que ce.lieu soit toujours saint et cette table toujours prête pour le sacrifice du Christ. Qu’en ce lieu, l’onde de la grâce divine engloutisse les péchés des hommes afin que, morts au péché, vos fils renaissent à la vie céleste. »
« Qu’en ce lieu retentisse un sacrifice de louange qui vous soit agréable ; que monte sans cesse vers vous la voix des hommes unie aux chœurs des anges et la supplication pour le salut du monde. »
« Père Saint, vous qui avez fait du monde entier le temple de votre Gloire, afin que votre nom fût glorifié en tous lieux, vous ne refusez pas cependant que vous soient dédiés des lieux propres à la célébration des divins mystères : dans l’allégresse nous consacrons donc à votre majesté cette maison de prière que nous avons construite. »
« En ce lieu est abrité le mystère du vrai Temple et l’image de la Jérusalem céleste y est figurée d’avance : en effet, du Corps de votre Fils, né de la Vierge Marie, vous avez fait un temple qui vous est consacré et en qui habite la plénitude de la divinité. Vous avez établi l’Eglise comme la cité sainte, fondée sur les Apôtres. Elle a pour pierre d’angle le Christ Jésus et doit être construite de pierres choisies, vivifiées par l’Esprit et cimentées par la charité; Cité où vous serez tout en tous, à travers les siècles et où brillera éternellement la lumière du Christ. »

2 novembre: Fête de tous les saints

1 novembre, 2010

du site:

http://arras.catholique.fr/page-12519-fete-tous-saints.html

Fête de tous les saints
Premier novembre : tous saints

Lorsqu’un proche nous est enlevé par la mort, notre douleur s’accompagne d’un vif sentiment d’inachevé. Il y a tant d’amour non encore exprimé, tant d’attentes et de désirs qui soudain s’arrêtent. Alors la mémoire se fait plus vive, qui fait surgir du passé telle et telle parole, telle attitude. Quand nous l’avons accompagné dans ses derniers instants, peut-être avons-nous dit « De l’autre côté, de là-haut, tu prieras pour nous, tu penseras à nous !? » Au moment de la mort, nous nous tournons vers un “au-delà” dont nous ne savons pas grand-chose, excepté les images transmises dans notre enfance, les sculptures des tympans des cathédrales et les tableaux des peintres. Tout cela donne à penser, sans satisfaire notre désir de savoir. « Il est retourné à Dieu » est-il dit dans la liturgie des défunts. 

Origines de la fête de Toussaint

Dans le calendrier de l’Église catholique, la Toussaint, apparaît au IV° siècle. L’Église syrienne consacrait alors un jour à fêter tous les martyrs dont le nombre était devenu si grand qu’il rendait impossible toute commémoration individuelle. Cette fête était célébrée dans la continuité de Pâques et de la Pentecôte. On fêtait la victoire du Christ dans la vie de beaucoup d’hommes et de femmes, morts en témoins de la foi.
Trois siècles plus tard, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transformait un temple romain dédié à tous les dieux, le Panthéon, en une église consacrée à tous les saints. Cette coutume se répandit en Occident mais chaque Église locale célébrait la fête à des dates différentes, jusqu’en 835, où elle fut fixée au 1er novembre. 
Aujourd’hui encore, dans l’Église byzantine, c’est le dimanche après la Pentecôte qui est consacré à la fête de tous les saints. Au début du XI° siècle, avec saint Odilon, abbé de Cluny, la fête des morts fut établie au 1er novembre. Aujourd’hui la liturgie sépare le 1er novembre et le 2 novembre. Pour beaucoup de chrétiens une liste de « recommandations des défunts » sera proposée en vue de la prière commune.

Je crois à la communion des saints

Sculpture du Jugement dernier, Tympan 
Nombre de typmans de cathédrales présentent la résurrection et le jugement dernier
Le refus de la séparation, de la rupture définitive entre nous et le défunt entraine parfois des affirmations de proximité, sentiment de l’avoir senti, entendu, reconnu… certains disent faire l’expérience qu’il est encore là. Nous sommes des êtres de relation et de désirs de relation, et nous ne pouvons admettre que cela s’arrête. Ces expressions de ‘continuité’ signifient la protestation et le refus devant la réalité douloureuse.
Nous croyons que le désir de relation vient de Dieu. Il nous a créé à son image, et a voulu entrer en relation avec la famille humaine. Il a voulu que les relations des uns avec les autres grandissent dans la liberté et expriment la communion à laquelle toute l’humanité est appelée. C’est aussi ce qu’exprime le double commandement où l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain sont inséparables. Peut-on tout à la fois affirmer que Dieu a voulu ces relations et accepter que ces relations se brisent dans la mort ? 

Dans la Bible, les saints sont les membres vivants des Eglises.
L’expression “communion des saints” n’exprime pas d’abord la relation entre les vivants et les morts. Aux débuts du christianisme, les baptisés s’appelaient saints, et Paul écrit aux saints de l’Eglise qui est à… Corinthe, à Rome, à Colosse, à Philippe,à Ephèse etc. C’est aussi de cette manière que Luc s’exprime dans les Actes (9,13). La communion des saints exprime la relation particulière des baptisés en Christ. Nous croyons que la communion tissée entre baptisés dans leur humanité 

Assemblée 
…Assemblée des saints, Peuple de Dieu, chante ton Seigneur

se réalisera en plénitude auprès de Dieu. Beaucoup d’animateurs spirituels parlent de notre vie comme d’un pèlerinage sur la terre dont l’horizon est la vie en Dieu. La communion avec les défunts est communion en Dieu. Elle est de l’ordre de la foi. Entre les vivants et les morts, elle n’est ni directe, ni sensible.

Les saints et le martyrologe

L’Eglise fait mémoire des saints, c’est-à-dire qu’elle célèbre la puissance transformante de la grâce de Dieu dans toute vie humaine. Evitons de reporter à l’actif de tel ou tel saint ou sainte ce qui est d’abord don de Dieu. L’eucharistie nous donne d’être en communion avec les saints d’hier et d’aujourd’hui, les vivants et les morts, par Jésus, Christ, mort et ressuscité pour nous. Cela doit orienter notre prière en forme d’action de grâce de merci pour l’œuvre de Dieu dans la vie des hommes. Prier les saints, c’est l’occasion de rappeler telle ou telle merveille ou don de Dieu qui s’est davantage épanoui en lui, en elle.
Dans la prière pour les défunts, nous remettons à Dieu le défunt, alors que nous ressentons douloureusement notre impuissance à faire continuer la relation avec le disparu. Cependant, appeler et désirer la communion avec celui qui est “au-delà” ne peut pas être sincère si nous n’avons pas déjà exprimé “ici-bas” la communion, la solidarité la relation avec les personnes sur terre. Benoit XVI et Jean-Paul II ont rappelé qu’on ne peut séparer, dans l’Eucharistie la relation-communion eucharistique, avec les exigences de communion-solidarité avec les autres humains*, avec celles et ceux dont nous partageons l’existence, avec eux proches ou lointains sur la terre. En effet, « l’union au Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens ».

La prière d’intercession

Les saints, dit-on, intercèdent pour nous, Marie en tête. De même nous sommes invités à intercéder pour nos frères, vivants et morts. Fort bien, mais à condition de nous souvenir qu’il n’y a qu’un intercesseur, puisqu’il n’y a qu’un médiateur: le Christ (Hébreux 7,25; 1 Timothée 2,5). Pas d’intercession hors ou à côté de celle du Christ. Allons plus loin et prenons au sérieux cette parole de Jésus: «Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous car le Père lui-même vous aime» (Jean 16,26-27). Que signifie alors « prier pour », «intercéder»? Cela signifie que nous faisons nôtre d’une part le besoin de nos frères, d’autre part l’amour de Dieu pour eux. Intercéder dans le Christ prend alors toute sa valeur. Par là nous entrons dans la communion des saints et la rendons effective pour nous.

Marcel Domergue, dans Croire aujourd’hui, n°37

21° dimanche du Temps ordinaire (22 août 2010) (bible-service site)

21 août, 2010

du site:

http://www.bible-service.net/site/379.html

21° dimanche du Temps ordinaire (22 août 2010)

Il semble y avoir comme une contradiction dans la Parole de Dieu de ce dimanche : le prophète Isaïe (1° lecture) et le psaume invitent tous les peuples à se réjouir devant la gloire du Seigneur qui sauve tous les hommes; mais Jésus, dans l’évangile du jour, semble limiter le nombre des sauvés : ceux qui passeront par la porte étroite ! Mais une lecture attentive balaie cette contradiction apparente : ce ne sont pas les plus proches nécessairement qui seront sauvés, mais le monde entier viendra à l’appel du Seigneur pour entrer dans le Royaume.

• Isaïe 66, 18-21

Ce sont pratiquement les derniers mots du livre du prophète Isaïe que nous lisons ce dimanche. La troisième partie du livre date de la fin du long exil à Babylone, vraisemblablement après le retour sur la terre des ancêtres. Le peuple est habité à la fois par des sentiments de joie et des désillusions. Joie, car après la dispersion, vient le temps du rassemblement. Avec le Seigneur comme maître d’œuvre de cette convergence vers Jérusalem, “ la montagne sainte ” du Seigneur, non seulement du peuple d’Israël mais également de tous les peuples. C’est donc bien une “ bonne nouvelle ” que le prophète est chargé de communiquer au peuple. Mais aussi désillusions, car tout n’est pas comme le peuple l’avait rêvé : d’autres peuples habitent la terre d’Israël, et retrouver son identité de peuple de Dieu n’est pas simple.
Alors, le peuple reçoit une mission : celle d’annoncer à tous les peuples la gloire de Dieu, les merveilles qu’il réalise pour son propre peuple, et qu’il veut élargir à tous. Cette volonté du Seigneur fait éclater les anciennes barrières, qui tenaient les nations païennes à distance de Jérusalem et du Temple… et donc du Seigneur. C’est la notion même d’élection (peuple choisi) qui se trouve bouleversée : le peuple d’Israël demeure le peuple élu, mais il est choisi pour que tous les peuples se rassemblent. Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus renouvellera cette promesse de rassemblement de toutes les nations.

• Psaume 116

Ce psaume est le plus court de tous les psaumes, mais il n’en est pas moins une belle prière de louange envers le Seigneur. Quel est le motif de cette louange ? Le psalmiste évoque l’amour fort du Seigneur pour “ nous ”, c’est-à-dire le peuple d’Israël. Non seulement le Seigneur aime son peuple, mais à travers lui, désire aimer tous les peuples. La “ fidélité éternelle du Seigneur ” louée par le psalmiste est un autre nom pour dire l’Alliance que Dieu a scellée. Avec son peuple, oui, mais par-delà son peuple, avec toutes les nations. Cette belle prière prolonge le message d’espérance d’Isaïe, en première lecture.

• Hébreux 12,5…13

Ce passage fait suite à la deuxième lecture du dimanche précédent. Il prolonge les appels à l’endurance dans les épreuves, à l’exemple du Christ Jésus. L’accent est mis ici sur les paroles de réconfort qu’apporte l’Écriture. Le passage du livre des Proverbes cité (3,11-12) invoque la pédagogie des pères de la terre pour faire comprendre celle du Père des cieux. Plus que les premiers, il aime ses enfants. C’est par amour qu’il les amène à se corriger. Il veut faire partager sa sainteté (Hébreux 12,10) et non écraser. Il veut redonner vigueur, faciliter notre marche en nivelant notre route, selon la citation de Proverbes 4,26.

• Luc 13, 22-30

Tout ce récit tourne autour de cette question: “ N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés? ” La réponse ne doit pas oublier que cette question est posée alors que Jésus “ marche vers Jérusalem ”, le lieu de son destin. Jésus répond de deux manières. D’abord, il déplace la question : le salut n’est pas une question de nombre, mais de désir fort, voire de combat (efforcez-vousÊ!). Ensuite, il faut se dépêcher, car la porte ne va pas rester ouverte longtemps; le maître de maison (Jésus) va la refermer. Inutile de tergiverser. C’est maintenant ou jamaisÊ! Jésus s’adresse là aux croyants d’Israël, qui hésitent. A leur place, enseigne-t-il , on viendra des quatre points cardinaux pour prendre place au festin du Royaume. Ainsi, chacun peut être sauvé. Il suffit d’accepter ce don de Dieu, que l’on vienne d’Israël ou des nations païennes. La venue du Royaume de Dieu entraîne vraiment un renversement des valeurs humaines et religieuses : “ les premiers seront les derniers… 

jeudi 05 août 2010 – Dédicace de la basilique Sainte Marie-Majeure

5 août, 2010

du site:

http://www.vatican.va/various/basiliche/sm_maggiore/fr/storia/interno.htm

jeudi 05 août 2010 – Dédicace de la basilique Sainte Marie-Majeure

La Basilique de Sainte Marie Majeure, située sur le sommet du col Esquilin, est une des quatre Basiliques patriarcales de Rome et est la seule qui ait conservée les structures paléochrétiennes. La tradition veut que fut la Vierge à indiquer et inspirer la construction de sa demeure sur l’Esquilin. En apparaissant dans un rêve au patricien Jean et au pape Liberio, elle demanda la construction d’une église en son honneur, dans un lieu qu’elle aurait miraculeusement indiqué. Le matin du 5 août, le col Esquilin apparut couvert de neige. Le pape traça le périmètre de la nouvelle église et Jean pourvut à son financement. De cette église il n’y a, à ce jour, aucun vestige mis en evidence par le fouilles, si pas un pas du Liber Pontificalis où on affirme que le pape Liberio « Fecit basilicam nomini suo iuxta Macellum Liviae ». Même les récentes fouilles sous l’actuelle basilique, ont permis de mettre même à jour d’importants vestiges archéologiques comme le superbe calendrier du II-III siècle apr. J.C. ainsi que les restes des murs romains partiellement visibles lors de la visite du musée, mais rien de l’ancienne construction. Le clocher, de style roman de la renaissance, de 75 mètres de hauteur, est le plus haut de Rome. Il a été construit par Grégoire XI lors de son retour d’Avignon à Rome au sommet de celui-ci on été installées cinq cloches. L’une d’elle, la « dispersée », répète chaque soir a vingt-et-un heures, par un son unique, l’appel à tous les fidèles. En passant par le portique, sur la droite, se trouve la statue de Philippe IV d’Espagne, bienfaiteur de la Basilique. L’esquis de l’œuvre, qui a été réalisée par Girolamo Lucenti au XIII siècle, est de Gian Lorenzo Bernini.

Au centre, la grande porte en bronze réalisée par Ludovico Pogliaghi en 1949, avec des épisodes de la vie de la Vierge, des prophètes, des Évangélistes et quatre femmes que dans l’Ancien Testament préfigureront la Vierge. À gauche la Porte Sainte, bênie par Jean Paul II le 8 décembre du 2001, portée à son accomplissement par le sculpteur Luigi Mattei et offerte à la basilique des Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Au centre le Christ renaissant, le modèle represente l’homme au Suaire, qui apparaît à Marie, représentée comme la Salus Populi Romani. En haut à gauche l’Annonciation au puits, épisode tiré de l’Évangile apocryphe, à droite la Pentecôte. En bas dans le côté gauche,le Concile d’Éphèse, qui établit Marie comme THEOTÒKOS, à droite le Concile du Vatican II qui la voulut Mater Ecclesiae. Les armes de Jean Paul II et sa devise sont représentées dans la partie haute, les deux du bas appartiennent au Cardinal Furno, archiprêtre de la Basilique, et de l’ordre du Saint-Sepulcre. L’actuelle basilique remonte au V siècle apr.J.C. Sa construction est liée au Concile d’Éphèse du 431 apr.J.C. qui ploclamât Marie Theotòkos, Mère de Dieu, voulu et financié par Sixte III, Évêque de Rome. En entrant, on est impressionné devant l’étendue de sa splendeur, de ses marbres et la richesse des décorations; l’effet monumental et grandiose est surtout dû à la forme de la structure de celle-ci et à l’harmonie régnant dans les éléments de son architecture.

Construite en suivant les canones du « rythme elégant » de Vitruve, la basilique est divisée en trois nefs par deux files de précieuses colonnes sur lesquelles court un artistique ensemble ininterrompu vers l’abside de deux arcs réalisés à la construction de la Chapelle Sixtine et Paoline. Entre les colonnades et le plafond, les murs à l’origine ajourés par des grandes fenêtres, à ce jour seul la moitié a été conserve en état, les autres ont été murées. Aujourd’hui, par les fenêtres existantes, on peut admirer des fresques qui représentent l »Histoire de la vie de Marie ». Au-dessus des fenêtres et des fresques, une frise en bois décoré d’exquises entailles représentants une série de taureaux chevauchées d’amours s’unissant au cadre du plafond. Les taureaux sont le symbole des Borgia et les armes de Callixte III et Alexandre VI, les deux papes Borgia, se détachent au centre du plafond. Il n’est pas bien clair de ce que fut la contribution de Callixte III à la réalisation de cette œuvre, certes celui qui la réalisa fut Alexandre VI, il y posa son empreinte lorsqu’il était encore archiprêtre de la Basilique: le plafond fut dessiné par Giuliano de Sangallo et complété par son frère Antonio.

La tradition veut que la dorure ait été réalisée avec la premier arrivée d’or provenant d’Amérique offert par Isabelle et Ferdinand d’Espagne à Alexandre VI. A nos pieds s’étant comme un merveilleux tapis le plancher en mosaïque réalisée par les maîtres marbriers Cosma et offert à Eugène III au XII siècle, par Scoto Paparoni et son fils Jean, deux nobles romains. L’harmonie de Sainte Marie Majeure est due en particulier aux splendides mosaïques de la nef du V siècle, voulue de Sixte III se développant le long de la nef central et sur l’arc de triomphe. Les mosaïques de la nef centrale reprennent quatre cycles d’Histoire Sacrée, dans leurs ensemble les protagonistes de celles-ci sont Abraham, Jacob, Moïse et Josué, qui veulent témoigner de la promesse de Dieu au peuple Hébreu d’une terre et son aide à la rejoindre. Le récit, qui ne suit pas un ordre chronologique, se developpe sur le mur de gauche prés de l’arc de triomphe avec le sacrifice sanglant de Melchisedek, roi-prêtre. Sur ce panneau ressort fortement l’influence iconographique romaine. Melchisedek, représenté dans une pose d’offrant, et Abraham, en toge sénatoriale, rappellent le groupe equestre du Marc-Auréle.

Les panneaux suivants illustrent des épisodes de la vie d’Abraham antérieurs au premier panneau. Cela, a fait croire que chaque panneau était fin en soi, cela jusqu’à ce qu’une étude plus approfondie des mosaïques est arrivè à la conclusion que la décoration fut étudiée et voulue. Le panneau avec Melchisedek sert à raccorder les mosaïques de la nef avec ceux de l’arc de trionphe où est recomptée l’enfance du Christ roi et prêtre. Ensuite est entamé le récit sur Abraham, personnage le plus important de l’Ancien Testament, celui auquel Dieu promet une « nation grande et puissante »; avec Jacob, à qui Dieu confirme la promesse faite à Abraham; que Moïsè va libérer le peuple de l’esclavage dans lequel il était né en le rendant « peuple élu »; avec Josuè qui le mènera en terre promise. Le chemin se termine avec deux panneaux, réalisés et peints en fresque au temps des restaurations voulues par le Cardinal Pinelli, qui représentent David qui mène l’Arche de l’Alliance à Jérusalem et le Temple de Jerusalem édifié par Salomon. Il est dans la lignée de David qui naîtra Christ, l’enfance duquel est illustré et tiré à travers les épisodes de l’Évangile apocryphe, dans l’arc de triomphe. En 1995 Jean Hajnal a réalisé un nouveau vitraille dans la rosace de la façade principale. Elle représente l’affirmation du Concile du Vatican II, où Marie, elevée fille de Sion, represente l’anneau de conjonction entre l’Église du Vieux Testament, représentée par le candélabre à sept branches, et du Nouveau, symbolisée par le calice de l’Eucharistie. L’arc de triomphe se compose de quatre registres: en haut à gauche l’Annonciation, dans laquelle Marie est vêtue comme une princesse romaine, avec en main le fuseau avec lequel elle tisse le voile en pourpre destiné au temple dont elle était la servante. Le récit se poursuit avec l’annonce à Joseph, l’adoration des rois Mages et le massacre des innocents. Sur ce panneau il est presque obligatoire d’observer la figure avec le manteau bleu qui donne les épaules aux autres femmes: elle est Sainte Elisabeth qui fuit avec St. Jean dans ses bras.

À droite la présentation au Temple, la fuite en Egypte, la rencontre de la Sacrée Famille avec Afrodisio, le gouverneur de la ville de Sotine. Selon un Évangile apocryphe, lorsque Jésus arrive fugitif à Sotine, en Egypte, les 365 idoles du capitolium tombent. Afrodisio terrifié par le prodige en se rappelant la fin du Pharaon, va avec son armée à la rencontre de la Sacrée Famille et adore l’Enfant en lui reconnaissant la divinité. Le dérnier panneau représente les Mages en presence de Hérode. Aux pieds de l’arc les deux villes de Betléem à gauche et de Jérusalem à droite. Si Betléem est le lieu où Jésus naît et où se produit sa première Épiphanie, Jerusalem est la ville où il y meurt et ressuscite (est un lien avec la crainte de l’apocalypse de sa venue définitive à la fin des temps, mis en évidence par le trône vide au centre de l’arc, trône ou s’appuient Pierre et Paul, le premier appelé par Jesus Christ à répandre la « Bonne nouvelle » entre les hébreux, l’autre entre les Gentils et les païens). Tous ensemble formeront l’Église dont Pierre est guide et Sixte III son successeur. Puisque tel est comme « episcopus plebi Dei » revient à lui de mener le peuple de Dieu vers Jérusalem céleste. Au XIII siècle Nicolas IV, premier Pape franciscain, décide d’abattre l’abside originale et de construire l’actuel en la reculant de quelque mètre, en tirant entre elle et l’arc un transept pour le choeur. La décoration de l’abside fut exécutée par le franciscain Jacopo Torriti et les travaux furent payés par les Cardinaux Jacques et Pierre Colonna. La mosaïque de Torriti se divise en deux parties distinctes: dans la cavité absidale il y a le couronnement de la Vierge, dans la bande au dessous sont représentés les instants les plus importants de sa vie. Au centre de la cavité, renfermés dans un grand cercle, Christ et Marie sont assis sur un grand trône représenté comme un divan oriental. Le Fils pose sur le chef de la Mère la couronne ornée de pierres précieuses. Dans cette mosaïque Marie n’est pas vue seulement comme la Mère, mais plutôt comme l’Église Mère, épouse du Fils. À leurs pieds le soleil et la lune, et au tour choeurs d’anges adorant auxquels viennent s’ajouter St. Pierre, St. Paul, St. François d’Assisi et le pape Nicolas IV à gauche Jean-Baptiste, Jean-Évangéliste, Saint’Antoine et le donateur Cardinal Colonna à droite. Dans le reste de l’abside une décoration à des racèmes bourgeonne à partir de deux troncs posés à l’extrême droite et à l’extrême gauche de la mosaïque. Dans la bande qui se trouve à la base de l’abside les scènes de la vie de la Vierge sont disposés à droite et à gauche du « Dormitio » placés vraiment sous le Couronnement. Ce mode de décrire la mort de la Vierge est typique de l’imagerie byzantines, mais il se répandit également en Occident après les Croisades. La Vierge est étendue sur le lit et, pendant que les anges se prépare à enlever de la vue des Apôtres stupéfait son corps, Jesus Christ prend dans ses bras son « âme » blanche, attendue au ciel. Torriti enrichit la scène avec deux petites figures franciscaines et d’un laïque avec le béret du XIII siècle.

Au dessous de la « Dormitio » le Pape Benoît XIV placera la merveilleuse « Nativité de Christ » de Mancini. Entre les piliers ioniens sous les mosaïques, l’architecte Fuga a placé les bas-reliefs exécutés par Mino del Reame représentant la Naissance de Jésus, le miracle de la neige et la fondation de la basilique par le Pape Libère, la Présentation de Marie et l’Adoration des Mages.
Toujours œuvre de Fuga est le baldaquin qui domine l’autel central devant lequel on trouve la Confession , voulue par Pie IX et réalisé par Vespignani, où est placé le reliquaire de la crèche. Le reliquaire est en cristal, en forme de berceau, et contient des pièces de bois que la tradition affirme appartenir à la Crèche sur laquelle fut déposé Jésus Enfant. Il fut exécuté par Valadier et offert à l’ambassadrice du Portugal.
La statue de Pie IX, le pape du dogme de l’Immaculée Conception est œuvre d’Ignazio Jacometti et fut placée dans l’hypogée selon la volonté de Léon XIII.

Le Pavement
En entrant dans la Basilique on reste admiratif devant la particularité du pavement en mosaïque due aux maîtres marbriers Cosma connus comme « cosmateschi » (sièc. XIII).

Chapelle Cesi
Voulue par le Cardinal Paul Émile Cesi et par son frère Frédéric fut réalisée au tour de 1560 et l’auteur reste inconnu, on retient toutefois que celle-ci fut projetée par Guidetto Guidetti, en collaboration avec Jacques della Porta.

Regina Pacis
La statue de la Regina Pacis,(commandée par Benoît XV en remerciement pour la fin de la première guerre mondiale), a été réalisée par Guido Galli. Sur le visage de la Vierge, séance en trône « Regina Pacis et Sovrana dell’universo », se remarque un sens de tristesse.

La Cappella Sforza
Á coté de l’entrée deux lapidaires rappellent que la chapelle fut réalisée en remerciement au cardinal Guide Ascanio Sforza de Santafiora, archiprêtre de la basilique, et son frère, le cardinal Alexandre Sforza Cesarini, qui en soigna la décoration exécutée en 1573. Selon le Vasari, l’auteur et projecteur a été Michel-Ange Buonarroti, qui nous a laissé deux de ses œuvres où il est bien visible l’originale plante avec ses ellipses sur les côtés et un vain rectangulaire qui accueille l’autel. Les portraits insérés dans les monuments funèbres et le retable d’autel (1573) ont été attribuées à Gerolamo Siciolante de Sermoneta (1521-1580), au début de sa carrière il fut fortement influencé par les maniérisme des artistes romains comme Perin del Vaga, en suite amateur d’un classicisme archaïsant, naturaliste et intellectuellement mature. La table carrée sur l’autel est de Siciolante et représente l’Engagement de la Vierge, l’ aboutissement des ses plans est bien organisée pour passer sans secousses de l’ambiance terrain à celui de céleste, où figure Marie assise, discrète en prière.

Tombe de Bernini
« La Noble famille du Bernin attend ici la Résurrection ». Face à la grandeur du génie du Bernin, on est quelque peu déçu en constatant la simplicité de la plaque tombale d’un des plus grands artistes du 600.

La crèche
En face de l’autel de l’Hypogée, face à la statue de Pie IX et sous ses armes, est conservée et gardée précieusement une célèbre relique, communément appelée « Sacré Berceau ». Elle s’offre à la vue des fidèles dans sa précieuse urne ovale de cristal et d’argent, réalisée par Valadier et placée sur l’autel du même nom.

La crèche d’Arnolfo di Cambio
L’image sentimentale et spirituelle de la reconstruction d’une « Crèche » en souvenir d’un événement vénéré, a ses origines en 432 quand le Pape Sixte III (432/40) créa dans la basilique primitive une « Grotte de la Nativité » semblable à celle de Bethléem. Les nombreux pélerins qui revinrent de Terre Sainte à Rome, portèrent en don de précieux fragments du Bois du berceau sacré (cunabulum) aujourd’hui conservés dans le reliquaire doré de la Confession.
De nombreux pontifes eurent à coeur, dans les siècles suivants, la grotte sacrée de Sixte III, jusqu’à ce que le Pape Nicolas IV en 1288 commanda à Arnolfo di Cambio une représentation sculptée de la « Nativité ».
Nombreux furent les remaniements et les changements dans la Basilique et quand le Pape Sixte Quint (1585/90) voulut ériger dans la nef droite une grande chapelle dite du Saint Sacrement ou Sixtine, il commanda en 1590 à l’architecte Domenico Fontana de transférer sans la démolir l’antique « Grotte de la Nativité » avec les éléments survivants sculptés par Arnolfo di Cambio.

Les trois Mages avec des vêtements et des chaussures élégants, en style gothique rude, et Saint Joseph admirent stupéfaits et respectueux le miracle de l’enfant dans les bras de la Madone (de P. Olivieri) réchauffés par le boeuf et l’âne

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