Archive pour la catégorie 'fête du Seigneur'

Dimanche de Pâques, 12 avril 2009 – Pape Benoît

13 avril, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20090412_pasqua_fr.html
     
Messe de Pâques

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Dimanche de Pâques, 12 avril 2009

Chers Frères et Sœurs !

« Le Christ, notre agneau pascal, a été immolé » (1 Co 5, 7) ! Cette exclamation de saint Paul que nous avons écoutée dans la deuxième lecture, tirée de la première Lettre aux Corinthiens, retentit en ce jour. C’est un texte qui date d’une vingtaine d’années à peine après la mort et la résurrection de Jésus, et pourtant – comme c’est typique de certaines expressions pauliniennes – il reflète déjà, en une synthèse impressionnante, la pleine conscience de la nouveauté chrétienne. Le symbole central de l’histoire du salut – l’agneau pascal – est ici identifié à Jésus, qui est justement appelé « notre Pâque ». La Pâque juive, mémorial de la libération de l’esclavage en Égypte, prévoyait tous les ans le rite de l’immolation de l’agneau, un agneau par famille, selon la prescription mosaïque. Dans sa passion et sa mort, Jésus, se révèle comme l’Agneau de Dieu « immolé » sur la croix pour enlever les péchés du monde. Il a été tué à l’heure précise où l’on avait l’habitude d’immoler les agneaux dans le Temple de Jérusalem. Lui-même avait anticipé le sens de son sacrifice durant la Dernière Cène en se substituant – sous les signes du pain et du vin – aux aliments rituels du repas de la Pâque juive. Ainsi nous pouvons dire vraiment que Jésus a porté à son accomplissement la tradition de l’antique Pâque et l’a transformée en sa Pâque.
A partir de cette signification nouvelle de la fête pascale, on comprend aussi l’interprétation des « azymes » donnée par saint Paul. L’Apôtre fait référence à un antique usage juif : selon lequel, à l’occasion de la Pâque, il fallait faire disparaître de la maison le moindre petit reste de pain levé. Cela représentait, d’une part, le souvenir de ce qui était arrivé à leurs ancêtres au moment de la fuite de l’Égypte : sortant en hâte du pays, ils n’avaient pris avec eux que des galettes non levées. Mais, d’autre part, « les azymes » étaient un symbole de purification : éliminer ce qui est vieux pour donner place à ce qui est nouveau. Alors, explique saint Paul, cette tradition antique prend elle aussi un sens nouveau, à partir précisément du nouvel « exode » qu’est le passage de Jésus de la mort à la vie éternelle. Et puisque le Christ, comme Agneau véritable, s’est offert lui-même en sacrifice pour nous, nous aussi, ses disciples – grâce à Lui et par Lui – nous pouvons et nous devons être une « pâte nouvelle », des « azymes » libres de tout résidu du vieux ferment du péché : plus aucune méchanceté ni perversité dans notre cœur.
« Célébrons donc la fête… avec du pain non fermenté : la droiture et la vérité ». Cette exhortation qui conclut la brève lecture qui vient d’être proclamée, résonne avec encore plus de force dans le contexte de l’Année paulinienne. Chers Frères et Sœurs, accueillons l’invitation de l’Apôtre ; ouvrons notre âme au Christ mort et ressuscité pour qu’il nous renouvelle, pour qu’il élimine de notre cœur le poison du péché et de la mort et qu’il y déverse la sève vitale de l’Esprit Saint : la vie divine et éternelle. Dans la séquence pascale, comme en écho aux paroles de l’Apôtre, nous avons chanté : « Scimus Christum surrexisse a mortuis vere » – « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts ». Oui, c’est bien là le noyau fondamental de notre profession de foi, c’est le cri de victoire qui nous unit tous aujourd’hui. Et si Jésus est ressuscité et est donc vivant, qui pourra jamais nous séparer de Lui ? Qui pourra jamais nous priver de son amour qui a vaincu la haine et a mis la mort en échec ?
Que l’annonce de Pâques se répande dans le monde à travers le chant joyeux de l’Alléluia ! Chantons-le avec les lèvres, chantons-le surtout avec le cœur et par notre vie, par un style de vie similaire aux « azymes », c’est-à-dire simple, humble et fécond en bonnes actions. « Surrexit Christus spes mea : / precedet vos in Galileam – le Christ, mon espérance, est ressuscité !  Il vous précèdera en Galilée ». Le Ressuscité nous précède et nous accompagne sur les routes du monde. C’est Lui notre espérance, c’est Lui la paix véritable du monde ! Amen.

La Semaine Sainte (Ortodoxie)

11 avril, 2011

du site:

http://www.assomptionorient.altervista.org/actualites/archivio/francia/la_semaine_sainte.htm

La Semaine Sainte

(ORTODOXIE)
 
Les chrétiens de rite byzantin qui célèbrent Paques cette année le 23 avril ont, durant toute la Semaine Sainte, des offices très riches dans lesquels se révèle dans toute sa profondeur et son ampleur le mystère du Salut apporté par le Christ. Avec joie, nous vous proposons de découvrir la beauté de cette grande tradition liturgique et spirituelle en suivant la trame de ces offices de la Semaine Sainte jusqu’à la nuit lumineuse où éclate le joie pascale.
 
Le Samedi de Lazare
Prélude de la Croix
 
« Ayant achevé la course des quarante jours…, nous demandons de voir la semaine sainte de ta Passion. »
C’est par ces mots des premières Vêpres du samedi avant les Rameaux, que le Carême se termine, et que nous entrons dans la commémoration annuelle des souffrances du Christ, de sa mort et de sa résurrection. Elle commence le samedi de Lazare. La fête de la Résurrection de Lazare, doublée de celle de l’entrée du Seigneur à Jérusalem, est appelée dans les textes liturgiques : « Prélude de la Croix ». Ce samedi de Lazare est célébré comme un dimanche, c’est-à-dire qu’on y fait l’office de la Résurrection. La joie qui résonne dans l’office souligne le thème principal : la victoire prochaine du Christ sur la mort. « La mort commence à trembler » ; c’est le début d’un duel décisif entre la vie et la mort, un duel qui nous donne la clé de tout le mystère de Pâques.
 
Le Dimanche des Rameaux
Hosanna
 
Du point de vue liturgique, le samedi de Lazare se présente comme l’avant-fête du dimanche des Palmes, jour où l’on célèbre l’entrée du Seigneur à Jérusalem. Ces deux fêtes ont un thème commun : le triomphe et la victoire. Le samedi a révélé l’Ennemi, qui est la mort, le dimanche annonce la victoire, le triomphe du Royaume de Dieu et l’acceptation par le monde de son seul Roi, Jésus-Christ.
 
Les lundi, mardi et mercredi
La fin
 
Ces trois jours, que l’Église appelle grands et saints, ont, à l’intérieur du déroulement liturgique de la sainte semaine, un but bien défini. Ils en situent les célébrations dans la perspective de la Fin. C’est pourquoi nous lisons les grands textes eschatologiques de Matthieu aux chapitres 24, 25 et 26. Le rôle des trois premiers jours de la semaine sainte est précisément de nous mettre en face du sens ultime de la Pâque, cet événement toujours efficient, qui révèle que notre monde, notre temps et notre vie sont à leur fin, et qui annonce le commencement de la vie nouvelle.
 
Le Jeudi Saint
La dernière Cène
 
Deux événements marquent la liturgie de ce jour : la dernière Cène du Christ et la trahison de Judas. L’un et l’autre trouvent leur sens dans l’amour. La dernière Cène est l’ultime révélation de l’amour rédempteur de Dieu pour l’homme, de l’amour en tant qu’essence même du salut. La trahison de Judas, elle, montre que le péché, la mort, la destruction de soi-même, proviennent aussi de l’amour, mais d’un amour défiguré, détourné de ce qui mérite vraiment d’être aimé. Tel est le mystère de ce jour unique dont la liturgie, imprégnée à la fois de lumière et de ténèbres, de joie et de douleur, nous met devant un choix décisif dont dépend la destinée éternelle de chacun de nous. À Matines, le tropaire donne le thème du jour : l’opposition entre l’amour du Christ et le désir insatiable de Judas. À Vêpres, les stichères soulignent l’autre pôle, tragique, de ce grand Jeudi, la trahison de Judas et nous place devant notre propre combat : « Il suivait son maître et, en lui-même, méditait sa trahison… »
 
Le Grand Vendredi
La croix
 
De la lumière du grand jeudi, nous passons aux ténèbres du Vendredi, le jour de la Passion du Christ, de sa mort et de sa sépulture. Pourtant ce jour du Mal, dont la manifestation et le triomphe sont à leur paroxysme, est aussi le jour de la Rédemption. La mort du Christ nous est révélé comme une mort salvifique pour nous. À Matines, les douze lectures du récit de la Passion nous font suivre pas à pas le Christ dans ses souffrances. À Vêpres, l’office de la descente de Croix, les lectures et les hymnes sont remplis de solennelles accusations contre ceux qui, volontairement et librement, ont décidé de tuer le Christ. Le deuxième aspect du mystère de ce jour est celui du sacrifice d’amour qui prépare la victoire finale. La lumière se fait de plus en plus vive et, en même temps, grandissent l’espérance et la certitude que la mort va être vaincue par la vie. L’image du Christ au tombeau reste au milieu de l’Église et chacun est invité à faire ce geste très riche symboliquement de passer sous la table sur laquelle repose la représentation du tombeau, c’est-à-dire à vivre ce passage de la mort à la Vie.
 
Le saint sabbat
Le Vendredi vient juste de se terminer, du point de vue liturgique. C’est pourquoi la tristesse du Vendredi est le thème initial, le point de départ des Matines du Samedi. Cet office commence comme un office des funérailles, une lamentation sur un mort. Nous sommes devant le tombeau de notre Seigneur, nous contemplons sa mort, sa défaite. Mais en réalité, cette défaite apparente se révèle être un duel. Les forces du mal semblent triompher ; le Juste est crucifié, abandonné de tous. Cependant le véritable sens de la descente de Jésus aux enfers est révélé dans un verset de la liturgie : « O Vie, comment peux-tu mourir ? Comment séjournes-tu au tombeau ? » Et la vie réponds alors : « Mais c’est pour détruire la puissance de la mort et ressusciter les morts de l’enfer. »
 
Les Vepres du Samedi Saint
Cet office commence par une composition originale : les Lamentations de l’enfer. L’enfer s’avoue vaincu : « Il eut mieux valu pour moi n’avoir pas accueilli le fils de Marie, car, en pénétrant dans mon domaine, il a mis fin à mon pouvoir… » Là s’exprime dans toute sa force la conception orientale du salut comme arrachement à la mort. La représentation iconographique traditionnelle de la Résurrection c’est la descente victorieuse du Christ aux enfers d’où il délivre Adam et Eve. Sur le modèle des fresques de saint Sauveur in Chora à Istanbul, on voit la force inouie du Christ qui tire de toutes ses forces nos premiers parents. La fin de ces Vepres qui comprennent la Divine Liturgie est marquée par ces fleurs que le pretre lance dans l’église pour signifier déjà la joie de cette victoire du Christ.
 
La Nuit Sainte
Après cette image de la descente victorieuse du Christ aux enfers, c’est l’image du tombeau vide que retient la tradition orientale. Cette joie annoncée résonne sur le parvis de l’église pour que tous puissent entendre. Tout éclate : les chants, la lumière, …Nous vivons désormais en Christ, car, comme le dit un verset : « Nous sommes passés du non-etre à l’etre. » Le péché qui nous sépare de la plénitude de la vie en Christ est vaincu. Symboliquement les portes de l’iconostase resteront ouvertes pour signifier cette communion parfaite que la Résurrection inaugure. Mais si cette victoire est acquise, dans son sens eschatologique, la Résurrection nous tourne vers un but que nous n’avons pas encore atteint.
Tous peuvent désormais feter cette victoire en se saluant pendant tout le temps pascal par cette belle formule. Christos voskrécé, na istina voskrécé ; Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
 
 Sèbastien Courault
 

vendredi 25 mars 2011- Annonciation du Seigneur (Homélie)

24 mars, 2011

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,annonciation.du.seigneur,3100.html

vendredi 25 mars 2011- Annonciation du Seigneur

Famille de saint Joseph

Homélie-Messe  

Une annonciation est bien plus qu’une simple énonciation – l’affirmation d’un fait, ou la description d’un événement ; elle signale l’irruption d’une nouveauté radicale, dont Dieu lui-même est l’auteur. Un monde nouveau est appelé à surgir, à partir d’une jeune fille, moyennant son consentement. L’élue se nomme Marie et est déjà engagée légalement envers un homme issu de la maison de David. La salutation de l’Ange – « Je te salut, comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » – en dit long sur le travail de la grâce prévenante dans le cœur de cette fille d’Israël. Mais il n’y a pas d’annonce de la présence de Dieu sans une mission particulière, dont la réalisation attestera l’authenticité de l’expérience vécue. D’où le trouble chez la jeune fille qui s’inquiète sur ses capacités à pouvoir assurer la mission discrète mais exceptionnelle qui lui est confiée : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? » Qu’elle se rassure : cet enfantement ne requiert aucune intervention humaine ; il va se réaliser par la seule « puissance du Très-Haut » agissant par « l’Esprit Saint », afin que celui qui va naître soit saint lui-aussi.
Toute annonciation véritable est accréditée d’un signe : le renouvellement radical de la vie est annoncé par la fécondité inattendue d’une femme âgée, Elisabeth, « car rien n’est impossible à Dieu ». Cette interprétation lumineuse et pleine d’espérance, libère l’audace de la jeune fille nommée Marie. Elle donne son consentement en s’offrant tout entière à l’action de l’Esprit : « Voici… » : elle se présente à Dieu pour qu’Il fasse en elle son bon plaisir. Le passage à la troisième personne semble souligner le dessaisissement total de sa volonté propre, pour ne plus être que « …la servante du Seigneur ». Elle accepte que « tout se passe selon la parole » dite ; elle s’abandonne au rhéma, traduction grecque de l’hébreu dabar, signifiant la « parole-événement », la parole de Dieu qui se fait événement, et dans notre cas : qui se fait avènement du Verbe dans la chair.
Assuré d’un tel consentement, le messager de Dieu se retire : « L’ange la quitta ». Il peut remonter au ciel, mission accomplie. La Parole commence sa course victorieuse, entraînant irrésistiblement à sa suite tous ceux qui reconnaissent à son passage, la venue des temps nouveaux.
« Dieu a donné son Fils, fruit unique de son cœur, qui était son égal et qu’il aimait comme lui-même : il l’a donné à Marie, et, du sein de Marie, il en fait son Fils, non pas quelqu’un d’autre, mais le même en personne, de sorte qu’il est par sa nature le même Fils unique de Dieu et de Marie. Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu ! Dieu qui a tout formé, s’est formé lui-même du sein de Marie, et ainsi il a refait tout ce qu’il avait fait. Lui qui a pu tout faire de rien, n’a pas voulu refaire sans Marie sa création détruite. Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées. Dieu est le Père de la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé. Dieu a engendré celui sans qui absolument rien n’existe, et Marie a enfanté celui sans qui absolument rien n’est bon. Oui, le Seigneur est vraiment avec toi : il t’a fait un don tel que la nature entière t’est grandement redevable, à toi, en même temps qu’à lui » (Saint Anselme).

Père Joseph-Marie

La Présentation du Seigneur

1 février, 2011

du site:

http://www.inxl6.catholique.fr/article1427.php

La Présentation du Seigneur

Célébrée dès le IIIe siècle à Jérusalem, la fête de la Présentation du Seigneur est fixée au 2 février (quarante jours après le 25 décembre) par le calendrier Justinien vers l’an 430. Une catéchèse de Mgr Christian Kratz

Mgr Christian Kratz
28/01/2004

Cette fête s’appela d’abord « la fête de la Rencontre », puis « la saint Syméon ». Plus tard, elle devint la fête de la Purification avant que le pape Paul VI en 1970 n’en fit une fête du Seigneur en invitant les fidèles à célébrer « la Présentation de Jésus au temple ».
Au-delà des différents accents qui ont marqué cette fête dans l’histoire, il est utile de nous demander ce que l’Eglise souhaite nous dire à travers l’événement de la Présentation que nous rapporte l’évangéliste Luc.
1) Il y a d’abord le rappel qu’en Jésus, Dieu est entré « physiquement » dans l’aventure humaine. A Noël, l’incroyable s’est produit : le Créateur de l’univers, le Maître des temps et de l’histoire, s’est fait petit enfant, s’est compromis avec l’homme au point d’avoir pris chair, acceptant librement, par amour, de connaître les joies, les peines, les combats de toute existence. Lorsque Marie présente Jésus au temple, elle accomplit l’obligation qui incombe à toute famille juive de rendre grâce et d’offrir le fils premier-né à l’Auteur de la vie. Jésus est bien d’une famille, d’une époque, d’une religion; il s’est fait notre compagnon de route pour toujours …
2) Il y a ensuite l’affirmation, par la bouche du vieillard Syméon, que Jésus est « la lumière des nations ». Né dans un pays situé, membre d’un peuple concret, il n’en est pas moins celui qui doit combler l’espérance de tous les hommes et apporter au monde une Bonne nouvelle qui dépasse tout ce que l’être humain peut imaginer. A travers le destin singulier de Jésus de Nazareth, Dieu met en oeuvre son projet : chercher et sauver ceux qui étaient perdus, donner à tous ceux qui y consentent de devenir ses fils et ses filles , ouvrir chacune et chacun à la vérité d’un amour sans frontière et sans limite.
3) Il y a enfin l’annonce que la mission de Jésus passera par le rejet et la mort. Le mystère pascal est inséparable de celui de l’Incarnation. Si Dieu est venu chez nous, s’il a visité son peuple et scellé en Jésus les épousailles avec l’humanité, c’est pour nous libérer de nous-mêmes, de notre orgueil et de notre désespoir, de notre prétention à nous faire le centre de toute chose, et finalement de la fatalité du mal et de la mort. Dieu s’est invité chez nous pour nous inviter chez Lui ! Dieu a partagé notre vie pour nous faire partager la sienne !
En nous manifestant une proximité inouïe et en triomphant du tombeau, Jésus trace pour l’homme un chemin de lumière et d’espérance. Désormais nous savons et nous croyons que la vie n’est pas une cruelle absurdité, que l’amour n’est pas un rêve impossible, que la vie a vaincu la mort … Nous sommes formidablement aimés, désirés, attendus. Rien ni personne ne pourra jamais éteindre l’espérance qui s’est levée en Jésus; malgré tous les obstacles, toutes les difficultés, l’homme a un avenir : Dieu s’est manifesté pour que, du plus profond de sa liberté humaine, il choisisse de répondre à l’Amour et de désirer la Vie.

La fête de la Présentation de Jésus au temple appelle de notre part une triple attitude :
1) Une attitude d’émerveillement.
Pour apprécier à sa juste valeur le don que Dieu nous fait en Jésus, il faut à nouveau nous laisser surprendre par l’incroyable et retrouver cette capacité d’émerveillement que nos richesses, le matérialisme ambiant et la frénésie de consommation ont tendance à émousser. Nous n’aurons jamais fini de comprendre à quel point nous sommes aimés et jusqu’où Dieu est allé pour nous libérer. Le pire réside peut-être dans l’habitude, nous « savons » depuis longtemps, cela ne nous touche plus beaucoup, nous ne consentons plus à laisser vivre notre coeur d’enfant, un coeur aimant, pauvre et disponible qui sait accueillir et se réjouir du cadeau de la vie et de la présence de Dieu donnant sens, profondeur et cohérence à l’existence humaine.
2) Une attitude d’offrande.
Tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes, nous l’avons reçu ! Nous n’en sommes pas propriétaires, mais gestionnaires ! Il nous faut le « rendre » à Dieu dans l’action de grâce et la louange, aux autres dans la solidarité et le partage. Le baptême chrétien nous a fait « prêtres », c’est-à-dire hommes et femmes désireux « d’offrir leur vie en sacrifice saint capable de plaire à Dieu. » Parce que Dieu nous a tout donné, il attend une réponse radicale de notre part, il n’attend pas « quelque chose », il nous attend, il nous veut tout entiers au service de l’amour et de la vie.
3) Une attitude d’espérance.
Malgré toutes les incertitudes et toutes les épreuves qui affectent notre existence humaine, nous savons que notre vie a un sens, une signification et une direction. Nous venons de l’Amour, nous marchons vers un formidable rendez-vous d’amour et nous sommes sur terre pour apprendre à aimer. Cette espérance-là, nous en vivons et nous en témoignons en paroles et en actes car déjà nous voyons apparaître dans la grisaille des jours « les cieux nouveaux et la terre nouvelle » où l’Amour sera définitivement vainqueur.

Mgr Christian Kratz est évêque auxiliaire de Strasbourg

La Présentation de Jésus, une fête qui vient de loin

1 février, 2011

du site: 

http://www.mariedenazareth.com/8064.0.html?&L=0

La Présentation de Jésus, une fête qui vient de loin

La fête du 2 février célèbre un évènement raconté par l’Evangile de saint Luc (Lc 2, 22-40).
Née à Jérusalem au 4ème siècle, la fête du 2 février fut introduite à Rome probablement sous le pontificat de Théodore (642-649), un pape né en Grèce dans une famille originaire de Jérusalem.
Attention, il n’y a pas de calendrier universel :
- à Jérusalem, nous avons, quarante jours après le 6 janvier (épiphanie), la Présentation ou Hypapante, le 14 février ;
- à Rome, nous avons, quarante jours après le 25 décembre, la Présentation ou purification de Marie, le 2 février.
A Rome, il y avait le 2 février le souvenir d’une procession pa?enne pour conjurer les fièvres à Rome, à cause de cela, la procession chrétienne eut un caractère pénitentiel, avec des vêtements violets. La procession romaine aura un double caractère, pénitentiel (couleur violacée) et de fête (cierges en honneur du Christ, « lumière pour éclairer les nations » Lc 2,32).
Jésus (à 8 jours) arrive dans le temple de Jérusalem.
Le temple était construit pour la présence de Dieu, et pour le pardon de Dieu. Voici que Jésus, qui est Dieu, le fils de Dieu incarné, y vient, renouvelant toute chose. C’est pourquoi on lit aussi le prophète Malachie (Ml 3, 1-4).
La Vierge Marie est importante dans cet évènement, puisque c’est elle qui porte l’enfant Jésus.
Exprimant la richesse de l’évènement, le nom de la fête a beaucoup varié, en voici six titres :
Le 40° jour.
La fête de la rencontre, « Hypapante », rencontre entre le Christ et son peuple, à Jérusalem, le peuple est représenté par Syméon et Anne. [1]
La fête de saint Syméon. [1]
La Présentation du Seigneur.
L’entrée du Seigneur au temple (Eglise syrienne).
La purification de Marie au temple. (Déjà dans la tradition Gélasienne [2] apparaît le titre de la fête « purification de sainte Marie », un titre qui persistera dans la liturgie romaine jusqu’en 1969.)
L’important est de comprendre que c’est une fête qui dépend de la fête de Noël.
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[1] cf.  L.DUCHESNE, Pape Serges I (687-701), Liber Pontificalis I, p. 376
[2] cf. A. CHAVASSE. Le sacramentaire gélasien (Vaticanus Reginemis 316). Toumai 1958. pp. 401-402
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F. Breynaert
Cf. Ignazio Calabuig, Il culto di Maria in occidente,
In Pontificio Istituto Liturgico sant’Anselmo. Scientia Liturgica,
sotto la direzione di A.J. CHUPUNGCO, vol V, Piemme 1998.

BENOÎT XVI: FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR (2007)

8 janvier, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi//angelus/2007/documents/hf_ben-xvi_ang_20070107_battesimo_fr.html

FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR

BENOÎT XVI

ANGELUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 7 janvier 2007

Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd’hui la fête du Baptême du Seigneur, qui clôt le Temps de Noël. La liturgie nous propose le récit du Baptême de Jésus au Jourdain dans la rédaction de saint Luc (cf. 3, 15-16.21-22). L’évangéliste raconte que, tandis que Jésus était en prière, après avoir reçu le Baptême au milieu de tous ceux qui étaient attirés par la prédication du Précurseur, le ciel s’ouvrit et que, sous la forme d’une colombe, l’Esprit Saint descendit sur lui. Une voix résonna d’en haut à ce moment-là:  « C’est toi mon Fils:  moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Lc 3, 22).
Le Baptême de Jésus au Jourdain est rappelé et mis en évidence, bien qu’à différents degrés, par tous les Evangélistes. Il faisait en effet partie de la prédication apostolique, puisqu’il constituait le point de départ de tout l’ensemble des faits et des paroles dont les apôtres devaient rendre témoignage (cf. Ac 1, 21-22; 10, 37-41). La communauté apostolique le considérait comme très important, non seulement parce qu’en cette circonstance, pour la première fois de l’histoire, s’était manifesté le mystère trinitaire de façon claire et complète, mais aussi parce que le ministère public de Jésus sur les routes de Palestine avait commencé à partir de cet événement. Le Baptême de Jésus au Jourdain est l’anticipation de son baptême de sang sur la croix, et également le symbole de toute l’activité sacramentelle par laquelle le Rédempteur mettra en oeuvre le salut de l’humanité. Voilà pourquoi la tradition patristique a accordé beaucoup d’intérêt à cette fête, qui est la plus ancienne après celle de Pâques. « Dans le Baptême du Christ, chante aujourd’hui la liturgie, le monde est sanctifié, les péchés sont pardonnés, dans l’eau et dans l’Esprit, nous devenons des créatures nouvelles » (Antienne du Benedictus, Off. des Laudes).
Il existe une étroite corrélation entre le Baptême du Christ et notre Baptême. Au Jourdain, les cieux se sont ouverts (cf. Lc 3, 21) pour indiquer que le Sauveur nous a ouvert la voie du salut et que nous pouvons la parcourir précisément grâce à la nouvelle naissance « d’eau et d’esprit » (Jn 3, 5) qui se réalise lors du baptême. Par lui, nous sommes insérés dans le Corps mystique du Christ, qui est l’Eglise, nous mourons et nous ressuscitons avec Lui, nous nous revêtons de Lui, comme le souligne à plusieurs reprises l’apôtre Paul (cf. 1 Co 12, 13; Rm 6, 3-5; Gal 3, 27). L’engagement qui découle du Baptême est donc celui d’ »écouter » Jésus:  c’est-à-dire de croire en Lui, et de le suivre docilement en faisant sa volonté. C’est de cette façon que chacun peut tendre à la sainteté, un but qui, comme l’a rappelé le Concile Vatican II, constitue la vocation de tous les baptisés. Que Marie, la Mère du Fils bien-aimé de Dieu, nous aide à être toujours fidèles à notre Baptême.

Nous avons vu son étoile (Card. Barbarin)

4 janvier, 2011

du site:

http://www.inxl6.org/article1380.php

Nous avons vu son étoile

« Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

Cardinal Philippe Barbarin
04/01/2009

En ce temps de l’Epiphanie, arrêtons-nous pour contempler ces personnages étranges que sont les mages. L’Evangile les fait apparaître en un lieu précis (Jérusalem, puis Bethléem) et à un moment déterminé de l’histoire (« au temps du roi Hérode »), mais tout dans leur provenance est vague et flou. Combien sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que font-ils ? « Des mages », c’est un pluriel indéterminé qui symbolise la multitude des hommes.
Supportant mal ces imprécisions, les fidèles se sont empressés de dire qu’ils étaient trois, sous prétexte qu’ils apportent trois présents, mais on peut être deux ou dix mille pour offrir de l’or, de l’encens et de la myrrhe. On leur a même donné des noms et, pour copier les trois mousquetaires, un roman n’a pas hésité à leur adjoindre un quatrième compagnon ! Comme nul ne sait ce qu’est un mage et puisque les cadeaux étaient somptueux, on en a fait des rois… Mais voilà… ils ne sont ni rois, ni trois. L’Evangile dit seulement : « des mages ». Ils viennent d’Orient, l’endroit où la lumière paraît, où elle encore petite. Peut-être sont-ils astrologues ? En tout cas, ils observent les étoiles et aiment cette science qui vient du fond des âges et semble être la mère de toutes les autres.

Marcher vers la lumière
Par le lever de cet astre, Dieu indique que le monde et l’histoire ont un centre. Les mages arrivent dans la capitale de la Terre Promise pour demander au peuple élu où est son Roi. L’arrivée des fils d’étrangers à Jérusalem nous rappelle l’explosion de joie du livre d’Isaïe. C’est la première lecture de la fête de l’Epiphanie : « Debout, Jérusalem ! Resplendis ; elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi… Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore… Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur. » Jérusalem ne brille que parce que la lumière est venue et que la gloire s’est levée sur elle. Ce n’est pas elle qui attire, mais sa lumière, celle que Dieu, par grâce, fait resplendir en elle.
La démarche des mages est pleine de beauté et force. Ils ont vu et ils sont venus. Entre ces deux verbes, il faut en sous-entendre un troisième : ils ont cru. Lorsque Dieu nous permet d’entrevoir quelque chose, l’adhésion de l’intelligence conduit à la foi. C’est une énergie intérieure, un mélange de force, de volonté et d’amour qui nous met en chemin. Les mages nous donnent une illustration de la belle maxime de D. Bonhoeffer : « Il ne suffit pas d’être croyant, il faut encore être disciple. » Celui qui croit, se lève, veut écouter et suivre le Maître, et le terme de son parcours sera l’adoration de la source de toute sagesse. « Nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Affronter les ténèbres
Puis notre prière se trouble et s’égare dans l’obscurité, devant la figure d’Hérode jaloux de ses prérogatives, et qui semble dire : « On demande le roi, mais le roi, c’est moi ! » Le conflit sera mortel. Sur son parcours, le déploiement de ce péché entraînera les autres : il a peur et tout Jérusalem avec lui. Les conséquences sont connues : hypocrisie, volonté de puissance, massacre…
C’est à ce moment du récit que l’Ancien Testament est cité dans le prophète Michée. Pris d’inquiétude, le roi Hérode rassemble tous les chefs des prêtres et les tous les scribes d’Israël, pour leur demander où doit naître le Messie. Ils lui répondent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple » (5, 1).
La révélation que Dieu a faite à son peuple, cautionnée par tous les chefs des prêtres et par tous les scribes d’Israël – interprètes autorisés des prophètes – , servira la perversité des desseins du roi ; et sa colère se déchaînera en rage meurtrière contre les enfants, au moment même où la bonté du Père atteint son sommet. Le texte semble souligner le contraste entre la réunion solennelle des sages et des savants, et la convocation secrète des mages. Faut-il craindre que dans les ténèbres du cœur d’un seul homme, le projet d‘amour de Dieu pour tout un peuple puisse être mis en échec ? L’histoire du XXè siècle a été tristement éclairante en ce domaine.

Trouver la joie
Notre joie revient ensuite, grâce à l’étoile consolatrice. Qu’elle nous aide à faire mémoire des visites de Dieu dans nos vies ! Rendons grâce pour les personnes et les événements qui ont été pour nous comme l’étoile des mages. Guidée par Dieu, elle ne fait qu’indiquer le lieu de notre renaissance, de notre conversion, de notre rencontre décisive avec le Messie. Elle apparaît et disparaît. Elle sollicite nos facultés personnelles, et, reconnue pour ce qu’elle est, elle provoque en nous une très grande joie. Est-il possible d’atteindre le bien du salut sans se laisser guider par elle ?
Constatons, sans répondre en théorie, que c’est elle ici qui permet aux Mages d’arriver à bon port. Grâce à elle, toutes les hésitations de l’homme disparaissent. Elle conduit jusqu’à la porte du Royaume celui qui cherche avec droiture.
L’evangile nous invite ensuite à pénétrer avec les mages dans la maison. Profitons de tout ce qui s’offre au regard : les attitudes et les gestes des mages, exprimés en une cascade de verbes : ils entrent, ils voient, ils tombent à genoux et se prosternent, ils ouvrent leurs coffrets et offrent leurs présents… Les cadeaux sont symboliques, dit la tradition : l’or indique la royauté, l’encens la prière adressée à l’Enfant-Dieu, et la myrrhe, son immortalité. Les conséquences sont faciles à tirer : humilité, adoration, offrande, ouverture de tout notre être devant Dieu…
Que se passe-t-il dans le cœur de Marie, quand elle voit entrer ces personnages étonnants ? Rien de particulier, me semble-t-il, aucune surprise. Ce n’est plus comme l’irruption de l’ange Gabriel, à Nazareth ; tout est devenu naturel pour elle. Elle sait bien que la royauté n’est pas dans ces mages fastueux, mais dans la chair fragile de l’enfant qu’elle tient dans ses bras. Depuis plus de six mois, elle chante que Dieu renverse les potentats de leurs trône et élève les humbles. Elle voit ce que font les hommes, elle entend ce qu’ils disent, mais elle sait désormais que toute sa vie a été saisie, qu’elle est dans la main de Dieu.

Poursuivre la route
Au terme de ce temps de la Nativité, lorsque nous passons en revue tout ce qui a été vécu depuis Noël : la venue des anges et des bergers, l’hommage du monde entier à cet enfant dans le prosternement des mages, les regards et les gestes de tendresse de Joseph et de Marie reflétant l’infini de l’amour trinitaire, comment ne pas se représenter ces familles de Bethléem où d’autres enfants, aimés, vont mourir sur l’ordre féroce d’Hérode… Comment ne pas penser que l’histoire se poursuit malheureusement, vingt siècles plus tard, sur cette Terre Sainte qui n’arrive pas à trouver la paix ? Comment ne pas évoquer aussi les absents, ceux à qui justement la naissance du Messie est destinée : les chefs des prêtres et les scribes du peuple élu. Ils ne sont pas venus. On ne les a pas vus.
Et moi, en ce temps de Noël, m’a-t-on vu devant la crèche, me suis-je prosterné devant l’Enfant-Dieu dans l’adoration silencieuse ? Dieu se servira peut-être de moi, comme d’une étoile, pour indiquer la présence du Messie aux hommes de ce temps, mais il faut d’abord suivre le chemin des mages et imiter leur attitude : savoir se prosterner devant l’enfant Dieu, ouvrir les coffrets, tout ouvrir, même ce qui est le plus secret, le plus scellé, ce qui est merveilleux comme ce qui fait honte. Puis s’offrir soi-même comme toute la vie du Christ fut une offrande pour l’amour des hommes. « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. »
Gloria et Pax, c’est le grand message de Noël. Que nos vies soient disponibles pour la gloire de Dieu, et il fera de nous des artisans de paix ! Il rendra son peuple semblable à une foule d’étoiles qui se lèvent devant le regard attentif des mages du XXIè siècle pour leur donner la joie, la très grande joie de se mettre en route et de découvrir enfin le Prince de la Paix.

Le Cardinal Philippe Barbarin est Archevêque de Lyon

PAPE BENOIT- ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR (2008) : HOMÉLIE

1 janvier, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080106_epifania_fr.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Dimanche 6 janvier 2008 

Chers frères et sœurs,

Nous célébrons aujourd’hui le Christ, Lumière du monde, et sa manifestation aux nations. Le jour de Noël, le  message  de la liturgie retentissait ainsi:  « Hodie descendit lux magna super terram – Aujourd’hui, une grande lumière descend sur la terre » (Missel Romain). A Bethléem, cette « grande lumière » apparut à un petit groupe de personnes, un minuscule « reste d’Israël »:  la Vierge Marie, son époux Joseph et quelques pasteurs. Une humble lumière, dans le style du vrai Dieu:  une petite flamme allumée dans la nuit:  un nouveau-né fragile qui pleure dans le silence du monde… Mais l’hymne de louange des multitudes célestes, qui chantaient gloire et paix, accompagnait cette naissance cachée et inconnue (cf. Lc 2, 13-14).

Ainsi cette lumière, bien que modeste dans son apparition sur la terre, se projetait avec force dans les cieux:  la naissance du Roi des Juifs avait été annoncée par l’apparition d’une étoile, visible de très loin. Tel fut le témoignage de « plusieurs Mages » venus d’Orient à Jérusalem, peu après la naissance de Jésus, au temps du roi Hérode (cf. Mt 2, 1-2). Encore une fois, le ciel et la terre, le cosmos et l’histoire s’appellent et se répondent. Les antiques prophéties se retrouvent dans le langage des astres. « Un astre issu de Jacob devient chef, / un sceptre se lève, issu d’Israël » (Nb 24, 17), avait annoncé le voyant païen Balaam, appelé à maudire le peuple d’Israël, mais qui en revanche le bénit, car – Dieu lui révéla – « ce peuple [...] est béni » (Nb 22, 12). Chromace d’Aquilée, dans son commentaire à l’Evangile de Matthieu, mettant en relation Balaam avec les Mages, écrit:  « Celui-ci prophétisa que le Christ serait venu; et ces derniers le virent avec les yeux de la foi ». Et il ajoute une observation importante:  « L’étoile était vue par tous, mais tous n’en comprirent pas le sens. De la même manière, le Seigneur notre Sauveur est né pour tous, mais tous ne l’ont pas accueilli (ibid., 4, 1-2). Dans une perspective historique, apparaît ici la signification du symbole de la lumière appliqué à la naissance du Christ:  il exprime la bénédiction particulière de Dieu sur la descendance d’Abraham, destinée à s’étendre à tous les peuples de la terre.

L’événement évangélique que nous rappelons dans l’Epiphanie – la visite des Mages à l’Enfant Jésus à Bethléem – nous renvoie ainsi aux origines de l’histoire du peuple de Dieu, c’est-à-dire à l’appel d’Abraham. Nous sommes au 12 chapitre du Livre de la Genèse. Les 11 premiers chapitres sont comme de grandes fresques qui répondent à plusieurs questions fondamentales de l’humanité:  quelle est l’origine de l’univers et du genre humain? D’où vient le mal? Pourquoi y a-t-il plusieurs langues et civilisations? Parmi les récits du début de la Bible, apparaît une première « alliance », établie par Dieu avec Noé, après le déluge. Il s’agit d’une alliance universelle, qui concerne toute l’humanité:  le nouveau pacte avec la famille de Noé est en même temps un pacte avec « toute chair ». Ensuite, avant l’appel d’Abraham, on trouve une autre grande fresque très importante pour comprendre  le  sens de l’Epiphanie:  celle de la tour de Babel. Le texte sacré affirme qu’à l’origine « tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots » (Gn 11, 1). Puis les hommes dirent:  « Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux!  Faisons-nous  un  nom  et  ne soyons pas dispersés sur toute la terre! » (Gn 11, 4). La conséquence de ce péché d’orgueil, semblable à celui d’Adam et Eve, fut la confusion des langues et la dispersion de l’humanité sur toute la terre (cf. Gn 11, 7-8). Voilà ce que signifie « Babel », et ce fut une sorte de malédiction semblable à celle d’Adam et Eve chassés du paradis terrestre.

A ce point, commence l’histoire de la bénédiction, avec l’appel d’Abraham:  c’est le commencement du grand dessein de Dieu pour faire de l’humanité une famille, à travers l’alliance avec un peuple nouveau, qu’Il a choisi pour qu’il soit une bénédiction parmi toutes les nations (cf. Gn 12, 1-3). Ce plan divin est encore en cours et a atteint son moment culminant dans le mystère du Christ. Depuis ce moment, les « temps derniers » ont commencé, au sens où le dessein a été pleinement révélé et réalisé dans le Christ, mais il demande à être accueilli par l’histoire humaine, qui reste toujours une histoire de fidélité de la part de Dieu et, malheureusement, également d’infidélité de notre part à nous, les hommes. L’Eglise elle-même, dépositaire de la bénédiction, est sainte et composée de pécheurs, marquée par la tension entre le « déjà » et le « pas encore ». Dans la plénitude des temps, Jésus Christ est venu conduire l’alliance à son accomplissement:  Lui-même, vrai Dieu et vrai homme, est le Sacrement de la fidélité de Dieu à son dessein de salut pour l’humanité tout entière, pour nous tous.

L’arrivée des Mages d’Orient à Bethléem, pour adorer le Messie nouveau-né, est le signe de la manifestation du Roi universel aux peuples et à tous les hommes qui cherchent la vérité. C’est le début d’un mouvement opposé à celui de Babel:  de la confusion à la compréhension, de la dispersion à la réconciliation. Nous entrevoyons ainsi un lien entre l’Epiphanie et la Pentecôte:  si le Noël du Christ, qui est le Chef, est également le Noël de l’Eglise, son corps, nous voyons dans les Mages les peuples qui se joignent au reste d’Israël, préannonçant le grand signe de l’ »Eglise polyglotte », réalisé par l’Esprit Saint cinquante jours après Pâques. L’amour fidèle et tenace de Dieu, qui ne manque jamais à son alliance, de génération en génération. C’est le « mystère » dont parle saint Paul dans ses Lettres, également dans le passage de la Lettre aux Ephésiens qui vient d’être proclamé:  l’Apôtre affirme que ce mystère « lui a été fait connaître par révélation » (cf. Ep 3, 3) et qu’il est chargé de le faire connaître.

Ce « mystère » de la fidélité de Dieu constitue l’espérance de l’histoire. Il est certes marqué par des mouvements de divisions et des abus de pouvoir, qui déchirent l’humanité à cause du péché et du conflit des égoïsmes. Dans l’histoire, l’Eglise est au service de ce « mystère » de bénédiction pour l’humanité tout entière. Dans ce mystère de fidélité de Dieu, l’Eglise n’accomplit pleinement sa mission que lorsque se reflète en elle la lumière du Christ Seigneur, et qu’elle aide ainsi les peuples du monde sur la voie de la paix et du progrès authentique. En effet, la parole de Dieu révélée par l’intermédiaire du prophète Isaïe reste toujours valable:  « … les ténèbres s’étendent sur la terre, / et l’obscurité sur les peuples » (Is 60, 2). Ce que le prophète annonce à Jérusalem s’accomplit dans l’Eglise du Christ:  « Les nations marcheront à ta lumière et  les  rois  à  ta clarté naissante » (Is 60, 3).

Avec Jésus Christ, la bénédiction d’Abraham s’est étendue à tous les peuples, à l’Eglise universelle comme nouvel Israël qui accueille dans son sein l’humanité tout entière. Aujourd’hui aussi, pourtant, ce que disait le prophète reste vrai dans beaucoup de sens:  « l’obscurité s’étend sur les peuples » et notre histoire. On ne peut pas dire, en effet, que la mondialisation soit synonyme d’ordre mondial, bien au contraire. Les conflits pour la suprématie économique et la domination des ressources énergétiques, hydriques et des matières premières rendent difficile le travail de ceux qui, à tous les niveaux, s’efforcent de construire un monde juste et solidaire. Il y a besoin d’une espérance plus grande, qui permette de préférer le bien commun de tous au luxe d’un petit nombre et à la misère d’un grand nombre. « Cette grande espérance ne peut être que Dieu… non pas n’importe quel dieu, mais le Dieu qui possède un visage humain » (Spe salvi, n. 31):  le Dieu qui s’est manifesté dans l’Enfant de Bethléem et dans le Crucifié-Ressuscité. S’il existe une grande espérance, on peut persévérer dans la sobriété. Si la véritable espérance manque, on recherche le bonheur dans l’ivresse du superflu, dans les excès, et l’on se ruine soi-même, ainsi que le monde. La modération n’est donc pas seulement une règle ascétique, mais également une voie de salut pour l’humanité. Il est désormais évident que ce n’est qu’en adoptant un style de vie sobre, accompagné par un engagement sérieux pour une distribution équitable des richesses, qu’il sera possible d’instaurer une ordre de développement juste et durable. C’est pourquoi il y a besoin d’hommes qui nourrissent une grande espérance et qui possèdent donc beaucoup de courage. Le courage des Mages, qui entreprirent un long voyage en suivant une étoile, et qui surent s’agenouiller devant un Enfant et lui offrir leurs dons précieux. Nous avons tous besoin de ce courage, ancré à une solide espérance. Que Marie nous l’obtienne, en nous accompagnant au cours de notre pèlerinage terrestre par sa protection maternelle. Amen!

La fête du Christ Roi ou la transformation de la Création (21 novembre 2010)

20 novembre, 2010

du site:

http://www.inxl6.org/article1866.php

La fête du Christ Roi ou la transformation de la Création

(Dimanche 21 novembre 2008)

nous célébrons la fête du Christ Roi de l’Univers. C’est le dernier dimanche de l’année liturgique. Celle-ci commence le premier dimanche de l’avent qui prépare les fêtes de Noël. La fête du Christ Roi de l’univers vient nous dire que toute la création est transformée dans le Christ. Tout l’univers est renouvelé dans la mort, la résurrection et la montée au cieux du Christ. Une catéchèse de Mgr Bouilleret

+ Jean-Luc Bouilleret
23/11/2008

Mais pourquoi donc parler du Christ Roi de l’univers pour désigner la transformation de toute la création. Quel drôle de nom Christ Roi ! Cette manière de parler évoque un mode de gouvernement, celui de la royauté. Dans la première partie de la bible appelée le premier testament, la royauté est la forme de gouvernement adoptée par le peuple d’Israël.
Le premier roi fut Saül, puis David, Salomon et bien d’autres encore. Le modèle de roi retenu par la tradition est David. Dernier fils de Jessé, il gardait le troupeau de son père avant de recevoir l’onction d’huile par le prophète Samuel. On gardera son souvenir à travers les siècles.
Dans le nouveau testament, bien des titres ont été donnés à Jésus de Nazareth. Il l’appelle Christ, c’est à dire le Messie, celui qui a reçu l’onction. Il est fils de David. Il est Fils de l’Homme, Seigneur, Maître, Nouvel Adam, l’Alpha et l’Omega, c’est à dire le début et la fin en référence à la première et dernière lettre de l’alphabet grec.
L’Eglise a retenu pour ce dernier dimanche de l’année, le terme de Christ Roi de l’univers.
Dans le langage courant, il est souvent fait allusion au roi. On parle de l’enfant roi, de roi du foot, du roi des stades. Le roi, c’est ce qu’il y a de mieux, de plus fort.
Parler du Christ Roi de l’univers, c’est parler de quelle victoire ? Sur quel royaume Jésus règne-t-il ? Depuis quel trône le Christ exerce-t-il son pouvoir ? Au sommet de quoi est-il ?
Son trône, c’est le croix. Le sommet, c’est le calvaire de la crucifixion. Selon nos catégories humaines, la royauté du Christ n’est que dérision. Le roi, le plus grand, le plus fort, le vainqueur est pendu à un morceau de bois. Il ne tient pas son sceptre dans la main. Il est attaché comme un criminel à la croix.
Quel scandale et quelle horreur ! Comment pouvons-nous croire en un tel roi !
L’évangile de la liturgie du dimanche du Christ Roi de l’univers nous décrit la mort de Jésus sur la croix. C’est Saint Luc qui nous raconte les derniers instants de la vie terrestre de Jésus de Nazareth. Les soldats qui surveillent les condamnés le raillent, se moquent de lui. « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » On avait même mis un écriteau au dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des juifs. » Il est bien affublé comme cela celui que les foules acclamaient peu de temps auparavant. Elles voulaient même le faire roi, un roi politique.
Et pourtant, parmi les deux condamnés qui accompagnent Jésus sur une croix, l’un d’entre eux va reconnaître la royauté de Jésus : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » Jésus va répondre à l’appel de ce supplicié : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. ». Lorsque l’Eglise célèbre la fête du Christ Roi de l’univers, elle proclame que tout est transformé dans la mort, la résurrection et la montée au cieux du Christ. L’Eglise confesse que tout l’univers a été créé à l’image de Jésus Christ, le Fils unique du Père. Il est la Sagesse du monde en qui tout a été fait et vers qui tout s’achemine. Dire le Christ Roi de l’univers, c’est dire que tout prend fin en Jésus Christ. Nous sommes tous destinés à le rejoindre dans son royaume.
Toute la création est appelée à être transformée par le chemin du Christ. Ce chemin est un chemin d’amour, de disponibilité totale pour les autres, d’abandon entre les mains du Père, de vie dans l’Esprit.
Un des premiers évêque de Lyon, Saint Irénée exprime cette transformation en disant que tout est récapitulé en Christ. Il parle de récapitulation en Christ. Dans récapitulation, il y a caput, c’est à dire tête. Le Christ devient tête de tout l’univers.
Non seulement les hommes et les femmes seront transformés au terme de la vie de l’univers.. Les animaux, les plantes et toute matière seront transformés, traversés par la lumière du Christ ressuscité.
Chrétiens, nous avons parfois oublié que le Christ a annoncé son retour dans la gloire. Après avoir élevé le pain et le vin, corps et sang du Christ, nous chantons dans la liturgie : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »
La fête du Christ Roi de l’univers vient dire cette venue dans la gloire du Seigneur Jésus.

Mgr Jean-Luc Bouilleret est évêque d’Amiens

14 septembre – Fête de la Croix Glorieuse

13 septembre, 2010

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/09/14.php

14 septembre – Fête de la Croix Glorieuse

Prière

Dieu tout puissant qui avez souffert la mort à l’arbre patibulaire pour tous nos péchés, soyez avec moi.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, ayez pitié de moi.
Sainte-Croix de Jésus-Christ soyez mon espoir.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, repoussez de moi toute arme tranchante.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, versez en moi tout bien,
Sainte-Croix de Jésus-Christ, détournez de moi tout mal.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, faîtes que je parvienne au chemin du
Sainte- Croix de Jésus-Christ repoussez de moi toute atteinte de mort.
Sainte-Croix de Jésus Christ préservez moi des accidents corporels et temporels.
Que j’adore la Sainte Croix de Jésus-Christ a jamais.
Jésus de Nazareth crucifié, ayez pitié de moi.
Faites que l’esprit malin et nuisible fuie de moi. dans tous les siècles des siècles, amen.

En l’honneur du sang précieux de notre Seigneur Jésus-Christ, en l’honneur de son incamation, par où il peut nous conduire à la vie éternelle, aussi vrai que Notre Seigneur Jésus-Christ est né le jour de Noël et qu’il a été crucifié le vendredi saint.
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Historique

Chacun se souvient comment la vraie croix avait été retrouvée par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin[1] (voir au 18 août). En 335, l’empereur Constantin, invite pour le trentième anniversaire de son avènement, les Pères réunis à Tyr à la dédicace des deux basiliques[2] qui doit avoir lieu le 13 septembre à Jérusalem.
Le lendemain de la dédicace, le dimanche 14 septembre, l’évêque de Jérusalem montre pour la première fois à la foule le bois sacré de la Croix (l’hyposis) et, sur ordre de Constantin, les Pères décrètent la célébration annuelle de la dédicace et de l’exaltation, au 14 septembre. Un morceau de la Croix étant apporté à Constantinople, on y célèbre la même fête avec l’hyposis. Cette fête est répandue dans tout l’Orient dès le VII° siècle, et on la trouve à Rome au plus tard au temps du pape Serge I° (687-701) à la notice duquel, dans le Liber pontificalis, on trouve la mention suivante : En la sacristie du bienheureux apôtre Pierre, se trouve un reliquaire où est renfermée un précieuse et considérable portion du bois salutaire de la croix du Sauveur … Au jour de l’Exaltation de la sainte croix, le peuple chrétien baise et adore cette relique dans la basilique constantinienne du Saint-Sauveur[3].
Il est aujourd’hui de bon ton, pour prétendre être pris au sérieux, d’afficher un souverain mépris pour les reliques en général et pour celles de la vraie Croix en particulier. La perfide doctrine des anciens réformés, pilleurs de sacristies et ravageurs d’œuvres d’art, est devenue celle des catholiques à la mode : « on ne saurait adorer les os d’un martyr qu’on ne soit en danger d’adorer les os de quelque brigand ou larron, ou bien d’un âne, ou d’un chien, ou d’un cheval.[4] » Ainsi, depuis que certains catholiques se sont persuadés qu’ils sont les héritiers des Lumières, on enlève les reliquaires de la vénération des fidèles pour les séquestrer dans la crasse des arrières-sacristies quand on ne les a pas vendus à d’avides antiquaires.
Pour faire taire les résistants, la propagande iconoclaste se réclame de l’esprit de Vatican II dont la lettre, pourtant, dans la Constitution sur le sainte Liturgie recommande que l’on vénère les reliques authentiques des saints (n° 111), et que le droit de 1983, application directe de Vatican II, interdit absolument de vendre les saintes reliques ou de les aliéner en aucune manière, voire de les transférer définitivement (canon 1190). Dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992), l’index thématique de l’édition française a beau avoir oublié le mot, on trouve cependant la chose dans le texte qui présente la vénération des reliques comme une des expressions variées de la piété des fidèles dont la catéchèse doit tenir compte (n° 1674). D’aucuns, à la vantardise plus savante, font remarquer doctement que le culte des reliques est inconnu dans l’antiquité chrétienne ; ils mentent effrontément puisque les actes du martyre de saint Polycarpe, en 156, en font une attestation certaine : « prenant les ossements plus précieux que les gemmes de grand prix et plus épurés que l’or, nous les avons déposés dans un lieu convenable. Là même, autant que possible, réunis dans l’allégresse et la joie, le Seigneur nous donnera de célébrer l’anniversaire de son martyre en mémoire de ceux qui sont déjà sorti du combat, et pour exercer et préparer ceux qui attendent le martyre. » On se souvient aussi, en 177, d’une lettre où l’Eglise de Lyon regrettait de n’avoir pu conserver les restes de ses martyrs[5].
La tradition, comme nous l’avons dit plus haut, rapporte généralement que l’on doit à l’impératrice Hélène la découverte[6] de la Vraie Croix. La mère de Constantin, suivit son fils à Constantinople où elle souffrit durement des excès de l’Empereur qui avait fait assassiner sa seconde femme pour avoir fait exécuter Crispus, fils d’un premier lit. En expiation, Hélène qui venait de fêter son soixante-dix-huitième anniversaire, s’en alla en pèlerinage à Jérusalem.
Il convient de rappeler que l’empereur Adrien (76-138), après avoir détruit Jérusalem et chassé les Juifs de leur pays (136), rebaptisa la ville Aelia Capitolina et la fit reconstruire en y enlevant jusqu’au souvenir judéo-chrétien ; sur le Golgotha, lieu du Calvaire, fut élevé un temple à Vénus. Sainte Hélène ne trouva que décombres et ruines païennes dans la Ville Sainte.
«  Elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux  du sépulcre de Notre Seigneur, et les anciens de la ville, qu’elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu’était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d’ardeur et de diligence, qu’elle découvrit enfin ce trésor que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu’il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations.  Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu’elle n’eût osé l’espérer : car, outre la Croix, elle trouva encore  les autres instruments de la Passion, à savoir : les clous dont Notre Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant, une chose la mit extrêmement en peine : les croix des deux larrons, crucifiés avec Lui, étaient aussi avec la sienne, et l’Impératrice n’avait aucune marque pour distinguer l’une des autres. Mais saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l’assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu’il lui plût de découvrir à son Eglise quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant : une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu’elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu’alors à tous les remèdes humains et qu’elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour,saint Macaire rencontra un mort qu’une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu’on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita. Sainte Hélène, ravie d’avoir trouvé le trésor qu’elle avait tant désiré, remercia Dieu d’une grande ferveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la Croix, qu’elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l’église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais Sessorien (demeure de l’Impératrice) près du Latran qui a toujours depuis le nom de Sainte-Croix-de-Jérusalem. »
Certes, Eusèbe de Césarée (263-339), dans La Vie de Constantin le Grand, parle bien de l’édification de la basilique, mais ne souffle mot de la découverte de la vraie Croix ; de surcroît, transcrivant le discours de la dédicace de la Basilique, il ne parle pas de l’évènement mais seulement du signe sauveur. Voilà qui suffit aux iconoclastes pour dire que la tradition est une vaste blague. Avant de courir à une telle conclusion, il serait prudent de s’aviser que ledit Eusèbe de Césarée rejetait tout culte des images du Christ « afin que, écrit-il à Constancia, nous ne portions pas, à la manière des païens, notre Dieu dans une image. » Ajoutons, comme l’a si bien démontré Paschali, que la Vita Constantini n’est pas l’œuvre originale car sa révision interrompue par la mort d’Eusèbe, fut publiée à titre posthume avec des ajouts et des restrictions pour justifier la politique de Constantin II. De toutes façons, un silence d’Eusèbe de Césarée ne saurait constituer une preuve, et l’on doit considérer d’autres témoignages. Les archives mêmes d’Eusèbe, comme celles de Théodoret de Cyr (393-460) et celles de Socrate (380-439), conservent une lettre de Constantin au patriarche de Jérusalem : « La grâce de Notre Sauveur est si grande que la langue semble se refuser à dépeindre dignement le miracle qui vient de s’opérer ; car est-il rien de plus surprenant que de voir le monument de la Sainte Passion, resté si longtemps caché sous terre, se révélant tout à coup aux Chrétiens, lorsqu’ils sont délivrés de leur ennemi ? »
A part quelques détails secondaires, des auteurs dont l’enfance est contemporaine du voyage de l’Impératrice ou ceux de la génération qui suit, attestent de l’Invention de la Sainte Croix par sainte Hélène et de son culte ; ainsi peut-on se référer à saint Cyrille de Jérusalem (mort en 386), à saint Paulin de Nole (mort en 431), à saint Sulpice Sévère (mort en 420), à saint Ambroise de Milan (mort en 397), à saint Jean Chrysostome (mort en 407), à Rufin d’Aquilée (mort en 410), à Théodoret de Cyr ou à l’avocat de Constantinople, Socrate.
Déjà saint Cyrille, deuxième successeur de saint Macaire au siège de Jérusalem, mentionne que des parcelles de la Vraie Croix sont dispersées à travers le monde entier, ce qu’attestent par ailleurs deux inscriptions datées de 359 relevées en Algérie, l’une près de Sétif et l’autre au cap Matifou.
Si saint Ambroise de Milan décrit l’adoration de la Crux Realis par sainte Hélène, saint Jérôme raconte, dans une lettre à Eustochie, comment sa propre mère, sainte Paule, vénéra le bois sacré de la Croix à Jérusalem.
Saint Jean Chrysostome dit que les chrétiens accouraient pour vénérer le bois de la Croix et tâchaient d’en obtenir de minuscules parcelles qu’ils faisaient sertir dans des métaux précieux enrichis de pierreries.
Saint Paulin de Nole envoie une de ces parcelles à saint Sulpice Sévère en lui recommandant de les recevoir avec religion et de les garder « précieusement comme une protection pour la vie présente et comme un gage de salut éternel. »
Le 5 mai 614, les Perses s’emparèrent de Jérusalem, pillèrent les églises et envoyèrent ce qui restait de la Croix à leur empereur, Chosroës II[7]. Après plus de dix ans de malchance, Héraclius[8] battit les Perses et obligea le successeur de Kosroës à restituer la relique de la Croix qu’il rapporta en triomphe à Jérusalem. Héraclius entra dans la ville, pieds nus, portant la Croix sur ses épaules (21 mars 630). Le bois de la Croix séjourna quelques années à Sainte-Sophie de Constantinople puis retourna à Jérusalem. Le bois de la Croix a été partagé en trois grandes parts, elles-mêmes fractionnées, pour Jérusalem, Constantinople et Rome. Ce qui restait du morceau de Jérusalem fut caché pendant l’occupation musulmane et ne réapparut que lorsque la ville fut prise par les Croisés qui s’en servirent souvent comme étendard, de sorte qu’il fut pris par Saladin à la bataille d’Hiltin (1187) et ne fut rendu qu’après la prise de Damiette (1249) pour être partagé entre certains croisés dont Sigur de Norvège et Waldemar de Danemark.
Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des reliques de la Passion qu’il avait achetées à l’empereur de Constantinople : c’étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l’éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.
Luther a dit qu’avec les reliques de la Vraie Croix on pourrait construire la charpente d’un immense bâtiment et Calvin affirma que cinquante hommes ne porteraient pas le bois de la Vraie Croix. L’avis des deux hérétiques fut admis comme une vérité révélée et chacun les répéta en souriant. Or, d’après le travail minutieux de M. Rouhault de Fleury, on peut supposer que la Croix du Seigneur représentait cent quatre-vingt millions de millimètres cubes. Si l’on met ensemble les parcelles que l’on conserve et celles qui ont été détruites mais dont on connaît la description, on totalise environ cinq millions de millimètres cubes. Rouhault de Fleury, généreux, multiplie les résultats de son enquête par trois pour ce qui pourrait être inconnu ; on est loin du compte !
Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des reliques de la Passion qu’il avait achetées à l’empereur de Constantinople : c’étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l’éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.
Il existait, à Paris, une église Sainte-Croix de la Cité qui devint une paroisse, probablement vers 1107, lorsque furent dispersées le moniale de Saint-Eloi qui y avaient une chapelle dès le VII° siècle. Le curé tait à la nomination de l’abbé de Saint-Maur-des-Fossés. L’édifice qui s’élevait à l’emplacement de l’actuel Marché aux fleurs, avait été construit en 1450 et dédié en 1511, il fut détruit en 1797.
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[1] Elle commença par visiter les Lieux saints ; l’Esprit lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : « Voici le lieu du combat; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas. » Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une femme. Mue par l’Esprit-Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche donc le croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles été confondues et interverties. Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix du milieu portait l’inscription : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Par là fut terminée la démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut (saint Ambroise).
[2] Les basiliques du Mont des Oliviers et du Saint-Sépulcre.
[3] La basilique du Saint-Sauveur est depuis devenue la basilique Saint-Jean de Latran, cathédrale de Rome.
[4] Calvin : Traité des reliques
[5] Voir au 2 juin ; « Lettre des serviteurs du Christ qui habitent Vienne et Lyon, en Gaule, aux frères qui sont en Asie et en Phrygie, ayant la même foi et la même espérance de la rédemption. »
[6] On disait autrefois : « L’invention de la sainte Croix » ; invention vient du latin inventio qui signifie : « acte de trouver, de découvrir » ; il y avait d’ailleurs une fête particulière de L’invention de la sainte Croix qui était célébrée le 3 mai. Dans certains calendriers, on célèbre l’Invention, c’est-à-dire la découverte du corps ou des reliques d’un saint.
[7] Chosroès II le Victorieux, roi sassanide de Perse de 590 à 628) qui  fut élevé au trône par une révolte des féodaux, durant les troubles provoqués par le soulèvement de Vahram Tchubin. Celui-ci, qui prétendait descendre des Arsacides, se proclama roi sous le nom de Vahram VI, et Chosroès dut aller se placer sous la protection de l’empereur Maurice. Avec l’aide militaire des Byzantins, il réussit à reconquérir son trône (591) et maintint pendant plus de dix ans la paix avec Byzance. En 602, après l’assassinat de l’empereur Maurice par Phocas, il rouvrit les hostilités contre l’empire d’Orient, sous prétexte de venger Maurice. Ses armées envahirent la Syrie et l’Anatolie, atteignirent la Chalcédoine et le Bosphore et menacèrent directement Constantinople (608). En 6l4, elles firent la conquête de Jérusalem, qui fut mise au pillage pendant trois jours, puis les Perses pénétrèrent en Egypte et s’emparèrent d’Alexandrie (616). Chosroès II avait ainsi reconstitué l’ancien Empire perse des Achéménides et porté à son apogée la puissance sassanide. Allié des Avars, il vint bloquer Constantinople (626), mais l’Empire byzantin se ressaisit avec Héraclius. Après la victoire des Byzantins à Ninive (628), Chosroès dut fuir Ctésiphon, sa capitale, et fut déposé par son fils Khavad II, qui le fit tuer quelques jours plus tard.
[8] Héraclius, né en Cappadoce vers 575, fut empereur d’Orient 610 à 641. Venu au pouvoir en renversant l’usurpateur Phocas, il trouva l’Empire au bord de la ruine. Les Perses envahissaient l’Asie Mineure, s’emparaient de Jérusalem (614) et de l’Egypte (619) ; les Avars parvenaient sous les murs de Constantinople. Heraclius déclencha contre les Perses une véritable croisade (622-628), remporta sur Chosroès II la victoire décisive de Ninive (12 décembre 627) et reconquit tous les territoires perdus en Orient ; en mars 630, il rapporta en grande pompe à Jérusalem la Vraie Croix, qui avait été enlevée par Chosroès II. Mais cet effort offensif avait épuisé l’Empire, qui se retrouva impuissant devant le déferlement de l’invasion arabe : l’écrasement de l’armée byzantine à Yarmouk (636) provoqua la perte, cette fois définitive, de la Syrie, de Jérusalem (638), de la Mésopotamie (639), de l’Egypte (639-642) Le règne d’Héraclius s’achevait ainsi par un désastre, qu’avait préparé, à l’intérieur, la grande querelle religieuse du monophysisme. Il mourut à Constantinople le 10 février 641.

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