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Dimanche 6 janvier 2013 : commentaires de Marie Noëlle Thabut – PREMIERE LECTURE – Isaïe 60, 1 – 6

4 janvier, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 6 janvier 2013 : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Isaïe 60, 1 – 6

1 Debout, Jérusalem !
 Resplendis :
 elle est venue ta lumière,
 et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi.
2 Regarde : l’obscurité recouvre la terre,
 les ténèbres couvrent les peuples ;
 mais sur toi se lève le SEIGNEUR,
 et sa gloire brille sur toi.
3 Les nations marcheront vers ta lumière,
 et les rois, vers la clarté de ton aurore.
4 Lève les yeux, regarde autour de toi :
 tous, ils se rassemblent, ils arrivent ;
 tes fils reviennent de loin,
 et tes filles sont portées sur les bras.
5 Alors tu verras, tu seras radieuse,
 ton coeur frémira et se dilatera.
 Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi
 avec les richesses des nations.
6 Des foules de chameaux t’envahiront,
 des dromadaires de Madiane et d’Epha.
 Tous les gens de Saba viendront,
 apportant l’or et l’encens
 et proclamant les louanges du SEIGNEUR.

Vous avez remarqué toutes les expressions de lumière, tout au long de ce passage : « Resplendis, elle est venue ta lumière… la gloire (le rayonnement) du SEIGNEUR s’est levée sur toi (comme le soleil se lève)… sur toi se lève le SEIGNEUR, sa gloire brille sur toi…ta lumière, la clarté de ton aurore…tu seras radieuse ». On peut en déduire tout de suite que l’humeur générale était plutôt sombre ! Je ne dis pas que les prophètes cultivent le paradoxe ! Non ! Ils cultivent l’espérance.
 Alors, pourquoi l’humeur générale était-elle sombre, pour commencer. Ensuite, quel argument le prophète avance-t-il pour inviter son peuple à l’espérance ?
 Pour ce qui est de l’humeur, je vous rappelle le contexte : ce texte fait partie des derniers chapitres du livre d’Isaïe ; nous sommes dans les années 525-520 av.J.C., c’est-à-dire une quinzaine ou une vingtaine d’années après le retour de l’exil à Babylone. Les déportés sont rentrés au pays, et on a cru que le bonheur allait s’installer. En réalité, ce fameux retour tant espéré n’a pas répondu à toutes les attentes.
 D’abord, il y avait ceux qui étaient restés au pays et qui avaient vécu la période de guerre et d’occupation. Ensuite, il y avait ceux qui revenaient d’Exil et qui comptaient retrouver leur place et leurs biens. Or si l’Exil a duré cinquante ans, cela veut dire que ceux qui sont partis sont morts là-bas… et ceux qui revenaient étaient leurs enfants ou leurs petits-enfants … Cela ne devait pas simplifier les retrouvailles. D’autant plus que ceux qui rentraient ne pouvaient certainement pas prétendre récupérer l’héritage de leurs parents : les biens des absents, des exilés ont été occupés, c’est inévitable, puisque, encore une fois, l’Exil a duré cinquante ans ! 
 Enfin, il y avait tous les étrangers qui s’étaient installés dans la ville de Jérusalem et dans tout le pays à la faveur de ce bouleversement et qui y avaient introduit d’autres coutumes, d’autres religions…
 Tout ce monde n’était pas fait pour vivre ensemble…
 La pomme de discorde, ce fut la reconstruction du Temple : car, dès le retour de l’exil, autorisé en 538 par le roi Cyrus, les premiers rentrés au pays (nous les appellerons la communauté du retour) avaient rétabli l’ancien autel du Temple de Jérusalem, et avaient recommencé à célébrer le culte comme par le passé ; et en même temps, ils entreprirent la reconstruction du Temple lui-même.
 Mais voilà que des gens qu’ils considéraient comme hérétiques ont voulu s’en mêler ; c’étaient ceux qui avaient habité Jérusalem pendant l’Exil : mélange de juifs restés au pays et de populations étrangères, donc païennes, installées là par l’occupant ; il y avait eu inévitablement des mélanges entre ces deux types de population, et même des mariages, et tout ce monde avait pris des habitudes jugées hérétiques par les Juifs qui rentraient de l’Exil ; alors la communauté du retour s’est resserrée et a refusé cette aide dangereuse pour la foi : le Temple du Dieu unique ne peut pas être construit par des gens qui, ensuite, voudront y célébrer d’autres cultes ! Comme on peut s’en douter, ce refus a été très mal pris et désormais ceux qui avaient été éconduits firent obstruction par tous les moyens. Finis les travaux, finis aussi les rêves de rebâtir le Temple !
 Les années ont passé et on s’est installés dans le découragement. Mais la morosité, l’abattement ne sont pas dignes du peuple porteur des promesses de Dieu. Alors, Isaïe et un autre prophète, Aggée, décident de réveiller leurs compatriotes : sur le thème : fini de se lamenter, mettons-nous au travail pour reconstruire le Temple de Jérusalem. Et cela nous vaut le texte d’aujourd’hui :                                             
Connaissant le contexte difficile, ce langage presque triomphant nous surprend peut-être ; mais c’est un langage assez habituel chez les prophètes ; et nous savons bien que s’ils promettent tant la lumière, c’est parce qu’elle est encore loin d’être aveuglante… et que, moralement, on est dans la nuit. C’est pendant la nuit qu’on guette les signes du lever du jour ; et justement le rôle du prophète est de redonner courage, de rappeler la venue du jour. Un tel langage ne traduit donc pas l’euphorie du peuple, mais au contraire une grande morosité : c’est pour cela qu’il parle tant de lumière !                 
 Pour relever le moral des troupes, nos deux prophètes n’ont qu’un argument, mais il est de taille : Jérusalem est la Ville Sainte, la ville choisie par Dieu, pour y faire demeurer le signe de sa Présence ; c’est parce que Dieu lui-même s’est engagé envers le roi Salomon en décidant « Ici sera Mon Nom », que le prophète Isaïe, des siècles plus tard, peut oser dire à ses compatriotes « Debout, Jérusalem ! Resplendis… »
 Le message d’Isaïe aujourd’hui, c’est donc : « vous avez l’impression d’être dans le tunnel, mais au bout, il y a la lumière. Rappelez-vous la Promesse : le JOUR vient où tout le monde reconnaîtra en Jérusalem la Ville Sainte. » Conclusion : ne vous laissez pas abattre, mettez-vous au travail, consacrez toutes vos forces à reconstruire le Temple comme vous l’avez promis.
 J’ajouterai trois remarques pour terminer : premièrement, une fois de plus, le prophète nous donne l’exemple : quand on est croyants, la lucidité ne parvient jamais à étouffer l’espérance. 
 Deuxièmement, la promesse ne vise pas un triomphe politique… Le triomphe qui est entrevu ici est celui de Dieu et de l’humanité qui sera un jour enfin réunie dans une harmonie parfaite dans la Cité Sainte ; reprenons les premiers versets : si Jérusalem resplendit, c’est de la lumière et de la gloire du SEIGNEUR : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi… sur toi se lève le SEIGNEUR, et sa gloire brille sur toi… »

 Troisièmement, quand Isaïe parlait de Jérusalem, déjà à son époque, ce nom désignait plus le peuple que la ville elle-même ; et l’on savait déjà que le projet de Dieu déborde toute ville, si grande ou belle soit-elle, et tout peuple, il concerne toute l’humanité.
 *****

 Complément
 Certains d’entre nous reconnaissent au passage un chant que les assemblées chrétiennes aiment bien chanter : « Jérusalem, Jérusalem, quitte ta robe de tristesse… Debout, resplendis car voici ta lumière… »

Homélie de l’Epiphanie du Seigneur

4 janvier, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie de l’Epiphanie du Seigneur

Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a, 5-6 ; Mt 2, 1-12

Il y a quelques années, un journaliste français catholique, Jacques Duquesne, publiait un ouvrage titré « Jésus ». L’intention de l’auteur était de présenter à un large public, mais cultivé, l’état actuel des recherches de l’exégèse biblique et les questions qu’elle soulève, sans pour autant être résolues. Ce livre a fait couler beaucoup d’encre et autant de salive. Il a éclairé un grand nombre de lecteurs. Il en a choqué ou troublé beaucoup d’autres. Ce qui n’a rien d’étonnant, compte tenu de la complexité de ces questions délicates. Mais il est vrai que « Nous sommes tentés d’interpréter les Ecritures de manière simpliste, c’est-à-dire littéraliste ou fantaisiste » (Commission Biblique Pontificale, 1993).
… Un peu comme cette jeune dame qui, lors d’une conférence tenue par J. Duquesne, interpella l’orateur, en lui déclarant : « Je ne lirai jamais votre livre. » – « Et pourquoi ? » – « Parce que vous ne respectez rien. Vous prétendez même que Jésus n’est pas né un 25 décembre ! » Un exemple extrême, qui, prête à sourire, car le 25 décembre est une date symbolique, transposition chrétienne d’une fête païenne de la lumière nouvelle. Et qu’aurait dit cette jeune chrétienne, en apprenant du très orthodoxe Urs von Balthasar, commentant le récit des rois mages : « L’événement est symbolique » ? Et j’ajoute, pour ceux qui voudraient être rassurés, que cet ami de Jean Paul II a reçu de lui l’équivalent d’un prix Nobel de théologie et le cardinalat.
Le vrai problème est donc de bien comprendre ce qu’a voulu enseigner Matthieu dans ce récit que l’on peut qualifier de « construction catéchétique imagée », destiné à des Juifs devenus chrétiens ou désireux de le devenir. De plus, puisque la Parole de Dieu est toujours « contemporaine de chaque époque », nous devons savoir quelle leçon en tirer pour notre vie chrétienne aujourd’hui.
Pour Matthieu, il s’agissait de montrer que le message de Jésus et son héritage spirituel n’étaient pas réservés au seul peuple d’Israël, mais qu’ils s’adressaient tout autant à ces étrangers païens qu’ils détestaient. Il fallait aussi justifier cette nouvelle tout à fait révolutionnaire, en prouvant qu’elle correspondait parfaitement aux annonces faites par les prophètes d’Israël. Leur faire comprendre également que, si la naissance de Jésus a pratiquement été ignorée de l’actualité publique du temps, il n’en est pas moins le Messie annoncé par les prophètes : « De Jacob se lèvera un astre, d’Israël surgira un homme ». Il lui f allait aussi expliquer pourquoi les mieux informés, les plus pieux et les plus pratiquants des Juifs, y compris le grand prêtre et son conseil sacerdotal, qui tous connaissaient la Bible et attendaient le Messie avec foi et ferveur, non seulement ne l’ont pas reconnu, mais l’ont plus tard combattu et même dénoncé comme blasphémateur.
Il faut donc lire ce texte à partir du centre du récit, qui est Jésus, plutôt que de s’accrocher aux rois mages, au risque de passer à côté de ce que vise le texte.
Les mages, mi-savants, mi-magiciens, et donc païens, la Bible ne les aime pas, d’autant plus que la magie était totalement bannie d’Israël. Par contre, selon la tradition chaldéenne de Babylone, les mages qui obéissent aux astres et parfois même les considèrent comme des dieux, y découvrent habituellement l’annonce de la naissance de grands personnages, qu’ils vont ensuite honorer. Ce fut le cas pour Néron, peut-être même pour César et Alexandre le Grand.
Chez les Juifs, il y a aussi une étoile, mais elle est dans la Bible et non pas au firmament. Aux abords de notre ère, le lien entre l’astre biblique de Jacob et l’avènement du Messie était solidement établi. De même, Isaïe avait annoncé que des païens découvriraient la vraie lumière au Temple de Jérusalem et viendraient à dos de chameau apporter de l’or et de l’encens pour louer le Seigneur… (1e lecture). Voilà en bref les ingrédients de la composition catéchétique.
Sans entrer dans plus de détails, venons-en aux leçons pour aujourd’hui.
Nous ne sommes pas les propriétaires de la vérité et l’on ne possède pas la foi à la manière d’un compte en banque. Elle est un chemin d’amour et non pas « un point de vue arrêté, complet, établi une fois pour toutes » (Mgr Huard, Tournai). Elle est vie et donc croissance. Ce récit évangélique veut aussi nous dire que les chrétiens ne constituent pas un peuple de privilégiés, détenteurs des grâces divines., tandis que les autres en seraient privés. Et nous risquons parfois, comme les gens de Jérusalem, de camper fermement sur nos certitudes définitives, au point de ne pas voir une lumière qui vient d’ailleurs et de ne pas accueillir les surprises de l’Esprit qui souffle où il veut et quand il veut.
Par contre, il peut y avoir des étrangers à notre foi qui désirent la lumière, qui la cherchent et qui peuvent trouver, même dans les rites de leur religion païenne, un message authentique de Dieu. Il peut nous arriver de mettre un masque sur le visage du Messie et de ne plus le reconnaître, alors qu’il est tout proche.
On peut également être prince, chef des prêtres, brillant théologien, chrétien engagé, et avoir une frousse bleue d’être dérangé dans ses traditions et ses habitudes croyantes. Tandis que d’autres restent en quête de vérité, avides de connaître, disponibles à la nouveauté, toujours à l’affût d’un signe du ciel, d’une lumière évangélique. Les mages cherchaient un roi, et ils ne trouvent qu’un enfant pauvre, encore incapable de parler, ce qui veut dire que Dieu se laisse reconnaître sous des traits inattendus. Encore aujourd’hui.
Les mages sont des hommes de savoir et des chercheurs en quête de vérité et de lumière. Ils se laissent interpeller par les évènements de leur vie quotidienne. Ils acceptent de sortir de leur train-train journalier et même de prendre la route de l’aventure, au risque de dangers et de grosses surprises.
Tout au contraire, à Jérusalem, les croyants n’ont pas bougé, ils n’ont pas pris au sérieux les Ecritures. Ils ont eu peur d’être bousculés dans la quiétude et l’assurance de leurs certitudes. Ce qui a fait écrire à Urs von Balthasar : « Ainsi, souvent, l’Eglise quand, par un saint, un message inattendu la dérange ». Ce qui vaut également pour chacun d’entre nous. Voyez les croyants de Jérusalem. Ils sont restés assis, sûrs d’eux-mêmes et ont raté leur rendez-vous avec le Messie. Mais il n’est pas rare, dans l’Histoire sainte, de rencontrer Dieu déçu par ceux qui se disent ses fidèles.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Lectio Divina – Année C: Epiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12)

3 janvier, 2013

http://say.sdb.org/blogs/JJB/2013/01/01/lectio-divina-annee-c-epiphanie-du-seign-12

Lectio Divina – Année C: Epiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12)

par Juan José Bartolomé 

[P. Txema Martínez, traducteur]

Mathieu ne nous offre pas la chronique d’un épisode de l’enfance de Jésus, comme il peut le sembler à simple vue ; il réfléchit, plutôt, sur l’identité réelle du nouveau-né et il nous avance de forme voilée une explication du refus qu’il souffrira après. Jésus est l’attendu descendant de David, dont la souveraineté fut reconnue en Israël depuis le principe avec l’aide de l’Écriture. Mais l’Écriture qui l’annonçait avec détaille, ne fut pas suffisante pour obtenir son acceptation : ceux qui ne savaient pas où le trouver se mirent en route ; les proches, désintéressés, laissèrent l’initiative aux païens. La docilité du gentil, qui se sert de n’importe quel indice dans le ciel pour se mettre en chemin vers le Dieu-avec-nous, contraste avec l’entêtement du Juif, qui sait lui où doit apparaître Dieu, mais qu’il ne se daigne pas d’apparaître par là. Dans l’intention de Mathieu, et plus au-delà de tout sentimentalisme, le récit est un sérieux avertissement : savoir bien qui est Jésus et où on peut le rencontrer, ne conduit pas nécessairement ni à la foi et ni à l’offrande qu’il mérite. Et cela peut conduire, cependant, à le perdre. Ce n’est pas vrai qu’encore aujourd’hui continuent à le chercher, et pleins de dons, ceux qui moins le connaissent ou ceux qui sont les plus éloignés de lui ? Que s’intéressent à lui ceux qui en étaient plus éloignés et plus ignorants, n’est pas une simple anecdote : perd Dieu celui qui, comptant déjà sur sa présence donnée, ne le cherche plus ; cette recherche, pour être authentique, doit nous retrouver pleins de dons, et non de désirs insatisfaits, pendant que nous marchons vers lui : nous pouvons aller le cherche un peu désorientés, mais non sans présents à lui offrir.
Suite:

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des Mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent :  » Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui « . En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :  » A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : ‘Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple’. Alors Hérode convoqua les Mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile leur était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :  » Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui « . Sur ces paroles du roi, ils partirent.
Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
I. LIRE : Comprendre ce que le texte dit en considérant comme le dit
Après avoir raconté la naissance du Messie à Bethléem, avec l’épisode des sages d’Orient, Mathieu fait publique la nouvelle : ici ne sont plus des anges qui annoncent et des bergers qui veillent la nuit, comme nous le racontait Luc (Lc 2, 8-20), sinon des étrangers venus de très loin guidés par une étoile qui se chargent de faire connaître la bonne nouvelle : « le roi des juifs vient de naître ». Quoique les faits se présentent comme vraisemblables (naissance de Jésus à Bethléem, pendant les derniers années du roi Hérode ; croyance populaire de que l’apparition de nouvelles étoiles signalait un changement important dans la histoire et la naissance d’un personnage…), sa chronique sert au programme du rédacteur : seulement les païens de loin savent qu’Israël a déjà le Messie et le cherchent sans repos pour l’adorer, bien qu’ils méconnaissent qui est lui et où le trouver. La destinée tragique de Jésus, être ignoré par ses compatriotes et cherché par les étrangers, commence à se réaliser depuis le commencement même de son apparition sur la terre. Manifestation publique et public rejet sont liés depuis le principe.
Les Mages et Hérode sont les authentiques protagonistes de l’épisode. Les Mages, dont la recherche, guidés par une étoile, mais sans trop de lumières, fait connaître la naissance du « roi juif » à Hérode, roi des juifs. Hérode, dont les scribes connaissent les Écritures et savent où doit naître le Messie, n’a aucune intention d’aller le trouver. Le contraste ne peut pas être plus évident : alertés et conduits par la nature, les Mages se sont mis en route ; guidés par une étoile, mais beaucoup plus par son désir de adorer le Messie juif, ils questionnent à celui qui puisse les aider. En possédant l’Écriture et connaissant le lieu, près d’où il habite, Hérode et ses savants ne bougent pas, mais ils y restent sursautés. Savoir que le Messie est né les remplit, non de joie, mais d’une peur formidable. Le salut peut être redoutable pour celui qui ne le désire pas.
Pendant qu’Hérode a la Parole et celui qui le lui interprète à sa disposition, les Mages n’ont qu’une étoile comme guide et qui, des fois, se cache. Obligés à enquêter, ne s’arrêtent pas de chercher. Et l’étoile revient à leur montrer le chemin et le but. À celui qui cherche le Dieu adorable, ne lui manqueront pas d’étoiles qui le conduiront jusqu’à Lui et, même, lui serviront de guide ceux qui ni croient, ni leur intéresse que le Messie soit né.
Ce n’est pas indifférent qu’« une immense allégresse » précédât la rencontre avec le petit enfant et avec Marie, sa mère : la joie dans la recherche précède la rencontre, celle-ci l’annonce immédiate. Ce n’est pas indifférent, non plus, que les dont vinssent après l’adoration : plus on donne, moins coûte offrir, quand plus adorable ressentons le Seigneur. Ce n’est pas indifférent, loin de là, qu’on trouvât Jésus près de sa mère. Pourquoi manque-t-il ici Joseph, s’il a été le protagoniste du récit antérieur ? : Jésus, que nous cherchons, n’est pas loin de Marie.
II. MÉDITER : Appliquer ce que le texte dit à la vie
Le récit de l’adoration des Mages complète la chronique de l’incarnation de Dieu, le mystère que nous sommes en train de célébrer durant ces jours-ci. La fête d’aujourd’hui n’est pas seulement, comme on pense fréquemment, une fête tendrement familiale où, selon la tradition, nous avons l’habitude de couronner les enfants comme les rois du foyer pour un jour. C’est vrai, il y aura quelques raisons par lesquelles le peuple chrétien a osé rappeler les dons que le petit Jésus reçut de mains des inconnus et faire des cadeaux aux petits enfants de la maison et aux personnes le plus familières. Mais ce que, en réalité, nous les chrétiens nous célébrons c’est la toute première manifestation de Jésus au monde païen. Ce ne sont pas les rois Mages la raison de notre fête sinon Dieu qui se révèle à celui qui le cherche. Ce ne sont pas non plus les dons qu’il mérita recevoir mais son épiphanie aux plus éloignés ce que nous célébrons : en vain se serait Dieu incarné s’il n’eut été reconnu que par ses parents ! De bien peu aurait servi que Marie et Joseph accueillissent le fils que Dieu leur avait donné, si le monde, bergers proches et éloignés Mages, n’eussent pas connu son existence ! La venue des étrangers à Bethléem, chargés de dons et de désirs de l’adorer, marque le commencement de l’accomplissement du salut : Jésus cesse d’être seulement le fils de Joseph et Marie pour devenir le Messie d’Israël et Sauveur du monde.
Malgré tout, c’est beaucoup ce que peuvent nous enseigner ces hommes qui, venus d’orient, cherchaient Jésus en suivant la route de son étoile et en demandant à tous ceux qu’ils retrouvaient en route. Leur désir de l’adorer les avait éloignés de leur patrie. Ils ne se sont contentés de savoir de son existence : découverte l’étoile, ils n’allaient pas s’arrêter jusqu’à ce qu’ils l’eussent connu. Et ils ont demandé de l’aide à celui qui savait plus qu’eux, bien qu’il n’ait pas leurs bonnes intentions. Et ils ont continué à chercher dans le ciel la lumière qui les guidât jusqu’au nouveau-né. Ils avaient trop de désir de l’adorer et les dons, qu’ils chargeaient pour l’honorer, n’étaient pas lourds à porter. Tout leur valait la peine pour arriver à contempler Dieu. Et ce qui est le plus curieux c’est que furent eux, des étrangers en Israël, les seuls intéressés à savoir où pouvait naître le roi des juifs.
Le récit évangélique n’est pas un conte enfantin, c’est la narration d’une tragédie. Il ne raconte pas ce qui s’est passé un jour, sinon qu’il décrit ce qui arrive aujourd’hui : les proches continuent engagés dans des discussions sans terme, pendant que les éloignés se pressent pour arriver jusqu’à Dieu. Les puissants conspirent pour faire disparaître celui dont on vient d’apprendre l’existence ; l’Hérode de service simule un intérêt au nouveau-né, pour mieux cacher ses projets homicides. Et aucun croyant d’Israël ne se mobilise pour aller à sa rencontre ; seulement des païens continuent leur chemin jusqu’à le trouver. Si réussir à l’adorer était la bonne aventure des Mages, se refuser à le faire fut le péché des connaisseurs, et continue à l’être. Ceux qui ne savaient rien sur Dieu ce sont eux qui se mettent en marche pour le chercher. Ceux qui connaissaient même le lieu où il devait naître, ne firent même pas un pas pour le connaître. Furent les plus éloignés les plus généreux ; et de bons païens, les meilleurs croyants : ils ne pensaient même pas à rien lui demander quand ils l’eussent rencontré, ils ne souhaitaient qu’adorer le Messie de Dieu.
Pour notre malheur, ça continue aujourd’hui à venir de loin à adorer notre Dieu, pendant que nous, qui pensons l’avoir tout près, nous nous absorbons dans des discussions sur où peut-il être, sans avoir le courage de nous lancer à sa recherche. Pour notre honte, ce sont les païens qui continuent à se charger des dons à lui offrir quand il se mettent en route pour le trouver, pendant que les croyants doivent passer un grand besoin et avoir quelque chose à lui demander pour nous mettre en chemin vers Dieu. Pour savoir où il est, nous pensons qu’il est facile tomber sur lui et ne le cherchons pas ; pour ne pas avoir le désir de l’adorer, nous perdons, comme cela arriva à Bethléem, un Dieu enfant adorable.
Nous ne pouvons pas nous excuser parce que, à différence des Mages, nous n’avons vu aucune étoile ; et ce n’est pas un bon prétexte, non plus, ne rien avoir de valeur à lui offrir ; pour se mettre à le chercher, il suffit de vouloir le connaître, avoir un désir ardant de l’honorer. Le fait c’est que Dieu put se manifester au monde, parce qu’il y eut des hommes que le cherchaient ; et ce qui est tragique c’est que Dieu fût adoré par des païens et non par des croyants, pour des étrangers venus de loin et non par des compatriotes qui n’avaient presque rien à risquer pour le trouver.
À Bethléem Dieu se montra petit enfant adorable, mais ne l’ont adoré que ceux qui s’étaient fatigués à le chercher. À quoi peut nous servir aujourd’hui nous rappeler ce jour-là, si nous ne remarquons pas le risque que nous sommes en train de courir tous les jours pour ne pas nous mettre en route, d’une fois pour toutes, vers lui. N’importe pas trop que nous ne sachions pas bien où est-ce qu’il nous attend, comme ne lui importe pas la richesse des dons que nous puissions lui présenter. Le Dieu de Bethléem, qui veut être pour nous un Dieu adorable, a laissé suffisantes étoiles dans nos vies qui nous guideront jusqu’où il nous attend et il y a toujours sur notre route trop de monde à qui en demander : ce qui est réellement important c’est si nous avons encore un désir d’adorer un Dieu que nous avons identifié à un petit enfant inoffensif.
Car, et celui-ci est un Dieu à la portée des étrangers, ce Dieu que, tombant à genoux, ont adoré les Mages, ce Dieu auquel les guida une étoile, ce Dieu qu’ils trouvèrent à Bethléem, avec Marie sa mère, n’était qu’un petit enfant. Là où se fixa l’étoile, là les attendait Dieu. Et parce qu’ils ne se sont pas scandalisés et ils ont accepté que le Messie qu’ils cherchaient était le nouveau-né qu’ils voyaient, ces païens devinrent les premiers croyants au Dieu de l’Encarnación. Car un petit enfant, le fils de Marie, fut la première manifestation de Dieu, seulement par cela, le peuple chrétien voit chez les petits enfants une image première de leur Dieu. Et à cause de cela nous célébrons l’épiphanie du Seigneur par la générosité de dons pour nos enfants ; nous ne pouvons pas oublier que Dieu voulut se cacher dans un petit enfant et qu’Il s’est révélé par la première fois comme Dieu dans le fils de Marie : la face du petit enfant, le visage de nos enfants, continue à être le plus divin, le plus proche de Dieu, que nous les croyants nous avons.
Aujourd’hui que nous célébrons que Dieu a voulu être adoré à Bethléem comme un petit enfant, nous devrions nous demander comment est-il possible que les chrétiens convertissons nos familles, nos villes, nos sociétés en des lieux inhospitalier pour les petits enfants. Un monde où les enfants gênent, sont encombrants, c’est un monde en manque de Dieu. Notre société, et nos familles, sont païennes, quand elles ne savent pas adorer Dieu dans leurs enfants. Et elles ne les adorent pas, non seulement quand elles ne leur permettent pas naître, sinon quand, nés, les abandonnent, méprisent ou malmènent. Nous nous condamnons à ne jamais nous rencontrer avec le Dieu de Jésus, si nous continuons impassibles devant le manque de défense du plus petit, si nous ne savons pas découvrir chez eux le visage adorable de notre Dieu. Nous sommes en train de devenir des païens, peut-être sans nous en rendre compte, mais non moins efficacement, parce que pour nous le petit enfant n’est plus l’être adorable, désiré. Notre monde met son avenir en danger et nous, les croyants, notre foi.

Homélie de la fête de Sainte Marie Mère de Dieu

31 décembre, 2012

http://dimancheprochain.org/2315-2315/

Homélie de la fête de Sainte Marie Mère de Dieu

Aujourd’hui dimanche, c’est le premier jour de la semaine. Les évangiles nous disent que c’est ce jour-là que Jésus ressuscité est apparu à ses disciples. Sa victoire sur la mort et le péché a été le point de départ d’une création  nouvelle. Désormais, plus rien ne peut être comme avant. Il se trouve aussi que nous sommes au début d’une année nouvelle. Nous voici donc en train de commencer une nouvelle semaine, un nouveau mois et une nouvelle année. Et tous ces commencements nous renvoient au premier d’entre tous, celui du premier jour de la Genèse dans la Bible. Ce jour-là, Dieu a entrepris de faire du neuf. Et aujourd’hui, il vient nous rappeler qu’il veut nous associer tous à son œuvre de création.                             
Cette nouvelle année, c’est comme une page blanche qu’il nous faudra remplir en donnant le meilleur de nous-mêmes. Les médias nous parlent chaque jour des gens qui souffrent de la crise, de la violence et de l’exclusion. Dans certains pays, les chrétiens vivent l’horreur absolue dans des camps dits de « rééducation ». Participer à l’œuvre créatrice de Dieu, c’est tout faire en faveur de la paix ; c’est contribuer ensemble à la création d’un monde plus juste et plus fraternel. C’est ce que vient nous rappeler cette journée mondiale de la paix. Cette année, elle est orientée vers l’éducation des jeunes. Cela commence dans nos familles, nos lieux de vie et de travail et nos diverses relations.                                     
C’est en vue de cette mission qu’en ce dimanche, nous sommes venus à la crèche. Nous sommes là avec les bergers dont nous parle l’évangile de ce jour. On a dit que ces bergers étaient des exclus. C’est vrai, on ne les voyait pas à la synagogue ni au temple. Mais en y regardant de plus près, nous découvrons une chose importante. Dans le monde de la Bible, le berger représente un symbole très fort. Plus tard, Jésus se présentera comme le bon Berger, celui qui veut rassembler toute l’humanité. A la suite des bergers de la crèche, nous avons tous à témoigner des merveilles de Dieu et de son amour pour notre monde. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de « faire croire » mais de « dire ». Avec les bergers, nous louons et nous glorifions Dieu. Nous nous rappelons en effet que le nom de Jésus signifie « Dieu sauve ».
Nous commençons cette nouvelle année en fêtant Sainte Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise. Avec elle, nous retenons tous ces événements et nous les méditons dans notre cœur. Lors du passage de l’an neuf, nous faisons le bilan de l’année écoulée. Il y a eu des catastrophes naturelles comme le tsunami au Japon. Nous n’oublions pas les drames causés par les humains, les attentats en Afghanistan ou en Norvège. Notre monde a également vécu des progrès au niveau de la solidarité, de la liberté et de fraternité. Tous ces événements, nous devons les lire à la lumière de la Parole de Dieu. En Jésus, il est Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu qui fait alliance avec nous. Avec lui, les forces du mal ne peuvent avoir le dernier mot.
Au moment de commencer une nouvelle année, nous nous tournons ensemble vers le Seigneur en passant par Marie. L’Esprit Saint nous a été donné comme à elle. Elle est toujours là pour nous montrer comment discerner le Seigneur à l’œuvre. Elle n’a pas tout compris de l’activité missionnaire de Jésus ni surtout de sa crucifixion. Mais c’est la confiance qui la motive envers et contre tout. Comme elle, nous ne devons pas hésiter à admirer et à interroger le Seigneur et surtout à lui faire confiance quoi qu’il arrive. Au  début de cette nouvelle année, nous ne manquons pas de la prier : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs… » Comme à la visitation, si nous l’appelons, elle accourt vers nous et Jésus est avec elle.
En ce jour, nous échangeons des vœux de bonheur. Ils rejoignent les souhaits de la tradition juive que nous avons trouvés dans la première lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nombres 6. 25-26) Cette bénédiction s’adressait au peuple de l’ancienne alliance. Elle s’adresse aussi à Marie, à l’Eglise et à chacun de nous. Quelles que soient les épreuves qui surviendront au cours de l’année, la bénédiction de Dieu nous est toujours offerte. « Rien ne peut nous séparer de son amour » nous dit Saint Paul.
En ce jour, nous fêtons dans la joie celle qui a mis au monde le Sauveur. Nous lui demandons de nous ouvrir à sa présence et à son amour. Tout au long de cette nouvelle année, nous aurons à faire du neuf en faveur de la paix et de la justice. C’est à ce prix que 2012 sera une bonne année. Avec Marie et avec toute l’Eglise, nous faisons monter notre prière vers Dieu notre Père : « O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. » Amen

Sources : Textes bibliques du jour, journaux de l’année, revues liturgiques Signes et Feu Nouveau

La Croix Glorieuse : Liturgie des Heures – Office des Lecture

13 septembre, 2012

http://www.aelf.org/office-lectures

LA CROIX GLORIEUSE

Liturgie des Heures – Office des Lectures

Lecture : La gloire de la croix du Christ (Ga 2, 19-21 ; 3,1-7.13.14 ; 6, 14-16)

HOMÉLIE DE S. ANDRÉ DE CRÈTE

La croix, gloire et exaltation du Christ

Nous célébrons la fête de la Croix, de cette Croix qui a chassé les ténèbres et ramené la lumière. Nous célébrons la fête de la Croix et, avec le Crucifié, nous sommes portés vers les hauteurs, nous laissons sous nos pieds la terre et le péché pour obtenir les biens du ciel. ~ Quelle grande chose que de posséder la Croix : celui qui la possède, possède un trésor. ~ Je viens d’employer le mot de trésor pour désigner ce qu’on appelle et qui est réellement le meilleur et le plus magnifique de tous les biens ; car c’est en lui, par lui et pour lui que tout l’essentiel de notre salut consiste et a été restauré pour nous.
En effet, s’il n’y avait pas eu la Croix, le Christ n’aurait pas été crucifié, la vie n’aurait pas été clouée au gibet, et les sources de l’immortalité, le sang et l’eau qui purifient le monde, n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le paradis ne se serait pas ouvert. ~ S’il n’y avait pas eu la Croix, la mort n’aurait pas été terrassée, l’enfer n’aurait pas été dépouillé de ses armes. ~
La Croix est donc une chose grande et précieuse. Grande, parce qu’elle a produit de nombreux biens, et d’autant plus nombreux que les miracles et les souffrances du Christ ont triomphé davantage. C’est une chose précieuse, parce que la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu. Elle est sa souffrance, parce que c’est sur elle qu’il est mort volontairement ; elle est son trophée, parce que le diable y a été blessé et vaincu, et que la mort y a été vaincue avec lui ; les verrous de l’enfer y ont été brisés, et la Croix est devenue le salut du monde entier. ~
La Croix est appelée la gloire du Christ, et son exaltation. On voit en elle la coupe désirée, la récapitulation de tous les supplices que le Christ a endurés pour nous. Que la Croix soit la gloire du Christ, écoute-le nous le dire lui-même : Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire. Et encore : Toi, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde. Et encore : Père, glorifie ton nom. Alors, du ciel vint une voix qui disait : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. Cela désignait la gloire qu’il devait obtenir sur la Croix. ~
Que la Croix soit aussi l’exaltation du Christ, tu l’apprends lorsqu’il dit lui-même : Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. Tu vois : la Croix est la gloire et l’exaltation du Christ.

R/ Gloire à toi, Sauveur des humbles :
tu nous élèves en ta victoire.

Jésus se dépouilla lui-même :
prenant la condition d’esclave,
il se rendit semblable aux hommes.

À son aspect, reconnu pour un homme,
il s’abaissa, en se faisant obéissant
jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

C’est pourquoi Dieu l’a élevé
et lui a donné le Nom
qui l’emporte sut tout nom.

Oraison
Tu as voulu, Seigneur, que tous les hommes soient sauvés par la croix de ton Fils ; permets qu’ayant connu dès ici-bas ce mystère, nous goûtions au ciel les bienfaits de la rédemption.
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Te Deum
À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.

Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :

Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.

C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.

Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.

Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.

Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.

Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.

14 septembre : Fête de la Croix Glorieuse

13 septembre, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/09/14.php

14 septembre : Fête de la Croix Glorieuse

Sommaire :
Les textes commentés de la messe
Prière
Historique

Prière
Dieu tout puissant qui avez souffert la mort à l’arbre patibulaire pour tous nos péchés, soyez avec moi.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, ayez pitié de moi.
Sainte-Croix de Jésus-Christ soyez mon espoir.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, repoussez de moi toute arme tranchante.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, versez en moi tout bien,
Sainte-Croix de Jésus-Christ, détournez de moi tout mal.
Sainte-Croix de Jésus-Christ, faîtes que je parvienne au chemin du
Sainte- Croix de Jésus-Christ repoussez de moi toute atteinte de mort.
Sainte-Croix de Jésus Christ préservez moi des accidents corporels et temporels.
Que j’adore la Sainte Croix de Jésus-Christ a jamais.
Jésus de Nazareth crucifié, ayez pitié de moi.
Faites que l’esprit malin et nuisible fuie de moi. dans tous les siècles des siècles, amen.
En l’honneur du sang précieux de notre Seigneur Jésus-Christ, en l’honneur de son incamation, par où il peut nous conduire à la vie éternelle, aussi vrai que Notre Seigneur Jésus-Christ est né le jour de Noël et qu’il a été crucifié le vendredi saint.

Historique
Chacun se souvient comment la vraie croix avait été retrouvée par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin[1] (voir au 18 août). En 335, l’empereur Constantin, invite pour le trentième anniversaire de son avènement, les Pères réunis à Tyr à la dédicace des deux basiliques[2] qui doit avoir lieu le 13 septembre à Jérusalem.
Le lendemain de la dédicace, le dimanche 14 septembre, l’évêque de Jérusalem montre pour la première fois à la foule le bois sacré de la Croix (l’hyposis) et, sur ordre de Constantin, les Pères décrètent la célébration annuelle de la dédicace et de l’exaltation, au 14 septembre. Un morceau de la Croix étant apporté à Constantinople, on y célèbre la même fête avec l’hyposis. Cette fête est répandue dans tout l’Orient dès le VII° siècle, et on la trouve à Rome au plus tard au temps du pape Serge I° (687-701) à la notice duquel, dans le Liber pontificalis, on trouve la mention suivante : En la sacristie du bienheureux apôtre Pierre, se trouve un reliquaire où est renfermée un précieuse et considérable portion du bois salutaire de la croix du Sauveur … Au jour de l’Exaltation de la sainte croix, le peuple chrétien baise et adore cette relique dans la basilique constantinienne du Saint-Sauveur[3].
Il est aujourd’hui de bon ton, pour prétendre être pris au sérieux, d’afficher un souverain mépris pour les reliques en général et pour celles de la vraie Croix en particulier. La perfide doctrine des anciens réformés, pilleurs de sacristies et ravageurs d’œuvres d’art, est devenue celle des catholiques à la mode : « on ne saurait adorer les os d’un martyr qu’on ne soit en danger d’adorer les os de quelque brigand ou larron, ou bien d’un âne, ou d’un chien, ou d’un cheval.[4] » Ainsi, depuis que certains catholiques se sont persuadés qu’ils sont les héritiers des Lumières, on enlève les reliquaires de la vénération des fidèles pour les séquestrer dans la crasse des arrières-sacristies quand on ne les a pas vendus à d’avides antiquaires.
Pour faire taire les résistants, la propagande iconoclaste se réclame de l’esprit de Vatican II dont la lettre, pourtant, dans la Constitution sur le sainte Liturgie recommande que l’on vénère les reliques authentiques des saints (n° 111), et que le droit de 1983, application directe de Vatican II, interdit absolument de vendre les saintes reliques ou de les aliéner en aucune manière, voire de les transférer définitivement (canon 1190). Dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992), l’index thématique de l’édition française a beau avoir oublié le mot, on trouve cependant la chose dans le texte qui présente la vénération des reliques comme une des expressions variées de la piété des fidèles dont la catéchèse doit tenir compte (n° 1674). D’aucuns, à la vantardise plus savante, font remarquer doctement que le culte des reliques est inconnu dans l’antiquité chrétienne ; ils mentent effrontément puisque les actes du martyre de saint Polycarpe, en 156, en font une attestation certaine : « prenant les ossements plus précieux que les gemmes de grand prix et plus épurés que l’or, nous les avons déposés dans un lieu convenable. Là même, autant que possible, réunis dans l’allégresse et la joie, le Seigneur nous donnera de célébrer l’anniversaire de son martyre en mémoire de ceux qui sont déjà sorti du combat, et pour exercer et préparer ceux qui attendent le martyre. » On se souvient aussi, en 177, d’une lettre où l’Eglise de Lyon regrettait de n’avoir pu conserver les restes de ses martyrs[5].
La tradition, comme nous l’avons dit plus haut, rapporte généralement que l’on doit à l’impératrice Hélène la découverte[6] de la Vraie Croix. La mère de Constantin, suivit son fils à Constantinople où elle souffrit durement des excès de l’Empereur qui avait fait assassiner sa seconde femme pour avoir fait exécuter Crispus, fils d’un premier lit. En expiation, Hélène qui venait de fêter son soixante-dix-huitième anniversaire, s’en alla en pèlerinage à Jérusalem.
Il convient de rappeler que l’empereur Adrien (76-138), après avoir détruit Jérusalem et chassé les Juifs de leur pays (136), rebaptisa la ville Aelia Capitolina et la fit reconstruire en y enlevant jusqu’au souvenir judéo-chrétien ; sur le Golgotha, lieu du Calvaire, fut élevé un temple à Vénus. Sainte Hélène ne trouva que décombres et ruines païennes dans la Ville Sainte.
« Elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre Seigneur, et les anciens de la ville, qu’elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu’était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d’ardeur et de diligence, qu’elle découvrit enfin ce trésor que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu’il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations. Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu’elle n’eût osé l’espérer : car, outre la Croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir : les clous dont Notre Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant, une chose la mit extrêmement en peine : les croix des deux larrons, crucifiés avec Lui, étaient aussi avec la sienne, et l’Impératrice n’avait aucune marque pour distinguer l’une des autres. Mais saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l’assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu’il lui plût de découvrir à son Eglise quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant : une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu’elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu’alors à tous les remèdes humains et qu’elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour,saint Macaire rencontra un mort qu’une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu’on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita. Sainte Hélène, ravie d’avoir trouvé le trésor qu’elle avait tant désiré, remercia Dieu d’une grande ferveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la Croix, qu’elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l’église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais Sessorien (demeure de l’Impératrice) près du Latran qui a toujours depuis le nom de Sainte-Croix-de-Jérusalem. »
Certes, Eusèbe de Césarée (263-339), dans La Vie de Constantin le Grand, parle bien de l’édification de la basilique, mais ne souffle mot de la découverte de la vraie Croix ; de surcroît, transcrivant le discours de la dédicace de la Basilique, il ne parle pas de l’évènement mais seulement du signe sauveur. Voilà qui suffit aux iconoclastes pour dire que la tradition est une vaste blague. Avant de courir à une telle conclusion, il serait prudent de s’aviser que ledit Eusèbe de Césarée rejetait tout culte des images du Christ « afin que, écrit-il à Constancia, nous ne portions pas, à la manière des païens, notre Dieu dans une image. » Ajoutons, comme l’a si bien démontré Paschali, que la Vita Constantini n’est pas l’œuvre originale car sa révision interrompue par la mort d’Eusèbe, fut publiée à titre posthume avec des ajouts et des restrictions pour justifier la politique de Constantin II. De toutes façons, un silence d’Eusèbe de Césarée ne saurait constituer une preuve, et l’on doit considérer d’autres témoignages. Les archives mêmes d’Eusèbe, comme celles de Théodoret de Cyr (393-460) et celles de Socrate (380-439), conservent une lettre de Constantin au patriarche de Jérusalem : « La grâce de Notre Sauveur est si grande que la langue semble se refuser à dépeindre dignement le miracle qui vient de s’opérer ; car est-il rien de plus surprenant que de voir le monument de la Sainte Passion, resté si longtemps caché sous terre, se révélant tout à coup aux Chrétiens, lorsqu’ils sont délivrés de leur ennemi ? »
A part quelques détails secondaires, des auteurs dont l’enfance est contemporaine du voyage de l’Impératrice ou ceux de la génération qui suit, attestent de l’Invention de la Sainte Croix par sainte Hélène et de son culte ; ainsi peut-on se référer à saint Cyrille de Jérusalem (mort en 386), à saint Paulin de Nole (mort en 431), à saint Sulpice Sévère (mort en 420), à saint Ambroise de Milan (mort en 397), à saint Jean Chrysostome (mort en 407), à Rufin d’Aquilée (mort en 410), à Théodoret de Cyr ou à l’avocat de Constantinople, Socrate.
Déjà saint Cyrille, deuxième successeur de saint Macaire au siège de Jérusalem, mentionne que des parcelles de la Vraie Croix sont dispersées à travers le monde entier, ce qu’attestent par ailleurs deux inscriptions datées de 359 relevées en Algérie, l’une près de Sétif et l’autre au cap Matifou.
Si saint Ambroise de Milan décrit l’adoration de la Crux Realis par sainte Hélène, saint Jérôme raconte, dans une lettre à Eustochie, comment sa propre mère, sainte Paule, vénéra le bois sacré de la Croix à Jérusalem.
Saint Jean Chrysostome dit que les chrétiens accouraient pour vénérer le bois de la Croix et tâchaient d’en obtenir de minuscules parcelles qu’ils faisaient sertir dans des métaux précieux enrichis de pierreries.
Saint Paulin de Nole envoie une de ces parcelles à saint Sulpice Sévère en lui recommandant de les recevoir avec religion et de les garder « précieusement comme une protection pour la vie présente et comme un gage de salut éternel. »
Le 5 mai 614, les Perses s’emparèrent de Jérusalem, pillèrent les églises et envoyèrent ce qui restait de la Croix à leur empereur, Chosroës II[7]. Après plus de dix ans de malchance, Héraclius[8] battit les Perses et obligea le successeur de Kosroës à restituer la relique de la Croix qu’il rapporta en triomphe à Jérusalem. Héraclius entra dans la ville, pieds nus, portant la Croix sur ses épaules (21 mars 630). Le bois de la Croix séjourna quelques années à Sainte-Sophie de Constantinople puis retourna à Jérusalem. Le bois de la Croix a été partagé en trois grandes parts, elles-mêmes fractionnées, pour Jérusalem, Constantinople et Rome. Ce qui restait du morceau de Jérusalem fut caché pendant l’occupation musulmane et ne réapparut que lorsque la ville fut prise par les Croisés qui s’en servirent souvent comme étendard, de sorte qu’il fut pris par Saladin à la bataille d’Hiltin (1187) et ne fut rendu qu’après la prise de Damiette (1249) pour être partagé entre certains croisés dont Sigur de Norvège et Waldemar de Danemark.
Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des reliques de la Passion qu’il avait achetées à l’empereur de Constantinople : c’étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l’éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.
Luther a dit qu’avec les reliques de la Vraie Croix on pourrait construire la charpente d’un immense bâtiment et Calvin affirma que cinquante hommes ne porteraient pas le bois de la Vraie Croix. L’avis des deux hérétiques fut admis comme une vérité révélée et chacun les répéta en souriant. Or, d’après le travail minutieux de M. Rouhault de Fleury, on peut supposer que la Croix du Seigneur représentait cent quatre-vingt millions de millimètres cubes. Si l’on met ensemble les parcelles que l’on conserve et celles qui ont été détruites mais dont on connaît la description, on totalise environ cinq millions de millimètres cubes. Rouhault de Fleury, généreux, multiplie les résultats de son enquête par trois pour ce qui pourrait être inconnu ; on est loin du compte !
Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des reliques de la Passion qu’il avait achetées à l’empereur de Constantinople : c’étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l’éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.
Il existait, à Paris, une église Sainte-Croix de la Cité qui devint une paroisse, probablement vers 1107, lorsque furent dispersées le moniale de Saint-Eloi qui y avaient une chapelle dès le VII° siècle. Le curé tait à la nomination de l’abbé de Saint-Maur-des-Fossés. L’édifice qui s’élevait à l’emplacement de l’actuel Marché aux fleurs, avait été construit en 1450 et dédié en 1511, il fut détruit en 1797.

[1] Elle commença par visiter les Lieux saints ; l’Esprit lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : « Voici le lieu du combat; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas. » Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une femme. Mue par l’Esprit-Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche donc le croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles été confondues et interverties. Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix du milieu portait l’inscription : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Par là fut terminée la démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut (saint Ambroise).
[2] Les basiliques du Mont des Oliviers et du Saint-Sépulcre.
[3] La basilique du Saint-Sauveur est depuis devenue la basilique Saint-Jean de Latran, cathédrale de Rome.
[4] Calvin : Traité des reliques
[5] Voir au 2 juin ; « Lettre des serviteurs du Christ qui habitent Vienne et Lyon, en Gaule, aux frères qui sont en Asie et en Phrygie, ayant la même foi et la même espérance de la rédemption. »
[6] On disait autrefois : « L’invention de la sainte Croix » ; invention vient du latin inventio qui signifie : « acte de trouver, de découvrir » ; il y avait d’ailleurs une fête particulière de L’invention de la sainte Croix qui était célébrée le 3 mai. Dans certains calendriers, on célèbre l’Invention, c’est-à-dire la découverte du corps ou des reliques d’un saint.
[7] Chosroès II le Victorieux, roi sassanide de Perse de 590 à 628) qui fut élevé au trône par une révolte des féodaux, durant les troubles provoqués par le soulèvement de Vahram Tchubin. Celui-ci, qui prétendait descendre des Arsacides, se proclama roi sous le nom de Vahram VI, et Chosroès dut aller se placer sous la protection de l’empereur Maurice. Avec l’aide militaire des Byzantins, il réussit à reconquérir son trône (591) et maintint pendant plus de dix ans la paix avec Byzance. En 602, après l’assassinat de l’empereur Maurice par Phocas, il rouvrit les hostilités contre l’empire d’Orient, sous prétexte de venger Maurice. Ses armées envahirent la Syrie et l’Anatolie, atteignirent la Chalcédoine et le Bosphore et menacèrent directement Constantinople (608). En 6l4, elles firent la conquête de Jérusalem, qui fut mise au pillage pendant trois jours, puis les Perses pénétrèrent en Egypte et s’emparèrent d’Alexandrie (616). Chosroès II avait ainsi reconstitué l’ancien Empire perse des Achéménides et porté à son apogée la puissance sassanide. Allié des Avars, il vint bloquer Constantinople (626), mais l’Empire byzantin se ressaisit avec Héraclius. Après la victoire des Byzantins à Ninive (628), Chosroès dut fuir Ctésiphon, sa capitale, et fut déposé par son fils Khavad II, qui le fit tuer quelques jours plus tard.
[8] Héraclius, né en Cappadoce vers 575, fut empereur d’Orient 610 à 641. Venu au pouvoir en renversant l’usurpateur Phocas, il trouva l’Empire au bord de la ruine. Les Perses envahissaient l’Asie Mineure, s’emparaient de Jérusalem (614) et de l’Egypte (619) ; les Avars parvenaient sous les murs de Constantinople. Heraclius déclencha contre les Perses une véritable croisade (622-628), remporta sur Chosroès II la victoire décisive de Ninive (12 décembre 627) et reconquit tous les territoires perdus en Orient ; en mars 630, il rapporta en grande pompe à Jérusalem la Vraie Croix, qui avait été enlevée par Chosroès II. Mais cet effort offensif avait épuisé l’Empire, qui se retrouva impuissant devant le déferlement de l’invasion arabe : l’écrasement de l’armée byzantine à Yarmouk (636) provoqua la perte, cette fois définitive, de la Syrie, de Jérusalem (638), de la Mésopotamie (639), de l’Egypte (639-642) Le règne d’Héraclius s’achevait ainsi par un désastre, qu’avait préparé, à l’intérieur, la grande querelle religieuse du monophysisme. Il mourut à Constantinople le 10 février 641.

LA DÉVOTION AU SACRÉ-COEUR (15 juin)

14 juin, 2012

http://spiritualite-chretienne.com/s_coeur/resume_a.html

LA DÉVOTION AU SACRÉ-COEUR (15 juin)

Résumé historique et théologique

Ere Patristique

Les auteurs dont les noms sont imprimés en caractères gras sont ceux qui figurent au chapitre chronologie, où l’on trouvera les citations correspondantes, ainsi qu’au chapitre biographies, pour le lecteur qui souhaiterait les mieux connaître.
- Les textes des citations retenues pour l’ensemble de ce chapitre ont été confirmés sur plusieurs ouvrages de référence, et en particulier : Le Sacré-Cœur de Jésus et la Tradition, par le R.P. Xavier de Franciosi (Tournai – Paris, Casterman, 2° édition 1908), Histoire de la dévotion au Sacré-Cœur (5 vol.), par A. Hamon (Paris, Beauchesne, 1923-1940), La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus – Doctrine – Histoire, par J.-V. Bainvel (Paris, Beauchesne, 1917), L’Origine du Culte du Sacré-Cœur de Jésus et son objet, par l’Abbé Levesque (Avignon, Maison Aubanel, 1930), Le Cœur du Sauveur, par Joseph Stierli (Mulhouse, Salvator, 1956), ainsi que Développement historique de la Réparation dans le culte du Cœur de Jésus, par Jésus Solano (Rome, C.D.C., 1982). Concernant l’Ordre Bénédictin, nous avons consulté plus particulièrement les deux ouvrages de la collection Pax (vol. X et XXVI) : La Dévotion au Sacré-Cœur dans l’Ordre de S. Benoît par D. Ursmer Berlière (Paris, Lethielleux et Desclée, De Brouwer & Cie, Abbaye de Maredsous, 1923) et L’Amour du Cœur de Jésus contemplé avec les saints et les mystiques de l’Ordre de Saint Benoît, textes recueillis et traduits par les moniales de Ste Croix de Poitiers (Paris-Bruges, Desclée de Brouwer et Cie, Abbaye de Maredsous, 1936). Concernant l’Ordre Dominicain, nous avons de même consulté plus spécialement La dévotion au Sacré Cœur de Jésus dans l’Ordre de Saint-Dominique par l’auteur de « Chez les Dominicaines du Grand Ordre », Paris, Librairie Dominicaine, et Bar-le-Duc, 1929. Il existe un travail similaire concernant l’Ordre Franciscain : Le Sacré-Cœur de Jésus par le P. Henri de Grèzes (Paris, Etudes franciscaines, 1890).

1. L’ère patristique : le Cœur du Christ, Source de Vie
Il est bien entendu impossible, dans les premiers temps de l’Eglise, de parler de culte du Sacré-Cœur. Cependant, dès les premiers siècles, les Pères de l’Eglise et les théologiens réfléchissent sur un certain nombre de versets bibliques qui, par la plaie au côté du Christ en croix, les amènent à appréhender le Cœur divin sous un jour nouveau.
Il se penchent ainsi tout d’abord sur les versets de l’Evangile de Jean 7,37 et 19,34.
Du rapprochement de ces textes est née l’image du Cœur du Christ blessé, dispensant l’Esprit à ceux qui veulent s’y abreuver. La plaie du côté d’où s’écoulent le sang et l’eau – signes de vitalité et de fécondité – s’ouvre sur la purification et la rédemption de l’homme. Nous sommes là au cœur, au point central de l’Evangile de Jean. Citons de cette période patristique :
· Saint Justin (v.100-v.165), l’apologiste romain, donne dans son Dialogue avec Tryphon (CIII, commentaire du Psaume 21) le texte extra-biblique le plus ancien que nous connaissions sur le Cœur du Christ : « L’expression « comme de l’eau se sont écoulés et ont été dispersés mes os, mon cœur est devenu comme une cire fondue au milieu de mes entrailles » (Ps 22,15) était aussi une prédiction, et c’est ce qui lui est arrivé cette nuit-là où ils s’en vinrent contre lui sur le Mont des Oliviers pour le saisir. Car dans les « Mémoires » que j’ai dit que ses apôtres et leurs disciples ont composés, il est écrit qu’une sueur comme faite de caillots de sang lui coulait tandis qu’il priait en disant : « Que s’éloigne si c’est possible ce calice ! ». C’est que son Cœur était évidemment tout tremblant ; de même ses os ; son Cœur était comme une cire fondante qui coulait dans ses entrailles, afin que nous sachions que le Père, à cause de nous, a voulu que son Fils souffre réellement de semblables douleurs et que nous ne disions pas que, fils de Dieu, il ne sentait pas ce qui lui arrivait et survenait. […] Nous autres chrétiens, nous sommes le véritable Israël, né du Christ ; car nous avons été taillés dans son cœur comme des pierres arrachées au Rocher ».
· Saint Irénée (v.130-v.202), l’évêque de Lyon, pour qui l’Eglise est la source de l’eau vive qui vient à nous du Cœur du Christ.
· Un membre anonyme de cette Eglise de Lyon, dont le récit du martyre du diacre Sanctus de Vienne nous a été transmis par Eusèbe (Histoire de l’Eglise, liv.5), qui nous dit que « de la source céleste comme une rosée bienfaisante et fortifiante descendait sur lui l’eau vive qui s’écoule du Cœur du Christ ».

Quelques auteurs inconnus des III° et IV° siècles, tels :
· L’auteur de l’ouvrage De montibus Sina et Sion (III° siècle), dans lequel on peut lire « La loi des chrétiens est la sainte croix du Christ, le Fils du Dieu vivant. Or le Prophète a dit : Ta Loi est au milieu de mon cœur (Ps.39,9). C’est pourquoi le Christ fut transpercé, et de son côté s’écoula le breuvage de sang et d’eau ».
· L’auteur de l’ouvrage Liber graduum (manuscrit syriaque du IV° siècle), qui écrit : « Son Cœur s’est rempli de tristesse à cause de nos iniquités, c’est-à-dire comme effet de son amour envers les créatures exposées à se perdre. […] Le Seigneur s’est attristé également en voyant ceux qui l’avaient trahi et crucifié, et il a prié pour eux avec des larmes, pour nous donner l’exemple : afin que nous priions nous aussi pour ceux qui nous font du mal, versant nos larmes pour implorer leur pardon, comme Lui-même l’a fait pour nous devant son Père ».

Mais aussi :
· Saint Hippolyte de Rome (v.170-235), mort martyr, qui voit dans ce fleuve d’eau vive la réalisation de la figure des quatre fleuves qui arrosaient le Paradis, fleuve qui renouvelle à son tour la terre en un nouveau Paradis.
· Origène (v.185-v.252), qui voit dans le Cœur transpercé du Christ la source à laquelle le chrétien doit s’abreuver.
· Saint Cyprien (v.200-258), évêque de Carthage, qui est avec Tertullien l’un des pionniers de la littérature chrétienne latine. Dans son Homélie 84 sur Jean 19 (in de Montib. Sinae et Sion), il écrit : « C’est par la vertu de la mort du Christ que la sentence de notre condamnation fut déchirée, que nos péchés furent effacés, et que nous avons recouvré notre liberté ; et, par un privilège spécial, la charte de notre pardon fut scellée du sceau de la plaie latérale ». Il ajoute, dans son Homélie sur la Passion du Christ : « O chrétien, voyez donc la profondeur de cette plaie et, par cela même, l’étendue de l’amour du Christ ; par elle, la vraie fontaine vous est ouverte, c’est-à-dire le Cœur de Jésus dans lequel vous pouvez entrer ; pénétrez-y donc, car il peut vous contenir tout entier ».
· Saint Athanase (v.296-373), patriarche d’Alexandrie et « père de l’orthodoxie », qui prolonge ce regard sur la plaie du côté, dans son Homélie sur la Passion : « De toutes les plaies du Sauveur, aucune n’est comparable à celle de son côté d’où s’écoule du sang et de l’eau. De même que par la femme, formée du côté du premier homme, vint la chute, de même aussi la Rédemption et la Réparation nous sont venues du côté ouvert du second Adam : la Rédemption par le sang et la Purification par l’eau ».
· Saint Ambroise (340-397), l’évêque de Milan, qui dans son Explication sur les Psaumes, invite les fidèles à s’abreuver au Christ lui-même (I,33) : « Abreuve-toi auprès du Christ, car il est le Rocher dont les eaux découlent, abreuve-toi auprès du Christ, car il est la source de vie, abreuve-toi auprès du Christ, car il est le fleuve dont le torrent réjouit la cité de Dieu, abreuve-toi auprès du Christ, car il est la paix, abreuve-toi auprès du Christ, car des fleuves d’eau vive jaillissent de son sein. ».
· Et également Jean Scot Erigène (IX° siècle), philosophe et mystique originaire d’Irlande, qui – méditant sur Jean 1,18 (« Nul n’a vu Dieu : le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître ») – voit ainsi le Verbe incarné « insinuer » (insinuare en latin) l’amour originel dans le monde, et y répandre la lumière. Son traité De la division de la nature sera condamné en 1225 par Honorius III.
Vient ensuite l’image de Jean, penché sur le Cœur du Christ au cours de la sainte Cène, rapportée en Jean 13,23. Cette proximité de l’apôtre alimente une piété particulière envers lui, que l’on retrouvera encore chez Marguerite-Marie.
· Saint Grégoire de Nysse (†395), nommé évêque de Nysse en 372 par son frère puîné saint Basile le Grand (v.330-379), écrit par exemple : « Celui qui, pendant la Cène, reposa sur la poitrine du Seigneur, aimait la doctrine du Verbe (Verbi amavit ubera). Comme une éponge, il trempe son cœur dans la source de vie, tout imprégné, par une ineffable vue des mystères du Christ, il nous révèle son âme remplie de la science du Verbe, et nous fait part des vérités qu’il a puisées à leur source ; il affirme de sa grande voie que le Verbe est éternel ».
· Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone, dit également que « saint Jean a reçu du Seigneur (sur la poitrine duquel il reposa à la Cène, afin de signifier par là qu’il lui fut donné de puiser des mystères plus profonds au plus profond de son cœur), saint Jean reçu du Seigneur la grâce tout à fait spéciale de pouvoir dire sur le Fils de Dieu des choses telles que l’esprit des petits peut bien en être aiguillonné… ». Et encore (De la Trinité, IX,10,15) : « Il voit plus haut que toute créature, car il boit à la poitrine du Seigneur. C’est lui, Jean, le saint évangéliste, celui que Jésus préférait tellement qu’il a reposé sur sa poitrine. Là était caché le secret où il devait boire ce qu’il nous restituerait dans son évangile ».
· Saint Paulin de Nole (353-431), disciple en Aquitaine du poète latin Ausone (v.310-v.395) avant sa conversion, puis évêque de Nola en Campanie, écrit à son tour que « Jean qui eut le bonheur de reposer sur la poitrine du Seigneur fut rempli de l’Esprit-Saint, car il puisa directement au Cœur de la Sagesse, qui créa toutes choses, une intelligence qui dépasse celle de toutes les créatures ».
Un autre élément capital de ces prémices à la dévotion au Cœur du Christ, est l’image de l’Eglise née du Cœur du Sauveur transpercé par la lance. Cette théologie de l’Eglise, nouvelle Eve née d’un nouvel Adam, trouve ses fondements en plusieurs passages du Nouveau Testament, et notamment en Romains 5,14, Actes 3,15 et Hébreux 2,11.
· Tertullien (v.155-220), apologiste d’Afrique du Nord et premier des écrivains de langue latine, qui aborde dans l’un de ses Traités (De Anima) cette blessure faite par la lance à la poitrine du Sauveur : « Le sommeil d’Adam figurait la mort du Christ qui devait s’endormir sur la croix, pour laisser sortir, de la plaie de son côté, l’Eglise, la véritable Mère des vivants ».
· L’auteur de l’ouvrage Adversus Marcionitas (III° siècle), qui fait naître l’Eglise du Cœur de Jésus, en la comparant aux fleuves du Paradis.
· L’auteur de l’ouvrage De rebaptismate (III° siècle), qui rappelle que « ces fleuves ne furent visibles que dans la Passion de Notre-Seigneur, dont le côté ouvert par la lance du soldat laissa s’écouler le sang et l’eau ».
· Saint Jean Chrysostome (v.344-407), l’un des quatre grands Docteurs de l’Eglise Orientale, moine, ermite, et nommé contre son gré en 398 évêque de Constantinople, il est l’auteur de Sermons qui l’ont rendu célèbre dans tout l’Orient et lui ont valu son surnom de « Bouche d’Or ». Il écrit par exemple : « La lance du soldat ouvrit le côté du Christ, et voici que, de la blessure de son côté, le Christ a formé l’Eglise, tout comme Eve, notre première Mère fut tirée de la côte d’Adam. C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous sommes la chair de sa chair et les os de ses os ». Il veut parler de la blessure ouverte au côté de Jésus. Comme Dieu tira une côte de la poitrine d’Adam pour en former la femme, le Christ fit couler de la blessure de son côté l’eau et le sang, pour en tirer l’Eglise ».
· Saint Augustin, cité plus haut, qui reprend : « Adam dort afin que naisse Eve ; le Christ meurt afin que naisse l’Eglise », et dans le Traité CXX sur saint Jean : « C’est avec dessein que l’Evangéliste ne dit point : La lance frappa le côté de Jésus, ou : La lance le blessa, mais qu’il assure expressément qu’elle l’ouvrit. Car de ce côté ouvert, comme d’une porte de vie, sont sortis les Sacrements sans lesquels personne ne peut entrer dans la véritable vie. Cette eau salutaire tempère la soif ; elle nous purifie et nous sert de breuvage. La blessure du côté était figurée par l’ouverture que Noé reçut ordre de faire sur l’un des flancs de l’arche et par laquelle entrèrent les êtres animés qui ne devaient pas périr dans le déluge ; tout ceci était l’image de l’Eglise. Elle était encore figurée, cette blessure, par le côté d’Adam, d’où la première femme fut tirée. Eve fut appelée « la vie » ou « mère des vivants ». Là se trouvaient renfermé le grand mystère de l’avenir. Ainsi Jésus-Christ, le second Adam, vit la sainte Eglise, son auguste Epouse, sortir de son côté, lorsqu’il sommeillait sur la croix ».
· Saint Grégoire de Tours (540-594), né Georges Florentius, nommé évêque de Tours en 573 et très apprécié du pape saint Grégoire le Grand (v.540-604), qui écrit également : « Tout le monde sait que le premier homme, Adam, est, avant sa faute, la figure du Rédempteur ; notre Seigneur, de son côté ouvert, Jésus endormi du sommeil de sa Passion, laisse couler le sang et l’eau, et ainsi met au monde l’Eglise vierge, sans tache, baignée dans le sang, purifiée dans l’eau sanctificatrice, sans souillure et sans ride ».

Citons encore, sur ce thème, pour le haut Moyen Age :
· Saint Bède le Vénérable (673-735), Bénédictin anglais, Docteur de l’Eglise, dont l’œuvre sur l’histoire de l’Eglise en Angleterre l’a fait nommer « père de l’histoire anglaise ». Dans son commentaire du Cantique des Cantiques (IV,9), il contemple dans la plaie du côté l’amour du Sauveur pour son Eglise.
On retrouvera ces enseignements sur le Cœur du Christ présents dans les sermons de l’époque carolingienne comme dans nombre de productions des artistes de ce haut Moyen Age.

Trois commentaires de saint Augustin sur l’Ascension

19 mai, 2012

http://www.prierenfamille.com/Fiche.php?Id=337

Trois commentaires de saint Augustin sur l’Ascension

Les mystères de l’homme et de Dieu…
Un corps formé de terre est donc placé au sommet des cieux…
Et quand Il eut dit ces paroles, ils Le virent s’élever : la fête de ce jour nous manifeste les mystères de l’homme et de Dieu :
sous une seule et même personne, reconnais dans Celui qui élève, la divine 

l’Ascension de Jésus est la promesse de notre future entrée au ciel
En transportant la nature humaine dans les cieux, Il a montré que le ciel peut s’ouvrir aux croyants ; et en élevant aux régions célestes le vainqueur de la mort, Il a montré aux vainqueurs où ils devaient Le suivre.
L’Ascension du Seigneur est la confirmation de la foi catholique, en nous permettant de croire en sécurité pour l’avenir au don futur ; nous attendons la faveur de ce miracle, dont nous avons déjà perçu l’effet présentement.
Que chaque fidèle, après avoir vu de si grandes choses, apprenne, par ce qu’il voit déjà réalisé, à espérer les choses promises, regardant la bonté passée et présente de son Dieu comme un gage des bien futurs. (Saint Augustin, sermon 3 sur l’Ascension)

Quelles conséquences tirer de cet événement pour notre vie quotidienne ?
Notre Sauveur est monté au ciel : ne nous troublons donc pas sur la terre.
Que notre esprit soit là où Il est, et ici sera le repos. Montons de cœur avec le Christ, en attendant que, son jour promis étant venu, nous le suivions aussi de corps.
Déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés…
Cependant, il faut bien savoir que ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ne montent avec notre médecin.
Et c’est pourquoi, si nous voulons suivre le médecin dans son ascension, nous devons déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés. Ils nous chargent tous, pour ainsi dire, de chaînes, ils s’efforcent de nous retenir captifs dans les filets de nos fautes…
Montons avec Lui et tenons en haut nos cœurs, attachés au Seigneur
La résurrection du Seigneur est notre espérance, l’Ascension du Seigneur, notre glorification.
Si donc nous célébrons l’Ascension du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion,
avec sainteté et avec piété, montons avec Lui et tenons en haut nos cœurs.
Mais, en montant, gardons-nous de nous enorgueillir et de présumer de nos propres mérites.
Nous devons tenir nos cœurs en haut, attachés au Seigneur.
Car le cœur élevé, mais pas vers le Seigneur, cela s’appelle l’orgueil ;
tandis que le cœur au Seigneur, cela s’appelle refuge.
Voyez l’étonnante merveille :
Dieu est élevé, tu t’élèves toi-même et Il fuit loin de toi ; tu t’humilies et Il descend vers toi…
Le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance, puisqu’Il ressuscite l’homme qui meurt.
Il nous a donné cette assurance afin qu’en mourant, nous ne désespérions pas
et que nous ne pensions pas que notre vie finit dans la mort.
Car nous étions dans l’anxiété au sujet de notre âme elle-même, et c’est le Sauveur, en ressuscitant, qui nous a donné confiance en la résurrection de la chair.
Il te faut d’abord croire, afin qu’ensuite tu mérites par ta foi de voir Dieu.
Veux-tu voir Dieu ?
Ecoute-Le Lui-même : Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, parce qu’ils verront Dieu. (Mt 5, 8)
Pense donc avant tout à purifier ton coeur : enlève tout ce que tu y vois qui puisse déplaire à Dieu. (Saint Augustin, sermon 2 sur l’Ascension)

Ascension du Seigneur, solennité, Jean Tauler : « Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14,4)

18 mai, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120518

Ascension du Seigneur, solennité

Commentaire du jour

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 20, 3ème pour l’Ascension (trad. Cerf, 1991, p. 149 rev.)
« Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14,4)

      « Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel »… Les membres du Corps du Christ doivent suivre leur chef, leur tête, qui est monté aujourd’hui. Il nous a précédés, pour nous préparer une place (Jn 14,2), à nous qui le suivons, de sorte que nous puissions dire avec la fiancée du Cantique des Cantiques : « Entraîne-moi après toi » (1,4)…
      Voulons-nous le suivre ? Nous devons aussi considérer le chemin qu’il nous a montré pendant trente-trois ans : chemin de pauvreté, de dénuement, parfois très amers. Il nous faut suivre tout à fait le même chemin si nous voulons parvenir, avec lui, au-dessus de tous les cieux. Quand même tous les maîtres seraient morts et tous les livres brûlés, nous trouverions toujours, en sa sainte vie, un enseignement suffisant, car c’est lui-même qui est la voie et pas un autre (Jn 14,6). Suivons-le donc.
      De même que l’aimant attire le fer, ainsi le Christ aimable attire à lui tous les cœurs qu’il a touchés. Le fer touché par la force de l’aimant est élevé au-dessus de sa manière naturelle, il monte en le suivant, quoique ce soit contraire à sa nature. Il n’a plus de repos jusqu’à ce qu’il se soit élevé au-dessus de lui-même. C’est ainsi que tous ceux qui sont touchés au fond de leur cœur par le Christ ne retiennent plus ni la joie ni la souffrance. Ils sont élevés au-dessus d’eux-mêmes jusqu’à lui…
      Quand on n’est pas touché, il ne faut pas l’imputer à Dieu. Dieu touche, pousse, avertit et désire également tous les hommes, il veut également tous les hommes, mais son action, son avertissement et ses dons sont reçus et acceptés d’une façon bien inégale… Nous aimons et nous recherchons autre chose que lui, voilà pourquoi les dons que Dieu offre sans cesse à chaque homme restent parfois inutiles… Nous ne pouvons sortir de cet état d’âme qu’avec un zèle courageux et décidé et avec une prière bien sincère, intérieure et persévérante.

SOLENNITÉ DE L’ASCENSION: HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II

18 mai, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1979/documents/hf_jp-ii_hom_19790524_seminari-ingl-roma_fr.html

SOLENNITÉ DE L’ASCENSION

HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX ÉTUDIANTS DES SÉMINAIRES ANGLAIS DE ROME

24 mai 1979

Chers fils et frères et amis en Jésus-Christ,

A l’occasion de cette fête de l’Ascension le Pape est heureux d’offrir le saint Sacrifice Eucharistique avec vous et pour vous. Je suis heureux de me trouver avec les étudiants et le staff du vénérable Collège Anglais l’année durant laquelle se célèbre son quatrième centenaire. Et je me sens aujourd’hui, de manière toute particulière, spirituellement proche de vous, de vos parents et familles et de tous les fidèles d’Angleterre et du Pays de Galles — de tous ceux qui sont unis dans la foi de Pierre et de Paul, dans la foi de Jésus-Christ. Les traditions de générosité et de fidélité dont la vie dans votre Collège a donné l’exemple pendant quatre cents ans sont présentes à mon cœur ce matin. Vous êtes venus offrir vos remerciements et vos prières à Dieu pour ce qu’il a, de sa grâce, accompli dans le passé et pour trouver la force d’aller de l’avant — sous la protection de la Vierge bénie — avec la ferveur de vos prédécesseurs dont un grand nombre ont donné leur vie pour la foi catholique.
J’adresse aussi cordialement un salut de bienvenue aux nouveaux prêtres du Collège Pontifical Beda. Pour vous également ceci est un moment particulier pour vous engager à poursuivre les idéaux de votre Patron, saint Bède le Vénérable que vous commémorerez demain. Je salue avec la même cordialité vos supérieurs et vos compagnons d’étude.
Avec joie et animés de nouvelles résolutions pour l’avenir, réfléchissons un moment sur le grand mystère que célèbre la liturgie d’aujourd’hui. Toute la pleine signification de 1′ Ascension du Christ est exprimée dans les lectures de la Sainte Ecriture. La richesse de ce mystère est contenue dans ces deux affirmations : « Jésus donna ses instructions… » puis « Jésus prit place… ».
Selon la Divine Providence — dans l’éternel dessein du Père — l’heure était venue pour le Christ de quitter la terre. Il allait prendre congé de ses apôtres et, avec eux, de Marie sa Mère, mais non sans leur avoir d’abord donné ses instructions. Les apôtres avaient maintenant une mission à accomplir conformément aux instructions laissées par Jésus, et ces instructions étaient à leur tour l’expression fidèle de la volonté du Père.
Ces instructions indiquaient avant tout que les apôtres devaient attendre l’Esprit Saint qui était le don du Père. Il devait être absolument clair dès le début que la source de la force des apôtres était le Saint-Esprit. C’est l’Esprit qui guide l’Eglise sur les voies de la vérité, l’Evangile doit être propagé par la puissance de Dieu et non par la sagesse ou la puissance de l’homme.
En outre, selon ces instructions, les apôtres étaient chargés de proclamer la Bonne Nouvelle dans le monde entier. Et ils devaient baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Comme Jésus, ils devaient parler clairement du Royaume de Dieu et du salut. Les apôtres devaient rendre témoignage du Christ « jusqu’aux confins de la terre ». L’ Eglise primitive comprit parfaitement ces instructions et c’est ainsi qu’elle inaugura l’ère missionnaire. Et chaque communauté savait que cette ère ne prendrait fin que le jour où le même Jésus qui était monté au ciel, serait revenu.
Les paroles de Jésus constituèrent pour l’Eglise un trésor qu’il fallait garder en dépôt et proclamer, méditer et vivre. Et, en même temps, l’Esprit Saint enracina dans l’Eglise un charisme apostolique qui avait pour objet de garder intacte cette révélation. Par ces paroles Jésus allait vivre toujours dans son Eglise : « Je suis avec vous pour toujours ». Et la communauté ecclésiale tout entière prit ainsi conscience de la nécessité de la fidélité aux instructions de Jésus, au dépôt de la foi. Cette sollicitude devait se transmettre de générations en générations — jusqu’à nos propres jours. C’est à cause de ce principe que j’ai dit récemment à vos propres Recteurs que « la première priorité pour les séminaires aujourd’hui est l’enseignement de la Parole de Dieu dans toute sa pureté et toute son intégrité. La parole de Dieu — et seulement la parole de Dieu — est à la base de tout ministère, de toute activité pastorale de toute action sacerdotale. L’autorité de la parole de Dieu a constitué la base dynamique du Concile Vatican II et Jean XXIII l’a mis en évidence dans son discours d’ouverture : ‘Le souci principal du Concile œcuménique — a-t-il dit — sera celui-ci — que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit toujours plus effectivement gardé et enseigné’ (Discours du 11 octobre 1962). Et si les séminaristes de cette génération doivent être préparés de manière adéquate à prendre en charge l’héritage et le défi de ce Concile, il faut avant tout les former à la Parole de Dieu, au ‘dépôt sacré de la doctrine chrétienne’  » (Discours du 3 mars 1979). Oui, chers fils, notre plus grand défi est d’être fidèles aux instructions du Seigneur Jésus.
Et la seconde réflexion sur la signification de l’Ascension est basée sur cette phrase : « Jésus prit sa place… ». Après avoir subi l’humiliation de sa passion, Jésus prit sa place à la droite de Dieu. Il prit sa place avec le Père éternel. Mais ainsi il pénétra dans les cieux comme notre Tête ». Et là-haut, selon l’expression de Léon le Gand « la gloire de la Tête » devint « l’espoir du corps » (cf. Sermos de Ascensione Domini). Jésus a pris pour toute l’éternité sa place comme « le premier-né parmi de nombreux frères » (Rm 8, 29). En raison de notre nature nous sommes près de Dieu dans le Christ. Et, comme homme, le Seigneur Jésus est vivant pour toute l’éternité pour intercéder près de son Père en notre faveur (cf. He 7, 25). Et en même temps, du haut de son trône de gloire, Jésus envoie à toute son Eglise un message d’espérance et une invitation à la sainteté.
Par les mérites de Jésus et grâce à son intercession près de son Père, nous sommes capables d’obtenir en lui la justice et la sainteté de vie. L’Eglise peut rencontrer des difficultés, l’Évangile peut subir des échecs, mais comme Jésus est assis à la droite du Père, l’Eglise ne sera jamais vaincue. La puissance du Christ glorifié, du Fils bien-aimé du Père éternel n’a pas de limites et surabonde pour défendre chacun de nous et nous tous dans la fidélité de notre dévouement au Royaume de Dieu et dans la générosité de notre célibat. L’efficacité de l’Ascension du Christ touche chacun de nous dans les réalités concrètes de nos vies quotidiennes. A cause de ce mystère, l’Eglise tout entière a pour vocation d’attendre « dans une joyeuse espérance la venue de notre Sauveur, Jésus-Christ ».
Chers Fils, soyez imprégnés de l’espérance qui est si fortement une part du mystère de l’Ascension de Jésus. Soyez profondément convaincus de la victoire et du triomphe du Christ sur le péché et la mort. Ayez conscience que la puissance du Christ est plus grande que notre faiblesse, plus grande que la faiblesse du monde entier. Tâchez de comprendre et de partager la joie que Marie a éprouvée en sachant que son Fils avait pris sa place près de son Père qu’il aimait infiniment. Et aujourd’hui renouvelez votre foi dans la promesse de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est parti pour nous préparer une place, de sorte qu’il pourra revenir et nous prendre avec lui.

Voilà le mystère de l’Ascension de notre Chef. Rappelons-nous toujours : « Jésus a donné ses instructions » et ensuite « Jésus a pris sa place ».

Amen.

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