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Synaxaire de la fête de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ

5 août, 2009

du site:

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Synaxaire de la fête de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ

Icônes du Christ -> Icône de la Transfiguration

Le 6 août, nous célébrons la mémoire de la Sainte TRANSFIGURATION de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ [1]
Six jours après avoir déclaré à Ses disciples: « Il en est ici qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venu en puissance » (Mat. 16:28, Marc 9:1)[2], Jésus prit avec lui Ses Disciples préférés: Pierre, Jacques et Jean; et les emmenant à l’écart, Il monta sur une montagne élevée: le mont Thabor en Galilée, pour y prier. Il convenait en effet que ceux qui allaient assister à Son agonie à Gethsémani et qui seraient les témoins privilégiés de Sa Passion, fûssent préparés à cette épreuve par le spectacle de Sa gloire. Pierre, car il venait de confesser sa foi en Sa divinité; Jacques, car il fut le premier à mourir pour le Christ; et Jean qui témoigna de son expérience de la gloire divine en faisant retentir comme « fils de tonnerre », la théologie du Verbe venu dans la chair.

Il les fit monter sur la montagne, en signe de l’ascension spirituelle qui, de vertu en vertu, conduit à la charité, vertu suprême qui ouvre l’accès à la contemplation de Dieu. Cette ascension était en fait le résumé de toute la vie du Seigneur qui, revêtu de notre faiblesse, nous a frayé le chemin vers le Père, en nous enseignant que l’hésychia est la mère de la prière et que c’est la prière qui nous manifeste la gloire de Dieu.

« Et comme Il priait, soudain, l’aspect de Son visage devint autre, Il Se transfigura et brilla comme le soleil, tandis que Ses vêtements devinrent resplendissants, d’un blanc fulgurant, tel qu’aucun foulon sur la terre ne peut blanchir » (Marc 9:3). Le Verbe de Dieu incarné manifesta ainsi la splendeur naturelle de la gloire divine, qu’Il possédait en Lui-même et qu’Il avait gardée après Son Incarnation, mais qui restait cachée sous le voile de la chair. Dès le moment de Sa conception dans le sein de la Vierge, en effet, la divinité S’est unie sans confusion avec la nature de la chair, et la gloire divine est devenue, hypostatiquement, gloire du corps assumé. Ce que le Christ manifestait ainsi à Ses disciples au sommet de la montagne n’était donc pas un spectacle nouveau, mais la manifestation éclatante de la divinisation en Lui de la nature humaine – y compris le corps – et de son union avec la splendeur divine.

Alors que le visage de Moïse avait resplendi d’une gloire qui venait de l’extérieur après la révélation du mont Sinaï (cf. Exode 34:29), le visage du Christ apparut au Thabor comme une source de lumière, source de la vie divine rendue accessible à l’homme, et qui se répandait aussi sur ses « vêtements », c’est-à-dire sur le monde extérieur et sur les produits de l’activité et de la civilisation humaines.

« Il est transfiguré, assure Saint Jean Damascène, non pas en assumant ce qu’Il n’était pas, mais en montrant à Ses disciples Ce qu’Il était, leur ouvrant les yeux et, d’aveugles qu’ils étaient, les faisant voyants »[3]. Le Christ ouvrit les yeux de Ses disciples, et c’est d’un regard transfiguré par la puissance de l’Esprit-Saint que ces derniers virent la lumière divine indissociablement unie à Son corps. Ils furent donc eux-mêmes transfigurés, et c’est dans la prière qu’ils purent voir et connaître le changement advenu à notre nature du fait de son union avec le Verbe (Saint Grégoire Palamas).

« Tel est le soleil pour les choses sensibles, tel est Dieu pour les spirituelles » (Saint Grégoire le Théologien), c’est pourquoi les Evangélistes rapportent que le visage du Dieu-Homme, qui est la « lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean 1:9), brillait comme le soleil. Mais cette lumière était en fait incomparablement supérieure à toute lumière sensible et, incapables de supporter Son éclat inaccessible, les disciples tombèrent à terre.

Lumière immatérielle, incréée et intemporelle, elle était le Royaume de Dieu venu dans la puissance du Saint-Esprit, conformément à ce que le Seigneur avait promis à Ses disciples. Entrevue alors pour un instant, cette lumière deviendra l’héritage permanent des élus dans le Royaume, quand le Christ viendra à nouveau, resplendissant dans tout l’éclat de Sa gloire. Il reviendra dans la lumière, dans cette lumière qui a brillé au Thabor et qui a jailli du tombeau le jour de Sa Résurrection, et qui, se répandant sur l’âme et le corps des élus, les fera resplendir eux aussi « comme le soleil » (cf. Mat. 13:43).

« Dieu est lumière, et Sa vue est lumière »[4]. De la même manière que les Disciples au sommet du Thabor, de nombreux Saints ont été témoins de cette révélation de Dieu dans la lumière. Toutefois la lumière n’est pas pour eux seulement objet de contemplation, mais elle est aussi la grâce déifiante qui leur permet de « voir » Dieu, de sorte que se vérifient les paroles du Psalmiste: « Dans ta lumière, nous verrons la lumière » (Ps. 35:10).

Au sein de cette vision glorieuse, apparurent aux côtés du Seigneur Moïse et Élie, les deux sommets de l’Ancien Testament, représentant respectivement la Loi et les Prophètes, qui lui portaient témoignage en tant que maître des vivants et des morts [5]. Et ils s’entretenaient avec Lui, dans la lumière, de l’ »Exode qu’Il allait accomplir à Jérusalem », c’est-à-dire de Sa Passion, car c’est par la Passion et par la Croix que cette gloire devait être donnée aux hommes.

Étant sortis d’eux-mêmes, ravis dans la contemplation de la lumière divine, les Apôtres étaient comme accablés de sommeil et, « ne sachant pas ce qu’il disait, Pierre dit à Jésus: « Maître, il est bon que nous soyons ici, et si tu veux nous ferons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie » ». Détournant Son disciple de ce désir trop humain, qui consistait à se contenter de la jouissance terrestre de la lumière, le Seigneur leur montra alors une « tente » meilleure et un tabernacle de beaucoup supérieur pour abriter Sa gloire. Une nuée lumineuse vint les couvrir de Son ombre, et la voix du Père Se fit entendre au sein de cette nuée, portant témoignage au Sauveur: « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en Qui Je Me suis complu; écoutez-Le. » Cette nuée représentait la grâce de l’Esprit d’adoption; et, comme lors de Son Baptême au Jourdain, la voix du Père rendait ainsi témoignage au Fils et manifestait que les trois Personnes de la Sainte Trinité, toujours unies, collaborent au Salut de l’homme.

La lumière de Dieu, qui avait d’abord permis aux Disciples de « voir » le Christ, les fit accéder à un état supérieur à la vision et à la connaissance humaines quand elle brilla plus intensément. Sortant de tout ce qui se voit ainsi que d’eux-mêmes, ils entrèrent alors dans la ténèbre supra-lumineuse, dans laquelle Dieu fait Sa retraite (cf. Ps. 17:12), et « fermant la porte de leurs sens », ils y reçurent la révélation du Mystère Trinitaire, qui transcende toute affirmation et toute négation[6].

Encore insuffisamment préparés à la révélation de tels mystères, car ils n’étaient pas encore passés par l’épreuve de la Croix, les disciples en furent fort effrayés. Mais quand ils relevèrent la tête, ils virent Jésus, seul, ayant retrouvé Son aspect habituel, Qui S’approcha d’eux et les rassura. Puis, descendant de la montagne, Il leur recommanda de garder le silence sur ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’Homme Se relève d’entre les morts.

La fête d’aujourd’hui est donc par excellence celle de la divinisation de notre nature humaine et de la participation de notre corps corruptible aux biens éternels, qui sont au-dessus de la nature. Avant même d’accomplir notre Salut par sa Passion, le Sauveur montra alors que le but de Sa venue dans le monde était précisément de conduire tout homme à la contemplation de Sa gloire divine. C’est pour cette raison que la fête de la Transfiguration a connu une faveur particulière parmi les moines, qui ont consacré toute leur vie à la quête de cette lumière [7].

NOTES:
 
[1] La Transfiguration étant célébrée pendant le carême de la Dormition, on n’accorde aujourd’hui qu’une dispense de poisson, et non dispense totale de jeûne, comme pour les autres fêtes du Seigneur. La plupart des homélies des Saints Pères sur cette fête sont maintenant traduites dans: Joie de la Transfiguration d’après les Pères d’Orient, « Spiritualité Orientale 39″, Abbaye de Bellefontaine, 1985.
 
[2] Le récit de St Luc mentionne un délai de huit jours, en incluant les deux jours extrêmes. Les deux versions suggèrent le dépassement de ce monde, créé en six jours, pour atteindre le Royaume éternel, symbolisé par le nombre huit. Selon certains la Transfiguration eut lieu quarante jours avant la Passion; c’est pourquoi cette fête a été fixée quarante jours avant celle de l’Exaltation de la Croix.
 
[3] St Jean Damascène, Homélie sur la Transfiguration, 12 (PG 96, 564).
 
[4] St Syméon le Nouveau Théologien, Discours Éthique V, 276 (SC 129, 101).
 
[5] Moïse était mort avant d’entrer dans la Terre Promise, et Élie fut transféré dans un lieu mystérieux sans connaître la mort.
 
[6] La théologie mystique de St Denys l’Aréopagite a été appliquée au Mystère de la Transfiguration principalement par St Grégoire Palamas.
 
[7] De très nombreux Monastères ont été dédiés à cette Fête, surtout depuis la controverse hésychaste du XIVe s., qui portait précisément sur la nature de la lumière du Thabor et de la contemplation. Notons en outre que, d’après une tradition qui circulait au temps de l’iconoclasme, la première Icône, peinte par les Apôtres eux-mêmes, fut celle représentant la Transfiguration. Il s’agit bien sûr moins d’un fait historique, que d’une interprétation symbolique, rendant compte du lien intime entretenu dans la tradition de l’Église entre l’art de I’Icône et cette Fête de la vision du Christ dans la gloire.

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Cœur du Christ : Dévotion populaire et profondeur théologique

18 juin, 2009

du site:

http://news.catholique.org/10839-titre

Cœur du Christ : Dévotion populaire et profondeur théologique

ROME, Dimanche 25 juin 2006 (ZENIT.org) – La fête du Cœur du Christ « unit la dévotion populaire et la profondeur théologique », souligne Benoît XVI.

« Ce 12e dimanche du Temps ordinaire se trouve comme entouré par des solennités liturgiques significatives », soulignait le pape avant la prière de l’angélus.

Il précisait : « Vendredi dernier, nous avons célébré le Sacré Cœur de Jésus, fête qui unit heureusement la dévotion populaire et la profondeur théologique ».

Et d’ajouter : « Il était traditionnel – et c’est encore le cas dans certains pays – de consacrer les familles au Sacré Cœur et d’en conserver une image dans les maisons ».

« Les racines de cette dévotion plongent dans le mystère de l’Incarnation. C’est justement par le Cœur de Jésus que, de façon sublime, s’est manifesté l’Amour de Dieu envers l’humanité ».

« C’est pourquoi, expliquait le pape, l’authentique culte du Sacré Cœur conserve toute sa validité et attire spécialement les âmes assoiffées de la miséricorde de Dieu qui y trouvent la source inépuisable où puiser l’eau de la Vie, capable d’irriguer les déserts de l’âme et de faire refleurir l’espérance ».

A propos de la Journée pour la sanctification des prêtres, le pape ajoutait : « La solennité du Sacré Cœur de Jésus est aussi la Journée mondiale de prière pour la Sanctification des prêtres : je saisis l’occasion pour vous inviter tous, chers frères et sœurs, à toujours prier pour les prêtres afin qu’ils puissent être de valides témoins de l’amour du Christ ».

L’institution de la fête liturgique du Sacré-Coeur de Jésus – I -

18 juin, 2009

sur le site sont trois pages je met la primière, regardez le notes, du site:

http://www.gesuiti.it/moscati/Francais2/Fr_SCuore_APaolino.html

L’institution de la fête liturgique du Sacré-Coeur de Jésus – I -
 
 Amedeo Paolino s.j.

[Traduction par Mariagnese Giusto]

Pie XII et l’encyclique « Haurietis Aquas »

Le 15 mai 1956 le Pape Pie XII publia l’encyclique « Haurietis Aquas »(1): « Vous puiserez des eaux avec joie aux sources du Sauveur. »(2) Dans cette encyclique Pie XII rappelle l’institution de la Fête du Sacré-Coeur – pour l’Eglise universelle par Pie IX le 23 août 1856. En 2006 ce sont donc les 150 ans de l’institution et les 50 ans de la publication de l’Encyclique Haurietis Aquas.

L’extension de la Messe du Sacré-Coeur à toute l’Eglise, décrétée par Pie IX, fut le terme d’un long parcours, un cheminement tourmenté qui s’est poursuivi pendant plus de deux siècles et marqué – en particulier au XVIIe et XVIIIe siècle – par de violentes controverses. Pourtant ce fut aussi un temps de croissance en profondeur et de diffusion de la dévotion au Sacré-Coeur.

L’histoire ce cette dévotion est distincte de celle de l’introduction de la fête dans la liturgie universelle de l’Eglise. Deux réalités distinctes mais intimement reliées l’une à l’autre et interdépendantes. Une telle interdépendance eut lieu de deux façons. La croissante dévotion du peuple en l’honneur du Sacré-Coeur, l’approfondissement théologique, biblique et la bienfaisante utilité pastorale de la dévotion, exercèrent une pression pour l’institution liturgique de la fête. Celle-ci, une fois advenue, suscita de nouvelles études, qui clarifièrent l’essence de la dévotion même et le symbolisme du coeur. En outre, la pratique pastorale grandit – on peut dire – démesurément.

L’histoire de la dévotion au Sacré-Coeur ou au Côté transpercé de Jésus est plus ancienne, ample et attrayante que l’institution liturgique correspondante avec Messe et Office propres. Après Vatican II on n’accepta plus de façon nette la vision dualiste entre « dévotions » du peuple et « liturgie institutionelle ». Dans les siècles passés il y avait par contre un dualisme cultuel marqué entre « dévotions » du peuple chrétien et celui « liturgique officiel-juridique » approuvé par l’autorité ecclésiastique.

Le progrés de l’ecclésiologie fait retenir le peuple de Dieu comme Eglise, sans pour cela toucher à l’autorité hiérarchique des pasteurs. On diminue la distinction qu’il y avait avant le Concile. L’introduction d’une Messe et de l’Office dans la liturgie universelle est toujours précédée par un processus plutôt long. Sans s’arrêter aux expériences de certaines âmes élévées, commençons l’histoire de ce processus à l’apparition de signes et de faits publics concernant la dévotion au Sacré-Coeur.

Le premier « signe » public-dévotionel au Sacré-Coeur n’eut pas lieu en Europe. Il arriva au Brésil, au tout début de l’évangélisation de cet immense pays. Ce fut St José de Anchieta (3), apôtre du Brésil, jésuite, qui, en 1552, dédia au Sacré-Coeur une modeste église à Guarapary. La construction se trouve dans le diocèse « Do Espiritu Santo », sur la côte atalantique, au nord de Rio de Janeiro.

Franchement, on se serait attendu à un signe public en Europe. Mais non! Le premier signe public de la dévotion au Sacré-Coeur apparut donc dans un pays considéré alors comme « à moitié sauvage ».

La surprise s’accroit en connaîssant l’expérience mystique de St Pierre Canisius (4), contemporain de Anchieta. Canisius eut l’expérience mystique du Sacré-Coeur 40 ans avant la construction de la petite église au Brésil. Il écrit, dans ses notes spirituelles, que le jour de sa profession solennelle à Rome, il alla prier au Vatican sur le tombeau des apôtres. Pendant la prière, entre autres expériences, il eut celle-ci: « Toi, ô Sauveur, à la fin, comme s’ouvrait le Coeur de ton très saint Corps, qu’il me parut voir en face de moi, toi, tu m’as commandé de boire à cette source en m’invitant, pour ainsi dire, à puiser les eaux de mon salut à Tes sources, ô mon Sauveur » (5).

La dévotion au Sacré-Coeur au XVII siècle

Au début de 1600 la dévotion au Sacré-Coeur se répandit spécialement grâce aux Pères Jésuites. Nous en rappellons quelques uns parmi les plus connus. En Espagne, Luis De La Puente (6) traita de cette dévotion dans ses nombreuses publications. En Hongrie, Matyas Hajnal (7) écrit en hongrois un livre de prières, où il présente « La dévotion pour les coeurs qui aiment le Coeur de Jésus ». En Pologne Kasper Druzbicki (8) composa le traité « Meta cordium Cor Jesu ». En France Vincent Huby (9) propagea cette dévotion dans les missions parroissiales en Bretagne et aux cours des Exercices dans des groupes d’une dizaine de personnes.


Le Sacré-Coeur et Sainte Marguerite-Marie Alacoque
[Eglise du "Gesu' Nuovo", Naples]
L’activité des jésuites et d’autres propagea la dévotion au Sacré-Coeur dans un contexte public, mais pas très étendu. Il y eut une bonne évolution avec Saint Jean Eudes (1601-1680). Son oeuvre dans la diffusion de la dévotion aux Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie fut grande. On lui doit la première composition de la Messe et de l’Office en l’honneur du Sacré-Coeur. Léon XIII – qui connaissait bien l’histoire de cette dévotion – le considéra comme « l’auteur du culte liturgique des Sacrés-Coeurs ».

Cinq ans après l’approbation de la Messe, il y eut les révélations à Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) à Paray-le-Monial, de 1673 à 1675. Le jésuite St Claude de la Colombière, confesseur de la voyante, retint les révélations pour authentiques. Mais, peu après, en 1676, il fut envoyé en Angleterre, emprisonné à cause de fausses accusations et il tomba gravement malade.

Renvoyé en France en 1679, l’infirmité l’empêcha de diffuser la dévotion au Sacré-Coeur. Mais de la Colombière l’inculqua à plusieurs étudiants jésuites, dont il était le directeur spirituel. Il mourut en 1681. Parmi ces étudiants il y avait Joseph Gallifet s.j. (1663-1749) qui assimila beaucoup le message des révélations. Devenu prêtre, il dédia une extraordinaire attention pour illustrer et diffuser les révélations et la dévotion au Sacré-Coeur.

Dans un délai relativement bref, les révélations à Ste Marguerite-Marie contribuèrent grandement à l’exceptionnel mouvement de la dévotion. Le P.Gallifet soutint Ste Marguerite-Marie et il composa la Messe en l’honneur du Sacré-Coeur: « Venite, exultemus » et l’Office correspondant. L’évêque de Coutances, Mgr François de Lomènie de Brienne, approuva en 1688 le formulaire de la Messe et il promit de célébrer la fête liturgique du Sacré-Coeur le vendredi après l’octave du Corpus Domini.

La première requête à Rome: 1696

Après la mort de Ste Marguerite-Marie Alacoque, (1690), les Visitandines de France, encouragées par la diffusion de la dévotion, présentèrent des requêtes au Saint-Siège: l’approbation de la fête liturgique du Sacré-Coeur; sa célébration le vendredi après la fête du Corpus Domini; la faculté de dire la Messe « Venite », composée par le P. Gallifet, pour tous les prêtres qui en ce jour auraient à célébrer dans les monastères de la Visitation.

Les pères jésuites appuyèrent la motion. On eut même le patronage de la Reine Marie, femme de Jacques II Stuart, roi d’Angleterre. Le Cardinal Tousaint fut nommé « Postulateur » de la cause.
Au cours de la discussion de la cause, le promoteur de la Foi, Mgr Bottini, s’opposa résolument à l’approbation. Deux raisons furent surtout avancées: l’Eglise ne se fonde pas sur des révélations privées pour ce qui concerne le culte public; la question physiologique du coeur humain en relation avec les émotions (amour, douleur, etc.) n’était pas claire. Le 30 mai 1697 le résultat négatif de la cause fut rendu public. Les formulaires de la Messe « Venite » furent eux aussi renvoyés.

Siècle XVIII – On obtient l’approbation pontificale

Malgré la réponse négative de 1697, la dévotion continuait de se répandre. Le P. Gallifet comptait 317 associations, nées au cours de la décennie 1693-1703, en l’honneur du Sacré-Coeur. Les Visitandinesur la deuxième fois présentèrent la demande d’approbation de la fête. Le Pape Benoît XIII était connu pour sa piété. L’épiscopat français, le roi Auguste de Pologne et Philippe V d’Espagne s’unirent aux Visitandines

Le P. Gallifet, le postulateur, présenta une oeuvre sur le culte au Sacré-Coeur et sur sa diffusion; elle fut publiée à Rome l’année précédente (10). Dans la « cause » le Promoteur de la Foi était Prospero Lambertini (le futur Benoît XIV). La décision finale fut: « Non proposita », qui, dans le style de la Curie Romaine signifiait que la fête n’était pas approuvée. Deux ans après (1729) elle fut à nouveau proposée pour l’approbation mais on eut un amer et sec « Négatif ».

Pour la quatrième fois, en 1763, on présenta la demande pour l’approbation à la Sacrée Congrégation pour les Rites. L’initiative vint de l’Episcopat de Pologne. La cause était appuyée par certains princes de Pologne et de France. Le soutien le plus imposant vint de 148 évêques d’Europe qui souscrirent la pétition. Parmi eux il y avait St Alphonse Marie de Liguori.

La « Cause » fut longuement débattue. Le 2 Janvier 1765 La Sacrée Congrégation des Rites approuva la fête du Sacré-Coeur « pro regno Poloniae, pro catholicis Hispaniarum regnis, necnon pro archiconfraternitate sub titulo eiusdem santissimi Cordis in Urbe » (pour le Règne de Pologne, pour les Catholiques des règnes d’Espagne ainsi que pour l’archiconfrérie qui à Rome porte le titre du Sacré-Coeur).

La décision fut confirmée par le Pape Clément XIII le 6 février 1765, c’est à dire, le mois suivant. Le Pape, pourtant, enleva le terme: “pro caholicis Hispaniarum regnis”. La fête liturgique était donc limitée à la Pologne et à l’Archiconfrérie du Sacré-Coeur à Rome. Pour la fête liturgique on l’établit au vendredi après le Corpus Domini. Dès lors, de toute façon, on peut dire que commence dans l’Eglise le culte public canonique au Sacré-Coeur.

Dans le décret d’approbation il est rappelé la grande diffusion du culte au Sacré-Coeur, « per omnes catholici orbis partes » (« pour toutes les parties du monde catholique »). Le « sensus » du peuple chrétien fut déterminant et le décret négatif du 30 juillet 1729 fut révoqué. Peu après – le 11 mai 1765 – le texte d’une nouvelle messe, dite « Miserebitur », fut approuvé.

La nouvelle de l’approbation de la fête se repandit vite. Plusieurs diocèses et familles religieuses se hâtèrent de demander l’indult pour la célébrer, en adoptant les nouveaux textes. Tous l’obtinrent. Parmi ceux qui le demandèrent, il y eut la Compagnie de Jésus, les Visitandines, les diocèses de Pozzuoli et de Gallipoli, certaines communautés religieuses de Capua et de Naples.

Les textes de la nouvelle messe développent le thème de l’amour miséricordieux du Coeur de Jésus, la vague salutaire qui jaillit du coeur transpercé, l’immolation de Jésus, dans la nature humaine, sur la croix.


Comme dans l’Evangile, comme avec les disciples d’Emmaus, Jésus nous révèle la démésurée richesse de l’amour de Dieu pour chacun de nous.
Extension universelle de la liturgie du Sacré-Coeur

L’approbation pontificale – même limitée – eut pour conséquence une immense diffusion du culte au Sacré-Coeur. Pourtant, les dissentiments outrageux de la part des jansénistes ne cessèrent pas, en présentant le culte au Sacré-Coeur comme un acte d’idôlatrie. Au plus vif de cette polémique aigre, la reine Marie-Françoise du Portugal demanda au Pape Pie VI, en 1777, l’indult pour célébrer la fête liturgique au Portugal et dans tous ses domaines; Pie VI « benigne annuit » (repondit favorablement) à la demande d’indult et à d’autres requêtes concernant la fête du Sacré-Coeur.

La révolution française et la période napoléonienne balayèrent les polémiques jansénistes, mais la dévotion se développa davantage. A la moitié du XIX siècle, il n’y avait presque pas un seul diocèse qui n’ait obtenu du Siège Apostolique l’indult pour célébrer la liturgie du Sacré-Coeur.

A presque un siècle de la première approbation romaine (de 1765), Pie IX jugea les temps mûrs pour l’extension de la fête à l’Eglise Universelle et il en sortit le décret le 23 août 1856. La messe « Miserebitur » avec son Office fut adoptée dans la catégorie de « duplex maius », selon les degrés de la liturgie de ce temps-là.

Conclusion

L’extension universelle de la liturgie du Sacré-Coeur eut une difficile gestation. Les réponses « négatives » de Rome, l’examen des textes liturgiques, l’attention pour distinguer entre révélation privée et le « Dépôt de la Foi », les questions même non théologiques sur les relations entre le coeur et les sentiments d’amour, douleur, etc., montrent combien l’Eglise est prudente pour le culte public. La liturgie est la Foi priante. Si dans le Dépôt de la Foi rien d’illégitime ne peut entrer, de même rien d’incertain ne peut se superposer aux splendeurs de la liturgie.

Une des caractéristiques de la liturgie est qu’elle reflète plusieurs temps historiques, plusieurs attitudes de peuples et plusieurs spiritualités de fondateurs d’ordres religieux. Quelque chose de similaire est arrivé dans la formulation de nombreux textes liturgiques pour la Messe du Sacré-Coeur avant 1856. En eux remonte à la surface un travail continu qui met en évidence de multiples aspects de la « charitas » humaine et divine du Verbe-Homme: amour miséricordieux, tendresse de sentiments, immolation, réparation, poids de l’ingratitude… Une vaste « concorde discorde » d’un choeur grandiose, qui communique au pélerin la sérénité ainsi qu’une mystérieuse énergie pour vivre sur les routes semi-obscures de l’histoire.

Notes:

1. Les encycliques sont appellées à partir des deux ou trois premières paroles du texte latin.
2. Isaïe 12, 3.
3. José de Anchieta s.j. (1534-1591), naquit à Santa Cruz de Tenerife de Canarias. Il étudia dans la célèbre université de Coimbra; il devint un excellent humaniste de la Renaissance. Il obtint des supérieurs d’être envoyé au Brésil. Il débarqua à Salvador de Bahia en 1552. Evangélisateur et défenseur des indigènes. Les villes de São Paolo et de Rio de Janeiro le considèrent parmi leurs fondateurs. Il est considéré comme le créateur de la littérature brésilienne. On lui doit la première grammaire de la langue « tupi »: « Arte de gramatica da lingua mais usada na costa do Brasil ». Il composa des drames pour le peuple dans les langues tupi et guarani. Il écrivit le poème héroïque de 2947 esamètres: « De gestis Mendis Saa. praesidis Brasiliae » en exaltant l’oeuvre de civilisation du troisième gouverneur du Brésil: Mem de Sa. Pendant quatre mois il fut otage de paix des féroces « I poroig », anthropophages. Dans ce danger continuel de mort, il fit le voeu de composer un poème en l’honneur de la Mère de Dieu. Il en commença la composition pendant ces tristes jours, en mémorisant les vers, écrits parfois sur le sable: « De B. Virgine Dei Matre Maria », 2893 distiques; ce poème est maintenant considéré comme une des grandes oeuvres de la Renaissance. Anchieta est appelé « O Canario do Brasil », expression qui indique son origine et sa finesse poétique.
4. Saint Pierre Canisius (1521-1597) appelé le deuxième apôtre de l’Allemagne, docteur de l’Eglise (1925); connu pour les « Catéchèses »; il se tint hors de la polémique envers les réformateurs luthériens qu’il appella « frères ». Sa foi profonde le libéra de tout péssimisme déséspéré dans les situations les plus catastrophiques. Sa piété se développa dans la « devotio moderna », imprégnée d’Humanisme et fondée sur l’Ecriture et la Patristique.
5. Voici le texte original latin des notes spirituelles concernant l’expérience du Coeur de Jésus: « … Unde Tu, o Salvator, tandem aperto mihi corde santissimi Corporis Tui, quod inspicere coram videbar, ex fonte illo ut biberem jussisti, invitans scilicet ad hauriendas aquas salutis meae de fontibus Tuis, Salvator meus ». (Braunsberger, Canisius 1. 55-59).
6. De la Puente Luis (1554-1624), auteur renommé d’oeuvres ascétiques, traduites en plusieurs langues.
7. Hajnal Matyas (1578-1644), missionnaire populaire; il collabora à la nouvelle évangélisation catholique de Hongrie. Il écrivit le livre de prières pour la reine Krisztina Nyàry. Le livre eut un grand succés. Il a été réédité en édition fac-similé à Budapest en 1992.
8. Druzbich Kasper (1590-1667), personnalité saillante du catholicisme en Pologne. Outre l’oeuvre « Meta cordium Cor Jesu » il écrivit des traités plus étendus. Ses oeuvres furent publiées de façon posthume, mais elles avaient été déjà divulguées pendant sa vie en copies manuscrites.
9. Huby Vincent (1608-1693), fondateur de la première maison d’Exercices Spirituels à Vannes; maison assez grande pour accueillir jusqu’à 300 personnes faisant les exercises
10. Le titre de l’oeuvre était: « De cultu sacratissimi Cordis Dei ac Domini nostri Jesu Christi in variis christianis orbis provincis jam propagato ». Elle avait été écrite une trentaine d’années auparavant , en 1696. Même si les « censures » de cette année avaient donné un jugement élogieux de l’oeuvre, ils en déconseillèrent alors la publication. Dans les annés suivantes, le P. Gallifet la retoucha et l’élargit. Etant à Rome pour son office d’ »Assistant » pour les Jésuites de France, il la publia. L’oeuvre se diffusa dans toute l’Europe, spécialement en Espagne par un étudiant jésuite: Bernardo Francisco de Hoyos (1711-1735).
L’encyclique “Haurietis Aquas” du Pape XII, du 15 mai 1956, met clairement en évidence l’essence et l’importance de la dévotion au Sacré-coeur de Jésus dont la charité et l’amour sont le fondement et le couronnement de la rédemption. Le Pape, entre autre, remonte à l’enseignement des Saints Pères sur l’amour sensible de Jésus et il y consacre les trois paragraphes que nous rapportons ici (cfr. Edition A.d.P., 2006);

Office des Lectures du dimanche 24 mai 2009

23 mai, 2009

du site:

http://services.liturgiecatholique.fr/heures_consultcal.php

Office des Lectures du dimanche 24 mai 2009

Hymne

A toi, Dieu, notre louange !
nous t’acclamons : tu es Seigneur !
à toi, Père éternel,
l’hymne de l’univers.

Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce,
ils adorent et ils chantent :

Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.

C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.

Dieu, nous t’adorons
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.

Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.

Par ta victoire sur la mort
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.

Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.

ASCENSION DE N.-S. JÉSUS-CHRIST – HYMNE A MATINES – LATIN FRANÇAIS

22 mai, 2009

du site:

http://www.leforumcatholique.org/print.php?num=483711

ASCENSION DE N.-S. JÉSUS-CHRIST – HYMNE A MATINES – LATIN FRANÇAIS

Hymne (version antique)
Ætérne Rex altíssime,
Redémptor et fidélium,
Quo mors solúta déperit,
Datur triúmphus grátiæ:
Roi éternel des cieux,
rédempteur de tous les croyants,
vous avez détruit la mort
et fait triompher la grâce.

Scandens tribúnal déxteræ
Patris: potéstas ómnium
Colláta Jesu caélitus,
Quae non erat humánitus:
Montant siéger à la droite du Père,
Jésus reçoit du ciel
la toute-puissance
qui ne lui appartenait pas comme homme.

Ut trina rerum máchina,
Cæléstium, terréstrium,
Et inferórum cóndita,
Flectat genu jam súbdita.
Les trois parties de l’univers créé,
ciel, terre, enfers,
à présent soumises,
fléchissent le genou devant vous.

Tremunt vidéntes Angeli
Versam vicem mortálium:
Culpat caro, purgat caro,
Regnat Deus Dei caro.
Les anges tremblent en voyant
le rôle nouveau d’une chair mortelle:
la chair blâme le péché, la chair justifie,
la chair règne dans la Personne du Verbe.

Tu esto nostrum gáudium,
Manens olýmpo praéditum:
Mundi regis qui fábricam,
Mundána vincens gáudia.
O Christ, soyez notre joie,
notre récompense établie dans les cieux;
vous régissez le cours du monde,
et triomphez des attraits de la terre.

Hinc te precántes, quaésumus,
Ignósce culpis ómnibus,
Et corda sursum súbleva
Ad te supérna grátia,
Aussi, nous vous en prions,
pardonnez toutes nos fautes,
et élevez nos cœurs vers vous
par la grâce d’en-haut.

Ut, cum repénte cœperis
Clarére nube iúdicis,
Pœnas repéllas débitas,
Reddas corónas pérditas.
Lorsque soudain vous viendrez
nous juger sur la nuée,
remettez la peine de nos péchés,
rendez-nous les couronnes perdues.

Glória tibi, Dómine,
Qui scandis supra sídera,
Cum Patre, et Sancto Spíritu,
In sempitérna saécula. Amen.
Gloire à vous, Seigneur,
qui vous élevez au-dessus des cieux,
ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit,
dans les siècles éternels. Amen.

Présentation du Seigneur au Temple – 2 février 2009 (encore une homélie)

2 février, 2009

Présentation du Seigneur au Temple – 2 février 2009

Famille Saint Joseph:

http://www.homelies.fr/homelie,presentation.du.seigneur.au.temple,2315.html

Quarante jours après la naissance du Seigneur, le 2 février, la Présentation au Temple de Jérusalem est un complément du cycle de Noël. La fête est sous le signe de la lumière, en raison de la parole du vieillard Siméon, qui voit dans l’Enfant « la lumière qui éclaire les nations ». Le mot « Chandeleur » vient précisément de candela – la chandelle – reprise dans l’expression Festa candelarum, fête des chandelles. En fait, à l’époque des Romains, il s’agissait d’une célébration en l’honneur du dieu Pan. Toute la nuit, les dévots de cette divinité païenne parcouraient les rues de Rome en agitant des flambeaux. En 472, le pape Gélase 1er décida de christianiser cette fête en la faisant coïncider avec la célébration de la Présentation de Jésus au Temple. De là la bénédiction traditionnelle des cierges avant la Messe et la procession qui anticipe en quelque sorte la nuit pascale. Ce qui souligne l’unité du cycle liturgique et l’orientation de tous les mystères vers la Pâques, où s’accomplit « le salut que Dieu préparait à tous les peuples ». (Pour être complet il faut ajouter qu’au cours des anciennes lupercales romaines, il convenait également de manger une galette de céréales en l’honneur de Proserpine pour obtenir d’elle la fertilité de la terre. Cette pratique s’est maintenue jusqu’à nos jours dans la tradition des crêpes de la Chandeleur !)
La solennité de ce jour veut nous introduire au mystère de l’incarnation comme l’événement de la rencontre entre Dieu et les hommes. Tout le récit de la présentation de Jésus au Temple est empreint de cette « théologie de la rencontre » ou de la « visitation » de Dieu. Une rencontre qui n’a rien de formel : tout se passe dans la simplicité d’un dialogue, d’un échange de regard, d’un sourire, d’un geste respectueux, dans lesquels Dieu et l’homme s’approchent, s’apprivoisent, s’engagent mutuellement.
Car c’est bien le Seigneur qui, porté dans les bras de Marie, entre dans son Temple : il est chez lui dans cet édifice ; c’est lui qu’on y adore. Et pourtant, seul deux vieillards aux yeux déjà éteints, vont le reconnaître là où il se donne à contempler : dans l’humilité d’un enfant offert à nos regards attendris. Dieu n’est pas derrière l’autel des sacrifices ; il ne se rassasie pas du sang des animaux : « c’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice » (Mt 9, 13). Et encore : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un cœur brisé ; du cœur brisé, ô mon Dieu, tu n’as point de mépris ! » (Ps 50). Le cœur que le Seigneur aime est le cœur repentant, qui renonce à vouloir mettre la main sur Dieu, à chercher à le manipuler par sacrifices interposés, et accepte de s’ouvrir à une vraie rencontre, humble et sincère.
Rencontre déconcertante il est vrai : le Verbe éternel cache sa divinité sous le voile de l’humanité qu’il reçoit de la Vierge, et s’offre à nous comme un petit enfant dans les bras de sa mère, tout aussi dépendant d’elle que nous l’avons tous été. En lui nous sommes invités à reconnaître le Fils de Dieu qui se fait Fils de l’homme pour ne pas nous anéantir sous le poids de sa gloire divine. Qui en effet pourrait tenir sous le regard de Dieu ? « L’homme ne saurait me voir et vivre ! » (Ex 33, 20).
Marie et Joseph viennent au Temple pour accomplir un précepte de la Loi ; mais ce faisant, ils présentent aux hommes religieux rassemblés dans le Temple, celui qui vient accomplir tous les préceptes et toutes les lois reçues du Très-Haut dans le contexte de la première Alliance. Pourtant, ce ne sont pas les prêtres chargés du culte, ni les docteurs chargés de l’interprétation de la Torah qui viennent l’accueillir, mais deux « anawim », ces pauvres que Dieu aime précisément en raison de leur humilité de cœur. C’est parce qu’ils ont le cœur pur – purifié de tout orgueil – qu’ils peuvent « voir Dieu » (Mt 5, 8) et reconnaître la présence du Messie dans l’enfant présenté ce jour-là au Temple.
La grande conversion à laquelle nous sommes invités dès les premières pages de l’Evangile consiste à nous laisser surprendre par un Dieu déconcertant, qui cherche à engager avec nous un dialogue empreint de simplicité, de familiarité. N’est-ce pas ce que fera Jésus tout au long de sa vie publique ? Il appelle ses disciples « pour être avec lui », il les invite à entrer dans son intimité ; il vit avec eux en communauté – ce que ne faisait aucun rabbi de l’époque – il trouve sa joie à partager leur convivialité, et instituera même le mémorial de sa Pâques au cours d’un repas.
Aujourd’hui « le Roi de gloire, le Seigneur, le fort, le vaillant des combats, le Dieu de l’univers » nous visite ; il « veut demeurer chez nous » (Lc 19, 5). Ne le cherchons pas dans l’éclat du feu ou dans la rumeur du tonnerre : il vient à nous comme le pauvre, le mendiant d’amour ; comme un enfant dépendant, ou comme ce frère ou cette sœur qui ont besoin de mon aide, de mon accueil, de mon écoute, de mon sourire. Notre cœur est-il suffisamment simplifié pour laisser à Dieu la liberté de nous visiter de manière aussi déconcertante ? Notre regard est-il assez purifié de l’orgueil pour le reconnaître dans un enfant ? Notre désir de la rencontre est-il assez fort pour lui faire une place et lui répondre amour pour amour ?
En rappelant le lien entre la Fête de la Présentation et la Journée de la Vie Consacrée, le pape Benoît XVI exhortait les religieux à être au sein du Peuple de Dieu « comme des sentinelles que l’on aperçoit et qui annoncent la vie nouvelle déjà présente dans l’histoire ». Le dévouement complet des personnes consacrées à Dieu et à leurs frères, « doit devenir pour le monde d’aujourd’hui le signe éloquent de la présence du Règne de Dieu. Leur façon de vivre et d’agir doit manifester sans équivoque la pleine appartenance au seul Dieu. Leur abandon total dans les mains du Christ et de l’Eglise est le message fort et clair de la présence de Dieu en un langage compréhensible aussi à nos contemporains. Ceci est le premier service que les personnes consacrées rendent à l’Eglise et au monde ».

« Le pèlerinage de foi et de consécration de la Vierge Marie constitue l’archétype de celui de chaque baptisé. Il l’est d’une façon particulière pour ceux qui embrassent la vie consacrée. Comme il est réconfortant de savoir que Marie est à nos côtés, en tant que Mère et Maîtresse, sur notre itinéraire de consécration ! Ô Marie, Mère du Christ et notre Mère, nous te remercions de l’attention avec laquelle tu nous accompagnes sur le chemin de la vie, et nous te demandons : présente-nous aujourd’hui à nouveau à Dieu, notre unique bien, afin que notre vie, ardente d’Amour, soit pour Lui un sacrifice vivant, saint et agréable » (Jean-Paul II, Homélie pour la fête de la Présentation du Seigneur, 2 février 2002).
Père Joseph-Marie
 

La Présentation de Marie au Temple par le P. Lev Gillet

1 février, 2009

du site:

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/fetes/fete21_11.htm

La Présentation de Marie au Temple par le P. Lev Gillet

Quelques jours après le commencement de l’Avent, l’Eglise célèbre la fête de la Présentation de la Sainte Vierge au Temple (21 Novembre). Il est juste que, au début du temps de préparation à Noël, notre pensée se porte vers la Mère de Dieu, dont l’humble et silencieuse attente doit être le modèle de notre propre attente pendant l’Avent. Plus nous nous rapprocherons de Marie par notre prière, notre docilité, notre pureté, plus se formera en nous Celui qui va naître.

Que Marie, toute petite enfant, ait été présentée au Temple de Jérusalem pour y vivre, désormais appartient au domaine de la légende, non à celui de l’histoire (D’après les Evangiles apocryphes [le pseudo-Jacques, le pseudo Matthieu], Marie aurait été amenée au temple par ses parents, à l’âge de trois ans, et elle y serait demeurée. La fête de la Présentation a d’abord été célébrée en Syrie [qui est justement le pays des apocryphes] vers le 6è siècle. Au 7 ou 8è siècle, des poèmes liturgiques grecs étaient composés en l’honneur de la Présentation. Néanmoins le ménologe de Constantinople, au 7è siècle ne mentionne pas encore cette fête. Elle était cependant célébrée à Constantinople au 11è siècle. Les papes d’Avignon,14è siècle, introduisirent la Présentation dans l’Occident latin. C’est en vain que le papre Pie 5, plus soucieux de vérité historique, la raya du bréviaire et du calendrier romains, au 16è siècle. Le pape Sixte 5, au même siècle, l’y remit). Mais cette légende constitue un gracieux symbole dont nous pouvons tirer les plus profonds enseignements spirituels.

Les trois lectures de l’Ancien Testament lues aux vêpres, le soir du 20 novembre (donc au début du 21 novembre, puisque la journée liturgique va du soir au soir), ont rapport au Temple. La première leçon (Exode, ch. 40) évoque les ordres donnés par Dieu à Moïse concernant la construction et l’arrangement intérieur du tabernacle. La deuxième leçon (1 Rois 7: 51-8:11) décrit la dédicace du Temple de Salomon. La troisième leçon (Ezéchiel 43:2744:4), déjà lue le 8 septembre, en la fête de la Nativité de la Vierge, nous parle de la porte du sanctuaire, fermée à tout homme et par laquelle Dieu seul entre. Ces trois textes ont symboliquement pour objet la Mère de Dieu elle-même, temple vivant et parfait.

Les évangiles lus à matines et à la liturgie sont ceux qui ont été lus lors de la fête du 8 septembre. (…) Quant à l’épître lue aujourd’hui (Hébreux 9:1-7), elle rappelle l’arrangement du sanctuaire et du « saint des saints » : ce texte lui aussi se rapporte symboliquement à Marie.

Le sens spirituel de la fête de la Présentation est développé dans les divers chants de l’office et de la liturgie. Les deux thèmes principaux que nous y trouvons sont les suivants. D’abord la sainteté de Marie. La petite enfant séparée du monde et introduite au Temple pour y demeurer évoque l’idée d’une vie séparée, consacrée, «présentée au Temple», une vie d’intimité avec Dieu : « Aujourd’hui la Toute Pure et toute sainte entre dans le Saint des Saints». Il est évident que l’Eglise fait ici une allusion spéciale à la virginité, mais toute vie humaine, dans des mesures diverses, peut être une vie «présentée au Temple», une vie sainte et pure avec Dieu. Le deuxième thème est la comparaison entre le Temple de pierre et le Temple vivant : «Le Temple très pur du Sauveur… est conduite aujourd’hui dans la maison du Seigneur, apportant avec elle la grâce de l’Esprit divin ». Marie, qui portera le Dieu-Homme dans son sein, est un temple plus sacré que le sanctuaire de Jérusalem ; il convenait que ces deux temples se rencontrassent, mais ici c’est le temple vivant qui sanctifie le temple bâti. La supériorité du temple vivant sur le temple de pierre est vraie d’une manière spéciale de Marie, parce qu’elle était l’instrument de l’Incarnation. Mais, d’une manière plus générale, cela est vrai de tout homme uni à Dieu : «Ne savez-vous que vous êtes le temple de Dieu » (1 Co 3,16) ?… « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit (1 Co 6, 19) ?».

D’autres pensées, que les textes liturgiques n’expriment pas explicitement, nous sont cependant suggérées par cette fête. Si notre âme est un temple où Dieu veut demeurer, il convient que Marie y soit «présentée» : il faut que nous ouvrions notre âme à Marie, afin qu’elle vive dans ce temple, notre temple personnel. D’autre part, puisque l’Eglise entière, puisque toute l’assemblée des fidèles est le corps du Christ et le Temple de Dieu, considérons la fête d’aujourd’hui comme la Présentation de Marie dans ce Temple, la sainte Eglise universelle. Ce Temple qu’est l’Eglise catholique rend aujourd’hui hommage à ce Temple qu’est Marie.

« L’an de grâce du Seigneur » par Un moine de l’Eglise d’Orient Ed Cerf (p:78-80)

Le nom de Marie n’est pas d’origine terrestre

1 février, 2009

du site:

http://www.mariedenazareth.com/4295.0.html?&L=0

Le nom de Marie n’est pas d’origine terrestre

Quelques jours après le commencement de l’Avent, l’Eglise célèbre la fête de la Présentation de la Sainte Vierge au Temple (21 Novembre). Il est juste que, au début du temps de préparation à Noël, notre pensée se porte vers la Mère de Dieu, dont l’humble et silencieuse attente doit être le modèle de notre propre attente pendant l’Avent. Plus nous nous rapprocherons de Marie par notre prière, notre docilité, notre pureté, plus se formera en nous Celui qui va naître.

Que Marie, toute petite enfant, ait été présentée au Temple de Jérusalem pour y vivre, désormais appartient au domaine de la légende, non à celui de l’histoire (D’après les Evangiles apocryphes [le pseudo-Jacques, le pseudo Matthieu], Marie aurait été amenée au temple par ses parents, à l’âge de trois ans, et elle y serait demeurée. La fête de la Présentation a d’abord été célébrée en Syrie [qui est justement le pays des apocryphes] vers le 6è siècle. Au 7 ou 8è siècle, des poèmes liturgiques grecs étaient composés en l’honneur de la Présentation. Néanmoins le ménologe de Constantinople, au 7è siècle ne mentionne pas encore cette fête. Elle était cependant célébrée à Constantinople au 11è siècle. Les papes d’Avignon,14è siècle, introduisirent la Présentation dans l’Occident latin. C’est en vain que le papre Pie 5, plus soucieux de vérité historique, la raya du bréviaire et du calendrier romains, au 16è siècle. Le pape Sixte 5, au même siècle, l’y remit). Mais cette légende constitue un gracieux symbole dont nous pouvons tirer les plus profonds enseignements spirituels.

Les trois lectures de l’Ancien Testament lues aux vêpres, le soir du 20 novembre (donc au début du 21 novembre, puisque la journée liturgique va du soir au soir), ont rapport au Temple. La première leçon (Exode, ch. 40) évoque les ordres donnés par Dieu à Moïse concernant la construction et l’arrangement intérieur du tabernacle. La deuxième leçon (1 Rois 7: 51-8:11) décrit la dédicace du Temple de Salomon. La troisième leçon (Ezéchiel 43:2744:4), déjà lue le 8 septembre, en la fête de la Nativité de la Vierge, nous parle de la porte du sanctuaire, fermée à tout homme et par laquelle Dieu seul entre. Ces trois textes ont symboliquement pour objet la Mère de Dieu elle-même, temple vivant et parfait.

Les évangiles lus à matines et à la liturgie sont ceux qui ont été lus lors de la fête du 8 septembre. (…) Quant à l’épître lue aujourd’hui (Hébreux 9:1-7), elle rappelle l’arrangement du sanctuaire et du « saint des saints » : ce texte lui aussi se rapporte symboliquement à Marie.

Le sens spirituel de la fête de la Présentation est développé dans les divers chants de l’office et de la liturgie. Les deux thèmes principaux que nous y trouvons sont les suivants. D’abord la sainteté de Marie. La petite enfant séparée du monde et introduite au Temple pour y demeurer évoque l’idée d’une vie séparée, consacrée, «présentée au Temple», une vie d’intimité avec Dieu : « Aujourd’hui la Toute Pure et toute sainte entre dans le Saint des Saints». Il est évident que l’Eglise fait ici une allusion spéciale à la virginité, mais toute vie humaine, dans des mesures diverses, peut être une vie «présentée au Temple», une vie sainte et pure avec Dieu. Le deuxième thème est la comparaison entre le Temple de pierre et le Temple vivant : «Le Temple très pur du Sauveur… est conduite aujourd’hui dans la maison du Seigneur, apportant avec elle la grâce de l’Esprit divin ». Marie, qui portera le Dieu-Homme dans son sein, est un temple plus sacré que le sanctuaire de Jérusalem ; il convenait que ces deux temples se rencontrassent, mais ici c’est le temple vivant qui sanctifie le temple bâti. La supériorité du temple vivant sur le temple de pierre est vraie d’une manière spéciale de Marie, parce qu’elle était l’instrument de l’Incarnation. Mais, d’une manière plus générale, cela est vrai de tout homme uni à Dieu : «Ne savez-vous que vous êtes le temple de Dieu » (1 Co 3,16) ?… « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit (1 Co 6, 19) ?».

D’autres pensées, que les textes liturgiques n’expriment pas explicitement, nous sont cependant suggérées par cette fête. Si notre âme est un temple où Dieu veut demeurer, il convient que Marie y soit «présentée» : il faut que nous ouvrions notre âme à Marie, afin qu’elle vive dans ce temple, notre temple personnel. D’autre part, puisque l’Eglise entière, puisque toute l’assemblée des fidèles est le corps du Christ et le Temple de Dieu, considérons la fête d’aujourd’hui comme la Présentation de Marie dans ce Temple, la sainte Eglise universelle. Ce Temple qu’est l’Eglise catholique rend aujourd’hui hommage à ce Temple qu’est Marie.

« L’an de grâce du Seigneur » par Un moine de l’Eglise d’Orient Ed Cerf (p:78-80)

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