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31 MAI: LA VISITATIONDE LA VIERGE MARIE: HOMÉLIE DE S. BÈDE LE VÉNÉRABLE

31 mai, 2012

31 MAI: LA VISITATIONDE LA VIERGE MARIE

HOMÉLIE DE S. BÈDE LE VÉNÉRABLE

Marie exalte le Seigneur

Mon âme exalte le Seigneur ; exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Le sens premier de ces mots est certainement de confesser les dons que Dieu lui a accordés, à elle, Marie, spécialement ; mais elle rappelle ensuite les bienfaits universels dont Dieu ne cesse jamais d’entourer la race humaine.
L’âme glorifie le Seigneur quand elle consacre toutes ses puissances intérieures à louer et à servir Dieu ; quand, par sa soumission aux préceptes divins, elle montre qu’elle ne perd jamais de vue sa puissance et sa majesté.
L’esprit exulte en Dieu son Sauveur, quand il met toute sa joie à se souvenir de son Créateur dont il espère le salut éternel.
Ces mots, sans doute, expriment exactement ce que pensent tous les saints, mais il convenait tout spécialement qu’ils soient prononcés par la bienheureuse Mère de Dieu qui, comblée d’un privilège unique, brûlait d’un amour tout spirituel pour celui qu’elle avait eu la joie de concevoir en sa chair. Elle avait bien sujet, et plus que tous les saints, d’exulter de joie en Jésus – c’est-à-dire en son Sauveur – car celui qu’elle reconnaissait pour l’auteur éternel de notre salut, elle savait qu’il allait, dans le temps, prendre naissance de sa propre chair, et si véritablement qu’en une seule et même personne serait réellement présent son fils et son Dieu.
Car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom  ! Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient en eux-mêmes.
Et c’est bien à propos qu’elle ajoute : Saint est son nom, pour exhorter ses auditeurs et tous ceux auxquels parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l’invocation confiante de son nom. Car c’est de cette manière qu’ils peuvent avoir part à l’éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique : Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. C’est le nom dont elle vient de dire : Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.
Aussi est-ce un usage excellent et salutaire, dont le parfum embaume la Sainte Église, que celui de chanter tous les jours, à Vêpres, le cantique de la Vierge. On peut en attendre que les âmes des fidèles, en faisant si souvent mémoire de l’incarnation du Seigneur, s’enflamment d’une plus vive ferveur, et que le rappel si fréquent des exemples de sa sainte Mère les affermisse dans la vertu. Et c’est bien le moment, à vêpres, de revenir à ce chant, car notre âme, fatiguée de la journée et sollicitée en sens divers par les pensées du jour, a besoin, quand approche l’heure du repos, de se rassembler pour retrouver l’unité de son attention.

31 mai: Fête de la Visitation de la Vierge Marie: Visitation : « exemple et modèle de tendresse pour qui est dans le besoin » Pape Benoît (2006)

31 mai, 2012

http://rouen.catholique.fr/spip.php?article1571

31 mai: Fête de la Visitation de la Vierge Marie

Commentaire

Visitation : Marie « exemple et modèle de tendresse pour qui est dans le besoin »
Audience du mercredi

ROME, Mercredi 31 mai 2006 (ZENIT.org) – En évoquant la fête liturgique de la Visitation de Marie à Élisabeth, le pape Benoît XVI a adressé une « pensée affectueuse » aux jeunes, aux malades, et aux jeunes mariés, à la fin de l’audience générale, en italien.
Il disait : « Chers frères et sœurs, en cette fête de la Visitation de la bienheureuse Vierge l’Église rappelle comment Marie se rend chez sa parente âgée, Élisabeth, pour lui rendre service. Elle devient ainsi pour nous exemple et modèle de tendresse pour qui est dans le besoin ».
« Chers jeunes, exhortait le pape, apprenez de Marie à grandir dans l’adhésion fidèle au Christ et dans l’amour serviable de vos frères ».
« Que la Vierge Sainte vous aide, chers malades, à faire de votre souffrance une offrande au Père céleste, en union avec le Christ crucifié », encourageait le pape.
Il ajoutait : « Soutenus par la maternelle intercession de la Vierge, vous, chers jeunes mariés, laissez-vous toujours guider par l’Évangile dans votre vie conjugale ». ZF06053104

Sermon de saint Ambroise sur le psaume 118

(Lectionnaire monastique de Solesmes pour la Visitation, Temps pascal, p. 1033-1037. Éditions du Cerf, Paris)
Tu vois que le Dieu Verbe secoue le paresseux et réveille le dormeur. En effet, celui qui vient frapper à la porte veut toujours entrer. Mais il dépend de nous qu’il n’entre pas toujours, qu’il ne demeure pas toujours. Que ta porte soit ouverte à celui qui vient ; ouvre ton âme, élargis les capacités de ton esprit, afin qu’il découvre les richesses de la simplicité, les trésors de la paix, la suavité de la grâce. Dilate ton cœur, cours à la rencontre du soleil de la lumière éternelle qui illumine tout homme. Et assurément cette lumière véritable brille pour tous ; mais si quelqu’un ferme ses fenêtres, il se privera lui-même de la lumière éternelle.
Donc même le Christ reste dehors, si tu fermes la porte de ton âme. Certes, il pourrait entrer ; pourtant il ne veut pas s’introduire de force, il ne veut pas contraindre ceux qui le refusent. Issu de la Vierge, il est sorti de son sein, irradiant tout l’univers, afin de resplendir pour tous. Ils le reçoivent, ceux qui désirent la clarté d’un éclat perpétuel, qu’aucune nuit ne vient interrompre. En effet, ce soleil que nous voyons chaque jour se laisse vaincre par la nuit obscure ; mais le soleil de justice ne connaît pas de couchant, car la sagesse n’est pas vaincue par le mal.
Bienheureux donc celui à la porte duquel frappe le Christ. Notre porte, c’est la foi qui, si elle est solide, défend toute la maison. C’est par cette porte que le Christ fait son entrée. Aussi l’Église dit-elle dans le Cantique : J’entends la voix de mon frère, il frappe à la porte. Écoute celui qui frappe, écoute celui qui désire entrer : Ouvre-moi, ma sœur, ma fiancée, ma colombe, ma parfaite, car ma tête est couverte de rosée, et mes cheveux des gouttes de la nuit. Considère à quel moment le Dieu Verbe frappe à ta porte, quand sa tête est couverte de la rosée nocturne. Car il daigne visiter ceux qui sont soumis à l’épreuve et aux tentations, afin que nul ne succombe, vaincu par les difficultés. Donc sa tête est couverte de rosée ou de gouttes d’eau, quand son corps est dans la souffrance.
C’est alors qu’il faut veiller, de crainte que, lorsque viendra l’Époux, il ne se retire parce qu’il a trouvé la maison fermée. En effet, si tu dors et si ton cœur ne veille pas, il s’éloigne avant d’avoir frappé ; si ton cœur veille, il frappe et il demande qu’on lui ouvre la porte. Nous disposons donc de la porte de notre âme, nous disposons aussi des portes dont il est écrit : Portes, élevez vos frontons ; élevez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire fera son entrée.

Homélie de saint Jean Chrysostome
(Lectionnaire monastique de Solesmes pour la Visitation, Temps pascal, p. 1037-1041. Éditions du Cerf, Paris)
Dès son avènement, le Rédempteur de notre race vient aussitôt à son ami Jean qui n’est pas encore né. De sein maternel à sein maternel, Jean plonge le regard, il secoue les limites de la nature, il s’écrie : « Je vois le Seigneur qui a fixé à la nature ses limites et je n’attends pas le moment de naître. Le délai de neuf mois, ici, ne m’est pas nécessaire, car en moi est l’éternel. Je sortirai de cet habitacle ténébreux, je prêcherai la connaissance substantielle de réalités admirables.
Je suis un signe : je signalerai l’avènement du Christ. Je suis une trompette : j’annoncerai l’économie du Fils de Dieu dans la chair. Trompette, je sonnerai et, par là-même, bénédiction pour la langue paternelle, je l’entraînerai à parler. Trompette, je sonnerai, et je vivifierai le sein maternel. »
Tu vois, ami, quel mystère nouveau et admirable ! Jean ne naît pas encore et déjà il parle par ses tressaillements ; il ne paraît pas encore et déjà il profère des avertissements ; il ne peut pas encore crier et déjà il se fait entendre par des actes ; il n’a pas encore commencé sa vie et déjà il prêche Dieu ; il ne voit pas encore la lumière et déjà il montre le soleil ; il n’est pas encore mis au monde et déjà il se hâte d’agir en précurseur. Le Seigneur est là ; il ne peut se retenir, il ne supporte pas d’attendre les limites fixées par la nature, mais il s’efforce de rompre la prison du sein maternel et il cherche à faire connaître d’avance la venue du Sauveur. « Il est arrivé, dit-il, celui qui brise les liens. Et quoi ? Moi, je reste assis enchaîné, et je suis encore tenu à demeurer ici ? Le Verbe vient pour tout rétablir et moi, je reste encore captif ? Je sortirai, je courrai devant lui et je proclamerai à tous : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »
Mais, dis-nous, Jean, retenu encore dans l’obscurité du sein de ta mère, comment vois-tu et entends-tu ? Comment contemples-tu les choses divines ? Comment peux-tu tressaillir et exulter ? « Grand, dit-il, est le mystère qui s’accomplit, c’est un acte qui échappe à la compréhension de l’homme. A bon droit j’innove dans l’ordre naturel à cause de celui qui doit innover dans l’ordre surnaturel. »
Je vois, avant même, de naître, car je vois en gestation le soleil de justice. À l’ouïe je perçois, car je viens au monde, voix du grand Verbe. Je crie, car je contemple, revêtu de sa chair, le Fils unique du Père. J’exulte, car je vois le Créateur de l’univers recevoir la forme humaine. Je bondis, car je pense que le Rédempteur du monde a pris corps. Je prélude à son avènement et, en quelque sorte, je vous devance par mon témoignage. »

8 mai: Notre Dame de Pompei – Padre Pio avait une grande dévotion à Notre-Dame de Pompei

8 mai, 2012

http://saint.padre.pio.free.fr/lieux-ndpompei.htm 

8 MAI – NOTRE DAME DE POMPEI    

Pompei

Sanctuaire de Notre-Dame du Très Saint Rosaire

- Padre Pio avait une grande dévotion à Notre-Dame de Pompei. Il y alla en pèlerinage avec son école en 1902. Il y célébra la messe en novembre 1911 ; et il y retourna au moins une fois au début de 1917, en revenant du service militaire, avant de regagner San Giovanni Rotondo.
- Il demanda souvent à ses fils et filles spirituels d’accomplir des neuvaines à Notre-Dame de Pompei à ses intentions.

BARTOLO LONGO, LE FONDATEUR
Bartolo Longo naît à Latiano (Brindisi), le 10 février 1841. C’est un esprit vif et joyeux. Après l’école, il obtient une licence en Droit en 1864.
Un instant attiré par le spiritisme et l’occultisme, il se convertit, changeant radicalment de vie : il abandonne son métier d’avocat et se consacre aux pauvres. Il renonçe aussi au mariage.
En 1872, il se rendit à Pompéi s’occuper de l’administration des propriétés que la Comtesse De Fusco lui avait confiée.    
Aussitôt, il fut touché par la misère humaine et religieuse des paysans. A la suite d’une inspiration divine, il décida de se dédier à l’enseignement du catéchisme et à la diffusion du Rosaire.
En 1876, sur les conseils de l’évéque de Nola, Mgr Formisano, il commença à quéter « un sou par mois » pour construire un sanctuaire à Pompéi.
Il se mit aussi à écrire : « Les 15 Samedis », livre qui alimente la piété de nombreuses générations de dévots, ainsi que la « Supplique », composée en 1883, ont franchi depuis longtemps, par millions de copies et en de nombreuses langues, les frontières de l’Italie et de l’Europe.
Cinquante ans de travail intelligent, infatigable, ardent, produisirent le « miracle Pompéi ». La Comtesse Marianna De Fusco fut une collaboratrice généreuse et forte. Elle épousa Bartolo en 1885 et resta auprès de lui jusqu’au 9 février 1924, quand elle mourut à 88 ans passés.
Bartolo Longo vécut encore deux ans, aux prises avec des déceptions morales et des souffrances physiques. Il s’éteignit le 5 octobre 1926.

Son corps repose dans la chapelle qui, depuis 1983, lui est dédiée sous le trône de la Vierge Marie, ainsi qu’il l’avait désiré. Il a été béatifié le 26 octobre 1980 par Jean-Paul II. A cette occasion le Pape dit de lui qu’il avait «le laïc qui a totalement vécu son engagement ecclésial».

LE SANCTUAIRE
- Le sanctuaire actuel est le résultat de l’agrandissement en 1939, autour de l’église d’origine, qui est de nos jours la nef centrale jusqu’à la Coupole. La façade, en revanche, fut inaugurée, en 1901, après 8 ans de travail sous la direction de l’architecte Giovanni Rispoli. Selon le projet de B. Longo, elle est le monument à la Paix Universelle, construit grâce aux offrandes de millions de personnes du monde entier.
- A l’intérieur de cet écrin, il y a le bijou le plus précieux : l’Image de la Madone du Rosaire, peinture du XVII° siècle, de l’école de Luca Giordano.
Après avoir été restaurée, elle a été couronnée en 1965, au Vatican, par Paul VI. Quel changement par rapport à son arrivée à Pompei, sur une charrette de fumier, le 13 novembre 1875 !

Fin de la Supplique à Notre-Dame de Pompei :

« Ô Rosaire béni de Marie,
douce Chaîne qui nous relie à Dieu,
lien d’amour qui nous unit aux Anges,
tour de salut contre les assauts de l’enfer,
port sûr dans un naufrage général,
nous ne vous lâcherons jamais plus.
Vous serez notre réconfort au moment de l’agonie,
à vous le dernier baiser de la vie qui s’éteint.
Et le dernier mot sur nos lèvres sera votre nom très doux,
ô Reine du Rosaire de Pompei,
ô Mère très chère,
ô Refuge des pécheurs,
ô Souveraine Consolatrice des affligés. »

Marie, nouveau Sinaï où Dieu descend

26 mars, 2012

http://www.mariedenazareth.com/526.0.html?&L=0

Marie, nouveau Sinaï où Dieu descend

La Tradition chrétienne possède une série importante de textes où la Vierge est comparée à un mont en général, et certains saluent en Marie le nouveau mont Sinaï.

Romanos le Mélode écrit († 560) :
« … moi, le doux, je suis enfin descendu des cieux, comme la manne, non plus sur le mont Sinaï, mais dans ton sein. » [1 ]

Jacques de Saroug († 521), lui, compare le sein de Marie à l’ombre de l’Esprit Saint au Sinaï recouvert de la nuée.[2 ]
« Quand Moïse annonça au peuple que le Sublime devait descendre, à peine furent-ils purifiés que le Père descendit alors sur la montagne ; ainsi le veilleur (Gabriel) apporta l’annonce à la fidèle (Marie) et, à peine l’eut-elle entendue qu’elle se prépara ; ainsi habita-t-il en elle. » [3 ]

En saint Ephrem († 373), on peut lire:
« Comme la montagne du Sinaï je t’ai reçu, pourtant je n’ai pas été brûlée par ton feu violent, car tu as dissimulé ce feu qui est le tien pour qu’il ne me nuise pas ; et ta flamme n’a pas brûlé, alors que les séraphins ne peuvent regarder. » [4 ]
Il faudrait encore citer André de Crête et d’autres auteurs…

Pourquoi ces auteurs ont-il salué en Marie le nouveau Sinaï ?
Les racines de ce parallèle se trouvent dans la Bible.
Au mont Sinaï, l’Ancienne Alliance fut ratifiée
Les auteurs de ce grand événement furent :
Dieu,
Moïse,
Le peuple.

Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, parla aux tribus d’Israël en manifestant son projet d’établir avec elles un lien très particulier fondé sur l’accueil de sa Loi.
Et le peuple instruit par Moïse répondit de façon unanime :
« Moïse alors monta vers Dieu.
YHWH l’appela de la montagne et lui dit:
« Tu parleras ainsi à la maison de Jacob, tu déclareras aux Israélites: Vous avez vu vous-mêmes ce que j’ai fait aux Egyptiens, et comment je vous ai emportés sur des ailes d’aigles et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi.Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux Israélites. »
Moïse alla et convoqua les anciens du peuple et leur exposa tout ce que YHWH lui avait ordonné, et le peuple entier, d’un commun accord, répondit: « Tout ce que YHWH a dit, nous le ferons. » Moïse rapporta à YHWH les paroles du peuple. »
(Exode 19,3-8)
« Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles de YHWH et toutes les lois, et tout le peuple répondit d’une seule voix ; ils dirent: « Toutes les paroles que YHWH a prononcées, nous les mettrons en pratique. » »
(Exode 24,3)
A partir de ce jour, Dieu devint l’Epoux d’Israël, et Israël épouse de Dieu. (cf. Ez 16,8)

A Nazareth aussi, comme déjà au Sinaï…
Nous avons trois acteurs :
Dieu,
l’ange,
Marie.

Dieu, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, fait connaître à Marie la tâche qu’il allait lui assigner : devenir mère de son Fils divin, en lequel est scellée l’Alliance nouvelle et éternelle entre le ciel et la terre. ( Lc 1,26-38).
Et Marie, opportunément instruite par l’ange, accueille la proposition divine par ces paroles célèbres :
« Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».
(Lc 1,38)
A la suite du Fiat de la Vierge, le Fils du Très- Haut s’incarna dans son sein et devint le fils de Marie.
Le Sinaï et Nazareth se rejoignent
La montagne majestueuse où commença l’antique alliance cède la place maintenant à l’humble bourgade de Galilée, où est inaugurée l’alliance nouvelle de Dieu, homme parmi les hommes dans le sein d’une femme.
Le Verbe vient demeurer en elle comme sur une montagne spirituelle ; Il descend de façon pacifique, douce, miséricordieuse.
A Nazareth, commença l’Alliance nouvelle.

Pour se rendre plus proche encore de nous, comme notre « allié », Dieu pris notre chair et notre sang, notre visage : en un mot, notre humanité.
La scène de l’Annonciation (Luc 1,26-38) révèle la façon avec laquelle Dieu demande son consentement pour donner cours à l’Alliance.

[1 ] Romanos le Mélode, Marie à la croix, strophe 6, Sources Chrétiennes n°128, p. 167
[2 ] A.Vona C., Omelie mariologiche di s. Giacomo di Sarug, Roma 1953, p. 144 et p. 147 (homelie sur l’Annonciation de la mère de Dieu), p. 212 (Homélie VI sur la nativité de notre Seigneur)
[3 ] Homélie VI sur la nativité de notre Seigneur traduit du syriaque par A.Vona C., Omelie mariologiche di s. Giacomo di Sarug, Introduzione, traduzione dal siriaco e commento, Roma 1953, p. 209
[4 ] Hymne à la Vierge n° 18, traduit par du Syriaque par G. Ricciotti, Turin, 1939, p. 92

A. SERRA
Cf. Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento,
Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 26-28 et p. 64
(www.edizionimessaggero.it)

N.B. on pourra retrouver ces éléments, en langue française, dans :
F. Breynaert, A l’écoute de Marie (préface Mgr Rey),
Brive 2007 (diffusion Mediapaul), tome 1, p. 15s.

25/26 mars 2012 : Annonciation du Seigneur – Pape Jean Paul II, Nazareth 2000

25 mars, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/travels/2000/documents/hf_jp-ii_hom_20000325_nazareth_fr.html

HOMÉLIE DE JEAN PAUL II

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE DANS LA BASILIQUE DE L’ANNONCIATION À NAZARETH
EN LA SOLENNITÉ DE L’ANNONCIATION

Samedi, 25 mars 2000

« Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole » (Angelus).

Monsieur le Patriarche,
Vénérés frères dans l’épiscopat,
Révérend Père Custode,
Très chers frères et soeurs,

1. 25 mars 2000, solennité de l’Annonciation en l’année du grand Jubilé:  aujourd’hui les yeux de toute l’Eglise sont tournés vers Nazareth. J’ai désiré revenir dans la ville de Jésus, pour ressentir encore une fois, en contact avec ce lieu, la présence de la femme au sujet de laquelle saint Augustin a écrit:  « Il choisit la mère qu’il avait créée; il créa la mère qu’il avait choisie » (cf. Sermo 69, 3, 4). Il est particulièrement facile de comprendre ici pourquoi toutes les générations appellent Marie bienheureuse (cf. Lc 1, 48).
Je salue cordialement Sa Béatitude le Patriarche Michel Sabbah, et je le remercie de ses aimables paroles d’introduction.  Avec  l’Archevêque  Boutros Mouallem et vous tous, évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, je me réjouis de la grâce de cette solennelle célébration. Je suis heureux d’avoir l’opportunité de saluer le Ministre général franciscain, le Père Giacomo Bini, qui m’a accueilli à mon arrivée, et d’exprimer au Custode, le Père Giovanni Battistelli, ainsi qu’aux Frères de la Custodie, l’admiration de toute l’Eglise pour la dévotion avec laquelle vous accomplissez votre vocation unique. Avec gratitude, je rends hommage à la fidélité à la tâche qui vous a été confiée par saint François et qui a été confirmée par les Pontifes au cours des siècles.
2. Nous sommes réunis pour célébrer le grand mystère qui s’est accompli ici il y a deux mille ans. L’évangéliste Luc situe clairement l’événement dans  le  temps  et  dans l’espace:  « Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David; et le nom de la vierge était Marie » (Lc 1, 26-27). Cependant, pour comprendre ce qui se passa à Nazareth il y a deux mille ans, nous devons revenir à la lecture tirée de la Lettre aux Hébreux. Ce texte nous permet d’écouter une conversation entre le Père et le Fils sur le dessein de Dieu de toute éternité. « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit:  Voici, je viens [...] pour faire, ô Dieu, ta volonté » (He 10, 5-7). La Lettre aux Hébreux nous dit que, obéissant à la volonté du Père, le Verbe éternel vient parmi nous pour offrir le sacrifice qui dépasse tous les sacrifices offerts lors de la précédente Alliance. Son sacrifice est le sacrifice éternel et parfait qui rachète le monde.
Le dessein divin est révélé graduellement dans l’Ancien Testament, en particulier dans les paroles du prophète Isaïe, que nous venons d’entendre:  « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe:  Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (7, 14). Emmanuel:  Dieu avec nous. A travers ces paroles, l’événement unique qui devait s’acccomplir à Nazareth dans la plénitude des temps est préannoncé, et c’est cet événement que nous célébrons aujourd’hui avec joie et un bonheur intense.
3. Notre pèlerinage jubilaire a été un voyage dans l’esprit, commencé sur les traces d’Abraham « notre Père dans la foi » (Canon Romain; cf. Rm 11, 12). Ce voyage nous a conduits aujourd’hui à Nazareth, où nous rencontrons Marie la  plus  authentique   des   filles d’Abraham. C’est Marie, plus que quiconque, qui peut nous enseigner ce que signifie vivre la foi de « Notre Père ». Marie est de nombreuses façons, vraiment différente d’Abraham; mais, d’une manière plus profonde, « l’ami de Dieu » (cf. Is 41, 8) et la jeune femme de Nazareth sont très semblables.
Tous deux, Abraham et Marie, reçoivent une promesse merveilleuse de Dieu. Abraham devait devenir le père d’un fils, duquel devait naître une grande nation. Marie devait devenir la Mère d’un Fils qui aurait été le Messie, l’Oint du Seigneur. Gabriel dit:  « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils [...] Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père [...] et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 31-33).
Tant pour Abraham que pour Marie la promesse arrive de façon totalement inattendue.  Dieu  change  le  cours quotidien de leur vie, bouleversant les rythmes établis et les attentes normales. La promesse apparaît impossible tant à Abraham qu’à Marie. La femme d’Abraham, Sara, était stérile et Marie n’est pas encore mariée:  « Comment sera-t-il, – demande-t-elle à l’ange – puisque je ne connais pas d’homme? » (Lc 1, 34).
4. Comme à Abraham, il est également demandé à Marie de répondre « oui » à quelque chose qui n’est jamais arrivé auparavant. Sara est la première des femmes stériles de la Bible à concevoir grâce à la puissance de Dieu, précisément comme Elisabeth sera la dernière. Gabriel parle d’Elisabeth pour rassurer Marie:  « Et voici qu’Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse » (Lc 1, 36).
Comme Abraham, Marie aussi doit avancer dans l’obscurité, en ayant confiance en Celui qui l’a appelée. Toutefois, sa question « comment sera-t-il? » suggère que Marie est prête à répondre « oui » malgré les peurs et les incertitudes. Marie ne demande pas si la promesse est réalisable, mais seulement comment elle se réalisera. Il n’est donc pas suprenant qu’à la fin elle prononce son fiat:  « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). A travers ces paroles, Marie se révèle une vraie fille d’Abraham et devient la Mère du Christ et la Mère de tous les croyants.
5. Pour pénétrer encore plus profondément ce mystère, revenons au moment du voyage d’Abraham lorsqu’il reçut la promesse. Ce fut lorsqu’il accueillit dans sa maison trois hôtes mystérieux (cf. Gn 18, 1-5) en leur offrant l’adoration due à Dieu:  tres vidit et unum adoravit. Cette rencontre mystérieuse préfigure l’Annonciation, lorsque Marie est puissamment entraînée dans la communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint. A travers le fiat prononcé par Marie à Nazareth, l’Incarnation est devenue le merveilleux accomplissement de la rencontre d’Abraham avec Dieu. En suivant les traces d’Abraham, nous  sommes  donc  parvenus  à  Nazareth, pour chanter les louanges de la femme « qui apporte la lumière dans le monde » (Hymne Ave Regina Caelorum).
6. Nous sommes cependant venus ici également pour la supplier. Que demandons-nous, nous pèlerins en voyage dans le troisième millénaire chrétien, à la Mère de Dieu? Ici, dans la ville que le  Pape  Paul VI,  lorsqu’il  visita   Nazareth, définit « L’école de l’Evangile. Ici on apprend à observer, à écouter, à méditer, à pénétrer le sens, si profond et mystérieux, de cette très simple, très humble, très belle apparition » (Allocution à Nazareth, 5 janvier 1964), je prie tout d’abord pour un grand renouveau de la foi de tous les fils de l’Eglise. Un profond renouveau de foi:  non seulement une attitude générale de vie, mais une profession consciente et courageuse du Credo:  « Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine, et homo factus est »
A Nazareth, où Jésus « croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2, 52), je demande à la Sainte Famille d’inspirer tous les chrétiens à défendre la famille, à défendre la famille contre les nombreuses menaces qui pèsent actuellement sur sa nature, sa stabilité et sa mission. Je confie à la Sainte Famille les efforts des chrétiens et de toutes les personnes de bonne volonté pour défendre la vie et promouvoir le respect pour la dignité de chaque être humain.
A Marie, la Theotókos, la grande Mère de Dieu, je consacre les familles de Terre Sainte, les familles du monde.
A Nazareth, où Jésus a commencé son ministère public, je demande à Marie d’aider l’Eglise à prêcher partout la « Bonne nouvelle » aux pauvres, précisément comme Il l’a fait (cf. Lc 4, 18). En cette « année de grâce du Seigneur », je Lui demande de nous enseigner la voie de l’humble et joyeuse obéissance à l’Evangile dans le service à nos frères et à nos soeurs, sans préférences et sans préjudices.

« O Mère du Verbe Incarné, ne rejette pas ma prière, mais écoute-moi de façon bienveillante et exauce-moi. Amen ». (Memorare).

ACTUALITÉ DE LA MÈRE DE DIEU – MÈRE DES VIVANTS

30 décembre, 2011

http://www.pagesorthodoxes.net/mere-de-dieu/md-homelies.htm

ACTUALITÉ DE LA MÈRE DE DIEU

par le père Michel Quenot

Mère des vivants

Adam nomme sa compagne  » Ève « , ce qui signifie  » vie « ,  » parce qu’elle fut la mère de tous les vivants  » (Ex 3, 20). Promue mère des croyants à la suite d’Abraham qui en assure la paternité, la Vierge Marie a aussi cru en l’accomplissement de la promesse du Seigneur (Lc 1, 45), devenant ainsi la bienheureuse Mère des vrais vivants. Son importance dans l’histoire du salut et dans la vie de chaque homme puise ici sa source. À l’instar de la première Ève, dont la chute concerne l’humanité entière, son  » oui  » à l’accueil en elle du Sauveur a uni le divin à l’humain.

D’Ève la mère des vivants,
Mère de Dieu, tu fus le relèvement,
car tu as mis au monde l’Auteur de la vie.

En la Pâque hivernale de la Nativité, elle nous a donné la  » Pâque  » qu’est le Christ. Imaginons un instant sa douleur quand elle assiste, impuissante au pied de la Croix, à la déchéance de son Fils moribond ? Première créature humaine dans l’ordre de la sainteté, elle nous représente malgré notre lâcheté. Avant de mourir, Jésus ne confie pas sa Mère à la parenté, mais à l’apôtre Jean, surnommé le théologien pour avoir accordé un accent particulier à la parole du Maître dans son évangile, avant de devenir lui-même parole. Cette maternité trouve son plein épanouissement au Calvaire qui la fait accéder à une maternité universelle envers le peuple de Dieu.
Dans son amour profond pour la Mère des vivants, saint Silouane l’Athonite écrit :  » Lorsque l’âme est toute pénétrée par l’amour de Dieu, oh ! comme tout est bon alors, comme tout est rempli de douceur et de joie ! Mais, même alors, on n’échappe pas aux afflictions, et plus grand est l’amour, plus grandes sont les afflictions. La Mère de Dieu n’a jamais péché, même par une seule pensée, et elle n’a jamais perdu la grâce, mais, elle aussi, eut à endurer de grandes afflictions. Quand elle se tenait au pied de la Croix, sa peine était vaste comme l’océan. Les douleurs de son âme étaient incomparablement plus grandes que celles d’Adam lorsqu’il fut chassé du Paradis, parce que son amour était, lui aussi, incomparablement plus grand que celui d’Adam. Et si elle resta en vie, c’est uniquement parce que la force du Seigneur la soutenait, car le Seigneur voulait qu’elle voie sa Résurrection, et qu’après son Ascension elle reste sur terre pour consoler et réjouir les Apôtres et le nouveau peuple chrétien. « 
Un voile de silence entoure la fin terrestre de la Mère de Jésus. Ni le Nouveau Testament, ni les Pères de l’Église ne la mentionnent. Entre le Ve et la première moitié du VIe siècle, de nombreux textes syriaques, puis coptes, ont fleuri sur ses derniers instants. Le récit imagé et semi-légendaire de sa Dormition précède celui de son enlèvement au ciel. En gros, certains textes insistent sur son élévation au ciel, sans mort et sans ensevelissement préalables, d’autres, sur une élévation consécutive à son endormissement, laissant le corps incorruptible. La vérité nous amène à dire que le corps de la Vierge Marie n’a laissé aucune trace ici-bas.
En préférant le terme de Dormition à celui d’Assomption, l’Église orthodoxe suit la Tradition de l’Église indivise des sept grands Conciles œcuméniques dans sa croyance que la Vierge Marie est passée par la mort, comme son divin Fils, avant d’être élevée au ciel. Héritière du péché originel, elle devait mourir mais son union totale à son Fils, le Dieu-homme, l’a fait échapper à la corruptibilité et triompher de la mort en participant tout de suite à sa Résurrection, entraînant à travers sa personne une partie de la création dans sa propre transfiguration.
Célébrée dès le concile d’Éphèse, et bien fixée vers la fin du VIIe siècle, la fête de sa Dormition jouit d’une faveur particulière. Elle est en outre précédée d’un jeûne de quinze jours. Rappel puissant de notre destinée, la scène de la Dormition figure souvent, en alternance avec le Jugement dernier, sur le mur surplombant la porte de sortie des églises. Sa main pointée vers le ciel fait écho aux paroles de l’Ange dans l’icône de l’Ascension :  » Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel  » (Ac 1, 11).
Dans l’icône, les apôtres font cercle autour de sa couche mortuaire. Leur disposition correspond à celle de fils autour d’une mère, qui, privilège unique, est en outre Mère de la Vie. Quand le Christ l’enlève vers le ciel,  » les anges et les apôtres en chœur regardent comment passe de la vie à la vie celle qui enfanta le Prince de la vie « .  » Les anges dans le ciel étaient frappés d’étonnement, voyant que dans Sion leur propre Seigneur tenait une âme dans ses mains ; car à la Femme qui très purement l’avait mis au monde il s’adressa filialement et déclara : Viens partager la gloire de ton Fils ton Dieu « .
Mère des vivants, elle est aussi Mère des morts en attente de la résurrection finale. Première à passer de la vie à la Vie, elle nous précède, nous soutient et nous guide. Mère du Dieu-homme, elle est à la fois Mère de Dieu et Mère des hommes, leur soutien et leur protectrice. Modèle durant notre vie, elle pointe par sa mort vers le sens de notre mort. L’icône de sa Dormition esquisse l’image de la mort de chaque disciple fidèle que le Christ accueillera dans son Royaume. Ayant mené le bon combat en renonçant volontairement aux passions, elle repose sur sa couche mortuaire entourée du monde terrestre et céleste.
Dans sa bienveillance maternelle, elle nous éveille à la vie en Christ qu’elle contribue à former en nous. Après avoir permis la naissance charnelle de Dieu sur terre, elle continue ainsi de l’enfanter dans le cœur humain qui accède par elle au Fils, dans la grâce de l’Esprit Saint. À l’encontre d’une mère possessive, elle veille aux besoins profonds de chaque personne.
En décalage avec l’enseignement catholique, les fidèles orthodoxes ne la considèrent pas comme la Mère de l’Église, mais comme leur Mère au sein de l’Église. L’Orante, figurant souvent dans l’abside des églises, suffit à le rappeler.

Ô Vierge qui as enfanté l’inaccessible clarté,
de ton éclat resplendissant
illumine les ténèbres de mon cœur
et donne-moi la main
pour conduire ma vie sur les chemins du salut.

La femme accomplie
Au sein de notre société où l’affrontement des sexes prend des tournures subtiles, la femme occupe une position en point de mire à travers une sérieuse remise en question de son rôle et de sa place par rapport au passé. Toute recherche de fusion relève de l’illusion et nivelle les charismes propres à chacun.

Dans une vision du monde rivée à la terre, l’homme tend à tout organiser selon des schémas logiques, sans référence à la personne. La vie cède alors la place aux lois, et l’homme – surtout dans sa dimension masculine, dimension parfois désavantageusement convoitée par la femme – risque à tout moment de succomber à la tentation du pouvoir, de la force et de la violence. Ontologiquement distincts, l’homme et la femme fondent leur union dans l’amour, et non dans l’égalité, comme on tend à nous le faire croire. La femme enfante et entretient par sa nature une relation privilégiée avec la vie. Sa vraie vocation ne se situe pas dans l’imitation de l’homme souvent en lutte pour le pouvoir à tous les niveaux de la société, y compris dans l’Église, mais dans le dépassement de la vision figée mâle qui consiste à réduire la vie à des schémas stériles. Il lui incombe la tâche de souligner l’unicité et la plénitude de la vie, de montrer que l’authenticité de la vie réside dans l’amour et non dans le sexe.
Pour Jean Vanier, qui jouit d’une grande expérience humaine glanée à travers les continents et dans ses communautés de l’Arche :
…le danger de l’homme est de fuir la vulnérabilité de son propre cœur et ses puissances de tendresse. Parfois, il réclame une femme-mère, puis très vite, comme un petit garçon, il la refuse, voulant sa propre liberté. Il se jette alors dans le monde de l’efficacité et de l’organisation, niant la tendresse et la véritable réciprocité. Mais par le fait même, il se mutile et se sépare de ce qui en lui est essentiel. Tantôt il idéalise la femme – elle est la vierge toute pure – tantôt il la plonge dans la déchéance – elle est la grande séductrice, l’instrument du diable, la prostituée, ou encore il se sert d’elle comme d’une servante. Dans tous les cas, il ne fait rien d’autre que rejeter sa propre sexualité, qu’il considère comme mauvaise, ou la nie. De toute façon, il refuse toute relation vraie avec la femme comme personne et ne la voit plus que comme symbole de péché ou de pureté, ou comme un être inférieur.
Toute la croissance de l’homme est dans la maturation de ses rapports avec la femme. Tant qu’il demeure au stade des rapports mère–enfant, ou au stade de la femme séduction–répulsion, il ne peut vraiment grandir, même spirituellement.
[…] De la même façon, la femme, elle aussi, doit trouver son équilibre. Elle ne doit pas, par refus de sa féminité, chercher le même pouvoir que l’homme ni loucher jalousement sur ses capacités d’organisation, mais elle doit découvrir les richesses de sa propre féminité, le pouvoir qui peut être caché dans sa faiblesse même, la lumière et la sagesse propres de son intelligence, et les capacités de guérison et de compassion qui sont en elle. Lorsqu’elle est dépourvue de tout pouvoir, il arrive qu’elle ait une intuition d’autant plus limpide et plus vraie, moins mêlée aux passions d’orgueil et de puissance qui colorent souvent l’intelligence de l’homme.
Si tout n’est pas aussi tranché dans la réalité, quant aux qualités réciproques, il reste néanmoins vrai que l’homme ( » Yang « , selon la sagesse chinoise) tend à être davantage orienté vers l’action et l’extériorité que la femme ( » Yin « ), plus intériorisée et plus relationnelle de par sa capacité de maternité.
Face à la tentation prométhéenne de la femme moderne qui consiste à brader sa féminité au profit d’une masculinité en qui elle croit trouver sa force et sa grandeur, la Vierge Marie offre l’exemple d’un être ayant harmonieusement intégré le masculin et le féminin vers un dépassement du genre. Elle oppose à l’orgueil une humilité remplie de vigueur spirituelle, au paraître l’être, au masque le visage, à l’impudeur la pure beauté, à la quête frénétique du changement le repos dans l’Esprit, à la haine l’amour de ce Dieu d’amour qu’elle a enfanté. Sa violence pacifique est celle des Béatitudes, sa gloire le Christ. Femme accomplie et personnification de la femme dans un monde dominé par l’homme, elle arbore la virilité du Royaume.
L’histoire humaine montre que le plus grand péché conduit souvent à la prostitution chez la femme et à l’hérésie chez l’homme. La pureté revêt ainsi une dimension d’autant plus grande chez la femme. La Toute-pure est en effet la Toute-sainte, celle qui n’a pas connu le péché.
Pour l’homme, la confession de la foi juste prend une dimension particulière. Il risque en effet à tout moment de donner la priorité aux choses secondaires. On sait, par exemple, que les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la sauvegarde de la foi en Russie durant la période communiste. Cette approche dualiste, entre d’un côté le péché de la chair et de l’autre le péché de l’esprit, nous amène aussi à dire que la prostitution n’est pas l’apanage de la femme, loin s’en faut. Elle nous rend simplement attentifs à deux péchés qui ont trait à la séduction de la chair et à celle de l’esprit.
La  » femme forte, qui la trouvera ?  » (Pr 31, 10), s’exclame Salomon dans les Proverbes. N’est-il pas surprenant que la femme la plus forte, la  » pleine de grâces « , selon les propres termes de l’archange Gabriel, soit en même temps la plus humble, la servante du Seigneur ? Gloire des humains, première de cordée et première créature déifiée, fierté et modèle des femmes, la Mère de Dieu a parfaitement réalisé en elle l’union du masculin et du féminin, de la terre et du ciel, du divin et de l’humain. Ayant atteint la perfection de l’humain à l’image du Dieu-homme, elle transcende le dualisme homme – femme, propre à la condition corrompue. […]
Résumant en sa personne les qualités de la femme par excellence que sont l’intériorité, la douceur et l’amour miséricordieux d’une mère, la Vierge Marie démontre en sa personne comment la féminité trouve son accomplissement plénier dans la sainteté. Si la première créature humaine est une femme, son œuvre majeure fut d’accueillir l’Esprit, but de la vie chrétienne selon Séraphim de Sarov. Qui ajoute : cette acquisition contribuera au salut de beaucoup d’hommes ainsi côtoyés. Il n’est donc nullement demandé de parcourir les océans et de soulever les montagnes.
L’humilité, à l’exemple de la Vierge Marie, constitue le meilleur antidote à la tentation de pouvoir qui empoisonne les relations humaines et crée de nombreuses distorsions dans la solution des problèmes au sein de l’Église et de la société civile. Où trouver un meilleur modèle pour la femme d’aujourd’hui en quête de sa place dans la société et dans l’Église ?
Ayant adhéré à l’Incarnation de tout son cœur, de tout son esprit et de toutes ses forces, elle est le modèle pour la femme qui enfante, invitation à transmettre la vie de l’esprit avec la vie biologique. Bien plus, elle incarne l’humanité restaurée en Christ.
Modèle de foi, elle a cru en cet Enfant apparemment pareil aux autres, et cela malgré l’incrédulité ambiante et les rejets répétés. Dans la lignée d’Abraham qui a cru :  » Bienheureuse, toi qui a cru  » (Lc 1, 45), son épreuve de la foi a dépassé celle de ce dernier, stoppé par un ange au moment fatidique. Elle est allée jusqu’au sacrifice suprême de la Croix et de l’ensevelissement de son Fils.
À la déception des apôtres manifestée dans un premier temps, puis signifiée lors de la rencontre d’Emmaüs :  » Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël, mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées !  » (Lc 24, 21), elle a opposé une constance inouïe, celle de la Mère d’un Fils qu’elle a reconnu imperturbablement comme son Seigneur et son Dieu.
Plus que toute créature, elle a gardé en son cœur la Parole de Dieu et l’a mise en pratique jusqu’à devenir elle-même parole. Elle a fait sienne la parole de son Fils à l’apôtre Paul :  » Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse  » (2 Co 12, 9). L’homme accède en effet à la sainteté quand il se déleste de ce qui fait sa force aux yeux du monde.
Son profil spirituel, fait d’humble disponibilité, apparaît le mieux dans sa déclaration :  » Je suis la servante du Seigneur « . Elle se tait et s’efface : silence et humilité. L’évangéliste Luc ajoute qu’ » elle conservait toutes ces choses avec soin, les méditant en son cœur  » (Lc 2, 19). […]
Par son don du Dieu-Homme au monde, elle constitue le prototype de l’Église dont la mission consiste à transmettre le Christ aux hommes. Elle est aussi le prototype de chaque chrétien appelé, selon Ignace d’Antioche, à devenir  » porteur de Dieu « .
Durant l’office des matines, le prêtre quitte l’autel, peu avant la neuvième ode, et sort avec l’encensoir en main pour se placer devant l’icône de la Theotokos, à gauche des Portes Royales. Il invite alors l’assemblée :  » Magnifions par des hymnes la Mère de Dieu, Mère de la Lumière « , puis encense l’église et les fidèles pendant le chant du Magnificat. L’Église rappelle ainsi à chacun que cette Lumière nous est parvenue à travers une femme et que nous avons tous, comme elle, par l’accueil de l’Esprit Saint, à devenir des porteurs de Lumière et à rendre le Sauveur présent au milieu des hommes pour qu’il les délivre de la mort du péché.
 » Bénie entre toutes les femmes « , elle l’est assurément en tant que Mère de Dieu, mais particulièrement aussi par la tension de tout son être – corps, âme, esprit – vers Dieu. Le Christ dit en effet clairement que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté de son Père. À l’image du Christ s’offrant au Père, chaque disciple a pour vocation de s’offrir et d’offrir avec lui le monde en retour :  » Ce qui est à toi, le tenant de toi, nous te l’offrons en tout et pour tout « . Ce sacerdoce royal, auquel nous sommes conviés, a trouvé sa plus belle expression en celle qui est devenue à la fois Christophore (porteur du Christ) et Pneumatophore (porteur de l’Esprit). Au chapitre douze du livre de l’Apocalypse, la femme couronnée d’étoiles symbolise l’Église et la Vierge Marie qui en manifeste l’accomplissement par sa christification totale. […]
Dans un monde aux esprits et aux cœurs pollués, elle donne un exemple de pureté. Ébloui par sa beauté, saint Grégoire Palamas écrit :  » Voulant créer une image de la beauté absolue et manifester clairement aux anges et aux hommes la puissance de son art, Dieu a fait véritablement Marie toute belle. Il a réuni en elle les beautés partielles qu’il a distribuées aux autres créatures et l’a constituée le commun ornement de tous les êtres visibles et invisibles ; ou plutôt, il a fait d’elle comme un mélange de toutes les perfections divines, angéliques et humaines, une beauté sublime embellissant les deux mondes, s’élevant de terre jusqu’au ciel et dépassant même ce dernier « .
Sa présence au milieu des apôtres nous interpelle. Proche de l’évangéliste Luc, qui en fournit le portrait spirituel le plus imagé, elle est aux côtés de l’évangéliste Jean au pied de la Croix. Après l’Ascension, elle participe à la prière des apôtres dans la Chambre haute (Ac 1, 14) et reçoit l’Esprit le jour de la Pentecôte. […]

De l’amour de Dieu à l’amour des hommes
À maintes reprises, le Christ rappelle à ses disciples cette réalité :  » Je suis au milieu de vous comme celui qui sert  » (Lc 22, 27) ;  » Le serviteur n’est pas plus grand que son maître  » (Jn 15, 20) ;  » Si quelqu’un me sert, qu’il me suive  » (Jn 12, 26) et  » mon Père l’honorera  » (Jn 12, 26) ;  » Le plus grand parmi vous sera votre serviteur  » (Mt 23, 11) ;  » Il sera le dernier de tous et le serviteur de tous  » (Mc 9, 35). Et l’apôtre Paul, qui se présente comme  » serviteur de Dieu, apôtre de Jésus-Christ  » (Tt 1,1), lance aux Romains, plongés dans un milieu païen :  » Qu’on nous regarde donc comme les serviteurs du Christ  » (Rm 4, 1).
Servante du Seigneur accordée à sa parole, la Vierge Marie s’est vidée d’elle-même pour accueillir l’autre, le Tout-Autre. Avant l’heure, elle a actualisé la parole de son Fils :  » Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime  » (Jn 15, 13). Et donner sa vie implique de donner en premier tout ce que l’on aime ; c’est accepter de mourir inlassablement à son moi. Servante du Seigneur, elle est aussi la Mère du Serviteur suprême qui  » n’est pas venu pour être servi, mais pour servir  » (Mt 20, 28).
Jésus semble rudoyer sa mère en disant :  » qui est ma mère et qui sont mes frères ?  » (Mt 12, 48), lorsque celle-ci et ses cousins cherchent à lui parler. Mais il ajoute aussitôt :  » Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique  » (Lc 8, 21). Si cette réponse abrupte contribue à éloigner les cousins, sans doute enclins à profiter de la situation, la Vierge Marie mérite doublement son titre de Mère, puisqu’elle se met au diapason de la volonté divine. Et face à la femme qui lui crie un jour du milieu de la foule :  » Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés « , Jésus rétorque :  » Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent !  » (Lc 11, 27-28).
Loin de minimiser l’importance de sa Mère qu’il nous donne comme modèle humain, ces paroles lui conviennent parfaitement. Qui mieux qu’elle en effet a gardé en son cœur la parole de Dieu ? Jésus sait que sa mère, devenue parole, le comprend. Mais elle souffre incontestablement de porter seule le mystère de son union au Verbe.
Dans l’esprit du disciple bien-aimé de Jésus,  » il n’y a pas de crainte dans l’amour ; au contraire, le parfait amour bannit la crainte…  » (1 Jn 4, 18). Et Jean Vanier de préciser :  » Sartre a tort : l’autre n’est pas l’enfer ; il est le ciel. Il ne devient l’enfer que si déjà j’y suis, c’est-à-dire si je suis enfermé dans mes ténèbres et mes égoïsmes. Pour qu’il devienne ciel, il me faut faire lentement ce passage de l’égoïsme à l’amour. Mes yeux et mon cœur doivent changer « . Et Alexandre Schmemann ajoute :  » Le contraire de l’amour n’est pas la haine mais la peur. C’est profond et vrai à la fois. La peur est avant tout l’absence d’amour ou plutôt ce qui se développe comme des mauvaises herbes là où il n’y a pas d’amour, provoquant peur et angoisse que les diverses thérapies s’efforcent de résorber mais qui vont de pair avec ce monde, en constituent les excroissances. La chute du monde se manifeste dans cette aliénation de Dieu qui est amour, de là les ténèbres et les ombres de la mort. « 
Lors de la Présentation de Jésus au Temple, le vieillard Syméon prophétise à Marie :  » Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en but à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme !  » (Lc 2, 35-36). La voilà très tôt informée de ce qui attend son Fils et du fait qu’elle aura part à sa souffrance. Elle a en effet partagé la compassion de son divin Fils qui s’est livré lui-même à la mort pour les hommes et un glaive a transpercé son cœur.
Jusqu’à la fin des temps, elle communie quotidiennement à la tragédie humaine assumée par son Fils sur la Croix, réalisant pleinement la parole :  » Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive  » (Lc 9, 23). Tout  » oui, oui « , selon l’injonction de l’apôtre Jacques (Jc 5, 12), elle n’a pas connu le péché et rien en elle ne s’est opposé à l’amour.
Silouane l’Athonite est clair :  » Nous ne parvenons pas à la plénitude de l’amour de la Mère de Dieu, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas non plus pleinement comprendre sa douleur. Son amour était parfait. Elle aimait immensément son Dieu et son Fils, mais elle aimait aussi d’un grand amour les hommes. Et que n’a-t-elle pas enduré lorsque ces hommes, qu’elle aimait tant et pour lesquels jusqu’à la fin elle voulait le salut, crucifièrent son Fils bien-aimé ?  » Il ajoute plus loin que même si les détails de sa vie nous échappent, nous savons pourtant que  » son amour embrasse le monde entier, que, dans l’Esprit Saint, elle voit tous les peuples de la terre et que, tout comme son Fils, elle a de la compassion pour tous les hommes « .
Sa maternité divino-humaine l’a fait entrer dans une relation privilégiée avec la Sainte Trinité. Modèle pour tout chrétien, elle l’est par excellence pour ceux qui exercent une activité dans l’Église et dont la tâche primordiale revient à l’intercession.
Pour saint Siméon le Nouveau Théologien, chacun de nous est invité, comme la Mère de Dieu, à mettre mystiquement le Christ au monde, à devenir Theotokos, c’est-à-dire porteur de Dieu. Accueillir le Christ en nous, le laisser s’incarner dans notre être, corps – âme – esprit, c’est manifester aujourd’hui son incarnation dans le monde.

Extrait du livre du père Michel Quenot,
La Mère de Dieu, Joyau terrestre, Icône de l’humanité

8 décembre – Immaculé conception, solennité

7 décembre, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/12/08.php

8 décembre – Immaculé conception, solennité

Sommaire :
  Introduction
  Hymne
  Litanies
  Lieux consacrés à l’Immaculée Conception
  Bulle « Ineffabilis deus »
  Historique
  Prière
  Réflexions de docteurs de l’Eglise
————————————-

Introduction
Vous êtes toute belle, ô ma Bien-Aimée ! et il n’y a point de tache en vous !… Voici la fête privilégiée de Marie, celle qu’elle aime entre toutes ses fêtes, celle qu’elle veut voir célébrer par ses enfants avec le plus de ferveur et de zèle, et à laquelle sont attachées les plus précieuses faveurs.
Marie, devant porter dans son sein l’Auteur même de la sainteté, ne pouvait être souillée d’aucune tache ; il ne convenait pas que le démon eût quelque droit sur celle qui ne venait au monde que pour lui écraser la tête. Non, jamais cet esprit impur n’eut aucun pouvoir sur l’auguste Vierge prédestinée pour être la Mère de Dieu. Il ne lui fut point donné de siéger, même un instant, sur ce trône élevé pour l’adorable Trinité ; jamais il n’entra dans ce sanctuaire préparé pour le Verbe fait chair, pour le Rédempteur du genre humain. Satan fut vaincu de nouveau, comme au jour de sa révolte contre le Tout-Puissant, le jour où Marie a été conçue sans péché.
La croyance à l’Immaculée Conception, de tout temps autorisée et approuvée, a été déclarée dogme de foi, et l’Église prodigue ses plus riches faveurs à ceux qui l’honorent. Récitez avec ferveur, chaque jour de l’Octave, quelques unes des Prières pour honorer l’Immaculée Conception, et comme hommage spécial, ajoutez-y l’hymne ci-après, imitée du Te Deum.

Hymne en l’honneur de l’immaculée conception de la bienheureuse Vierge Marie
Nous vous louons, ô Marie, et nous proclamons avec joie votre Conception immaculée.
La terre et les cieux admirent votre pureté divine, ô Vierge, Mère du Sauveur !
Dans tous les lieux du monde, les âmes coupables ont recours à vous, ô Marie, refuge des pécheurs !
Les Chrétiens de toutes les nations, les cœurs les plus purs s’unissent pour célébrer votre Conception sans tache.
Ô Immaculée, toujours immaculée !
Ô Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu !
Vous êtes aimable comme une aurore naissante ; votre clémence est pour les mortels comme un soleil bienfaisant.
Toute la cour céleste célèbre votre gloire, ô Fille bien-aimée de Dieu le Père !
À votre nom l’enfer tremble, ô Mère admirable de Dieu le Fils !
Vous abrégez la peine des âmes qui souffrent dans le Purgatoire, ô épouse du Saint Esprit !
Tous les enfants de la sainte Église se plaisent à répéter : Salut à vous, Reine des Cieux, Mère de miséricorde !
Bienheureuse est votre mère sainte Anne ; saint Joseph, fidèle gardien de votre virginité, est digne de tout respect.
C’est par vos mains toutes célestes que Dieu répand l’abondance de ses grâces et de ses faveurs.
C’est en vous, Vierge très pure, que le Fils de Dieu est descendu pour racheter tous les hommes.
L’archange vous a saluée pleine de grâces, et le Très-Haut a mis en vous toutes ses complaisances.
C’est près du trône de Dieu même que vous êtes assise, ô Reine du Ciel, et les Séraphins admirent la gloire qui vous environne.
Vous êtes notre Avocate, et vous demandez miséricorde pour les pécheurs.
Daignez donc, ô Marie, nous vous en supplions, daignez nous secourir, nous qui célébrons avec joie et amour votre immaculée Conception.
Obtenez-nous de partager un jour, dans le Ciel, la félicité des Anges et des Saints.
Protégez votre famille chérie, protégez vos enfants.
Comblez-les de vos faveurs, enrichissez-les de vos vertus.
Nous nous réunissons en cette solennité pour vous bénir ; et les siècles futurs rediront vos louanges.
Nous exaltons le nom de Marie, aimable par-dessus tous les noms ; ce nom est la gloire de la terre et des cieux.
Daignez, en mémoire de votre Conception sans tache, nous obtenir une inviolable pureté.
Montrez-vous toujours notre Mère, en vertu des paroles sacrées de votre divin Fils sur la croix.
Qu’à votre prière, Jésus montre à son Père les plaies qu’il a reçues pour nous.
Qu’il montre surtout son cœur percé par la lance en faveur des pauvres pécheurs.
Ô Marie pleine de clémence ! ô Marie notre Mère ! ne nous abandonnez jamais.
Que tous les esprits, tous les cœurs et toutes les bouches s’unissent pour célébrer le privilège de votre immaculée Conception, ô Marie !
Ainsi soit-il.
 
Vous êtes toute belle, ô Marie !
- Et la tache originelle ne fut jamais en vous.
Prions. Ô Dieu, qui, par l’immaculée Conception de la Vierge Marie, avez préparé à votre Fils une demeure digne de lui, accordez à tous ceux qui célèbreront cette fête sacrée, la prospérité et la paix en cette vie, et donnez-leur, après leur mort, la félicité et la gloire du Paradis : par les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ votre Fils, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l’unité du saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Litanies de l’Immaculée Conception
Seigneur, ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous
O Christ, ayez pitié de nous, O Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus-Christ, écoutez nous, Jésus-Christ, écoutez nous
Jésus-Christ, exaucez nous, Jésus-Christ, exaucez nous
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Vierge, immaculée entre toutes les vierges,
priez pour nous
Vierge immaculée avant, pendant et après votre conception, priez pour nous
Fille immaculée de Dieu le Père, priez pour nous
Mère immaculée de Dieu le Fils, priez pour nous
Epouse immaculée du Saint Esprit, priez pour nous
Temple immaculé de la très-sainte Trinité, priez pour nous
Image immaculée de la sagesse de Dieu, priez pour nous
Aurore immaculée du Soleil du justice, priez pour nous
Arche vivante et immaculée où reposa Jésus-Christ, priez pour nous
Rejeton immaculé de la race de David, priez pour nous
Voie immaculée qui conduisez à Jésus, priez pour nous
Vierge immaculée, qui avez triomphé du péché originel, priez pour nous
Vierge immaculée, qui avez brisé la tête du serpent, priez pour nous
Reine immaculée du ciel et de la terre, priez pour nous
Porte immaculée de la Jérusalem céleste, priez pour nous
Dispensatrice immaculée des grâces de Dieu, priez pour nous
Epouse immaculée de saint Joseph, priez pour nous
Etoile immaculée de la mer, priez pour nous
Tour immaculée, rempart de l’Eglise militante, priez pour nous
Rose immaculée entre les épines, priez pour nous
Olivier immaculé du champ mystique, priez pour nous
Modèle immaculé de toutes les perfections, priez pour nous
Cause immaculée de notre bonheur, priez pour nous
Colonne immaculée de notre foi, priez pour nous
Fontaine immaculée de l’amour divin, priez pour nous
Signe immaculé, signe certain de salut, priez pour nous
Règle immaculée de la parfaite obéissance, priez pour nous
Maison immaculée de pudeur et de chasteté, priez pour nous
Ancre immaculée de notre salut, priez pour nous
Lumière immaculée des Anges, priez pour nous
Couronne immaculée des Patriarches, priez pour nous
Gloire immaculée des Prophètes, priez pour nous
Maîtresse immaculée des Apôtres, priez pour nous
Force immaculée des Martyrs, priez pour nous
Soutien immaculé des Confesseurs, priez pour nous
Pureté immaculée des Vierges, priez pour nous
Joie immaculée de ceux qui espèrent en vous, priez pour nous
Avocate immaculée des pécheurs, priez pour nous
Guerrière immaculée, terreur des hérétiques, priez pour nous
Mère et tutrice immaculée de notre famille, priez pour nous
 Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
ayez pitié de nous, Seigneur.
Priez pour nous, Vierge toujours sainte et immaculée,
- Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions. O Dieu, qui, par l’Immaculée Conception de la sainte Vierge, avez préparé à votre Fils un sanctuaire digne de lui, ayant préservé cette auguste Vierge de toute souillure en vue de la mort de ce cher Fils ; daignez nous accorder, par son intercession, de parvenir à votre gloire avec un cœur pur. Par le même Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec vous, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. – Amen.

Lieux consacrés à l’Immaculé Conception
La solennité de l’Immaculée Conception, est la fête principale de nombreux sanctuaires français consacrés à la Vierge. Si bien de ces célébrations sont postérieures à la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX (8 décembre 1854), d’autres sont des traditions plus anciennes, telle la fête nationale de la Corse qui, ce jour-là, célèbre la Vierge Immaculée souveraine de l’île comme l’ont décidé les deux assemblées générales des Etats de la Corse de 1735 et celle de 1761.
A Paris, où la statue de la Vierge du trumeau de la Sainte Chapelle basse approuva de la tête le franciscain Duns Scot qui avait bien parlé de son Immaculée Conception, dans l’église Saint-Séverin, on célèbre, au 8 décembre, ancienne fête de Notre-Dame des Advents, la principale solennité de Notre-Dame de Sainte-Espérance. Dès 1311, à la suite des thèses soutenues par Duns Scot et adoptées par l’Université, une association se forma dans l’église Saint-Séverin pour les honorer, promouvoir et défendre. Clément VI, Alexandre VI et Grégoire XV concédèrent des indulgences à cette confrérie de la Conception protégée et patronnée par les évêques de Paris. Si l’église Saint-Séverin, devenue poudrière, fut sauvée de la Révolution, la statue de la Vierge en chaire fut détruite en 1792. La mémoire en était presqu’effacée, quand, en 1840, l’abbé Hanicle, curé de Saint-Séverin, fut inspiré de placer son ministère sous la protection de la Mère de la sainte espérance. La paroisse applaudit à la pensée de son curé et quatre cents personnes s’enrôlèrent aussitôt dans la confrérie renouvelée où l’archevêque de Paris, Mgr. Affre, voulut être le premier inscrit. Le 2 mai 1841, Mgr. Garibaldi, internonce à Paris, inaugurait solennellement la Confrérie de l’Immaculée Vierge Notre-Dame de Sainte-Espérance que Pie IX éleva au titre d’archiconfrérie universelle (26 novembre 1849). La nouvelle statue, sculptée par Buridan, auteur du groupe de l’Assomption de la cathédrale de Chartres, fut couronnée au nom du Pape par Mgr. Morlot, archevêque de Paris, le 19 août 1858.
Dans la banlieue de Marseille, à Sainte-Marthe, on célèbre la fête de Notre-Dame de Sainte-Espérance, encore appelée Notre-Dame de Toursainte en raison de la tour octogone, ornée de colonnes engagées et de balcons à jour, bâtie, au mois de décembre 1854, en l’honneur de la Vierge, par Joseph-Amédée Armand, président de la chambre de commerce de Marseille, et sa sœur, à l’extrémité de leur propriété, pour perpétuer le souvenir de la proclamation du dogme de l’Immaculée-Conception. La tour, haute de 30 mètres, sert de piédestal à une statue, haute de 10 mètres, représentant la Vierge dans l’attitude de la Médaille Miraculeuse, qui fut bénite par Mgr de Mazenod, le 8 décembre 1857.
A Paimpol, au diocèse de Saint-Brieuc, on célèbre pour les marins la fête patrionale de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. Au diocèse de Moulins, à Beaulieu, près de Saint-Prix, on visite Notre-Dame de Bon-Secours que Madame Bert a sauvée des révolutionnaires en la cachant dans son lit. Au diocèse de Belley, dans la paroisse de Vieux, canton de Champagne, les pèlerins viennent, le 8 décembre, auprès Notre-Dame de Popolo, reconstruite après la Révolution. Au diocèse de Périgueux, on célèbre la fête principale de Notre-Dame de Chancelade, célèbre abbaye fondée en 1128. A Rodez, dans le diocèse de Perpignan, on vient visiter Notre-Dame de Doma-Nova, une des plus anciennes et des plus vénérées du diocèse.
Dans l’archidiocèse d’Albi, à  Notre-Dame de la Drèche, on célèbre une messe solennelle en souvenir d’un vœu. En 1630, la peste sévissait à Albi où, malgré les précautions hygiéniques prises par les consuls, la mort emporta, du 18 octobre 1630 au 21 février 1631, deux cent quinze pestiférés, soignés sur les rives du Tarn, dans la prairie des Clarisses, sans compter ceux qui mouraient chez eux. Dans cette extrémité, l’évêque, Alphonse d’Elbène II, et les consuls, après une messe célébrée sous le porche de Sainte-Cécile, firent le vœu de porter Notre-Dame de la Drèche, dans les six mois qui suivront la cessation du fléau, une lampe d’argent, du prix de trois cents livres, à mémoire perpétuelle de l’entérinement de nos humbles requestes, et de faire chanter annuellement une messe en l’honneur de la Conception-Immaculée. Le mal céda devant cet acte de confiance filiale ; dès le 2 juillet, le pèlerinage s’accomplit, et les consuls portèrent eux-mêmes l’ex-voto. La lampe fut allumée, et ne s’éteignit que cent soixante ans plus tard, quand la Révolution l’eut volée avec quatre autres, offertes dans des circonstances semblables.

21 novembre – Présentation de la Vierge Marie

21 novembre, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/21.php

21 novembre – Présentation de la Vierge Marie
 
Historique
Au jour de la fête de la Présentation de Marie au Temple, la liturgie se réfère à des textes non canoniques. Comme les évangiles ne parlent pas de l’enfance de la Vierge, des auteurs inconnus,  pour contenter de pieuses curiosités,  l’ont racontée en donnant d’aimables détails sur sa venue, enfant, au Temple de Jérusalem. Le principal de ces textes a été traduit au XVI° siècle par l’érudit français Postel qui l’a intitulé le Protévangile de Jacques (premier évangile), C’est, sans doute, le plus ancien évangile de l’enfance, composé au milieu du II° siècle et probablement en Egypte ; le texte nous est parvenu dans des versions en grec, syriaque, arménien, éthiopien, géorgien, vieux-slave. Ce texte qui se présente comme l’œuvre de Jacques le Mineur est déjà évoqué par saint Justin (mort vers 165) dans le Dialogue avec Tryphon et Origène s’y réfère explicitement dans le Commentaire de S. Matthieu. Il s’agit de la vie de Marie racontée en style merveilleux et sans souci de vraisemblance géographique. Quelques pieuses gens y feront tout de même des ajouts à partir du V° siècle.
Les mois se succédèrent pour la petit fille. Lorsqu’elle eut deux ans, Joachim dit : Menons-la au Temple du Seigneur, afin que s’accomplisse la promesse que nous avons faite, sinon le Tout-Puissant nous avertirait et l’offrande que nous lui ferions serait rejetée. Mais Anne répondit : Attendons la troisième année pour que l’enfant soit en âge de reconnaître son père et sa mère. Et Joachim répondit : Attendons !
Lorsque la petite fille eut trois ans, Joachim dit : Appelez les filles d’Hébreux de race pure, et qu’elles prennent chacune un flambeau, un flambeau qui ne s’éteindra pas. L’enfant ne devra pas retourner en arrière et son cœur ne se fixera pas hors du Temple du Seigneur. Elles obéirent à cet ordre et elles montèrent ensemble au Temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l’enfant et la prit dans ses bras. Il la bénit, en disant : Il a glorifié ton nom, le Seigneur, dans toutes les générations. C’est en toi qu’aux derniers jours il révélera la Rédemption qu’il accorde aux fils d’Israël ! Et il fit asseoir l’enfant sur le troisième degré de l’autel. Et le Seigneur Dieu fit descendre sa grâce sur elle. Et, debout sur ses pieds, elle se mit à danser. Et elle fut chère à toute la maison d’Israël. Les parents redescendirent du Temple, et ils étaient remplis d’admiration, et ils louaient Dieu  l’enfant ne s’était pas retournée en arrière. Et Marie demeurait dans le Temple du Seigneur, semblable à une colombe, et la main d’un Ange la nourrissait.
Le pseudo-Matthieu, écrit en latin vers le IX° siècle, note que Marie gravit en courant les quinze marches du Temple.
L’origine de la fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple serait peut-être palestinienne puisque la vie de saint Jean le Silentiaire, écrite au milieu du VI° siècle par Cyrille de Scythopolis, nous apprend qu’en novembre 543, à Jérusalem, eut lieu la dédicace de la basilique Sainte-Marie-la-Neuve. En tous cas, à Constantinople, la fête de la Présentation de Marie est attestée dès le VIII° siècle, et des homélies de saint André de Crête (mort en 740) lui sont consacrées.
Dans la crypte de Saint-Maximin (Var), on voit, datant du V° siècle, une image de la Vierge Marie orante gravée sur une pierre tombale avec l’inscription en mauvais latin : Marie la Vierge servant dans le Temple de Jérusalem. Ceci étant, on ne voit pas trace, malgré les tentatives du Pape syrien Serge I° (687 + 701), de fête de la Présentation de la Vierge en Occident en ce temps-là. L’Angleterre la célèbre un peu avant l’occupation normande, un calendrier hongrois la note au début du XIII° siècle, mais le Saint-Siège ne l’admet qu’en 1372 lorsque Grégoire XI se rend aux raisons de Pierre II de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem. Dès 1373, Charles V l’introduit en la chapelle royale de France et, l’année suivant, convie tout le royaume à l’imiter, ce que fit aussi la Navarre. Comme Grégoire XI rentra à Rome après avoir fait célébrer la Présentation, cette fête devint plus importante et, peu à peu, fut adoptée par les ordres et les pays, quoique sa date variât, et elle figure au missel romain depuis 1505 encore qu’elle fut supprimée par Pie V entre 1568 et 1585.
Le Prêtre, essentiellement homme de Dieu, qui doit ici-bas le représenter, poursuivre ses intérêts sans jamais se lasser, en rappelant continuellement aux âmes, importune, opportune, que l’unique nécessaire est de ne pas manquer son Eternité en gâchant sa vie. Or si le séminaire est un milieu favorable à l’ascension de l’âme, le monde où le prêtre exerce son ministère, est tout au contraire anémiant, déprimant et démoralisateur. A la longue, même s’il est saint, surtout s’il est sorti du séminaire avec un bagage surnaturel étriqué, un pasteur d’âmes ne peut pas ne pas subir l’influence de l’ambiance et sentir son idéal perdre de son mordant pour s’estomper dans l’imprécis en voyant s’évanouir les uns après les autres les beaux rêves de sa formation et déchoir peu à peu de sa première ferveur. A moins qu’il ne se redise souvent qu’étant prêtre, il doit se distinguer totalement du commun des hommes pour n’avoir dans l’esprit qu’une pensée et au cœur qu’une unique passion : Jésus, son Maître, son modèle, le type idéal de son sacerdoce, qu’il a juré d’aimer par-dessus tout et de servir à jamais malgré tout. C’est pour engager le Clergé dans cette voie salutaire que M. Olier, en 1650, par une inspiration du Ciel, décidant de donner comme fête principale aux premiers séminaires la Présentation de la Vierge au Temple, institua, pour ce jour l’impressionnante cérémonie de la Rénovation des Promesses cléricales.
La présentation de Marie dans certains lieux de pèlerinage
Au jour de la Présentation de la Vierge Marie au Temple, certains lieux de pèlerinages célèbrent leur fête principale ; ainsi en est-il, dans l’archidiocèse de Cambrai, de Notre-Dame de Cugnolles, à Avesnes. Lorsque Charles VIII, en 1494, fit le siège d’Avesnes, les soldats français pillaient la ville sans aucune modération. Or, à ce moment, la Sainte Vierge apparut menaçante, une baguette à la main, et força les pillards épouvantés à s’arrêter dans leurs crimes. Tout un peuple fut témoin de ce prodige. Les habitants d’Avesnes en célèbrent chaque année l’anniversaire, le 21 novembre où l’on distribue au Clergé et aux fidèles des petits gâteaux bénits qu’on appelle des cugnolles.
A l’Isle, dans l’archidiocèse d’Avignon, on célèbre Notre-Dame de Salut, ainsi appelée en souvenir de la cessation subite de la peste, le 21 novembre 1638, après une procession générale de la ville.
A Nantes, on célèbre Notre-Dame de Bon-Secours, qui, dans la basse ville, était le siège d’une confrérie de mariniers, fondée en 1443. En 1486, les Nantais attribuèrent à Notre-Dame de Bon-Secours que le duc de Montpensier qui assiégeait la ville, se retirât sans causer de dommages. Menacée par les eaux pluviales, la chapelle fut détruite en 1776 et, avant sa reconstruction, la statue fut portée à l’église Sainte-Croix où elle resta deux ans. La reine Marie-Antoinette qui avait financé la reconstruction, offrit une statue d’argent et, en 1778, l’évêque de Nantes bénissait la nouvelle chapelle qui, sous la Révolution, fut pillée, profanée, transformée en arsenal puis vendue. L’église Sainte-Croix recueillit ce qui restait du pèlerinage à qui Pie VII accorda l’indulgence plénière (1815).
Dans l’archidiocèse de Tours, à Liguiel, chapelle construite en 1613, sous le vocable de Notre-Dame des Anges, et ruinée par les révolutionnaires, on se souvient d’Elie-Marie Besnard du Château, né à Ligueil le 21 novembre 1794, qui, faute de prêtres, l’enfant grandissait sans avoir reçu le baptême. Un jour, cependant, les parents apprirent qu’un prêtre vivait caché dans une maison de Ligueil et, le 12 mai 1795, le petit Elie, en cachette, et au milieu des ruines de Notre-Dame des Anges, fut enfin baptisé. Ce souvenir était resté profondément gravé dans la mémoire de l’enfant qui, dans sa vieillesse, résolut de réparer les ruines. Le 15 août 1871, la chapelle fut bénite par M. l’abbé Baranger, curé de Ligueil. Elle abrite le tombeau de celui qui la restaura.
Dans l’église Saint-Etienne de Bar-le-Duc, au diocèse de Verdun, on célèbre la fête de Notre-Dame du Guet. Au XII° siècle, des assiégeants, après avoir ravagé la ville basse, se présentèrent subrepticement devant la Porte-au-Bois au-dessus de laquelle on avait mis une statue de la Vierge à l’Enfant. Lorsqu’un soldat jeta une tuile à la statue, en criant : Prends garde à toi, on vit la Vierge l’attraper et la donner à l’Enfant-Jésus, pendant que le blasphémateur tombait raide mort ; on entendit la Vierge crier : Au guet ! la ville est prise ! réveillant les gens du poste de guet qui repoussèrent les assiégeant jusque dans la campagne. La chapelle de Notre-Dame du Guet, construite au XV° siècle, fut rasée par les révolutionnaires et la statue, brisée en morceaux, fut reconstituée et rendue à la piété des fidèles en 1806.

Prières
Marie s’exerçait au Temple à l’exercice de la prêtrise, offrant les victimes à Dieu et offrant en foi Jésus-Christ, sous autant de figures qu’il y avait d’hosties, voyant en attente le sacrifice de celui qui devait sauver le monde et qui, en même temps serait le prêtre, la victime et le temple de son propre et divin sacrifice. Que volontiers elle offrait ces victimes, avec quel amour faisait-elle ces fonctions, n’ayant rien de plus aimable que la vue de Jésus-Christ, le tenant toujours dans ses mains en esprit pour le sacrifier à Dieu ! O Prêtre saint et admirable, prêtre invisible, prêtre d’esprit, prêtre divin vivant en terre et faisant ses saintes fonctions sans être vue des hommes, mais honorée seulement des esprits bienheureux et chérie de Dieu même.
Jean-Jacques Olier

O Jésus, vivant en Marie, venez et vivez dans votre serviteur, en votre esprit de sainteté, dans la plénitude de votre puissance, en la perfection de vos voies, en la vérité de vos vertus, en la communion de vos divins mystères, dominez toute puissance adverse, en votre Esprit, à la gloire du Père.
Jean-Jacques Olier.

O Marie, enfant chérie de Dieu, que ne puis-je vous offrir et vous consacrer les premières années de ma vie, comme vous vous êtes offerte et consacrée au Seigneur dans le Temple ! mais, hélas ! ces premières années sont déjà bien loin de moi ! J’ai employé un temps si précieux à servir le monde et vous ai oubliée en écoutant la voix de mes passions. Toutefois il vaut mieux commencer tard à vous servir que de rester toujours rebelle. Je viens donc aujourd’hui m’offrir tout entier à votre service, et consacrer à mon Créateur, par votre entremise bénie, le peu de jours qu’il me reste encore à passer sur la terre. Je vous donne mon esprit, pour qu’il s’occupe de vous sans cesse, et mon cœur, pour vous aimer à jamais. Accueillez, ô Vierge Sainte, l’offrande d’un pauvre pécheur ; je vous en conjure par le souvenir des ineffables consolations que vous avez ressenties en vous offrant à Dieu dans le Temple. Soutenez ma faiblesse, et par votre intercession puissante obtenez-moi de Jésus la grâce de lui être fidèle. ainsi qu’à vous, jusqu’à la mort, afin qu’après vous avoir servie de tout mon cœur pendant la vie, je participe à la gloire et au bonheur éternel des élus. Amen.
Saint Alphonse-Marie de Ligori.

lundi 12 septembre 2011- Le saint Nom de Marie

12 septembre, 2011

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http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20110912&id=190&fd=1

lundi 12 septembre 2011

Le saint Nom de Marie

LE SAINT NOM de MARIE

        La fête du saint Nom de Marie fut établie par le pape Innocent XI, l’an 1683, en souvenir d’une mémorable victoire remportée par les chrétiens sur les turcs, avec la protection visible de la Reine du Ciel. Cent cinquante mille turcs s’étaient avancés jusque sous les murs de Vienne et menaçaient l’Europe entière. Sobieski, roi de Pologne, vint au secours de la ville assiégée dans le temps de l’octave de la nativité de la Sainte Vierge, et se disposa à livrer une bataille générale. Ce religieux prince commença par faire célébrer la messe, qu’il voulut servir lui-même, ayant les bras en croix. Après y avoir communié avec ferveur, il se leva à la fin du sacrifice et s’écria : « Marchons avec confiance sous la protection du ciel et avec l’assistance de la très sainte Vierge. » Son espoir ne fut pas trompé : les turcs, frappés d’une terreur panique, prirent la fuite en désordre. C’est depuis cette époque mémorable que la fête du saint Nom de Marie se célèbre dans l’octave de sa nativité.
        Il était bien juste que le nom de Marie trouvât sa place, dans nos fêtes catholiques, à côté du nom de Jésus ; le nom de Marie est un nom glorieux, un nom tout aimable, un nom salutaire. Les saints se sont essayés à l’envi à retracer les merveilles du nom de Marie. La première gloire de ce nom béni,  c’est qu’il fut inspiré par Dieu aux parents de la Vierge naissante et que l’archange Gabriel le prononça d’une voix pleine de respect ; et depuis, toutes les générations chrétiennes le redisent à chaque instant du jour ;  le Ciel prononce à la terre ce nom si beau, et la terre en renvoie au Ciel l’écho mélodieux : « Au nom de Marie,  dit Pierre de Blois, l’Église fléchit le genou, les vœux et les prières des peuples retentissent de toutes parts. »

        « Que Votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! s’écrie saint Bonaventure ; qu’il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles ! » – « Ô nom plein de suavité !  s’écrie le bienheureux Henri Suzo. Ô Marie ! Qui êtes-vous donc vous-même, si votre nom seul est déjà si aimable et si rempli de charmes ? » -  « Votre nom, ô Marie, dit saint Ambroise, est un baume délicieux qui répand l’odeur de la grâce ! » – Mais surtout le nom de Marie est un nom de salut. Saint Éphrem l’appelle la clef du ciel. « Le nom seul de Marie, dit saint Bernard, met en fuite tous les démons… » Ce n’est là qu’un faible écho de l’apologie du nom de Marie faite par les saints.

1. LA DORMITION [ENDORMISSEMENT] DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

8 septembre, 2011

du site:

http://home.scarlet.be/amdg/oldies/sankt/aou15.html

1. LA DORMITION [ENDORMISSEMENT] DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

[dans la tradition hagiographique]

Le Seigneur Qui, sur le Mont Sinaï, commanda par Son Cinquième Commandement « Honore to père et ta mère » (Exode 20,12), montra par Son propre exemple comment l’on devrait respecter ses parents. Pendant sur la Croix, à l’agonie, Il se souvint de Sa mère et montrant l’Apôtre Jean, il lui dit à elle : « Femme, voici ton fils » (Saint Jean 19,26).
Après cela, Il dit à Jean : « Voici ta mère » (Saint Jean 19,27). Et ayant ainsi mis Sa mère à l’abri, Il exhala Son dernier souffle. Jean avait une maison sur Sion à Jérusalem, dans laquelle la Theotokos s’installa et demeura pour vivre jusqu’à la fin de ses jours sur terre. Par ses prières, bons conseils, douceur et patience, elle assista grandement les Apôtres de son Fils.
Tout d’abord, elle passa tout son temps à Jérusalem en visitant souvent les endroits qui lui rappelait les grands événements et les grandes oeuvres de son Fils. En particulier, elle visitait le Golgotha, Beth-leem et le Mont des Oliviers. De ses plus longs voyages, sa visite à saint Ignace le Théophore à Antioche est mentionnée, de même que sa visite à Lazare (que notre Seigneur avait ressuscité après 4 jours), évêque de Chypre, sa visite à la sainte Montagne de l’Athos qu’elle bénit et son séjour à Ephèse avec saint Jean l’Evangéliste (le Théologien) durant la période de la grande persécution contre les Chrétiens à Jérusalem. Dans son vieil age, elle pria souvent son Seigneur et Dieu sur le Mont des Oliviers, l’emplacement de Son Ascension, afin qu’Il la retire de ce monde le plus vite possible. En une occasion, l’Archange Gabriel lui apparut et lui révéla qu’endéans les 3 jours, elle trouverait le repos. L’Ange lui donna une branche de palmier à porter au moment de sa procession funéraire. Elle rentra dans une grande joie à la maison, désirant revoir une dernière fois en sa vie tous les Apôtres du Christ. Le Seigneur exauça son souhait et tous les Apôtres, portés par des Anges à travers les nuages, se rassemblèrent en même temps à la maison de Jean à Sion. C’est avec beaucoup d’allégresse qu’elle revit les saints Apôtres, les encouragea, les conseilla et les réconforta. Ensuite, elle rendit son âme à Dieu en paix, sans la moindre douleur ou maladie physique. Les Apôtres prirent le cercueil avec son corps d’où une fragrance aromatique émanait, et, en compagnie de nombreux Chrétiens, le porta au Jardin de Getsémani vers le sépulcre de ses parents, saint Joachim et sainte Anne. Par la Providence divine, un nuage les cacha des méchants Juifs. Antoine, un prêtre Juif [cependant présent], empoigna le cercueil avec l’intention de le renverser, mais à ce moment-là, un Ange de Dieu lui trancha les mains. Il cria pour demander l’aide des Apôtres et fut guéri en déclarant sa foi dans le Seigneur Jésus-Christ. L’Apôtre Thomas était absent, à nouveau, par Providence divine, afin que ce nouveau et glorieux mystère de la sainte Mère de Dieu soit à nouveau révélé. Le 3ème jour, Thomas arriva et désira vénéré (embrasser) le corps de la Toute-Pure. Mais lorsque les Apôtres ouvrirent le sépulcre, ils ne trouvèrent que le linceul et le corps n’était pas dans la tombe. Ce soir-là, la Théotokos apparut aux Apôtres, entourée d’une myriade d’Anges, et leur dit : « Réjouissez-vous, je serai toujours avec vous. » On ne connaît pas exactement l’âge de la Théotokos au moment de sa Dormition, mais l’opinion générale est qu’elle devait avoir plus de 60 ans.
Saint Nicolas Velimirovitch, évêque d’Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des persécutions communistes, auteur de ce Sanctoral « Prologue d’Ochrid ».

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