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HISTOIRE DE L’ANGELUS – LE MESSAGE DE L’ANGE À MARIE

24 mars, 2015

http://www.regard.eu.org/articles/Archeologie/TXT.complet.archeo/HDLALMDLAAM.php

HISTOIRE DE L’ANGELUS – LE MESSAGE DE L’ANGE À MARIE

(extrait du passionnant ouvrage de Jean Fournée )

D’où vient la prière de l’Angélus ? Comment s’est-elle formée ? Comment s’est-elle répandue au point de devenir une des dévotions les plus populaires jusqu’à nos jours ? Le texte intégral de ce petit ouvrage, première étude publiée sur ce sujet, est disponible à la librairie Pierre Tequi, 82 rue Bonaparte – 75006 Paris, Téléphone 01.40.46.72.90 et Télécopie 01.40.46.72.93 – 60 pages – 11×18 – F39 avec port et emballage – Serviam est en mesure d’assurer bénévolement le secrétariat des commandes en faveur de ses adhérents : retourner en page d’accueil, cliquer sur le bouton  » pour nous contacter  » et passez votre demande en messagerie…
Serviam remercie vivement les Editions Pierre Tequi pour leur aimable accord de reproduction des extraits qui suivent.
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Petite Histoire de l’Angélus
Les origines de l’Angélus sont assurément liées à la diffusion de l’Ave Maria comme prière privée. Rappelons que l’Ave Maria ne comporta d’abord que la salutation de l’ange Gabriel et celle d’Elisabeth, selon le texte de saint Luc (I, 28 et 42) :

Réjouis-toi, pleine de grâce
Le Seigneur est avec toi
Bénies es-tu entre les femmes
Et béni le fruit de ton sein !

Le légendaire marial et les récits de Miracula, qui connurent une si grande vogue aux XIIème et XIIIème siècles, prouvent combien était répandue chez les fidèles la récitation angélique. On dit que les dévots de la Vierge accompagnaient même chaque Ave d’une génuflexion, ce qui pourrait fort bien être en rapport avec l’évolution iconographique de l’Annonciation. A l’époque romane, l’ange et Marie sont debout l’un devant l’autre. Au XIIIème siècle, l’ange s’agenouille devant elle.
Et c’est l’époque où se répand la pratique des trois Ave Maria. On dit que saint Antoine de Padoue (1195-1231) la recommandait vivement. Elle apparaît comme privilégiée dans les Révélations de sainte Metchilde de Helfta (1241-1298). Réciter ces trois Ave, le soir après complies, en méditant sur le mystère de l’Incarnation : c’est ce qu’aurait proposé saint Bonaventure lors d’un chapitre de l’ordre des Frères mineurs, en 1269.
Ce sont là des traditions parmi d’autres qui ont pour intérêt de montrer que l’institution du pieux exercice de l’Angélus s’est faite progressivement et qu’il faudra encore attendre quelques décennies pour lui voir adopter la forme que lui connaissait M. Olier . Retenons comme point de départ l’usage de la récitation quotidienne de trois Ave Maria.

L’Angélus d’abord prière du soir
On dit que saint Bonaventure (en 1269) eut bien soin de faire tinter la cloche pour appeler ses religieux et les fidèles d’alentour à réciter les trois Ave d’après complies. D’emblée la prière fut associée au tintement de la cloche. Il paraît même qu’au couvent des Frères mineurs d’Arrezo, elle était précédée de l’antienne Angelus locutus est Mariae (L’ange s’adressa à Marie).
Pendant longtemps, on s’en tint là. Aux XIVème et au XVème siècles, les témoignages sont nombreux et concordants.
A Lerida (en Catalogne), en 1308, on tinte trois fois la cloche pour l’Angélus post completorium (après complies), au crépuscule. Même usage dans les couvents franciscains de la province de Venise.
A la même époque, en Hongrie, les Ave du soir se disent aussi au son de la cloche. En 1314, le pape Clément V séjournant à Carpentras où était sa curie, demande que l’on sonne la cloche des Ave Maria après le chants des complies. Son successeur, Jean XXII, originaire de Cahors, approuve, par acte du 13 octobre 1318, la pratique de l’Angélus du soir, observée dans le diocèse de Saintes, l’introduit en Avignon et indulgencie les fidèles qui, entendant la cloche, réciteront à genoux trois Ave Maria.
Le 7 mai 1327, le même Jean XXII (alors âgé de 78 ans) écrit à son vicaire à Rome d’y introduire la même coutume (récitation à genoux de trois Ave), lors de la sonnerie du soir), à laquelle il attache une indulgence. C’est ce que rappellera le mini-concile tenu à Paris en mars 1344 par l’archevêque de Sens, en présence de cinq évêques, en consacrant son treizième et dernier canon à la recommandation de la pratique de l’Angélus à la fin de chaque journée.
On ne s’étonne pas que le pieux usage soit attesté en maints autres endroits à cette époque : par exemple en 1334 à Tréguier, en 1336 dans le Hainaut, en 1370 à Nantes, en 1378 dans le diocèse de la Mayenne, etc.
On fondit même les cloches destinées spécialement à tinter l’Angélus , comme indiquent leurs inscriptions..

Angélus du soir et le couvre-feu
Il y eut pas mal de conciles en Normandie au temps de Guillaume le Conquérant qui se plaisait à les convoquer et même à les présider.
Ainsi en fut-il à Caen, en 1061, où le duc fut assisté de l’archevêque Maurille, de Rouen, et de Lanfranc, alors prieur de l’abbaye du Bec.
C’est là que fut décidé d’instaurer le couvre-feu à travers le duché. Simplement règlement de police, dira-t-on. En fait, si le souci de la sécurité publique motivait la prescription, celle-ci faisait suite aux dispositions prises en 1047 au  » concile  » de Vaucelles  » (faubourg de Caen), où le jeune duc, venait de triompher d’une coalition armée, avait eu le souci de mettre en application la Paix de Dieu et les garanties de sécurité qu’elle apportait à ses sujets.
Or, il fut décidé à Caen, en 1061, que dans toutes les localités du duché, on sonnerait chaque soir la cloche pour inviter les gens à la prière, après quoi ils devraient rentrer chez eux et fermer leur porte. Simultanément, étaient prises de nouvelles mesures contre les auteurs de vols et d’agressions.
Ainsi a-t-on vu une relation d’origine entre la sonnerie du couvre-feu et celle de l’Angélus, d’autant que l’Angélus n’a d’abord été qu’une prière du soir. En fait, la prière ou les prières dont il est question à Caen en 1061 ne sont pas celles de l’Angélus, et les tintements de la cloche de la fin des complies dans les monastères n’ont rien à voir avec le couvre-feu.
Ce qu’on peut dire – et on l’a dit avec raison – c’est que la volée qui suit les tintements discontinus dans la sonnerie de l’Angélus, est peut-être une survivance de l’ancien couvre-feu médiéval. Quoi qu’il en soit, ce qui est vraiment spécifique de l’Angélus, ce n’est pas la sonnerie à la volée, mais les tintements, trois par trois, qui la précèdent.
Les intervalles entre les trois groupes de tintement devaient, en principe, à l’origine, donner le temps de réciter trois Ave. Il en était ainsi chez les Chartreux au XIVème. Au XVème, les bénédictins de la réforme de Bursfeld, qui compta jusqu’à 180 monastères en Allemagne, Belgique, Hollande et Danemark, avaient coutume à la fin des complies, après Pater, Ave, Credo, de se prosterner et de réciter trois Ave au tintement de la cloche.
A la même époque, les chanoines réguliers de Windesheim faisaient de même après le chant de l’antienne à la Vierge.
Mais, parmi les preuves historiques de la dissociation entre le tintement de l’Angélus et la sonnerie du couvre-feu, il en est une que rapporte W. Henrypour l’Angleterre. Elle concerne la ville de Somerset. En 1331, le doyen du Chapitre, Goddeley, ordonne de sonner trois coups, à trois intervalles rapprochés, sur la grosse cloche de la cathédrale, pour qu’on récite trois Ave, et cela peu de temps avant le couvre-feu.
Notons au passage que la récitation de la salutation angélique semble avoir été plus précocement répandue en Angleterre que sur le continent. D’ailleurs, la même avance se vérifie pour d’autres aspects de la piété mariale.

L’Angélus du Matin
Aussi n’est-il pas étonnant de voir les Anglais, dès le XIVème siècle, doubler l’Angélus du soir de celui du matin. Cela se fit d’abord dans les monastères à l’heure de prime. Puis les séculiers les imitèrent. Mais une certaine fantaisie s’instaure dans le contenu et les intentions de la prière mariale. Ainsi, en 1346, l’évêque de Bath (dans le Somerset) ordonne au clergé de sa cathédrale de réciter cinq Ave matin et soir pour les bienfaiteurs vivants et décédés. En 1399, l’archevêque de Cantorbery, Thomas Arundel, invite l’évêque de Londres à répéter le matin la sonnerie du soir et à faire réciter à ce moment par le clergé et les fidèles un Pater et cinq Ave.
Le  » doublement  » matutinal de la sonnerie du soir et des trois Ave avait déjà été adopté à pavie en 1330.
En France, en 1368, eut lieu à Lavaur (Tarn) un concile qui réunit treize évêques et fut présidé par Geoffroi de Vairolles, archevêque de Narbonne. On y prescrivit de réciter chaque matin cinq Pater en mémoire des Cinq Plaies du Christ et sept Ave pour rappeler les Sept Douleurs de Marie. Assurément cette prière du matin, même annoncée par la cloche, n’est plus étymologiquement un Angélus ; mais il est intéressant de noter, l’association, en 1368, de la dévotion aux Cinq-Plaies de Notre-Seigneur.
C’est assurément le siècle où se développe cet aspect de la piété mariale qui associe la vierge à la Passion du Christ. C’est le siècle où se diffuse le Speculum humanae salvationis, où l’on compose des hymnes sur les sept douleurs de Marie, où naît l’admirable Salve Mater Dolorosa.
En somme l’Angélus , malgré l’appellation, ne se fige pas dans une formulation immuable. Nous allons le voir, quand apparaîtra son extension au milieu du jour, et qu’il prendra la triple fréquence quotidienne qu’il a depuis lors..

L’Angélus de midi
Il semble que l’Angélus du milieu du jour, attesté à Omütz (aujourd’hui Olomouc, en Tchécoslovaquie) en 1413, à Mayence et à Cologne en 1423, ait d’abord été limité au vendredi et n’ait concerné que la dévotion à la Passion du Christ.
Par contre, en 1451, il est quotidien au monastère du Val des Écoliers, à Mons, dans le Hainaut. En 1456, le pape Calixte III, dont le souci majeur est de parer au danger turc, prescrit une croisade de prières et demande que les cloches tintent trois fois le jour et qu’à chaque fois l’on récite trois Pater et trois Ave.
La victoire de Belgrade (1456) sauve momentanément la chrétienté, mais les Turcs restent redoutables et menaçants.
Le roi Louis XI, en 1472, prescrit à tout son royaume l’extension de l’Angélus à midi, et demande qu’à cette heure-là l’intention de prières soit la paix. Aussi appelle-t-on l’Angélus de midi :  » l’Ave Maria de la paix « . Cette pratique de l’Angélus de midi fut indulgenciée en 1475 par le pape Sixte IV qui fut un grand pape marial : il favorisa tout particulièrement le culte liturgique de l’Immaculée Conception.
Dès lors, le triple Angélus avec sa triple sonnerie est attesté un peu partout en Occident : à Beauvais, à Tournai, à Liège, à Aix-la-Chapelle, en Angleterre… Et le pape Alexandre VI, qui fut loin d’être un saint, n’en confirma pas moins, en 1500, les dispositions de Calixte III.
A ces trois l’Angélus s’en ajoute pour les Chartreux un quatrième : un Angélus nocturne qu’ils récitent, au tintement de la cloche, après l’office des laudes.
Une coutume inspirée de l’Angélus est rapportée par l’abbé Decorde, historien du pays de Bray, concernant les religieuses du monastère de Clair-Ruissel, de l’ordre de Fontevrault, à Gaillefontaine (Seine-Maritime). En cas d’orage, une soeur parcourait le couvent en agitant une clochette et répétant Et verbum caro factum est (Et le Verbe s’est fait chair). A quoi les autres religieuses répondaient par un Ave Maria (Histoire du canton de Forges, p. 173).
Dans sa thèse de doctorat ès-lettres (1986) sur l’évêque Guillaume Briçonnet (1470-1534), le chanoine Michel Veissière rapporte une intéressante indication donnée en 1620 par Guy Bretonneau, généalogiste de la famille Briçonnet. Il s’agit d’une bulle du pape Léon X, du 27 février 1517, accordant des indulgences  » à tous ceux qui diront dévotement Pater noster et Ave Maria , lorsqu’ils entendront la cloche sonner à cet effect le matin soir et midy, ès diocèses de Meaulx et de Lodesve, et au faulxbourg de Sainct Germain des prèz lès Paris « . Cette bulle avait été accordée à la demande de l’évêque, dont le but, écrit Michel Veissière, était  » incontestablement, par le moyen de l’indulgence, de favoriser un authentique renouveau spirituel centré sur le Christ souffrant en compagnie de la Vierge Marie « . Il s’agissait là d’une des  » formes populaires de dévotion… à la portée des plus simples « , qui avaient la faveur de Mgr Briçonnet . On notera que la prière ne comporte à chaque tintement qu’un Pater et un Ave.
A la même époque, on peut lire, sous le titre De Ave Maria dicenda, une intéressante décision incluse dans les statuts synodaux de l’évêque Antoine d’Estaing (Angoulême, 1506-1523), publiés en 1972 dans les Mémoires de la Société historique et archéologique de la Charente (p. 259-316). Voici la traduction d’un passage du texte original latin :  » … Nous concédons à tous les fidèles de notre diocèse qui, à l’heure du matin, du midi et des complies, quand sonnera la cloche, se mettront à genoux pour dire trois Ave , avec dévotion et regret de leurs péchés, 40 jours d’indulgences… Cela sera annoncé par les archiprêtres, recteurs et vicaires aux messes dominicales « .
S’agenouiller au tintement de la cloche de l’Angélus : les Espagnols n’y manquaient jamais. Un paysan picard se rendant à Compostelle notait :  » Quand on sonne l’Angélus dans ces pays, en tel endroit que l’on se trouve, (il) faut se mettre à genoux. Ils y font mettre les étrangers, même de force en cas de résistance « .
C’est au XVIème que se fixa et se généralisa la forme de l’Angélus , tel que nous le récitions aujourd’hui. On le trouve dans un Petit Office de la Sainte Vierge (Officium parvum B.M.V.) imprimé à Rome au temps de saint Pie V (1566-1572), puis dans le Manuale catholicorum du jésuite saint Pierre Canisius (1521-1597), imprimé à Anvers en 1588. Dans nos livres de piété, l’Angélus porte, selon leur date de publication, soit la référence du pape Benoît XIV (14 septembre 1742), soit celle du pape Léon XIII (15 mars 1884). Ce fut Benoît XIV qui prescrivit de remplacer l’Angélus pendant le Temps Pascal par le Regina Coeli.
Le 25 mars 1918, en la fête de l’Annonciation, se fonda à Blois une association de l’Angélus pour les morts de la guerre. Dans son article du Dictionnaire pratique des connaissances religieuses, l’abbé J. Bricout rapporte qu’en 1921, d’après l’Almanach catholique français, l’association groupait alors près de 50.000 adhérents, et qu’elle avait été approuvée par le pape Benoît XV et recommandée par l’épiscopat. .
Cette association prit un essor considérable après qu’elle eut été transférée à Versailles et canoniquement érigée par Mgr Gibier chez les cisterciens du 19 de la rue du Pont-Colbert, le 13 mars 1929. Pie XI l’enrichit d’indulgences. L’oeuvre, dont la fête fut fixée au jour de l’Annonciation, comportait une section réservée aux enfants de moins de 12 ans, les  » Benjamins de l’Angélus « . Tous les associés s’engageaient, bien entendu, à la récitation quotidienne de l’Angélus

Aujourd’hui
On sait que chaque dimanche et chaque jour de fête, Jean-Paul II récite l’Angélus avec les Romains et les pèlerins groupés sur la place Saint-Pierre, et qu’il précède cette récitation d’une homélie mariale. Étant en dehors de Rome, il maintient volontiers cette double coutume (homélie et récitation de l’Angélus ) lors de ses déplacements, et cela en semaine.
Ainsi, lors de son voyage au Canada en 1984 : le 13 septembre à Halifax, le 16 à Winnipeg :  » En cette heure de midi, nous sommes réunis dans la cathédrale Sainte-Marie, pour réciter ensemble la prière de l’Angélus . Le Seigneur nous invite à faire une pause et en compagnie de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints à réfléchir au mystère de la Rédemption et à élever nos voix pour louer la Très Sainte Trinité « .
Et plus récemment, voici comment le Saint-Père s’est adressé à la foule avant de réciter l’Angélus , à Kigali, en Côte-d’Ivoire.

 » Cette prière que je récite tous les dimanches à Rome avec les pèlerins venus sur la place Saint-Pierre nous donne l’occasion d’approfondir notre lien spirituel avec la Vierge Marie qui précède tout le Peuple de dieu dans le pèlerinage de la foi. « 

LE MESSAGE DE LOURDES

10 février, 2015

http://fr.lourdes-france.org/approfondir/le-message-de-lourdes

LE MESSAGE DE LOURDES

On appelle «Message de Lourdes» les gestes et les paroles échangés entre la Vierge Marie et Bernadette Soubirous, à la Grotte de Massabielle, au cours de dix-huit apparitions. Ce message peut se résumer ainsi : Dieu est Amour et Il nous aime tels que nous sommes.
A Lourdes, en 1858, la famille de Bernadette Soubirous, ruinée, a trouvé refuge au cachot. Le 11 février 1858, Bernadette, sa sœur Toinette et leur amie Jeanne Abadie, vont chercher du bois. Elles se dirigent vers « l’endroit où le canal rejoint le Gave ». Elles arrivent devant la Grotte de Massabielle. Toinette et Jeanne traversent l’eau glaciale du canal. Bernadette, en raison de son asthme chronique, hésite à faire autant. C’est alors qu’elle « entend un bruit comme un coup de vent », mais « aucun arbre ne bouge ». Levant la tête, elle voit, dans le creux du rocher, une petite demoiselle, enveloppée de lumière, qui la regarde et lui sourit ». C’est la première apparition de Notre Dame.
Au temps de Bernadette, la Grotte était un lieu sale, obscur, humide et froid. On appelait cette Grotte la « Tute aux cochons », parce que c’était le lieu où l’on conduisait les porcs. C’est là que Marie, toute blancheur, toute pureté, signe de l’Amour de Dieu, c’est-à-dire signe de ce que Dieu veut faire en chacun de nous, a voulu apparaître. Il y a un immense contraste entre cette Grotte obscure, humide, et la présence de la Vierge Marie, « l’Immaculée Conception ». Cela nous rappelle l’Évangile : la rencontre entre la richesse de Dieu et la pauvreté de l’homme. Le Christ est venu chercher ce qui était perdu.
A Lourdes, le fait que Marie soit apparue dans une grotte sale et obscure, dans ce lieu qui s’appelle Massabielle, le vieux rocher, c’est pour nous dire que Dieu vient nous rejoindre là où nous sommes, en plein cœur de nos misères, de toutes nos causes perdues.
La Grotte n’est pas seulement le lieu de l’événement, un lieu géographique, c’est aussi un lieu où Dieu nous fait signe pour nous dévoiler son cœur et notre propre cœur. C’est un endroit où Dieu nous laisse un message qui n’est autre que celui de l’Évangile. Dieu vient pour nous dire qu’il nous aime : voilà tout le contenu du « Message de Lourdes »… et Dieu nous aime tels que nous sommes.

LE 18 FÉVRIER 1858 : DES PAROLES EXTRAORDINAIRES
Lors de la troisième apparition, le 18 février, la Vierge parle pour la première fois. A Bernadette qui lui tend une feuille de papier et un crayon pour qu’elle inscrive son nom, « la Dame » réplique : « Ce que j’ai à vous dire, ce n’est pas nécessaire de le mettre par écrit ». C’est une parole extraordinaire. Cela veut dire que Marie veut entrer avec Bernadette dans une relation qui est de l’ordre de l’amour, qui se situe au niveau du cœur. Le cœur, dans la Bible, signifie le centre même de la personnalité, de ce qu’il y a de plus profond en l’homme. Bernadette est d’emblée invitée à ouvrir les profondeurs de son cœur à ce message d’Amour.
Lourdes : gemmail représentant une apparition de la Vierge Marie à Bernadette SoubirousA la deuxième parole de la Vierge : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours? », Bernadette est bouleversée. C’est la première fois qu’on lui dit « vous ». Elle illustrera cette parole en disant: « Elle me regarde comme une personne regarde une autre personne ». L’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est une personne. Bernadette, se sentant ainsi respectée et aimée, fait l’expérience d’être elle- même une personne. Nous sommes tous dignes aux yeux de Dieu. Parce que chacun est aimé par Dieu.
Troisième parole de la Vierge : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre ». Nous connaissons le monde de la violence, du mensonge, de la sensualité, du profit, de la guerre. Mais nous connaissons aussi le monde de la charité, de la solidarité, de la justice. Quand Jésus, dans l’Évangile, nous invite à découvrir le Royaume des cieux, il nous invite à découvrir, dans le monde tel qu’il est, un « autre monde ». Là où il y a l’Amour, Dieu est présent. Cette réalité n’occulte pas l’horizon du message qui est le Ciel. La Vierge Marie transmet à Bernadette la certitude d’une terre promise qui ne pourra être atteinte que par delà la mort. Sur terre, ce sont les fiançailles ; les noces sont pour après, pour le Ciel.

DIEU EST AMOUR
Faire l’expérience de Dieu, ce n’est pas autre chose que de faire l’expérience de l’amour sur cette terre. A celui qui a su découvrir cela, Jésus déclare : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Malgré sa misère, sa maladie, son inculture, Bernadette a toujours été profondément heureuse. C’est cela le Royaume de Dieu, le monde du vrai Amour.
Pendant les sept premières apparitions de Marie, Bernadette a montré un visage rayonnant de joie, de bonheur, de lumière. Mais, entre la huitième et la douzième apparition, tout change : le visage de Bernadette devient dur, triste, douloureux et surtout elle accomplit des gestes incompréhensibles… Marcher à genoux jusqu’au fond de la Grotte; embrasser le sol, pourtant sale et dégoûtant, de cette Grotte; manger quelques herbes amères; gratter le sol et, par trois fois, essayer de boire de l’eau boueuse, en aspirer un peu, puis la rejeter; prendre de la boue entre ses mains et se barbouiller la figure. Puis, Bernadette regarde la foule en écartant ses bras. Alors, tous disent : « Elle est folle ». Pendant quatre apparitions, Bernadette reproduira les mêmes gestes. Qu’est-ce que cela signifie ? Personne n’a rien compris ! Nous sommes pourtant au cœur du « Message de Lourdes ».

LE SENS BIBLIQUE DES APPARITIONS
Les gestes de Bernadette sont des gestes bibliques. Parce que « la Dame » le lui a demandé, Bernadette exprimera l’Incarnation, la Passion et la Mort du Christ. Marcher à genoux jusqu’au fond de la Grotte: c’est le geste de l’Incarnation, de l’abaissement de Dieu fait homme. Et Bernadette embrasse la terre pour signifier que cet abaissement est bien le geste de l’Amour de Dieu pour les hommes. Manger les herbes amères rappelle la tradition juive que l’on trouve dans les textes anciens. Lorsque les juifs voulaient signifier que Dieu avait pris sur lui toutes les amertumes, tous les péchés du monde, ils tuaient un agneau, le vidaient, le remplissaient d’herbes amères et prononçaient sur lui la prière : « Voici l’Agneau de Dieu qui prend sur lui, qui enlève toutes les amertumes, tous les péchés du monde ». Cette prière est évoquée à la messe. Se barbouiller la figure: le prophète Isaïe, lorsqu’il parle du Messie, du Christ, il le montre sous les traits du Serviteur souffrant. « Parce qu’il portait sur lui tous les péchés des hommes, son visage n’avait plus figure humaine », précise Isaïe. Il poursuit : « Il était comme un mouton que l’on conduit à l’abattoir et, sur son passage, les gens se moquaient de lui ». Voilà, à la Grotte, Bernadette défigurée par la boue, et la foule qui crie : « Elle est devenue folle ».

LA GROTTE CACHE UN TRÉSOR IMMENSE, INCOMMENSURABLE
Lourdes : la source qui coule dans la Grotte des ApparitionsLes gestes que Bernadette accomplit sont des gestes de libération. La Grotte est désencombrée de ses herbes, de sa boue. Mais pourquoi faut-il ainsi libérer cette Grotte ? Parce qu’elle cache un trésor immense, incommensurable, qu’il faut absolument mettre à jour. Ainsi, à la neuvième apparition, « la Dame » demandera à Bernadette d’aller gratter le sol, au fond de cette « Tute aux cochons », en lui disant : « Allez à la source, boire et vous y laver ». Et voici qu’un peu d’eau boueuse commence à couler, suffisamment pour que Bernadette puisse en boire. Et voilà que cette eau devient, petit à petit, transparente, pure, limpide.
Par ces gestes, nous est dévoilé le mystère même du cœur du Christ : « Un soldat, de sa lance, lui transperça le cœur et, aussitôt, jaillit du sang et de l’eau ». Mais aussi les profondeurs du mystère du cœur de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu : « L’eau que je te donnerai, deviendra en toi source jaillissant en vie éternelle ». Le cœur de l’homme, blessé par le péché, est signifié par les herbes et la boue. Mais au fond de ce cœur, il y a la vie même de Dieu, signifiée par la source. On demande à Bernadette: « Est-ce que « la Dame » te disait quelque chose ? ». Elle répondra : « Oui, de temps à autre elle disait : « Pénitence, pénitence, pénitence. Priez pour les pécheurs ». Par « pénitence », il faut comprendre conversion. Pour l’Église, la conversion consiste, comme le Christ l’a enseigné, à tourner son cœur vers Dieu, vers ses frères. Prier fait entrer dans l’Esprit de Dieu. Ainsi nous pouvons réaliser que le péché ne fait pas le bonheur de l’homme. Le péché, c’est tout ce qui s’oppose à Dieu.
Lors de la treizième apparition , Marie s’adresse ainsi à Bernadette : « Allez dire aux prêtres qu’on bâtisse ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ». « Qu’on vienne en procession », signifie marcher, dans cette vie, toujours auprès de nos frères. « Qu’on bâtisse une chapelle ». A Lourdes, des chapelles ont été construites, pour accueillir la foule des pèlerins. Mais ces chapelles ne sont que les signes de cette communion basée sur la charité, à laquelle tous sont appelés. La chapelle, c’est  » l’Église » que nous devons construire, là où nous sommes, dans notre famille, sur notre lieu de travail, dans notre paroisse, dans notre diocèse. Tout chrétien passe sa vie à construire l’Église, en vivant la communion avec Dieu et ses frères.

LA DAME DIT SON NOM : « QUE SOY ERA IMMACULADA COUNCEPTIOU »
notre dame de lourdes
Le 25 mars 1858, jour de la seizième apparition, Bernadette se rend à la Grotte où, à l’initiative de l’abbé Peyramale, curé de Lourdes, elle demande à « la Dame » de dire son nom. Par trois fois, Bernadette pose la question. A la quatrième demande, « la Dame » lui répond en patois : « Que soy era Immaculada Counceptiou », ce qui veut dire en français « Je suis l’Immaculée Conception ». Bernadette n’a pas compris immédiatement le sens de cette parole. L’Immaculée Conception, tel que l’enseigne l’Église, c’est « Marie conçue sans péché, grâce aux mérites de la Croix du Christ » (définition du dogme promulgué en 1854). Bernadette se rend aussitôt chez Monsieur le Curé pour lui transmettre le nom de « la Dame ». Il comprend que c’est la Mère de Dieu qui apparaît à la Grotte. Plus tard, l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence, authentifiera cette révélation.

Tous appelés à devenir immaculés
La signature du message – quand la Dame dit son nom – intervient après trois semaines d’apparitions et trois semaines de silence (du 4 au 25 mars). Le 25 mars est le jour de l’Annonciation, de la « conception » de Jésus dans le sein de Marie. La Dame de la Grotte dit sa vocation : elle est la mère de Jésus, tout son être est de concevoir le Fils de Dieu, elle est toute pour lui. Pour cela, elle est immaculée, habitée par Dieu. Ainsi, l’Église et tout chrétien ont à se laisser habiter par Dieu pour devenir immaculés, radicalement pardonnés et graciés de façon à être, eux aussi, témoins de Dieu. Ce sera la vocation de Bernadette. Le 7 avril, pour l’apparition suivante, la flamme du cierge passera entre ses doigts sans la brûler. Elle devient transparente de la lumière, elle peut, elle aussi, communiquer la lumière de Dieu. Marie nous dit qu’elle est ce que nous devons devenir. Le jour de sa première communion (3 juin 1858), Bernadette prolonge cette expérience en s’unissant au don de Dieu.

CÉLÉBRATION DES VÊPRES DE LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE – (2011) BENOÎT XVI

2 février, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2011/documents/hf_ben-xvi_hom_20110202_vita-consacrata.html

CÉLÉBRATION DES VÊPRES DE LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Saint-Pierre

Mardi 2 février 2011

Chers frères et sœurs!

En la fête d’aujourd’hui, nous contemplons le Seigneur Jésus que Marie et Joseph présentent au temple «pour l’offrir au Seigneur» (Lc 2, 22). Dans cette scène évangélique se révèle le mystère du Fils de la Vierge, le consacré du Père, venu au monde pour accomplir fidèlement sa volonté (He 10, 5-7). Syméon l’indique comme «lumière pour éclairer les nations païennes» (Lc 2, 32) et annonce à travers des paroles prophétiques son offrande suprême à Dieu et sa victoire finale (cf. Lc 2, 32-35). C’est la rencontre des deux Testaments, l’Ancien et le Nouveau. Jésus entre dans l’antique temple, Lui qui est le nouveau Temple de Dieu: il vient visiter son peuple, en portant à son accomplissement l’obéissance à la Loi et en inaugurant les temps ultimes du salut.
Il est intéressant d’observer de près cette entrée de l’Enfant Jésus dans la solennité du temple, dans un grand «va-et-vient» de nombreuses personnes, prises par leurs occupations: les prêtres et les lévites avec leurs tours de service, les nombreux fidèles et pèlerins, désireux de rencontrer le Dieu saint d’Israël. Mais aucun de ceux-ci ne se rend compte de rien. Jésus est un enfant comme les autres, fils premier-né de deux parents très simples. Les prêtres sont eux aussi incapables de saisir les signes de la nouvelle présence particulière du Messie et Sauveur. Seules deux personnes âgées, Syméon et Anne, découvrent la grande nouveauté. Conduits par l’Esprit Saint, ils trouvent dans cet Enfant l’accomplissement de leur longue attente et veillée. Tous les deux contemplent la lumière de Dieu, qui vient illuminer le monde, et leur regard prophétique s’ouvre à l’avenir, comme annonce du Messie: «Lumen ad revelationem gentium!» (Lc 2, 32). Dans l’attitude prophétique des deux vieillards, c’est toute l’Ancienne Alliance qui exprime la joie de la rencontre avec le Rédempteur. A la vue de l’Enfant, Syméon et Anne ont l’intuition que c’est précisément lui qui est l’Attendu.
La présentation de Jésus au temple constitue une icône éloquente du don total de sa propre vie pour ceux qui, hommes et femmes, sont appelés à reproduire dans l’Eglise et dans le monde, à travers les conseils évangéliques, «les traits caractéristiques de Jésus — vierge, pauvre et obéissant» (Exhort. apos. post-syn. Vita consecrata, n. 1). C’est pourquoi la fête d’aujourd’hui a été choisie par le vénérable Jean-Paul II pour célébrer chaque année la Journée de la vie consacrée. Dans ce contexte, j’adresse un salut cordial et reconnaissant à Mgr João Braz de Aviz, que j’ai récemment nommé préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, ainsi qu’au secrétaire et aux collaborateurs. Je salue avec affection les supérieurs généraux présents et toutes les personnes consacrées.
Je voudrais proposer trois brèves pensées pour une réflexion à l’occasion de cette fête.
La première: l’icône évangélique de la Présentation de Jésus au temple contient le symbole fondamental de la lumière; la lumière qui, en partant du Christ, rayonne sur Marie et Joseph, sur Syméon et Anne et, à travers eux, sur tous. Les Pères de l’Eglise ont relié ce rayonnement au chemin spirituel. La vie consacrée exprime ce chemin de manière particulière, comme «filocalia», amour pour la beauté divine, reflet de la bonté de Dieu (cf. ibid., n. 19). Sur le visage du Christ resplendit la lumière de cette beauté. «L’Eglise contemple le visage transfiguré du Christ, pour être fortifiée dans la foi et ne pas risquer d’être désemparée devant son visage défiguré sur la Croix [...] elle est l’Epouse devant l’Epoux, elle participe à son mystère, elle est entourée de sa lumière. Cette lumière éclaire ses fils [...] Les personnes appelées à la vie consacrée font certainement une expérience unique de la lumière qui émane du Verbe incarné. En effet, la profession des conseils évangéliques fait d’eux des signes prophétiques pour la communauté de leurs frères et pour le monde» (ibid., n. 15).
En deuxième lieu, l’icône évangélique manifeste la prophétie, don de l’Esprit Saint. Syméon et Anne, en contemplant l’Enfant Jésus, entrevoient son destin de mort et de résurrection pour le salut de toutes les nations et annoncent ce mystère comme salut universel. La vie consacrée est appelée à ce témoignage prophétique, lié à sa double attitude contemplative et active. Aux personnes consacrées, hommes et femmes, il est en effet donné de manifester le primat de Dieu, la passion pour l’Evangile pratiqué comme forme de vie et annoncé aux pauvres et aux derniers de la terre. «En vertu de ce primat, rien ne peut être préféré à l’amour personnel pour le Christ et pour les pauvres en qui il vit. [...] La véritable prophétie naît de Dieu, de l’amitié avec lui, de l’écoute attentive de sa Parole dans les diverses étapes de l’histoire» (cf. ibid., n. 84). De cette manière, la vie consacrée, dans son vécu quotidien sur les routes de l’humanité, manifeste l’Evangile et le Royaume déjà présent et à l’œuvre.
En troisième lieu, l’icône évangélique de la présentation de Jésus au temple manifeste la sagesse de Syméon et d’Anne, la sagesse d’une vie totalement consacrée à la recherche du visage de Dieu, de ses signes, de sa volonté; une vie consacrée à l’écoute et à l’annonce de sa Parole. «“Faciem tuam, Domine, requiram”: ton visage, Yahvé, je cherche (Ps 26, 8) [...] La vie consacrée est dans le monde et dans l’Eglise le signe visible de cette recherche du visage du Seigneur et des voies qui conduisent à Lui (cf. Jn 14, 8) [...] La personne consacrée témoigne donc de l’engagement, joyeux et en même temps actif, de la recherche assidue et sage de la volonté divine» (cf. Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, Instruct. Le service de l’autorité et l’obéissance. Faciem tuam, Domine, requiram [2008], I).
Chers frères et sœurs, vous êtes des auditeurs assidus de la Parole, car chaque sagesse de vie naît de la Parole du Seigneur! Soyez les scrutateurs de la Parole, à travers la lectio divina, car la vie consacrée «naît de l’écoute de la Parole de Dieu et accueille l’Evangile comme règle de vie. Vivre à la suite du Christ, chaste, pauvre et obéissant, est ainsi une “exégèse” vivante de la Parole de Dieu. L’Esprit Saint, grâce auquel la Bible a été écrite, est le même Esprit qui éclaire d’une lumière nouvelle la Parole de Dieu aux fondateurs et aux fondatrices. D’elle tout charisme est né et d’elle, toute règle veut être l’expression, en donnant vie à des itinéraires de vie chrétienne caractérisés par la radicalité évangélique» (Exhort. apos. post-syn. Verbum Domini, n. 83).
Nous vivons aujourd’hui, en particulier dans les sociétés les plus développées, une situation souvent marquée par une pluralité radicale, par une marginalisation progressive de la religion du domaine public, par un relativisme qui touche les valeurs fondamentales. Cela exige que notre témoignage chrétien soit lumineux et cohérent et que notre effort éducatif soit toujours plus attentif et généreux. Chers frères et sœurs, que votre action apostolique, en particulier, devienne un engagement de vie, qui accède, avec une passion persévérante, à la Sagesse comme vérité et comme beauté, «splendeur de la vérité ». Sachez orienter par la sagesse de votre vie, et avec confiance dans les possibilités inépuisables de la véritable éducation, l’intelligence et le cœur des hommes et des femmes de notre temps vers la «bonne vie de l’Evangile».
En ce moment, ma pensée s’adresse avec une affection particulière à toutes les personnes consacrées, hommes et femmes, dans chaque partie de la terre, et je les confie à la bienheureuse Vierge Marie:

O Marie, Mère de l’Eglise,
Je te confie toute la vie consacrée,
afin que tu obtiennes pour elle
la plénitude de la lumière divine:
qu’elle vive dans l’écoute
de la Parole de Dieu,
dans l’humilité de la sequela
de Jésus ton Fils et notre Seigneur,
dans l’accueil de la visite
de l’Esprit Saint,
dans la joie quotidienne
du magnificat,
pour que l’Eglise soit édifiée
par la sainteté de vie
de tes fils et de tes filles,
dans le commandement de l’amour.
Amen.

ACTUALITÉ DE LA MÈRE DE DIEU

30 décembre, 2014

http://www.pagesorthodoxes.net/mere-de-dieu/md-homelies.htm

ACTUALITÉ DE LA MÈRE DE DIEU

par le père Michel Quenot

Mère des vivants

Adam nomme sa compagne  » Ève « , ce qui signifie  » vie « ,  » parce qu’elle fut la mère de tous les vivants  » (Ex 3, 20). Promue mère des croyants à la suite d’Abraham qui en assure la paternité, la Vierge Marie a aussi cru en l’accomplissement de la promesse du Seigneur (Lc 1, 45), devenant ainsi la bienheureuse Mère des vrais vivants. Son importance dans l’histoire du salut et dans la vie de chaque homme puise ici sa source. À l’instar de la première Ève, dont la chute concerne l’humanité entière, son  » oui  » à l’accueil en elle du Sauveur a uni le divin à l’humain.
D’Ève la mère des vivants,
Mère de Dieu, tu fus le relèvement,
car tu as mis au monde l’Auteur de la vie.
En la Pâque hivernale de la Nativité, elle nous a donné la  » Pâque  » qu’est le Christ. Imaginons un instant sa douleur quand elle assiste, impuissante au pied de la Croix, à la déchéance de son Fils moribond ? Première créature humaine dans l’ordre de la sainteté, elle nous représente malgré notre lâcheté. Avant de mourir, Jésus ne confie pas sa Mère à la parenté, mais à l’apôtre Jean, surnommé le théologien pour avoir accordé un accent particulier à la parole du Maître dans son évangile, avant de devenir lui-même parole. Cette maternité trouve son plein épanouissement au Calvaire qui la fait accéder à une maternité universelle envers le peuple de Dieu.
Dans son amour profond pour la Mère des vivants, saint Silouane l’Athonite écrit :  » Lorsque l’âme est toute pénétrée par l’amour de Dieu, oh ! comme tout est bon alors, comme tout est rempli de douceur et de joie ! Mais, même alors, on n’échappe pas aux afflictions, et plus grand est l’amour, plus grandes sont les afflictions. La Mère de Dieu n’a jamais péché, même par une seule pensée, et elle n’a jamais perdu la grâce, mais, elle aussi, eut à endurer de grandes afflictions. Quand elle se tenait au pied de la Croix, sa peine était vaste comme l’océan. Les douleurs de son âme étaient incomparablement plus grandes que celles d’Adam lorsqu’il fut chassé du Paradis, parce que son amour était, lui aussi, incomparablement plus grand que celui d’Adam. Et si elle resta en vie, c’est uniquement parce que la force du Seigneur la soutenait, car le Seigneur voulait qu’elle voie sa Résurrection, et qu’après son Ascension elle reste sur terre pour consoler et réjouir les Apôtres et le nouveau peuple chrétien. « 
Un voile de silence entoure la fin terrestre de la Mère de Jésus. Ni le Nouveau Testament, ni les Pères de l’Église ne la mentionnent. Entre le Ve et la première moitié du VIe siècle, de nombreux textes syriaques, puis coptes, ont fleuri sur ses derniers instants. Le récit imagé et semi-légendaire de sa Dormition précède celui de son enlèvement au ciel. En gros, certains textes insistent sur son élévation au ciel, sans mort et sans ensevelissement préalables, d’autres, sur une élévation consécutive à son endormissement, laissant le corps incorruptible. La vérité nous amène à dire que le corps de la Vierge Marie n’a laissé aucune trace ici-bas.
En préférant le terme de Dormition à celui d’Assomption, l’Église orthodoxe suit la Tradition de l’Église indivise des sept grands Conciles œcuméniques dans sa croyance que la Vierge Marie est passée par la mort, comme son divin Fils, avant d’être élevée au ciel. Héritière du péché originel, elle devait mourir mais son union totale à son Fils, le Dieu-homme, l’a fait échapper à la corruptibilité et triompher de la mort en participant tout de suite à sa Résurrection, entraînant à travers sa personne une partie de la création dans sa propre transfiguration.
Célébrée dès le concile d’Éphèse, et bien fixée vers la fin du VIIe siècle, la fête de sa Dormition jouit d’une faveur particulière. Elle est en outre précédée d’un jeûne de quinze jours. Rappel puissant de notre destinée, la scène de la Dormition figure souvent, en alternance avec le Jugement dernier, sur le mur surplombant la porte de sortie des églises. Sa main pointée vers le ciel fait écho aux paroles de l’Ange dans l’icône de l’Ascension :  » Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel  » (Ac 1, 11).
Dans l’icône, les apôtres font cercle autour de sa couche mortuaire. Leur disposition correspond à celle de fils autour d’une mère, qui, privilège unique, est en outre Mère de la Vie. Quand le Christ l’enlève vers le ciel,  » les anges et les apôtres en chœur regardent comment passe de la vie à la vie celle qui enfanta le Prince de la vie « .  » Les anges dans le ciel étaient frappés d’étonnement, voyant que dans Sion leur propre Seigneur tenait une âme dans ses mains ; car à la Femme qui très purement l’avait mis au monde il s’adressa filialement et déclara : Viens partager la gloire de ton Fils ton Dieu « . Mère des vivants, elle est aussi Mère des morts en attente de la résurrection finale. Première à passer de la vie à la Vie, elle nous précède, nous soutient et nous guide. Mère du Dieu-homme, elle est à la fois Mère de Dieu et Mère des hommes, leur soutien et leur protectrice. Modèle durant notre vie, elle pointe par sa mort vers le sens de notre mort. L’icône de sa Dormition esquisse l’image de la mort de chaque disciple fidèle que le Christ accueillera dans son Royaume. Ayant mené le bon combat en renonçant volontairement aux passions, elle repose sur sa couche mortuaire entourée du monde terrestre et céleste.
Dans sa bienveillance maternelle, elle nous éveille à la vie en Christ qu’elle contribue à former en nous. Après avoir permis la naissance charnelle de Dieu sur terre, elle continue ainsi de l’enfanter dans le cœur humain qui accède par elle au Fils, dans la grâce de l’Esprit Saint. À l’encontre d’une mère possessive, elle veille aux besoins profonds de chaque personne.
En décalage avec l’enseignement catholique, les fidèles orthodoxes ne la considèrent pas comme la Mère de l’Église, mais comme leur Mère au sein de l’Église. L’Orante, figurant souvent dans l’abside des églises, suffit à le rappeler.
Ô Vierge qui as enfanté l’inaccessible clarté,
de ton éclat resplendissant
illumine les ténèbres de mon cœur
et donne-moi la main
pour conduire ma vie sur les chemins du salut.

La femme accomplie
Au sein de notre société où l’affrontement des sexes prend des tournures subtiles, la femme occupe une position en point de mire à travers une sérieuse remise en question de son rôle et de sa place par rapport au passé. Toute recherche de fusion relève de l’illusion et nivelle les charismes propres à chacun.
Dans une vision du monde rivée à la terre, l’homme tend à tout organiser selon des schémas logiques, sans référence à la personne. La vie cède alors la place aux lois, et l’homme – surtout dans sa dimension masculine, dimension parfois désavantageusement convoitée par la femme – risque à tout moment de succomber à la tentation du pouvoir, de la force et de la violence. Ontologiquement distincts, l’homme et la femme fondent leur union dans l’amour, et non dans l’égalité, comme on tend à nous le faire croire. La femme enfante et entretient par sa nature une relation privilégiée avec la vie. Sa vraie vocation ne se situe pas dans l’imitation de l’homme souvent en lutte pour le pouvoir à tous les niveaux de la société, y compris dans l’Église, mais dans le dépassement de la vision figée mâle qui consiste à réduire la vie à des schémas stériles. Il lui incombe la tâche de souligner l’unicité et la plénitude de la vie, de montrer que l’authenticité de la vie réside dans l’amour et non dans le sexe.
Pour Jean Vanier, qui jouit d’une grande expérience humaine glanée à travers les continents et dans ses communautés de l’Arche :
…le danger de l’homme est de fuir la vulnérabilité de son propre cœur et ses puissances de tendresse. Parfois, il réclame une femme-mère, puis très vite, comme un petit garçon, il la refuse, voulant sa propre liberté. Il se jette alors dans le monde de l’efficacité et de l’organisation, niant la tendresse et la véritable réciprocité. Mais par le fait même, il se mutile et se sépare de ce qui en lui est essentiel. Tantôt il idéalise la femme – elle est la vierge toute pure – tantôt il la plonge dans la déchéance – elle est la grande séductrice, l’instrument du diable, la prostituée, ou encore il se sert d’elle comme d’une servante. Dans tous les cas, il ne fait rien d’autre que rejeter sa propre sexualité, qu’il considère comme mauvaise, ou la nie. De toute façon, il refuse toute relation vraie avec la femme comme personne et ne la voit plus que comme symbole de péché ou de pureté, ou comme un être inférieur.
Toute la croissance de l’homme est dans la maturation de ses rapports avec la femme. Tant qu’il demeure au stade des rapports mère–enfant, ou au stade de la femme séduction–répulsion, il ne peut vraiment grandir, même spirituellement.
[…] De la même façon, la femme, elle aussi, doit trouver son équilibre. Elle ne doit pas, par refus de sa féminité, chercher le même pouvoir que l’homme ni loucher jalousement sur ses capacités d’organisation, mais elle doit découvrir les richesses de sa propre féminité, le pouvoir qui peut être caché dans sa faiblesse même, la lumière et la sagesse propres de son intelligence, et les capacités de guérison et de compassion qui sont en elle. Lorsqu’elle est dépourvue de tout pouvoir, il arrive qu’elle ait une intuition d’autant plus limpide et plus vraie, moins mêlée aux passions d’orgueil et de puissance qui colorent souvent l’intelligence de l’homme.
Si tout n’est pas aussi tranché dans la réalité, quant aux qualités réciproques, il reste néanmoins vrai que l’homme ( » Yang « , selon la sagesse chinoise) tend à être davantage orienté vers l’action et l’extériorité que la femme ( » Yin « ), plus intériorisée et plus relationnelle de par sa capacité de maternité.
Face à la tentation prométhéenne de la femme moderne qui consiste à brader sa féminité au profit d’une masculinité en qui elle croit trouver sa force et sa grandeur, la Vierge Marie offre l’exemple d’un être ayant harmonieusement intégré le masculin et le féminin vers un dépassement du genre. Elle oppose à l’orgueil une humilité remplie de vigueur spirituelle, au paraître l’être, au masque le visage, à l’impudeur la pure beauté, à la quête frénétique du changement le repos dans l’Esprit, à la haine l’amour de ce Dieu d’amour qu’elle a enfanté. Sa violence pacifique est celle des Béatitudes, sa gloire le Christ. Femme accomplie et personnification de la femme dans un monde dominé par l’homme, elle arbore la virilité du Royaume.
L’histoire humaine montre que le plus grand péché conduit souvent à la prostitution chez la femme et à l’hérésie chez l’homme. La pureté revêt ainsi une dimension d’autant plus grande chez la femme. La Toute-pure est en effet la Toute-sainte, celle qui n’a pas connu le péché.
Pour l’homme, la confession de la foi juste prend une dimension particulière. Il risque en effet à tout moment de donner la priorité aux choses secondaires. On sait, par exemple, que les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la sauvegarde de la foi en Russie durant la période communiste. Cette approche dualiste, entre d’un côté le péché de la chair et de l’autre le péché de l’esprit, nous amène aussi à dire que la prostitution n’est pas l’apanage de la femme, loin s’en faut. Elle nous rend simplement attentifs à deux péchés qui ont trait à la séduction de la chair et à celle de l’esprit.
La  » femme forte, qui la trouvera ?  » (Pr 31, 10), s’exclame Salomon dans les Proverbes. N’est-il pas surprenant que la femme la plus forte, la  » pleine de grâces « , selon les propres termes de l’archange Gabriel, soit en même temps la plus humble, la servante du Seigneur ? Gloire des humains, première de cordée et première créature déifiée, fierté et modèle des femmes, la Mère de Dieu a parfaitement réalisé en elle l’union du masculin et du féminin, de la terre et du ciel, du divin et de l’humain. Ayant atteint la perfection de l’humain à l’image du Dieu-homme, elle transcende le dualisme homme – femme, propre à la condition corrompue. […]
Résumant en sa personne les qualités de la femme par excellence que sont l’intériorité, la douceur et l’amour miséricordieux d’une mère, la Vierge Marie démontre en sa personne comment la féminité trouve son accomplissement plénier dans la sainteté. Si la première créature humaine est une femme, son œuvre majeure fut d’accueillir l’Esprit, but de la vie chrétienne selon Séraphim de Sarov. Qui ajoute : cette acquisition contribuera au salut de beaucoup d’hommes ainsi côtoyés. Il n’est donc nullement demandé de parcourir les océans et de soulever les montagnes.
L’humilité, à l’exemple de la Vierge Marie, constitue le meilleur antidote à la tentation de pouvoir qui empoisonne les relations humaines et crée de nombreuses distorsions dans la solution des problèmes au sein de l’Église et de la société civile. Où trouver un meilleur modèle pour la femme d’aujourd’hui en quête de sa place dans la société et dans l’Église ?
Ayant adhéré à l’Incarnation de tout son cœur, de tout son esprit et de toutes ses forces, elle est le modèle pour la femme qui enfante, invitation à transmettre la vie de l’esprit avec la vie biologique. Bien plus, elle incarne l’humanité restaurée en Christ.
Modèle de foi, elle a cru en cet Enfant apparemment pareil aux autres, et cela malgré l’incrédulité ambiante et les rejets répétés. Dans la lignée d’Abraham qui a cru :  » Bienheureuse, toi qui a cru  » (Lc 1, 45), son épreuve de la foi a dépassé celle de ce dernier, stoppé par un ange au moment fatidique. Elle est allée jusqu’au sacrifice suprême de la Croix et de l’ensevelissement de son Fils.
À la déception des apôtres manifestée dans un premier temps, puis signifiée lors de la rencontre d’Emmaüs :  » Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël, mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées !  » (Lc 24, 21), elle a opposé une constance inouïe, celle de la Mère d’un Fils qu’elle a reconnu imperturbablement comme son Seigneur et son Dieu.
Plus que toute créature, elle a gardé en son cœur la Parole de Dieu et l’a mise en pratique jusqu’à devenir elle-même parole. Elle a fait sienne la parole de son Fils à l’apôtre Paul :  » Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse  » (2 Co 12, 9). L’homme accède en effet à la sainteté quand il se déleste de ce qui fait sa force aux yeux du monde.
Son profil spirituel, fait d’humble disponibilité, apparaît le mieux dans sa déclaration :  » Je suis la servante du Seigneur « . Elle se tait et s’efface : silence et humilité. L’évangéliste Luc ajoute qu’ » elle conservait toutes ces choses avec soin, les méditant en son cœur  » (Lc 2, 19). […]
Par son don du Dieu-Homme au monde, elle constitue le prototype de l’Église dont la mission consiste à transmettre le Christ aux hommes. Elle est aussi le prototype de chaque chrétien appelé, selon Ignace d’Antioche, à devenir  » porteur de Dieu « .
Durant l’office des matines, le prêtre quitte l’autel, peu avant la neuvième ode, et sort avec l’encensoir en main pour se placer devant l’icône de la Theotokos, à gauche des Portes Royales. Il invite alors l’assemblée :  » Magnifions par des hymnes la Mère de Dieu, Mère de la Lumière « , puis encense l’église et les fidèles pendant le chant du Magnificat. L’Église rappelle ainsi à chacun que cette Lumière nous est parvenue à travers une femme et que nous avons tous, comme elle, par l’accueil de l’Esprit Saint, à devenir des porteurs de Lumière et à rendre le Sauveur présent au milieu des hommes pour qu’il les délivre de la mort du péché.
 » Bénie entre toutes les femmes « , elle l’est assurément en tant que Mère de Dieu, mais particulièrement aussi par la tension de tout son être – corps, âme, esprit – vers Dieu. Le Christ dit en effet clairement que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté de son Père. À l’image du Christ s’offrant au Père, chaque disciple a pour vocation de s’offrir et d’offrir avec lui le monde en retour :  » Ce qui est à toi, le tenant de toi, nous te l’offrons en tout et pour tout « . Ce sacerdoce royal, auquel nous sommes conviés, a trouvé sa plus belle expression en celle qui est devenue à la fois Christophore (porteur du Christ) et Pneumatophore (porteur de l’Esprit). Au chapitre douze du livre de l’Apocalypse, la femme couronnée d’étoiles symbolise l’Église et la Vierge Marie qui en manifeste l’accomplissement par sa christification totale. […]
Dans un monde aux esprits et aux cœurs pollués, elle donne un exemple de pureté. Ébloui par sa beauté, saint Grégoire Palamas écrit :  » Voulant créer une image de la beauté absolue et manifester clairement aux anges et aux hommes la puissance de son art, Dieu a fait véritablement Marie toute belle. Il a réuni en elle les beautés partielles qu’il a distribuées aux autres créatures et l’a constituée le commun ornement de tous les êtres visibles et invisibles ; ou plutôt, il a fait d’elle comme un mélange de toutes les perfections divines, angéliques et humaines, une beauté sublime embellissant les deux mondes, s’élevant de terre jusqu’au ciel et dépassant même ce dernier « .
Sa présence au milieu des apôtres nous interpelle. Proche de l’évangéliste Luc, qui en fournit le portrait spirituel le plus imagé, elle est aux côtés de l’évangéliste Jean au pied de la Croix. Après l’Ascension, elle participe à la prière des apôtres dans la Chambre haute (Ac 1, 14) et reçoit l’Esprit le jour de la Pentecôte. […]

De l’amour de Dieu à l’amour des hommes
À maintes reprises, le Christ rappelle à ses disciples cette réalité :  » Je suis au milieu de vous comme celui qui sert  » (Lc 22, 27) ;  » Le serviteur n’est pas plus grand que son maître  » (Jn 15, 20) ;  » Si quelqu’un me sert, qu’il me suive  » (Jn 12, 26) et  » mon Père l’honorera  » (Jn 12, 26) ;  » Le plus grand parmi vous sera votre serviteur  » (Mt 23, 11) ;  » Il sera le dernier de tous et le serviteur de tous  » (Mc 9, 35). Et l’apôtre Paul, qui se présente comme  » serviteur de Dieu, apôtre de Jésus-Christ  » (Tt 1,1), lance aux Romains, plongés dans un milieu païen :  » Qu’on nous regarde donc comme les serviteurs du Christ  » (Rm 4, 1).
Servante du Seigneur accordée à sa parole, la Vierge Marie s’est vidée d’elle-même pour accueillir l’autre, le Tout-Autre. Avant l’heure, elle a actualisé la parole de son Fils :  » Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime  » (Jn 15, 13). Et donner sa vie implique de donner en premier tout ce que l’on aime ; c’est accepter de mourir inlassablement à son moi. Servante du Seigneur, elle est aussi la Mère du Serviteur suprême qui  » n’est pas venu pour être servi, mais pour servir  » (Mt 20, 28).
Jésus semble rudoyer sa mère en disant :  » qui est ma mère et qui sont mes frères ?  » (Mt 12, 48), lorsque celle-ci et ses cousins cherchent à lui parler. Mais il ajoute aussitôt :  » Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique  » (Lc 8, 21). Si cette réponse abrupte contribue à éloigner les cousins, sans doute enclins à profiter de la situation, la Vierge Marie mérite doublement son titre de Mère, puisqu’elle se met au diapason de la volonté divine. Et face à la femme qui lui crie un jour du milieu de la foule :  » Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés « , Jésus rétorque :  » Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent !  » (Lc 11, 27-28).
Loin de minimiser l’importance de sa Mère qu’il nous donne comme modèle humain, ces paroles lui conviennent parfaitement. Qui mieux qu’elle en effet a gardé en son cœur la parole de Dieu ? Jésus sait que sa mère, devenue parole, le comprend. Mais elle souffre incontestablement de porter seule le mystère de son union au Verbe.
Dans l’esprit du disciple bien-aimé de Jésus,  » il n’y a pas de crainte dans l’amour ; au contraire, le parfait amour bannit la crainte…  » (1 Jn 4, 18). Et Jean Vanier de préciser :  » Sartre a tort : l’autre n’est pas l’enfer ; il est le ciel. Il ne devient l’enfer que si déjà j’y suis, c’est-à-dire si je suis enfermé dans mes ténèbres et mes égoïsmes. Pour qu’il devienne ciel, il me faut faire lentement ce passage de l’égoïsme à l’amour. Mes yeux et mon cœur doivent changer « . Et Alexandre Schmemann ajoute :  » Le contraire de l’amour n’est pas la haine mais la peur. C’est profond et vrai à la fois. La peur est avant tout l’absence d’amour ou plutôt ce qui se développe comme des mauvaises herbes là où il n’y a pas d’amour, provoquant peur et angoisse que les diverses thérapies s’efforcent de résorber mais qui vont de pair avec ce monde, en constituent les excroissances. La chute du monde se manifeste dans cette aliénation de Dieu qui est amour, de là les ténèbres et les ombres de la mort. « 
Lors de la Présentation de Jésus au Temple, le vieillard Syméon prophétise à Marie :  » Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en but à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme !  » (Lc 2, 35-36). La voilà très tôt informée de ce qui attend son Fils et du fait qu’elle aura part à sa souffrance. Elle a en effet partagé la compassion de son divin Fils qui s’est livré lui-même à la mort pour les hommes et un glaive a transpercé son cœur.
Jusqu’à la fin des temps, elle communie quotidiennement à la tragédie humaine assumée par son Fils sur la Croix, réalisant pleinement la parole :  » Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive  » (Lc 9, 23). Tout  » oui, oui « , selon l’injonction de l’apôtre Jacques (Jc 5, 12), elle n’a pas connu le péché et rien en elle ne s’est opposé à l’amour.
Silouane l’Athonite est clair :  » Nous ne parvenons pas à la plénitude de l’amour de la Mère de Dieu, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas non plus pleinement comprendre sa douleur. Son amour était parfait. Elle aimait immensément son Dieu et son Fils, mais elle aimait aussi d’un grand amour les hommes. Et que n’a-t-elle pas enduré lorsque ces hommes, qu’elle aimait tant et pour lesquels jusqu’à la fin elle voulait le salut, crucifièrent son Fils bien-aimé ?  » Il ajoute plus loin que même si les détails de sa vie nous échappent, nous savons pourtant que  » son amour embrasse le monde entier, que, dans l’Esprit Saint, elle voit tous les peuples de la terre et que, tout comme son Fils, elle a de la compassion pour tous les hommes « .
Sa maternité divino-humaine l’a fait entrer dans une relation privilégiée avec la Sainte Trinité. Modèle pour tout chrétien, elle l’est par excellence pour ceux qui exercent une activité dans l’Église et dont la tâche primordiale revient à l’intercession.
Pour saint Siméon le Nouveau Théologien, chacun de nous est invité, comme la Mère de Dieu, à mettre mystiquement le Christ au monde, à devenir Theotokos, c’est-à-dire porteur de Dieu. Accueillir le Christ en nous, le laisser s’incarner dans notre être, corps – âme – esprit, c’est manifester aujourd’hui son incarnation dans le monde.

Extrait du livre du père Michel Quenot,
La Mère de Dieu, Joyau terrestre, Icône de l’humanité

PAPE BENOÎT XVI: SOLENNITÉ DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE DE GUADALUPE

11 décembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2011/documents/hf_ben-xvi_hom_20111212_america-latina_fr.html

(Demain, la célébration avec François)

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE POUR LE BICENTENAIRE DE L’INDÉPENDENCE
DES PAYS D’AMÉRIQUE LATINE ET DES CARAÏBES

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

SOLENNITÉ DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE DE GUADALUPE, BASILIQUE SAINT-PIERRE

Lundi 12 décembre 2011

Chers frères et sœurs,

«La terre a donné son produit» (Ps 67, 7). Dans cette image du Psaume que nous avons écouté, dans laquelle tous les peuples et toutes les nations sont invités à louer avec joie le Seigneur qui nous sauve, les Pères de l’Eglise ont su reconnaître la Vierge Marie et le Christ, son Fils: «La terre est la sainte Vierge, qui vient de notre terre, de notre lignage, de cette glaise, de cette boue, d’Adam [...] la terre a donné son produit: d’abord, elle a donné une fleur [...] puis cette fleur s’est transformée en fruit, afin que nous puissions le manger, afin que nous mangions sa chair. Voulez-vous savoir quel est ce fruit? C’est le Vierge qui procède de la Vierge; le Seigneur, de l’esclave; Dieu, de l’homme; le Fils, de la Mère; le fruit, de la terre» (Saint Jérôme, Breviarum in Psalm. 66; PL 26, 1010-1011). Nous aussi, aujourd’hui, en exultant pour le fruit de cette terre, nous disons: «Que les peuples te rendent grâce, ô Dieu, que les peuples te rendent grâce tous!» (Ps 67, 4). Nous proclamons le don de la rédemption obtenue par le Christ et nous reconnaissons dans le Christ son pouvoir et sa majesté divine.
Animé par ces sentiments, je salue avec une affection fraternelle Messieurs les cardinaux et les évêques qui nous accompagnent, les diverses représentations diplomatiques, les prêtres, les religieux et les religieuses, ainsi que les groupes de fidèles réunis dans cette basilique Saint-Pierre pour célébrer avec joie la solennité de Notre-Dame de Guadalupe, Mère et Etoile de l’Evangélisation en Amérique. J’adresse également une pensée à tous ceux qui sont unis spirituellement et qui prient Dieu avec nous dans les divers pays d’Amérique latine et des Caraïbes, dont un grand nombre fêtent en ce moment le bicentenaire de leur indépendance, et qui, au-delà des aspects historiques, sociaux et politiques des événements, renouvellent au Très-Haut leur gratitude pour le grand don de la foi reçue, une foi qui annonce le Mystère rédempteur de la mort et de la résurrection de Jésus Christ, afin que tous les peuples de la terre aient la vie en Lui. Le Successeur de Pierre ne pouvait laisser passer cet anniversaire sans tenir compte de la joie de l’Eglise pour les dons abondants que Dieu, dans son infinie bonté, a accordés à ces bien-aimées nations qui, du plus profond de leur cœur, invoquent la Très Sainte Vierge Marie.
L’image vénérée de la Morenita del Tepeyac, au visage doux et serein, imprimée sur le manteau de l’indien saint Juan Diego, se présente comme «sainte Marie, toujours Vierge, Mère du véritable Dieu pour lequel on vit» (De la lectura del Oficio. Nicán Mopohua. 12e éd., Mexico, DF, 1971, 3-19). Elle évoque «une Femme! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête; elle est enceinte» (Ap 12, 1-2) et indique la présence du Sauveur à sa population autochtone et métisse. Elle nous conduit toujours à son Fils divin, qui se révèle comme fondement de la dignité de tous les êtres humains, comme un amour plus fort que les forces du mal et de la mort, étant également source de joie, confiance filiale, réconfort et espérance.
Le Magnificat que nous proclamons dans l’Evangile est le «cantique de la Mère de Dieu et celui de l’Eglise, cantique de la Fille de Sion et du nouveau Peuple de Dieu, cantique d’action de grâces pour la plénitude de grâces répandues dans l’Economie du salut, cantique des “pauvres” dont l’espérance est comblée par l’accomplissement des Promesses faites à nos pères» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2619). Dans un geste de reconnaissance à son Seigneur et d’humilité de sa servante, la Vierge Marie élève à Dieu une louange pour tout ce qu’Il a fait en faveur de son peuple, Israël. Dieu est Celui qui mérite tout honneur et toute gloire, le Tout-Puissant qui accomplit des merveilles pour sa fidèle servante et qui continue aujourd’hui à manifester son amour pour tous les hommes, en particulier pour ceux qui affrontent de dures épreuves.
«Voici que ton roi vient à toi: il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne» (Za 9, 9), avons-nous écouté dans la première lecture. A partir de l’incarnation du Verbe, le Mystère divin se révèle dans l’événement de Jésus Christ, qui est contemporain de toute personne humaine en tout temps et en tout lieu au moyen de l’Eglise, dont Marie est la Mère et le modèle. C’est pourquoi nous pouvons aujourd’hui continuer de rendre grâce à Dieu pour les merveilles qu’il a accomplies dans la vie des peuples latino-américains et du monde entier, en manifestant sa présence dans le Fils et dans l’effusion de son Esprit comme nouveauté de vie personnelle et communautaire. Dieu a caché ces choses «aux sages et aux intelligents» et les a révélées aux tout-petits, aux humbles, aux cœurs purs (cf. Mt 11, 25).
A travers son «oui» à l’appel de Dieu, la Vierge Marie manifeste l’amour divin parmi les hommes. Dans ce sens, avec simplicité et un cœur de mère, elle continue à indiquer l’unique Lumière et l’unique Vérité: son Fils Jésus Christ, qui est «la réponse définitive à la question sur le sens de la vie et aux interrogations fondamentales qui angoissent tant d’hommes et de femmes aujourd’hui sur le continent américain» (Exhortation apostolique Ecclesia in America, n. 10). De la même façon, «par son intercession multiple, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, et qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse» (Lumen gentium, n. 62).
En ce moment, tandis que l’on commémore dans divers lieux d’Amérique latine le bicentenaire de leur indépendance, le chemin de l’intégration de ce bien-aimé continent se poursuit et, dans le même temps, on perçoit l’émergence de son nouveau rôle de tout premier plan au niveau mondial. Dans ces circonstances, il est important que ses divers peuples préservent leur riche trésor de foi et leur dynamisme historique et culturel, en étant toujours des défenseurs de la vie humaine, de sa conception à son terme naturel, et des promoteurs de la paix; ils doivent également protéger la famille dans sa nature et sa mission authentiques, en intensifiant dans le même temps un travail éducatif vaste et ramifié, qui prépare correctement les personnes et les rende conscientes de leurs capacités, afin qu’elle affrontent de façon digne et responsable leur destin. Ils sont également appelés à promouvoir toujours davantage d’initiatives adéquates et de programmes concrets qui encouragent la réconciliation et la fraternité, renforcent la solidarité et la protection de l’environnement, intensifient les efforts pour surmonter la pauvreté, l’analphabétisme et la corruption et pour déraciner toute injustice, violence, criminalité, insécurité civile, trafic de drogue et extorsion.
Tandis que l’Eglise se préparait à rappeler le cinquième centenaire de la plantatio de la Croix du Christ sur la bonne terre du continent américain, le bienheureux Jean-Paul II formula sur son sol, pour la première fois, le programme d’une évangélisation nouvelle, «nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes, dans son expression» (cf. Discours à l’assemblée du CELAM, 9 mars 1983, III, AAS 75, 1983, 778). En raison de ma responsabilité de confirmer dans la foi, je désire moi aussi encourager le zèle apostolique qui anime actuellement et que requiert la «mission continentale» promue à Aparecida, afin que «la foi chrétienne s’enracine plus profondément dans le cœur des personnes et des peuples latino-américains, comme un événement fondateur et une rencontre vivifiante avec le Christ» (Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, Document de conclusion, n. 13). Ainsi se multiplieront les authentiques disciples et missionnaires du Seigneur et se renouvellera la vocation à l’espérance de l’Amérique latine et des Caraïbes. Que la lumière de Dieu resplendisse donc toujours plus sur le visage de chacun des fils de cette terre bien-aimée et que sa grâce rédemptrice oriente leurs décisions, afin qu’ils continuent de progresser sans se décourager dans l’édification d’une société fondée sur le développement du bien, sur le triomphe de l’amour et sur la diffusion de la justice. Avec ces vœux fervents, et soutenu par l’aide de la providence divine, j’ai l’intention d’entreprendre un voyage apostolique avant Pâques au Mexique et à Cuba, pour y proclamer la Parole du Christ et pour renforcer la conviction qu’il s’agit d’un temps précieux pour évangéliser au moyen d’une foi vigoureuse, d’une espérance vive et d’une charité ardente.
Je confie toutes ces intentions à la médiation affectueuse de la Vierge de Guadalupe, notre Mère du ciel, ainsi que le destin actuel des nations latino-américaines et des Caraïbes, et le chemin qu’elles parcourent vers un avenir meilleur. En outre, j’invoque sur elles l’intercession des nombreux saints et bienheureux que l’Esprit a suscités tout au long de l’histoire de ce continent, en offrant des modèles héroïques de vertu chrétienne dans la diversité des conditions de vie et de milieux sociaux, afin que leur exemple favorise toujours plus une nouvelle évangélisation sous le regard du Christ, Sauveur de l’homme et force de sa vie. Amen.

DÉCOUVERTES SUR LE TILMA DE LA VIERGE DE GUADALUPE – PAR ANDRÉ FERNANDO GARCÍA

11 décembre, 2014

http://www.chretiensmagazine.fr/2011/01/decouvertes-sur-le-tilma-de-la-vierge.html

DÉCOUVERTES SUR LE TILMA DE LA VIERGE DE GUADALUPE – PAR ANDRÉ FERNANDO GARCÍA

Voici ce que la science a découvert sur le Tilma (Vêtement de pauvre qualité tissé en fibres de cactus) de la Vierge de Guadalupe, Impératrice des Amériques: 

1.Les études ophtalmologiques effectuées sur les yeux de Marie ont révélé que lorsqu’ils sont exposés à la lumière, leur rétine se contracte, et que lorsque la lumière cesse, elle revient à un état de dilatation, tout comme celle d’un oeil vivant.
2.Le Tilma de l’Indien Juan Diego, tissé en fibres de maguey (un cactus), se maintient à une température constante de 37°, qui est celle d’un corps humain vivant.
3.L’un des médecins qui ont analysé le Tilma a placé son stéthoscope sous la bande noire ceignant la taille de Marie et a entendu un coeur battre à cent-quinze pulsations par minute, le rythme cardiaque du foetus humain dans le sein maternel.
4.Aucune trace de peinture n’a été constatée sur le Tilma. À une dizaine de centimètres de l’image, on ne voit plus que les fibres de cactus du tissu: les couleurs disparaissent. Aucune étude scientifique n’a permis de découvrir l’origine de la coloration, ni la manière dont l’image aurait été peinte. Il a été impossible de détecter des vestiges de coups de pinceaux ou de toute autre technique de peinture connue. Des scientifiques de la NASA ont confirmé que la matière de la peinture ne correspondait à aucun élément connu sur terre.
5.Lors de l’examen du Tilma sous rayon laser, on s’aperçut qu’il n’y avait aucune coloration sur l’avant ou l’arrière du vêtement et que les couleurs ne touchaient pas la surface de ce dernier, qu’elles «survolent» littéralement à une distance de trois dixièmes de millimètre.
N’est-ce pas extraordinaire?
6.Le tissu grossier du Tilma a une durée de vie normale n’excédant pas une vingtaine ou une trentaine d’années. Il y a plusieurs siècles, une copie de l’image fut peinte sur une pièce identique du même tissu de maguey, qui se désintégra au bout de quelques dizaines d’années. Or, pendant près de cinq cents ans, le vêtement miraculeux portant l’image de Marie est resté aussi solide que le jour où il fut tissé. La science ne parvient pas à expliquer comment il ne s’est pas encore désintégré.
7.En 1791, de l’acide chlorhydrique fut accidentellement renversé sur le côté supérieur droit du Tilma. Or, en l’espace de trente jours, sans avoir subi aucun traitement spécial, le tissu ainsi attaqué se reconstitua miraculeusement.
8.Les étoiles figurant sur le manteau de Marie reflètent la configuration exacte qui était la leur dans le ciel de Mexico le jour du miracle:
Sur le côté droit du manteau de Marie, on peut voir la reproduction des constellations australes:
-Au sommet, on reconnaît les quatre étoiles faisant partie de la constellation d’Ophiucus(ou Serpentaire);
-En dessous, à gauche, on voit la constellation de la Lyre, et à droite, où semble figurer une pointe de flèche, apparaît l’amorce de la constellation du Scorpion;
-Au milieu se trouve la constellation du Loup, et à sa gauche, on aperçoit l’extrémité de celle de l’Hydre;
-Plus bas, on voit clairement la Croix du Sud, au-dessus de laquelle figure le carré légèrement incliné de la constellation du Centaure.
Sur le côté gauche du manteau de la Vierge, on reconnaît les constellations de l’hémisphère Nord:
-Sur son épaule figure une partie des étoiles de la constellation du Berger: à sa droite, la Chevelure de Béréniceet, en dessous, la constellation des Chiens de Chasse; à sa droite, Thuban, étoile la plus brillante de la constellation du Dragon;
-En dessous des deux étoiles parallèles (qui font encore partie de la Grande Ourse), on trouve des étoiles d’une autre paire de constellations: l’Aurigeet, en bas, trois étoiles du Taureau.
Ainsi peut-on identifier en totalité, et à leur emplacement exact, les quarante-six étoiles les plus brillantes visibles à l’horizon de la vallée de Mexico.
9.En 1921, un homme dissimula une bombe de forte puissance dans un arrangement floral qu’il plaça au pied du Tilma. L’explosion détruisit tout ce qui se trouvait autour de ce dernier, qui demeura intact.
10.Des scientifiques ont constaté que les yeux de Marie présentaient les caractéristiques réfractives de l’oeil humain.
11.Dans les yeux de Marie (dont le diamètre ne dépasse pas 8 à 9 mm), on a découvert de minuscules silhouettes humaines qu’aucun artiste n’aurait pu peindre, et la même scène figure dans chaque oeil.
À l’aide de techniques numériques, on a élargi les yeux un grand nombre de fois, ce qui a révélé que chaque oeil reflétait l’image de l’Indien Juan Diego ouvrant son Tilma en face de l’évêque Zumarraga. Et toute la scène ne mesure qu’un quart de millimètre…
Il est évident que toutes ces choses inexplicables ont été conçues dans un but précis, qui était d’attirer notre attention.
Ont-elles attiré la vôtre?
Pour finir, examinons trois autres faits surprenants:
1.-En langue indienne, guadalupe signifie «écraser la tête du serpent», ce qui correspond parfaitement au chapitre 3, verset 15 de la Genèse, où Marie est présentée comme victorieuse du démon.
2.-L’image illustre également un détail du chapitre 12 de l’Apocalypse : «Puis il parut dans le ciel un grand signe: une femme revêtue de soleil, la lune sous ses pieds».
3.-La Vierge porte à la taille une bande noire symbolisant sa grossesse, afin de montrer que Dieu voulait que Jésus fût né dans les trois Amériques pour demeurer dans le coeur de chaque Américain.
«Je louerai l’Éternel tant que je vivrai, Je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai.»(Ps. 146:2)
Le présent exposé a pour unique objet de vous prouver que la Vierge sera toujours avec vous, chaque fois que vous aurez besoin d’elle, qu’elle ne vous abandonnera jamais et que vous serez toujours son fils ou sa fille particulièrement aimé(e).
N’oubliez jamais les paroles qu’elle a adressées à Juan Diego :
“ Mon cher petit enfant, écoute-moi… Ne crains rien. Ne suis-je pas ici, moi ta mère ?
N’es-tu pas sous ma protection ?…
Ne te trouves-tu pas enveloppé dans mon manteau, blotti dans mes bras ? ”

Oratio ab B.V. Mariam
O Dómina mea sancta Maria, in tuam benedíctam fidem ac singulárem custódiam, et in sinum misericórdiae, hódie et quotidie, et in hora éxitus mei ánimam meam et corpus meum tibi comméndo : omnem spem meam et consolatiónem meam, omnes angústias et misérias meas, vitam et finem vitae meae tibi commítto, ut per tuam sanctissimam intercessiónem, et per tua mérita, ómnia mea dirigántur et disponántur ópera secúndum tuam tuíque fílii voluntátem.Amen
Ô ma souveraine, Sainte Vierge Marie. Je me place sous votre céleste protection, et votre personnelle défense, me confiant en votre maternelle miséricorde. Je vous recommande mon corps et mon âme, aujourd’hui tous les jours de ma vie et à l’heure de ma mort. Je vous confie, mon avenir éternel, toutes joies, mes angoisses et misères d’ici-bas, ma vie et la fin de ma vie. Que par votre très sainte intercession et par vos mérites, toutes mes intentions et mes actions soient conformes à votre volonté et à celle de votre fils.
Ainsi soit-il.

HOMMAGE SAINT-PÈRE BENOÎT XV À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D’ESPAGNE (2009)

7 décembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2009/december/documents/hf_ben-xvi_spe_20091208_immacolata_fr.html

HOMMAGE DU SAINT-PÈRE À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D’ESPAGNE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

Solennité de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie – Mardi 8 décembre 2009

Chers frères et sœurs!

Au cœur des villes chrétiennes, Marie constitue une présence douce et rassurante. Avec son style discret, elle apporte à tous la paix et l’espérance dans les moments heureux et tristes de l’existence. Dans les églises, dans les chapelles, sur les murs des immeubles: une peinture, une mosaïque, une statue rappelle la présence de la Mère qui veille constamment sur ses enfants. Ici aussi, sur la Place d’Espagne, Marie est placée en haut, comme pour veiller sur Rome.
Que dit Marie à la ville? Qu’est-ce qu’elle rappelle à tous à travers sa présence? Elle rappelle que « là où le péché s’était multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20) — comme l’écrit l’apôtre Paul. Elle est la Mère Immaculée, qui répète également aux hommes de notre temps: n’ayez pas peur, Jésus a vaincu le mal; il l’a vaincu à la racine, en nous libérant de sa domination.
Comme nous avons besoin de cette belle nouvelle! Chaque jour, en effet, à travers les journaux, la télévision, la radio, le mal est raconté, répété, amplifié, nous habituant aux choses les plus horribles, nous faisant devenir insensibles et, d’une certaine manière, en nous intoxiquant, car la négativité n’est pas totalement éliminée et, jour après jour, elle s’accumule. Le cœur s’endurcit et les pensées s’assombrissent. C’est pour cela que la ville a besoin de Marie, qui avec sa présence nous parle de Dieu, nous rappelle la victoire de la Grâce sur le péché, et nous incite à espérer également dans les situations humainement les plus difficiles.
Dans la ville vivent — ou survivent — des personnes invisibles, qui de temps en temps apparaissent en première page ou à la télévision, et sont exploitées jusqu’au bout, tant que la nouvelle et l’image attirent l’attention. C’est un mécanisme pervers, auquel il est malheureusement difficile de résister. La ville cache tout d’abord, et ensuite elle expose au public. Sans pitié, ou avec une fausse pitié. Il y a en revanche en chaque homme le désir d’être écouté comme une personne et d’être considéré une réalité sacrée, car chaque histoire humaine est une histoire sacrée, et demande le plus grand respect.
Chers frères et sœurs, c’est nous tous qui sommes la ville! Chacun contribue à sa vie et à son climat moral, dans le bien ou dans le mal. Dans le cœur de chacun de nous passe la frontière entre le bien et le mal et aucun de nous ne doit se sentir le droit de juger les autres, mais chacun doit plutôt sentir le devoir d’améliorer sa propre personne! Les mass media tendent à nous faire sentir toujours des « spectateurs », comme si le mal ne concernait que les autres, et que certaines choses ne pouvaient jamais nous arriver. En revanche, nous sommes tous des acteurs et, dans le mal comme dans le bien, notre comportement a une influence sur les autres.
Nous nous plaignons souvent de la pollution de l’air qui, dans certains lieux de la ville, est irrespirable. C’est vrai: il faut l’engagement de tous pour rendre la ville plus propre. Mais il y a toutefois une autre pollution, moins perceptible par les sens, mais tout aussi dangereuse. C’est la pollution de l’esprit; c’est celle qui rend nos visages moins souriants, plus sombres, qui nous conduit à ne pas nous saluer entre nous, à ne pas nous regarder en face… La ville est faite de visages, mais malheureusement les dynamiques collectives peuvent nous faire perdre la perception de leur profondeur. Nous ne voyons que la surface des choses. Les personnes deviennent des corps, et ces corps perdent leur âme, deviennent des choses, des objets sans visages, interchangeables et consommables.
Marie Immaculée nous aide à redécouvrir et défendre la profondeur des personnes, parce qu’il y a en elle une parfaite transparence de l’âme dans le corps. C’est la pureté en personne, dans le sens où l’esprit, l’âme et le corps sont en elle pleinement cohérents entre eux et avec la volonté de Dieu. La Vierge nous enseigne à nous ouvrir à l’action de Dieu, pour regarder les autres comme Lui les regarde: à partir du cœur. Et à les regarder avec miséricorde, avec amour, avec une tendresse infinie, en particulier les plus seuls, les plus méprisés, les plus exploités. « Là où le péché s’était multiplié, la grâce a surabondé ».
Je veux rendre hommage publiquement à tous ceux qui en silence, non par les mots, mais par les faits, s’efforcent de pratiquer cette loi évangélique de l’amour, qui fait avancer le monde. Ils sont très nombreux, ici aussi à Rome, et ils font rarement la une. Des hommes et des femmes de tout âge, qui ont compris qu’il ne sert à rien de condamner, de se plaindre, de récriminer, mais il est plus utile de répondre au mal par le bien. Cela change les choses; ou mieux, cela change les personnes et, par conséquent, rend la société meilleure.
Chers amis Romains, et vous tous qui vivez dans cette ville! Tandis que nous sommes pris par nos activités quotidiennes, prêtons l’oreille à la voix de Marie. Ecoutons son appel silencieux mais pressant. Elle dit à chacun de nous: là où le péché s’est multiplié, que la grâce puisse surabonder, à partir de ton cœur précisément et de ta vie! Et la ville sera plus belle, plus chrétienne, plus humaine.
Merci, Sainte Mère, de ton message d’espérance. Merci de ta présence silencieuse, mais éloquente dans le cœur de notre ville. Vierge Immaculée, Salus Populi Romani, prie pour nous!

7 OCTOBRE : NOTRE-DAME DU ROSAIRE – HISTORIQUE

7 octobre, 2014

http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/vierge-marie/fetes-religieuses/7-octobre-notre-dame-du-rosaire.html

7 OCTOBRE : NOTRE-DAME DU ROSAIRE

HISTORIQUE

La fête de Notre-Dame du Rosaire se célébrait déjà, en 1547, à Tortosa (Espagne), le troisième dimanche d’avril, quand fut instituée par Pie V la fête de Notre-Dame de la Victoire (1572) au premier dimanche d’octobre, en action de grâces pour la victoire de Lépante où, à l’entrée du golfe de Corinthe, la flotte chrétienne fournie par le Saint-Siège, l’Espagne, Venise, la Savoie, Mantoue, Ferrare, Gênes et Lucques, sous le commandement de don Juan d’Autriche, avait écrasé la flotte turque d’Ali Pacha (7 octobre 1571). C’est à cette occasion qu’on ajouta aux litanies de la Sainte Vierge l’invocation Secours des Chrétiens, priez pour nous ! Grégoire XIII qui attribuait la victoire de Lépante aux processions faites à Rome par les confréries du Saint-Rosaire, changea la fête de Notre-Dame de la Victoire en celle du Saint Rosaire et la fixa au premier dimanche d’octobre (1573) ; elle ne fut alors obligatoire que pour les églises romaines qui possédaient une chapelle ou une confrérie du Saint-Rosaire.
Clément X concéda cette fête à l’Espagne (1671) avant que Clément XI l’étendît à l’Eglise universelle et l’élevât au rit double-majeur (1716), célébrée le jour de l’octave de l’Assomption, à la suite de la victoire de Peterwaradin que le prince Eugène de Savoie avait remportée sur les Turcs (5 août 1716). Léon XIII en fit une fête de seconde classe et adopta l’office et le propre de la messe en usage chez les Dominicains (1887). Pie X la fixa au 7 octobre (1913).

DE LA PIÉTÉ FILIALE ENVERS MARIE

Mes très chers Frères,
Encore qu’il n’est pas rare, ce m’est un appréciable privilège que de présider une paroisse consacrée tout particulièrement à la Vierge Marie et c’est pourquoi, dès les premiers jours de mon ministère parmi vous, voilà quinze ans, mon premier souci a été de développer votre piété filiale envers Marie et de vous montrer, que sa dévotion, pour parler comme saint Louis-Marie Grignion de Montfort, est le chemin aisé, court, parfait et assuré pour parvenir à l’union avec Jésus.
J’ai souventes fois aimé vous prêcher les grandeurs de cette Reine bénie, la Mère du Sauveur de tous les hommes, qui, par l’expresse volonté divine, a été associée à l’œuvre rédemptrice, et, ce faisant, je vous ai assidûment exhortés à vous blottir avec confiance sous son manteau d’azur, de sorte qu’elle vous prenne dans son cœur qui ne fait qu’un avec le celui de Jésus.
Aujourd’hui, comme à chacun des mois d’octobre que nous avons vécus ensemble, les circonstances me pressent à vous parler du Rosaire où, tandis que nous rappelons les mystères du salut, la Sainte Vierge les grave mystérieusement dans nos âmes. Comme mes ambitions pour vous seraient portées à leur comble si cette humble prière du chapelet prenait en chacune de vos vies une place capitale !
D’aucuns, je le sais bien, jouets de cette subtile alchimie où Satan mêle l’orgueil et la paresse aux grands sentiments, se refusent à ce pieux exercice sous prétexte qu’il n’est qu’une récitation machinale pendant que glisse entre leurs doigts un collier de perles ou de boules de bois ; ils préfèrerait sans doute une prière plus personnelle et plus pensée qui, faute de temps ou d’imagination, est tant remise à plus tard qu’on ne la fait que rarement, sinon jamais. Or, si la prière est une élévation de l’âme vers Dieu, il s’agit bien d’une âme unie substantiellement à un corps situé dans le temps présent ; aussi, ces récitations répétées que je n’imagine pas faites par des gens qui ne se voudraient pas s’élever vers Dieu, est, à tout le moins, l’hommage du corps qui s’unit, par les paroles de la bouche, les gestes des mains, l’application de la volonté et le travail de la mémoire, et, en écrivant ces lignes, j’entends saint Thomas d’Aquin enseigner que nous confessons par là que Dieu est l’auteur de notre âme et de notre corps, lui offrant nos hommages spirituels et corporels. Par ailleurs, ces répétitions si simples et si faciles des mêmes prières, lorsque l’on en a pris l’habitude aux temps ordinaires, deviennent un apaisement dans les moments de sècheresse et de souffrance. Rappelez-vous l’Aveugle de Lamartine qui disait : Je prie le bon Dieu jusqu’à ce que mes lèvres se fatiguent sur son saint Nom et mes doigts sur les grains. Qui est-ce qui s’en-nuierait en parlant tout le jour à son roi qui ne se lasse pas d’écouter ?
Parfois, pour se dispenser de la récitation du chapelet, certains se plaignent de ne pas savoir le méditer, mais je crains, en leur accordant toutes sortes de circonstances atténuantes, qu’ils se fassent une bien haute idée de la méditation. Il s’agit d’inviter les facultés de l’âme, dans la seule mesure de ses aptitudes, à considérer la scène de l’Evangile évoquée par le mystère pour y cueillir les fruits de la sanctification. Chacun peut se représenter les scènes du Rosaire, mais, à votre avis, par quoi le Seigneur communique-t-il les fruits de la sanctification ? Par l’intelligence du fidèle ou par le ministère de la Vierge Marie ? La récitation du chapelet est le bréviaire des humbles, en ce sens que, appliqué à des exercices simples, l’on s’y laisse instruire mystérieusement par Marie, et vous remarquerez que les orgueilleux s’en éloignent et s’en dégoûtent, s’en moquent ou s’en scandalisent parce qu’ils leur semblent qu’il n’y mettent pas assez d’eux-mêmes, ils veulent briller quand il ne s’agit que de laisser la Sainte Vierge instruire doucement les cœurs. Tous ceux qui ont l’habitude du chapelet affirment qu’il alimente leur foi et développe en eux les vertus chrétiennes.
Abbé Christian-Philippe Chanut

L’ENCYCLIQUE CHRISTI MATER ROSARII – PAUL VI PAPE, le 15 septembre 1966

A nos vénérables frères, patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires locaux en paix et communion avec le Siège apostolique. Paul VI, Pape.

Vénérables Frères, salut et bénédiction apostolique.
Durant le mois d’octobre, le peuple fidèle a coutume d’offrir la récitation du rosaire comme autant de couronnes à la Mère de Dieu. A l’exemple de Nos Prédécesseurs, Nous approuvons vivement cette pratique. Cette année, Nous convions tous les enfants de l’Eglise à un hommage plus particulier de piété envers Notre-Dame. Et cela en raison des menaces de calamités graves et étendues qui pèsent sur la famille humaine : en Asie orientale se poursuit un conflit sanglant et se déchaîne une guerre acharnée. De ce fait, Nous Nous trouvons pressé d’intensifier tout l’effort possible en faveur de la paix.
Ce qui ajoute à nos préoccupations, c’est ce que Nous apprenons d’autres régions du monde : la course aux armements nucléaires, l’ambition incontrôlée d’expansion nationale, l’exaltation démesurée de la race, les tendances subversives, le séparation imposée entre citoyens d’un même pays, les manœuvres criminelles, le meurtre de personnes innocentes.Tout cela peut donner lieu aux pires catastrophes.
La Providence nous impose, semble-t-il, à Nous comme à Nos plus récents Prédécesseurs, la mission particulière de consacrer Nos efforts patients et constants à la sauvegarde et à l’affermissement de la paix. Ce devoir découle évidemment du mandat qui Nous est confié de conduire l’Eglise entière. Celle-ci, « signe dressé devant les nations » (cf. Isaïe XI 12), ne sert pas d’intérêts politiques, mais elle doit apporter au genre humain la vérité et la grâce de Jésus-Christ, son divin fondateur.
En réalité, depuis les débuts de Notre ministère apostolique, Nous n’avons rien négligé pour la cause de la paix, ni prière adressée à Dieu, ni instances, ni exhortations, et même, vous vous en souvenez, l’an dernier, Nous Nous sommes rendu par la voie des airs en Amérique du Nord afin de parler au siège de l’Organisation des Nations Unies devant l’assemblée si distinguée des représentants de presque tous les peuples, du bien si désiré de la paix, et de recommander qu’on ne laisse pas des peuples en état d’infériorité par rapport à d’autres, que les uns ne s’attaquent point aux autres mais que tous conjuguent leur zèle et leur action pour établir la paix.
Et encore dans la suite, mû par Notre sollicitude apostolique, Nous n’avons pas cessé d’encourager les hommes à qui incombe cette lourde responsabilité à écarter de l’humanité l’épouvantable fléau qui pourrait survenir.
Maintenant encore, Nous élevons Notre voix « avec un grand cri et des larmes » (Hébreux V 7 ) pour supplier instamment les dirigeants des nations de tout tenter pour empêcher la propagation de l’incendie et pour éteindre complètement celui-ci. Nous n’en doutons point : les hommes de toute race, de toute couleur, de toute religion, de toute classe sociale, s’ils aiment le droit et l’honnêteté, partagent Notre sentiment.
Que tous ceux dont cela dépend ménagent les conditions nécessaires à la cessation des hostilités avant que ne leur échappe, par le poids même des évènements, la possibilité de déposer les armes.
Que ceux-là au pouvoir desquels est remis le salut de la famille humaine sachent que leur conscience est chargée d’une très grave obligation. Qu’ils interrogent cette conscience et sondent leur propre cœur ; que chacun veuille bien regarder et sa propre nation, et le monde, et Dieu, et l’histoire ; qu’ils songent que leur nom restera en bénédiction s’ils répondent avec sagesse à cette pressante invitation.
Au nom du Seigneur, Nous crions : « Arrêtez ! » Il faut se rencontrer ; il faut en venir à conférer et à négocier en toute sincérité. C’est maintenant qu’il faut régler les conflits, serait-ce avec quelque inconvénient et quelque désavantage ; car il faudra bien qu’ils soient réglés non sans peut-être d’énormes dommages et des désastres dont, pour le moment, nul ne peut imaginer l’horreur. La paix à établir doit être cependant basée sur le justice et la liberté, elle doit donc respecter les droits des hommes et des communautés – autrement, elle serait précaire et instable.
Tout en exprimant de la sorte Notre anxiété et Notre émoi, Nous devons, comme le dicte Notre responsabilité pastorale, implorer le secours d’en haut. A celui qui est « le Prince de la Paix » (Isaïe IX 16), il faut demander la paix, « ce bien si grand que parmi les biens de la terre et du temps on n’entend mentionner rien de plus apprécié, on ne saurait souhaiter rien de plus désirable, trouver rien de meilleur. »
Et puisque aux époques d’incertitude et de trouble, l’Eglise a l’habitude de recourir à l’intercession attentive de Marie, sa mère, c’est vers celle-ci que Nous Nous tournons, vers elle que Nous orientons Notre pensée et celle de tous les chrétiens. Car, selon le mot de saint Irénée « elle est devenue le salut du genre humain tout entier.»
Rien ne Nous paraît répondre plus parfaitement aux circonstances que de faire monter la supplication de toute la famille chrétienne vers la Mère de Dieu invoquée comme « Reine de la Paix », afin que parmi tant et de si graves misères et menaces, elle dispense largement les dons de sa bonté maternelle.
Il faut, disons-Nous, adresser un prière intense et persévérante à celle que, au cours du second Concile œcuménique du Vatican, aux applaudissemnts des Pères conciliaires et du monde catholique Nous avons proclamée Mère de l’Eglise. Par cette reconnaissance du fait que Marie a spirituellement enfanté l’Eglise Nous confirmions un point de la doctrine traditionnelle. Marie est « vraiment mère des membres du Christ », dit saint Augustin ; à quoi fait écho, sans parler des autres, saint Anselme : « Quelle dignité plus haute pourra-t-on jamais reconnaître que celle d’être la mère de ceux-là dont le Christ daigne être le père et le frère ? » Notre prédécesseur Léon XIII a même appelé Notre-Dame « en toute vérité Mère de l’Eglise », c’est donc en toute assurance que Nous mettons Notre espoir en elle, parmi l’émoi et la crainte qu’inspirent les troubles actuels.
Puisque quand les maux deviennent plus graves le pitié de Dieu doit grandir, Notre souhait le plus vif, vénérables frères, est que suivant votre initiative, vos invitations et votre impulsion, on invoque plus instamment durant le mois d’octobre Marie notre Mère, comme Nous l’avons déjà fait entendre par la pratique pieuse du Rosaire. C’est là une forme de prière très adaptée au sens du peuple de Dieu, très agréable à la Mère du Seigneur et si efficace pour obtenir les dons du ciel.
Cette prière, le second Concile œcuménique du Vatican l’a recommandée à tous les enfants de l’Eglise de façon bien certaine, encore que non explicite, en disant : « Qu’on fasse grand cas de ces pratiques et exercices de dévotion envers Marie que le Magistère a recommandés au cours des siècles.»
Cette pratique si féconde ne sert pas seulement à endiguer le mal et à conjurer les désastres, comme le montre clairement l’histoire de l’Eglise. Elle favorise aussi grandement la vitalité chrétienne : « Avant tout, elle nourrit la foi catholique en faisant méditer fort à propos les mystères du salut, et elle élève notre pensée au niveau des vérités de la Révélation. »
Ainsi donc, durant le prochain mois d’octobre, dédié à Notre-Dame du Rosaire, qu’on redouble de prières et de supplications ! Que par l’intercession de Marie brille enfin pour le monde entier l’aurore de la véritable paix, – la paix dans tous les domaines y compris celui de la pratique religieuse ; actuellement, hélas ! la liberté de professer la religion n’est point assurée partout.
Plus spécialement Nous souhaitons que, le 4 octobre, anniversaire de Notre visite à l’Organisation des Nations Unies, soit célébré, cette année, dans l’univers catholique comme « jour consacré à prier pour la paix. »
Il vous appartiendra, vénérables frères, selon la piété qui vous distingue et votre conscience de la gravité de la situation, de prescrire les actes religieux par lesquels, ce jour-là, les prêtres, les religieux, le peuple fidèle mais plus particulièrement l’enfant, signalé par son innocence, ainsi que les malades et tous ceux qui souffrent, tous enfin d’un élan unanime implorent le Mère de Dieu et de l’Eglise.
Pour Nous, dans la basilique Saint-Pierre, près du tombeau du Prince des apôtres, Nous adresserons une prières toute spéciale à la Vierge protectrice du monde chrétien et garante de la paix. Ainsi la voix unique de l’Eglise, montant de toutes les parties de la terre, ira comme frapper à la porte du ciel. En effet, selon le mot de saint Augustin « dans la diversité des langues humaines qu’entendent nos oreilles, unique est le langage de la foi qui anime nos cœurs»
O Bienheureuse Vierge, dans votre bonté maternelle, regardez tous vos enfants ! Voyez l’inquiétude des pasteurs qui redoutent les horreurs d’une tempête pour le troupeau confié à leur responsabilité ; montrez-vous attentive à l’angoisse de tant d’hommes, pères et mères de famille, que préoccupe le sort de leurs enfants comme le leur et qui portent les pires tracas. Apaisez les dispositions des belligérantset inspirez-leur « des pensées de paix » ; faites que Dieu, vengeur de la justice lésée, agisse selon sa miséricorde, restitue aux peuples la tranquillité si désirée et leur assure une ère très longue de véritable prospérité.
Dans le ferme espoir que la Sainte Mère de Dieu accueillera Notre humble demande, Nous vous accordons de tout cœur, à vous-mêmes, Vénérables Frères, ainsi qu’à tout votre clergé et aux peuples confiés à vos soins, la Bénédiction apostolique.

Rome, près Saint-Pierre, le 15 septembre 1966, quatrième année de Notre pontificat.

PAULUS P. P. VI.

HOMÉLIE DE S. ANDRÉ DE CRÈTE POUR LA NATIVITÉ DE LA SAINTE MÈRE DE DIEU

8 septembre, 2014

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HOMÉLIE DE S. ANDRÉ DE CRÈTE POUR LA NATIVITÉ DE LA SAINTE MÈRE DE DIEU

La joie entre dans le monde

Le Christ est l’achèvement de la Loi ; car il nous éloigne de la terre, du fait même qu’il nous élève vers l’Esprit. Cet accomplissement consiste en ce que le législateur, après avoir tout déterminé, a rapporté la lettre à l’esprit, en récapitulant toutes choses en lui, en vivant d’une loi qui est la grâce. Après avoir réduit la loi en servitude, il y a joint harmonieusement la grâce. Il n’a pas mélangé ni confondu les propriétés de l’une avec celles de l’autre ; mais, d’une façon divine, il a changé ce qu’il pouvait y avoir dans la loi de pénible, de servile et de tyrannique, en ce qui est léger et libre dans la grâce. Ainsi nous ne vivons plus sous l’esclavage des éléments du monde, comme dit l’Apôtre, nous ne sommes plus asservis au joug de la lettre de la loi.
En effet, c’est en cela que consiste l’essentiel des bienfaits du Christ ; c’est là que le mystère se manifeste, que la nature est renouvelée : Dieu s’est fait homme et l’homme assumé est divinisé. Il a donc fallu que la splendide et très manifeste habitation de Dieu parmi les hommes fût précédée par une introduction à la joie, d’où découlerait pour nous le don magnifique du salut. Tel est l’objet de la fête que nous célébrons : la naissance de la Mère de Dieu inaugure le mystère qui a pour conclusion et pour terme l’union du Verbe avec la chair. ~ C’est maintenant que la Vierge vient de naître, qu’elle est allaitée, qu’elle se forme, qu’elle se prépare à être la mère du Roi universel de tous les siècles. ~
C’est alors que nous recevons du Verbe un double bienfait : il nous conduit à la Vérité, et il nous détache de la vie d’esclavage sous la lettre de la loi. De quelle manière, par quelle voie ? Sans aucun doute, parce que l’ombre s’éloigne à l’avènement de la lumière, parce que la grâce substitue la liberté à la lettre. La fête que nous célébrons se trouve à cette frontière, car elle fait se rejoindre la vérité avec les images qui la préfiguraient, puisqu’elle substitue le nouveau à l’ancien. ~
Que toute la création chante et danse, qu’elle contribue de son mieux à la joie de ce jour. Que le ciel et la terre forment aujourd’hui une seule assemblée. Que tout ce qui est dans le monde et au-dessus du monde s’unisse dans le même concert de fête. Aujourd’hui, en effet, s’élève le sanctuaire créé où résidera le Créateur de l’univers ; et une créature, par cette disposition toute nouvelle, est préparée pour offrir au Créateur une demeure sacrée.

 

SAINT JEAN DAMASCÈNE – HOMÉLIE SUR LA NATIVITÉ DE LA VIERGE

8 septembre, 2014

http://fr.wikisource.org/wiki/Saint_Jean_Damasc%C3%A8ne/Hom%C3%A9lie_sur_la_Nativit%C3%A9_de_la_Vierge

SAINT JEAN DAMASCÈNE/HOMÉLIE SUR LA NATIVITÉ DE LA VIERGE

Neuf mois étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l’appela du Nom de Marie. Quand elle l’eut sevrée, la troisième année, Joachim et elle se rendirent au Temple du Seigneur et, ayant offert au Seigneur des victimes, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu’elle habitât avec les vierges qui, nuit et jour, sans cesse, louaient Dieu. Quand elle eut été amenée devant le Temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d’étonnement toute l’assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l’admiration.
Puisque la Vierge Marie devait naître d’Anne, la nature n’a pas osé devancer le germe béni de la grâce. Elle est restée sans fruit jusqu’à ce que la grâce eût porté le sien. En effet il s’agissait de la naissance, non d’un enfant ordinaire, mais de cette première-née d’où allait naître le premier-né de toute créature, en qui subsistent toutes chose. O bienheureux couple, Joachim et Anne ! Toute la création vous doit de la reconnaissance, car c’est en vous et par vous qu’elle offre au créateur le don qui surpasse tous les dons, je veux dire la chaste Mère qui était seule digne du Créateur.
Aujourd’hui sort de la souche de Jessé le rejeton sur lequel va s’épanouir pour le monde une fleur divine. Aujourd’hui Celui qui avait fait autrefois sortir le firmament des eaux crée sur la terre un ciel nouveau, formé d’une substance terrestre ; et ce ciel est beaucoup plus beau, beaucoup plus divin que l’autre, car c’est de lui que va naître le soleil de justice, celui qui a créé l’autre soleil….
Que de miracles se réunissent en cette enfant, que d’alliances se font en elle ! Fille de la stérilité, elle sera la virginité qui enfante. En elle se fera l’union de la divinité et de l’humanité, de l’impassibilité et de la souffrance, de la vie et de la mort, pour qu’en tout ce qui était mauvais soit vaincu par le meilleur. O fille d’Adam et Mère de Dieu ! Et tout cela a été fait pour moi, Seigneur ! Si grand était votre amour pour moi que vous avez voulu, non pas assurer mon salut par les anges ou quelque autre créature, mais restaurer par vous-même celui que vous aviez d’abord créé vous-même. C’est pourquoi je tressaille d’allégresse et je suis plein de fierté, et dans ma joie, je me tourne vers la source de ces merveilles, et emporté par les flots de mon bonheur, je prendrai la cithare de l’Esprit pour chanter les hymnes divins de cette naissance…
Aujourd’hui le créateur de toutes choses, Dieu le Verbe compose un livre nouveau jailli du cœur de son Père, et qu’il écrit par le Saint-Esprit, qui est langue de Dieu…
O fille du roi David et Mère de Dieu, Roi universel. O divin et vivant objet, dont la beauté a charmé le Dieu créateur, vous dont l’âme est toute sous l’action divine et attentive à Dieu seul ; tous vos désirs sont tendus vers cela seul qui mérite qu’on le cherche, et qui est digne d’amour ; vous n’avez de colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la nature, mais vous ne l’aurez pas pour vous, vous qui n’avez pas été créée pour vous. Vous l’aurez consacrée tout entière à Dieu, qui vous a introduite dans le monde, afin de servir au salut du genre humain, afin d’accomplir le dessein de Dieu, I’Incarnation de son Fils et la déification du genre humain. Votre cœur se nourrira des paroles de Dieu : elles vous féconderont, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l’arbre planté au bord des eaux vives de l’Esprit, comme l’arbre de vie, qui a donné son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos pensées n’auront d’autre objet que ce qui profite à l’âme, et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d’en avoir senti le goût.
Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur, vers la lumière éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et aux sons de la harpe de l’Esprit, par qui le Verbe est venu assumer notre chair… vos narines respireront le parfum de l’époux, parfum divin dont il peut embaumer son humanité. Vos lèvres loueront le Seigneur, toujours attaché aux lèvres de Dieu. Votre bouche savourera les paroles de Dieu et jouira de leur divine suavité. Votre cœur très pur, exempt de toute tache, toujours verra le Dieu de toute pureté et brûlera de désir pour lui. Votre sein sera la demeure de celui qu’aucun lieu ne peut contenir. Votre lait nourrira Dieu, dans le petit enfant Jésus. Vous êtes la porte de Dieu, éclatante d’une perpétuelle virginité. Vos mains porteront Dieu, et vos genoux seront pour lui un trône plus sublime que celui des chérubins… Vos pieds, conduits par la lumière de la loi divine, le suivant dans une course sans détours, vous entraîneront jusqu’à la possession du Bien-Aimé. Vous êtes le temple de l’Esprit-Saint, la cité du Dieu vivant, que réjouissent les fleuves abondants, les fleuves saints de la grâce divine. Vous êtes toute belle, toute proche de Dieu ; dominant les Chérubins, plus haute que les Séraphins, très proche de Dieu lui-même.
Salut, Marie, douce enfant d’Anne ; l’amour à nouveau me conduit jusqu’à vous. Comment décrire votre démarche pleine de gravité ? votre vêtement ? le charme de votre visage ? cette sagesse que donne l’âge unie à la jeunesse du corps ? Votre vêtement fut plein de modestie, sans luxe et sans mollesse. Votre démarche grave, sans précipitation, sans heurt et sans relâchement. Votre conduite austère, tempérée par la joie, n’attirant jamais l’attention des hommes. Témoin cette crainte que vous éprouvâtes à la visite inaccoutumée de l’ange ; vous étiez soumise et docile à vos parents ; votre âme demeurait humble au milieu des plus sublimes contemplations. Une parole agréable, traduisant la douceur de l’âme. Quelle demeure eût été plus digne de Dieu ? Il est juste que toutes les générations vous proclament bienheureuse, insigne honneur du genre humain. Vous êtes la gloire du sacerdoce, l’espoir des chrétiens, la plante féconde de la virginité. Par vous s’est répandu partout l’honneur de la virginité Que ceux qui vous reconnaissent pour la Mère de Dieu soient bénis, maudits ceux qui refusent…
O vous qui êtes la fille et la souveraine de Joachim et d’Anne, accueillez la prière de votre pauvre serviteur qui n’est qu’un pécheur, et qui pourtant vous aime ardemment et vous honore, qui veut trouver en vous la seule espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre Fils et le gage certain de son salut. Délivrez-moi du fardeau de mes péchés, dissipez les ténèbres amoncelées autour de mon esprit, débarrassez-moi de mon épaisse fange, réprimez les tentations, gouvernez heureusement ma vie, afin que je sois conduit par vous à la béatitude céleste, et accordez la paix au monde. A tous les fidèles de cette ville, donnez la joie parfaite et le salut éternel, par les prières de vos parents et de toute l’Eglise
9/10 Une vigne aux beaux sarments (Os 10,1, Ps 128,3) a germé du sein d’Anne, mère de Marie, et elle a produit un raisin plein de douceur, source de nectar jaillissant pour les habitants de la terre en vie éternelle. Joachim et Anne se firent des semailles de justice et récoltèrent un fruit de vie. Ils se sont éclairés de la lumière de la connaissance, ils ont cherché le Seigneur et il leur vint un fruit de justice (Os 10,12 ; Is 61,11). Que la terre prenne confiance ! Enfants de Sion, réjouissez-vous dans le Seigneur votre Dieu, car le désert a verdoyé (Jl 2,21-23) : celle qui était stérile a porté son fruit. Joachim et Anne, comme des montagnes mystiques, ont fait couler le vin doux. Sois dans l’allégresse, Anne bienheureuse, d’avoir enfanté une femme. Car cette femme sera Mère de Dieu, porte de la lumière, source de vie, et elle réduit à néant l’accusation qui pesait sur la femme.
Le visage de cette femme, les hommes riches du peuple l’imploreront. Devant cette femme les rois des nations se prosterneront en lui offrant des présents. Cette femme, tu l’amèneras à Dieu, le Roi universel, parée de la beauté de ses vertus comme de franges d’or, ornée de la grâce de l’Esprit, et dont la gloire est au-dedans (Ps 45,13-14). La gloire de toute femme, c’est l’homme, qui lui est donné du dehors : mais la gloire de la Mère de Dieu est intérieure, elle est le fruit de son sein.
Ô femme tout aimable, trois fois heureuse ! Tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton sein.
Ô femme, fille du roi David, et Mère de Dieu, le Roi universel ! Divin et vivant chef-d’œuvre, dont Dieu le Créateur s’est réjoui, dont l’esprit est gouverné de Dieu et attentif à Dieu seul, dont tout le désir se porte à ce qui seul est désirable et aimable, qui n’as de colère que contre le péché et celui qui l’a enfanté. Tu auras une vie supérieure à la nature. Car tu ne l’auras point pour toi, puisque aussi bien ce n’est point pour toi que tu es née. Aussi l’auras-tu pour Dieu : à cause de lui tu es venue à la vie, à cause de lui tu serviras au salut universel, pour que l’antique dessein de Dieu, qui est l’Incarnation du Verbe et notre divinisation, par toi s’accomplisse. Ton appétit est de te nourrir des paroles divines et de te fortifier de leur sève, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu (Ps 52,10), comme l’arbre planté près du cours des eaux (Ps 1,3) de l’Esprit, comme l’arbre de vie, qui a donné son fruit au temps qui lui fut marqué : le Dieu incarné, vie éternelle de tous les êtres. Tu retiens toute pensée nourrissante et utile à l’âme : mais toute pensée superflue et qui serait pour l’âme un dommage, tu la rejettes avant de la goûter. Tes yeux sont toujours vers le Seigneur (Ps 25,15), regardant la lumière éternelle et inaccessible (1 Tm 6,16). Tes oreilles écoutent la divine parole et se délectent de la cithare de l’Esprit ; par elles la Parole est entrée pour se faire chair. Tes narines respirent avec délices l’arôme des parfums de l’Époux, qui est lui-même un parfum, spontanément répandu pour oindre son humanité : Ton nom est un parfum qui s’épanche, dit l’Ecriture (Ct 1,2). Tes lèvres louent le Seigneur, et sont attachées à ses lèvres. Ta langue et ton palais discernent les paroles de Dieu et se rassasient de la suavité divine. Cœur pur et sans souillure, qui voit et désire le Dieu sans souillure !
Dans ce sein l’être illimité est venu demeurer ; de son lait, Dieu, l’enfant Jésus, s’est nourri. Porte de Dieu toujours virginale ! Voici les mains qui tiennent Dieu, et ces genoux sont un trône plus élevé que les Chérubins : par eux les mains affaiblies et les genoux chancelant (Is 35,3) furent affermis. Ses pieds sont guidés par la loi de Dieu comme par une lampe brillante, ils courent à sa suite sans se retourner, jusqu’à ce qu’ils aient attiré vers l’amante le Bien-Aimé. Par tout son être elle est la chambre nuptiale de l’Esprit, la cité du Dieu vivant, que réjouissent les canaux du fleuve (Ps 46,5), c’est-à-dire les flots des charismes de l’Esprit : toute belle, tout entière proche de Dieu. Car, dominant les Chérubins, plus haute que les Séraphins, proche de Dieu, c’est à elle que cette parole s’applique !
Merveille qui dépasse toutes les merveilles : une femme est placée plus haut que les Séraphins, parce que Dieu est apparu abaissé un peu au-dessous des anges (Ps 8,6) ! Que Salomon le très sage se taise, et qu’il ne dise plus : Rien de nouveau sous le soleil (Qo 1,9). Vierge pleine de la grâce divine, temple saint de Dieu, que le Salomon selon l’esprit, le Prince de la paix, a construit et habite, l’or et les pierres inanimées ne t’embellissent pas, mais, mieux que l’or, l’Esprit fait ta splendeur. Pour pierreries, tu as la perle toute précieuse, le Christ, la braise de la divinité.
Supplie-le de toucher nos lèvres, afin que, purifiés, nous le chantions avec le Père et l’Esprit, en nous écriant : Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth, la nature unique de la divinité en trois Personnes. Saint est Dieu, le Père, qui a bien voulu qu’en toi et par toi s’accomplît le mystère qu’il avait prédéterminé avant les siècles. Saint est le Fort, le Fils de Dieu, et Dieu le Monogène, qui aujourd’hui te fait naître, première-née d’une mère stérile, afin qu’étant lui-même Fils unique du Père et Premier-né de toute créature (1 Co 1,15), il naisse de toi, Fils unique d’une Vierge-Mère, Premier-né d’une multitude de frères (Ro 8,29), semblable à nous et participant par toi à notre chair et à notre sang. Cependant il ne t’a pas fait naître d’un frère seul, ou d’une mère seule, afin qu’au seul Monogène fût réservé, en perfection le privilège de fils unique : il est en effet Fils unique, lui seul d’un père seul, et seul d’une mère seule. Saint est l’immortel, l’Esprit de toute sainteté, qui par la rosée de sa divinité t’a gardée indemne du feu divin : car c’est là ce que signifiait par avance le buisson de Moïse.

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