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1er janvier – Sainte Marie, Mère de Dieu

30 décembre, 2010

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/01/01.php#historique

1er janvier – Sainte Marie, Mère de Dieu
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Prières

Vierge très sainte et immaculée, ma Mère, ô Marie, à vous qui êtes la Mère de mon Seigneur, le refuge des pécheurs, j’ai recours à vous aujourd’hui, moi, le plus misérable de tous. Je vous vénère, ô grande Reine, et je vous remercie de toutes les grâces que vous m’avez faites jusqu’ici, spécialement de m’avoir délivré de l’enfer, que j’ai si souvent mérité. Je vous aime, ô ma Souveraine très aimable, et pour votre amour, je m’engage à vous servir toujours, et à faire tous mes efforts pour que vous soyez aussi aimée par les autres. Je place en vous toutes mes espérances, tout mon salut. Agréez moi pour votre serviteur, et recevez-moi sous votre protection, ô Mère des miséricordes. Et puisque vous êtes si puissante auprès de Dieu, délivrez-moi de toutes les tentations ou obtenez-moi la force de les vaincre jusqu’à la mort. O ma Mère, par l’amour que vous portez à Dieu, je vous prie de m’assister toujours, mais surtout au dernier moment de ma vie. Ne m’abandonnez point que vous ne me voyez en sûreté au ciel, occupé à vous bénir et à chanter vos miséricordes pendant toute l’éternité. Ainsi je l’espère.
Saint Alphonse-Marie de Ligori

O Jésus, vivant en Marie, venez et vivez en votre serviteur,
dans votre esprit de sainteté, dans la plénitude de votre puissance,
dans la perfection de vos voies, dans la vérité de vos vertus,
dans la communion de vos divins mystères ;
dominez toute puissance ennemie dans votre Esprit,
à la gloire du Père.
Jean-Jacques Olier

Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance et réclamé votre secours, ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, j’accours vers vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. O Mère du Verbe Incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer.
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Historique

Alors que de nombreux hérésiarques, dès les premiers siècles de l’Eglise, avaient mis en doute la divinité du Christ, il fallut, au siècle qui suivit celui d’Arius, que d’autres missent en doute son humanité. Ainsi, Apollinaire, un des plus farouches adversaire de l’arianisme, s’écria-t-il : A quoi bon une âme d’homme entre le Verbe de Dieu et la chair qu’il daigne revêtir et vivifier pour notre salut ? Il peut bien directement mouvoir cette chair et par elle accomplir la rédemption du monde. N’est-ce pas en ce sens que saint Jean dit nettement que le Verbe s’est fait chair (Evangile selon saint Jean I 14) ?
Or, si  le Seigneur n’avait comme nous une âme vivante, intelligente et libre, il ne serait réellement un homme, son corps ne serait qu’un mécanisme incapable de mérite, impuissant à opérer notre rédemption. Assurément, l’Eglise professe depuis toujours que Jésus-Christ est à la fois vrai Dieu et vrai homme, mais il reste que le mode de cette union de la divinité à l’humanité resta longtemps obscur et que, jusqu’au milieu du V° siècle, les formules pour l’exprimer furent trop souvent vagues, voire inexactes et qu’il fallut que surgît une nouvelle hérésie pour que l’on précisât mieux le dogme en définissant mieux le mystère de l’Incarnation.
On se souvient de ce jour de 428 où un prêtre d’Antioche, Anastase, prêchant à Constantinople devant le patriarche Nestorius dont il était le syncelle, c’est-à-dire l’officier de l’Eglise de Constantinople qui demeurait continuellement près du patriarche pour rendre témoignage de toutes ses actions, affirma : Que personne n’appelle Marie Mère de Dieu, car Marie appartenait à la race humaine, et il est impossible que d’une créature humaine ait pu naître un Dieu.
On imagine sans peine que l’émoi fut grand parmi les auditeurs et l’on pressait le patriarche qui ne disait mot de désapprouver le prédicateur. Les conversations firent si grand bruit que le patriarche promit une explication catégorique pour le jour de Noël : lusieurs d’entre vous, dit-il alors, souhaitent apprendre de moi-même s’il faut donner à la Vierge Marie le titre de Mère de Dieu ou celui de Mère de l’homme. Qu’ils écoutent ma réponse : Dire que le Verbe divin, seconde personne de la sainte Trinité, a une mère, n’est-ce pas justifier la folie des païens qui donnent des mères à leurs dieux ? Dieu, pur esprit, ne peut avoir été engendré par une femme ; la créature n’a pu engendrer le Créateur. Non, Marie n’a point engendré le Dieu par qui est venue la rédemption des hommes ; elle a enfanté l’homme dans lequel le Verbe s’est incarné, car le Verbe a pris chair dans un homme mortel ; lui-même n’est pas mort, il a ressuscité celui dans lequel le Verbe s’est incarné. Jésus est cependant un Dieu pour moi, car il renferme Dieu. J’adore le vase en raison de son contenu, le vêtement en raison de ce qu’il recouvre ; j’adore ce qui m’apparaît extérieurement, à cause du Dieu caché que je n’en sépare pas. C’était-là une hérésie formelle : si le Verbe est dans l’homme, si l’homme ne fait que renfermer le Verbe, Jésus-Christ n’est donc pas vrai Dieu et vrai homme. Nestorius dit qu’il y a en Jésus-Christ deux personnes : le Verbe, Fils éternel de Dieu, avec tous les attributs divins, et l’homme, le fils de Marie, avec toutes les facultés humaines. Marie ne peut avoir engendré que la personne humaine et l’on peut l’appeler Mère du Christ, mais, en aucune façon, Mère de Dieu.
Le rhéteur Eusèbe qui devait plus tard devenir évêque de Dorylée, interrompit un jour la prédication du patriarche puis, fort de l’appui populaire, afficha sur les portes de Sainte-Sophie, la contestatio avant que saint patriarche Cyrille d’Alexandrie, sage, énergique, impérieux et véhément n’allât dénoncer au pape la théologie de Nestorius. Un synode romain prononce la sentence de déposition et confie à l’autorité de saint Cyrille le soin de l’exécuter. Après avoir été condamné par un synode alexandrin, Nestorius demande à l’Empereur Théodose II de convoquer un concile général qui se réunit à la Pentecôte 431, à Ephèse où la tradition voulait que Marie s’endormît avant d’être transportée aux cieux en assomption.
Sous la présidence de saint Cyrille d’Alexandrie, près de deux cents évêques citèrent à comparaître Nestorius qui refusa et l’hérésiarque fut condamné : forcés par les saints canons et par les lettres de notre très saint Père et collègue Célestin, évêque de Rome, nous avons dû, avec des larmes, en venir à cette triste sentence. Le Seigneur Jésus-Christ que l’impie Nestorius a blasphémé, décide par le saint concile que Nestorius est privé de la dignité épiscopale et de la communion sacerdotale.
Les évêques Arcadius et Projectus, accompagnés du prêtre Philippe, qui représentaient le Pape, arrivèrent deux jours après la sentence et, à l’ouverture de la deuxième session (10 juillet) y lurent une lettre de Célestin qui corroborait la décision du concile. Au printemps de 433, sous l’autorité de Théodose II, tous se réunirent sous une même confession de foi rédigée par le patriarche Jean d’Antioche et, plus tard, approuvée par Sixte III : Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Dieu parfait et homme parfait, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, engendré du Père avant les siècle selon la divinité, né en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, de la Vierge Marie selon l’humanité, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité. Car de deux natures l’union s’est faite. C’est pourquoi nous affirmons un Christ, un Fils, un Seigneur. En raison de cette union sans confusion, nous confessons la sainte Vierge Mère de Dieu, parce que le Dieu Verbe s’est incarné et s’est fait homme, et que, dès l’instant de sa conception, il s’est uni le temple qu’il avait pris d’elle. Les paroles des évangiles et des apôtres sur le Seigneur, nous savons que les théologiens les ont tantôt connues pour communes comme dites d’une seule personne, tantôt séparées comme dites de deux natures, les unes convenant à Dieu selon la divinité du Christ, les autres, humbles, selon l’humanité.
Puisqu’il n’y a en Jésus-Christ qu’une seule personne, Marie est la mère cette personne, et puisque cette personne est la personne du Fils de Dieu, Marie est véritablement Mère de Dieu. A l’instant même où elle acquiesça à la parole de l’archange, le Saint-Esprit forma de sa chair virginale une chair capable de recevoir une âme humaine et, à ce même instant, cette chair, vivifiée par cette âme raisonnable, fut unie substantiellement au Verbe divin. Puisque la nature humaine du Seigneur entra ainsi, dès que formée au sein de Marie, dans la personne du Verbe, cette personne est née de Marie. Certes, Marie n’a pas enfanté la nature divine, mais Dieu le Père n’a pas davantage engendré la nature humaine du Verbe Incarné, ce qui n’empêche pas, qu’à cause de l’unité de la personne de Jésus-Christ, le Père a pu dire de l’homme que Jean-Baptiste baptisait dans les eaux du Jourdain : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma faveur (Saint Matthieu III 17 ; saint Marc I 11 ; saint Luc III 22.).
Alors que de nombreux hérésiarques, dès les premiers siècles de l’Eglise, avaient mis en doute la divinité du Christ, il fallut, au siècle qui suivit celui d’Arius, que d’autres missent en doute son humanité. Ainsi, Apollinaire1, un des plus farouches adversaire de l’arianisme, s’écria-t-il : A quoi bon une âme d’homme entre le Verbe de Dieu et la chair qu’il daigne revêtir et vivifier pour notre salut ? Il peut bien directement mouvoir cette chair et par elle accomplir la rédemption du monde. N’est-ce pas en ce sens que saint Jean dit nettement que le Verbe s’est fait chair 2 ? Or, si  le Seigneur n’avait comme nous une âme vivante, intelligente et libre, il ne serait réellement un homme, son corps ne serait qu’un mécanisme incapable de mérite, impuissant à opérer notre rédemption. Assurément, l’Eglise professe depuis toujours que Jésus-Christ est à la fois vrai Dieu et vrai homme, mais il reste que le mode de cette union de la divinité à l’humanité resta longtemps obscur et que, jusqu’au milieu du V° siècle, les formules pour l’exprimer furent trop souvent vagues, voire inexactes et qu’il fallut que surgît une nouvelle hérésie pour que l’on précisât mieux le dogme en définissant mieux le mystère de l’Incarnation.
On se souvient de ce jour de 428 où un prêtre d’Antioche, Anastase, prêchant à Constantinople devant le patriarche Nestorius3 dont l était le syncelle4, affirma : Que personne n’appelle Marie Mère de Dieu, car Marie appartenait à la race humaine, et il est impossible que d’une créature humaine ait pu naître un Dieu. On imagine sans peine que l’émoi fut grand parmi les auditeurs et l’on pressait le patriarche qui ne disait mot de désapprouver le prédicateur. Les conversations firent si grand bruit que le patriarche promit une explication catégorique pour le jour de Noël : Plusieurs d’entre vous, dit-il alors, souhaitent apprendre de moi-même s’il faut donner à la Vierge Marie le titre de Mère de Dieu ou celui de Mère de l’homme. Qu’ils écoutent ma réponse : Dire que le Verbe divin, seconde personne de la sainte Trinité, a une mère, n’est-ce pas justifier la folie des païens qui donnent des mères à leurs dieux ? Dieu, pur esprit, ne peut avoir été engendré par une femme ; la créature n’a pu engendrer le Créateur. Non, Marie n’a point engendré le Dieu par qui est venue la rédemption des hommes ; elle a enfanté l’homme dans lequel le Verbe s’est incarné, car le Verbe a pris chair dans un homme mortel ; lui-même n’est pas mort, il a ressuscité celui dans lequel le Verbe s’est incarné. Jésus est cependant un Dieu pour moi, car il renferme Dieu. J’adore le vase en raison de son contenu, le vêtement en raison de ce qu’il recouvre ; j’adore ce qui m’apparaît extérieurement, à cause du Dieu caché que je n’en sépare pas. C’était-là une hérésie formelle : si le Verbe est dans l’homme, si l’homme ne fait que renfermer le Verbe, Jésus-Christ n’est donc pas vrai Dieu et vrai homme. Nestorius dit qu’il y a en Jésus-Christ deux personnes : le Verbe, Fils éternel de Dieu, avec tous les attributs divins, et l’homme, le fils de Marie, avec toutes les facultés humaines. Marie ne peut avoir engendré que la personne humaine et l’on peut l’appeler Mère du Christ, mais, en aucune façon, Mère de Dieu.
Le rhéteur Eusèbe qui devait plus tard devenir évêque de Dorylée, interrompit un jour la prédication du patriarche puis, fort de l’appui populaire, afficha sur les portes de Sainte-Sophie, la contestatio avant que saint patriarche Cyrille d’Alexandrie, sage, énergique, impérieux et véhément n’allât dénoncer au pape la théologie de Nestorius. Un synode romain5 prononce la sentence de déposition et confie à l’autorité de saint Cyrille le soin de l’exécuter. Après avoir été condamné par un synode alexandrin, Nestorius demande à l’Empereur6 de réunir un concile général qui se réunit à la Pentecôte 431, à Ephèse où la tradition voulait que Marie s’endormît avant d’être transportée aux cieux en assomption. Sous la présidence de saint Cyrille d’Alexandrie, près de deux cents évêques citèrent à comparaître Nestorius qui refusa et l’hérésiarque fut condamné : forcés par les saints canons et par les lettres de notre très saint Père et collègue Célestin, évêque de Rome, nous avons dû, avec des larmes, en venir à cette triste sentence. Le Seigneur Jésus-Christ que l’impie Nestorius a blasphémé, décide par le saint concile que Nestorius est privé de la dignité épiscopale et de la communion sacerdotale. Les évêques Arcadius et Projectus, accompagnés du prêtre Philippe, qui représentaient le Pape, arrivèrent deux jours après la sentence et, à l’ouverture de la deuxième session (10 juillet) y lurent une lettre de Célestin qui corroborait la décision du concile. Au printemps de 433, sous l’autorité de Théodose II, tous se réunirent sous une même confession de foi rédigée par le patriarche Jean d’Antioche et, plus tard, approuvée par Sixte III : Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Dieu parfait et homme parfait, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, engendré du Père avant les siècle selon la divinité, né en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, de la Vierge Marie selon l’humanité, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité. Car de deux natures l’union s’est faite. C’est pourquoi nous affirmons un Christ, un Fils, un Seigneur. En raison de cette union sans confusion, nous confessons la sainte Vierge Mère de Dieu, parce que le Dieu Verbe s’est incarné et s’est fait homme, et que, dès l’instant de sa conception, il s’est uni le temple qu’il avait pris d’elle. Les paroles des évangiles et des apôtres sur le Seigneur, nous savons que les théologiens les ont tantôt connues pour communes comme dites d’une seule personne, tantôt séparées comme dites de deux natures, les unes convenant à Dieu selon la divinité du Christ, les autres, humbles, selon l’humanité.
Puisqu’il n’y a en Jésus-Christ qu’une seule personne, Marie est la mère cette personne, et puisque cette personne est la personne du Fils de Dieu, Marie est véritablement Mère de Dieu. A l’instant même où elle acquiesça à la parole de l’archange, le Saint-Esprit forma de sa chair virginale une chair capable de recevoir une âme humaine et, à ce même instant, cette chair, vivifiée par cette âme raisonnable, fut unie substantiellement au Verbe divin. Puisque la nature humaine du Seigneur entra ainsi, dès que formée au sein de Marie, dans la personne du Verbe, cette personne est née de Marie. Certes, Marie n’a pas enfanté la nature divine, mais Dieu le Père n’a pas davantage engendré la nature humaine du Verbe Incarné, ce qui n’empêche pas, qu’à cause de l’unité de la personne de Jésus-Christ, le Père a pu dire de l’homme que Jean-Baptiste baptisait dans les eaux du Jourdain : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma faveur7.
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1 Apollinaire, né dans les dix premières années du IV° siècle,à Laodicée de Syrie y enseignait, ordonné lecteur, la rhétorique. Si saint Epiphane souligne sa grande culture hellénique et son art de la dialectique, saint Basile y ajoute ses grandes capacités en philosophie, en théologie et en hébreux ; son renom intellectuel fut assez grand pour que Philostorge le mît au-dessus de saint Basile et de saint Grégoire de Nazianze alors que saint Vincent de Lérins le regardait comme un esprit supérieur. Malgré sa grande amitié pour saint Athanase, Apollinaire, se mit à répandre des idées si hétérodoxes sur l’Incarnation qu’elles furent évoquée au concile d’Alexandrie (362) ; il était alors (361) évêque de Laodicée et un des apologistes les plus connus et les plus efficaces contre l’arianisme. En 374, saint Basile et ses disciples demandèrent sa condamnation au pape Damase qui la fulmina trois ans plus tard. Apollinaire mourut avant 393.
2 Saint Jean I 14.
3 Né vers 380 à Germanicie, Nestorius se fit moine à Antioche où il reçut l’ordination sacerdotale. Il fut choisi par l’empereur Théodose II comme patriarche de Constantinople et fut sacré le 10 avril 428. Condamné per un synode romain (août 430) et un synode Alexandrin, il refuse de se présenter au concile d’Ephèse où il est condamné et déposé le 22 juin 431. Relégué puis exilé, il meurt après 451.
4 Syncelle : officier de l’Eglise de Constantinople qui demeure continuellement près du patriarche pour rendre témoignage de toutes ses actions.
5 Nous anathémisons ceux qui affirment deux Fils, existant l’un avant les siècles, l’autre après l’assomption de la chair, né de la Vierge. Nous anathémisons ceux qui disent que le Verbe de Dieu a habité dans une chair humaine à la place d’une â   me raisonnable spirituelle, parce que le Fils et Verbe de Dieu n’a pas été en son corps à la place d’une âme raisonnable et spirituelle, mais c’est notre âme (raisonnable et spirituelle) que, sans péché, il a prise et sauvée. Si quelqu’un dit que dans la souffrance de la Croix, c’est Dieu qui ressentait la douleur, et non la chair et l’âme dont le Christ, Fils de Dieu, s’était revêtu – la forme d’esclave qu’il avait prise, comme dit l’Ecriture – il est dans l’erreur.
6 Théodose II, empereur d’Orient de 408 à 450, succéda à l’âge de huit ans à son père Arcadius sous la régence de sa soeur Pulchérie qui lui fit épouser la belle Eudoxie (ou Athanaïs), fille du philosophe Léontius. Trompé par son chambellan (Chrysaphe) et ses eunuques, il eut un règne peu glorieux. Il eut peu de succès contre les Perses et n’arriva guère à réduire les Vandales de Genséric ; il n’arrêta Attila qui ravageait la Thrace qu’en versant un tribut. Cependant il fit rédiger et publia le code théodosien. Il n’eut qu’une fille qu’il maria à Valentinien III.
7 Saint Matthieu III 17 ; saint Marc I 11 ; saint Luc III 22.

Papa Benoît: Solennité de l’Immaculée Conception (2005)

7 décembre, 2010

du site:

 http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20051208_anniv-vat-council_fr.html   
 
CHAPELLE PAPALE POUR LE 40 ANNIVERSAIRE DE LA CLÔTURE DU CONCILE VATICAN II

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Solennité de l’Immaculée Conception

Jeudi 8 décembre 2005

Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,

Il y a quarante ans, le 8 décembre 1965, sur l’esplanade de la Basilique Saint-Pierre, le Pape Paul VI concluait solennellement le Concile Vatican II. Il avait été inauguré, selon la volonté de Jean XXIII, le 11 octobre 1962, qui était alors la fête de la Maternité de Marie, et il fut conclu le jour de l’Immaculée. Un cadre marial entoure le Concile. En réalité, il s’agit de beaucoup plus qu’un cadre: c’est une orientation de tout son chemin. Il nous renvoie, comme il renvoyait alors les Pères du Concile, à l’image de la Vierge à l’écoute, qui vit dans la Parole de Dieu, qui conserve dans son coeur les paroles qui viennent de Dieu et, les rassemblant comme dans une mosaïque, apprend à les comprendre (cf. Lc 2, 19.51); il nous renvoie à la grande Croyante qui, pleine de confiance, se remet entre les mains de Dieu, s’abandonnant à sa volonté; il nous renvoie à l’humble Mère qui, lorsque la mission de son Fils l’exige, s’efface et, dans le même temps, à la femme courageuse qui, alors que les disciples s’enfuient, demeure au pied de la croix. Paul VI, dans son discours à l’occasion de la promulgation de la Constitution, conciliaire sur l’Eglise, avait qualifié Marie de « tutrix huius Concilii » – « protectrice de ce Concile » (cf. Oecumenicum Concilium Vaticanum II, Constitutiones Decreta Declarationes, Cité du Vatican 1966, p. 983) et, à travers une allusion au récit de la Pentecôte rapporté par Luc (Ac 1, 12-14), il avait dit que les Pères s’étaient réunis dans la salle du Concile « cum Maria, Matre Iesu » et que, également en son nom, ils en seraient à présent sortis (p. 985).
Dans ma mémoire demeure inscrit de manière indélébile le moment où, en entendant ses paroles: « Mariam Sanctissimam declaramus Matrem Ecclesiae » – « Nous déclarons la Très Sainte Vierge Marie Mère de l’Eglise », les Pères se levèrent spontanément de leurs chaises et applaudirent debout, rendant hommage à la Mère de Dieu, à notre Mère, à la Mère de l’Eglise. De fait, à travers ce titre, le Pape résumait la doctrine mariale du Concile et donnait la clef pour sa compréhension. Marie n’a pas seulement un rapport singulier avec le Christ, le Fils de Dieu qui, comme homme, a voulu devenir son fils. Etant totalement unie au Christ, elle nous appartient également totalement. Oui, nous pouvons dire que Marie est proche de nous comme aucun autre être humain, car le Christ est homme pour les hommes et tout son être est une « présence pour nous ». Le Christ, disent les Pères, en tant que Tête, est inséparable de son Corps qui est l’Eglise, formant avec celle-ci, pour ainsi dire, un unique sujet vivant. La Mère du Chef est également la Mère de toute l’Eglise; elle est, pour ainsi dire, totalement expropriée d’elle-même; elle s’est entièrement donnée au Christ et, avec Lui, elle nous est donnée en don à tous. En effet, plus la personne humaine se donne, plus elle se trouve elle-même.
Le Concile entendait nous dire cela: Marie est tellement liée au grand mystère de l’Eglise qu’elle et l’Eglise sont inséparables, tout comme sont inséparables le Christ et elle. Marie reflète l’Eglise, elle l’anticipe dans sa personne, et, dans tous les épisodes douloureux qui frappent l’Eglise qui souffre et qui oeuvre, elle reste toujours l’étoile du salut. C’est elle qui est son centre véritable en qui nous avons confiance, même si bien souvent, ce qui est autour pèse sur notre âme. Le Pape Paul VI, dans le contexte de la promulgation de la Constitution sur l’Eglise, a mis tout cela en lumière à travers un nouveau titre profondément enraciné dans la Tradition, précisément dans l’intention d’illuminer la structure intérieure de l’enseignement sur l’Eglise développé au cours du Concile. Le Concile Vatican II devait s’exprimer sur les composantes institutionnelles de l’Eglise: sur les Evêques et sur le Pontife, sur les prêtres, les laïcs et les religieux dans leur communion et dans leurs relations; il devait décrire l’Eglise en chemin, « qui enferme des pécheurs dans son propre sein, et est donc à la fois sainte et appelée à se purifier… » (Lumen gentium, n. 8). Mais cet aspect « pétrinien » de l’Eglise est inclu dans l’aspect « marial ». En Marie, l’Immaculée, nous rencontrons l’essence de l’Eglise d’une manière qui n’est pas déformée. Nous devons apprendre d’elle à devenir nous-mêmes des « âmes ecclésiales », comme s’exprimaient les Pères, pour pouvoir nous aussi, selon la parole de saint Paul, nous présenter « immaculés » devant le Seigneur, tels qu’Il nous a voulus dès le commencement (Col 1, 321; Ep 1, 4).
Mais à présent nous devons nous demander: Qu’est-ce que signifie « Marie l’Immaculée »? Ce titre a-t-il quelque chose à nous dire? La liturgie d’aujourd’hui éclaire pour nous le contenu de cette parole à travers deux grandes images. Il y a tout d’abord le récit merveilleux de l’annonce à Marie, la Vierge de Nazareth, de la venue du Messie. Le salut de l’Ange est tissé de fils de l’Ancien Testament, en particulier du prophète Sophonie. Celui-ci fait voir que Marie, l’humble femme de province qui est issue d’une lignée sacerdotale et qui porte en elle le grand patrimoine sacerdotal d’Israël, est « le saint reste » d’Israël auquel les prophètes, au cours de toutes les périodes de douleurs et de ténèbres, ont fait référence. En elle est présente la véritable Sion, celle qui est pure, la demeure vivante de Dieu. En elle demeure le Seigneur, en elle il trouve le lieu de Son repos. Elle est la maison vivante de Dieu, qui n’habite pas dans des édifices de pierre, mais dans le coeur de l’homme vivant. Elle est le germe qui, dans la sombre nuit d’hiver de l’histoire, jaillit du tronc abattu de David. En elle s’accomplit la parole du Psaume: « La terre a donné son fruit » (67, 7). Elle est le surgeon, duquel dérive l’arbre de la rédemption et des rachetés. Dieu n’a pas essuyé un échec, comme il pouvait sembler au début de l’histoire avec Adam et Eve, ou bien au cours de l’exil à Babylone, et comme il semblait à nouveau à l’époque de Marie, quand Israël était devenu un peuple sans importance dans une région occupée, avec bien peu de signes reconnaissables de sa sainteté. Dieu n’a pas failli. Dans l’humilité de la maison de Nazareth vit l’Israël saint, le reste pur. Dieu a sauvé et sauve son peuple. Du tronc abattu ressurgit à nouveau son histoire, devenant une nouvelle force vive qui oriente et envahit le monde. Marie est l’Israël saint; elle dit « oui » au Seigneur, se met pleinement à sa disposition et devient ainsi le temple vivant de Dieu.
La deuxième image est beaucoup plus difficile et obscure. Cette métaphore, tirée du Livre de la Genèse, nous parle à partir d’une grande distance historique, et ne peut être éclaircie qu’avec beaucoup de peine; ce n’est qu’au cours de l’histoire qu’il a été possible de développer une compréhension plus profonde de ce qui y est référé. Il est prédit qu’au cours de toute l’histoire, la lutte entre l’homme et le serpent se poursuivra, c’est-à-dire entre l’homme et les puissances du mal et de la mort. Cependant, il est également préannoncé que « la lignée » de la femme vaincra un jour et écrasera la tête du serpent, de la mort; il est préannoncé que la lignée de la femme – et en elle la femme et la mère elle-même – vaincra et qu’ainsi, à travers l’homme, Dieu vaincra. Si nous nous mettons à l’écoute de ce texte avec l’Eglise croyante et en prière, alors nous pouvons commencer à comprendre ce qu’est le péché originel, le péché héréditaire, et aussi ce que signifie être sauvergardé de ce péché héréditaire, ce qu’est la rédemption.
Quelle est la situation qui nous est présentée dans cette page? L’homme n’a pas confiance en Dieu. Tenté par les paroles du serpent, il nourrit le soupçon que Dieu, en fin de compte, ôte quelque chose à sa vie, que Dieu est un concurrent qui limite notre liberté et que nous ne serons pleinement des êtres humains que lorsque nous l’aurons mis de côté; en somme, que ce n’est que de cette façon que nous pouvons réaliser en plénitude notre liberté. L’homme vit avec le soupçon que l’amour de Dieu crée une dépendance et qu’il lui est nécessaire de se débarasser de cette dépendance pour être pleinement lui-même. L’homme ne veut pas recevoir de Dieu son existence et la plénitude de sa vie. Il veut puiser lui-même à l’arbre de la connaissance le pouvoir de façonner le monde, de se transformer en un dieu en s’élevant à Son niveau, et de vaincre avec ses propres forces la mort et les ténèbres. Il ne veut pas compter sur l’amour qui ne lui semble pas fiable; il compte uniquement sur la connaissance, dans la mesure où celle-ci confère le pouvoir. Plutôt que sur l’amour, il mise sur le pouvoir, avec lequel il veut prendre en main de manière autonome sa propre vie. Et en agissant ainsi, il se fie au mensonge plutôt qu’à la vérité et cela fait sombrer sa vie dans le vide, dans la mort. L’amour n’est pas une dépendance, mais un don qui nous fait vivre. La liberté d’un être humain est la liberté d’un être limité et elle est donc elle-même limitée. Nous ne pouvons la posséder que comme liberté partagée, dans la communion des libertés: ce n’est que si nous vivons d’une juste manière, l’un avec l’autre et l’un pour l’autre, que la liberté peut se développer. Nous vivons d’une juste manière, si nous vivons selon la vérité de notre être, c’est-à-dire selon la volonté de Dieu. Car la volonté de Dieu ne constitue pas pour l’homme une loi imposée de l’extérieur qui le force, mais la mesure intrinsèque de sa nature, une mesure qui est inscrite en lui et fait de lui l’image de Dieu, et donc une créature libre. Si nous vivons contre l’amour et contre la vérité – contre Dieu -, alors nous nous détruisons réciproquement et nous détruisons le monde. Alors nous ne trouvons pas la vie, mais nous faisons le jeu de la mort. Tout cela est raconté à travers des images immortelles dans l’histoire de la chute originelle et de l’homme chassé du Paradis terrestre.
Chers frères et soeurs! Si nous réfléchissons sincèrement sur nous et sur notre sur histoire, nous constatons qu’à travers ce récit est non seulement décrite l’histoire du début, mais l’histoire de tous les temps, et que nous portons tous en nous une goutte du venin de cette façon de penser illustrée par les images du Livre de la Genèse. Cette goutte de venin, nous l’appelons péché originel. Précisément en la fête de l’Immaculée Conception apparaît en nous le soupçon qu’une personne qui ne pèche pas du tout est au fond ennuyeuse; que quelque chose manque à sa vie: la dimension dramatique du fait d’être autonomes; qu’être véritablement hommes comprenne également la liberté de dire non, de descendre au fond des ténèbres du péché et de vouloir agir tout seuls; que ce n’est qu’alors que l’on peut exploiter totalement toute l’ampleur et la profondeur du fait d’être des hommes, d’être véritablement nous-mêmes; que nous devons mettre cette liberté à l’épreuve, également contre Dieu, pour devenir en réalité pleinement nous-mêmes. En un mot, nous pensons au fond que le mal est bon, que nous avons au moins un peu besoin de celui-ci pour faire l’expérience de la plénitude de l’être. Nous pensons que Méphistophélès – le tentateur – a raison lorsqu’il dit être la force « qui veut toujours le mal et qui accomplit toujours le bien » (J.W. v. Goethe, Faust I, 3). Nous pensons que traiter un peu avec le mal, se réserver un peu de liberté contre Dieu est au fond un bien, et peut-être même nécessaire.
Cependant, en regardant le monde autour de nous, nous pouvons voir qu’il n’en est pas ainsi, c’est-à-dire que le mal empoisonne toujours, il n’élève pas l’homme, mais l’abaisse et l’humilie, il ne le rend pas plus grand, plus pur et plus riche, mais il lui cause du mal et le fait devenir plus petit. C’est plutôt cela que nous devons apprendre le jour de l’Immaculée: l’homme qui s’abandonne totalement entre les mains de Dieu ne devient pas une marionnette de Dieu, une personne consentante ennuyeuse; il ne perd pas sa liberté. Seul l’homme qui se remet totalement à Dieu trouve la liberté véritable, l’ampleur vaste et créative de la liberté du bien. L’homme qui se tourne vers Dieu ne devient pas plus petit, mais plus grand, car grâce à Dieu et avec Lui, il devient grand, il devient divin, il devient vraiment lui-même. L’homme qui se remet entre les mains de Dieu ne s’éloigne pas des autres en se retirant dans sa rédemption en privé; au contraire, ce n’est qu’alors que son coeur s’éveille vraiment et qu’il devient une personne sensible et donc bienveillante et ouverte.
Plus l’homme est proche de Dieu et plus il est proche des hommes. Nous le voyons en Marie. Le fait qu’elle soit totalement auprès de Dieu est la raison pour laquelle elle est également si proche de tous les hommes. C’est pourquoi elle peut être la Mère de toute consolation et de toute aide, une Mère à laquelle devant chaque nécessité quiconque peut oser s’adresser dans sa propre faiblesse et dans son propre péché, car elle comprend tout et elle est pour tous la force ouverte de la bonté créatrice. C’est en Elle que Dieu imprime son image, l’image de Celui qui suit la brebis égarée jusque dans les montagnes et parmi les épines et les ronces des péchés de ce monde, se laissant blesser par la couronne d’épine de ces péchés, pour prendre la brebis sur ses épaules et la ramener à la maison. En tant que Mère compatissante, Marie est la figure anticipée et le portrait permanent de son Fils. Nous voyons ainsi que même l’image de la Vierge des Douleurs, de la Mère qui partage la souffrance et l’amour, est une véritable image de l’Immaculée. Son coeur, grâce au fait d’être et de ressentir avec Dieu, s’est agrandi. En Elle, la bonté de Dieu s’est beaucoup approchée et s’approche beaucoup de nous. Ainsi Marie se trouve devant nous comme signe de réconfort, d’encouragement, d’espérance. Elle s’adresse à nous en disant: « Aie le courage d’oser avec Dieu! Essaye! N’aie pas peur de Lui! Aie le courage de risquer avec la foi! Aie le courage de risquer avec la bonté! Aie le courage de risquer avec le coeur pur! Engage-toi avec Dieu, tu verras alors que c’est précisément grâce à cela que ta vie deviendra vaste et lumineuse, non pas ennuyeuse, mais pleine de surprises infinies, car la bonté infinie de Dieu ne se tarit jamais! »
En ce jour de fête, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour le grand signe de sa bonté qu’il nous a donné en Marie, sa Mère et Mère de l’Eglise. Nous voulons le prier de placer Marie sur notre chemin comme une lumière qui nous aide à devenir nous aussi lumière et à porter cette lumière dans les nuits de l’histoire. Amen.

Pour la fête de l’Assomption

20 août, 2010

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=153

Édouard Cothenet

Pour la fête de l’Assomption

La fête du 15 août constitue l’une des fêtes mariales les plus populaires. La date nous ramène à l’usage de l’Église de Jérusalem, car une fête en l’honneur de Marie y est attestée dès le début du Ve siècle. L’empereur Maurice (582-602) étendit la fête à tout l’empire comme fête de la Dormition de Marie. En Occident, ce fut le pape Serge Ier, syrien d’origine, qui composa, vers 700, un beau formulaire pour la fête. En voici le texte : « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné » (Traduction de Dom B. CAPELLE).
Retenons l’origine de la fête, à Jérusalem. Toutes sortes de récits légendaires se sont développés, qu’on regroupe sous le titre général de transitus (« passage »). Ils sont attestés dans toutes les langues du christianisme ancien : grecque, syriaque, latine, copte, arabe, éthiopienne, géorgienne, arménienne, sans compter les textes plus récents en vieil anglais ou en irlandais, et, pour la France, le récit fait par Grégoire de Tours [1]. Ces récits manifestent une grande diversité dans la représentation de la mort de Marie, les uns tenant pour une préservation de son corps contre la corruption, les autres pour la résurrection anticipée. Établir l’origine et la filiation de ces multiples narrations est une tâche fort délicate, qui demande que soient publiés tous les textes dans le foisonnement de leurs variantes. Bornons-nous à un constat : ces textes sont unanimes à placer la maison de Marie soit à Jérusalem, soit à Bethléem et à localiser son tombeau, maintenant vide, dans la vallée du Cédron. Ce sont les Arméniens qui, aujourd’hui encore, en ont la garde. Inutile de préciser que la localisation de la maison de Marie à Éphèse ne repose que sur une fausse interprétation d’un texte du concile d’Éphèse (431) et n’a pour soutien que les admirateurs des visions de Catherine Emmerich.
Le dogme catholique de l’Assomption ne repose pas sur ces transitus, qui ont bien souvent soulevé la protestation des théologiens, mais sur le lien que la tradition a reconnu entre la maternité divine de Marie et sa pleine association à son Fils dans sa gloire. Rappelons le texte de la constitution conciliaire Lumen Gentium : « Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort » (n°59).
L’étude des divers transitus n’en est pas moins très intéressante : ce sont de précieux témoignages de la piété populaire envers Marie et la source d’inspiration pour les artistes. Soyons donc reconnaissants à Simon Cl. MIMOUNI [2] et Sever J. VOICU [3] de nous donner une traduction annotée [4] de la famille grecque des transitus. Initiative d’autant plus appréciable qu’on ne trouve plusieurs passages de ces textes que dans des ouvrages très spécialisés.
 
La tradition grecque de la dormition et de l’Assomption de Marie
Ce recueil rassemble, en effet, une série de textes qui ont entre eux de nombreux points en commun :

 D’abord le « Discours de saint Jean le théologien sur la dormition de la sainte Mère de Dieu ». En fait, il s’agit d’un récit mis sous le patronage de saint Jean, de beaucoup le plus répandu dans les Églises d’Orient. Avec une annotation plus brève, on en trouve la traduction dans le tome Ier des Écrits apocryphes chrétiens (Paris, Éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1997, p. 165-188).
 Le transitus grec « R », édité par A. WENGER, sur la base d’un seul manuscrit, dans le livre L’Assomption de la T. S. Vierge dans la tradition byzantine du Vie au Xe siècle ; Études et documents (Paris, 1955), p. 210-240..
 Le Discours de Jean de Thessalonique (décédé en 630) sur la dormition, avec les diverses variantes attestant l’évolution des croyances sur le sort de Marie après sa mort et un Epitomé (= « résumé »), destiné à la lecture liturgique pour la fête de la dormition.
 L’homélie sur l’Assomption attribuée à Théoteknos de Livias (évêché de la vallée du Jourdain), connue par un seul manuscrit édité par A. WENGER qui la date d’avant la conquête musulmane.
Dans cette série, les seuls textes qui aient connu une large diffusion sont les Discours de Jean l’Évangéliste et de Jean de Thessalonique.

À la suite de ces auteurs, caractérisons les points communs à la tradition grecque de la dormition :
a. annonce de la dormition à Marie par un ange (d’ordinaire Gabriel) qui lui apporte une palme du paradis, en signe de victoire ;

b. réunion des apôtres qui, dispersés dans le monde, arrivent transportés par les nuées du ciel ;

c. départ de l’âme de Marie au ciel, à la suite d’une apparition de Jésus ;

d. outrage des juifs, notamment de Jéphonias qui veut faire obstacle au cortège funèbre : ses mains, d’abord collées au cercueil, sont guéries miraculeusement après sa profession de foi ;

e. déposition du corps de Marie au tombeau, situé dans la vallée du Cédron et transfert au ciel ;

f. visite du paradis par les apôtres.

Selon ce schéma narratif, un intérêt particulier est apporté à la destinée de l’âme et à celle du corps. Selon le Pseudo-Jean, le Christ, apparaissant à sa mère, lui déclare : « Voici que maintenant ton précieux corps, transféré, sera au paradis, pendant que ton âme sainte sera aux cieux dans les trésors de mon Père, dans une clarté supérieure, où sont la paix et la joie des anges saints et plus encore » (p. 39). Selon la représentation la plus ancienne, le corps de Marie est déposé au paradis, sous l’arbre de vie, pour garantir son incorruptibilité jusqu’au jour de la résurrection générale. L’examen des nombreuses variantes montre les incertitudes sur le moment où l’âme de Marie sera déposée dans son corps virginal, par une résurrection anticipée. Quelles que soient les représentations, nos textes s’accordent sur le fait que le corps de Marie n’est plus dans le tombeau et que Marie, en son âme, jouit du plus grand bonheur.
De précieux index facilitent la consultation de ce recueil qui n’a pas d’équivalent en français. Il n’intéressera pas seulement les spécialistes de la théologie mariale, mais tout autant les historiens de l’art et de la liturgie.
En Occident, l’apocryphe qui a connu la plus large diffusion (quarante-quatre manuscrits) est la traduction latine d’un texte attribué à Méliton de Sardes, disciple de saint Jean [5]. Selon Dom A. WILMART, c’est « la version quasi-officielle de l’Église latine depuis le VIe siècle ». Jacques de Voragine, dans sa célèbre Légende Dorée, s’en inspirera. On y retrouve, dans ses grandes lignes, le même schéma narratif que dans la tradition grecque : la palme du paradis est remise à Marie comme gage de victoire. Tous les apôtres sont convoqués, y compris Paul. Du point de vue théologique, c’est l’épisode final qui présente le plus grand intérêt, car il apporte une réponse aux questions en suspens [6]. Descendu du ciel pour rejoindre les apôtres groupés autour du tombeau de Marie, le Christ les consulte sur le sort à réserver à sa mère. « Seigneur, tu as choisi ta servante pour en faire ta résidence sans tache [immaculatum thalamum]… Il paraîtrait juste à tes serviteurs que, de même qu’ayant vaincu la mort, tu règnes dans la gloire, tu ressuscites le corps de Marie et tu la conduises pleine de joie dans le ciel » (Pseudo-Méliton XVI).
La formule « Il paraîtrait juste » rappelle la première décision des apôtres selon Ac 15, 24 s. Comme juges de la foi, ils expriment donc les arguments théologiques en faveur de l’Assomption : la virginité sans tache, l’union étroite de la Mère et du Fils. Acquiesçant, en quelque sorte, au jugement apostolique, le Christ fait enlever la dalle du tombeau par Michel et déclare à Marie en des termes qui s’inspirent du Cantique des cantiques : « Lève-toi, mon amie ; toi qui n’as pas connu de corruption par le contact de l’homme, tu ne souffriras pas la destruction du corps dans la sépulture » (Pseudo-Méliton XVII).
Le Christ prend congé de ses Apôtres de la même façon que sur la montagne de Galilée selon Mt 28, 20. Il leur promet son assistance perpétuelle, puis il associe sa Mère à la gloire de son ascension : « Ayant dit ces paroles, le Seigneur fut enlevé par une nuée et remonta au ciel, et les anges l’accompagnèrent portant la bienheureuse Marie, Mère de Dieu, au paradis de Dieu » (Pseudo-Méliton XVIII).
L’iconographie de la dormition de Marie s’inspire des traditions orientales. Pour l’Occident, l’influence du Pseudo-Méliton est prépondérante, comme l’a montré E. MÂLE [7]. À titre d’exemple, je citerai ce tympan de l’église Saint-Pierre-le-Puellier, à Bourges, étudiée par le grand historien de l’art, et plus récemment par le restaurateur, H. BOURSIER [8]. Selon E. MÂLE, il est antérieur au tympan de Senlis (1185). Malgré la mutilation subie sans doute au temps des guerres de religion, cinq scènes sont bien visibles, dont l’identification est assurée par une inscription latine. La première scène représente la remise de la palme du paradis par un ange, pour que Marie soit assurée que le prince des ténèbres n’aura aucun pouvoir sur elle. Malheureusement très mutilée, la seconde scène représente les apôtres groupés autour du lit funèbre de Marie. Selon Méliton, le Christ arrive soudain, escorté d’une multitude d’anges et dit à Marie : « Viens, perle très précieuse, entre dans le trésor de la vie éternelle. » La troisième scène correspond à l’attaque d’un grand-prêtre, nommé Jéphonias par le Pseudo-Jean (n° 46) : ses mains restent attachées au cercueil, jusqu’à ce qu’il obtienne la guérison par un acte de foi : « Je crois en Dieu et dans le Fils de Dieu, né de cette femme, et je crois à tout ce que Pierre, l’apôtre de Dieu, m’a dit » (Méliton, XIV, 2). Sur le registre du haut, la quatrième scène, représente deux apôtres tenant le linceul où repose le corps de Marie en vue de l’ensevelissement dans le tombeau. La dernière scène est expliquée par le texte suivant : « Le Fils fait monter la Mère auguste vers le Père. » C’est l’illustration de l’Assomption de Marie : deux anges soutiennent la mandorle lumineuse qui emporte Marie vers le ciel. Quant au thème du couronnement de Marie, il s’est popularisé en Occident à partir du XIIe siècle [9], sans doute sous l’influence du Ps 44/45, utilisé dans la liturgie mariale, mais il n’a pas de correspondant dans les transitus anciens.
Le regain d’intérêt pour l’histoire de l’art religieux nous invite à répertorier les sources d’inspiration des artistes et à rechercher la signification de ces scènes que l’on pourrait considérer comme de purs produits d’une imagination débridée. Un tri s’impose sans aucun doute ; une étude attentive doit pourtant montrer que, sous une forme narrative où surabonde le goût du merveilleux, se cachent de véritables intuitions religieuses en rapport avec les idées du temps. Si cet article, à l’occasion d’un compte-rendu, facilite la compréhension des représentations de la mort et de l’assomption de Marie dans nos églises, il aura atteint son but.

Recherche d’information

Je serais très reconnaissant aux lecteurs qui pourraient me fournir des informations sur les représentations anciennes de la dormition et de l’Assomption dans des églises moins connues que nos grandes cathédrales.

À adresser à : 3, rue Molière, BP 40, 18001 Bourges Cedex.
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[1] Dans les Septem libri miraculorum, au chapitre 4 du livre Ier  : In gloria martyrum (PL 71, c. 708).
[2] Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, S. Mimouni a publié une thèse très érudite sous le titre : Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris, Éd. Beauchesne, coll. « Théologie historique », n° 98, 1995. Voir ma recension critique dans Esprit et Vie n° 41-42 (17 octobre 1996), p. 554-558.
[3] Il est ingénieur de recherche à la Bibliothèque vaticane et enseigne à l’Institut Augustianum à Rome.
[4] La tradition grecque de la dormition et de l’Assomption de Marie, Textes introduits et annotés par Simon Cl. Minouni et Sever J. Voicu, Paris, Éd. du Cerf, coll. Sagesses chrétiennes », 2003. – (12,5×19,5), 244 p., 28 €.
[5] Traduction française dans F. Amiot, La Bible apocryphe. Évangiles apocryphes, Paris, Éd. du Cerf-Fayard, 1952, p. 112-124. Les manuscrits se partagent en deux groupes. Je traduis ici le texte court, le plus ancien, d’après la traduction de M. Erbetta, Gli apocrifi del Nuovo Testamento, I/2 (Turin, Éd. Marietti, 1982), p. 492-510.
[6] E. Cothenet, « Marie dans les Apocryphes », dans Maria, Paris, Éd. H. du Manoir, t. VI, p. 140 s.
[7] Voir aussi L. Réau, Iconographie de l’art chrétien. T. II, (P. U. F. 1957), p. 601- 626 Le cycle de la Dormition et de la glorification.
[8] E. MÂLE, L’art religieux du XIIe s. en France, figure 251, p. 435. – H. Boursier, « Histoire et iconographie du tympan roman de Saint-Pierre-Le-Pueillier », in Histoire de l’art n°32 (décembre 1995), p. 35-41.
[9] Selon E. Mâle, la première représentation du couronnement de Marie se trouve à la cathédrale de Senlis (L’art religieux du XIIe s. en France, p. 184). Voir aussi les p. 435-437). Pour le XIIIe s., du même auteur
: L’art religieux du XIIIe siècle en France, p. 246-259.

ST Bernard, 1er sermon pour l’assomption de la Vierge Marie

14 août, 2010

du site:

http://jeunes-anciennes-de-saintjoseph.over-blog.com/article-34899375-6.html

ST Bernard, 1er sermon pour l’assomption de la Vierge Marie

15 août, ASSOMPTION de la bienheureuse Vierge Marie

En montant aujourd’hui dans les cieux, la glorieuse Vierge a certainement porté à son comble la joie des citoyens du ciel. Car elle n’est, rien moins que celle dont l  a voix fit tressaillir de joie, dans-les entrailles d’une, mère. qu’elle a saluée, l’enfant qui. y était encore enfermé. Si l’âme d’un enfant qui n’était pas encore né, s’est fondue de bonheur é sa voix, quelle ne dut pas être l’allégresse des esprits célestes quand. ils eurent le bonheur d’entendre sa voix, de contempler son visage?
 Et même pour nous, mes frères bien-aimés, quelle fête n’est point le jour de son Assomption, quels motifs de joie et de bonheur n’y a-t-il point dans son assomption?
La présence de Marie éclaire le monde entier. C’est donc avec raison que les actions de grâce et les chants de gloire retentissent dans les cieux;  mais nous, mes frères, il semble que nous avons plus de motifs de gémir que d’applaudir.
En. effet, ce monde inférieur ne doit-il pas proportionner son deuil, quand elle le quitte, à l’allégresse même que sa présence répand dans les cieux?
 Pourtant, trêve de plaintes chez nous, car, après tout, nous. n’avons point ici une cité permanente,
 nous aspirons, à celle où Marie fait aujourd’hui son entrée; si nous devons un jour en être citoyens, il est juste que, même dans notre exil, nous l’ayons présente à la pensée, nous participions à ses joies, nous partagions son allégresse, surtout à celle qui remplit si bien aujourd’hui même, comme un torrent, cette cité de Dieu, que, même ici-bas, nous en recevons quelques gouttes qui tombent jusque sur la terre.
Notre Reine nous a précédés, et le glorieux accueil qui lui est fait doit nous engager à suivre Notre Dame, nous ses humbles serviteurs. Notre exil a envoyé en avant une avocate qui, en sa qualité de mère de notre Juge, de mère de la miséricorde, doit traiter en suppliante, mais en suppliante écoutée, l’affaire de notre salut.
Mais qui pourra se faire une juste idée de la gloire au sein de laquelle la reine du monde s’est avancée aujourd’hui, de l’empressement plein d’amour avec lequel toute la multitude des légions célestes s’est portée à sa rencontre; au milieu de quels cantiques de gloire elle a.été conduite à son trône, avec quel visage paisible, quel air serein, quels joyeux embrassements, elle a été accueillie par son Fils, élevée par lui au-dessus de toutes les créatures avec tout l’honneur dont une telle mère est digne, et avec toute la pompe et l’éclat qui conviennent à un tel Fils?
Mais laissons plutôt la place aux cantiques de louanges car ce jour doit être consacré tout entier à des chants de fête.

dimanche 15 août 2010: Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

14 août, 2010

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,assomption.de.la.vierge.marie,2877.html

Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

dimanche 15 août 2010

Famille de saint Joseph

Homélie-Messe  

« Le dernier ennemi détruit, c’est la mort » : ces paroles de Paul nous aident à comprendre le mystère que nous célébrons aujourd’hui. En Marie élevée au ciel, s’accomplit le dessein d’amour du Père sur toute humanité. En elle, le mystère de la Rédemption porte pleinement son fruit : préservée de tout péché par une grâce découlant de la Croix de son Fils, c’est encore de lui qu’elle reçoit la vie divine lui permettant de traverser la mort sans connaître la corruption. Exaltée à sa droite, intronisée Reine de la création visible et invisible, Marie vit désormais de la vie même de son Fils ressuscité.
Si depuis le péché des origines la mort est notre lot commun, nous croyons, en contemplant l’ascension de Jésus et l’assomption de Marie, qu’elle n’a pas le dernier mot. Car si tous nous mourrons en Adam à cette vie naturelle, « c’est dans le Christ que tous revivront » à la vie divine sur laquelle la mort n’a plus aucun pouvoir. A la lumière de l’Assomption, nous découvrons que la mort est désormais « le passage vers la vie à la rencontre de l’Amour. Elle est le passage vers la béatitude céleste réservée à ceux qui œuvrent pour la vérité et la justice et s’efforcent de suivre le Christ » (Jean-Paul II, 15.VIII.2001).
Le mystère que nous célébrons en ce jour nous vient de l’Orient : au VIe s. la fête de la « Dormition » y était déjà célébrée, et il revint à l’empereur Maurice (582-602) de la fixer définitivement le 15 août. Le terme « dormition » veut souligner la douceur du passage accompli par Marie de cette vie terrestre à la vie divine en Christ. Le pape Théodore (642-649) introduira cette solennité quelques années plus tard en Occident, où elle prendra le nom d’« Assomption ». Ce vocable veut signifier que Marie ne s’élève pas au ciel par ses propres forces, mais qu’elle y est élevée. En elle, s’accomplit la prophétie du Magnificat : « Dieu élève les humbles ». Ainsi les deux termes sont complémentaires et permettent de faire le lien entre la douceur et l’humilité de la Mère et celles de son Fils qui déclarait solennellement : « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos » (Mt 11, 29). C’est parce que Marie fut la première et la plus fidèle parmi les disciples, qu’elle a pleinement communié à la douceur et à l’humilité de l’Agneau, et qu’elle a dès lors pu trouver en lui le repos que Dieu réserve à ceux qui acceptent de « renaître d’eau et d’Esprit » (Jn 3, 5).
C’est pour cela que Marie nous est présentée au cœur de l’été, comme un signe réconfortant qui nourrit notre espérance. Exaltée en son Fils à la droite du Père, elle « a pour manteau le soleil, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles » (1ère lect.). Autrement dit : elle participe pleinement à la glorification de son Fils ressuscité – drapée du soleil – et à sa victoire sur tout mal – piétinant la lune. En elle s’accomplit pleinement « le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ » (Ibid.). En elle nous contemplons notre propre destinée, et nous relançons notre marche à travers les vicissitudes du temps présent, vers la Cité céleste, la Jérusalem d’en haut où Dieu nous attend pour « essuyer toute larme de nos yeux » (Ap 21, 4). Sur ce chemin, nous savons que le secours de Dieu ne nous fera pas défaut. De même que, avertie par l’Ange, « Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée » pour se mettre au service de sa cousine Élisabeth, ainsi Notre-Dame continue à venir vers nous qui sommes ses enfants, afin de nous « conduire au désert où Dieu nous a préparé une place », à l’abri des attaques du Dragon. Ce lieu n’est rien d’autre que son Cœur immaculé, tabernacle du Très-Haut, « Tente de la rencontre » sur laquelle repose la nuée (Ex 40, 34), où nous pouvons nous tenir en présence du Dieu vivant pour l’adorer.

« Seigneur, tandis que nous poursuivons notre pèlerinage en cette vallée de larmes, nous tendons l’oreille vers ta Parole de vérité qui nous révèle notre destinée glorieuse, telle qu’elle s’est déjà pleinement accomplie en Marie. Toi le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, tu t’es laissé séduire par la beauté de ta créature et tu veux nous introduire dans ta gloire. Tu nous revêts d’étoffes d’or, tu nous pares de tes propres mérites (cf. Ps 44). Oui tu “as aimé ton Eglise, tu t’es livré pour elle ; tu voulais te la présenter à toi-même, sainte, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; tu la voulais sainte et irréprochable” (Ep 5, 25-27). Pour tant de grâces nous te rendons grâce, car nous sommes sûrs qu’avec l’aide maternelle de la Vierge Marie, tu sauras nous conduire jusqu’en ta demeure, toi le Dieu fidèle qui accomplit toujours ses promesses. »
Père Joseph-Marie
 

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