A L’IMAGE DE DIEU – Homélie pour le Rassemblement International des Equipes Notre-Dame
25 février, 2010du site:
http://www.ens2000.org/files/Fitzgerald_FRA.PDF
A L’IMAGE DE DIEU
Homélie pour le Rassemblement International des Equipes Notre-Dame
(Saint-Jacques de Compostelle, 20 septembre 2000.)
À une époque où il y a tant de discussions au sujet du mariage et de la famille, du moins dans le monde occidental (car ce n’est pas une question qui se pose dans toutes les cultures), il est bon de méditer sur les textes fondamentaux qui ont été choisis pour cette messe d’aujourd’hui. Si nous regardons de plus près le texte de la Genèse, il semble que Dieu fait une petite pause, pour ainsi dire, avant de procéder à l’acte de la création. Jusque là, la parole de Dieu avait été suffisante: « Que la lumière soit, et la lumière fut…que la terre verdisse de verdure…et il en fut ainsi; que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce…et il en fut ainsi. » Mais dans le cas de l’être humain, Dieu formule son intention avant de la réaliser: »Faisons l’homme à image, comme notre ressemblance. » On ressent cette réflexion plus profonde, cette solennité plus grande, car l’être humain vient à l’apogée de la création. Il est bon de remarquer en passant que c’est la personne humaine qui est faite à l’image de Dieu et non Dieu à l’image de la personne humaine. Il existe toujours le danger de créer de fausses images de Dieu, de le ramener à notre niveau, de ne pas respecter suffisamment la transcendance divine. Malgré le haut rang accordé à l’humanité, la dépendance à l’égard de Dieu et de sa volonté divine aura toujours une importance primordiale. À noter aussi que le milieu de vie est crée en premier lieu, et que l’être humain, à qui en est accordé la maîtrise, n’arrive qu’après. La raison de cette maîtrise est le don de l’intellect et de la volonté, qui font que l’homme ressemble à Dieu. Cependant cette domination se doit d’être exercée en accord avec la volonté de Dieu, et donc en accord avec la nature des créatures de Dieu. Les êtres humains ne sont pas entièrement autonomes; ils n’ont pas la liberté de faire exactement ce qu’ils veulent.
Finalement, il y a dans le texte les indices d’une certaine pluralité. Dieu dit: « Faisons l’homme à notre image ». Certains commentateurs ont interprété cela comme référence à la cour divine, à Dieu et aux anges. D’autres y ont vu le reflet de la richesse de la vie intérieure de Dieu. Les pères de l’église découvrirent là une suggestion de la nature trinitaire de Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans une communion d’amour. Mais il y a aussi pluralité du côté de l’humanité: » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa ». Il semble qu’ un seul sexe ne serait pas suffisant pour refléter l’image de Dieu. Les deux sont nécessaires. La nature humaine est essentiellement relationnelle, ainsi qu’elle l’est avec dieu; la relation entre homme et femme est absolument fondamentale. Le texte de la genèse se poursuit: « Dieu les bénit et leur dit: soyez féconds, multipliez ». Ils doivent, en quelque sorte, compléter la création de Dieu, se joindre à Dieu dans la procréation. L’homme et la femme sont tous les deux impliqués, à titre égal. Ils se voient confiés une mission unie. Il n’y a pas de domination de l’homme sur la femme. Une telle domination ne viendra qu’en résultat du péché. Car après la chute, Dieu dira à la femme: » Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. Ce qui nous amène à la lecture des Evangiles. La question posée à Jésus est un exemple de
domination masculine. Un homme peut-il répudier sa femme pour n’importe qu’elle raison? Le droit de répudier est considéré comme acquis; seuls les motifs sont questionnés. La réponse de Jésus invite à un retour en arrière, un retour aux intentions originelles de Dieu comme elles le sont exprimées dans le livre de la Genèse où, comme nous l’avons vu, sont mises en évidence l’unité et l’égalité. Jésus invite ses interpellateurs à retourner à l’idéal originel. Il semblerait y avoir deux conditions pour pouvoir vivre cet idéal. Premièrement, à un niveau humain, une certaine autonomie est nécessaire. L’homme quittera père et mère pour se joindre à sa femme. Il doit y avoir cette séparation avec la famille d’origine afin de créer une nouvelle cellule sociale. Nous savons par expérience que quand cette séparation n’est pas effectuée le mariage a de faibles chances de survie. Cela ne veut bien sûr pas dire que les parents doivent être négligés, mais plutôt qu’une nouvelle relation se développe et que de
nouvelles priorités prennent forme. La deuxième condition requise pour réaliser l’idéal de l’unité dans l’égalité est la bénédiction divine. En d’autres termes, il est nécessaire que l’union soit vécue en accord avec la volonté de Dieu. Ceci comprend bien entendu une ouverture à la vie, un désir de fécondité. Si cet espoir est réalisé, à travers le don des enfants- le mot « don » étant utilisé après mûre réflexion, car avoir des enfants n’est sûrement pas un droit-alors le lien entre mari et femme est normalement consolidé alors qu’ils entament ensemble leur rôle parental. Nous savons que cet idéal du mariage en accord avec la volonté divine, tel que nous le confirme Jésus dans les Evangiles, n’est pas facile à assumer. La force du sacrement de mariage est offerte à ceux qui ont été baptisés dans le Christ, mais le péché s’infiltre quand même avec son poison destructeur, en créant parfois entre les partenaires des difficultés qui paraissent insurmontables. Donc, le mariage, bien que conçu pour être une source de
profonde satisfaction et de joie, ce qui est souvent le cas, peut aussi impliquer une lutte difficile pour garder sa promesse. Comment le mouvement de END peut-il aider à vivre cet idéal du mariage? Je suggèrerais deux choses. La méthode inclut en effet une insistance sur l’autonomie, ou l’acceptation d’une certaine solitude. C’est un encouragement à prier ensemble en tant que couple, mais en insistant aussi sur la prière personnelle de chaque partenaire. C’est seul en face de Dieu, et dans l’acceptation de soi qui en découle, qu’un être s’ouvre à l’acceptation de l’autre. Cela mène en effet à une reconnaissance des différences, un sens de complémentarité mutuelle. Ceci rend la prière commune, celle du couple, beaucoup plus riche car chacun apporte sa contribution. Il y a aussi le devoir, ou le plaisir, de s’asseoir ensemble. Il rehausse aussi l’autonomie du couple, puisqu’ il renforce le lien qui les unit. Et c’est encore une occasion de vérifier que l’on accepte la bénédiction de Dieu. Le temps passé dans ce partage est une opportunité de discerner où se trouve la volonté de Dieu, non seulement de façon générale ou abstraite, mais dans les détails de la vie de tous les jours. C’est aussi une façon de vérifier si ce qui est reconnu comme étant volonté de Dieu est effectivement mis en application. Ce partage implique naturellement une prière pour le pardon des défauts, et une prière pour la force, pour l’ouverture à l’amour de Dieu qui nous est déversé à travers le don de l’Esprit. Crées à l’image de Dieu, l’homme et la femme sont appelés à grandir ensemble pour se rapprocher de Dieu. C’est un processus continuel. Puisqu’il s’agit là de la volonté de Dieu, l’aide de Dieu est assurée. Que cette eucharistie, que nous célébrons pour rendre grâce à Dieu pour la grandeur du mariage, soit pour vous tous une source de force .
Michael L. Fitzgerald, M. Afr.