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PAPE FRANÇOIS : MESSE DE CLÔTURE DU SYNODE EXTRAORDINAIRE SUR LA FAMILLE ET BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI

20 octobre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20141019_omelia-chiusura-sinodo-beatificazione-paolo-vi.html

MESSE DE CLÔTURE DU SYNODE EXTRAORDINAIRE SUR LA FAMILLE ET
BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Dimanche 19 octobre 2014

Nous venons d’entendre une des phrases les plus célèbres de tout l’Évangile : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).
À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours.
L’accent de Jésus retombe sûrement sur la seconde partie de la phrase : « Et (rendez) à Dieu ce qui est à Dieu”. Cela signifie reconnaître et professer – face à n’importe quel type de pouvoir – que seul Dieu est le Seigneur de l’homme, et qu’il n’y en a pas d’autre. C’est la nouveauté éternelle à découvrir chaque jour, en vainquant la peur que nous éprouvons souvent devant les surprises de Dieu.
Lui n’a pas peur de la nouveauté ! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus. Il nous renouvelle, c’est-à-dire qu’il nous fait “nouveaux”, continuellement. Un chrétien qui vit l’Évangile est “la nouveauté de Dieu” dans l’Église et dans le monde. Et Dieu aime beaucoup cette “nouveauté” !
« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu », signifie s’ouvrir à sa volonté, lui consacrer notre vie et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.
Là se trouve notre force véritable, le ferment qui la fait lever et le sel qui donne saveur à chaque effort humain contre le pessimisme dominant que nous propose le monde. Là se trouve notre espérance parce que l’espérance en Dieu n’est donc pas une fuite de la réalité, elle n’est pas un alibi : c’est rendre à Dieu d’une manière active ce qui lui appartient. C’est pour cela que le chrétien regarde la réalité future, celle de Dieu, pour vivre pleinement la vie – les pieds bien plantés sur la terre – et répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis.
Nous l’avons vu ces jours-ci durant le Synode extraordinaire des Évêques – “Synode” signifie « marcher ensemble ». Et en effet, pasteurs et laïcs de chaque partie du monde ont apporté ici à Rome la voix de leurs Églises particulières pour aider les familles d’aujourd’hui à marcher sur la route de l’Évangile, le regard fixé sur Jésus. Ce fut une grande expérience dans laquelle nous avons vécu la synodalité et la collégialité, et nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Église appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.
Pour le don de ce Synode et pour l’esprit constructif offert par tous, avec l’apôtre Paul : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières » (1 Th 1, 2). Et que l’Esprit Saint qui, en ces jours laborieux nous a donné de travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité, accompagne encore la marche qui, dans les Églises de toute la terre, nous prépare au prochain Synode Ordinaire des Évêques d’octobre 2015. Nous avons semé et nous continuerons à semer avec patience et persévérance, dans la certitude que c’est le Seigneur qui fait croître tout ce que nous avons semé (cf. 1 Co 3, 6).
En ce jour de la béatification du Pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des Évêques : « En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes … aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société » (Lett. ap. Motu proprio Apostolica sollicitudo).
À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !
Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du Bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.
Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à « l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ » (Homélie pour le rite du couronnement, Documentation catholique n. 1404 [1963], col. 932), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit « en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut » (Lett. ap. Ecclesiam Suam, Prologue).

PAPE BENOÎT XVI À L’OUVERTURE DU CONGRÈS ECCLÉSIAL DIOCÉSAIN… (SUR LA FAMILLE)

6 octobre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2005/june/documents/hf_ben-xvi_spe_20050606_convegno-famiglia_fr.html

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI À L’OUVERTURE DU CONGRÈS ECCLÉSIAL DIOCÉSAIN
DANS LA BASILIQUE SAINT-JEAN-DE-LATRAN

Basilique Saint-Jean-de-Latran

Lundi 6 juin 2005

Chers frères et soeurs,

J’ai accueilli bien volontiers l’invitation à inaugurer par une réflexion notre Congrès diocésain, avant tout parce que cela me permet de vous rencontrer et d’avoir un contact direct avec vous, mais également parce que je peux vous aider à approfondir le sens et le but du chemin pastoral que l’Eglise de Rome parcourt actuellement.
Je salue avec affection chacun de vous, Evêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses et en particulier vous, laïcs et familles qui assumez de façon consciente ces devoirs d’engagement et de témoignage chrétien qui trouvent leur racine dans le sacrement du baptême et, pour ceux qui sont mariés, dans celui du mariage. Je remercie de tout coeur le Cardinal-Vicaire et les époux Luca et Adriana Pasquale pour les paroles qu’ils m’ont adressées au nom de tous.
Ce Congrès, ainsi que l’année pastorale dont il fournira les lignes directrices, constituent une nouvelle étape du parcours que l’Eglise de Rome a commencé, sur la base du Synode diocésain, avec la Mission dans la Ville voulue par notre bien-aimé Pape Jean-Paul II, en préparation au grand Jubilé de l’An 2000. Dans cette mission, toutes les réalités de notre diocèse, – paroisses, communautés religieuses, associations et mouvements – se sont mobilisées, non seulement pour une mission auprès du peuple de Rome, mais pour être elles-mêmes un « peuple de Dieu en mission », en mettant en pratique l’heureuse expression de Jean-Paul II, « paroisse, cherche-toi, et trouve-toi hors de toi-même »: c’est-à-dire dans les lieux où vivent les personnes. Ainsi, au cours de cette mission dans la Ville, plusieurs milliers de chrétiens de Rome, en grande partie des laïcs, sont devenus missionnaires et ont apporté la parole de la foi d’abord dans les familles des divers quartiers de la ville, puis dans les divers lieux de travail, dans les hôpitaux, dans les écoles et dans les Universités, dans les milieux de la culture et du temps libre.
Après l’Année Sainte, mon bien-aimé prédécesseur vous a demandé de ne pas interrompre ce chemin et de ne pas disperser les énergies apostoliques suscitées et les fruits de grâce recueillis. C’est pourquoi, depuis 2001, l’objectif pastoral fondamental du diocèse a été de donner une forme permanente à la mission, en conférant un sens missionnaire plus fort à la vie et aux activités de la paroisse et de toute autre activité ecclésiale. Je voudrais vous dire avant tout que j’entends confirmer pleinement ce choix: en effet, celui-ci se révèle toujours plus nécessaire et sans alternative, dans un cadre socio-culturel où sont à l’oeuvre de multiples forces qui tendent à nous éloigner de la foi et de la vie chrétienne.
Depuis désormais deux ans, l’engagement missionnaire de l’Eglise de Rome s’est consacré surtout sur la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale est aujourd’hui confrontée à de multiples difficultés et menaces et a donc particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue de façon concrète, mais également parce que les familles chrétiennes constituent une ressource décisive pour l’éducation à la foi, l’édification de l’Eglise comme communion et sa capacité de présence missionnaire dans les situations de vie les plus diverses, ainsi que pour apporter un ferment chrétien à la culture diffuse et aux structures sociales. Nous poursuivrons également ces orientations au cours de la prochaine année pastorale, c’est pourquoi le thème de notre Congrès est: « Famille et communauté chrétienne: formation de la personne et transmission de la foi ».
Le présupposé dont il faut partir, pour pouvoir comprendre la mission de la famille dans la communauté chrétienne et ses devoirs de formation de la personne et de transmission de la foi, demeure toujours celui de la signification que le mariage et la famille revêtent dans le dessein de Dieu, créateur et sauveur. Cela constituera donc le coeur de ma réflexion de ce soir, en me référant à l’enseignement de l’Exhortation apostolique Familiaris consortio (Deuxième partie, nn. 12-16).

Le fondement anthropologique de la famille
Mariage et famille ne sont pas en réalité une construction sociologique due au hasard, et fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l’homme et la femme plonge ses racines dans l’essence la plus profonde de l’être humain et ne peut trouver sa réponse qu’à partir de là. C’est-à-dire qu’elle ne peut être séparée de la question ancienne et toujours nouvelle de l’homme sur lui-même: qui suis-je? Qu’est-ce que l’homme? Et cette question, à son tour, ne peut être séparée de l’interrogation sur Dieu: Dieu existe-t-il? Et qui est Dieu? Quel est son visage véritable? La réponse de la Bible à ces deux questions les unit et en fait une conséquence l’une de l’autre: l’homme est créé à l’image de Dieu, et Dieu lui-même est amour. C’est pourquoi la vocation à l’amour est ce qui fait de l’homme l’authentique image de Dieu: il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu’un qui aime.
De ce lien fondamental entre Dieu et l’homme en découle un autre: le lien indissoluble entre esprit et corps. L’homme est en effet une âme qui s’exprime dans le corps et un corps qui est vivifié par un esprit immortel. Le corps de l’homme et de la femme revêt donc également, pour ainsi dire, un caractère théologique, ce n’est pas uniquement un corps, et ce qui est biologique chez l’homme n’est pas seulement biologique, mais est l’expression et la réalisation de notre humanité. De même, la sexualité humaine n’est pas séparée de notre nature de personne, mais lui appartient. Ce n’est que lorsque la sexualité est intégrée dans la personne qu’elle réussit à acquérir un sens.
Ainsi, des deux liens, celui de l’homme avec Dieu et, dans l’homme, celui du corps avec l’esprit, en découle un troisième: celui entre personne et institution. La totalité de l’homme inclut en effet la dimension du temps, et le « oui » de l’homme est un dépassement du moment présent: dans son intégrité, le « oui » signifie « toujours », et constitue l’espace de la fidélité. Ce n’est qu’au sein de celui-ci que peut croître la foi qui donne un avenir et qui permet que les enfants, fruits de l’amour, croient en l’homme et en son avenir en des temps difficiles. La liberté du « oui » se révèle donc comme une liberté capable d’assumer ce qui est définitif: la plus grande expression de la liberté n’est alors pas la recherche du plaisir, sans jamais parvenir à une véritable décision. En apparence, cette ouverture permanente semble être la réalisation de la liberté, mais ce n’est pas vrai: la véritable expression de la liberté est la capacité à se décider pour un don définitif, dans lequel la liberté, en se donnant, se retrouve pleinement elle-même.
De façon concrète, le « oui » personnel et réciproque de l’homme et de la femme ouvre les portes à l’avenir, à l’authentique humanité de chacun, et, dans le même temps, est destiné au don d’une nouvelle vie. C’est pourquoi ce « oui » personnel ne peut être qu’un « oui » publiquement responsable, à travers lequel les conjoints assument la responsabilité publique de la fidélité qui garantit également l’avenir de la communauté. En effet, aucun de nous n’appartient exclusivement à soi-même: c’est pourquoi chacun est appelé à assumer au plus profond de soi sa responsabilité publique. Le mariage comme institution n’est donc pas une ingérence indue de la société ou de l’autorité, l’imposition d’une forme extérieure dans la réalité la plus privée de la vie; il s’agit au contraire d’une exigence intrinsèque du pacte de l’amour conjugal et de la profondeur de la personne humaine.
Les diverses formes actuelles de dissolution du mariage, comme les unions libres et le « mariage à l’essai », jusqu’au pseudo-mariage entre personnes du même sexe, sont au contraire l’expression d’une liberté anarchique, qui se fait passer à tort pour une libération de l’homme. Une telle pseudo-liberté repose sur une banalisation du corps, qui inclut inévitablement la banalisation de l’homme. Son présupposé est que l’homme peut faire ce qu’il veut de lui-même: son corps devient ainsi une chose secondaire, manipulable du point de vue humain, qui peut être utilisé comme bon lui semble. Le libertinage, qui se fait passer pour la découverte du corps et de sa valeur, est en réalité un dualisme qui rend le corps méprisable, le plaçant pour ainsi dire en dehors de l’être authentique et de la dignité de la personne.

Mariage et famille dans l’histoire du salut
La vérité du mariage et de la famille, qui plonge ses racines dans la vérité de l’homme, a trouvé sa réalisation dans l’histoire du salut, qui a en son centre la parole: « Dieu aime son peuple ». La révélation biblique, en effet, est avant tout l’expression d’une histoire d’amour, l’histoire de l’Alliance de Dieu avec les hommes: c’est pourquoi l’histoire de l’amour et de l’union d’un homme et d’une femme dans l’alliance du mariage a pu être assumée par Dieu comme symbole de l’histoire du salut. Le caractère inexprimable, le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes, reçoit sa forme linguistique dans le vocabulaire du mariage et de la famille, dans le sens positif et négatif: le rapprochement de Dieu à l’égard de son peuple est en effet présenté à travers le langage de l’amour sponsal, tandis que l’infidélité d’Israël, son idolâtrie, est désignée comme un adultère et une forme de prostitution.
Dans le Nouveau Testament, Dieu radicalise son amour jusqu’à devenir Lui-même, dans son Fils, chair de notre chair, vrai homme. De cette façon, l’union de Dieu avec l’homme a assumé sa forme suprême, irréversible et définitive. Et ainsi est tracée pour l’amour humain également, sa forme définitive, ce « oui » réciproque qui ne peut être révoqué: cette forme n’aliène pas l’homme, mais le libère des aliénations de l’histoire pour le ramener à la vérité de la création. Le caractère sacramentel que le mariage revêt dans le Christ signifie donc que le don de la création a été élevé au niveau de la grâce de la rédemption. La grâce du Christ ne vient pas s’ajouter de l’extérieur à la nature de l’homme, elle ne lui fait pas violence, mais la libère et la restaure, précisément en l’élevant au-delà de ses propres limites. Et, de même que l’incarnation du Fils de Dieu révèle sa véritable signification dans la croix, ainsi, l’authentique amour humain est don de soi, il ne peut exister s’il veut se soustraire à la croix.
Chers frères et soeurs, ce lien profond entre Dieu et l’homme, entre l’amour de Dieu et l’amour humain, trouve une confirmation également dans certaines tendances et développements négatifs, dont nous ressentons le poids. L’avilissement de l’amour humain, la suppression de l’authentique capacité d’aimer se révèle en effet, à notre époque, l’arme la plus adaptée et la plus efficace pour chasser Dieu de l’homme, pour éloigner Dieu du regard et du coeur de l’homme. De façon analogue, la volonté de « libérer » la nature de Dieu conduit à perdre de vue la réalité même de la nature, y compris la nature de l’homme, en la réduisant à un ensemble de fonctions dont on peut disposer à souhait pour édifier un monde supposé meilleur et une humanité supposée plus heureuse; au contraire, on détruit le dessein du Créateur et, ainsi, la vérité de notre nature.

Les enfants
En ce qui concerne la procréation des enfants, le mariage reflète également son modèle divin, l’amour de Dieu pour l’homme. Chez l’homme et chez la femme la paternité et la maternité, comme le corps et comme l’amour, ne se laissent pas cerner par la biologie: la vie n’est donnée entièrement que lorsqu’à la naissance sont également donnés l’amour et le sens qui permettent de dire oui à cette vie. C’est précisément de ce fait qu’apparaît tout à fait clairement combien il est contraire à l’amour humain, à la vocation profonde de l’homme et de la femme, de fermer systématiquement sa propre union au don de la vie, et encore plus de supprimer ou de manipuler la vie qui naît.
Cependant, aucun homme et aucune femme ne peuvent à eux seuls et uniquement avec leurs propres forces donner aux enfants de manière adaptée l’amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu’un « ta vie est bonne, bien que je ne connaisse pas ton avenir », une autorité et une crédibilité supérieures à celles que l’individu peut se donner tout seul sont nécessaires. Le chrétien sait que cette autorité est conférée à cette famille plus vaste, que Dieu, à travers son Fils Jésus Christ et le don de l’Esprit Saint, a créée dans l’histoire des hommes, c’est-à-dire à l’Eglise. Il reconnaît ici à l’oeuvre cet amour éternel et indestructible qui assure à la vie de chacun de nous son sens permanent, même si nous ne connaissons pas l’avenir. C’est pour cette raison que l’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Eglise, qui la soutient et la conduit avec elle et qui garantit qu’elle a un sens et qu’à l’avenir également le « oui » du Créateur sera présent sur elle. Et, réciproquement, l’Eglise est édifiée par les familles, « petites Eglises domestiques », comme les a appelées le Concile Vatican II (Lumen gentium, n. 11; Apostolicam actuositatem, n. 11), en redécouvrant une antique expression patristique (Saint Jean Chrysostome, In Genesim serm. VI, 2; VII, 1). Dans la même optique, Familiaris consortio affirme que « le mariage chrétien… constitue le lieu naturel où s’accomplit l’insertion de la personne humaine dans la grande famille de l’Eglise » (n. 15).

La famille et l’Eglise
Une conséquence évidente découle de tout cela: la famille et l’Eglise, de manière concrète les paroisses et les autres formes de communautés ecclésiales, sont appelées à la plus étroite collaboration pour la tâche fondamentale que constituent, de manière indissociable, la formation de la personne et la transmission de la foi. Nous savons bien que pour une oeuvre d’éducation authentique il ne suffit pas d’avoir une théorie juste ou une doctrine à transmettre. Il y a besoin de quelque chose de beaucoup plus grand et humain, de la proximité, quotidiennement vécue, qui est propre à l’amour et qui trouve son milieu le plus propice avant tout dans la communauté familiale, mais ensuite également dans une paroisse, ou un mouvement ou une association ecclésiale, où se rencontrent des personnes qui prennent soin de leurs frères, en particulier des enfants et des jeunes, mais également des adultes, des personnes âgées, des malades, des familles elles-mêmes car elles les aiment dans le Christ. Le grand Patron des éducateurs, saint Jean Bosco, rappelait à ses fils spirituels, que l’ »éducation est une chose du coeur et que Dieu seul en est le patron » (Epistolario, 4, 209).
Au centre de l’oeuvre éducative, et en particulier dans l’éducation à la foi, qui est le sommet de la formation de la personne et son horizon le plus adapté, se trouve de manière concrète la figure du témoin: il devient un point de référence précisément dans la mesure où il sait rendre raison de l’espérance qui soutient sa vie (cf. 1 P 3, 15), il est personnellement concerné par la vérité qu’il propose. D’autre part, le témoin ne renvoie jamais à lui-même mais à quelque chose, ou mieux, à Quelqu’un plus grand que lui, qu’il a rencontré et dont il a éprouvé la bonté à laquelle on peut faire confiance. Ainsi, chaque éducateur et témoin trouve son modèle indépassable en Jésus Christ, le grand témoin du Père, qui ne disait rien de lui-même, mais qui parlait comme le Père le lui avait enseigné (cf. Jn 8, 28).
Tel est le motif pour lequel à la base de la formation de la personne chrétienne et de la transmission de la foi se trouve nécessairement la prière, l’amitié personnelle avec le Christ et la contemplation en Lui du visage du Père. Cela vaut évidemment pour tout notre engagement missionnaire, en particulier pour la pastorale de la famille: que la Famille de Nazareth soit donc pour nos familles et pour nos communautés l’objet d’une prière constante et confiante, ainsi qu’un modèle de vie.
Chers frères et soeurs, et en particulier vous, chers prêtres, je connais la générosité et le dévouement avec lesquels vous servez le Seigneur et l’Eglise. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, en lien étroit avec les sacrements de l’initiation chrétienne, ainsi que pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles sur leur chemin souvent difficile, en particulier dans la grande tâche de l’éducation des enfants, est la route fondamentale pour régénérer toujours à nouveau l’Eglise et également pour vivifier le tissu social de notre bien-aimée ville de Rome.

La menace du relativisme
Continuez donc, sans vous laisser décourager par les difficultés que vous rencontrez. Le rapport éducatif est de par sa nature quelque chose de délicat: il met en effet en jeu la liberté de l’autre qui, pour autant que ce soit avec douceur, est cependant toujours invitée à prendre une décision. Ni les parents, ni les prêtres ou les catéchistes, ni les autres éducateurs ne peuvent se substituer à la liberté de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune auquel ils s’adressent. Et la proposition chrétienne interpelle de manière particulièrement profonde la liberté, l’appelant à la foi et à la conversion. Aujourd’hui, un obstacle extrêmement menaçant pour l’oeuvre d’éducation est constitué par la présence massive, dans notre société et notre culture, de ce relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, ne laisse comme ultime mesure que son propre moi avec ses désirs, et sous l’apparence de la liberté devient une prison pour chacun, séparant l’un de l’autre et réduisant chacun à se retrouver enfermé dans son propre « Moi ». Dans un tel horizon relativiste une véritable éducation n’est donc pas possible: en effet, sans la lumière de la vérité toute personne est condamnée, à un moment ou à un autre, à douter de la bonté de sa vie même et des relations qui la constituent, de la valeur de son engagement pour construire quelque chose en commun avec les autres.
Il est donc clair que nous devons non seulement chercher à surmonter le relativisme dans notre travail de formation des personnes, mais que nous sommes également appelés à nous opposer à sa domination destructrice dans la société et dans la culture. A côté de la parole de l’Eglise, le témoignage et l’engagement public des familles chrétiennes sont donc très importants, en particulier pour réaffirmer le caractère intangible de la vie humaine de sa conception jusqu’à son terme naturel, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives et administratives qui soutiennent les familles dans leur tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants, une tâche essentielle pour notre avenir commun. Je vous remercie cordialement également pour cet engagement.

Sacerdoce et vie consacrée
Un dernier message que je voudrais vous confier concerne le soin pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée: nous savons tous combien l’Eglise en a besoin! Pour que ces vocations naissent et parviennent à maturation, pour que les personnes appelées restent toujours dignes de leur vocation, la prière tout d’abord est décisive, une prière qui ne doit jamais manquer dans chaque famille et communauté chrétienne. Mais le témoignage de vie des prêtres, des religieux et des religieuses, la joie qu’ils expriment pour avoir été appelés par le Seigneur sont également fondamentaux. L’exemple que les enfants reçoivent au sein de leur propre famille et la conviction des familles elles-mêmes que, pour elles aussi, la vocation de leurs enfants est un grand don du Seigneur sont également essentiels. Le choix de la virginité par amour de Dieu et des frères, qui est demandé pour le sacerdoce et la vie consacrée, accompagne en effet la valorisation du mariage chrétien: l’un et l’autre, de deux manières différentes et complémentaires, rendent d’une certaine façon visible le mystère de l’alliance entre Dieu et son peuple.
Chers frères et soeurs, je vous confie ces réflexions comme contribution à votre travail au cours des soirées du Congrès et, ensuite, pendant la prochaine année pastorale. Je demande au Seigneur de vous donner du courage et de l’enthousiasme, afin que notre Eglise de Rome, chaque paroisse, chaque communauté religieuse, association ou mouvement participe plus intensément à la joie et aux efforts de la mission et, ainsi, que chaque famille et toute la communauté chrétienne redécouvre dans l’amour du Seigneur la clef qui ouvre la porte des coeurs et qui rend possible une véritable éducation à la foi et à une formation des personnes. Que mon affection et ma Bénédiction vous accompagnent aujourd’hui et à l’avenir.

 

PAPE BENOÎT XVI – VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES (1-3 JUIN 2012)

3 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120603_milano_fr.html

VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES (1-3 JUIN 2012)

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE

HOMÉLIE DU http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120603_milano_fr.htmlI

Parc de Bresso, Dimanche 3 juin 2012

Vénérés frères,
Éminentes autorités,
Chers frères et sœurs,

C’est un moment fort de joie et de communion que nous vivons ce matin, en célébrant le sacrifice eucharistique ; une grande assemblée, réunie avec le Successeur de Pierre, constituée de fidèles provenant de nombreuses nations. Elle offre une image expressive de l’Église, une et universelle, fondée par le Christ et fruit de cette mission, que Jésus, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, a confiée à ses apôtres : aller et faire de tous les peuples des disciples, « les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 18-19). Je salue avec affection et reconnaissance le Cardinal Angelo Scola, Archevêque de Milan, et le Cardinal Ennio Antonelli, Président du Conseil pontifical pour la Famille, principaux artisans de cette VIIe Rencontre mondiale des Familles, ainsi que leurs collaborateurs, les Évêques auxiliaires de Milan et tous les autres Prélats. Je suis heureux de saluer toutes les autorités présentes. Et aujourd’hui, toute mon affection va surtout à vous, chères familles ! Merci de votre participation !
Dans la deuxième lecture, l’apôtre Paul nous a rappelé qu’au baptême nous avons reçu l’Esprit Saint, qui nous unit au Christ en tant que frères et nous met en relation avec le Père en tant qu’enfants, de sorte que nous pouvons crier : « Abbà Père ! » (cf. Rm 8, 15.17). En cet instant, il nous a été donné un germe de vie nouvelle, divine, pour le faire grandir jusqu’à son accomplissement définitif dans la gloire céleste ; nous sommes devenus membres de l’Église, la famille de Dieu, « sacrarium Trinitatis » – ainsi la définit saint Ambroise -, « peuple qui – comme l’enseigne le Concile Vatican II – tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (Const. Lumen gentium, 4). La solennité liturgique de la Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, nous invite à contempler ce mystère, mais elle nous pousse aussi à nous engager à vivre la communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion trinitaire. Nous sommes appelés à accueillir et à transmettre d’un commun accord les vérités de la foi ; à vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon, en valorisant les différents charismes sous la conduite des pasteurs. En un mot, nous est confiée la tâche d’édifier des communautés ecclésiales qui soient toujours plus famille, capables de refléter la beauté de la Trinité et d’évangéliser non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu.
Ce n’est pas seulement l’Église qui est appelée à être image du Dieu unique en trois personnes, mais aussi la famille, fondée sur le mariage entre l’homme et la femme. Au commencement, en effet, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, et multipliez-vous » » (Gn 1, 27-28). Dieu a créé l’être humain mâle et femelle, avec une même dignité, mais aussi avec des caractéristiques propres et complémentaires, pour que les deux soient un don l’un pour l’autre, se mettent en valeur réciproquement et réalisent une communauté d’amour et de vie. L’amour est ce qui fait de la personne humaine l’image authentique de la Trinité, image de Dieu. Chers époux, en vivant le mariage, vous ne vous donnez pas quelque chose ou quelque activité, mais la vie entière. Et votre amour est fécond avant tout pour vous-mêmes, parce que vous désirez et vous réalisez le bien l’un de l’autre, expérimentant la joie de recevoir et de donner. Il est aussi fécond dans la procréation, généreuse et responsable, des enfants, dans l’attention prévenante pour eux et dans leur éducation attentive et sage. Il est fécond enfin pour la société, car votre vécu familial est la première et irremplaçable école des vertus sociales telles que le respect des personnes, la gratuité, la confiance, la responsabilité, la solidarité, la coopération. Chers époux, prenez soin de vos enfants et, dans un monde dominé par la technique, transmettez-leur, avec sérénité et confiance, les raisons de vivre, la force de la foi, en leur proposant des objectifs élevés et en les soutenant dans leur fragilité. Mais vous aussi les enfants, sachez maintenir sans cesse une relation de profonde affection et d’attention prévenante à l’égard de vos parents, et que les relations entre frères et sœurs soient aussi des occasions de grandir dans l’amour.
Le projet de Dieu sur le couple humain trouve sa plénitude en Jésus-Christ qui a élevé le mariage au rang de sacrement. Chers époux, par un don spécial de l’Esprit Saint, le Christ vous fait participer à son amour sponsal, en faisant de vous le signe de son amour pour l’Église : un amour fidèle et total. Si vous savez accueillir ce don, en renouvelant chaque jour, avec foi, votre « oui », avec la force qui vient de la grâce du Sacrement, votre famille aussi vivra de l’amour de Dieu, sur le modèle de la Sainte Famille de Nazareth. Chères familles, demandez souvent, dans la prière, l’aide de la Vierge Marie et de saint Joseph, pour qu’ils vous apprennent à accueillir l’amour de Dieu comme ils l’ont accueilli. Votre vocation n’est pas facile à vivre, spécialement aujourd’hui, mais celle de l’amour est une réalité merveilleuse, elle est l’unique force qui peut vraiment transformer le cosmos, le monde. Devant vous vous avez le témoignage de nombreuses familles qui vous indiquent les voies pour grandir dans l’amour : maintenir une relation constante avec Dieu et participer à la vie ecclésiale, entretenir le dialogue, respecter le point de vue de l’autre, être prêts à servir, être patients avec les défauts des autres, savoir pardonner et demander pardon, surmonter avec intelligence et humilité les conflits éventuels, s’accorder sur les orientations éducatives, être ouverts aux autres familles, attentifs aux pauvres, responsables dans la société civile. Ce sont tous des éléments qui construisent la famille. Vivez-les avec courage, certains que, dans la mesure où avec le soutien de la grâce divine, vous vivrez l’amour réciproque et envers tous, vous deviendrez un Évangile vivant, une véritable Église domestique (cf. Exhort. apost. Familiaris consortio, 49). Je voudrais aussi réserver un mot aux fidèles qui, tout en partageant les enseignements de l’Église sur la famille, sont marqués par des expériences douloureuses d’échec et de séparation. Sachez que le Pape et l’Église vous soutiennent dans votre peine. Je vous encourage à rester unis à vos communautés, tout en souhaitant que les diocèses prennent des initiatives d’accueil et de proximité adéquates.
Dans le livre de la Genèse, Dieu confie au couple humain sa création pour qu’il la garde, la cultive, la conduise selon son projet (cf. 1, 27-28 ; 2, 15). Dans cette indication de la Sainte Écriture, nous pouvons lire la tâche de l’homme et de la femme de collaborer avec Dieu pour transformer le monde, par le travail, la science et la technique. L’homme et la femme sont images de Dieu aussi dans cette œuvre précieuse qu’ils doivent accomplir avec le même amour que le Créateur. Nous voyons que, dans les théories économiques modernes, prédomine souvent une conception utilitariste du travail, de la production et du marché. Le projet de Dieu et l’expérience elle-même montrent cependant que ce n’est pas la logique unilatérale du bénéfice personnel et du profit maximum qui peut contribuer à un développement harmonieux, au bien de la famille et à l’édification d’une société plus juste, car cette logique comporte une concurrence exaspérée, de fortes inégalités, la dégradation de l’environnement, la course aux biens de consommation, la gêne dans les familles. Bien plus, la mentalité utilitariste tend à s’étendre aussi aux relations interpersonnelles et familiales, en les réduisant à de précaires convergences d’intérêts individuels et en minant la solidité du tissu social.
Un dernier élément. L’homme, en tant qu’image de Dieu, est appelé aussi au repos et à la fête. Le récit de la création se termine par ces paroles : « Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour : il en fit un jour sacré » (Gn 2, 2-3). Pour nous chrétiens, le jour de fête c’est le dimanche, jour du Seigneur, Pâque hebdomadaire. C’est le jour de l’Église, assemblée convoquée par le Seigneur autour de la table de la Parole et du Sacrifice eucharistique, comme nous sommes en train de le faire aujourd’hui, pour nous nourrir de Lui, entrer dans son amour et vivre de son amour. C’est le jour de l’homme et de ses valeurs : convivialité, amitié, solidarité, culture, contact avec la nature, jeu, sport. C’est le jour de la famille, au cours duquel nous devons vivre ensemble le sens de la fête, de la rencontre, du partage, en participant aussi à la Messe. Chères familles, même dans les rythmes serrés de notre époque, ne perdez pas le sens du jour du Seigneur ! Il est comme l’oasis où s’arrêter pour goûter la joie de la rencontre et étancher notre soif de Dieu.
Famille, travail, fête : trois dons de Dieu, trois dimensions de notre existence qui doivent trouver un équilibre harmonieux. Harmoniser les temps de travail et les exigences de la famille, la profession et la paternité et la maternité, le travail et la fête, est important pour construire des sociétés au visage humain. En cela, privilégiez toujours la logique de l’être par rapport à celle de l’avoir : la première construit, la deuxième finit par détruire. Il faut s’éduquer à croire, avant tout en famille, dans l’amour authentique, qui vient de Dieu et qui nous unit à lui et pour cela justement « nous transforme en un nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous » » (1 Co 15, 28) » (Enc. Deus caritas est, 18). Amen.

LE MARIAGE, PARTIE INTÉGRANTE DU SACREMENT DE LA CRÉATION – JEAN-PAUL II (1982)

3 avril, 2014

http://christus.fr/le-mariage-partie-integrante-du-sacrement-de-la-creation-jean-paul-ii/

LE MARIAGE, PARTIE INTÉGRANTE DU SACREMENT DE LA CRÉATION – JEAN-PAUL II

JEAN-PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, MERCREDI 6 OCTOBRE 1982, CYCLE THÉOLOGIE DU CORPS.

1. Nous continuons l’analyse du texte classique d’Éphésiens 5, 22-33. À ce propos il convient de citer quelques phrases contenues dans l’une des analyses précédentes consacrées à ce thème : « L’homme paraît dans le monde visible comme la plus haute expression du don divin car il porte en soi la dimension intérieure du don. Et, avec celle-ci, il apporte dans le monde sa ressemblance particulière avec Dieu, grâce à laquelle il transcende et domine également sa propre visibilité dans le monde, sa dimension corporelle, sa masculinité ou féminité, sa nudité. Autre reflet de cette ressemblance, la conscience primordiale de la signification conjugale du corps, conscience pénétrée du mystère de l’innocence originaire ». (.P. II, 20/02/1980) Ces phrases résument en quelques mots le résultat des analyses consacrées aux premiers chapitres de la Genèse, en relation avec les paroles par lesquelles le Christ, dans son entretien avec les pharisiens au sujet du mariage et de son indissolubilité, se référait à l’origine. D’autres phrases de cette analyse posent le problème du sacrement primordial : « Et ainsi, dans cette dimension se constitue un sacrement primordial, entendu comme signe qui transmet efficacement dans le monde visible le mystère invisible caché en Dieu de toute éternité. Voilà le mystère de la vérité et de l’amour, le mystère de la vie divine à laquelle l’homme participe réellement … C’est l’innocence originaire qui ouvre cette participation … » (20/02/1980).
2. Il convient de revoir le contenu de ces affirmations à la lumière de la doctrine paulinienne exprimée dans l’épître Aux Éphésiens, et en tenant principalement compte de Ep 5, 22-33 inséré dans le contexte général de l’épître. Du reste, cet écrit nous le permet, car son auteur lui-même se réfère, au verset 31 de ce chapitre 5, à l’origine et précisément aux paroles instituant le mariage dans le livre de la Gn 2, 24. En ce sens pouvons-nous entrevoir dans ces paroles un énoncé concernant le sacrement primordial? Ces précédentes analyses de l’origine biblique nous ont menés progressivement à cela, en considération du don de l’existence fait à l’homme et dans la grâce qu’était l’état d’innocence et de justice primordiales. L’épître Aux Éphésiens nous amène à aborder ces situations – c’est-à-dire l’état de l’homme avant le péché originel – en nous plaçant au point de vue du mystère caché en Dieu de toute éternité. En effet, dans les premières phrases de l’épître nous lisons « Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ … nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C’est ainsi qu’il nous a élus en lui, dès avant la création du monde pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour… » (Ep 1, 3-4).
3. L’épître Aux Éphésiens nous ouvre le monde surnaturel de l’éternel mystère, des desseins éternels de Dieu le Père à l’égard de l’homme. Ces desseins sont antérieurs à la création de l’homme. En même temps, ces desseins divins commencent déjà à se réaliser dans toute la réalité de la création. Si au mystère de la Création appartient également l’état d’innocence originaire de l’homme créé, comme homme et comme femme, à l’image de Dieu, cela signifie que le don primordial que Dieu confère à l’homme contient le fruit de l’élection, dont nous parle l’épître Aux Éphésiens : « Il nous a élus … pour être saints et immaculés en sa présence » Ep 1, 4 C’est cela que les paroles du livre de la Genèse semblent souligner, quand le Créateur-Elohim trouve que l’être humain, homme et femme, paru en sa présence, est un bien digne de le satisfaire : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voilà que c’était très bien » Gn 1, 31. Ce n’est qu’après le péché, après la rupture de l’alliance originaire avec le Créateur, que l’homme éprouva le besoin de se cacher du Seigneur Dieu : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché » (Gn 3, 10).
4. Au contraire, avant le péché, l’homme portait dans l’âme le fruit de l’éternelle élévation dans le Christ, Fils éternel du Père. Par la grâce de cette élection, l’être humain – homme et femme – était saint et immaculé en présence de Dieu. Cette sainteté et cette pureté primordiales (ou originaires) s’exprimaient également dans le fait que, même si tous deux « étaient nus, ils n’en avaient point honte » Gn 2, 25 ainsi que nous avons cherché à le mettre en évidence dans les analyses précédentes. Confrontant le témoignage de l’origine, décrite dans les premiers chapitres du livre de la Genèse, et le témoignage de l’épître Aux Éphésiens, il faut en déduire que la réalité de la création de l’homme « était déjà », imprégnée, de l’éternelle élection de l’homme « dans le Christ « : appelé à la sainteté par la grâce de l’adoption comme fils : étant « déterminé d’avance » que nous serions « pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. Tel fut le plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce dont il nous a gratifiés dans le Bien-aimé » (Ep 1, 5-6).
5. L’être humain – homme et femme – participa dès l’origine à ce don surnaturel. Ce don a été donné en considération de Celui qui de toute éternité était, comme Fils, le Bien-aimé, même si – selon la dimension du temps et de l’histoire – elle a précédé l’incarnation de ce Fils bien- aimé et également la « Rédemption » que nous trouvons en lui, « par son sang » Ep 1, 7. La Rédemption devait devenir la source de la gratification surnaturelle de l’homme après le péché et, en un certain sens, malgré le péché. Cette gratification surnaturelle qui eut lieu avant le péché originel, c’est-à-dire la grâce de la justice et de l’innocence originaires – gratification qui était le fruit de l’élection de l’homme dans le Christ avant les siècles – s’est accomplie précisément par égard pour Lui, pour ce « Bien-aimé » unique, tout en anticipant chronologiquement sa venue dans le corps. Dans les dimensions du mystère de la Création, l’élection à la dignité de fils adoptif fut le propre seulement du premier Adam, c’est-à-dire de l’être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu en tant qu’homme et femme.
6. Dans ce contexte, comment s’établit la réalité du sacrement, du sacrement primordial? Dans l’analyse de l’origine dont nous avons cité un passage, nous avons dit que le sacrement, entendu comme signe visible, se constitue avec l’homme en tant que corps, moyennant sa visible masculinité et féminité. Le corps en effet, et seulement lui est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère, caché en Dieu de toute éternité et ainsi d’en être le signe (J.P. II, 20/02/1980).
Ce signe a, en outre, sa propre efficacité, comme je l’ai également dit : « L’innocence originaire liée à la signification conjugale du corps » fait que l’être humain « se sent dans son corps d’homme ou de femme, sujet de sainteté » J.P. II, 20/2/1980 . Se sent et il l’est « depuis l’origine ». Cette sainteté conférée originairement à l’homme par le Créateur appartient à la réalité du sacrement de la création. Les paroles de Gn 2, 24 « l’homme… s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair » prononcées sur le fond de cette réalité originaire au sens théologique constituent le mariage comme partie intégrante et, en un certain sens, centrale du sacrement de la création. Elles constituent – ou plutôt, confirment peut-être simplement – le caractère de son origine. Selon ces paroles, le mariage est sacrement en tant que partie intégrante et, dirais-je, point central du sacrement de la création. En ce sens il est un sacrement primordial.
7. L’institution du mariage exprime, selon Gn 2, 24, non seulement le début de la communauté humaine fondamentale qui, par la force de procréation qui lui est propre (« Fructifiez et multipliez-vous », Gn 1, 28), sert à continuer l’oeuvre de création, mais en même temps elle exprime l’initiative salvifique du Créateur, correspondant à l’éternelle élection de l’homme dont parle l’épître Aux Éphésiens. Cette initiative salvifique vient de Dieu-Créateur et son efficacité surnaturelle s’identifie avec l’acte même de la création de l’homme à l’état de l’innocence originaire. C’est dans cet état que l’élection éternelle de l’homme dans le Christ fructifia dès l’acte même de sa création. Et, ainsi, il faut reconnaître que le sacrement originaire de la création tire son efficacité du « Fils bien-aimé » Ep 1, 6 (où il est question de « la grâce qu’il nous a donnée dans son Fils bien-aimé »). Puis, s’il s’agit du mariage, on peut déduire que – institué dans le contexte du sacrement de la création pris globalement, c’est-à-dire à l’état de l’innocence originelle – il devait servir non seulement à prolonger l’oeuvre de la création, c’est-à-dire de la procréation, mais aussi à répandre sur les générations humaines successives le même sacrement de la création, c’est- à-dire les fruits de l’élection éternelle de l’homme par le Père dans le Fils éternel : ces fruits dont Dieu a gratifié l’homme dans l’acte même de la création.
L’épître Aux Éphésiens nous permet, semble-t-il, de comprendre ainsi le livre de la Genèse et la vérité sur l’origine de l’homme et du mariage qui y est contenue.

LA FAMILLE, MOTEUR DU MONDE ET DE L’HISTOIRE – PAPE FRANÇOIS

25 octobre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-famille-moteur-du-monde-et-de-l-histoire

LA FAMILLE, MOTEUR DU MONDE ET DE L’HISTOIRE

LE PAPE REÇOIT LA XXIE ASSEMBLÉE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

ROME, 25 OCTOBRE 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« La famille est le moteur du monde et de l’histoire », « le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, dialoguent, se sacrifient pour les autres et défendent la vie », affirme le pape François.
Le pape a reçu les participants à la XXIe Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, ce vendredi matin, 25 octobre 2013, à 12h30, dans la salle Clémentine du palais apostolique du Vatican.

« La famille est fondée sur le mariage », qui est « la base sur laquelle se fonde la famille et qui rend plus solide l’union des époux et le don mutuel qu’ils se font l’un à l’autre », leur a-t-il déclaré.
Le pape a encouragé à « dire aux jeunes époux qu’ils ne terminent jamais une journée sans faire la paix entre eux » car « les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, comme de la famille, représentent des passages pour grandir dans le bien, la vérité et la beauté ».
Il a également demandé aux parents de « perdre du temps » avec leurs enfants, de « jouer avec eux » car « la gratuité est tellement importante ».

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Messieurs les cardinaux,
Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
Soyez les bienvenus à l’occasion de la XXIe Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille. Je remercie le président, Mgr Vincenzo Paglia, pour les paroles avec lesquelles il a introduit notre rencontre.
1 Le premier point sur lequel je voudrais m’arrêter est celui-ci : la famille est une communauté de vie qui a une consistance proprement autonome. Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio, la famille n’est pas la somme des personnes qui la constituent, mais une « communauté de personnes » (cf. N. 17-18). Et une communauté est plus que la somme des personnes.
Elle est le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, dialoguent, se sacrifient pour les autres et défendent la vie, surtout celles des plus fragiles et des plus faibles. On pourrait dire, sans exagérer, que la famille est le moteur du monde et de l’histoire. Chacun de nous construit sa personnalité en famille, grandissant avec sa mère et son père, ses frères et ses sœurs, respirant la chaleur de la maison. La famille est le lieu où nous recevons notre nom, le lieu des affections, l’espace de l’intimité, où l’on apprend l’art du dialogue et de la communication interpersonnelle. Dans la famille, chacun prend conscience de sa dignité et, surtout si l’on y reçoit une éducation chrétienne, reconnaît la dignité de toute personne, en particulier de celle qui est malade, faible, marginalisée.
Tout ceci constitue la communauté-famille, qui demande à être reconnue comme telle, d’autant plus aujourd’hui où prévaut la protection des droits individuels. C’est pourquoi vous avez bien fait de porter une attention particulière à la Charte des droits de la famille, qui a été présentée il y a exactement trente ans, le 22 octobre 1983.
2 Passons au second point – on dit que les jésuites parlent toujours par trois, en trois points : un, deux, trois. Second point : la famille est fondée sur le mariage. À travers un acte d’amour libre et fidèle, les époux chrétiens témoignent que le mariage, en tant que sacrement, est la base sur laquelle se fonde la famille et qui rend plus solide l’union des époux et le don mutuel qu’ils se font l’un à l’autre. Le mariage est comme s’il s’agissait d’un premier sacrement de l’humain, où la personne se découvre elle-même, se comprend elle-même dans la relation aux autres et dans la relation à l’amour qu’elle est capable de recevoir et de donner. L’amour sponsal et familial manifeste clairement la vocation de la personne à aimer de manière unique et pour toujours et révèle aussi que les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, comme de la famille, représentent des passages pour grandir dans le bien, la vérité et la beauté. Dans le mariage, on se donne complètement, sans calcul ni réserve, partageant tout, les dons comme les renoncements, en faisant confiance à la providence de Dieu. C’est cette expérience que les jeunes peuvent apprendre de leurs parents et de leurs grands-parents. C’est une expérience de foi en Dieu et de confiance mutuelle, de liberté profonde, de sainteté, parce que la sainteté suppose le don de soi dans la fidélité et le sacrifice quotidien de sa vie ! Mais il y a des problèmes dans le mariage. Toujours des points de vue différents, des jalousies, on se dispute. Mais il faut dire aux jeunes époux qu’ils ne terminent jamais une journée sans faire la paix entre eux. Le sacrement du mariage est renouvelé par cet acte de paix après une discussion, un malentendu, une jalousie cachée, et même un péché. Faire la paix qui donne l’unité à la famille ; et cela, il faut le dire aux jeunes, aux jeunes couples, qu’il n’est pas facile d’emprunter cette route, mais qu’elle si belle, cette route, si belle. Il faut le leur dire !
3 Je voudrais maintenant faire au moins allusion à deux phases de la vie familiale : l’enfance et la vieillesse. Les enfants et les personnes âgées représentent les deux pôles de la vie qui sont aussi les plus vulnérables, souvent les plus oubliés. Lorsque je confesse un homme ou une femme, mariés, jeunes, et quelque chose vient au sujet de leur fils ou de leur fille, dans la confession, je demande : mais combien d’enfants avez-vous ? Et ils me disent, peut-être qu’ils attendent une autre question après celle-ci. Mais je pose toujours cette seconde question : Et dites-moi, Monsieur ou Madame, vous jouez avec vos enfants ? – Comment, Père ? – Vous perdez du temps avec vos enfants ? Vous jouez avec vos enfants ? – Mais non, vous savez, quand je quitte la maison le matin, me dit l’homme, ils dorment encore et quand je rentre, ils sont couchés. La gratuité aussi, cette gratuité du papa ou de la maman avec ses enfants est tellement importante : « perdre du temps » avec ses enfants, jouer avec eux. Une société qui abandonne les enfants et qui marginalise les personnes âgées se coupe de ses racines et obscurcit son avenir. Chaque fois qu’un enfant est abandonné et une personne âgée marginalisée, non seulement on commet un acte d’injustice, mais on sanctionne aussi l’échec d’une société. Prendre soin des petits et des personnes âgées est un choix de civilisation.
Et cela me réjouit que le Conseil pontifical pour la famille ait créé une nouvelle icône de la famille : elle reprend la scène de la Présentation de Jésus au temple, avec Marie et Joseph qui portent l’Enfant pour accomplir la loi, et les deux vieillards Siméon et Anne qui, mûs par l’Esprit-Saint, l’accueillent comme le Sauveur. Le titre de l’icône est éloquent : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge ». L’Église qui prend soin des enfants et des personnes âgées devient la mère des générations de croyants et, en même temps, elle sert la société humaine pour qu’un esprit d’amour, un esprit familial, de solidarité, aide chacun à redécouvrir la paternité et la maternité de Dieu. Et moi, quand je lis ce passage d’Évangile, j’aime penser que les jeunes, Joseph et Marie et leur enfant aussi, font tout ce que dit la Loi. Saint Luc le répète quatre fois : pour accomplir la Loi. Ils obéissent à la Loi, les jeunes ! Et les deux vieillards, ils font du bruit ! À ce moment, Siméon invente une liturgie à lui et loue, les louanges de Dieu. Et la petite vieille, elle bavarde, elle prêche par ses bavardages : « Regardez-le ! », « comme ils sont libres ! ». Et il est dit trois fois des vieillards qu’ils sont conduits par l’Esprit-Saint. Les jeunes par la loi et les autres par l’Esprit-Saint. Regardez les personnes âgées qui ont cet Esprit en elles, écoutez-les !
La « bonne nouvelle » de la famille représente un aspect très important de l’évangélisation, que les chrétiens peuvent communiquer à tous, par le témoignage de leur vie ; et ils le font déjà, c’est évident dans les sociétés sécularisées : les familles vraiment chrétiennes se reconnaissent à leur fidélité, leur patience, leur ouverture à la vie, leur respect envers les personnes âgées… Le secret de tout ceci est la présence de Jésus dans la famille. Proposons donc à tous, avec respect et courage, la beauté du mariage et de la famille éclairés par l’Évangile ! Et dans ce but, approchons-nous avec attention et affection des familles en difficulté, de celles qui sont contraintes à quitter leur terre, de celles qui sont brisées, qui n’ont pas de toit ou de travail, ou qui souffrent pour beaucoup d’autres raisons, approchons-nous des époux en crise et de ceux qui sont désormais séparés. Nous voulons rester proches de toutes les familles.
Chers amis, les travaux de votre Assemblée plénière peuvent être une contribution précieuse en vue du prochain Synode extraordinaire des évêques, qui sera consacré à la famille. Je vous en remercie aussi. Je vous confie à la sainte Famille de Nazareth et vous donne ma bénédiction de tout cœur.

Traduction Zenit, Hélène Ginabat

LE « GENDER POUR TOUS » ET LES DROITS DES PARENTS

24 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-gender-pour-tous-et-les-droits-des-parents

LE « GENDER POUR TOUS » ET LES DROITS DES PARENTS

ETAT DES LIEUX EN EUROPE

BRUXELLES, 5 AVRIL 2013 (ZENIT.ORG) GRÉGOR PUPPINCK

Les parents qui voudront transmettre certaines valeurs à leurs enfants vont dans les prochains mois se heurter à l’école de la République, telle que l’actuel gouvernement veut la refonder, en particulier à propos de la complémentarité homme-femme, de la sexualité humaine et de la morale.

Le projet de loi Taubira sur le mariage doit être considéré en lien avec un autre projet fondamental de l’actuel gouvernement : le projet de « refondation de l’école de la République » actuellement discuté à l’Assemblée Nationale. Ce projet de loi sur la « refondation de l’école de la République » prévoit, entre autres dispositions, d’introduire un nouvel enseignement obligatoire de morale laïque et d’éducation civique, ainsi que de lutter dès le plus jeune âge contre les stéréotypes de genre. Dans la presse et à l’Assemblée, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a précisé que « le but de la morale laïque est d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel »[1]pour « permettre à chaque élève de s’émanciper », car « le but de l’école républicaine a toujours été de produire un individu libre »[2]. Dans la même veine, la Ministre de la Justice, Christiane Taubira a également déclaré à l’Assemblée que  « dans nos valeurs, l’Education vise à arracher les enfants aux déterminismes sociaux et religieux et d’en faire des citoyens libres »[3].
L’un de ces déterminismes serait l’identité de genre ; la déconstruction des stéréotypes de genres est conçue comme un moyen d’émancipation des enfants. Le projet de « refondation de l’école de la République » prévoit à présent que « l’éducation à l’égalité de genre » devienne une mission de l’école élémentaire, dès l’âge de 6 ans, « afin de substituer à des catégories comme le sexe (…) le concept de genre qui (…) montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites »[4]. Cette volonté ressort également du récent rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales[5] qui recommande que l’école s’engage dans la « lutte contre les stéréotypes de genre » « dès le plus jeune âge », qu’elle déconstruise « l’idéologie de la complémentarité » homme-femme pour « tendre vers une société » égalitaire. A cette fin, ce rapport recommande notamment aux enseignants de remplacer les appellations « garçons » et « filles » par les termes neutres « amis » ou « enfants », de raconter des histoires dans lesquels les enfants ont deux papas ou deux mamans, etc. Il s’agit, dit le rapport, d’empêcher la « différenciation sexuée » et l’intériorisation par les enfants de leur identité sexuelle. Outre ces aspects relatifs à la théorie du genre, la morale laïque promue par le projet de « refondation de l’école de la République » est aussi source d’inquiétudes. Ce projet de loi vise à refonder la société via l’école ; il est complémentaire du projet Taubira qui « refonde » la famille via le mariage. Comme l’indique M. Peillon, « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles » [6].
Ainsi, si la loi Taubira sur le « mariage » est adoptée, l’école publique devra non seulement « déconstruire les stéréotypes de genre » dans l’esprit des enfants, mais en outre leur enseigner qu’il est normal d’avoir deux mères (et un père inconnu), ou deux pères (et une mère porteuse). Ces « parentalités » seront enseignées comme des faits objectifs (et non comme des choix) et seront donc insusceptibles de tout jugement moral. Les parents qui voudront transmettre la morale naturelle à leurs enfants seront pris au piège : ils devront expliquer à leurs enfants qu’il ne faut pas croire tout ce qui est dit à l’école, mais qu’il faut se taire pour ne pas avoir d’ennuis. Ce sera une violation manifeste des droits naturels des parents. Les projets et déclarations de Mme Taubira et de M. Peillon témoignent d’ailleurs sans ambigüité de leur intention de ne pas respecter les droits des parents, mais d’arracher les enfants pour les libérer. Ce droit a pourtant été réaffirmé dans les grandes déclarations des droits de l’homme après la seconde Guerre Mondiale, en réaction aux totalitarismes nazi, fasciste et communiste. La Déclaration universelle des droits de l’homme reconnaît que « la famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’Etat » (art. 16.3) et que « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » (Art. 26.3). En ratifiant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les Etats se sont engagés « à respecter la liberté des parents de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs propres convictions » (Art. 18.4). De façon plus explicite encore, la Convention européenne des droits de l’homme énonce que « L’Etat, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques » (Protocole additionnel 1er, Art. 2).
Actuellement, les droits de la famille sont à nouveau attaqués au nom d’un projet de société, fondé non plus sur la famille, mais sur les notions de tolérance, de non-discrimination et de pluralisme et qui envisage l’homme comme un individu purement abstrait. Le pouvoir de l’Etat qui s’en trouve de nouveau étendu, car en se donnant pour mission de réaliser un « projet de société », il se donne d’abord le pouvoir de le définir et le droit de l’imposer.
Ce à quoi les parents français vont devoir faire face, les parents espagnols l’ont déjà affronté avec succès. En revanche, en Allemagne, des parents ont préféré être condamnés à des peines de prison ferme plutôt que d’envoyer leurs enfants à des cours d’éducation sexuelle. En Russie, la situation est différente, des gouvernements régionaux, à la demande des familles, adoptent des lois visant à protéger les enfants de la propagande LGBT, mais ils font face à de fortes pressions des institutions européennes et des lobbies.

EN ESPAGNE
Le projet de M. Peillon est très similaire au cours « d’éduction à la citoyenneté » créé et imposé par l’ancien gouvernement espagnol de M. Zapatero. Il s’agissait d’enseigner une morale laïque, assez antireligieuse, avec une forte insistance sur l’égalité de genre et la sexualité infantile (voir ci une vidéo de présentation). L’objectif de cette discipline obligatoire et notée dès l’école primaire était de « construire la conscience morale » des enfants, de travailler sur leur « identité personnelle » et leur « éducation émotionnelle et affective ».
Une partie importante de la société espagnole a rejeté ce cours. Le Parti Populaire, principal parti de droite, ainsi que la Conférence épiscopale espagnole l’ont également dénoncé. Les trois évêques de Madrid ont déclaré moralement acceptable d’employer tous les moyens légitimes pour défendre la liberté de conscience, y compris l’objection de conscience[7]. Très rapidement, ce sont 55.000 familles qui se sont déclarées « objectrices de conscience » et ont refusé la participation de leurs enfants à ces cours. Les parents ont formé plus de 70 associations locales et régionales pour soutenir les objecteurs et lutter contre cet enseignement. De nombreux parents ont été poursuivis par les autorités, près de 2300 procédures judiciaires ont été initiées. Dans près de neuf cas sur dix, en 2007 et 2008, les tribunaux locaux et régionaux ont condamné le gouvernement pour atteinte aux droits des parents. Les parents ont cependant échoué devant la Cour suprême espagnole qui n’a pas reconnu leur droit fondamental de s’opposer à cet enseignement, bien qu’elle ait reconnu l’existence d’un risque d’endoctrinement. Le 19 mars 2010, 305 parents ont saisi la Cour européen des droits de l’homme[8] (avec l’aide de l’ECLJ) sur le fondement de la Convention européenne des droits de l’homme qui énonce que « L’Etat, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques » (Protocole additionnel 1er, Art. 2). La Cour européenne ne s’est pas encore prononcée. Elle devra juger si le cours d’éducation à la citoyenneté poursuit ou non un « but d’endoctrinement qui pourrait être considéré comme ne respectant pas les convictions religieuses et philosophiques des parents »[9]et vérifier que « les informations ou connaissances figurant au programme scolaire [sont] diffusées de manière objective, critique et pluraliste, permettant aux élèves de développer un sens critique à l’égard du fait religieux dans une atmosphère sereine, préservée de tout prosélytisme intempestif »[10]. Il n’est pas dit que la Cour condamnera l’Espagne. Cela étant, suite à la mobilisation populaire, le nouveau gouvernement de droite de Mariano Rajoy  a annoncé dès son élection vouloir réformer ce cours, ce qu’il a commencé à faire.

EN ALLEMAGNE
Des parents ont préféré être condamnés à des peines de prison ferme plutôt que d’envoyer leurs enfants à des cours d’éducation sexuelle. Le programme de ces cours, obligatoires dans toutes les écoles primaires privées et publiques, varie selon les Länder. Dans plusieurs régions des parents ont demandé que leurs enfants âgés entre 7 et 9 ans soient dispensés de ce cours dont ils avaient pu préalablement prendre connaissance du contenu. Face au refus de l’école, certains parents ont passé outre et ont été condamnés à des peines d’amendes pour avoir gardé leurs enfants à la maison. Allant au bout de leur objection de conscience en refusant de payer ces amendes, qu’ils considéraient comme des violations de leurs droits parentaux, des parents ont finalement été condamnés à passer 43 jours en prison. C’est le cas de plusieurs familles à Salzkotten, en Rhénanie. Certains parents, ayant plusieurs enfants, ont fait plusieurs séjours en prison.
Ces parents ont saisi la Cour européenne des droits de l’homme qui a jugé que l’Allemagne pouvait obliger les parents à soumettre leurs enfants à ces cours dans le but « d’intégrer les minorités et d’éviter la formation de  »sociétés parallèles » motivées par la religion ou l’idéologie ». Concernant l’enseignement de la théorie du genre aux enfants, la Cour a estimé, d’accord avec le gouvernement allemand, que « l’éducation sexuelle devrait encourager la tolérance entre les êtres humains quelque soit leur orientation identité sexuelle »[11].
Dans d’autres affaires, la Cour européenne a validé la condamnation de parents qui avaient refusé la participation de leurs enfants à des cours obligatoires d’éthique laïque[12], mais à l’inverse, elle a jugé à propos de parents humanistes[13] que le caractère obligatoire de cours de culture religieuse viole leurs droits.

EN RUSSIE
En Russie, à la demande des associations familiales et de l’Eglise orthodoxe, un nombre croissant de régions russes, neuf à ce jour dont Saint Petersburg et Kaliningrad[14], adopte des lois visant à protéger les enfants de la « propagande homosexuelle ». Ces lois, dont la première a été adoptée en 2006 suite à des manifestations homosexuelles ayant choqué la population, visent à protéger les enfants des messages présentant les pratiques LGBT de façon agressive et favorable ou comme étant équivalente aux relations conjugales[15]. Le 25 janvier dernier, le Parlement russe, la Douma, a adopté en première lecture à une quasi-unanimité un projet de loi étendant cette interdiction à l’ensemble du territoire de la Fédération de Russie. Le Gouvernement agit au nom de sa responsabilité de « protéger les enfants des informations mettant en danger leur santé et leur croissance morale et spirituelle »[16], notamment celles susceptibles de saper les valeurs familiales. Ces lois ne sont pas un phénomène isolé : les « gay prides » sont souvent interdites, et la Russie a annoncé ne pas vouloir confier d’enfants russes à l’adoption internationale à des couples de même sexe.

DANS LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES
Ce qui est en cause à travers le débat sur l’école, le mariage et la famille, c’est la structure et la nature de la société : le mariage, l’école et la famille sont interdépendants et définissent largement la société. Il faut reconnaître que ce débat oppose le peuple ordinaire, la rue, à une soi-disant « élite éclairée » dont le projet social –comme la théorie du gender- est peu concevable pour les non-initiés. Le débat se déroule aussi au sein des institutions internationales qui, plus que les institutions nationales, exercent consciemment la responsabilité de définir et de susciter la société de demain. La Cour européenne se définit elle-même comme « la conscience de l’Europe »[17].
La Russie est actuellement fortement critiquée par les diverses instances de l’Union européenne (Bruxelles) et du Conseil de l’Europe (Strasbourg). Le Parlement européen, Mme Ashton, qui représente la diplomatie européenne, l’Assemblée parlementaire et le Comité des ministres du Conseil de l’Europe ont tous condamné les lois russes interdisant la « propagande homosexuelle auprès des mineurs ». Les organisations LGBT mènent très activement campagne. Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a fait part de sa « vive préoccupation »[18] et a demandé à la Russie de s’engager à se conformer à l’avis que doit rendre la « Commission de Venise »[19]. L’objectif de ces pressions est d’éviter que le projet de loi fédérale soit adopté définitivement par la Douma en seconde lecture en mai prochain.
Les institutions européennes affirment que ces lois russes violent les droits de l’homme alors qu’elles visent la protection de la famille, de la morale, et de la santé des enfants, et ne portent pas atteinte de façon générale à la liberté d’expression, ni à la vie privée des personnes homosexuelles. Des ONG familiales russes répondent aux ONG pro-LGBT internationales[20]. Les russes ont peu de chances d’être entendus sur ce sujet qui a acquis une importance considérable dans l’ordre des priorités politiques des institutions européennes et américaines ; néanmoins, ils ont la capacité de résister à ces pressions.
La promotion de la théorie du genre n’est pas limitée à l’école. En fait, la question est beaucoup plus vaste. Les droits des parents se heurtent à la politique générale de non-discrimination selon l’orientation sexuelle dans laquelle s’inscrit la promotion de la théorie du genre. Le problème qui se pose à l’école se pose également dans le reste de la société. À cet égard, de nombreuses personnes ont déjà été sanctionnées en raison de leur refus moral de l’homosexualité. Le cas de l’Angleterre est exemplaire : depuis l’adoption en 2010 d’une loi sur l’égalité et la non-discrimination,. Ainsi, au Royaume-Uni, depuis l’adoption en 2010 d’une loi sur l’égalité et la non-discrimination, les sanctions et condamnations se multiplient[21]. Ainsi par exemple un couple s’est vu refuser l’agrément pour être famille d’accueil en raison de son jugement sur l’homosexualité,  un médecin a dû quitter ses fonctions au sein d’un service social après s’être abstenu de prendre part à la décision de confier des enfants à des couples de même sexe, les agences catholiques d’adoption ont été contraintes de cesser leurs activités en raison de leur refus de confier des enfants à l’adoption à des couples de même sexe[22], une employée de mairie affectée à l’État civil et un conseiller conjugal ont été licenciés après avoir exprimé leur incapacité, en conscience, à conseiller sexuellement un couple d’homosexuels et à célébrer leur union civile. La Cour européenne n’a pas jugé abusifs ces licenciements[23]. C’est aussi le cas en Espagne où un magistrat qui avait demandé une expertise médicale visant à déterminer s’il est dans l’intérêt de l’enfant d’être adopté par la compagne de sa mère, a été suspendu pour dix ans au motif que cette demande d’expertise aurait constitué une manœuvre dilatoire et un acte homophobe[24].
Ce ne sont que quelques exemples d’un phénomène qui risque fort de se généraliser, en particulier si l’Union européenne adopte la proposition de « directive du Conseil relative à la mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement entre les personnes sans distinction de religion ou de convictions, de handicap, d’âge ou d’orientation sexuelle ».
Cette tendance est forte, mais pas inéluctable comme en témoigne les exemples espagnols et russes. Autre exemple récent, un projet du Conseil de l’Europe « sur les droits et le statut juridique des enfants et les responsabilités parentales » qui entérinait le mariage, l’adoption, la PMA pour les couples de même sexe et même les mères porteuses (la GPA) a finalement été rejeté par le Comité des Ministres après un intense travail de « contre-lobbying ». L’objectif de cette recommandation était de refonder la famille sur la seule volonté (et non pas sur la biologie) et de poser le principe de l’acceptabilité et l’équivalence de tous les types d’unions et de procréation (adoption, PMA, GPA « pour tous »).
Dès lors, manifester pour demander le retrait de la loi Taubira, c’est aussi manifester pour protéger la liberté de conscience des parents et leur droit inaliénable d’éduquer leurs enfants dans le respect des valeurs morales fondamentales, notamment s’agissant de la complémentarité homme-femme, de la sexualité et du sens de la vérité. Il y a de la haine et de la violence contre la conscience morale, le mariage et la famille qui sont perçus comme des obstacles à la liberté individuelle, à l’émancipation… et l’emprise idéologique des pouvoirs publics.
Les expériences de la Russie, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Espagne montrent aux familles françaises que rien n’est joué d’avance et que différents scenarii sont possibles. Ce qui se passera en France sera déterminant en Europe et dépendra du degré de mobilisation et de conscience politique des familles et des évêques. Mais sur le fond, la seule stratégie est de montrer en quoi consiste la véritable liberté, fondée sur la vérité. La vérité n’est pas inaccessible : c’est la vérité que tout enfant a un père et une mère et a besoin d’eux. Parce que ces enfants sont ceux des parents et non de l’Etat, les autorités publiques ont le devoir de respecter les droits des parents d’éduquer leurs enfants.
Le témoignage de la liberté et de la vérité passe par l’éducation familiale, mais aussi par la manifestation publique, et si nécessaire par l’objection de conscience.

Grégor Puppinck
Docteur en Droit
Directeur
European Centre for Law and Justice

[1] Voir LEXPRESS.fr, du 02/09/2012, Vincent Peillon pour l’enseignement de la « morale laïque ».
[2] Assemblée nationale, compte-rendu intégral de la deuxième séance du jeudi 14 mars 2013. [3] Assemblée nationale, 3 février 2013. Le compte rendu intégral de la deuxième séance du dimanche3 février 2013 rapporte une formulation légèrement différente que celle qui a été très largement rapportée dans les médias et que nous reproduisons.
[4]  Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, 28 février 2013. Présentation orale de l’amendement par son auteur Mme Julie Sommaruga, député.
http://www.dailymotion.com/video/xy2pjv_amendement-introduisant-la-theorie-du-genre-a-l-ecole-elementaire_news#.UV6b5JO-18E
[5] Inspection générale des affaires sociales, GRESY Brigitte, GEORGES Philippe, Rapport sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance, Décembre 2012.
[6] Lettre de Vincent Peillon, Ministre de l’Eduction nationale, aux recteurs, datée du 4 janvier 2013.
[7] September, 1st, 2008. In: http://www.cas-aranjuez.org/Colegio/Tablon/Documentos/CartaObispos.pdf
[8] affaire Ramos Bejarano et Autres c. Espagne, n° 15976/10
[9] Johanna APPEL-IRRGANG et autres contre l’Allemagne (no 45216/07)
[10] Affaires Johanna APPEL-IRRGANG et autres contre l’Allemagne (no 45216/07), Décision.
[11] Affaires Konrad contre l’Allemagne no. 35504/03 du 11 septembre 2006, et DOJAN et autres contre l’Allemagne du 13 Septembre 2011 N° 319/08, 2455/08, 7908/10, 8152/10, 8155/10 du 13 septembre 2011.
[12] Johanna APPEL-IRRGANG et autres contre l’Allemagne (no 45216/07)
[13] Folgero et autres contre Norvège, GC, no 15472/02, 29 juin 2007
[14] Il s’agit des régions de Ryazan, Archangel, Kostroma, St Petersburg, Novosibirsk, Magadan, Samara, de al Republique de Bashkortostan, du Territoire de Krasnodar et de Kaliningrad.
[15] D’après la définition donnée par la Cour Suprême russe, dans son arrêt  du 15 Aout 2012 relatif à la loi de la Région Archange.
[16] Loi fédérale sur la protection fondamentale des droits des enfants (no. 124-FZ du 24 Juin 1998)
[17] La conscience de l’Europe, 50 ans de la Cour européenne des droits de l’homme, Conseil de l’Europe, octobre 2010.
[18] Conseil de l’Europe, Décision du Comité des Ministres lors de sa 1164e réunion (5-7 mars 2013)  relative à l’affaire ALEKSEYEV contre Russie, 4916/07.
[19] La Commission de Venise  est composée d’experts en droit constitutionnel ; elle s’est prononcée récemment sur la nouvelle Constitution hongroise.
[20] Communication to the Committee of Ministers of the Council of Europe concerning Alekseyev v. Russia (application no. 4916/07), by the Family and Demography Foundation, http://en.familypolicy.ru/read/240
[21] Voir le site internet des organisations Christian Concern et Christian Legal Centre.
[22] Voir l’article de Jean Mercier, Cour Européenne des Droits de l’homme : pas de discrimination antichrétienne, du 15 janvier 2013 paru dans La Vie.
[23] Affaires Eweida et autres contre le Royaume-Uni, n°48420/10, 59842/10, 51671/10 et 36516/10 du 15 janvier 2013.
[24] Tribunal Supremo, Recurso No. 192/2009, http://www.hispanidad.com/imagenes//escanear0002.pdf

Suggestions de lectures pour votre mariage

25 septembre, 2012

http://www.touslesmariages.com/dossier-premieres-lectures-pour-un-mariage-7-70.htm

Premières Lectures pour un mariage

Pour votre messe de mariage, vous devrez choisir une lecture. Vous la choisirez parmi les textes de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Plusieurs lectures sont particulièrement adaptées à un mariage, voici des suggestions.

Suggestions de lectures pour votre mariage

Lecture du livre de la Genèse (1, 26-28.31a)
Au commencement, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon.

Lecture du livre de la Genèse (2, 18-24)
Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra.  » Avec de la terre, le Seigneur Dieu façonna toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde. Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit de la chair dans son côté, puis il referma. Avec ce qu’il avait pris à l’homme, il forma une femme et il l’amena à l’homme. L’homme dit alors :  » Cette fois, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair! On l’appellera : femme. » A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.

Lecture du livre de la Genèse (12, 1-5)
Abraham vivait alors en Chaldée. Le Seigneur lui dit : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te méprisera. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Abraham partit, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abraham avait soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Harrane.

Lecture du cantique des cantiques (3, 1-4)
Toute la nuit j’ai cherché celui que mon coeur aime. Etendue sur mon lit, je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé! Il faut que je me lève, que je parcoure la ville, ses rues et ses carrefours. Je veux chercher celui que mon coeur aime… Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé! J’ai rencontré les gardes qui parcourent la ville : « Avez-vous vu celui que mon coeur aime? » A peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que on coeur aime. Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas.

Lecture du livre de Jérémie (31, 31-34)
Voici venir des jours, déclare le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une Alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d’Egypte : mon Alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’avais des droits sur eux. Mais voici quelle sera l’Alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés, déclare le Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes; je l’inscrirai dans leur coeur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

Lecture du livre d’Ezékiel (37, 15-19)
La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, prends un morceau de bois, et écris dessus : « Juda et les fils d’Israël qui lui sont attachés. » Prends un autre morceau de bois et écris dessus : « Joseph et les tribus d’Israël qui lui sont attachées. » Rapproche ces deux morceaux de bois pour en faire un seul; qu’ils n’en fassent plus qu’un seul dans ta main. Lorsque les gens de ton peuple te demanderont : « Explique-nous donc ce que tu fais », Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais prendre le morceau de bois qui représente Joseph, et les tribus d’Israël qui lui sont attachées, et je vais le joindre au bois qui représente Juda. Je les réunirai et ils n’en feront plus qu’un seul dans ma main. »

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens (12, 4-11)
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Eglise sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. A celui-ci est donné, grâce à l’Esprit, le langage de la sagesse de Dieu; à un autre, toujours grâce à l’Esprit, le langage de la connaissance de Dieu; un autre reçoit, dans l’Esprit, le don de la foi; un autre encore, des pouvoirs de guérison dans l’unique Esprit; un autre peut faire des miracles, un autre est prophète, un autre sait reconnaître ce qui vient vraiment de l’Esprit ; l’un reçoit le don de dire toutes sortes de paroles mystérieuses, l’autre le don de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est le même et unique Esprit : il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté.

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens (12, 14-21)
Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d’un seul. Le pied aura beau dire :  » e ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait toujours partie du corps. L’oreille aura beau dire : « Je ne suis pas l’oeil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait toujours partie du corps. Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y en avait qu’un seul, comment cela ferait-il un corps? Il y a donc à la fois plusieurs membres, et un seul corps. L’oeil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi »; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. »

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens (12, 31-13,8a)
Frères, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas : il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains (8, 31-39)
Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout? Qui accusera ceux que Dieu a choisis? Puisque c’est Dieu qui justifie. Qui pourra condamner? Puisque Jésus-Christ est mort; plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? La détresse? L’angoisse? La persécution? La faim? Le dénuement? Le danger? Le supplice? L’Ecriture dit en effet : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, on nous prend pour des moutons d’abattoir. Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains (11, 9-19)
Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. Ne brisez pas l’élan de votre générosité, mais laissez jaillir l’Esprit; soyez les serviteurs du Seigneur. Aux jours d’espérance, soyez dans la joie; aux jours d’épreuve, tenez bon; priez avec persévérance. Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin, et que votre maison soit toujours accueillante. Bénissez ceux qui vous persécutent; souhaitez-leur du bien, et non pas du mal. Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord entre vous; n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est simple. Ne vous fiez pas à votre propre jugement. Ne rendez à personne le mal pour le mal, appliquez-vous à bien agir aux yeux de tous les hommes. Autant que possible, pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous faites pas justice vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu. Car l’Ecriture dit : C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient, dit le Seigneur.

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Colossiens (3, 12-17)
Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre coeur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même. Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. Et que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse; par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans vos coeurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus-Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père.

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Philippiens (3, 4-9)
Soyez toujours dans la joie du Seigneur; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre coeur et votre intelligence dans le Christ Jésus. Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Philippiens (2, 1-5)
S’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus.

Lecture de la première lettre de Saint Jean (3, 18-24)
Mes enfants, nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous aurons le coeur en paix; notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît toutes choses. Mes bien-aimés, si notre coeur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu. Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements, et que nous faisons ce qui lui plaît. Or, voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Et celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit.

Lecture de la première lettre de Saint Jean (4, 7-12)
Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés. Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection.

Lecture du livre d’Osée (2, 18-22)
En ce jour-là, déclare le Seigneur, voici ce qui arrivera : Tu m’appelleras :  » Mon époux  » et non plus :  » Mon maître « . J’éloignerai de ses lèvres les noms de Baals, ses maîtres, on ne prononcera plus leurs noms. En ce jour-là je conclurai à leur profit une alliance avec les animaux des champs, avec les oiseaux du ciel et les bestioles de la terre; je briserai l’arc, l’épée, la guerre pour en délivrer le pays, et ses habitants, je les ferai reposer en sécurité. Tu seras ma fiancée, et ce sera pour toujours. Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur.

Lecture du livre de Tobie (8, 4-10)
Quand ils furent dans leur chambre, Tobie adressa à la jeune femme cette exhortation :  » Sara, lève-toi. Nous allons prier Dieu aujourd’hui, demain et après-demain. Pendant ces trois nuits, c’est à Dieu que nous sommes unis, et quand la troisième nuit sera passée, nous consommerons notre union. Nous sommes les descendants d’un peuple de saints, et nous ne pouvons pas nous unir comme des païens qui ne connaissent pas Dieu.  » Ils se levèrent tous les deux et se mirent à prier ensemble avec ferveur. Ils demandaient à Dieu sa protection. Tobie disait :  » Seigneur, Dieu de nos pères, que le ciel et la terre te bénissent, ainsi que la mer, les sources, les fleuves et toutes les créatures qui s’y trouvent. C’est toi qui as fait Adam avec la glaise du sol, et qui lui as donné Eve pour l’aider. Et maintenant, Seigneur, tu le sais : si j’épouse cette fille d’Israël, ce n’est pas pour satisfaire mes passions, mais seulement par désir de fonder une famille qui bénira ton nom dans la suite des siècles.  » Sara dit à son tour :  » Prends pitié de nous, Seigneur, prends pitié de nous; puissions-nous vivre heureux jusqu’à notre vieillesse tous les deux ensemble. « 

DOSSIER : « Le couple dans l’Ancien Testament » : Création et fécondité (Gn 1–2)

12 septembre, 2012

http://www.bible-service.net/site/1385.html

DOSSIER : « Le couple dans l’Ancien Testament »
par Bertrand Pinçon

Création et fécondité (Gn 1–2)

« Au commencement… » Les premières pages du livre de la Genèse évoquent un temps mythique, le temps d’avant l’histoire. Pourtant, rien de comparable avec ce qui se dit et s’écrit en Mésopotamie ou en Égypte. Le Dieu Un organise, sans violence autre que la force de sa parole, un espace où il place l’être humain. La relation homme/femme se détache sur cet horizon ; elle est au centre de l’ordre du monde. Au début du livre de la Genèse, deux récits « de création », celui des sept jours (Gn 1,1 – 2,4a) et celui du jardin (Gn 2,4b-25), décrivent, chacun selon son projet théologique, une relation de couple voulue par le Créateur et destinée à être féconde.
Contrairement aux récits mythologiques, le premier récit (Gn 1) fait coïncider l’histoire universelle avec le commencement du monde. On le dit de tradition sacerdotale, inspiré par l’exil à Babylone (VIe s. av. J.-C.), s’opposant résolument aux récits concernant Enki, Mardouk et autres dieux. Il n’y a pas d’histoire de la divinité avant l’histoire de l’humanité. « Au commencement », il n’y a que Élohim (Dieu) et la terre informe, « tohu-bohu ». Le monde des humains n’est pas le fruit d’un accouplement divin mais le résultat d’une création par séparation des éléments du cosmos. Il existe en vertu de la parole performative du Créateur : « Il dit… et [cela] fut ».
Le Dieu créateur de la Genèse est aussi le Dieu libérateur de l’Exode. Celui qui se fera connaître comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est celui qui se révélera à Moïse comme Yhwh (le Seigneur), c’est-à-dire le Dieu d’Israël, dans une relation d’alliance. Le deuxième récit (Gn 2), qui est peut-être plus ancien que le premier et en tout cas proche d’un milieu sapiential, le suggère en « rétroprojetant » le tétragramme Yhwh (nom propre du Dieu d’Israël) accolé au nom commun d’Élohim : Yhwh-Élohim (le Seigneur-Dieu).
Sixième jour : l’être humain sexué (1,26-28)
Dans le premier récit, au cours des cinq premiers jours de la création, une régularité s’instaure au moyen d’une formule introductive (« Dieu dit : “Que…” ») et d’une conclusion (« Dieu vit que cela était bon » et « Il y eut un soir, il y eut un matin : jour premier,… deuxième jour, […] …cinquième jour »).
En revanche, le sixième jour n’entre pas dans la somme des jours précédents. En effet, la formule introductive est au pluriel (« Dieu dit : “Faisons…” », v. 26), et le refrain conclusif est plus développé (« Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà : c’était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour », v. 31).
Par ailleurs, entre le projet divin et son exécution, trois différences se font clairement entendre :
– D’un pluriel « faisons » (v. 26), nous passons à un singulier « Dieu créa » (v. 27).
– De l’expression « image et ressemblance » (v. 26) ne sera retenue que l’» image » seule (v. 27).
– À cela s’ajoute l’instauration d’une différence sexuelle (v. 28) qui, on l’apprendra plus tard, met l’humain à égalité avec les animaux (voir Gn 6,19). Pour autant, cette différence sexuelle est au service d’une fécondité objet d’une vocation (v. 28), laquelle sera renouvelée après le déluge (Gn 9,1-7).
Finalement, tout se passe comme si l’humain était placé dans une situation médiane entre divinité et animalité : de Dieu, il partage l’« image », mais avec les animaux il a en commun la sexualité. C’est ce que suggère le changement de pronom en Gn 1,27 : « Dieu créa l’humain à son image / à l’image de Dieu il le créa / mâle et femelle, il les créa. » À l’image de Dieu, l’humain, masculin et féminin, est un (« il le créa »), mais pour être fécond, il doit être pluriel (« il les créa »). Par conséquent, l’adam est tout autant singulier que pluriel. Là réside le défi de sa fécondité créatrice, celle qu’il aura vocation à humaniser.
À peine l’humanité est-elle créée que Dieu bénit adam et la première parole qu’il lui adresse révèle sa vocation : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre » (Gn 1,28).
Être fécond, multiplier, emplir la terre. Cette invitation adressée à l’homme et à la femme est semblable à celle donnée, le cinquième jour, aux animaux qui nagent dans les eaux ou volent dans le ciel (v. 22). La fécondité et la prolifération font partie de l’identité de tout être vivant. Cela est donné par Dieu en bénédiction.
Soumettre la terre, dominer les animaux. La précision est d’importance : la fécondité humaine – et elle seule – va de pair avec un pouvoir confié, lequel s’exerce au besoin par la force, selon un vocabulaire typiquement guerrier. En effet, la racine hébraïque kabash signifie : « réduire en esclavage », « soumettre », « exploiter » (Jr 34,11-16 ; Ne 5,5 ; au passif, voir Nb 32,22.29 ; Jos 18,1). Or, cette suprématie est aussitôt corrigée par le don d’une nourriture végétale (v. 29). Ce type d’alimentation implique une appréhension paisible des choses de la terre, une limitation de la violence et donc un frein dans la domination sur les autres vivants. Maîtriser son pouvoir en le limitant, telle est la mission confiée par Dieu au partenaire humain de la création.

Le couple créé pour l’unité (2,18-25)
Le second récit, celui du jardin, commence par faire état d’un double manque : un manque d’eau pour la terre, un manque d’humain pour la cultiver (Gn 2,4b-7).
Le Seigneur-Dieu y remédie en modelant l’humain (adam) avec la poussière du sol et en plaçant un fleuve pour arroser le jardin. Cependant, la création de l’humain n’est pas encore entièrement achevée. À partir du v. 18, un troisième manque apparaît ; il concerne non plus la terre mais adam : la solitude. Ce manque est constaté par le personnage divin, ce qui lui confère une certaine gravité : « Le Seigneur-Dieu dit : “Il n’est pas bon que l’adam soit seul…”. » Dans une lecture canonique qui prend en compte l’articulation des deux récits de création, il est à noter que ce manque vise non pas l’« homme » en particulier, mais l’être humain en général, l’adam créé sexué (1,27). La différence sexuelle, porteuse de tant de promesses, peut également être source d’une profonde solitude. L’être humain sexué est donc appelé à avoir des relations justes, mais avec qui ? Deux cas de figures sont présentés par le récit :
• Une altérité inadéquate (v. 18-20). Elle vient du monde extérieur à l’adam. Le modelage qui se réalise s’apparente à celui de l’adam mais sans lui être tout à fait identique puisqu’il se fait à partir de adamah (« le sol ») et non de ‘aphar adamah (« la poussière du sol »). En outre, il n’est pas assorti, comme pour l’humain, d’une « haleine de vie » (v. 7). Les animaux sont proches de l’humain sans pour autant être animés par un principe vital et relationnel susceptible de combler sa solitude.
• Une altérité réussie (v. 21-24). Elle résulte d’une nouvelle action divine provenant de l’intérieur de l’adam. C’est de l’adam (et non de l’adamah) que sort celle qui sera son égal, en face de lui. La réalisation est décrite sous les traits d’une opération chirurgicale : « Le Seigneur-Dieu fit tomber une torpeur sur l’adam et il s’endormit. Il prit un de ses côtés et il referma la chair à sa place » (v. 21). C’est dire que l’action divine échappe entièrement à la connaissance humaine. Le conjoint, devant soi, sera toujours un mystère. Bien que partenaire du plus intime de sa vie, on ne parviendra jamais à le saisir entièrement. Un nouveau mot de vocabulaire illustre le rapport de face à face : « Le Seigneur-Dieu bâtit le côté qu’il avait pris de l’adam en une femme (’ishshah) et il l’amena vers l’adam » (v. 22). Ainsi, le féminin apparaît-il à côté du masculin. Pour combler le manque initial (la solitude), le Seigneur-Dieu ajoute un autre manque : la perte d’une part de soi, de son intégrité corporelle. Mais, de cette humanité soustraite, naît un couple dans lequel l’autre est reçu comme un don.
Alors l’humain devient un sujet de parole : « Et l’adam dit : “Celle-ci, cette fois, os de mes os, chair de ma chair ; celle-ci sera appelée femme (’ishshah) car d’un homme (’îsh) elle a été prise, celle-ci !” » (v. 23). Pour la première fois, l’adam s’exprime : il sort de lui-même pour reconnaître sa partenaire. Cette reconnaissance le fait littéralement « ex-ister ». Mais, dans son cri, l’adam estompe la relation de vis-à-vis ; il insiste plus sur les ressemblances que sur les différences : « os/os ; chair/chair » (cf. Laban et Jacob en Gn 29,14 ; Joseph et ses frères en 37,27). L’adam ne nomme pas formellement la femme comme il l’a fait pour les animaux. Le rapport est autre. Il la reçoit comme un don qui lui permet de briser l’isolement et vivre une rencontre. L’appellation joue sur les mots : ’îsh/’ishshah (à la fois ressemblance et dissemblance). En nommant sa partenaire ’ishshah, l’adam se désigne lui-même d’un nom nouveau : ’îsh, et, par conséquent, trouve comment désigner la juste relation qu’il entretient avec la femme.
À cela s’ajoute une parole de type prophétique : « C’est pourquoi l’homme (’îsh) quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme (’ishshah) et ils deviennent une chair une » (v. 24). Cette parole ne peut évidemment concerner le premier couple de la Bible (qui n’a pas de parents) mais tous les humains à venir.
Pour devenir ’îsh, l’adam doit se séparer de son père et de sa mère, comme ’ishshah a été séparée de l’adam. Toute relation nouvelle exige, au préalable, une prise de distance qui porte l’homme et la femme l’un vers l’autre en vue de devenir « chair une (ehad) » (et non pas « une seule chair » selon la traduction habituelle). Dans la tradition d’Israël, la chair désigne l’être humain tout entier. Et le ehad renvoie à l’acte créateur du « jour premier » ou « jour un » (yôm ehad, Gn 1,5). Par ailleurs, il renvoie au Dieu Un de la prière du Shema Israël (Dt 6,4) : le Seigneur est Un en lui-même, non parce qu’unique mais unifié. Pour être « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,26-27), la relation de couple est appelée à s’unifier : non à s’aliéner l’un par l’autre au point de fusionner dans un tout mais à exister l’un pour l’autre. C’est la raison pour laquelle la nudité n’est pas encore vécue comme une situation de honte (v. 25). Elle va rapidement le devenir.

Bertrand Pinçon, Cahier Évangile n° 158 (décembre 2011) p. 10-14.

L’ENFANT RÉVÈLE CE QU’EST L’ÊTRE HUMAIN

7 août, 2012

http://www.zenit.org/article-31587?l=french

L’ENFANT RÉVÈLE CE QU’EST L’ÊTRE HUMAIN

Par le P. Olivier Bonnewijn

Propos recueillis par Anne Kurian

ROME, mardi 31 juillet 2012 (ZENIT.org) – « L’enfant révèle l’humain dans ce qu’il a de plus fondamental » car « il vit dans et par la relation ». Telle est la certitude du P. Bonnewijn : « L’homme est un être relationnel et l’enfant manifeste cette réalité à un degré très pur ».
Le P. Olivier Bonnewijn diocèse de Malines-Bruxelles, est docteur en théologie de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Vicaire épiscopal à la formation, il enseigne la théologie morale à l’Institut d’études théologiques.
Il écrit par ailleurs des mini-romans pour les 11-12 ans, « les aventures de Jojo et Gaufrette », nés de ses nombreux services auprès d’enfants, lors de retraites, camps, scoutisme. Ces aventures ont un tel succès qu’elles vont être publiées en anglais à partir de Noël 2012.
Le P. Bonnewijn a accordé cet entretien à Zenit, dans lequel il évoque le monde des enfants, leurs caractéristiques, leur spiritualité.
Zenit – Pourquoi écrivez-vous des livres pour enfants ?
P. Olivier Bonnewijn – Pour donner Dieu à travers des histoires. Pour me réjouir avec les enfants de la beauté de la vie, dans les petites comme dans les grandes choses. Pour en explorer son mystère, sans en évacuer le tragique. Pour apprendre à regarder ce qui se cache dans le quotidien. Pour accompagner joyeusement les enfants sur le chemin de leur existence, avec ses mille et une questions. Pour jouer, d’une certaine manière, avec eux. Pour affronter avec eux certaines épreuves. Car les enfants passent naturellement par des moments de souffrance et d’angoisse, parfois redoutables. Ces histoires peuvent les aider à les traverser. Comment ? En mettant des mots, des images et des récits à sa disposition pour exprimer ce qu’ils ressentent, en leur montrant qu’ils ne sont pas seuls à vivre dans telle ou telle et telle situation, en les invitant délicatement à toujours garder confiance en Dieu et dans la bonté de la vie.
J’ai eu beaucoup de chances qu’Amandine Wanert accepte d’illustrer chacun de ces douze mini-romans. Avec un talent plein de fraîcheur et d’inventions, ses dessins communient admirablement au monde des enfants : expressions très fines et suggestives des visages, posters de chevaux dans la chambre de Gaufrette, course-poursuite dans une cours de récréation, cabane de Jojo dans un sapin, accessoires de vélo ou tube de dentifrice.
Vous ajoutez aussi des questions/réponses à la fin des histoires ?
Oui. Elles ont pour but d’éveiller et d’approfondir l’intelligence des enfants sur les thèmes abordés dans les histoires : l’amitié, les distractions dans la prière, le divorce, la rencontre de Dieu de plusieurs façons, l’origine de la vie, la victoire sur la tristesse, la rédemption à travers la mort et la résurrection, le discernement des désirs, l’Eglise, le sacrement de réconciliation, l’appel à la vie consacrée, la personne handicapée. Je suggère des pistes de réflexion sans donner des solutions toute faites. Une grande place est laissée à l’imagination de l’enfant, à sa recherche personnelle – aidée ou non par ses parents ou éducateurs -, à ses interrogations.
D’après les échos reçus, plusieurs parents, enseignants et même adolescents sont également touchés par ces histoires, y compris parmi ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne. Une des raisons de cet intérêt, je pense, réside dans le fait qu’il ne s’agit pas de pure fiction. Je récolte des « perles » auprès d’enfants et de situations bien réels. J’assemble ensuite ces « perles » à l’intérieur d’une intrigue solidement nouée autour de Jojo et de Gaufrette, des jumeaux de onze ans, qui évoluent avec leur sœur Prune, leur frère Bouloche et leurs multiples amis dans le cadre d’une famille qui s’aime … et qui se dispute parfois.
L’histoire de Gaufrette et du pape, dans « Place Saint-Pierre » est aussi une histoire vraie ?
Oui. Lorsque je faisais mes études à Rome, je logeais dans une maison d’accueil pour jeunes. J’y ai rencontré un couple américain avec leurs deux enfants adoptés. L’un d’eux, Jessica âgée de dix ans, avait l’habitude de prier pour le pape – à l’époque c’était Jean-Paul II – tous les jours, sans que personne ne le lui ait jamais demandé. Cette famille s’est rendue à une audience générale place Saint-Pierre et a remis à un garde suisse une lettre de Jessica pour le Saint-Père. A la fin de l’audience, le pape s’est soudain dirigé vers cette famille perdue au milieu de la foule et a demandé en anglais : « C’est vous le père de Jessica ? » Puis il s’est penché vers l’enfant et a échangé avec elle quelques paroles. Ravie, Jessica trouvait cela tout à fait normal. Ravis également mais stupéfaits, les parents sont allés interroger le garde suisse. Ce dernier leur a simplement répondu en haussant les épaules : « Avec le pape, on voit de temps en temps des choses déconcertantes. » Voilà les faits ! Au lecteur d’essayer de comprendre.
Qu’est-ce qui vous touche le plus dans la spiritualité des enfants?
L’enfant porte en lui un mystère magnifique : infinie vulnérabilité à l’amour, intelligence assez intuitive directement connectée sur le cœur et l’affectivité, joie de vivre quand tout va bien, réelle liberté, grande disponibilité intérieure, sens aigu de la justice. Bien sûr, il ne faut pas idéaliser : un enfant peut à certains moments être très dur et même cruel. Mais tout de même, quelle splendeur ! Personnellement, je suis particulièrement émerveillé de découvrir à quel point combien chaque enfant est unique, combien il a son génie et son histoire propres. Lorsque j’ai donné un cours d’anthropologie à Rome, comme professeur invité à l’Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille, j’ai proposé comme titre : « théologie de l’enfance ». Car selon moi, l’enfant révèle l’humain dans ce qu’il a de plus fondamental. Il vit dans et par la relation. C’est là sa première richesse, et quand celle-ci vient à manquer ou à être pervertie, c’est une vraie catastrophe. Avant d’être un agrégat de pulsions, un cogito rationnel, un travailleur, un acteur économique, un consommateur, un désir de puissance – tout cela est partiellement vrai -, l’homme est un être relationnel et l’enfant manifeste cette réalité à un degré très pur. Ce n’est pas pour rien que le Christ déclare : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux. » (Mt 18,3)
Est-ce que la société a conscience de ce qu’est un enfant aujourd’hui ?
Vaste question ! Aujourd’hui, il y a beaucoup d’éléments très positifs à ce sujet, tant d’un point de vue éducatif, spirituel, psychologique que social. Que de découvertes ! Que de progrès réalisés en moins d’un siècle ! Cependant, force est de reconnaître que la crise à laquelle la famille est confrontée actuellement cause de graves dommages auprès de bien des enfants.
Que pensez-vous des rencontres de Benoît XVI avec des enfants ces derniers mois, au Bénin et au Mexique ?
Le Saint-Père a une capacité prodigieuse de s’adresser aux enfants, dans une limpidité, une proximité, une simplicité et une profondeur exceptionnelles. Il les prend très au sérieux, sans en faire des adultes en miniature et sans les infantiliser. Il les aime et s’adresse à eux comme un père et même comme un grand frère. Il leur communique la joie et l’audace de grandir dans la vérité. Et il compte beaucoup sur leurs prières.

Un enfant a besoin de l’amour d’un père et d’une mère, affirme le pape

7 mai, 2010

du site: 

 http://www.zenit.org/article-23467?l=french

Un enfant a besoin de l’amour d’un père et d’une mère, affirme le pape

Audience à l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille

ROME, Lundi 8 Février 2010 (ZENIT.org) – Un enfant a besoin d’être aimé « par une mère et par un père qui s’aiment », a affirmé Benoît XVI en déplorant les conséquences d’un divorce ou d’une séparation sur l’équilibre d’un enfant.

Le pape a reçu en audience, le 8 février au Vatican, les participants à la 19e assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille qui se déroule du 8 au 10 février sur le thème du droit de l’enfance, en lien avec le 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée aux Nations Unies le 20 novembre 1989.

Dans son discours, Benoît XVI a évoqué la « famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme » comme « l’aide la plus grande que l’on puisse offrir aux enfants ». Des enfants qui « veulent être aimés par une mère et par un père qui s’aiment et ont besoin d’habiter, de grandir et de vivre avec leurs deux parents, parce que les figures maternelles et paternelles sont complémentaires dans l’éducation des enfants et dans la construction de leur personnalité et de leur identité ».

Il est donc important « de faire tout son possible pour les faire grandir dans une famille unie et stable », a exhorté le pape qui a invité les conjoints « à ne jamais perdre de vue les raisons profondes et le caractère sacramentel de leur pacte conjugal et à le renforcer par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière, le dialogue constant, l’accueil réciproque et le pardon mutuel ».

« Un environnement familial tourmenté, la séparation des parents et en particulier le divorce ne sont pas sans conséquence pour les enfants, alors que soutenir la famille et encourager ses droits, son unité et sa stabilité est le meilleur moyen de protéger les droits et les exigences authentiques des mineurs », a-t-il aussi estimé.

La convention sur les droits de l’enfant

Evoquant le 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée aux Nations Unies le 20 novembre 1989, le pape a aussi rappelé que l’Eglise avait toujours « encouragé la protection de la dignité et des droits des mineurs ».

« Malheureusement, dans certains cas, certains de ses membres, agissant en contradiction avec cet engagement, ont violé ces droits : un comportement que l’Eglise ne manque pas et ne manquera pas de déplorer et de condamner », a-t-il dénoncé.

La convention sur les droits de l’enfant « a été accueillie avec faveur par le Saint-Siège, parce qu’elle contient des exemples positifs concernant l’adoption, les soins sanitaires, l’éducation, la protection des personnes handicapées et la protection des petits contre la violence, l’abandon et l’exploitation sexuelle et professionnelle », a-t-il affirmé.

Un Vademecum pour la préparation au mariage

Devant les participants à l’assemblée plénière, le Saint Père a également salué la préparation par le dicastère d’un Vademecum pour la préparation au mariage. Il a rappelé que dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio, Jean-Paul II affirmait qu’une telle préparation comportait « trois étapes principales : la préparation éloignée (qui concerne les enfants, les adolescents et les jeunes), prochaine (qui concerne les fiancés) et immédiate (à l’approche du mariage) ».

La « préparation éloignée » implique ainsi « la famille, l’école, les lieux d’éducation » et vise à faire comprendre à ces jeunes « la vie comme vocation à l’amour ». « Durant cette étape, la signification de la sexualité comme capacité de relation et énergie positive à intégrer à l’amour authentique devra progressivement émerger ».

Le pape a ensuite évoqué la « préparation prochaine » comme « un itinéraire de foi qui conduit à une connaissance approfondie du mystère du Christ et de l’Eglise, des significations de la grâce et de la responsabilité du mariage ». Durant cette étape, il a évoqué la nécessité de présenter un « parcours de catéchèse » qui prévoie « des interventions du prêtre et de divers experts » ou encore « l’accompagnement de quelques couples exemplaires d’époux chrétiens ».

Enfin, à l’approche du mariage, la dernière étape « pourrait comprendre une catéchèse sur le rituel du mariage et sur son sens, une retraite spirituelle », a-t-il ajouté, et le soin apporté à la célébration du mariage « afin qu’elle soit perçue par les fidèles et particulièrement par ceux qui s’y préparent, comme un don pour toute l’Eglise ».

Marine Soreau

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