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Ouverture de l’assemblée plénière des évêques de France

4 avril, 2008

02-04-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17629?l=french
  

Ouverture de l’assemblée plénière des évêques de France 

Discours du cardinal Vingt-Trois 

ROME, Mercredi 2 avril 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, pour l’ouverture de l’assemblée plénière des évêques, hier, 1er avril, à Lourdes. L’assemblée se déroule du 1er au 4 avril en présence d’une centaine d’évêques. 

Chers amis, 

La coutume n’est pas d’ouvrir cette session de printemps par un discours. Mais les circonstances présentes et les événements récents ont conduit le Conseil Permanent à penser qu’il serait bon de commencer ce temps d’échange par quelques réflexions du président. 

1. Avec les prêtres de nos diocèses. 

Notre assemblée se réunit quelques jours à peine après les célébrations de la fête de la Pâque que nous avons tous vécues avec grande joie. Dans nos diocèses, ces fêtes pascales sont le sommet de notre année liturgique et aussi un grand moment d’espérance. En effet, elles sont le temps où les nouveaux chrétiens adultes et jeunes, de plus en plus nombreux, reçoivent les sacrements de l’initiation, promesse de l’avenir de notre Église. Elles sont aussi un temps fort de la communion diocésaine vécue dans la célébration de la Messe Chrismale. Celle-ci nous réunit, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, dans une même communion à l’entrée du Triduum Pascal. Elle manifeste solennellement la dimension diocésaine de tous les sacrements et fait apparaître sacramentellement la communion du presbyterium autour de l’évêque exprimée par le renouvellement des promesses de l’ordination sacerdotale. 

En notre nom à tous, je voudrais exprimer aux prêtres de nos diocèses, notre joie de ces moments vécus ensemble, notre confiance et notre affection. Elles vont à tous les prêtres qui sont associés jour après jour à notre ministère et particulièrement aux prêtres diocésains qui sont nos collaborateurs les plus proches et les plus fidèlement attachés à nos diocèses. Nous savons tous combien leur tâche est lourde. Mais, plus que la lassitude quotidienne qui ne nous effraie pas, ce qui pèse le plus lourd, c’est le sentiment, plus ou moins fort, d’être entraînés comme dans un tourbillon dont ni le sens ni le but ne nous sont toujours clairs et de ne pas voir encore se lever la génération de nos successeurs. 

Sans doute cette incertitude est-elle l’épreuve qui nous est donnée à vivre en ce temps. Nous voulons la vivre dans la confiance et l’espérance, mais la confiance et l’espérance ont aussi besoin d’être éclairées et soutenues. En ces décennies notre Église vit une profonde mutation liée aussi bien aux évolutions sociologiques de nos départements qu’aux ébranlements des transmissions culturelles. Beaucoup des membres de notre Église n’y sont pas préparés, – est-on jamais préparé aux nouveautés de la vie ? – ; ils en souffrent en voyant que l’Église ne répond pas directement à leurs demandes et à leurs attentes. Ils ont parfois la tentation d’accuser les prêtres d’être responsables de la situation. Certains groupuscules font leur publicité en accusant tout simplement l’Église elle-même à travers ses évêques soupçonnés et brocardés. 

Comment pouvons-nous vivre sainement, – et même saintement -, cette fracture ou ces malaises ? Certes, on peut céder à la tentation bien française du miracle de la réforme institutionnelle. Les réformes sont nécessaires et, quand elles sont menées avec le travail nécessaire de consultation, elles peuvent porter du fruit. Mais elles ne font pas tout. Aucun évêque, ni même la conférence des évêques tout entière, n’est capable de trouver la formule miracle qui aplanirait toutes les difficultés, sauf à vivre dans l’illusion organisationnelle !  Jamais le Christ n’a donné un schéma directeur de l’Église ou du ministère « clefs en main ». Il n’y a pas de kit disponible. 

Si nous voulons vraiment avancer dans notre tâche missionnaire et ajuster nos pratiques à nos possibilités et aux appels de la mission, la seule voie qui nous est ouverte est celle du travail commun avec les membres de nos communautés et celle de la communion du presbyterium autour de son évêque. Cet engagement modeste à mettre en oeuvre les réformes nécessaires, a été fructueux dans bien des diocèses au cours des années passées. Il suppose aussi que nous, évêques, et les prêtres de nos diocèses, soyons assez disponibles pour ne pas vouloir relancer la dynamique missionnaire en maintenant à tout prix ce qu’était l’organisation du XIXe siècle, ni même celle des années 1950. 

Dans cet effort, les prêtres des paroisses sont ceux sur qui pèse le plus le poids de la transition. Nous savons qu’ils ont la détermination et la force pour avancer « en eaux profondes » avec foi. Nous leur disons à nouveau notre confiance et nous voulons avec eux proclamer notre espérance. Certes, ils ne peuvent pas, à eux seuls, définir les conditions fondamentales du discernement nécessaire. Nous ne le pouvons pas davantage. Tous, nous recevons les critères du ministère ordonné de la Tradition de notre Église, en particulier des décrets du Concile Vatican II sur le ministère et la vie des prêtres et de leur relecture par le Magistère ordinaire, notamment dans les sessions du synode des évêques et l’exhortation apostolique Pastores dabo vobis. Consacrés pour enseigner, sanctifier et gouverner le Peuple de Dieu avec les évêques, les prêtres ont une boussole pour discerner avec leur évêque les terrains prioritaires de leur engagement dans le service de l’Église. Pour notre part, nous sommes engagés à favoriser et à développer ce discernement dans chacun de nos diocèses. 

La tâche est considérable et nous voyons combien nous manquons de moyens pour la mener à bien. Nous devons donc sans cesse reprendre une dynamique de l’appel. Cette dynamique peut être et doit être soutenue par les services diocésains, mais elle repose avant tout sur la détermination de chaque prêtre de nos diocèses et sur leur détermination à tous à y associer les laïcs. Nous ne pouvons pas abandonner à des groupes particuliers le privilège de se présenter comme les seuls légitimes à envisager l’avenir et à le préparer ! Le travail de fond que nous avons entrepris au sujet de la formation des prêtres signifie bien que nous ne prenons pas notre parti de la situation présente. Nous devons intensifier notre prière en ce prochain dimanche du Bon Pasteur. 

Nous voudrions partager avec nos prêtres la confiance qui nous habite, notre joie d’être embarqués avec Jésus sur la barque apostolique et notre espérance qu’il nous conduit bien au port. L’enjeu de notre navigation ne concerne pas seulement les difficultés quotidiennes que nous rencontrons. Il concerne tous les hommes de notre temps et l’actualité nous donne malheureusement bien des occasions de le vérifier. 

2. Une société pour la vie. 

Une récente campagne a été orchestrée, une nouvelle fois, à partir du drame personnel d’une personne gravement malade pour faire passer dans l’opinion le sentiment qu’il y aurait urgence à délivrer légalement un permis de disposer de sa vie. En réalité, il s’agirait d’un nouveau permis de disposer de la vie de son prochain, disons-le simplement : d’un permis de tuer. Alors que nous ignorions tout de la situation médicale réelle de la personne, des traitements possibles, des traitements proposés, acceptés ou refusés, on a voulu capter l’émotion légitime pour la substituer à la réflexion ; on a fait monter les enchères émotionnelles ; on a instrumentalisé une situation douloureuse pour la cause. On parle beaucoup de dignité ! Nous n’avons certainement pas la même conception ni la même pratique de ce mot. 

Sournoisement, le travail admirable des équipes de soins palliatifs a été discrédité et dévalué aux yeux de l’opinion. Honteusement, des milliers de personnes gravement atteintes ou dans le dernier âge de leur vie ont été soupçonnées de ne pas avoir le courage de la « dignité ». Frauduleusement, la requête de reporter la décision de sa mort sur la société a été présentée comme un progrès humain. La loi, votée il y a deux ans et pas encore vraiment appliquée, a été occultée. La passion pour la mort a remplacé la compassion pour la vie. 

Plusieurs d’entre nous se sont exprimés justement et sobrement sans faire le jeu médiatique de cette vente aux enchères de la dignité. Aujourd’hui, nous voulons dire ensemble notre conviction que la société n’a pas vocation à organiser la mort, la mort de personne : ni celle de l’enfant à naître, ni celle du grand malade en phase terminale, ni celle des vieillards en fin de vie. Si elle le faisait, elle saperait les fondements mêmes de son existence. Elle deviendrait un lieu du doute : veut-on encore de moi ? Comme évêques mais tout simplement comme êtres humains, nous voulons rappeler que la dignité humaine n’est pas de chercher dans la mort la solution aux situations graves et angoissantes auxquelles tous les hommes sont confrontés un jour ou l’autre. Nous voulons dire encore une fois notre estime et notre admiration pour les hommes et les femmes qui assument leur vie avec courage et discrétion, pour les médecins qui cherchent sans cesse à soulager la souffrance, pour les équipes soignantes qui respectent, elles, la dignité de leurs malades, pour les familles qui accompagnent courageusement leurs membres éprouvés. Surtout, nous voulons exprimer notre résolution d’agir conformément à ces convictions en soutenant tous ceux qui se mettent vraiment au service de la vie. Nous le faisons particulièrement en n’abandonnant pas les malades graves à leur détresse et à leur souffrance. 

Nous voulons encourager le travail des aumôneries d’hôpitaux et de maisons de retraite. Nous voulons appeler les fidèles laïcs ou consacrés à se proposer pour des services de visite et d’accompagnement auprès des personnes malades ou des personnes âgées, en particulier celles qui sont en grande souffrance physique ou psychologique. 

La dignité humaine est vraiment à promouvoir, mais cette promotion ne peut pas passer par le déni de la valeur de chaque existence humaine quels que soient ses handicaps ! Une société pour la vie est une société qui aide ses membres à vivre jusqu’au bout leur vie, qui ne les fait pas douter de la valeur de leur présence ici-bas.  3. Une Europe ouverte.    

Le 1er juillet prochain, la France va prendre pour six mois la présidence de l’Union Européenne. Les récentes élections municipales et cantonales ont occupé le devant de la scène médiatique. En sera-t-il de même de cet événement qui surgira à la veille des vacances au cours desquelles se déroulera presque un trimestre de ce semestre de présidence française ? En tout cas, ce temps de la présidence française doit nous inciter à réfléchir sur notre implication dans l’ensemble européen et sur les accents qui marqueront le deuxième semestre de 2008, année européenne du dialogue inter culturel. 

Les fruits de la construction européenne sont considérables et inestimables : ils portent le nom de la Paix. Mais ils sont aussi fragiles. Cette petite portion du globe terrestre a accumulé au cours des siècles une capacité de développement et de gouvernement sans doute exceptionnelle. Il nous suffit de porter notre regard sur le monde pour en être convaincus : 

– la Colombie et les otages retenus, dont notre compatriote Ingrid Bettancourt.  Permettez-moi d’exprimer notre reconnaissance et nos encouragements fraternels à Mgr Castro Quiroga, président de la Conférence épiscopale de Colombie, pour l’action persévérante de l’Église dans cette longue crise. 

– Le Tibet et les représailles qui s’y déroulent. 

– La Birmanie dont on ne parle plus guère. 

– Le Darfour et le Soudan. 

– Le Moyen-Orient : Liban, Israël et les Palestiniens, avec une attention particulière pour nos frères chaldéens d’Irak. Les communautés chaldéennes en France doivent pouvoir compter sur notre soutien pour accueillir ceux qui viendront se réfugier. 

– L’Algérie et les mesures contre l’exercice des religions chrétiennes. Même si les circonstances ne permettent pas d’expressions publiques très spectaculaires de notre part, nos frères savent que nous sommes à leurs côtés dans leur volonté de vivre en Algérie, aux côtés des Algériens et en paix avec eux. 

De tout cela, notre vieille Europe est préservée, même si les progrès vers l’union sont venus conclure des phases sanglantes et démentielles. Ils ont été incontestables et ont été produits par l’implication de grands hommes d’État comme Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi et Robert Schumann, pour ne citer que les plus connus. Aucun des trois ne faisait mystère de sa motivation chrétienne dans son engagement apparemment utopique. A la même époque, une autre Europe se construisait au-delà de la ligne Oder-Neisse. Nous en connaissons les fruits amers. 

Avec son élargissement, notre Europe se trouve confrontée à une question d’objectif que l’entrée des pays de l’ancienne domination soviétique a déjà posée. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour l’établissement et l’affermissement de la paix ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans le partage de la prospérité ? Déjà, dans nos pays très développés de l’Ouest européen, la question de l’accueil des migrants est récurrente. Voulonsnous une Europe ouverte ou une Europe close devant les risques de perdre notre sécurité économique, dont la fragilité financière provoque les soubresauts que l’on sait ? L’histoire a montré qu’il n’est pas de clôture qui résiste aux besoins élémentaires qui s’expriment au dehors. La seule voie qui nous paraît raisonnable est évidemment celle du développement qui donne de quoi vivre dans les pays de forte immigration. Mais cette politique coûte très cher en argent et en vigilance sur l’utilisation des aides. Quel pourcentage de notre richesse nationale sommes-nous prêts à y investir, non seulement en « promesses de dons » mais en financement réel ? 

La France, pays de migrations anciennes, qui s’enorgueillit d’être le « pays des droits de l’homme » va-t-elle aider l’Europe à progresser dans une politique d’ouverture devant les migrations ? Va-t-elle elle-même progresser dans la mise en oeuvre d’une politique d’aide au développement ? Va-t-elle progresser dans les procédures de traitement des demandes d’asile, dans leur durée comme dans les critères mis en oeuvre et la manière de traiter les demandeurs ? Une politique raisonnée de l’immigration est indissociable des moyens à dégager pour que les fonctionnaires chargés de son exécution ne soient pas submergés et ne se trouvent pas dépassés par les situations qu’ils ont à traiter. Enfin, par delà la réglementation nécessaire, la manière de traiter des personnes en détresse suppose un engagement déterminé dans l’application des lois et des jugements. Une personne qui ne réunit pas les conditions d’accueil sur notre territoire ne cesse pas pour autant d’être une personne humaine, un homme, une femme, un enfant, que l’on doit respecter et traiter avec dignité. Une personne ne peut pas être détenue dans des conditions inhumaines. 

L’Église se félicite que de nombreux catholiques soient engagés sur ce front de la solidarité. Elle encourage les fonctionnaires et membres des forces de l’ordre qui exécutent leur mission en respectant les personnes concernées. Elle appelle les communautés locales à réfléchir et à agir pour venir en aide à ceux qui ont mis leur espoir, leur ultime espoir, dans le risque de l’immigration. Elle soutient les femmes et les hommes politiques dans leur implication pour cette cause, même si elle n’est pas très rentable électoralement. Si nous pouvons évoquer à juste titre les racines chrétiennes de l’Europe, c’est à nous d’agir de telle façon que ces racines soient manifestes et continuent à porter leurs fruits. C’est seulement à ce prix que nous pourrons redonner à notre jeunesse des raisons d’espérer, de croire en l’avenir et d’échapper aux mirages de la violence et des paradis artificiels que fournissent la drogue et l’alcool. La joie de la Résurrection nous y encourage toujours, nous chrétiens. 

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, mais nous devons préserver du temps pour que, vous aussi, vous puissiez parler dans cet échange sur l’actualité. 

Je vous remercie. 

André Cardinal VINGT-TROIS 

Archevêque de Paris 

Président de la Conférence des évêques de France 

Les évêques de France analyseront la question de la bioéthique

2 avril, 2008

01-04-2008, du site:
http://www.zenit.org/article-17618?l=french

Les évêques de France analyseront la question de la bioéthique

« Parole de Dieu et bioéthique »

ROME, Mardi 1er avril 2008 (

ZENIT.org) – « La Parole de Dieu et la bioéthique » : c’est le thème choisi par les évêques de France pour leur assemblée de printemps qui s’est ouverte aujourd’hui à Lourdes, en lien à la fois avec le prochain synode et la révision de la loi française.

Elle se tiendra jusqu’à vendredi, 4 avril. Le 3 avril, les évêques feront ensemble la démarche jubilaire du 150e anniversaire des apparitions, indique un communiqué de la conférence des évêques de France.Mgr Pierre d’Ornellas, responsable du groupe de travail sur la bio

éthique constitué en novembre, doit rendre compte de ses premiers travaux en vue de la révision des lois de bioéthique de 2004 prévue en 2009, souligne « Gènéthique », la synthèse de presse de la fondation Jérôme Lejeune. Les évêques s’interrogeront sur les actions et la place qu’ils souhaitent occuper dans le débat occasionné par cette révision.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a ouvert les débats et les présidera. Cette session, qui se tiendra à huis clos, rassemblera plus d’une centaine d’évêques.L’Assembl

ée travaillera en particulier sur la mission des évêques à l’égard de la Parole de Dieu. Leur réflexion s’appuiera sur les expériences diocésaines de lecture personnelle et en Eglise de la Parole de Dieu et se fera en lien avec le synode des évêques prévu sur ce thème à Rome en octobre prochain.

Sont par ailleurs prévus des comptes-rendus des démarches entamées par les groupes de travail « Faire vivre nos églises » et « Indifférence religieuse et visibilité de l’Eglise ». Une séquence sur les prêtres fidei donum est également au programme : elle concernera aussi bien les prêtres étrangers en mission pastorale en France que les prêtres français en mission à l’étranger.

Jeudi 3 avril, les évêques feront ensemble la démarche proposée à tous les pèlerins pour le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette : démarrant à 8h45 de l’église paroissiale de Lourdes, les évêques se rendront ensuite au « cachot » puis à l’oratoire de l’hospice. Ils concélèbreront la messe à partir de 11h15 en la basilique Notre-Dame du Rosaire. Leur démarche s’achèvera avec la prière de l’Angélus et celle du jubilé devant la Grotte.

Cardinal Lustiger : « Il parlait d’abord la langue de l’humanité, ensuite celle de l’Église… »

2 avril, 2008

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_54__article_5967.htm

 

Jean-Marie Cardinal Lustiger † 

 

« Il parlait d’abord la langue de l’humanité, ensuite celle de l’Église… » 

 

Aug 10, 2007 

 

Tout au long de la journée d’hier, les fidèles se sont relayés devant le cercueil.

(Le Figaro, 10 août 2007) « La Mort  ne peut me garder sur la Croix. Mon corps ne peut que revivre en tes bras. Je vais vers toi mon Seigneur, dans la joie… »

Hier à l’heure de midi dans la cathédrale Notre-Dame, une foule recueillie suivait les hymnes entonnés par les membres de la chorale, vêtus d’une aube bleue. Tous étaient là pour prier devant le cercueil du cardinal Lustiger, placé devant l’autel, sur lequel avait été posée la mitre cardinalice, blanche et rouge.

Barbara, la soixantaine, les yeux rougis par l’émotion, s’est assise sur une chaise du fond, à l’écart de la foule des fidèles et de celle des touristes qui formaient comme chaque jour un flot incessant mais rigoureusement canalisé. « Le cardinal parlait d’abord la langue de l’humanité, et ensuite celle de l’Église », souligne cette enseignante en langues. « Il s’adressait aux hommes, sans prendre une posture autoritaire d’ecclésiastique. » Tout en parlant, Barbara observe les jeunes qui mitraillent la célébration en cours, téléphone portable en main. « Les jeunes venus de la base étaient une priorité pour lui. Pas seulement les dossiers internationaux géo-spirituels ! »

Des dossiers dont les fidèles pouvaient avoir un aperçu, dans l’allée centrale de la cathédrale. Des panneaux avaient été installés, chacun d’entre eux illustrant une action ou une pensée du cardinal défunt.

«Concilier les extrêmes»

Devant celui consacré à son identité juive, une jeune femme autrichienne s’étonne : « Comment pouvait-il être à la fois juif et chrétien ? » Non loin d’elle, Jean-Baptiste Barbot est plongé devant des extraits de livres du cardinal portant sur le bonheur. Ce cadre parisien, habitant de la banlieue Ouest, est venu rendre hommage, « à celui qui a su tenir la barre dans un contexte où l’Église était chahutée, après le concile Vatican II ». « Il a su ouvrir un chemin équilibré et concilier les extrêmes… »

Sur la droite de l’autel, sur les lieux même de la conversion de Paul Claudel, des lumignons brûlent par dizaines. Trois gros registres rouges de condoléances sont remplis de témoignages et des bouquets de fleurs ont été posés à même le sol. À quelques mètres du cercueil, une petite fille africaine, la tête pleine de nattes, fait tourner sa robe blanche en riant. Bouche bée, les touristes s’arrêtent devant cette cérémonie presque familiale dans leur tour quasi automatique de la cathédrale. 

pour la suite de la Via Crucis de Mons. Follo…

21 mars, 2008

sur:

http://www.eglise-chaillot.com/

 suivir le parcour:

1.  Chemin de Croix

2. Intégralité de la prédication de Mgr Follo

Chemin de Croix aux Champs Elysée par Mgr Follo (1)

20 mars, 2008

19-03-2008, du site:
http://www.zenit.org/article-17566?l=french

Chemin de Croix aux Champs Elysée par Mgr Follo (1)  Méditations des cinq premières stations 

ROME, Mercredi 19 mars 2008 (ZENIT.org) – « Commençons le Chemin de Croix en faisant le signe de croix comme Mère Teresa de Calcutta avait l’habitude de le faire » : cette invitation de Mgr Follo donne une clef de sa méditation du Chemin de Croix. Mgr Follo invite les fidèles à se mettre à l’école de Marie, à regarder Jésus avec les yeux de sa Mère, pour comprendre la parole du Christ : « mon fardeau est léger ».

Voici en effet le texte intégral des cinq premières stations du Chemin de Croix de la paroisse de Saint-Pierre de Chaillot qui passera aux Champs Elysée, le Vendredi Saint : les méditations ont été composées par l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, Mgr Francesco Follo, à la demande du curé de la paroisse Saint-Pierre de Chaillot.Commençons le Chemin de Croix en faisant le signe de croix comme Mère Teresa de Calcutta avait l’habitude de le faire :

Au nom du Père – prière,
et du Fils – pauvreté,
et du Saint-Esprit – zèle pour les âmes.
Amen – Marie.
Unissons notre Amen à celui de la Vierge Mère et accomplissons notre marche vers la Croix comme un « exode », comme un acte d’amour, de cet amour qui conduisit Jésus à Getsémani et au Calvaire pour ramener au bercail ceux qui s’étaient égarés.
Identifions-nous avec elle, notre Mère, elle qui resta debout, près de son Fils marchant vers le Calvaire pour nous sauver, nous qui, de la Croix, lui avons été donnés comme fils.
Quel supplice il y a dans le coeur de cette Mère qui voit son Fils unique s’acheminer vers la mort!
Entrons dans le coeur de cette Mère immaculée et contemplons sa douleur. Le prophète Jérémie avait écrit : « O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lam. 1,12).Entrons ensuite dans le coeur du Christ et étreignons avec Lui Marie, la remerciant pour son Amen. Demandons-lui qu’elle nous tienne dans son coeur très pur. Etant près d’elle, nous serons conduits face à face avec l’Amour crucifié, nous pourrons donner au Christ notre amour et recevoir l’Amour du Christ, Lui qui est « la Parole à proclamer, le Pain de Vie à manger, la Faim à nourrir, la Soif à rassasier » (Mère Teresa de Calcutta : To me, Jesus is the Word – to be spoken, the Bread of Life – to be eaten, the Hungry – to be fed, and the Thirst – to be satiated »).L‘enseignement que nous donne Jésus par sa vie atteint son point culminant dans l’événement de la Croix. Dieu s’est révélé Lui-même et, plus précisément, il a révélé son amour passionné pour nous, surtout par l’Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection de son Fils. Cet amour, à ce niveau, est la plus importante des vérités révélées par le Christ. Elle constitue le noyau du Christianisme.
Quand Jésus a voulu exprimer l’amour de Dieu dans sa pointe maximale, il a dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré (sous-entendu ‘à la mort’) son Fils unique, afin que tout homme qui croit ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3,16), la vraie vie, maintenant et pour l’éternité.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).
« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20,28; Mc 10,45).

Avec Marie, unissons-nous à Jésus pour sauver nos frères d’exil et prions : « Garde, Seigneur, nos âmes unies pour toujours, afin qu’en ne suivant que Toi, dans ton chemin de Croix, notre dilection devienne charité » (cf. S. Augustin : « Custodi, Domine, animas nostras in perpetuo iunctas, ut te solum sequentes in via dilectio nostra caritas fieri posset »). Première Station : Jésus est condamné à mort

- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum

 » Voici l’Homme!  »
A
lors Pilate ordonna d’emmener Jésus pour le flageller. Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau de pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut, roi des Juifs! ». Et ils le giflaient. Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : « Voyez, je vous l’amène dehors, pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif d’accusation ». Alors Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme! ». Quand ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le! Crucifie-le! ». Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le ; car pour moi, je ne trouve en lui aucun motif d’accusation » (Jn 19, 1-6). Voici l’Homme. Condamner le Christ, c’est déclarer l’homme coupable. Comment est-il possible de regarder l’Homme courronné d’épines, revêtu de pourpre et de crier : « Crucifie-le, crucifie-le » (Jn 19, 6) ? Pourquoi écarter Jésus et choisir Barabbas ? Pourquoi crucifier l’Amour ? Pourquoi condamner l’Amour ? Pourquoi son amour est-il vu comme une menace pour l’homme ?
Il est absurde de déclarer quelqu’un innocent et de le condamner ensuite. Ce n’est pas seulement irrationnel, c’est inhumain, même si la peur peut servir d’excuse.
Il est absurde de demander la crucifixion de l’Homme ovationné quelques jours auparavant. Ce n’est pas seulement insensé, c’est inhumain, même si l’espérance déçue est une circonstance atténuante.
Il est absurde de vouloir crucifier le Fils de l’Homme, l’élu, au nom de la loi divine. Ce n’est pas seulement contradictoire, c’est impie, amplement inhumain.
Pourquoi peut-on condamner à mort le Fils au nom du Père, en l’accusant de blasphème ? Pourquoi ne veut-on pas accueillir la révélation que Dieu est Amour, qu’il guérit notre amour, en nous enseignant l’obéissance du coeur ?

Aujourd’hui comme alors, nous avons l’excuse de la peur, de l’espérance déçue, de l’irreligiosité. Mais aujourd’hui comme alors, nous avons l’exemple de la Vierge Marie
- qui ne condamna pas les fils coupables, par amour du Fils innocent ;
- qui ne désespéra pas, restant debout près de la Croix, comme un signe d’espérance ;
- qui conserva sa piété envers son Fils et envers nous, ses fils.Prions :
Seigneur Jésus, par le mérite de ton Chemin de Croix, accompagne-nous dans notre chemin de Croix d’aujourd’hui et dans celui de chaque jour vers l’éternité. Toi qui es Dieu et qui vis et règnes sur la Croix avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.Pater Noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

Stabat Mater dolorosa
Iuxta Crucem lacrimosa
Dum pendebat Filium

Deuxième Station : Jésus est chargé de sa Croix.

- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundu
m-  » Signe de contradiction  »
« Jésus, portant lui-même sa Croix, sortit en direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha » (Jn 19,17).L‘évangéliste saint Jean dit expressément : « Jésus porta la croix par sa propre décision » (« baiulans sibi crucem »). Jésus, le Seigneur, reçoit des hommes cette Croix que, de toute éternité, il a déclaré à son divin Père être prêt à assumer, dans la plus parfaite liberté de l’amour.
Librement, avec la liberté de l’amour, Jésus reçoit la Croix comme un Roi reçoit le Sceptre. L’agneau conduit à l’abattoir porte la Croix comme un Roi porte le sceptre. « Dominus regnavit a ligno » (Ps 95, 9; cf. aussi Is 9,6) et, de cette façon, il manifeste son amour.
Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Certes pas la Croix, par laquelle il cloue son amour dans un don plénier, gratuit, passionné d’amour envers et pour nous, ses frères en humanité. La croix était un instrument de mort honteux, infâme. Il n’était pas permis de condamner à la mort en croix un citoyen romain : c’était une manière trop infâmante de séparer un homme des autres hommes, parce qu’elle élevait son humiliation et l’éliminait en l’élevant. La Croix du Christ est un instrument de communion, c’est un sceptre avec lequel le Christ règne, lorsque, sur elle, il offre Sa vie. La Croix est portée par le Christ comme la brebis perdue est portée sur les épaules du Bon Pasteur qui, du précipice où elle était tombée, lui fait reprendre le chemin.
Alors que Jésus se met en route avec ce lourd sceptre de l’amour, une grande multitude de personnes le suit. Mais où sont-ils, en cette heure, ceux à qui il a prodigué ses bienfaits ? Pourquoi ne sont-ils pas là pour témoigner du bien reçu de Lui ? Ils ont peur et se cachent. Pourquoi ? Parce qu’ils sont ingrats. Pourquoi ne crient-ils pas comme lorsqu’ils imploraient la guérison ? Parce qu’ils ont honte et peur.
Seule Marie, Vierge et Martyre, la Mère des Douleurs, Sa Mère, la comblée de bienfaits depuis l’éternité, le suit sans honte et sans peur, même si la Croix, qui brise les épaules de son Fils, traverse son coeur comme une épée.
Si une épée traversa le coeur paternel d’Abraham, et si le Seigneur le combla de bénédiction pour ses descendants, l’épée qui traverse le coeur virginal de la Mère de Dieu se réfère au Bois de la malédiction (Dt 21,23), d’où le Père, dans le Fils, donne sa bénédiction et la promesse faite à Abraham, c’est-à-dire l’Esprit Saint (Gal 3,13.14).
La même épée du Verbe divin traverse le coeur de tous les fidèles quand, par le baptême, ils sont appelés à une existence sacrificielle devant leur Seigneur.
Le Christ, signe de contradiction, nous invite à décider si nous voulons refuser sa Croix ou bien la reconnaître, non comme un signe de condamnation, mais comme un signe d’offrande.Prions :
Dieu, Père plein de grâce et de miséricorde, aide-nous à regarder cette Mère qui, de la crêche au Calvaire, a partagé dans son coeur toutes les douleurs de son Fils, pour que nous placions notre coeur entre ces deux Coeurs sacrés qui vibrent par amour de la créature humaine, de manière à vivre et à agir dans la même charité. Par Jésus-Christ, notre Seigneur, qui, de la Croix, règne avec Toi et le Saint-Esprit. Amen.Pater noster… ; Ave Maria… ; Gloria Patri…

« Cuius animam gementem
contristatam et dolentem
pertransivit gladius »

Troisième Station : Jésus tombe pour la première fois- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redimisti mundum » La logique de l’amour  »
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (Jn 12, 24).Jésus tombe, épuisé par la faiblesse et par la souffrance causée par nos péchés. Il trébuche, il tombe et s’affaisse sous le poids de la Croix. Qui a compassion de Lui ? Sa Mère.
Les autres, en revanche, s’acharnent avec des coups de poing et des gifles. Quelqu’un lui décoche un coup de pied et lui dit : « Lève-toi, Roi des Juifs, ne fais pas semblant de tomber pour ne pas marcher ». Un autre agace les épines de la couronne et crache sur le visage adorable de Jésus qui, pendant ce temps, prie et invoque le pardon sur ses bourreaux insensés. Pas loin de là, la Vierge Mère s’unit à sa prière de son Fils pour ses persécuteurs, même si elle ne sait pas encore qu’Il lui demandera de les prendre pour fils. Elle a compassion du Fils, elle voudrait courrir près de lui pour le relever et elle est consciente que quiconque aidera le Christ a reprendre le chemin, l’aidera ainsi à atteindre le sommet du Calvaire et à accomplir sa mission, grâce au sceptre royal de la Croix.
Le Père semble avoir abandonné le Fils, mais la Mère non. Elle ne s’éloigne pas du Fils qui, ainsi, n’est pas seul dans son offrande, dans son Chemin de Croix, Croix royale, sainte, arbre de la vie.
Sont-ce les péchés qui ont jeté à terre le divin Condamné ? Sont-ce eux qui ont décidé du poids de la Croix qu’il porte sur ses épaules ? Sont-ce les péchés qui ont provoqué sa chute ? Oui, mais pas seulement. Cet abaissement, cette kénose, ont été voulus par l’amour du Rédempteur. Donc « ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouiila lui-même, en prenant la condition de serviteur (j’ajouterais : de condamné). Devenu semblable aux hommes (condamnés à mort) et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8).
Demandons au Seigneur la grâce de comprendre la logique de cet amour de Dieu
- qui peut mettre en croix le monde et se laisse mettre lui-même en croix
- qui est réduit à rien, et qui remplit pourtant toute chose
- qui peut écraser la terre comme le marchepied de Ses pieds et se laisse pourtant écraser par un morceau de bois.
« Il est descendu Dieu, il est monté homme ; le Verbe est devenu chair pour que la chair puisse revendiquer pour elle le trône du Verbe à la droite de Dieu ; il n’était qu’une plaie, et pourtant il en coulait un parfum, il apparaissait ignoble et pourtant on reconnaissait Dieu »(S. Ambroise, Commentaire sur le Psaume CXVIII, 3,8).
Prions :
Ô Christ, toi qui tombes sous le poids de nos fautes et te relèves pour notre justification, aide-nous et aide tous ceux qui sont écrasés par le péché à se remettre sur pieds et à reprendre le chemin derrière toi, accompagnés par ta Mère que tu nous as donnée fraternellement. Toi qui, de la Croix, règnes avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.Pater noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

O quam tristi et afflicta
fuit illa benedica
Mater Unigeniti

Quatrième Station : Jésus rencontre sa Mère- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum » La piété : familiarité amoureuse et obéissante  »
« La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve dut fait qu’un être humain est né dans le monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira ; et votre votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 21-22).Le Christ aurait voulu épargner à sa mère, et à lui-même, cette rencontre chargée d’une douleur énorme. Une douleur qui dépasse en intensité toutes les autres, parce qu’elle ne regarde pas le physique, mais la sphère de leurs sentiments les plus intimes.
Mais qu’est-ce qui a poussé Marie à se frayer un chemin parmi la foule et à être encore plus près de son Fils qui va mourir ? Voulait-elle, peut-être, se substituer à lui, comme le ferait spontanément toute mère prête à mourir à la place du fils qu’elle a enfanté ? Même si l’instinct maternel aurait pu le lui suggérer, elle savait que la décision concernant la mort du Fils était irrévocable. Voulait-elle demander compassion et pitié pour son Fils, en montrant sa douleur de mère ? Elle était mue par la piété qui, dans le langage chrétien, est la familiarité amoureuse et obéissante. Nous devrions chercher à imiter, au moins un tout petit peu, cette piété, cette familiarité amoureuse et obéissante, dans nos « pratiques de piété » : dans nos prières, dans notre manière de célébrer l’Eucharistie, Sacramentum Caritatis, sacrement de la piété.
Jésus et Marie se regardent avec des yeux bouleversés de douleur. Jésus demande a sa Mère de pardonner à ceux qui sont en train de le détruire. La Mère affligée redit son fiat et cela confirme, affermit le Fils dans son geste de piété (= de familiarité amoureuse et obéissante), par lequel il obéit amoureusement au Père, pour être, amoureusement, pour toujours l’Emmanuel, le Dieu avec nous, le Dieu qui a pitié de nous, constamment.
Marie, par cette rencontre, étreint la Croix, maternellement, et se manifeste comme la Mère du Rédempteur de l’humanité.
Marie comprend que ces paroles lui sont appliquées : «  »O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lam 1,12).
La Mère de douleurs est
- la Mère très bonne,
- la Servante obéissante,
- la Corrédemptrice du monde.
Prions :
M
arie, Mère très bonne, toi qui as accompagné de près ton Fils dans le chemin de Croix, demande pour nous et pour toute l’humanité la grâce de la piété, de l’obéissance à l’amour de Dieu. Fais qu’en face de la souffrance, du refus, de l’épreuve même prolongée, nous ne doutions pas de la pitié de Dieu.
Seigneur Jésus, pardonne nos fautes et puisque nous n’avons pas de mérites qui pourraient nous rendre agréables à toi, fais que nous obtenions le salut par l’intercession de la Mère des douleurs. Amen.Pater noster… ; Ave Maria…; Gloria Patri…

Quae maerebat et dolebat
pia Mater, dum videbat
Nati paenas incliti
Cinquième Station : Simon de Cyrène porte la Croix avec Jésus- Adoramus te, Christe et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redimisti mundum » Le don de la Croix  »
« Et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, qui revenait des champs » (Mc 15, 21).Le Christ trébuche et chancèle. La foule qui suit Jésus sursaute, elle craint que le « condamné » ne puisse pas arriver au sommet du Calvaire. Les soldats décident que quelqu’un doit absolument l’aider. Mais personne n’est volontaire. La terreur de prendre la Croix, instrument de mort, et la honte d’aider un condamné bloquent ceux qui pourraient aider l’Homme-Dieu qui, à travers les soldats, demande de l’aide. L’homme ne veut pas aider l’Homme, l’homme ne veut pas collaborer avec Dieu. Et le Christ reste seul, mais continue son chemin de pardon.
Alors des païens « obligent » un paysan de Cyrène qui passe par là. Le Cyrénéen prend la Croix, à contre-coeur, parce qu’il est offensant pour la dignité d’un homme libre de porter la croix d’un condamné. Il doit subir cette contrainte et, laissant le fagot de bois qu’il rapportait de la campagne pour le foyer de sa maison, il prend le lourd morceau de bois de la Croix et se met en marche avec le Christ.
Le Rédempteur accueille cet homme sous la Croix et lui en fait don. La Croix, même prise avec réticence, transforme le sentiment hostile de Simon de Cyrène et lorsqu’il commence à l’étreindre plus volontiers, il s’aperçoit que le « joug est suave et léger » et qu’il lui confère une nouvelle dignité : celle de participer à l’oeuvre rédemptrice de l’Agneau de Dieu. En portant la Croix, il apprend la sagesse de la Croix, il apprend l’évangile de la Croix. Il comprend que la joyeuse nouvelle apportée par le Christ est Dieu lui-même
- qui « saisit et conquiert » (cf. Ac 2, 10; 6, 9; 13, 1),
- qui se fait trouver même par ceux qui ne le cherchent pas,
- qui se manifeste même à ceux qui ne se tournent pas vers lui (cf. Rm 10,20).La Vierge Marie est soulagée de voir que, finalement, un homme aide son Fils. Elle est consolée de constater qu’un homme accepte l’étreinte du Christ : une étreinte qui unit la grâce divine à l’oeuvre humaine et qui comprend les paroles de Jésus : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Lc 9, 23-24). Cela signifie que la vie ne finira pas sur le lieu du Crâne, ni dans une tombe, mais dans le Royaume des cieux.
Prions :
Seigneur Jésus, le long du chemin vers la mort, prends-nous avec toi comme compagnons de route. Accueille-nous dans le groupe de ceux qui t’offrent leur soutien. Imprime en nous l’esprit de Simon de Cyrène, et emmène-nous au-delà du Calvaire. Par l’intercession de ta Mère, qui est aussi la nôtre, fais que nous portions les fardeaux les uns des autres, devenant ainsi témoins de l’Evangile de la Croix, témoins de Toi, qui, de la Croix, règnes avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.Pater noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

Quis est homo qui non fleret
Matrem Christi si videret
in tanto supplicio ?

[à suivre]

Chemin de Croix au Colisée : Publication des méditations du card. Zen

20 mars, 2008

le texte de la voie crucis au Colisée de cet an n’est pas encore sur le site vatican, j’espère que arrives demain au après-demain, de toute façon dès qu’il arrive je mets le link, du site:

18-03-2008, du site:

 http://www.zenit.org/article-17553?l=french

 

 Chemin de Croix au Colisée : Publication des méditations du card. Zen 

Il évoque une « purification » en vue de plus de charité

 

 

ROME, Mardi 18 mars 2008 (ZENIT.org) – Les méditations du cardinal Zen pour le Chemin de Croix du Vendredi Saint au Colisée sont déjà disponibles en italien sur le site Internet du Vatican. Elles sont également disponibles dans les librairies à Rome, en italien. 

Le cardinal archevêque de Hongkong, Joseph Zen Ze-kiun a confié au Centre télévisuel du Vatican l’exigence intérieure de charité authentique ressentie dans cette méditation de la Passion (cf. Zenit du 13 mars 2008). 

« Lorsque j’ai reçu cette invitation, j’ai compris que le Saint-Père voulait que j’apporte au Colisée la voix de la Chine. Le souvenir de la Passion de Notre Seigneur se réfère naturellement aussi aux souffrances présentes encore aujourd’hui dans l’Eglise et en Chine : beaucoup y souffrent encore pour leur foi. Le thème s’accorde avec le souvenir de la Passion de Notre Seigneur, parce que c’est encore le Seigneur qui, aujourd’hui, dans son Corps mystique, est en train de souffrir », dit-il. 

Le cardinal Zen aborde la question de la persécution de l’extérieur et de l’intérieur, en disant : « Lorsque l’on pense à la persécution, on pense aux persécutés et aux persécuteurs. Nous aussi nous sommes parmi les persécutés et parfois aussi nous sommes parmi les persécuteurs, parce que nous sommes des pécheurs. Alors, par la pensée, on élargit les prières à tous : pour ceux qui souffrent pour la foi, pour ceux qui font souffrir lesquels souvent, sont aussi victimes de nous, qui, par notre infidélité, faisons aussi partie de ce ‘mystère du mal’ ». 

Sur l’expérience de l’Eglise en Asie, le cardinal ajoute : « Nous, depuis Hongkong, nous sommes dans une position d’observation très favorable. Nous voyons beaucoup de choses, nous recevons beaucoup de messages (…). Nous, en tant que croyants, nous sommes des optimistes impénitents, et alors nous regardons le bon côté. Nous espérons vraiment que tout ce qui arrive dans le monde amène à une vision nouvelle des choses, et que notre gouvernement comprenne que la liberté religieuse, même pour l’Eglise catholique, ne nuit en rien, au contraire, c’est tout à l’avantage de notre patrie ». 

Anita S. Bourdin 

France : Pour une solidarité concrète avec les chrétiens souffrant pour leur foi

5 mars, 2008

04-03-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17434?l=french

France : Pour une solidarité concrète avec les chrétiens souffrant pour leur foi

Message du Conseil d’Eglises chrétiennes en France

ROME, Mardi 4 mars 2008 (ZENIT.org) – Les chrétiens de France appellent à des « marques de solidarité concrètes » pour les chrétiens du monde « qui souffrent à cause de leur foi ».

Le Conseil d’Eglises chrétiennes en France (CECEF) adresse en effet un message aux chrétiens de France à l’approche des célébrations de la Passion, sous ce titre tiré de l’Epître de saint Paul aux Galates : « Portez les fardeaux les uns des autres » (Ga 6.2).Les Eglise sont invit

ées, en ce carême, à « demeurer unies dans la prière et la fraternité locale comme universelle pour montrer la réalité de la solidarité en Christ dans l’adversité ».

Le communiqué cite les « minorités du Moyen-Orient, d’Afrique et d’ailleurs souvent menacées, parfois persécutées ou contraintes à l’exil dans des conditions insupportables ».C’est ainsi que

« le Conseil d’Eglises Chrétiennes en France, par la voix de ses co-présidents, encourage les Eglises en France à renforcer leur soutien, par la prière et par des marques de solidarité concrètes qui encouragent ceux qui souffrent à cause de leur foi ».

Il invite à prier pour « les chrétiens issus des traditions ecclésiales remontant aux premiers siècles » et « les nouveaux chrétiens », pour « l’unité », et pour que « dans ces lieux de tensions et de souffrance, les chrétiens et les Eglises discernent leur rôle et reçoivent la force de l’assumer ».

« Prions et agissons pour que la pauvreté et la désagrégation sociopolitique n’ajoutent pas de la violence à la violence. Prions et agissons pour que la liberté de conscience et de culte soit vraiment respectée dans tous les pays », ajoute le communiqué.

Ils concluent : « Puisse la paix du Christ être ainsi au service de la paix dans la diversité de notre monde. Puisse la communion de l’Eglise universelle servir un peu plus la fraternité humaine ».

Le communiqué est signé par Emmanuel, Métropolite de la Métropole grecque orthodoxe de France, Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, et Président en exercice du CECEF, par le Cardinal André Vingt-Trois Archevêque de Paris, et président de la Conférence des évêques de France, et par le Pasteur Claude BATY, Président de la Fédération protestante de France, et Co-Président du CECEF.

Les croyants, « prophètes » de l’espérance, par le cardinal Tauran

5 mars, 2008

29-02-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17405?l=french

Les croyants, « prophètes » de l’espérance, par le cardinal Tauran

Pas de « fatalité » de l’histoire

ROME, Vendredi 29 février 2008 (ZENIT.org) – « Les croyants sont les prophètes’ de l’espérance ! Ils ne croient pas en la fatalité de l’histoire », affirme le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, à l’occasion de la rencontre avec les autorités musulmanes de Al-Azar, au Caire, le 27 février. Voici le texte intégral de son intervention.

LES CROYANTS DANS LA SOCIETE D’AUJOURD’HUILe Caire, 27 février 2008

Centre Saint Joseph – Salle du Nil

Chers amis,

Il m’est particulièrement agréable de me trouver parmi vous ce soir, au cœur de la capitale de votre grand pays, carrefour de civilisations et de religions, où, depuis des siècles, chacun apprend chaque jour à vivre ensemble sous le regard de Dieu !

Depuis le mois de juin dernier, le pape Benoît XVI m’a confié la responsabilité du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, à la tête duquel m’ont précédé d’illustres prélats soucieux de la rencontre des cœurs et du respect des convictions de chacun. L’un d’entre eux n’est autre que le Représentant du pape en Egypte, le Nonce Apostolique, Mgr Michael Fitzgerald, que je salue cordialement. Je m’efforcerai, durant les années à venir, de faire fructifier le mieux possible l’héritage que j’ai reçu d’eux !Je suis heureux que mon premier voyage officiel en dehors de Rome ait lieu au Caire o

ù les chrétiens sont présents depuis les premiers temps du christianisme à côté de leurs compatriotes de religion musulmane. Les uns et les autres – les uns AVEC les autres – ils sont appelés à tisser, jour après jour, la magnifique tapisserie de la rencontre et du dialogue !

Et si je suis ici, ces jours-ci, c’est justement pour continuer et renforcer ce climat de bonne entente interreligieuse. Chaque année, se réunit en effet, une fois au Caire et une fois à Rome, le « Comité mixte pour le Dialogue ». C’est ainsi que nous avons bénéficié, ces jours derniers, d’échanges profitables avec le « Comité Permanent d’al-Azhar pour le Dialogue avec les Religions monothéistes » constitué dans ce but.Ce soir, je voudrais partager avec vous quelques convictions sur la signification de la pr

ésence des croyants dans la société. Nous n’avons pas à douter ni de notre identité, ni de notre place dans la société où nous vivons et dont nous sommes citoyens à part entière. Là où se trouvent des croyants, sous quelque latitude que ce soit, là se trouve pour eux le meilleur endroit pour vivre: c’est là que Dieu les a plantés pour qu’ils portent du fruit ! Croyants et société. Dialogue entre croyants. Voilà des thèmes d’actualité !

C’est un fait: la Religion intéresse ! Je suis toujours agréablement surpris de constater le grand nombre de magazines et de livres traitant de sujets religieux offerts par les kiosques des aéroports. Il y a seulement dix ans, il n’en était pas ainsi, du moins en Europe. Certes Dieu n’avait pas disparu. Mais il n’était pas convenable de montrer que l’on croyait en Lui. Etre croyant relevait de la sphère privée.

LE RETOUR DU RELIGIEUX

Pourquoi les choses ont-elles changé?

= Parce que notre monde est devenu de plus en plus précaire à cause de vieux et de nouveaux conflits armés qui affectent tant de peuples et il faut bien trouver des raisons d’espérer.= Parce que le mat

érialisme et la course à l’argent posent le problème du sens de la vie et de la mort. Avoir toujours plus, oui, mais dans quel but ?

= Parce que les progrès des sciences et de la technique posent de plus en plus une question grave: va-t-on pouvoir maîtriser leurs innovations ?= Parce que, dans beaucoup de pays o

ù tous les comportements sont permis, de plus en plus de jeunes sont à la recherche de repères moraux.

= Parce que certains croyants dévoyés ont utilisé leur religion pour justifier des actions terroristes: la religion ainsi comprise fait peur != Ou tout simplement, parce que la personne humaine poss

ède par nature une dimension religieuse. Nous connaissons les paroles inspirées d’Augustin d’Hippone qui louait Dieu parce que, écrivait-il, « tu nous as créés pour toi, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en toi » (S. Augustin, Les Confessions, chap. 1).

La permanence du sentiment religieux dans l’histoire de l’humanité est un fait. Arnold Toynbee l’a bien démontré: la religion n’est pas un moment particulier de l’histoire; elle est une des composantes de la nature humaine, une dimension constitutive de son être. Depuis que l’homme est sur terre, il n’a cessé d’interroger le ciel.

Les impressionnants vestiges de la vallée du Nil en témoignent éloquemment ! Il n’y a pas de civilisation sans religion !

L’INTERRELIGIEUX

Mais, une autre « nouveauté » est à signaler: c’est la réalité universelle de l’« inter-religieux ». A de rares exceptions près, toutes les sociétés accueillent des croyants de toutes convictions.

Pratiquement toutes les sociétés sont devenues pluri-religieuses. Ce qui me fait dire que nous sommes tous « condamnés» au dialogue !O

ù que nous vivons, nous sommes toujours des croyants parmi d’autres croyants !

Depuis le Concile Vatican II (1962-1965), les papes qui se sont succédés ont encouragé le dialogue entre le christianisme et les autres religions, invitant au respect des convictions mutuelles et au respect de ce que Dieu ne cesse de réaliser dans le cœur de chacun. Cela, non pas pour dire: « toutes les religions se valent ». Non ! Mais pour dire : « tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité ». En outre, parce que les êtres humains ont été créés libres de chercher Dieu et d’adhérer à lui, ils doivent être libres de faire ou ne de pas faire le choix de Dieu.Ainsi les croyants sont pass

és petit à petit de la rencontre au dialogue:

le dialogue de la vie qui consiste à partager nos joies et nos peines avec les adeptes d’autres religions; le dialogue des œuvres qui nous fait collaborer au bien-être des uns et des autres, surtout de ceux qui vivent la pauvreté ou la maladie; le dialogue des échanges théologiques qui permet de mieux comprendre nos héritages religieux; le dialogue des spiritualités qui met à la disposition des uns et des autres la richesse de leur vie de prière ou de contemplation. Vous en conviendrez avec moi, je me demande si nous avons pris la mesure de la f

écondité de tous ces efforts ? Nous avons devant nous un vaste chantier. Mais, je crois que les Chefs religieux chrétiens et ceux des autres religions ont compris que le dialogue interreligieux (auquel nous sommes « condamnés » comme je disais tout à l’heure), consiste à se regarder, à s’écouter, à se connaître pour pouvoir échanger sur des questions sur lesquelles nous avons des avis différents, dans le but d’apprendre un peu plus des uns et des autres.

Le préfixe « dia » signifie « à travers »; ce qui veut dire que le dialogue est une parole qui se laisse traverser par une autre !

Il est clair que des croyants qui pratiquent ce genre de relations ne peuvent pas passer inaperçus dans la société, quels que soient les systèmes politique ou culturel qui l’orientent. D’autant plus que tous les croyants vivent leur foi et la pratiquent en communauté : on parle de « communautés de croyants » ou de « confessions ».

LES CROYANTS DANS LA SOCIETE

J’en viens donc aux rapports entre les croyants et la société.

Ils sont inévitables. Parce que l’homme est un « animal religieux », il est toujours à la fois citoyen et croyant. Ce qui entraîne la société et ses responsables à s’entendre avec eux sans se confondre, et à se fréquenter sans s’opposer. Les citoyens qui adhèrent à une religion sont la majorité. Il y a donc un fait religieux qui s’impose: par le nombre des croyants, par la durée de leurs traditions, par la visibilité de leurs institutions et de leurs rites. Les responsables des sociétés doivent en prendre acte et veiller à ce que la liberté de conscience et de culte ne nuise pas à la liberté des autres croyants et des non-croyants et ne perturbe pas l’ordre et la santé publiques.Mais, plus positivement, les responsables des soci

étés peuvent bénéficier du patrimoine moral des religions et de l’engagement de leurs adeptes, en vue du bien commun. Toutes les religions, bien que par des moyens divers, ont en commun l’ambition de collaborer avec tous ceux qui s’efforcent:

- d’assurer le respect effectif de la personne humaine et de ses droits;

- de développer le sens de la fraternité et de l’entraide ;

- de s’inspirer du « savoir-faire » des communautés de croyants qui rassemblent, au moins chaque semaine, des millions d’adeptes de toute condition sociale et formation intellectuelle, tout en respectant les différences et en vivant une authentique communion spirituelle;- d’aider les hommes et les femmes de ce temps

à ne pas être esclaves de la consommation et du seul profit.

Pensant à vous, chers Amis, qui êtes appelés à pratiquer le dialogue interreligieux chaque jour, je voudrais indiquer certains domaines où, chrétiens et musulmans ensemble, peuvent contribuer efficacement au bien commun de la société égyptienne.* D’abord, par le t

émoignage de leur vie de prière, individuelle et communautaire, chrétiens et musulmans rappellent que « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Dans le monde d’aujourd’hui, il est primordial de rappeler – et de montrer- la nécessité d’une vie intérieure.

* Ensuite, des chrétiens et des musulmans fidèles à leurs engagements peuvent faire mieux comprendre que la liberté de religion est beaucoup plus que d’avoir une église ou une mosquée à leur disposition (cela est évident), mais que c’est aussi avoir la possibilité de participer au dialogue public par la culture (écoles, universités) ainsi que par l’engagement politique et social (où les croyants doivent être exemplaires).* ensemble, comme ils l’ont fait

à l’occasion de réunions internationales récentes, ils ne doivent jamais hésiter à défendre la sacralité de la vie humaine ainsi que la dignité de la famille.

* Ils n’hésiteront pas non plus à unir leurs efforts dans la lutte contre l’analphabétisme et les maladies.* Ils ont en commun la grande responsabilit

é de pourvoir à la formation morale de la jeunesse.

* Enfin, ils ne peuvent se soustraire à l’impérieux devoir d’être des artisans de paix, de développer une pédagogie de la paix qui s’enseigne en famille, à l’église, à la mosquée, à l’école, à l’université. Les religions ne font pas la guerre: ce sont les hommes qui la font! Quand des hommes et des femmes tuent au nom de leur religion, ils ne montrent pas leur force, mais leur faiblesse. A court d’arguments, il ne leur reste que leurs poings!Ils ne rendent certainement pas gloire

à Dieu. Je ne connais pas de condamnation plus forte de cette perversion du sentiment religieux que celle prononcée par le pape Benoît XVI, au début de l’année 2006, quand, condamnant le terrorisme, il affirmait: «aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu » (Discours au Corps diplomatique, 9 janvier 2006).

Dans la Lettre ouverte que 138 personnalités musulmanes ont adressée aux Chefs religieux chrétiens, il est souligné opportunément que chrétiens et musulmans représentent 55% de la population mondiale et que, par conséquent, ensemble, s’ils sont fidèles à leur religion, ils peuvent faire beaucoup de bien. Il me semble, en effet, que les croyants à l’écoute des attentes de leurs contemporains peuvent faire beaucoup pour la stabilité et la paix dans les sociétés dont ils sont membres.Pour conclure, je dirai que les croyants – chr

étiens et musulmans – sont porteurs d’un double message:

1) Dieu seul est digne d’adoration: toutes les idoles fabriquées par les hommes (richesse, pouvoir, apparences, hédonisme) constituent une menace pour la dignité de la personne, créature de Dieu ;2) Sous le regard de Dieu, tous les hommes sont de la m

ême race, de la même famille humaine, tous appelés à la liberté et à la rencontre avec Dieu.Dans le fond, les croyants sont les prophètes’ de l’espérance ! Ils ne croient pas en la fatalité de l’histoire. Ils sont conscients que, dotés par Dieu d’une intelligence et d’un cœur, ils peuvent, avec l’aide de Dieu, changer la trajectoire des événements du monde pour les orienter selon le projet du créateur: faire de l’humanité une véritable famille ! Chacun de nous est appelé à être artisan de ce projet ! Pour nous chrétiens, en tous cas, n’oublions jamais l’exhortation de Paul, dans sa Lettre aux Romains: « Recherchez donc ce qui contribue à la paix, et ce qui nous associe les uns aux autres, en vue de la même construction » (14, 19). C’est une belle feuille de route !

Jean-Louis Card. Tauran

Président

Le cardinal Jaime Ortega et la visite de Jean-Paul II à Cuba

25 février, 2008

du site:

http://www.cardinalrating.com/article_last__read.htm

Le cardinal Jaime Ortega et la visite de Jean-Paul II à Cuba
Feb 23, 2008
Jaime Lucas Cardinal Ortega y Alamino

Le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane (Cuba) affirme lors d’une interview accordée au magazine « Encuentro Digitale » que la visite de Jean-Paul II à Cuba a été « un nouveau point de départ sur le chemin de foi des Cubains ».

(eucharistiemisericor.free.fr, 23/02/08) Selon ce qu’affirme le cardinal, « l’Église à cette occasion, se présenta au peuple de Cuba et au monde comme une Église vivante, capable de préparer cette visite de manière soignée, d’accueillir le Pape avec un dévouement et un enthousiasme débordants, et de recevoir avec gratitude le message et les enseignements de ses paroles ».

De plus la visite du Saint-Père Jean-Paul II « n’a pas été un passage furtif pour notre histoire, mais au contraire une graine qui a germé et a porté des fruits ». En effet l’Eglise a pris plus conscience de sa mission et depuis lors certains fruits ont été appréciés. Par exemple, continue le cardinal, à Cuba on n’a pas pu construire de nouvelles églises pendant de nombreuses années, mais « depuis quelques années nous avons réparé, ou construit totalement, des églises dans de mauvaises conditions ». Dans de nombreux quartiers également, dans des zones rurales et de nouvelles installations où n’existait pas de lieu de culte, se sont créés des centres où se réunissent des communautés de 30, 40 ou plus de personnes, on y proclame la Parole de Dieu, on réfléchit, on établit un chemin de catéchuménat pour ceux qui doivent recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne et les catéchèses pour enfants et adolescents, de véritables communautés chrétiennes se créent progressivement. Dans ces communautés parfois au cours de l’année des célébrations du Baptême et de l’Eucharistie peuvent se réaliser « parce que dans l’archidiocèse de La Havane il existe plus de 500 centres missionnaires et 210 églises qui doivent fournir seulement 100 prêtres, dont des diocésains et des religieux ». Les centres missionnaires sont soignés de très nombreuses fois par des missionnaires laïcs, des diacres, des religieux et des religieuses « et nous nous efforçons pour qu’il y ait des catéchistes de la même communauté qui se forment pour les servir ». Ceci, comme l’affirme le cardinal est l’une des réalités ecclésiales qui se sont développées après la visite du pape Jean-Paul II.

Le travail de la Caritas également “dans des programmes d’attention et de promotion des personnes âgées ou des personnes en état de besoin, dans les maisons d’urgence pour des phénomènes climatologiques et dans de nombreuses autres actions a été également organisé et s’est développé de manière notable après la visite du pape”. Un autre fruit a été « l’apparition progressive de documents imprimés avec une vaste gamme de thèmes » qui incluent des publications du Centre de Bioéthique Jean-Paul II de La Havane, ou le magazine mensuel de Signis sur le Cinéma et les Moyens de Communication Sociale, en plus de nombreuses magazines de tous les diocèses.

Même les vocations au sacerdoce ont augmenté : « Actuellement environ quatre-vingts se préparent au sacerdoce dans tout le pays”, affirme le cardinal. De plus, « à La Havane on construit un nouveau séminaire national, et la vie religieuse féminine a également montré une augmentation ». Surtout, affirme l’archevêque de La Havane on a observé “une croissance en profondeur et dans la conscience évangélisatrice ».

Par rapport aux difficultés plus sérieuses de l’Église à Cuba, le cardinal constate spécialement « la sécularisation, qui produit surtout l’indifférence religieuse dans un pays qui a été travaillé par l’athéisme d’état ». Un autre problème est le manque de personnel et de ressources pastorales pour réaliser les grands devoirs de l’Église. De plus l’Église continue le cardinal, “n’a pas d’école ni accès habituel aux moyens de communication sociale ». L’Église est préoccupée également par “le manque d’engagement de la jeunesse actuelle dans tous les domaines, également dans le domaine de la foi”.

Le cardinal conclut l’interview en affirmant que les Églises de l’Amérique latine doivent s’aider réciproquement selon l’esprit d’Aparecida, « la grande aide mutuelle doit être de notre solidarité dans la prière, la mission, qui n’est rien d’autre que l’amour converti en vécu d’habitude ».

Car. Kasper: « Le respect des différences religieuses », pour un « vrai dialogue »

8 février, 2008

07-02-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17237?l=french

 

« Le respect des différences religieuses », pour un « vrai dialogue »

Par le cardinal Kasper

ROME, Jeudi 7 février 2008 (ZENIT.org) – « Maintenant il y a du respect, et plus le mépris », constate le cardinal Kasper à propos des relations entre le judaïsme et l’Eglise catholique. Il souhaite que le dialogue se poursuive, mais sans se cacher les « différences théologiques ».

A l’occasion de la modification apportée par Benoît XVI au missel de Jean XXIII pour la prière du Vendredi saint en faveur du Peuple juif, et des réactions qu’elle a suscitées, le cardinal Walter Kasper, président de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, a donné quelques précisions aujourd’hui au micro de Radio Vatican.

Une partie de la prière (cf. Zenit du 6 février 2008) évoque le salut pour Israël et la connaissance de Jésus Sauveur.

« L’histoire avec les Juifs est complexe et difficile et c’est pourquoi il y a toujours des sensibilités particulières. La prière qui existait dans le rite – extraordinaire – était un peu offensante parce qu’elle parlait d’aveuglement. Le Saint-Père a voulu enlever ce point, mais il a aussi voulu souligner la différence spécifique existant entre nous et le judaïsme », a expliqué le cardinal Kasper.

« Nous avons beaucoup en commun, ajoutait-il immédiatement : Abraham, les Pères, les Patriarches, Moïse… Jésus aussi était juif, et sa mère, Marie aussi était une femme juive. Nous avons beaucoup en commun, cependant, il y a une différence spécifique : Jésus est le Christ, ce qui veut dire Messie, le Fils de Dieu, et cette différence ne peut être cachée. Le Saint-Père a voulu dire : oui, Jésus est le sauveur de tous les hommes, y compris les Juifs. C’est ce qu’il dit dans sa prière. Le pacte d’Alliance avec le Peuple d’Israël est encore valide, parce que Jésus Christ l’a convalidé par sa mort. Mais si cette prière parle de la « conversion » des Juifs, cela ne veut pas dire que nous ayons l’intention de faire « mission » : en effet, le pape cite la Lettre de saint Paul aux Romains, au chapitre 11 : Paul dit que « nous espérons que quand la plénitude des nations sera entrée dans l’Eglise, Israël tout entier aussi sera sauvé ». C’est une espérance eschatologique.Cela ne veut pas dire que maintenant nous allons partir en mission : nous devons rendre témoignage de notre foi, c’est clair. Mais je veux dire ceci : par le passé, souvent, le langage était fait de mépris, comme l’a dit Jules Isaac, un Juif très connu. Mais aujourdhui, il y a le respect, dans la diversité qui existe entre nous. Maintenant il y a du respect, et plus le mépris ».

« Un dialogue, a ajouté le cardinal Kasper, suppose toujours que l’on respecte la position de l’autre. Nous respectons l’identité des Juifs, ils doivent respecter la nôtre, que nous ne pouvons pas cacher. Le dialogue se fonde justement sur cette diversité : sur ce que nous avons en commun et sur les différences. Et je ne vois pas cela comme un obstacle mais plutôt comme un défi pour un vrai dialogue théologique ».

Anita S. Bourdin

 

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