Archive pour la catégorie 'FRANCE'

Visite d’Alexis II, Patriarche de Moscou à Paris

19 septembre, 2007

vous pouvez, naturellement, aller a le site pour autre notice sur la visite, du site:

http://notredamedeparis.fr/spip.php?rubrique1

Visite d’Alexis II, Patriarche de Moscou

Mercredi 3 octobre 2007 à 17h45.Le patriarche Alexis II de Moscou et de toute la Russie se rendra à Paris pour rencontrer les chrétiens de France à l’occasion de sa visite au Conseil de l’Europe à Strasbourg. Le patriarche Alexis a accepté avec reconnaissance l’invitation de Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, de se rendre à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour y prier au cours d’un office.

La veille, 2 octobre, le primat de l’Église orthodoxe russe parlera devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à l’invitation de son président.

Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a déclaré que pour lui et pour les catholiques de Paris ce sera une fierté et une joie que de pouvoir accueillir le patriarche de Moscou. Il a souligné que la présence de l’orthodoxie russe en France est déjà ancienne et elle y a porté de beaux fruits et exprimé l’assurance que cette visite sera un encouragement pour les orthodoxes vivant en France.

Pour la presse, une demande d’accrédiation est impérative. Merci de bien vouloir l’adresser au service de communication du diocèse : communication@diocese-paris.net.

En raison de cet office particulier, l’Office de Vêpres habituel de 17h45 n’aura pas lieu. La messe habituellement célébrée à 18h15 est maintenue et débutera à l’issue de la visite du Patriarche.

Le marathon lyonnais du cardinal Barbarin

17 septembre, 2007

du site:

http://www.cardinalrating.com/article_last__read.htm

 

Le marathon lyonnais du cardinal Barbarin
Sept 15, 2007
Philippe Xavier Ignace Cardinal Barbarin 

Il y a cinq ans, jour pour jour, Mgr Philippe Barbarin s’installait à Lyon, où Jean-Paul II l’avait nommé. Un défi considérable pour un jeune archevêque de 51 ans.

(La Croix, 14/09/2007) L’archevêque de Lyon a son image d’Épinal. Ou sa bande dessinée, lui, le passionné de Tintin. Il ne manquerait que Milou… Dans la collection, le titre L’étoile mystérieuse lui irait comme un gant. Ce jeune prélat est monté très vite en effet. Il y a cinq ans, jour pour jour, Mgr Philippe Barbarin s’installait sur la colline de Fourvière à Lyon.

Jean-Paul II avait confié le prestigieux siège de primat des Gaules à l’évêque de Moulins, inconnu du grand public, âgé de seulement 51 ans. Une marque insigne de confiance. Symbolique aussi, car le siège fondateur du christianisme en France est à Lyon, d’où son appellation de « primat ». Une étoile, donc, mais qui reste mystérieuse aux yeux de beaucoup. « Inclassable », concluent les multiples articles qui lui sont consacrés.

Paradoxal pour le moins. Le voilà en tenue de jogging, coureur de fond, alignant ses kilomètres quotidiens, avant de repasser son col romain sous un pull banal. Réputé classique, il brouille les pistes en invitant Mgr Jacques Gaillot, l’ancien évêque d’Évreux, à prêcher une retraite aux prêtres du diocèse…

« Vient le rencontrer qui veut »
Incarnant la « génération Jean-Paul II » – il dressera l’éloge funèbre du P. Marie-Dominique Philippe, fondateur des « petits gris » –, il mène la vie dure aux nouvelles communautés dont il exige la révision des statuts, quand ce n’est pas la suspension pure et simple.

Il innove en nommant des femmes dans le conseil épiscopal, son premier cercle, ou rassemble « comme des frères » les prêtres du diocèse qui ont quitté le sacerdoce. Il critique publiquement les « golden parachutes » des grands patrons mais côtoie sans complexe les chefs d’entreprise lyonnais tout en visitant les sans-papiers dans l’église Saint-André ou en prêchant lors des obsèques de l’abbé Pierre dont il était proche. Certains voient en lui – sans dire s’il s’agit d’un compliment – un « Sarkozy de l’Église » ! Fermons le ban…

Comment se fier à une image aussi confuse (Tintin, Sarkozy, l’abbé Pierre, Jean-Paul II) ? et qui est, au juste, Philippe Barbarin ? Ce n’est pas sous le feu des projecteurs mais près d’un pilier de sa cathédrale que l’on pourrait s’en approcher. Un pilier où il se tient, debout, chaque vendredi avant la messe du soir. Vient le rencontrer qui veut. Ce temps, une petite heure, l’archevêque y tient, pour accueillir « en direct et sans rendez-vous » le peuple dont il a la charge.

Ne pas devenir le « manager »
Il voudrait faire beaucoup plus pour favoriser ce contact mais il ne le peut car « la tâche est immense », et c’est là une de ses souffrances : « à Moulins, raconte-t-il, j’avais vu tous les prêtres, religieux et religieuses en quelques semaines. Ici, en cinq ans, je n’ai fait que quinze vraies visites pastorales, sur 150 paroisses, où j’ai pu rencontrer en profondeur les pasteurs, les équipes et les communautés. Je suis encore loin du compte. Ce n’est pas toujours facile d’arriver dans une sacristie pour célébrer la messe sans connaître le prénom et le nom des prêtres. »

Et d’ajouter, comme pour se rassurer : « Quand je croise des enfants dans une paroisse, je leur demande toujours de prier pour que je reste un serviteur. Ma hantise serait de négliger l’essentiel de ce qui fait la vie d’un prêtre : être un serviteur du Christ. »

Autrement dit, ne pas devenir le « manager » d’un diocèse qu’il a trouvé « cassé » après les décès successifs et rapprochés de ses trois prédécesseurs, les cardinaux Decourtray (1994), Balland (1998) et Billé (2001), sans oublier les périodes de vacance du siège.

Les finances redressées
« La charge est rude, confie-t-il, et il faut tenir le choc. J’ai heureusement la chance d’être aidé par des collaborateurs de grande valeur et des bénévoles de haut niveau. » Rester un pasteur, donc, malgré l’ampleur de dossiers tels que ceux des finances ou de l’immobilier.

Car la politique de recrutement de laïcs salariés (ils sont 189 attachés au diocèse après avoir été près de 250, contre 145 à Paris), que le cardinal Albert Decourtray a mise en place tant à Dijon qu’à Lyon, avait fini, dans une période plus difficile pour l’Église, par peser sur les finances.

Au point que la situation du diocèse de Lyon (au budget de 13 millions d’euros) était l’une des plus préoccupantes de France. La potion a été rude : économies, relance du denier de l’Église, programme de ventes immobilières, mais Mgr Barbarin, fils d’un banquier qui fut militaire, peut désormais affirmer : « Les finances restent fragiles mais elles sont aujourd’hui redressées.»

« On va vous rentrer dedans »
Pour s’en sortir, l’une de ses premières décisions a été surtout de transformer le conseil pour les affaires économiques en « une instance, extérieure, indépendante de la structure ecclésiale, compétente, avec des personnes profondément attachées à l’Église » devant qui « l’économe diocésain expose son travail et ses projets » mais qui statue ensuite librement et « m’aide à prendre les bonnes décisions », explique l’archevêque. La seconde innovation a été de s’adjoindre pendant quatre mois les services d’un cabinet de coaching professionnel.

Cet anglicisme désigne un art pratiqué dans les entreprises pour aider le manager dans sa fonction, en corrigeant ses méthodes, à l’image d’un entraîneur de sportifs de haut niveau. « J’ai étudié la théologie mais je n’avais aucune formation pour être PDG, dit le cardinal Barbarin.

Ce cabinet m’avait donc prévenu : “On va vous rentrer dedans”. Il a observé mon fonctionnement et mes dysfonctionnements, notamment sur le plan de la concertation et de l’information. Mes défauts sont toujours là mais au moins, je suis averti », conclut celui qui se sait parfois cassant ou impatient dans la gestion complexe de son diocèse.

« C’est du sport »
« Lyon m’a épuisé, reconnaît, cinq ans après, ce marathonien, mais Lyon m’a aussi dilaté. Par son histoire, sa diversité, sa dimension universelle, par le punch spirituel extraordinaire des catholiques, prêtres, religieux, laïcs, jamais à court d’idées et d’engagements. »

Lyon, qui est d’ailleurs réputé être le diocèse le plus difficile à gouverner de France. Ainsi s’étonne-t-il, à propos de son voyage au printemps dernier à Tibhirine avec des musulmans, de ne pas avoir reçu « le paquet malheureusement habituel de lettres de reproches » qui tombe après chaque décision ou geste posé.

Un punch et une réactivité qui rendent toutefois son ministère inconfortable. « C’est du sport », confie-t-il. Sur la durée, le cardinal Barbarin se trouve être en fait le premier vrai successeur du cardinal Albert Decourtray – le cardinal Balland est resté trois ans, le cardinal Louis Marie Billé quatre ans (et il était président de la conférence épiscopale).

Dans la lignée de Jean-Paul II
Sauf que ce primat des Gaules ne s’inscrit pas dans la même lignée ecclésiale et pastorale que cet illustre prédécesseur, ce qui trouble une partie de son clergé – 400 prêtres diocésains – et des laïcs engagés.

Disciple du théologien Hans Urs von Balthasar et du cardinal Henri de Lubac, Mgr Barbarin appartient plutôt à ce qui fut la jeune garde du pontificat de Jean-Paul II dont le cardinal Christoph Schönborn, nommé quasiment au même âge sur le siège de Vienne, est représentatif. Très pragmatique sur les moyens, d’où l’impression parfois « brouillonne » qu’il laisse à certains Lyonnais, il est sans concession pour ce qui lui paraît essentiel.

Et n’en fait d’ailleurs aucun mystère : « L’Église, dit-il, est en bonne santé quand elle s’occupe des autres. Elle est en mauvaise santé quand elle ne parle que d’elle-même. Je ne suis pas d’abord attentif aux courbes d’inscriptions à la catéchèse, aux chiffres du denier de l’Église, au nombre d’entrées au séminaire. Ce qui me préoccupe, c’est que Dieu soit au cœur des familles, des maisons, des emplois du temps. »

« Retrouver le sens du dimanche »
Philippe Barbarin se soucie d’abord de l’avenir : « Mon souci est de faire sauter cette chape de plomb matérialiste, activiste et performante qui scelle notre société, où le silence gratuit n’existe plus. Si le denier de l’Église baisse, je le sais aussitôt mais je ne sais pas, en revanche, l’effet majeur et plus important qui sera produit dans trente ans par des enfants qui aujourd’hui entendent parler de Dieu à la maison et prient dans leur chambre avant de se coucher. Comme j’envie les juifs et leur liturgie domestique du vendredi soir annonçant le jour du Seigneur ! Retrouver le sens du dimanche, de l’eucharistie, est en effet fondamental pour nous. Comme j’aimerais que les catholiques soient aussi sérieux que les musulmans dans leur fidélité à la prière quotidienne… »

Derrière son aura médiatique, son programme tient donc en deux mots, très explicites, « mission et évangélisation ». Il est d’ailleurs membre d’un groupe informel d’une dizaine d’évêques qui se réunit pour « relancer l’évangélisation de notre pays ».

Et le reste n’a finalement qu’une importance relative à ses yeux. Tout en renvoyant dos à dos « le pessimisme d’aujourd’hui qui est la même tentation que le triomphalisme d’hier », il n’exclut pas que l’Église de France connaisse à l’avenir « des Pâques douloureuses dans le dépouillement ».

Inclassable ? Ce cardinal français se dit en tout cas « changé » depuis « l’expérience brûlante » du conclave qui a élu Benoît XVI. Et surtout sait très bien où il va : « J’espère être classé comme quelqu’un qui tient à la Parole de Dieu, à la liturgie, à la fidélité à l’enseignement de l’Église, à une action sociale et caritative qui s’étende à la planète entière, qui implique nos communautés et nos familles car c’est à partir de la famille que tout se constitue. »

BONNE FÊTE NATIONAL

14 juillet, 2007

BONNE FÊTE NATIONAL dans FRANCE drapeau_francais_2

http://ouziel.blogs.com/pierre/2007/04/la_france_au_ra.html

Intervention de Mgr Vingt-Trois au colloque à l’Institut Supérieur de Liturgie à l’Institut Catholique de Paris.

2 juillet, 2007

Un intervention liturgique très important de Mgr Ving-Trois archevêque de Paris, du site

http://catholique-paris.cef.fr/vingttrois/articles/intervention_isl.php

Archevêque et prêtres > L’archevêque de Paris

Intervention de Mgr Vingt-Trois au colloque à l’Institut Supérieur de Liturgie à l’Institut Catholique de Paris.
le 26 octobre 2006

Éminence, Excellences, Monsieur le Recteur, mes Pères, Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur et une joie pour l’archevêque de Paris, Chancelier de l’Institut Catholique, d’ouvrir ce colloque universitaire à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Institut Supérieur de Liturgie. Cette joie et cet honneur sont encore amplifiés, Éminence, par le privilège que vous nous accordez de votre présence. Votre participation active manifeste l’intérêt de la Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements dont vous êtes le Préfet non seulement pour les travaux de ce colloque mais surtout pour l’œuvre accomplie au cours des cinquante dernières années par l’Institut de Liturgie.

1. Au tournant du siècle.

La fondation de cet Institut doit être replacée dans le cadre plus large du vaste ensemble de travaux et de recherches sur la liturgie qui a marqué le vingtième siècle et que l’on a parfois justement désigné sous le titre générique de « Mouvement liturgique ».

Parallèlement aux études profanes sur les rites et les mythes, la fin du XIX° siècle et la première moitié du vingtième ont été marquées par un important investissement de travaux historiques et théologiques sur l’intelligence de la liturgie latine. D’autres, plus compétents que moi évoqueront sans doute les grandes figures de ce mouvement particulièrement fécond en Allemagne et en France.

Largement soutenus et encouragés par Pie XI et Pie XII, ces travaux ont amené, bien avant le Concile Vatican II, un certain nombre de réformes visant à mieux manifester le sens de l’acte liturgique et à en faciliter l’accès aux fidèles. Qu’il me soit simplement permis d’évoquer la réforme de la Semaine Sainte1 , la proclamation des lectures liturgiques en langues vernaculaires2 et la faculté de célébrer l’Eucharistie le soir3 , pour ne parler que des changements les plus perceptibles à l’ensemble des fidèles. Il faut aussi citer la décision du Pape saint Pie X d’appeler les fidèles à la communion fréquente4 et de fixer l’âge de la première communion à l’âge de raison5 comme un des facteurs décisifs de la transformation du rapport à la liturgie.

Les études menées ont aussi permis de mieux connaître, du moins pour ceux qui veulent s’y référer, les mutations successives des rituels liturgiques et leurs conditionnements historiques. Du point de vue théologique, elles ont conduit à affiner le sens de la fidélité à une tradition vivante dans une lente évolution, qui n’est pas simple répétition mécanique d’un rituel choisi à une période particulière. Ainsi, la profonde réforme liturgique de saint Pie V, en application du Concile de Trente, a pu être comprise comme une des étapes de cette longue évolution, ni la première, ni la dernière. La fidélité à l’institution originelle a pu s’approfondir en intégrant la perception vivante de la tradition ecclésiale. L’Église, en son magistère, a la charge de garantir cette fidélité.

Après les premières réformes décrétées par le Pape Pie XII, il devint clair que l’approfondissement des connaissances historiques et de la réflexion théologique sur la liturgie constituait un domaine fondamental de la recherche universitaire. Ce fut le mérite des pionniers de répondre à cette opportunité en se lançant dans la belle aventure de l’Institut Supérieur de Liturgie. Il faudrait tous les citer. Qu’il soit au moins permis d’en nommer quelques-uns parmi les premiers: Dom Botte o.s.b., le P. Bouyer de l’Oratoire, le P. Gy o.p. et le P. Jounel, parmi bien d’autres.

2. La réforme liturgique.

Dans le contexte pastoral et universitaire du mouvement liturgique du XX° siècle, le jeune institut allait trouver un champ de travail particulier avec la réforme liturgique voulue par le concile Vatican II et mise en œuvre avec fidélité et persévérance par Paul VI et Jean-Paul II. Dans les temps que nous vivons, il n’est peut-être pas superflu de rappeler quelques éléments fondamentaux de cette réforme. Je ne doute pas que ce sera fait au long de ce colloque. Pour ma part, ayant vécu la réforme comme séminariste et comme prêtre, je voudrais simplement relever deux aspects qui me semblent aujourd’hui trop largement méconnus.

Le premier aspect est celui de la richesse catéchétique et spirituelle dont bénéficient les fidèles et, à travers eux, toute l’Église. L’élaboration des nouveaux lectionnaires liturgiques, avec la lecture continue des évangiles et des épîtres et l’accès développé aux textes fondamentaux du premier Testament, ouvre à tous la possibilité d’une fréquentation plus large des Écritures, au cœur même de la célébration liturgique. De plus, le Concile n’a pas seulement élargi le champ scripturaire des lectures. Il a aussi défini les modalités d’une prédication qui doit proposer un commentaire actualisé de ces lectures bibliques : « Dans la célébration de la liturgie, la Sainte Ecriture a une importance extrême. C’est d’elle que sont tirés les textes qu’on lit et que l’homélie explique, ainsi que les psaumes que l’on chante ; c’est sous son inspiration et dans son élan que les prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont jailli, et c’est d’elle que les actions et les symboles reçoivent leur signification. Aussi, pour procurer la restauration, le progrès et l’adaptation de la liturgie, il faut promouvoir ce goût savoureux et vivant de la Sainte Ecriture dont témoigne la vénérable tradition des rites aussi bien orientaux qu’occidentaux »(SC 24).

Par delà telles ou telles dispositions discutables et amendables de la réforme, qui ne voit le bénéfice considérable qui en résulte pour le peuple chrétien ? Les exagérations ou les maladresses qui ont accompagné sa mise en œuvre ne doivent pas dissimuler son enjeu. La question primordiale n’est pas la question de la langue utilisée, mais la question de la légitimité de l’Église à décider des modalités de sa liturgie. Qui peut fixer les lectures autorisées ? Qui peut définir le calendrier liturgique ? Qui arrête les fêtes à célébrer, les saints à honorer, etc… ? Quelle est, à cet égard, la responsabilité des évêques dans leur charge pastorale ?

Le deuxième aspect que je voudrais relever est le suivant. La réforme a mis en lumière que la liturgie, l’action sacrée, n’est pas seulement le premier lieu catéchétique, elle est aussi l’instance d’identification de la communauté ecclésiale elle-même, l’expression de la foi commune. Dans l’Église catholique, s’il existe des rites différents également reconnus, c’est pour exprimer liturgiquement, dans la prière habituelle de la communauté, la tradition liturgique, théologique et spirituelle d’une Église particulière. D’une certaine façon, le rite est indissociable d’une Église.

Dans cette perspective, le travail des liturgistes, tel qu’il fut conduit dans cet institut, n’est pas d’abord un spécialité technique pratique qui pourrait être juxtaposée à une réflexion théologique spéculative. Il est un acte organique de la réflexion chrétienne sur les expressions de la foi commune.

Cette dimension centrale de l’acte liturgique pour l’identité de l’Église et de toute communauté en elle peut sans doute expliquer pourquoi le débat liturgique suscite de telles passions. Il touche à la conscience même de l’appartenance à l’Église. C’est pourquoi ce débat a pris chez nous une acuité particulière à laquelle les Français sont spécialement attentifs, et, – oserais-je le dire ?-, les Parisiens parmi les premiers.

Dans notre pays, la réforme liturgique a été appliquée avec une méthode systématique que l’on ne retrouve pas ailleurs. Une des raisons en était qu’elle avait été préparée de longue date par des recherches historiques et théologiques mais aussi par le vaste effort de renouveau pastoral et apostolique de l’après-guerre. Cette approche systématique, à côté des réalisations remarquables qu’elle a permises, a aussi conduit à des mises en œuvre parfois maladroites ou brutales, qui ont pu donner le sentiment d’une rupture de tradition.

Il y a plus grave, en effet, que les tristesses et les blessures que ces comportements ont provoquées. Chez nous, la liturgie a été instrumentalisée dans un débat d’un autre ordre. Sous certaines fantaisies ou certaines dérives liturgiques, on a pu identifier une auto-célébration de l’assemblée elle-même substituée à la célébration de l’œuvre de Dieu, voire l’annonce d’un nouveau modèle d’Église. D’autre part, sous couvert de la mobilisation pour la défense d’une forme liturgique, c’est bien à une critique radicale du concile Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet pur et simple de certaines des ses déclarations. Le refus des livres liturgiques régulièrement promulgués fut suivi de l’injure publique envers les papes et couronné par des faits de violence comme la prise de force d’une église paroissiale à Paris et une seconde tentative avortée de la part des mêmes auteurs.

Il ne serait pas utile de faire mémoire de ces tristes événements s’ils n’étaient de nature à éclairer le contexte actuel. Aucun des protagonistes de ces combats n’a cru ni dit que le problème était prioritairement et, moins encore, exclusivement liturgique. Il était et il demeure un problème ecclésiologique. Il pose clairement la question du sens de l’unité ecclésiale dans la communion avec le siège de Pierre. Il pose clairement la question de l’autorité d’un concile œcuménique et de ses déclarations votées par l’ensemble du collège épiscopal et promulguées par le premier des évêques, tête du collège.

Si je me permets d’évoquer ces soubassements du débat liturgique, c’est parce qu’ils me semblent constituer un lieu théologique et spirituel de notre expérience d’Église. Si la controverse liturgique a joué aussi fortement ce rôle de paravent pour un autre débat, c’est bien parce que la liturgie est aussi un révélateur de l’expérience de la communion ecclésiale. Elle n’est pas un spectacle dont on pourrait critiquer à loisir le programme et la distribution et corriger les partitions. Elle est l’expression de la foi et de la communion de l’Église. Elle est, en régime chrétien, l’action constitutive de l’Église : « Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence, dont nulle autre action de l’Église n’égale l’efficacité au même titre et au même degré » (SC 7).

3. L’avenir.

Je me suis un peu étendu sur les convulsions de ces quarante dernières années, d’abord pour saluer la fidélité de l’Institut Supérieur de Liturgie aux orientations doctrinales et pastorales du Magistère. Cette fidélité, -faut-il le rappeler ici ?-, ne saurait jamais en appeler d’un concile à un autre, d’un Pape à un autre ou d’un évêque à un autre.

Permettez-moi donc d’abord, en mon nom propre, -et je crois pouvoir dire au nom des évêques de France-, d’exprimer ma reconnaissance à tous les collaborateurs de l’Institut Supérieur de Liturgie passés et présents pour les services éminents qu’ils ont rendus à l’Église. Par leurs travaux, la culture liturgique s’est développée, non seulement parmi les spécialistes et les clercs, mais encore, et grâce à eux, dans l’ensemble du peuple chrétien et la qualité liturgique des célébrations a progressé. Permettez-moi aussi de formuler un vœu pour l’avenir : que cet institut poursuive et développe ses travaux.

En conclusion, je voudrais vous partager une espérance : que les efforts permanents de notre Église pour réunir ses enfants en un seul peuple et une seule louange soient couronnés de succès. Depuis la triste année 1988, les Papes successifs n’ont pas cessé de tendre la main à ceux de leurs enfants qui voulaient se faire leurs juges. Sans doute aujourd’hui le fossé s’est-il élargi et les passerelles sont-elles plus difficiles à mettre en place. C’est une raison supplémentaire pour ne pas tarder à le faire de tout notre cœur. Vos évêques continueront à travailler paisiblement et sereinement à la réconciliation nécessaire dans la fidélité au Pape et dans la communion avec lui.

Pour ma part, j’ai hérité du Cardinal Lustiger une pratique généreuse et ecclésiale du Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta. Je suis heureux que cette pratique ait permis à des chrétiens sincères de rester dans la communion ecclésiale et d’y avoir leur place comme ils sont à leur place dans la pastorale du diocèse. Je pense que la communion progressera plus largement encore si l’on veut bien renoncer aux anathèmes et aux surenchères. Un signe de ce progrès serait sans doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie en suivant le même calendrier liturgique et le même lectionnaire. Comme l’unité progresserait si nous entendions tous chaque dimanche la même Parole de Dieu, si nous célébrions ensemble les mêmes fêtes du Seigneur et si nous fêtions ensemble les mêmes saints !

+André Vingt-Trois
Archevêque de Paris

1 Décret du 9 février 1951 puis du 16 novembre 1955.
2 Réponse du Saint-Office du 17 octobre 1956, autorisant la proclamation de l’épître et de l’Évangile en latin puis en langue vulgaire.
3 Pie XII, Constitution apostolique « Christus Dominus », 6 janvier 1953 ; Directoire pour la pastorale de la messe à l’usage des diocèses de France (novembre 1956).
4 S. Pie X, Décret « Sacra Tridentina Synodus », 30 décembre 1905.
5 S. Pie X, Décret « Quam singulari », 8 août 1910.

Homélie de Mgr André Vingt-Trois pour l’ordinations sacerdotales du 23.6.07

28 juin, 2007

du site:

http://catholique-paris.cef.fr/vingttrois/homelies/23-juin-2007.php

Archevêque et prêtres > L’Archevêque de Paris

Homélie de Mgr André Vingt-Trois,
Archevêque de Paris

Samedi 23 juin 2007,
Ordinations sacerdotales
Messe en la cathédrale Notre-Dame de Paris
Jean-Baptiste, Louis-Pierre, Antoine, Étienne, Benoît, Olivier, Christophe, Vincent, Guillaume, Geoffroy, Xavier et Florent,

Chacun de vous a été appelé par son nom de baptême et par son nom de famille. Vous n’êtes pas arrivés ici de nulle part. Chacun de vous est l’héritier d’une longue tradition familiale qui vous a façonnés en vous transmettant ses mœurs et ses valeurs et cette histoire, vous la relisez avec reconnaissance et dans l’action de grâces. Avec vous, aujourd’hui, je veux remercier vos familles de tout ce qu’elles vous ont apporté. Mais, si important que soit cet héritage, votre vocation et votre engagement de ce jour ne sont pas le fruit d’un formatage culturel, d’une pression familiale ni même d’un héritage chrétien. Le récit de la naissance de Jean-Baptiste peut nous aider à comprendre le mélange intime de nos ascendances et de la radicalité nouvelle que Dieu produit en nos vies.

L’évangile selon saint Luc relate l’annonce faite à Zacharie prévenant que l’enfant qui allait naître n’était pas le simple fruit naturel du ménage formé par Zacharie et Élisabeth. En effet, c’est d’une femme qui ne peut plus enfanter que Dieu allait faire naître un nouvel espoir non seulement pour Zacharie et Élisabeth, mais encore pour Israël tout entier. Et la marque de cette irruption de la nouveauté divine dans l’histoire humaine a été le nom que Dieu lui-même a choisi et donné pour cet enfant nouveau-né.

« Il s’appellera Jean. » Dans la culture biblique, vous le savez, le nom n’est jamais une simple dénomination ; il est aussi un message et ce message est le signe d’une mission. « Dieu fait grâce » : tel est le sens du nom donné à Zacharie pour son fils à naître. En interrompant la chaîne des noms usuels de cette famille, Dieu annonce l’avènement d’une nouvelle époque pour Israël. Une fois de plus, la miséricorde de Dieu va se manifester et agir en faveur des hommes. Dieu fait grâce, et cette grâce sera la venue du Fils unique dans la chair humaine pour sauver ce qui était perdu.

A partir d’aujourd’hui, vous n’êtes plus simplement inscrits dans la longue tradition de vos familles, ni même dans la continuité de vos quelques décennies d’existence. Vous êtes comme enfantés à nouveau pour être les témoins et les serviteurs de la nouveauté radicale que constitue la venue du Christ en notre chair. Aujourd’hui commence pour vous une nouvelle étape de votre vie. Certes, nous le savons, ce commencement a été longuement préparé par tout ce que vous avez reçu. Il s’inscrit même dans une histoire secrète dont Isaïe nous disait à l’instant qu’elle remonte à l’avant de votre naissance : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. » Ce commencement a été soigneusement préparé par vos années de formation au séminaire durant lesquelles vous avez approfondi en même temps votre connaissance du Mystère de Dieu et la réalité de votre relation intime avec le Christ.

Mais ce que nous vivons aujourd’hui, ce que vous vivez aujourd’hui, n’est pas le simple produit historique de ces préparations. C’est une intervention de Dieu lui-même qui, par le ministère de son Église, vous consacre comme ministres de l’Alliance nouvelle et éternelle. Par l’imposition de nos mains et par l’onction de l’huile sainte, « la main du Seigneur est avec vous » et votre vie prend une nouvelle orientation. Récapitulant tout ce que vous avez reçu, le Seigneur vous envoie. Pour reprendre l’évangile de la multiplication des pains ; vous aviez en vos mains quelques pains et quelques poissons et il les reprend et il les bénit et il vous les confie à nouveau, mais cette fois pour nourrir toute la foule humaine.

Les voisins et la famille d’Élisabeth « se réjouissaient avec elle », nous dit l’évangile de saint Luc. Frères et Sœurs, je veux d’abord vous inviter à vous réjouir avec moi du don que Dieu fait aux hommes à travers notre ministère. Je rends grâce pour les centaines de prêtres que vous verrez tout à l’heure imposer les mains à leurs nouveaux frères. Je rends grâce particulièrement pour ceux qui fêtent leur jubilé de 70 ans, 65 ans, 60 ans, 50 ans, 25 ans et 10 ans de sacerdoce. Je rends grâce pour ceux qui nous entourent et pour ceux que l’âge ou la maladie retiennent loin de nous. Chers frères, vous qui fêtez cette anniversaire, entendez aujourd’hui la parole du prophète Isaïe, il disait : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces » et bien aujourd’hui vous le voyez, vous ne vous êtes pas fatigués pour rien, vous n’avez pas usé vos forces en pure perte, votre droit subsistait au yeux du Seigneur et votre récompense auprès de Dieu. Je rends grâce pour les prêtres que le Seigneur me donne comme collaborateurs pour l’annonce de l’Évangile. Je rends grâce pour la vitalité des communautés chrétiennes à Paris, pour leur foi vivante et leur engagement dans la mission de l’Église : elles suscitent au cœur de jeunes hommes le désir de se donner tout entiers pour cette mission.

Je rends grâce pour tous les jeunes qui entendent l’appel du Seigneur et qui ne le repoussent pas mais qui le laissent grandir en eux et se disposent à y répondre avec générosité. Je rends grâce pour les femmes et les hommes consacrés qui donnent le témoignage de l’absolu. Je rends grâce pour les couples qui vivent la fidélité de l’amour jusqu’au bout et pour les familles qui développent le sens de la vie fraternelle entre leurs membres. Bénissons le Seigneur pour tout ce qu’Il réalise au milieu de nous et avec nous. Ne soyons pas paralysés par nos pauvretés ni par l’image idéalisée de nos souvenirs. Le don de Dieu, c’est l’aujourd’hui qu’il nous donne et la mission qu’il nous confie avec les moyens que nous avons.

Fils très aimés, je voudrais souligner brièvement quelques traits de la mission à laquelle vous allez être associés en ce vingt et unième siècle de notre vieille Europe.

Tout d’abord, nous sommes appelés à être des témoins de la foi au Christ ressuscité. Entendons-nous bien : beaucoup de nos contemporains ont encore quelques souvenirs d’un nommé Jésus-Christ, peut-être même quelque sympathie pour certaines valeurs évangéliques si elles ont le bon goût de rester dans les limites de la raison commune. Nous ne méprisons pas ces traces de christianisme éparses dans notre culture et nous sommes toujours prêts à les reconnaître et à les saluer. Mais ce dont nous vivons et ce que nous annonçons est d’un autre ampleur et réclame une autre adhésion : il s’agit de la personne de Jésus de Nazareth, vrai Dieu et vrai homme, de sa vie, de ses actions, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.

Vous n’êtes pas appelés à donner votre vie à un vague idéal de valeurs, même évangéliques. Vous êtes appelés à donner votre vie à une personne et à partager votre connaissance de cette personne : Jésus de Nazareth. La publication récente du livre de Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne doit pas seulement nous réjouir comme un succès de librairie. Elle doit nous inciter à reprendre inlassablement notre quête de la vérité sur le Christ et animer notre passion de partager cette connaissance du Christ.

Témoins de la foi, nous sommes pasteurs d’un peuple qui nous est confié. Un peuple très divers dans ses origines, ses croyances et ses attentes. Nous savons que le premier langage directement compréhensible par tout homme n’est pas celui du catéchisme, c’est celui de l’amour. C’est à partir de l’amour que nous vivons entre membres de l’Église et à la qualité de l’amour que nous essayons de vivre avec nos contemporains que la question de la source de cet amour peut se poser réellement. Nous sommes les ministres de cet amour. Nous en sommes les ministres dans les communautés particulières auxquelles nous sommes envoyés. Nous en sommes les ministres auprès de tous les hommes. Pasteurs de l’Église, nous essayons de nous plonger tout entiers dans l’amour du seul vrai Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

Établis dans la foi, fortifiés dans l’amour que nous avons reçu et que nous partageons, nous vivons dans l’espérance. Mais cette espérance n’est pas simplement comme une posture, comme la dynamique d’une utopie. Elle se définit par le contenu de ce que nous espérons. Dans une société marquée par la sollicitation permanente des désirs à assouvir, l’espérance qui nous anime n’est pas de pouvoir satisfaire tous les désirs et tous les appétits qui traversent les cœurs des hommes. Elle est de trouver notre repos dans la quiétude de l’amour partagé. Et nous savons que cette espérance ne sera totalement comblée qu’au-delà de cette vie, mais déjà elle éclaire chacune de nos journées et le tissu de nos relations.

C’est elle qui vous aidera à scruter le signes des temps pour y discerner les premières lueurs du jour nouveau et qui vous permettra de rendre le courage et la force aux êtres blessés qui viendront vers vous. C’est elle qui vous rendra heureux d’être ministres de la réconciliation entre Dieu et les hommes. C’est elle qui fera de vous des artisans de la paix. Je suis heureux de vous accueillir aujourd’hui dans la mission de l’Église et de vous associer au presbyterium parisien.

Frères et Sœurs, dans quelques instants nous allons implorer l’Esprit-Saint de venir consacrer ces nouveaux prêtres, puis nous invoquerons en leur faveur l’intercession de tous les saints. C’est l’Église tout entière qui se rassemble et nous portons ensemble cette prière de l’Église. Que la grâce qui nous est faite aujourd’hui ravive en nous le désir de prendre notre part de la mission de l’Église.

A tous les jeunes qui ont accompagné les nouveaux prêtres de leur prière cette nuit et à tous ceux qui nous ont rejoints ce matin, je dis : ouvrez les yeux et regardez, ouvrez les oreilles et écoutez ! Ce qui se passe ce matin est un événement important pour notre ville de Paris et pour la mission de l’Église en Ile-de-France. Cette mission a besoin d’acteurs décidés, d’hommes et de femmes qui s’engagent à suivre le Christ dans leur profession et dans leur vie familiale. Elle a besoin d’hommes et de femmes consacrés dans la vie religieuse. Elle a besoin de prêtres pour faire vivre les communautés chrétiennes et annoncer l’évangile. Aujourd’hui, lequel de ces appels vous est adressé, lequel de ces appels vous concerne ? Qu’est-ce que le Christ vous dit ? Qu’est-ce qu’Il vous demande au secret de votre cœur ? Quelle sera votre réponse ? Serez-vous de ceux qui le suivent dans la joie ou de ceux qui rentrent chez eux tous tristes ?

A chacune et à chacun d’entre vous qui participez à cette ordination, je souhaite qu’elle soit un temps de réconfort dans votre vie chrétienne, et un temps de renouveau dans votre chemin à la suite du Christ, un temps de joie et de bénédiction pour les dons que Dieu nous fait. Amen

+ André Vingt-Trois
Archevêque de Paris

ma vocation: Par le Père Aybram

26 juin, 2007

en allant à la recherche des vocations sacerdotales j’ai trouvé, entre l’autre, ce témoignage

http://www.mavocation.org/temoignages-pretre-religieuse/vocation/amour-de-la-messe/

Par le Père Aybram

A l’occasion de son jubilé d’ordination (25 ans), le P. Yvon Aybram, alors qu’il était curé de Bourg-la-Reine (92), confie sa reconnaissance.

Je pense que la principale raison qui m’a conduit à demander l’ordination sacerdotale est l’amour de la messe. Et depuis vingt-cinq ans, rares sont les jours où je ne l’ai pas célébrée. Grâce à Dieu, je ne m’en lasse pas.

Célébrer la messe est ma fonction principale, c’est ce qui structure mon existence

En lisant le concile Vatican II, je reviens à cette phrase: « Dans le mystère du sacrifice eucharistique, où les prêtres exercent leur fonction principale, c’est l’œuvre de notre Rédemption qui s’accomplit sans cesse. C’est pourquoi il leur est recommandé de célébrer la messe tous les jours ; même si les chrétiens ne peuvent y être présents, c’est un acte du Christ et de l’Église » (Presbyterorum ordinis, n° 13). Il faut croire que ce conseil est d’importance, puisqu’il a été repris en 1983 par le code de droit canonique (CIC, n° 904).

Que l’on comprenne bien, surtout en cette circonstance jubilaire: je ne veux donner de leçon à aucun confrère. Je dis simplement que c’est ma conviction et mon expérience : en effet, célébrer la messe est ma fonction principale, c’est ce qui structure mon existence. J’ai conscience d’être « ordonné » à cette célébration.

Jour après jour, chaque geste s’alourdit de sens. Pourtant, aucun n’est de moi. Je me contente d’accomplir et de dire, « de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma force » (Dt 6,4), ce que me demande l’Église. Me laissant habiter par le dynamisme du missel, ces gestes et ces paroles deviennent, je l’espère, de plus en plus les miens. C’est le lieu où s’exercent mon obéissance et ma liberté.

La messe ne tourne pas vers la sacristie, mais vers le monde. Aussi curieux que cela puisse paraître, on ne connaît pas très bien l’origine du mot, mais il semble qu’on ait donné à l’ensemble de l’action liturgique une appellation venant de l’expression latine qui la conclut: Ite missa est, c’est-à-dire « Allez, c’est l’envoi. « Autrement dit, la perspective est largement missionnaire. Ayant été rassemblés pour se nourrir de la Parole et du pain eucharistique, les chrétiens sont renvoyés vivre au milieu des hommes de l’expérience du Royaume qu’ils viennent de partager.

Nous n’avons pas à choisir entre Dieu et les hommes, nous n’avons pas à choisir entre l’action de grâce et l’engagement de la charité quotidienne. Nous célébrons indissociablement « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Tout simplement parce que la gloire de Dieu, c’est le salut du monde, parce que la volonté de Dieu, c’est le bonheur des hommes. Célébrer l’amour divin et travailler pour la paix et la justice sont les deux faces de l’engagement du chrétien.

Tout comme l’eucharistie, l’évangélisation est un acte dans lequel sont liés le Christ et son Église

© D.R.C’est pour vivre ainsi que nous avons besoin de la nourriture eucharistique. « Jésus-Christ s’offre comme le pain vivant venu du ciel et celui qui le mangera vivra éternellement » (Jn 6,51). Prêtre, je rends cela possible aujourd’hui lorsque je romps le pain que j’ai consacré à l’autel, pour venir le donner à mes frères : nul ne peut réaliser un acte plus sublime, et, malgré mes faiblesses et mon indignité, j’ai été choisi pour accomplir cet acte sublime.

Je regarde l’hostie consacrée par mon ministère et je vois le Christ ; je regarde l’Église rassemblée par mon ministère et je vois le Christ. Le corps du Christ, « c’est le sacrement de ce que vous êtes, que vous recevez », selon la célèbre formule de saint Augustin (sermon 272).

Je regarde aussi la multitude de ceux qui ne viennent pas dans nos églises: on dit qu’aujourd’hui, en France, 10% de la population vient à la messe chaque dimanche. Le Christ est aussi pour ceux qui ne franchissent pas les portes de nos sanctuaires. La liturgie est on ne peut plus claire: « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Heureux les invités au repas du Seigneur. » C’est une citation de l’Apocalypse (Ap 19, 9) et sa compréhension est sans ambiguïté : le festin des noces de l’Agneau est le triomphe définitif d’une foule immense » (Ap 19, 1) sur toutes les forces du mal. Ce triomphe est celui du Christ vainqueur.

« Heureux les invités au repas du Seigneur » est loin d’être simplement une invitation à s’avancer pour la communion. C’est la proclamation de l’universalité du salut. Déjà comblés par la nourriture eucharistique, vivant déjà du bonheur de l’éternité, nous sommes envoyés « aux croisées des chemins » (Mt 22, 9) pour faire entendre dans le langage d’aujourd’hui l’invitation du Maître du repas, la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Tout comme l’eucharistie, l’évangélisation est un acte dans lequel sont liés le Christ et son Église. Le prêtre est aussi là pour le signifier aujourd’hui.Puissent des jeunes et, en particulier, des jeunes de la communauté dont je suis actuellement le pasteur, comprendre cela et se rendre disponibles et persévérants dans la disponibilité à une ordination.

Aujourd’hui, je rends grâce pour celles et ceux, laïcs, religieuses et prêtres qui m’ont appris, depuis beaucoup plus de vingt-cinq ans, à aimer la messe et pour celles et ceux qui continuent de me la faire découvrir. Je rends grâce pour celles et ceux qui, grâce au ministère qui m’est confié, peuvent participer à la célébration de l’eucharistie. Je rends grâce pour celles et ceux auxquels nous sommes envoyés: « La moisson est abondante » (Mt9, 37).

Je regrette de ne pas toujours bien savoir le manifester, mais je suis heureux d’être prêtre et heureux d’être là où je suis envoyé.

Paru dans la revue Jeunes et Vocations N°98

 

Ordinations sacerdotales 2007

24 juin, 2007

du site de Notre Dame de Paris texte et image: 

http://notredamedeparis.fr/spip.php?article176

Ordinations sacerdotales 2007

Le samedi 23 juin dernier, Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a ordonné douze nouveaux prêtres à la cathédrale.

Ont été ordonnés prêtres pour le diocèse de Paris : Jean-Baptiste Arnaud, Louis-Pierre Dupont, Antoine Germain, Etienne Grenet, Benoit Guedas, Olivier Horovitz, Christophe de Lussy, Guillaume Normand, Geoffroy de Talhouet, Xavier Terrien, Florent Urfels et pour le diocèse de Bui Chu au Vietnam : Vincent van Bao Maï.

Ces ordinations ont été célébrées au cours d’une messe solennelle à laquelle plus de 5000 fidèles ont participé. A cet effet, le parvis avait été aménagé avec 2000 places assises et un écran géant qui retransmettait toute la célébration. Le parvis et l’intérieur de la cathédrale ne formait plus qu’un seul et même espace liturgique, la cérémonie se déroulant en partie à l’extérieur et en partie à l’intérieur.Plus de 500 prêtres étaient assis dehors pendant les deux premières étapes de la célébration avant d’entrer en procession dans la cathédrale pour imposer les mains aux nouveaux prêtres.

Cette célébration fut une belle et grande image de l’Eglise, Peuple de Dieu, signe de sa présence au milieu du monde.

Cette année encore pour tous les jeunes du diocèse de Paris, la célébration des ordinations était précédée d’une nuit de prière pour les nouveaux prêtres à l’église Saint-Séverin.

L’ordination sacerdotale (ou presbytérale) intervient généralement au terme de sept années de préparation au séminaire, à Paris ou à Bruxelles, pendant lesquelles les séminaristes mûrissent la décision de consacrer leur vie à Dieu et au service des hommes, en recevant une formation humaine, spirituelle et pastorale. L’ordination sacerdotale est précédée de l’ordination diaconale, célébrée quelques mois plus tôt, au cours de laquelle le diacre s’engage au célibat. Le diocèse de Paris compte environ 100 séminaristes. Une centaine de prêtres diocésains sont ordonnés en France chaque année.

Les portraits des douze ordinands sont publiés dans les numéros des 14 et 21 juin de l’hebdomadaire Paris Notre-Dame, un reportage consacré aux ordinations est publié dans le numéro du 28 juin.

Ordinations sacerdotales 2007 dans FRANCE arton176-a6936

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La basilique du Sacré-Coeur a Montmartre

14 juin, 2007

La basilique du Sacré-Coeur a Montmartre dans Approfondissement montmartre

 image du site:

http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article452&artsuite=4

La basilique du Sacré-Coeur a Montmartre

Eblouissante de blancheur, la basilique du Sacré-Coeur trône fièrement au sommet de la Butte Montmartre. Prenez votre souffle et montez les 237 marches étroites et raides, vous voilà dans la coupole à l’acoustique parfaite, et du dôme, vous aurez une très belle vue sur Paris, sur la vieille église Saint-Pierre et son cimetière.

Pourquoi le Sacré-Coeur ?Basilique du Sacré Coeur

La construction du Sacré Coeur fut un véritable roman et pour mieux comprendre, il faut se re-situer dans le contexte historique de 1870. C’est  » l’Année Terrible « , de juillet 1870 à mai 1871. Après la défaite de Napoléon III à Sedan, le peuple de Paris subit un siège terrible et interminable.

Il subit le froid et la faim. Les chiens, les chats, les rats, les corbeaux … et les animaux de la ménagerie du Jardin des Plantes servent de nourriture aux Parisiens. Napoléon III prisonnier des Prussiens capitule, les émeutes de la Commune de Paris ne font qu’ajouter massacres et misère.

Une bonne partie des catholiques considérait que tout cela était une punition divine et le Clergé invita les fidèles à de grandes manifestations de foi et d’expiation. Alexandre Legentil et son beau-frère Hubert Rohaut, riches bourgeois dévots font le voeux d’ériger une église dédiée au Coeur de Jésus à Paris. Ils proposent en janvier 1871 un Voeu National ainsi libellé :

 » En présence des malheurs qui désolent et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés. Pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l’infinie miséricorde du Sacré-Coeur de Notre Seigneur Jésus Christ, le pardon de nos fautes, nous promettons de contribuer à l’érection à Paris d’un sanctuaire dédié au Sacré-Coeur de Jésus « 

Le 18 janvier 1872, l’archevêque de Paris Mgr Guibert approuve le projet et le 5 mars 1873 il adresse une lettre au ministre des Cultes demandant  » qu’un temple élevé pour rappeler la protection divine sur la France et la Capitale, soit placé sur un lieu qui domine Paris et puisse être vu de tous les points de la Cité « 

Le choix de Montmartre

Plusieurs paroisses auraient voulu voir cette construction sur leur sol, le choix de Montmartre était favorable pour plusieurs raisons. La hauteur d’abord, puis c’est ici que se situe le Martyre de Saint Denis et que Saint Ignace de Loyola a fondé l’ordre des Jésuites en compagnie de Saint François Xavier.

Mais où placer cette église ? A mi-hauteur, les Jésuites ont déjà racheté les terrains pour construire un sanctuaire, en haut de la butte, il y a la vieille église Saint Pierre… En 1872, Mgr Guibert visitant les lieux a une vision émerveillée, il découvre Paris tout entier baigné de soleil :  » c’est ici que le Sacré-Coeur doit régner afin d’attirer tout à Lui  » Une basilique sera construite à côté de la vielle église !

Reste à acquérir les terrains qui appartiennent à une quinzaine de propriétaires et à la ville de Paris qui possède un terrain appelé Champ des Polonais sur lequel étaient regroupés des canons et des munitions pour les soustraire aux Prussiens. Thiers ordonne aux troupes de s’en emparer, cette opération déclenchera les émeutes de la Commune.

Ces événements passés, la seule voie possible pour libérer les terrains et mener à bien le projet , était que l’Assemblée Nationale déclare d’utilité publique la construction de cette église. Le 11 juillet 1873, Emile Keller dépose un projet de loi visant l’expropriation au profit de l’Etat, des propriétaires concernés. Le 24 juillet 1873, l’expropriation publique fut adoptée par 393 voix contre 164. Le projet pouvait maintenant se réaliser.

France : Ordination de 12 prêtres à Paris, un pour le Vietnam

14 juin, 2007

du site

http://catholique-paris.cef.fr/a-3-1843-ordinations-presbyterales-a-notre-dame-de-par.html

Le 23 juin 2007 de 9h30 à 12h30, Notre-Dame de Paris, 4ème.

12 prêtres seront ordonnés. Tous les fidèles sont invités à participer à la cérémonie, qui se déroulera en partie à l’extérieur et en partie à l’intérieur de la cathédrale. Le parvis sera aménagé (chaises) et en libre accès.

 
   
   

Seront ordonnés : Jean-Baptiste Arnaud, Louis-Pierre Dupont, Antoine Germain, Etienne Grenet, Benoit Guedas, Olivier Horovitz, Christophe de Lussy Guillaume Normand, Geoffroy de Talhouet, Xavier Terrien, Florent Urfels et Vincent van Bao Maï (pour le diocèse de Bui Chu – Vietnam) >> En savoir plus sur le Séminaire de Paris et les prêtres>> Lire le dossier du site mavaocation.org sur les ordinations 2007

>> Voir les numéros spéciaux proposés par Paris Notre-Dame

>> Voir la liste des prêtres jubilaires 2007 qui sont invités spécialement lors des ordinations sacerdotales du 23 juin à Notre-Dame

Les ordinations seront célébrées au cours d’une messe solennelle à laquelle tous les fidèles sont invités à participer. A cet effet, le parvis sera aménagé (chaises) et en libre accès. Le parvis et l’intérieur de la cathédrale formeront un seul et même espace liturgique, la cérémonie se déroulant en partie à l’extérieur et en partie à l’intérieur. Les fidèles forment une seule assemblée qui remplit la cathédrale et se prolonge sur le parvis (3000 personnes à l’intérieur, plus de 2000 à l’extérieur). C’est une belle image de l’Eglise, Peuple de Dieu, signe de sa présence au milieu du monde. La plupart des prêtres sont assis dehors pendant les deux premières étapes de la célébration. Un écran géant à l’extérieur, et des petits écrans répartis dans toute la cathédrale, permettent à tous de suivre le déroulement de la célébration. Près de 600 prêtres seront présents et imposeront les mains aux nouveaux prêtres au cours d’une grande procession.
Le diocèse de Paris compte
environ 100 séminaristes.Cette année encore pour tous les jeunes du diocèse de Paris, la célébration des ordinations sera précédée
d’une nuit de prière pour les nouveaux prêtres à l’église Saint-Séverin.
A 21h la messe sera célébrée dans 4 églises parisiennes, suivie par une marche vers Saint-Séverin puis de la veillée de prière (louange, adoration, méditation) ; les jeunes se relayeront ensuite pour prier jusqu’au matin.
La messe sera retransmise en direct à partir de 9h30
sur Radio Notre Dame – 100.7 FM
sur KTO : sur le câble, le satellite, par ADSL et sur le site internet
www.ktotv.com

Les portraits des 12 ordinands seront publiés dans les numéros du 14 et 21 juin de Paris Notre-Dame, un reportage consacré aux ordinations sera publié dans le n° 28 juin. Déroulement de la messe d’ordinationLa messe d’ordination se déroule en cinq étapes :

1. Ouverture de la célébration et présentation des candidats

Les futurs prêtres sont rassemblés sur le parvis de la cathédrale. A l’appel de son nom par le responsable de leur formation, chacun dit « Me voici », et avance accompagné d’un prêtre et de cinq autres fidèles, jusqu’au pied de la façade de la cathédrale. L’archevêque, de l’intérieur de la cathédrale, annonce solennellement : « Avec l’aide du Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu et notre Sauveur, nous les choisissons pour l’ordre des prêtres ». Ce choix est approuvé par un chant.
2. Liturgie de la Parole
Les lectures bibliques sont proclamées de l’extérieur de la cathédrale. La Parole de Dieu retentit ainsi, non seulement pour les chrétiens présents dans la cathédrale, mais aussi sous le ciel de Paris, où les futurs prêtres exerceront leur ministère. Dans son homélie, sur le parvis, l’archevêque explique le sens des textes lus et des rites qui vont suivre. 3. Ordination
Nous sommes au moment décisif de cette célébration. Le rite de l’ordination des prêtres se déroule en quatre étapes :

  • Engagement des ordinands

Au seuil de la cathédrale, sous les grandes orgues, l’archevêque pose cinq questions aux futurs prêtres groupés autour de lui, pour qu’ils déclarent devant l’assemblée leur ferme intention de recevoir cette charge du sacerdoce :
« Voulez-vous devenir prêtres, collaborateurs des évêques dans le sacerdoce, pour servir et guider sans relâche le peuple de Dieu sous la conduite de l’Esprit-Saint… Voulez-vous accomplir avec sagesse et dignement le ministère de la Parole, en annonçant l’Evangile et en exposant la foi catholique …. Voulez-vous célébrer avec foi les mystères du Christ (surtout la messe et le sacrement de réconciliation)….Voulez-vous implorer avec nous la miséricorde de Dieu en étant assidus à la prière pour le peuple qui vous sera confié…Voulez-vous vous unir de jour en jour davantage au souverain prêtre Jésus-Christ et vous consacrer à Dieu pour le salut du genre humain ? »
Les ordinands répondent à chaque question : « Oui, je le veux ».
Un par un, ils s’avancent ensuite devant l’archevêque, et leurs mains dans les siennes, ils promettent de vivre en communion avec lui et ses successeurs, dans le respect et l’obéissance.

  • Supplication litanique

L’archevêque conduit les ordinands jusque devant l’autel, au chant du Veni Creator (appel à l’Esprit-Saint). Les ordinands s’étendent alors de tout leur long sur les marches de pierre qui conduisent à l’autel, signifiant ainsi le don d’eux-mêmes à Dieu. L’évêque et l’assemblée sont à genoux, et l’on chante les litanies des saints. En union avec tous ceux qui nous ont précédés depuis vingt siècles, nous prions Dieu pour ceux qui vont prendre leur place dans la succession ininterrompue des ministres du Christ.

  • Imposition des mains et prière d’ordination

C’est le rite essentiel du sacrement de l’ordre. Le bourdon de la cathédrale sonne. Les ordinands sont à genoux et l’archevêque, puis les autres évêques présents, leur imposent les mains en silence. Dans une longue procession, les prêtres qui étaient encore sur le parvis entrent dans la cathédrale et viennent à leur tour imposer les mains sur la tête de chaque ordinand. C’est ainsi une immense chaîne qui, depuis 2000 ans, se prolonge. L’imposition des mains signifie la mission confiée par le Christ, mission qui vient « d’en haut » et se transmet par les mains des Apôtres et de leurs successeurs. L’archevêque chante alors la grande prière qui demande à Dieu : « Père tout puissant, donne à tes serviteurs que voici, d’entrer dans l’ordre des prêtres… ». Il bénit Dieu et implore le don du Saint Esprit en faveur de ceux qui reçoivent la charge de prêtre.

  • Vêture, onction des mains, et remise du pain et du vin

Chaque nouveau prêtre reçoit alors ses nouveaux vêtements, l’étole et la chasuble, que le prêtre plus ancien qui l’a accompagné depuis le début de la célébration enlève pour la remettre à son « filleul ». Le vêtement est de couleur rouge, couleur du feu de l’Esprit et du sang des martyrs qui ont donné leur vie pour désigner en Jésus-Christ « celui qui enlève le péché du monde ».
Les nouveaux prêtres reçoivent alors de l’archevêque l’onction du saint Chrême. Cette huile sainte, mêlée de parfum, et répandue ici sur les mains des nouveaux prêtres, signifie le don de l’Esprit-Saint qui fortifie le prêtre pour qu’il puisse sanctifier le peuple chrétien, notamment en célébrant le sacrifice eucharistique (la messe).
Les nouveaux prêtres reçoivent enfin le pain et le vin, qui deviendront dans l’eucharistie le Corps et le Sang du Christ. L’archevêque leur dit : « Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites…. ».

4. Liturgie eucharistique

Les nouveaux prêtres avec tous les autres, groupés autour des évêques, concélèbrent pour la première fois la messe. Ils distribuent la communion. 5. SortieA la sortie, les nouveaux prêtres rejoignent dans les jardins du chevet de la Cathédrale les fidèles qui les côtoieront l’an prochain, ainsi que leur famille et leurs amis. Ils bénissent tous ceux qui le leur demandent.

 

Jean-Marie Lustiger: Sainte Geneviève et la mémoire des Parisiens – À Paris, patrimoine et foi

11 juin, 2007

du site:

http://catholique-paris.cef.fr/diocese/lustiger/articles/sainte-genevieve.php

Sainte Geneviève et la mémoire des Parisiens – À Paris, patrimoine et foi

Voilà deux ans déjà nous fêtions en l’église Saint Etienne du Mont, le quinzième centenaire de la mort de Sainte Geneviève.
Est-ce une maladie de notre siècle que de chercher des chiffres ronds pour les anniversaires afin de déterrer de la mémoire – sans doute paralysée et s’effaçant d’une culture ou d’une nation – des événements passés ? Et pourquoi donc ? Peut-être pour mettre en valeur le travail de ceux dont le métier est d’écrire l’histoire. Peut-être aussi pour faire mesurer la distance parcourue. Bref, cela peut sembler bien léger à côté du poids du présent !

Sainte Geneviève n’est-elle pas l’exemple même de cette autodestruction des traces humaines, qui caractérise toutes les cultures ? Puisque, du fait des hommes, il ne reste rien d’elle : à la Terreur, ses ossements ont été brûlés et dispersés ; et la châsse que nous vénérons ici ne contient que la mémoire de la présence de sa tombe en ce lieu – une pierre – et du culte qui n’a cessé de lui être rendu.
Si nous lisions les récits de la vie de Sainte Geneviève, nous pourrions faire l’inventaire de nombreux éléments que la mémoire des parisiens a reconnus comme constitutifs de « leur » histoire. Ils sont assez étonnants, presque programmatiques par rapport à ce que cette ville – petite, moyenne, grande, immense – a vécu et est en train de vivre. Au point que notre langue, nos manières d’être sont marquées par ce qui, peu à peu, a été enfanté au fil des générations passées et qui est demeuré présent grâce à la mémoire vivante de l’histoire, y compris dans ses contradictions.

Geneviève, contemplative, femme de prière, fuyant dans la solitude : quand vinrent les moments tragiques de ce Vè siècle, quand arriva l’envahissement par un ennemi destructeur, quand la panique saisit la ville que ses habitants voulaient quitter, elle sortit de sa solitude et réussit à convaincre les habitants de Paris (la ville s’appelait déjà ainsi), de ne pas bouger et de faire confiance à l’avenir. Elle sut dans la menace de la famine organiser des transports pour aller chercher des victuailles. Combien d’autres faits nous montrent une figure féminine étonnante, il y a quinze siècles ! Elle fut vraiment celle par qui cette cité a subsisté, existé, en faisant face à la détresse due à l’invasion barbare ou à la famine, et surtout en y faisant preuve d’attitudes remarquables : respect des pauvres et générosité, don de sa vie pour autrui et sens d’un destin commun.
Au point que tout cela ne relève plus seulement du récit, de la légende, de l’histoire, mais devient le patrimoine génétique d’une culture qui ne se rend même plus compte qu’elle véhicule cette richesse, ne serait-ce que dans ses mots et sa langue, dans sa manière d’être et son art de vivre.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un déterminisme ; car tout cela risque aussi de mourir ou de s’étioler. Mais par les événements qui la constituent, l’histoire peut aider à se souvenir du génie propre de ce qui est ainsi hérité, transmis en héritage sans que les héritiers en aient conscience. Elle leur fait découvrir par la mémoire la richesse qu’ils possèdent sans même savoir quelle elle était ou qu’elle était tout simplement. L’histoire est là qui nous permet de comprendre qui nous sommes ; au moins jusqu’à un certain point.

La Montagne Sainte Geneviève est un condensé de l’histoire de la France ; jusques et y compris la grande basilique voisine promise à Sainte Geneviève et devenue Panthéon, où tant d’hommes et de femmes trouvent leur dernier repos et sont offerts à la mémoire et à la vénération de toute une nation, quelles que soient les différences et les divergences de convictions.

Avec ou sans la foi de sainte Geneviève, Parisiens, voire Français partagent cette même mémoire, cette même passion qui font une culture propre, la nôtre ; elle ne peut se nier sans se renier, sans se détruire.

Peut-être penserez-vous : voilà de belles considérations, mais elles ne nous apportent pas grande lumière ! Détrompez-vous ; à tout le moins, elles nous invitent à comprendre comment se constitue une culture, une civilisation, comment elle peut avoir la force de vivre et de se tourner vers son avenir.
Nous savons aussi que le processus que je tente de décrire peut conduire aux pires crimes. Car c’est bien ainsi que naissent dans les peuples, dans les ethnies, dans les nations les fanatismes les plus absolus qui peuvent aller jusqu’à l’hostilité à la tribu opposée ou conçue comme adversaire. En Europe, nous avons fait la dure expérience de ces cruautés insensées commises au nom des valeurs propres de chacune des cultures particulières qui la composent.

En vérité, l’histoire ne suffit pas à faire vivre les valeurs qu’elle préserve et permet d’identifier. Que manque-t-il ?
Peut-on revendiquer l’histoire et la fidélité à l’histoire, identifier les valeurs propres d’une culture et d’une civilisation et, en même temps, garantir que de l’intérieur, spontanément et non par contrainte ou négation d’elle-même, elle soit
- capable de faire preuve d’amour et de générosité, de vérité et de reconnaissance de l’universalité,
- capable de démasquer en soi le mensonge avant de le faire dans les autres,
- capable d’être auto-critique avant de critiquer autrui (cf. la parabole de la paille et de la poutre en Mt 7, 3),
- capable de donner plutôt que de recevoir, de pardonner plutôt que d’écraser, de guérir plutôt que de blesser, d’aimer plutôt que de haïr ou rester dans l’indifférence ?

Où est le secret ? S’il ne reste rien de Sainte Geneviève que les historiens puissent contrôler hormis quelques attestations et quelques traces archéologiques du Paris de cette époque, s’il ne reste rien d’autre, il reste beaucoup plus !

La foi de Sainte Geneviève est aussi, encore aujourd’hui, la foi de nombreux parisiens et parisiennes. Cette foi au Christ nous fait vivre de la même façon que Sainte Geneviève ; elle engendre en nous ce même amour et cette même force ; elle nous fait demander et recevoir le même pardon de nos péchés. Elle nous appelle, nous aussi, au même combat spirituel et nous en donne la ressource et les « armes » : la prière et l’accueil de la Parole de Dieu.

Une culture, si elle n’a pas de mémoire et d’histoire, est fragile. Si elle est consciente de son histoire, elle y trouve une force et un sens, cependant elle peut tourner court et faire volte-face. Mais si, gardant vivante la mémoire de son histoire, elle vit du meilleur qui l’a constituée, elle continuera à produire des fruits nouveaux, au-delà même des faiblesses et des contradictions de ceux qui en sont héritiers. Héritiers souvent inconscients ou ingrats, mais héritiers quand même et appelés, eux aussi, à leur tour, à produire du fruit.

Le quinzième centenaire de la mort de Sainte Geneviève n’aurait servi à peu près à rien s’il s’était limité à ajouter un panégyrique aux œuvres des historiens ! Mais il est fécond s’il nous amène à réfléchir, à faire ce travail de la mémoire et surtout de la conscience, sur le présent et sur l’avenir.
Il ne s’agit pas seulement d’un exemple à suivre ; nous en avons bien d’autres ! Mais c’est un appel à entendre et auquel, s’il plaît à Dieu et par l’intercession de Sainte Geneviève, nous saurons répondre au début de ce troisième millénaire, à Paris.

Jean Marie Cardinal Lustiger
Article paru en 2 parties dans Paris Notre Dame 8 et 15 janvier 2004

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