Archive pour la catégorie 'FRANCE'

le voyage du Pape en France

15 septembre, 2008

le voyage du Pape en France

demain, ou après demain, je mettrai le lien au site Vatican pour trouver tous le discours du Pape et autres site, peut-être le journal « Osservatore Romano » pour lire ou re-lire tous les discours, et dés que possible, les premiers commentaires et les approfondissements;

demain je mettrai le lien alla KTOTV comme suggéré indirectement dall’j'achève commente;

Gabriella

le voyage du Pape en Italie

9 septembre, 2008

pour le voyage du Pape en France, vous avez plus de chances de suivre une bonne chose que moi,  j’ai mettrai les discours et les homélies du pape, je me réserve principalement de les approfondissement, le meilleur des cas, il parviendrai, je suppose, après le voyage;

Le Pape Benoît en France, sur le site Vatican:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/travels/2008/index_francia_fr.htm

Voyage apostolique
en France à l’occasion du 150e anniversaire
des apparitions de Lourdes
(12-15 septembre 2008)

Programme
Missel pour le voyage apostolique
Galerie photographique

Rencontre avec les autorités de l’Etat à l’Elysée (Paris, 12 septembre 2008)
[Français, Italien]
Rencontre avec le monde de la culture au Collège des Bernardins (Paris, 12 septembre 2008)
[Français, Italien]
Célébration des vêpres avec le clergé, les religieuses et religieux, les séminaristes et les diacres en la cathédrale Notre-Dame (Paris, 12 septembre 2008)
[Français, Italien]
Salutation aux jeunes sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame (Paris, 12 septembre 2008)
[Français, Italien]
Messe sur l’Esplanade des Invalides (Paris, 13 septembre 2008)
[Français, Italien]
Messe pour le 150e anniversaire des apparitions sur la prairie (Lourdes, 14 septembre 2008)
[Français, Italien]
Prière de l’Angelus Domini sur la prairie (Lourdes, 14 septembre 2008)
[Français, Italien]
Rencontre avec les évêques de France à l’Hémicycle Sainte-Bernadette (Lourdes, 14 septembre 2008)
[Français, Italien]
Conclusion de la procession eucharistique sur la prairie (Lourdes, 14 septembre 2008)
[Français, Italien]
Messe avec les malades dans la Basilique Notre-Dame du Rosaire (Lourdes, 15 septembre 2008)
[Français, Italien]
Cérémonie de départ à l’aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées (Lourdes, 15 septembre 2008)
[Français, Italien]

Mgr Perrier suggère de laisser Benoît XVI nous « surprendre »

20 août, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-18598?l=french

Mgr Perrier suggère de laisser Benoît XVI nous « surprendre »

« Benoît, celui qui vient au nom du Seigneur »

ROME, Lundi 18 août 2008 (ZENIT.org) – « Attendons-nous à être surpris », explique Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, qui invite aussi à « surprendre » le pape en venant nombreux lors de sa visite en France du 12 au 15 septembre 2008 et de l’ouverture, le 11 août du 135e pèlerinage national français, en cette année jubilaire des 150 ans des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous.

Voici en effet ce qu’écrit Mgr Perrier dans L’Osservatore Romano en langue française, dans l’édition des 12-19 août 2008, sous ce titre évocateur : « Benoît, celui qui vient au nom du Seigneur »« Benedictus qui venit in nomine Domini ! ». Ces mots du psaume repris par la foule de Jérusalem le jour des Rameaux, sont repris à chaque Eucharistie : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! ». Benedictus se traduit aussi par Benoît.

Jacques Perrier

L’élection du cardinal Ratzinger avait été diversement accueillie. L’opinion commune, complaisamment véhiculée, voyait en lui un homme rigide, un théoricien inflexible, étranger aux affaires de ce monde, perdu dans ses principes. Ceux qui l’avaient côtoyé essayaient de faire entendre un écho différent: le cardinal était un homme simple, aisément accessible, aimant écouter, clair dans ses réponses, reconnaissant que, parfois, il n’y avait pas de réponse, respecté en dehors des cercles catholiques. Mais leur voix peinait à se frayer un passage sur les ondes.Personnellement, dans le quart d’heure qui précéda l’annonce du résultat de l’élection, je me surpris à dire: « Pourvu qu’il prenne le nom de Benoît! ». Je ne savais pas que l’élu était le cardinal Ratzinger. Je savais encore moins son estime pour saint Benoît. Je pensais peut-être vaguement à Benoît XV, le pape qui tâcha d’être artisan de paix durant la guerre de 1914 et qui fut, pour cela, calomnié par les deux camps.

Je pensais surtout que le Pape devait être un signe de bénédiction pour le monde. En cela, j’étais fidèle à la dévotion du Pape Jean-Paul II envers la divine miséricorde. C’est lui qui avait béatifié et canonisé soeur Faustine, l’apôtre de la divine miséricorde. C’est lui qui avait instauré la fête de la divine miséricorde le deuxième dimanche de Pâques. Lui-même avait rencontré définitivement cette divine miséricorde aux premières vêpres de sa fête.Le monde est anxieux de son avenir. Nos sociétés sont incertaines de leur solidité. Notre culture du divertissement cache mal un déficit de sens qui peut coexister avec un certain bonheur. A ce monde, il est important que quelqu’un dise qu’il n’est ni maudit ni oublié mais, au contraire, que Dieu l’aime et le bénit, malgré ses blessures. La bénédiction originelle de la Genèse n’est pas retirée à l’homme.

Que « l’homme en blanc » soit un signe de bénédiction, alors que les religions se laissent trop facilement enrôler dans de nombreux conflits!Que « l’homme en blanc » soit un signe de bénédiction, alors que des prêtres ont commis des crimes contre les enfants, ceux que Jésus, lui, bénissait!

Que  » l’homme en blanc » soit un signe de bénédiction, alors qu’il faut refuser certaines prouesses de la technique qui deviendraient une malédiction pour l’humanité!II fallait une grande foi et beaucoup d’humilité pour accepter de pareils défis. Dans le Chemin de Croix qu’il avait prêché le Vendredi Saint 2005, quelques jours avant la mort du Pape, et dans les discours tenus avant l’ouverture du conclave, le cardinal Ratzinger n’avait pas enjolivé la situation spirituelle de l’Eglise, surtout en Occident. C’est donc en connaissance de cause qu’il accepta la charge, alors qu’il espérait pouvoir retourner à ses chères études.

Deux béatitudes s’appliqueraient particulièrement au Pape Benoît XVI. « Bienheureux les doux »: la douceur est peut-être dans son caractère mais ce qui est un don naturel peut aussi devenir un charisme au service du Royaume. Dans ce monde de violence, non seulement terroriste, mais aussi économique, voire culturelle, la douceur à la manière du Christ n’est-elle pas une manière de faire signe ? L’autre béatitude serait celle des artisans de paix. Benoît XVI cherche l’unité. Il sait que l’unité est indissociable de la vérité. C’est pourquoi il se montre exigeant dans le dialogue, qu’il soit oecuménique ou interreligieux: c’est une façon d’honorer ses interlocuteurs.

Peut-être grâce à sa douceur, il dégage les voies du dialogue avec l’orthodoxie. En Chine, il tâche de réconcilier. Dans la décision de célébrer une « Année saint Paul » après avoir tenu un synode sur la Parole de Dieu, il est raisonnable de voir une intention oecuménique en direction des Réformés.Dans l’Eglise catholique, il ne voudrait pas que des fidèles vivent séparés, au prétexte d’une manière ancienne de célébrer. Mais là encore la vérité ne doit pas être sacrifiée à une unité qui ne serait que de surface: le Concile Vatican Il doit être correctement interprété, mais ne peut être annulé.

Les Français et d’autres aussi ont, sans doute, découvert un peu mieux le Pape Benoît XVI à la faveur de son voyage aux Etats-Unis. Nous avons pu voir avec quel courage il affrontait les scandales, avec quelle délicatesse il écoutait les victimes, avec quelle aisance il se mouvait dans cette société si éloignée de sa propre culture, avec quelle autorité amicale il encourageait ses frères évêques, avec quelle sobriété liturgique il célébrait dans les stades, avec quelle hauteur de vues il s’adressait aux délégués des Nations unies, avec quelle émotion il communiait à la douleur, encore vive, de la ville de New York frappée par les attentats du 11 septembre.

Au long des jours de son voyage, nous avons constaté un changement de ton dans les commentaires des médias. Il les a surpris. Attendons-nous à être surpris. Nous pourrions, nous aussi, le surprendre en venant très nombreux pour lui montrer que nous l’aimons et que nous faisons corps avec lui, en Eglise.

Thomas Merton: Le vent souffle où il veut

9 mai, 2008

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1799

MÉDITATION CHRÉTIENNE

Fevrier 2008

Le vent souffle où il veut

Thomas Merton

Thomas Merton est né en France de parents américains. Il consacra la première partie de sa vie à la littérature, obtenant un doctorat ès lettres de l’université Columbia à New York. Converti au catholicisme en 1938, il entra à la Trappe de Gethsemane Abbey (Kentucky) le 10 décembre 1941 et y passa le reste de sa vie. Il mourut accidentellement le 10 décembre 1968 lors d’un congrès à Bangkok. Comme auteur, il est sans doute l’un des plus prolifiques dans l’histoire du monachisme.

1. Dieu, qui est partout, ne nous quitte jamais. Cependant II semble parfois absent. Et si nous ne Le connaissons pas bien, nous ne comprenons pas qu’Il peut être plus proche de nous lorsqu’Il est absent que lorsqu’Il est présent. Il y a deux sortes d’absences de Dieu. L’une nous condamne, l’autre nous sanctifie. Dans le premier cas, Dieu  « ne nous connaît pas » parce que nous L’avons remplacé par un autre Dieu sans vouloir être connu de Lui. Dans le second cas, Dieu vide l’âme de toute image qui pourrait devenir idole et de tout intérêt qui pourrait être un obstacle entre Sa face et la nôtre.

Dans le premier cas. II est présent, mais l’on se prive de Lui pour une idole. Dieu est en face de l’ennemi que nous avons placé, par notre péché mortel, entre Lui et nous. Dans le second cas, II est présent, et Sa présence est affirmée et honorée par l’absence de tout le reste. Bien qu’invisible, II est plus proche de nous que nous ne le sommes de nous-mêmes. Quiconque cherche à L’attraper et à Le garder Le perd. Il est comme le vent qui souffle où il veut. Vous qui L’aimez devez L’aimer comme venant d’une destination inconnue et repartant vers un lieu que vous ignorez. Votre esprit doit s’efforcer d’être aussi pur et libre que le Sien, pour Le suivre partout où II va. Qui sommes-nous pour nous croire purs ou libres, s’Il ne nous rend tels ? S’Il nous apprend à L’accompagner dans le désert de Sa liberté nous ne saurons plus où nous sommes, parce que nous suivrons Celui qui est à la fois partout et nulle part.

Ceux qui n’aiment que Sa présence apparente ne peuvent suivre Le Seigneur partout où II va. Ils ne L’aiment pas parfaitement s’ils ne Lui permettent pas d’être absent; ils ne respectent pas Sa liberté d’agir à Sa guise. Ils s’imaginent que leurs prières leur donnent le droit de Lui donner des ordres, et de soumettre Sa volonté à la leur. Ils vivent plutôt sur le plan de la magie que sur celui de la religion. Seuls ne sont jamais séparés du Seigneur ceux qui ne mettent pas un instant en doute le droit qu’Il a de se séparer d’eux. Ils ne Le perdent jamais parce qu’ils comprennent qu’ils ne méritent pas de Le trouver, et qu’en dépit de leur indignité ils L’ont déjà trouvé. Car II les a découverts le premier, et ne les abandonnera jamais.

2. Dieu s’approche de nos esprits en s’en éloignant. Nous ne pourrons jamais Le conna

ître pleinement si nous Le considérons comme un objet de capture, qui peut être enfermé dans l’enceinte de nos propres idées. Nous Le connaissons mieux lorsque nos esprits L’ont laissé partir. Le Seigneur voyage dans toutes les directions à la fois. Où que nous soyons, nous nous apercevons qu’Il vient de quitter les lieux. Où que nous allions, nous découvrons qu’Il vient d’y arriver avant nous. Notre repos ne peut être le début, la fin apparente, ou cette poursuite elle-même. Car sa vraie fin, qui est le Ciel, est une fin sans fin. C’est une dimension totalement nouvelle; nous nous reposons dans la pensée secrète qu’Il arrivera au moment de Son départ; II arrive perpétuellement et Son départ n’est pas fixé dans le temps.

3. Tout homme devient l’image du Dieu qu’il adore.

Celui qui adore une chose morte devient une chose morte. Celui qui aime la corruption pourrit. Celui qui aime les choses périssables vit dans la crainte de les voir périr. Le contemplatif qui cherche à emprisonner Dieu dans son cœur, devient prisonnier dans ces étroites limites et le Seigneur S’évade et le laisse à sa prison, à sa réclusion, à son recueillement mort. Celui qui laisse Sa liberté au Seigneur L’adore et reçoit la liberté des enfants de Dieu. Il aime comme aime le Seigneur et sera emporté, captif de l’invisible liberté divine. Un Dieu qui demeure immobile sous mon regard n’est même pas un vestige du Vrai Dieu.

4. Que signifie Vous connaître, ô mon Dieu? Certaines

âmes tremblent et défaillent à l’idée de Vous donner un nom suffisant!
Je m’éveille la nuit couvert d’une sueur froide parce que j’ai osé Vous appeler « un Acte Pur »
Lorsque Moïse, dans le désert, vit le buisson ardent qui brûlait sans se consumer, Vous n’avez pas répondu à sa question par une définition. Vous avez dit : « Je suis Celui qui suis. » Quel pouvait être l’effet d’une telle réponse, sinon de rendre instantanément sainte la poussière même, si bien que Moïse ôta ses sandales (symboles de son corps et de ses sens) pour qu’il ne demeurât rien entre Votre Sainteté et son adoration. Vous êtes le Dieu fort, le Saint, le Juste, puissant et réservé dans Votre infinie miséricorde, dissimulé à nos yeux dans Votre liberté, nous aimant sans réserve, afin que, recevant tout de Vous, nous puissions savoir que Vous Seul êtes Saint. Comment saurons-nous jamais qui Vous êtes si nous ne commençons par Vous ressembler ? Comment comprendrons-nous jamais Votre bonté si nous ne Vous laissons nous faire du bien ? Comment échapperons-nous à Votre bonté puisque personne ne peut Vous empêcher de nous faire du bien? « Etre » et « être bon » sont des expressions qui nous sont familières. Car nous sommes créés à Votre image, avec une nature qui est bonne puisque c’est un don de Vous. Mais l’être et le bien que nous connaissons sont si loin de ce que Vous êtes qu’ils ne peuvent que nous décevoir si nous Vous les appliquons tels que nous les comprenons. Aussi ne nous disent-ils pas, comme ils le devraient, que Vous êtes Saint.

5. Le sage a essayé vainement de Vous découvrir dans sa sagesse. Le juste s’est efforcé de Vous comprendre d’après sa propre justice, et s’est égaré. Mais le pécheur, frappé tout à coup par l’éclair de Votre miséricorde (qui eût dû être celui de la justice) se prosterne et adore Votre sainteté : car il a vu ce que les rois ont désiré voir et n’ont jamais vu, ce que les prophètes prédirent sans le voir, ce que nos pères attendirent désespérément jusqu’à la mort. Il a vu que Votre amour est infiniment bon, tellement qu’il ne peut faire l’objet d’aucun marché. Certes, il y a deux Alliances. Mais ce sont les promesses de nous donner gratuitement ce que nous ne pourrons jamais mériter : de nous manifester Votre sainteté en déployant envers nous Votre miséricorde et Votre infinie liberté. « Ne m’est-il pas permis », dit le Seigneur, « de faire ce que je veux ? » (Matthieu, xx, 15.) . Le caractère Suprême de Son amour est Sa liberté infinie. Il ne peut être contraint à se plier aux lois d’un désir, c’est-à-dire d’une nécessité quelconque, étant sans limite parce que sans besoin. Etant sans besoin, Son amour recherche les indigents, non pour leur faire une aumône, mais pour les combler de richesses. Il ne peut se reposer dans une âme qui se contente de peu, car se contenter de peu, c’est vouloir perpétuer son indigence. Or Dieu ne veut pas que nous demeurions indigents. Il voudrait combler tous nos désirs en nous libérant de toutes nos possessions et en se donnant à nous en échange. Si nous voulons qu’Il nous aime, il nous faut demeurer vides de tout le reste, non pour être indigents, mais précisément parce que ce sont nos possessions qui causent notre indigence.

6. Tout vrai enfant de Dieu est doux, docile, solitaire et tend vers la perfection. Il prend conscience de l’Esprit du Seigneur au moment précis où il se sent maintenu dans l’être par un don gratuit, un acte d’amour, un ordre divin. La gratuité du don divin de la vie appelle la réponse de notre liberté — un acte d’obéissance, caché dans le secret de notre être le plus profond. Nous trouvons le Seigneur lorsque nous découvrons le don de la vie qu’Il transmet aux profondeurs de notre être. Nous vivons pleinement en Lui lorsque nos racines les plus profondes deviennent conscientes de Lui. De ce consentement de vivre dans la dépendance du don divin et de la liberté divine, naît la vie intérieure 7. Que les exigences de Son amour se fassent sentir aux sources mêmes de ma vie.

Puissé-je comprendre que je ne consens pas pour exister, mais que j’existe pour consentir! C’est la source vivante de tout acte bon; car nos actes bons sont des consentements aux indications de Sa miséricorde et aux mouvements de Sa grâce. Nous arriverons ainsi à la perfection : à l’amour qui consent à tout, ne cherche qu’à répondre au Bien par le bien, à l’Amour par l’amour, souffre tout et est également heureux dans l’action et l’inaction, l’être et le néant.

Ne nous contentons pas d’exister : que notre existence soit une obéissance. De cette obéissance fondamentale, qui est un don, et le digne retour du don divin, s’élèvent jusqu’à la vie éternelle tous les autres actes d’obéissance.

Car la vie spirituelle ne devient pleinement féconde que lorsque nous sommes reconnaissants de la vie, consentons à vivre, et dans un élan de gratitude plus grand encore cherchons à nous perdre dans le Christ.

Thomas Merton (1915-1968)

Le cardinal Vingt Trois prend possession de St Louis des Français – Rome

30 avril, 2008

du site: 

http://www.cardinalrating.com/cardinal_191__article_6958.htm

Le cardinal Vingt Trois prend possession de St Louis des Français
Apr 29, 2008


Paris, le 29 avril 2008 – E.S.M. – Le dimanche 27 avril, lors de la messe paroissiale en l’Eglise Saint Louis des Français de Rome, le cardinal André Vingt Trois, archevêque de Paris, a pris possession de son église.

Le dimanche 27 avril, lors de la messe paroissiale en l’Eglise Saint Louis des Français de Rome, le cardinal André Vingt Trois, archevêque de Paris, a pris possession de son église.

Messe de prise de possession du titre cardinalice de Saint-Louis-des-Français par le cardinal Vingt-Trois

Actes 8, 5-17
1 P 3, 15-18
Jn 14, 15-21

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois

Les semaines du temps pascal que nous vivons forment un chemin qui développe en nous la capacité de vivre non plus dans la présence physique du Christ, mais dans sa présence par la personne de l’Esprit Saint. Cette pédagogie se développe d’abord en nous faisant méditer les rencontres du Christ et de ses disciples, du Christ Seigneur ressuscité qui affermit en ses disciples la certitude qu’il a bien vaincu la mort et du Christ Seigneur exalté qui les a préparés à son absence dès avant sa Passion, nous venons de l’entendre dans l’évangile selon saint Jean. Ces deux aspects de la présence du Christ à ses disciples se réunissent en un même objectif : assurer, approfondir et développer la communion du Christ avec les siens. Cette communion s’approfondit et se développe par la manière dont ils gardent sa Parole : ceux qui l’aiment sont ceux qui gardent ses commandements et qui les mettent en pratique, et ceux-là deviennent ceux que Dieu lui-même aime, ceux auprès desquels il vient demeurer.

Le Père et le Fils viennent établir leur demeure dans le cœur de ceux qui croient en sa Parole et qui la mettent en pratique. Ce chemin auquel Jésus invite ses disciples, il nous y invite tout autant, nous qui avons été baptisés dans le Christ et qui avons reçu la plénitude de l’Esprit par la confirmation. A notre tour nous sommes invités à accueillir la Parole de Dieu au plus profond de nos cœurs, à en faire la lumière de notre vie, à la mettre en pratique dans nos comportement et à devenir ainsi des signes vivants de la présence de Dieu en ce monde.

Ces paroles peuvent vous paraître exagérées. D’une certaine façon, nous avons tendance à sous-estimer et l’ampleur de la mission et la force considérable des moyens qui nous sont donnés pour l’accomplir, et pourtant c’est de rien moins que cela dont il s’agit. Quand nous sommes rassemblés autour du cierge pascal, symbole du Christ Ressuscité vivant en son Église, quand nous sommes rassemblés dans la célébration de l’Eucharistie, présence et communion avec le Christ Ressuscité, nous ne faisons rien d’autre que d’accueillir ce que Dieu nous donne et de devenir porteurs de la richesse de Dieu pour le monde. Que cette mission et les forces qui lui sont nécessaires, soulèvent l’enthousiasme de ceux qui les découvrent peut nous paraître parfois un peu étrange, à nous qui sommes de vieux chrétiens, qui avons sans doute profités du mieux que nous avons pu de ce que nous avons reçu mais qui avons parfois laissé s’émousser en nous le choc de la nouveauté chrétienne et la connaissance de la richesse qui nous était confiée. Combien de nos frères dans la foi vivent leur relation au Christ comme une relation purement formelle, symbolique, mais non pas comme l’axe autour duquel se construit leur existence, non pas comme le repère et la force qui doit leur permettre de mener une vie nouvelle !

Cet écart entre l’assoupissement de l’habitude et l’enthousiasme de la nouveauté, nous permet sans doute de comprendre pourquoi nous pensons si rarement à la foi chrétienne comme à une expérience de la joie. Les Actes des Apôtres nous rapportent que, devant les signes qui étaient donnés, « la ville était en pleine joie ». Nous avons quelques difficultés à nous représenter que notre foi chrétienne constitue une source inépuisable de joie et qu’elle doit s’exprimer à travers la joie que nous éprouvons.

Que l’annonce de l’Evangile soit une source de joie pour ceux qui l’entendent et qui le découvrent cela nous le concevons peut-être, mais que l’Évangile soit une source de joie pour ceux qui le portent et qui l’annoncent, nous le concevons plus difficilement, sans doute plus sensibles que nous sommes aux difficultés de la mission qu’à la beauté des signes. Et pourtant, comment mieux qu’ici à Rome et dans cette église, pourrions-nous mesurer à quel point cette force de la foi a produit, non seulement une culture littéraire, mais une production esthétique qui est toute entière tournée vers l’exultation et la joie de l’Évangile. Oui, l’Évangile est pour nous une source inépuisable de joie à travers les péripéties de notre existence, à travers les difficultés que nous rencontrons, à travers les obstacles, à travers les adversités, à travers parfois l’hostilité et la persécution, si elle devient nécessaire quand on est fidèle à l’Évangile et que l’Évangile n’est pas reçu, qu’il est rejeté, qu’il est combattu.

Nous sommes souvent perplexes, interrogatifs devant l’avenir de la foi et l’avenir de l’Église. Notre perplexité, nos interrogations sont encore alimentées et augmentées par la perplexité et l’interrogation de ceux qui estiment qu’ils ont à nous aider à penser qui nous sommes et qui nous présentent toujours plus de points d’interrogation que de points d’exclamation. Le Christ n’a pas promis à ses disciples que le chemin serait balisé, que les étapes seraient clairement indiquées, que les moyens seraient évidemment imposés ; il leur a promis qu’il serait avec eux, toujours, chaque jour, à chaque instant de leur vie. Il ne leur a pas promis que la vie chrétienne serait facile, il leur a promis au contraire de connaître le même chemin que lui. Il ne leur a pas promis que leurs efforts seraient couronnés de succès visibles mais il leur a promis que jamais il ne les abandonnerait. La force de la foi quand elle est vécue profondément dans l’obéissance à la Parole de Dieu, ce n’est pas d’aplanir les difficultés de l’existence, de les estomper, de les négliger ou de les enfouir, c’est de les affronter, de les assumer et de les surmonter. Non pas dans l’excitation ou la puissance artificielle des projets que l’on nourrit et que l’on attribue si facilement à Dieu, mais dans la fidélité quotidienne à la parole reçue, dans la méditation habituelle de la présence du Christ, dans le recours quotidien à l’Esprit-Saint qui habite nos cœurs. Nous traversons l’histoire des hommes, ses erreurs, ses souffrances, ses espérances, ses réalisations sans être jamais ni éblouis ni écrasés, parce que celui qui est notre lumière n’est pas au-dehors de nous, il ne s’impose pas à nous de l’extérieur, il est vivant en nos cœurs et il est présent au secret de nos âmes. Si nous connaissons la sérénité et la paix, ce n’est pas par l’exercice de quelque sagesse extraordinaire, c’est par la certitude que tout homme qui croit au Christ Ressuscité et qui vit de sa Parole est habité par l’Esprit de Dieu, c’est par la certitude que la fidélité de Dieu manifestée à travers les siècles jusqu’au don suprême de son Fils bien-aimé continue de s’exercer à l’égard des hommes, c’est par la conviction que quiconque est attentif à cette présence de Dieu est déjà béni de Dieu en toutes ses démarches et accompagné jusqu’au bout de sa vie.

Frères et sœurs, soyons dans la joie de la révélation que nous avons reçue ; soyons heureux de connaître le Christ même si nous le connaissons mal ou de manière insuffisante ; soyons joyeux d’être habités par l’Esprit-Saint ; soyons heureux d’être réquisitionnés, pour notre part, tels que nous sommes, pour devenir témoins de cette Bonne Nouvelle au milieu des hommes ; soyons heureux d’être les membres de cette Église qui reçoit la mission de témoigner à travers les siècles de l’amour et de la présence de Dieu à l’humanité ; soyons heureux que, aujourd’hui encore, le Christ soit vivant pour nous et à travers nous, vivant pour le monde. Amen.

+André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

Source : Eucharistie Sacrement de la Miséricorde

Ouverture de l’assemblée plénière des évêques de France

4 avril, 2008

02-04-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17629?l=french
  

Ouverture de l’assemblée plénière des évêques de France 

Discours du cardinal Vingt-Trois 

ROME, Mercredi 2 avril 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, pour l’ouverture de l’assemblée plénière des évêques, hier, 1er avril, à Lourdes. L’assemblée se déroule du 1er au 4 avril en présence d’une centaine d’évêques. 

Chers amis, 

La coutume n’est pas d’ouvrir cette session de printemps par un discours. Mais les circonstances présentes et les événements récents ont conduit le Conseil Permanent à penser qu’il serait bon de commencer ce temps d’échange par quelques réflexions du président. 

1. Avec les prêtres de nos diocèses. 

Notre assemblée se réunit quelques jours à peine après les célébrations de la fête de la Pâque que nous avons tous vécues avec grande joie. Dans nos diocèses, ces fêtes pascales sont le sommet de notre année liturgique et aussi un grand moment d’espérance. En effet, elles sont le temps où les nouveaux chrétiens adultes et jeunes, de plus en plus nombreux, reçoivent les sacrements de l’initiation, promesse de l’avenir de notre Église. Elles sont aussi un temps fort de la communion diocésaine vécue dans la célébration de la Messe Chrismale. Celle-ci nous réunit, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, dans une même communion à l’entrée du Triduum Pascal. Elle manifeste solennellement la dimension diocésaine de tous les sacrements et fait apparaître sacramentellement la communion du presbyterium autour de l’évêque exprimée par le renouvellement des promesses de l’ordination sacerdotale. 

En notre nom à tous, je voudrais exprimer aux prêtres de nos diocèses, notre joie de ces moments vécus ensemble, notre confiance et notre affection. Elles vont à tous les prêtres qui sont associés jour après jour à notre ministère et particulièrement aux prêtres diocésains qui sont nos collaborateurs les plus proches et les plus fidèlement attachés à nos diocèses. Nous savons tous combien leur tâche est lourde. Mais, plus que la lassitude quotidienne qui ne nous effraie pas, ce qui pèse le plus lourd, c’est le sentiment, plus ou moins fort, d’être entraînés comme dans un tourbillon dont ni le sens ni le but ne nous sont toujours clairs et de ne pas voir encore se lever la génération de nos successeurs. 

Sans doute cette incertitude est-elle l’épreuve qui nous est donnée à vivre en ce temps. Nous voulons la vivre dans la confiance et l’espérance, mais la confiance et l’espérance ont aussi besoin d’être éclairées et soutenues. En ces décennies notre Église vit une profonde mutation liée aussi bien aux évolutions sociologiques de nos départements qu’aux ébranlements des transmissions culturelles. Beaucoup des membres de notre Église n’y sont pas préparés, – est-on jamais préparé aux nouveautés de la vie ? – ; ils en souffrent en voyant que l’Église ne répond pas directement à leurs demandes et à leurs attentes. Ils ont parfois la tentation d’accuser les prêtres d’être responsables de la situation. Certains groupuscules font leur publicité en accusant tout simplement l’Église elle-même à travers ses évêques soupçonnés et brocardés. 

Comment pouvons-nous vivre sainement, – et même saintement -, cette fracture ou ces malaises ? Certes, on peut céder à la tentation bien française du miracle de la réforme institutionnelle. Les réformes sont nécessaires et, quand elles sont menées avec le travail nécessaire de consultation, elles peuvent porter du fruit. Mais elles ne font pas tout. Aucun évêque, ni même la conférence des évêques tout entière, n’est capable de trouver la formule miracle qui aplanirait toutes les difficultés, sauf à vivre dans l’illusion organisationnelle !  Jamais le Christ n’a donné un schéma directeur de l’Église ou du ministère « clefs en main ». Il n’y a pas de kit disponible. 

Si nous voulons vraiment avancer dans notre tâche missionnaire et ajuster nos pratiques à nos possibilités et aux appels de la mission, la seule voie qui nous est ouverte est celle du travail commun avec les membres de nos communautés et celle de la communion du presbyterium autour de son évêque. Cet engagement modeste à mettre en oeuvre les réformes nécessaires, a été fructueux dans bien des diocèses au cours des années passées. Il suppose aussi que nous, évêques, et les prêtres de nos diocèses, soyons assez disponibles pour ne pas vouloir relancer la dynamique missionnaire en maintenant à tout prix ce qu’était l’organisation du XIXe siècle, ni même celle des années 1950. 

Dans cet effort, les prêtres des paroisses sont ceux sur qui pèse le plus le poids de la transition. Nous savons qu’ils ont la détermination et la force pour avancer « en eaux profondes » avec foi. Nous leur disons à nouveau notre confiance et nous voulons avec eux proclamer notre espérance. Certes, ils ne peuvent pas, à eux seuls, définir les conditions fondamentales du discernement nécessaire. Nous ne le pouvons pas davantage. Tous, nous recevons les critères du ministère ordonné de la Tradition de notre Église, en particulier des décrets du Concile Vatican II sur le ministère et la vie des prêtres et de leur relecture par le Magistère ordinaire, notamment dans les sessions du synode des évêques et l’exhortation apostolique Pastores dabo vobis. Consacrés pour enseigner, sanctifier et gouverner le Peuple de Dieu avec les évêques, les prêtres ont une boussole pour discerner avec leur évêque les terrains prioritaires de leur engagement dans le service de l’Église. Pour notre part, nous sommes engagés à favoriser et à développer ce discernement dans chacun de nos diocèses. 

La tâche est considérable et nous voyons combien nous manquons de moyens pour la mener à bien. Nous devons donc sans cesse reprendre une dynamique de l’appel. Cette dynamique peut être et doit être soutenue par les services diocésains, mais elle repose avant tout sur la détermination de chaque prêtre de nos diocèses et sur leur détermination à tous à y associer les laïcs. Nous ne pouvons pas abandonner à des groupes particuliers le privilège de se présenter comme les seuls légitimes à envisager l’avenir et à le préparer ! Le travail de fond que nous avons entrepris au sujet de la formation des prêtres signifie bien que nous ne prenons pas notre parti de la situation présente. Nous devons intensifier notre prière en ce prochain dimanche du Bon Pasteur. 

Nous voudrions partager avec nos prêtres la confiance qui nous habite, notre joie d’être embarqués avec Jésus sur la barque apostolique et notre espérance qu’il nous conduit bien au port. L’enjeu de notre navigation ne concerne pas seulement les difficultés quotidiennes que nous rencontrons. Il concerne tous les hommes de notre temps et l’actualité nous donne malheureusement bien des occasions de le vérifier. 

2. Une société pour la vie. 

Une récente campagne a été orchestrée, une nouvelle fois, à partir du drame personnel d’une personne gravement malade pour faire passer dans l’opinion le sentiment qu’il y aurait urgence à délivrer légalement un permis de disposer de sa vie. En réalité, il s’agirait d’un nouveau permis de disposer de la vie de son prochain, disons-le simplement : d’un permis de tuer. Alors que nous ignorions tout de la situation médicale réelle de la personne, des traitements possibles, des traitements proposés, acceptés ou refusés, on a voulu capter l’émotion légitime pour la substituer à la réflexion ; on a fait monter les enchères émotionnelles ; on a instrumentalisé une situation douloureuse pour la cause. On parle beaucoup de dignité ! Nous n’avons certainement pas la même conception ni la même pratique de ce mot. 

Sournoisement, le travail admirable des équipes de soins palliatifs a été discrédité et dévalué aux yeux de l’opinion. Honteusement, des milliers de personnes gravement atteintes ou dans le dernier âge de leur vie ont été soupçonnées de ne pas avoir le courage de la « dignité ». Frauduleusement, la requête de reporter la décision de sa mort sur la société a été présentée comme un progrès humain. La loi, votée il y a deux ans et pas encore vraiment appliquée, a été occultée. La passion pour la mort a remplacé la compassion pour la vie. 

Plusieurs d’entre nous se sont exprimés justement et sobrement sans faire le jeu médiatique de cette vente aux enchères de la dignité. Aujourd’hui, nous voulons dire ensemble notre conviction que la société n’a pas vocation à organiser la mort, la mort de personne : ni celle de l’enfant à naître, ni celle du grand malade en phase terminale, ni celle des vieillards en fin de vie. Si elle le faisait, elle saperait les fondements mêmes de son existence. Elle deviendrait un lieu du doute : veut-on encore de moi ? Comme évêques mais tout simplement comme êtres humains, nous voulons rappeler que la dignité humaine n’est pas de chercher dans la mort la solution aux situations graves et angoissantes auxquelles tous les hommes sont confrontés un jour ou l’autre. Nous voulons dire encore une fois notre estime et notre admiration pour les hommes et les femmes qui assument leur vie avec courage et discrétion, pour les médecins qui cherchent sans cesse à soulager la souffrance, pour les équipes soignantes qui respectent, elles, la dignité de leurs malades, pour les familles qui accompagnent courageusement leurs membres éprouvés. Surtout, nous voulons exprimer notre résolution d’agir conformément à ces convictions en soutenant tous ceux qui se mettent vraiment au service de la vie. Nous le faisons particulièrement en n’abandonnant pas les malades graves à leur détresse et à leur souffrance. 

Nous voulons encourager le travail des aumôneries d’hôpitaux et de maisons de retraite. Nous voulons appeler les fidèles laïcs ou consacrés à se proposer pour des services de visite et d’accompagnement auprès des personnes malades ou des personnes âgées, en particulier celles qui sont en grande souffrance physique ou psychologique. 

La dignité humaine est vraiment à promouvoir, mais cette promotion ne peut pas passer par le déni de la valeur de chaque existence humaine quels que soient ses handicaps ! Une société pour la vie est une société qui aide ses membres à vivre jusqu’au bout leur vie, qui ne les fait pas douter de la valeur de leur présence ici-bas.  3. Une Europe ouverte.    

Le 1er juillet prochain, la France va prendre pour six mois la présidence de l’Union Européenne. Les récentes élections municipales et cantonales ont occupé le devant de la scène médiatique. En sera-t-il de même de cet événement qui surgira à la veille des vacances au cours desquelles se déroulera presque un trimestre de ce semestre de présidence française ? En tout cas, ce temps de la présidence française doit nous inciter à réfléchir sur notre implication dans l’ensemble européen et sur les accents qui marqueront le deuxième semestre de 2008, année européenne du dialogue inter culturel. 

Les fruits de la construction européenne sont considérables et inestimables : ils portent le nom de la Paix. Mais ils sont aussi fragiles. Cette petite portion du globe terrestre a accumulé au cours des siècles une capacité de développement et de gouvernement sans doute exceptionnelle. Il nous suffit de porter notre regard sur le monde pour en être convaincus : 

– la Colombie et les otages retenus, dont notre compatriote Ingrid Bettancourt.  Permettez-moi d’exprimer notre reconnaissance et nos encouragements fraternels à Mgr Castro Quiroga, président de la Conférence épiscopale de Colombie, pour l’action persévérante de l’Église dans cette longue crise. 

– Le Tibet et les représailles qui s’y déroulent. 

– La Birmanie dont on ne parle plus guère. 

– Le Darfour et le Soudan. 

– Le Moyen-Orient : Liban, Israël et les Palestiniens, avec une attention particulière pour nos frères chaldéens d’Irak. Les communautés chaldéennes en France doivent pouvoir compter sur notre soutien pour accueillir ceux qui viendront se réfugier. 

– L’Algérie et les mesures contre l’exercice des religions chrétiennes. Même si les circonstances ne permettent pas d’expressions publiques très spectaculaires de notre part, nos frères savent que nous sommes à leurs côtés dans leur volonté de vivre en Algérie, aux côtés des Algériens et en paix avec eux. 

De tout cela, notre vieille Europe est préservée, même si les progrès vers l’union sont venus conclure des phases sanglantes et démentielles. Ils ont été incontestables et ont été produits par l’implication de grands hommes d’État comme Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi et Robert Schumann, pour ne citer que les plus connus. Aucun des trois ne faisait mystère de sa motivation chrétienne dans son engagement apparemment utopique. A la même époque, une autre Europe se construisait au-delà de la ligne Oder-Neisse. Nous en connaissons les fruits amers. 

Avec son élargissement, notre Europe se trouve confrontée à une question d’objectif que l’entrée des pays de l’ancienne domination soviétique a déjà posée. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour l’établissement et l’affermissement de la paix ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans le partage de la prospérité ? Déjà, dans nos pays très développés de l’Ouest européen, la question de l’accueil des migrants est récurrente. Voulonsnous une Europe ouverte ou une Europe close devant les risques de perdre notre sécurité économique, dont la fragilité financière provoque les soubresauts que l’on sait ? L’histoire a montré qu’il n’est pas de clôture qui résiste aux besoins élémentaires qui s’expriment au dehors. La seule voie qui nous paraît raisonnable est évidemment celle du développement qui donne de quoi vivre dans les pays de forte immigration. Mais cette politique coûte très cher en argent et en vigilance sur l’utilisation des aides. Quel pourcentage de notre richesse nationale sommes-nous prêts à y investir, non seulement en « promesses de dons » mais en financement réel ? 

La France, pays de migrations anciennes, qui s’enorgueillit d’être le « pays des droits de l’homme » va-t-elle aider l’Europe à progresser dans une politique d’ouverture devant les migrations ? Va-t-elle elle-même progresser dans la mise en oeuvre d’une politique d’aide au développement ? Va-t-elle progresser dans les procédures de traitement des demandes d’asile, dans leur durée comme dans les critères mis en oeuvre et la manière de traiter les demandeurs ? Une politique raisonnée de l’immigration est indissociable des moyens à dégager pour que les fonctionnaires chargés de son exécution ne soient pas submergés et ne se trouvent pas dépassés par les situations qu’ils ont à traiter. Enfin, par delà la réglementation nécessaire, la manière de traiter des personnes en détresse suppose un engagement déterminé dans l’application des lois et des jugements. Une personne qui ne réunit pas les conditions d’accueil sur notre territoire ne cesse pas pour autant d’être une personne humaine, un homme, une femme, un enfant, que l’on doit respecter et traiter avec dignité. Une personne ne peut pas être détenue dans des conditions inhumaines. 

L’Église se félicite que de nombreux catholiques soient engagés sur ce front de la solidarité. Elle encourage les fonctionnaires et membres des forces de l’ordre qui exécutent leur mission en respectant les personnes concernées. Elle appelle les communautés locales à réfléchir et à agir pour venir en aide à ceux qui ont mis leur espoir, leur ultime espoir, dans le risque de l’immigration. Elle soutient les femmes et les hommes politiques dans leur implication pour cette cause, même si elle n’est pas très rentable électoralement. Si nous pouvons évoquer à juste titre les racines chrétiennes de l’Europe, c’est à nous d’agir de telle façon que ces racines soient manifestes et continuent à porter leurs fruits. C’est seulement à ce prix que nous pourrons redonner à notre jeunesse des raisons d’espérer, de croire en l’avenir et d’échapper aux mirages de la violence et des paradis artificiels que fournissent la drogue et l’alcool. La joie de la Résurrection nous y encourage toujours, nous chrétiens. 

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, mais nous devons préserver du temps pour que, vous aussi, vous puissiez parler dans cet échange sur l’actualité. 

Je vous remercie. 

André Cardinal VINGT-TROIS 

Archevêque de Paris 

Président de la Conférence des évêques de France 

Les évêques de France analyseront la question de la bioéthique

2 avril, 2008

01-04-2008, du site:
http://www.zenit.org/article-17618?l=french

Les évêques de France analyseront la question de la bioéthique

« Parole de Dieu et bioéthique »

ROME, Mardi 1er avril 2008 (

ZENIT.org) – « La Parole de Dieu et la bioéthique » : c’est le thème choisi par les évêques de France pour leur assemblée de printemps qui s’est ouverte aujourd’hui à Lourdes, en lien à la fois avec le prochain synode et la révision de la loi française.

Elle se tiendra jusqu’à vendredi, 4 avril. Le 3 avril, les évêques feront ensemble la démarche jubilaire du 150e anniversaire des apparitions, indique un communiqué de la conférence des évêques de France.Mgr Pierre d’Ornellas, responsable du groupe de travail sur la bio

éthique constitué en novembre, doit rendre compte de ses premiers travaux en vue de la révision des lois de bioéthique de 2004 prévue en 2009, souligne « Gènéthique », la synthèse de presse de la fondation Jérôme Lejeune. Les évêques s’interrogeront sur les actions et la place qu’ils souhaitent occuper dans le débat occasionné par cette révision.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a ouvert les débats et les présidera. Cette session, qui se tiendra à huis clos, rassemblera plus d’une centaine d’évêques.L’Assembl

ée travaillera en particulier sur la mission des évêques à l’égard de la Parole de Dieu. Leur réflexion s’appuiera sur les expériences diocésaines de lecture personnelle et en Eglise de la Parole de Dieu et se fera en lien avec le synode des évêques prévu sur ce thème à Rome en octobre prochain.

Sont par ailleurs prévus des comptes-rendus des démarches entamées par les groupes de travail « Faire vivre nos églises » et « Indifférence religieuse et visibilité de l’Eglise ». Une séquence sur les prêtres fidei donum est également au programme : elle concernera aussi bien les prêtres étrangers en mission pastorale en France que les prêtres français en mission à l’étranger.

Jeudi 3 avril, les évêques feront ensemble la démarche proposée à tous les pèlerins pour le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette : démarrant à 8h45 de l’église paroissiale de Lourdes, les évêques se rendront ensuite au « cachot » puis à l’oratoire de l’hospice. Ils concélèbreront la messe à partir de 11h15 en la basilique Notre-Dame du Rosaire. Leur démarche s’achèvera avec la prière de l’Angélus et celle du jubilé devant la Grotte.

Cardinal Lustiger : « Il parlait d’abord la langue de l’humanité, ensuite celle de l’Église… »

2 avril, 2008

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_54__article_5967.htm

 

Jean-Marie Cardinal Lustiger † 

 

« Il parlait d’abord la langue de l’humanité, ensuite celle de l’Église… » 

 

Aug 10, 2007 

 

Tout au long de la journée d’hier, les fidèles se sont relayés devant le cercueil.

(Le Figaro, 10 août 2007) « La Mort  ne peut me garder sur la Croix. Mon corps ne peut que revivre en tes bras. Je vais vers toi mon Seigneur, dans la joie… »

Hier à l’heure de midi dans la cathédrale Notre-Dame, une foule recueillie suivait les hymnes entonnés par les membres de la chorale, vêtus d’une aube bleue. Tous étaient là pour prier devant le cercueil du cardinal Lustiger, placé devant l’autel, sur lequel avait été posée la mitre cardinalice, blanche et rouge.

Barbara, la soixantaine, les yeux rougis par l’émotion, s’est assise sur une chaise du fond, à l’écart de la foule des fidèles et de celle des touristes qui formaient comme chaque jour un flot incessant mais rigoureusement canalisé. « Le cardinal parlait d’abord la langue de l’humanité, et ensuite celle de l’Église », souligne cette enseignante en langues. « Il s’adressait aux hommes, sans prendre une posture autoritaire d’ecclésiastique. » Tout en parlant, Barbara observe les jeunes qui mitraillent la célébration en cours, téléphone portable en main. « Les jeunes venus de la base étaient une priorité pour lui. Pas seulement les dossiers internationaux géo-spirituels ! »

Des dossiers dont les fidèles pouvaient avoir un aperçu, dans l’allée centrale de la cathédrale. Des panneaux avaient été installés, chacun d’entre eux illustrant une action ou une pensée du cardinal défunt.

«Concilier les extrêmes»

Devant celui consacré à son identité juive, une jeune femme autrichienne s’étonne : « Comment pouvait-il être à la fois juif et chrétien ? » Non loin d’elle, Jean-Baptiste Barbot est plongé devant des extraits de livres du cardinal portant sur le bonheur. Ce cadre parisien, habitant de la banlieue Ouest, est venu rendre hommage, « à celui qui a su tenir la barre dans un contexte où l’Église était chahutée, après le concile Vatican II ». « Il a su ouvrir un chemin équilibré et concilier les extrêmes… »

Sur la droite de l’autel, sur les lieux même de la conversion de Paul Claudel, des lumignons brûlent par dizaines. Trois gros registres rouges de condoléances sont remplis de témoignages et des bouquets de fleurs ont été posés à même le sol. À quelques mètres du cercueil, une petite fille africaine, la tête pleine de nattes, fait tourner sa robe blanche en riant. Bouche bée, les touristes s’arrêtent devant cette cérémonie presque familiale dans leur tour quasi automatique de la cathédrale. 

pour la suite de la Via Crucis de Mons. Follo…

21 mars, 2008

sur:

http://www.eglise-chaillot.com/

 suivir le parcour:

1.  Chemin de Croix

2. Intégralité de la prédication de Mgr Follo

Chemin de Croix aux Champs Elysée par Mgr Follo (1)

20 mars, 2008

19-03-2008, du site:
http://www.zenit.org/article-17566?l=french

Chemin de Croix aux Champs Elysée par Mgr Follo (1)  Méditations des cinq premières stations 

ROME, Mercredi 19 mars 2008 (ZENIT.org) – « Commençons le Chemin de Croix en faisant le signe de croix comme Mère Teresa de Calcutta avait l’habitude de le faire » : cette invitation de Mgr Follo donne une clef de sa méditation du Chemin de Croix. Mgr Follo invite les fidèles à se mettre à l’école de Marie, à regarder Jésus avec les yeux de sa Mère, pour comprendre la parole du Christ : « mon fardeau est léger ».

Voici en effet le texte intégral des cinq premières stations du Chemin de Croix de la paroisse de Saint-Pierre de Chaillot qui passera aux Champs Elysée, le Vendredi Saint : les méditations ont été composées par l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, Mgr Francesco Follo, à la demande du curé de la paroisse Saint-Pierre de Chaillot.Commençons le Chemin de Croix en faisant le signe de croix comme Mère Teresa de Calcutta avait l’habitude de le faire :

Au nom du Père – prière,
et du Fils – pauvreté,
et du Saint-Esprit – zèle pour les âmes.
Amen – Marie.
Unissons notre Amen à celui de la Vierge Mère et accomplissons notre marche vers la Croix comme un « exode », comme un acte d’amour, de cet amour qui conduisit Jésus à Getsémani et au Calvaire pour ramener au bercail ceux qui s’étaient égarés.
Identifions-nous avec elle, notre Mère, elle qui resta debout, près de son Fils marchant vers le Calvaire pour nous sauver, nous qui, de la Croix, lui avons été donnés comme fils.
Quel supplice il y a dans le coeur de cette Mère qui voit son Fils unique s’acheminer vers la mort!
Entrons dans le coeur de cette Mère immaculée et contemplons sa douleur. Le prophète Jérémie avait écrit : « O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lam. 1,12).Entrons ensuite dans le coeur du Christ et étreignons avec Lui Marie, la remerciant pour son Amen. Demandons-lui qu’elle nous tienne dans son coeur très pur. Etant près d’elle, nous serons conduits face à face avec l’Amour crucifié, nous pourrons donner au Christ notre amour et recevoir l’Amour du Christ, Lui qui est « la Parole à proclamer, le Pain de Vie à manger, la Faim à nourrir, la Soif à rassasier » (Mère Teresa de Calcutta : To me, Jesus is the Word – to be spoken, the Bread of Life – to be eaten, the Hungry – to be fed, and the Thirst – to be satiated »).L‘enseignement que nous donne Jésus par sa vie atteint son point culminant dans l’événement de la Croix. Dieu s’est révélé Lui-même et, plus précisément, il a révélé son amour passionné pour nous, surtout par l’Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection de son Fils. Cet amour, à ce niveau, est la plus importante des vérités révélées par le Christ. Elle constitue le noyau du Christianisme.
Quand Jésus a voulu exprimer l’amour de Dieu dans sa pointe maximale, il a dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré (sous-entendu ‘à la mort’) son Fils unique, afin que tout homme qui croit ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3,16), la vraie vie, maintenant et pour l’éternité.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).
« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20,28; Mc 10,45).

Avec Marie, unissons-nous à Jésus pour sauver nos frères d’exil et prions : « Garde, Seigneur, nos âmes unies pour toujours, afin qu’en ne suivant que Toi, dans ton chemin de Croix, notre dilection devienne charité » (cf. S. Augustin : « Custodi, Domine, animas nostras in perpetuo iunctas, ut te solum sequentes in via dilectio nostra caritas fieri posset »). Première Station : Jésus est condamné à mort

- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum

 » Voici l’Homme!  »
A
lors Pilate ordonna d’emmener Jésus pour le flageller. Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau de pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut, roi des Juifs! ». Et ils le giflaient. Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : « Voyez, je vous l’amène dehors, pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif d’accusation ». Alors Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme! ». Quand ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le! Crucifie-le! ». Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le ; car pour moi, je ne trouve en lui aucun motif d’accusation » (Jn 19, 1-6). Voici l’Homme. Condamner le Christ, c’est déclarer l’homme coupable. Comment est-il possible de regarder l’Homme courronné d’épines, revêtu de pourpre et de crier : « Crucifie-le, crucifie-le » (Jn 19, 6) ? Pourquoi écarter Jésus et choisir Barabbas ? Pourquoi crucifier l’Amour ? Pourquoi condamner l’Amour ? Pourquoi son amour est-il vu comme une menace pour l’homme ?
Il est absurde de déclarer quelqu’un innocent et de le condamner ensuite. Ce n’est pas seulement irrationnel, c’est inhumain, même si la peur peut servir d’excuse.
Il est absurde de demander la crucifixion de l’Homme ovationné quelques jours auparavant. Ce n’est pas seulement insensé, c’est inhumain, même si l’espérance déçue est une circonstance atténuante.
Il est absurde de vouloir crucifier le Fils de l’Homme, l’élu, au nom de la loi divine. Ce n’est pas seulement contradictoire, c’est impie, amplement inhumain.
Pourquoi peut-on condamner à mort le Fils au nom du Père, en l’accusant de blasphème ? Pourquoi ne veut-on pas accueillir la révélation que Dieu est Amour, qu’il guérit notre amour, en nous enseignant l’obéissance du coeur ?

Aujourd’hui comme alors, nous avons l’excuse de la peur, de l’espérance déçue, de l’irreligiosité. Mais aujourd’hui comme alors, nous avons l’exemple de la Vierge Marie
- qui ne condamna pas les fils coupables, par amour du Fils innocent ;
- qui ne désespéra pas, restant debout près de la Croix, comme un signe d’espérance ;
- qui conserva sa piété envers son Fils et envers nous, ses fils.Prions :
Seigneur Jésus, par le mérite de ton Chemin de Croix, accompagne-nous dans notre chemin de Croix d’aujourd’hui et dans celui de chaque jour vers l’éternité. Toi qui es Dieu et qui vis et règnes sur la Croix avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.Pater Noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

Stabat Mater dolorosa
Iuxta Crucem lacrimosa
Dum pendebat Filium

Deuxième Station : Jésus est chargé de sa Croix.

- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundu
m-  » Signe de contradiction  »
« Jésus, portant lui-même sa Croix, sortit en direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha » (Jn 19,17).L‘évangéliste saint Jean dit expressément : « Jésus porta la croix par sa propre décision » (« baiulans sibi crucem »). Jésus, le Seigneur, reçoit des hommes cette Croix que, de toute éternité, il a déclaré à son divin Père être prêt à assumer, dans la plus parfaite liberté de l’amour.
Librement, avec la liberté de l’amour, Jésus reçoit la Croix comme un Roi reçoit le Sceptre. L’agneau conduit à l’abattoir porte la Croix comme un Roi porte le sceptre. « Dominus regnavit a ligno » (Ps 95, 9; cf. aussi Is 9,6) et, de cette façon, il manifeste son amour.
Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Certes pas la Croix, par laquelle il cloue son amour dans un don plénier, gratuit, passionné d’amour envers et pour nous, ses frères en humanité. La croix était un instrument de mort honteux, infâme. Il n’était pas permis de condamner à la mort en croix un citoyen romain : c’était une manière trop infâmante de séparer un homme des autres hommes, parce qu’elle élevait son humiliation et l’éliminait en l’élevant. La Croix du Christ est un instrument de communion, c’est un sceptre avec lequel le Christ règne, lorsque, sur elle, il offre Sa vie. La Croix est portée par le Christ comme la brebis perdue est portée sur les épaules du Bon Pasteur qui, du précipice où elle était tombée, lui fait reprendre le chemin.
Alors que Jésus se met en route avec ce lourd sceptre de l’amour, une grande multitude de personnes le suit. Mais où sont-ils, en cette heure, ceux à qui il a prodigué ses bienfaits ? Pourquoi ne sont-ils pas là pour témoigner du bien reçu de Lui ? Ils ont peur et se cachent. Pourquoi ? Parce qu’ils sont ingrats. Pourquoi ne crient-ils pas comme lorsqu’ils imploraient la guérison ? Parce qu’ils ont honte et peur.
Seule Marie, Vierge et Martyre, la Mère des Douleurs, Sa Mère, la comblée de bienfaits depuis l’éternité, le suit sans honte et sans peur, même si la Croix, qui brise les épaules de son Fils, traverse son coeur comme une épée.
Si une épée traversa le coeur paternel d’Abraham, et si le Seigneur le combla de bénédiction pour ses descendants, l’épée qui traverse le coeur virginal de la Mère de Dieu se réfère au Bois de la malédiction (Dt 21,23), d’où le Père, dans le Fils, donne sa bénédiction et la promesse faite à Abraham, c’est-à-dire l’Esprit Saint (Gal 3,13.14).
La même épée du Verbe divin traverse le coeur de tous les fidèles quand, par le baptême, ils sont appelés à une existence sacrificielle devant leur Seigneur.
Le Christ, signe de contradiction, nous invite à décider si nous voulons refuser sa Croix ou bien la reconnaître, non comme un signe de condamnation, mais comme un signe d’offrande.Prions :
Dieu, Père plein de grâce et de miséricorde, aide-nous à regarder cette Mère qui, de la crêche au Calvaire, a partagé dans son coeur toutes les douleurs de son Fils, pour que nous placions notre coeur entre ces deux Coeurs sacrés qui vibrent par amour de la créature humaine, de manière à vivre et à agir dans la même charité. Par Jésus-Christ, notre Seigneur, qui, de la Croix, règne avec Toi et le Saint-Esprit. Amen.Pater noster… ; Ave Maria… ; Gloria Patri…

« Cuius animam gementem
contristatam et dolentem
pertransivit gladius »

Troisième Station : Jésus tombe pour la première fois- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redimisti mundum » La logique de l’amour  »
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (Jn 12, 24).Jésus tombe, épuisé par la faiblesse et par la souffrance causée par nos péchés. Il trébuche, il tombe et s’affaisse sous le poids de la Croix. Qui a compassion de Lui ? Sa Mère.
Les autres, en revanche, s’acharnent avec des coups de poing et des gifles. Quelqu’un lui décoche un coup de pied et lui dit : « Lève-toi, Roi des Juifs, ne fais pas semblant de tomber pour ne pas marcher ». Un autre agace les épines de la couronne et crache sur le visage adorable de Jésus qui, pendant ce temps, prie et invoque le pardon sur ses bourreaux insensés. Pas loin de là, la Vierge Mère s’unit à sa prière de son Fils pour ses persécuteurs, même si elle ne sait pas encore qu’Il lui demandera de les prendre pour fils. Elle a compassion du Fils, elle voudrait courrir près de lui pour le relever et elle est consciente que quiconque aidera le Christ a reprendre le chemin, l’aidera ainsi à atteindre le sommet du Calvaire et à accomplir sa mission, grâce au sceptre royal de la Croix.
Le Père semble avoir abandonné le Fils, mais la Mère non. Elle ne s’éloigne pas du Fils qui, ainsi, n’est pas seul dans son offrande, dans son Chemin de Croix, Croix royale, sainte, arbre de la vie.
Sont-ce les péchés qui ont jeté à terre le divin Condamné ? Sont-ce eux qui ont décidé du poids de la Croix qu’il porte sur ses épaules ? Sont-ce les péchés qui ont provoqué sa chute ? Oui, mais pas seulement. Cet abaissement, cette kénose, ont été voulus par l’amour du Rédempteur. Donc « ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouiila lui-même, en prenant la condition de serviteur (j’ajouterais : de condamné). Devenu semblable aux hommes (condamnés à mort) et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8).
Demandons au Seigneur la grâce de comprendre la logique de cet amour de Dieu
- qui peut mettre en croix le monde et se laisse mettre lui-même en croix
- qui est réduit à rien, et qui remplit pourtant toute chose
- qui peut écraser la terre comme le marchepied de Ses pieds et se laisse pourtant écraser par un morceau de bois.
« Il est descendu Dieu, il est monté homme ; le Verbe est devenu chair pour que la chair puisse revendiquer pour elle le trône du Verbe à la droite de Dieu ; il n’était qu’une plaie, et pourtant il en coulait un parfum, il apparaissait ignoble et pourtant on reconnaissait Dieu »(S. Ambroise, Commentaire sur le Psaume CXVIII, 3,8).
Prions :
Ô Christ, toi qui tombes sous le poids de nos fautes et te relèves pour notre justification, aide-nous et aide tous ceux qui sont écrasés par le péché à se remettre sur pieds et à reprendre le chemin derrière toi, accompagnés par ta Mère que tu nous as donnée fraternellement. Toi qui, de la Croix, règnes avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.Pater noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

O quam tristi et afflicta
fuit illa benedica
Mater Unigeniti

Quatrième Station : Jésus rencontre sa Mère- Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum » La piété : familiarité amoureuse et obéissante  »
« La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve dut fait qu’un être humain est né dans le monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira ; et votre votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 21-22).Le Christ aurait voulu épargner à sa mère, et à lui-même, cette rencontre chargée d’une douleur énorme. Une douleur qui dépasse en intensité toutes les autres, parce qu’elle ne regarde pas le physique, mais la sphère de leurs sentiments les plus intimes.
Mais qu’est-ce qui a poussé Marie à se frayer un chemin parmi la foule et à être encore plus près de son Fils qui va mourir ? Voulait-elle, peut-être, se substituer à lui, comme le ferait spontanément toute mère prête à mourir à la place du fils qu’elle a enfanté ? Même si l’instinct maternel aurait pu le lui suggérer, elle savait que la décision concernant la mort du Fils était irrévocable. Voulait-elle demander compassion et pitié pour son Fils, en montrant sa douleur de mère ? Elle était mue par la piété qui, dans le langage chrétien, est la familiarité amoureuse et obéissante. Nous devrions chercher à imiter, au moins un tout petit peu, cette piété, cette familiarité amoureuse et obéissante, dans nos « pratiques de piété » : dans nos prières, dans notre manière de célébrer l’Eucharistie, Sacramentum Caritatis, sacrement de la piété.
Jésus et Marie se regardent avec des yeux bouleversés de douleur. Jésus demande a sa Mère de pardonner à ceux qui sont en train de le détruire. La Mère affligée redit son fiat et cela confirme, affermit le Fils dans son geste de piété (= de familiarité amoureuse et obéissante), par lequel il obéit amoureusement au Père, pour être, amoureusement, pour toujours l’Emmanuel, le Dieu avec nous, le Dieu qui a pitié de nous, constamment.
Marie, par cette rencontre, étreint la Croix, maternellement, et se manifeste comme la Mère du Rédempteur de l’humanité.
Marie comprend que ces paroles lui sont appliquées : «  »O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente » (Lam 1,12).
La Mère de douleurs est
- la Mère très bonne,
- la Servante obéissante,
- la Corrédemptrice du monde.
Prions :
M
arie, Mère très bonne, toi qui as accompagné de près ton Fils dans le chemin de Croix, demande pour nous et pour toute l’humanité la grâce de la piété, de l’obéissance à l’amour de Dieu. Fais qu’en face de la souffrance, du refus, de l’épreuve même prolongée, nous ne doutions pas de la pitié de Dieu.
Seigneur Jésus, pardonne nos fautes et puisque nous n’avons pas de mérites qui pourraient nous rendre agréables à toi, fais que nous obtenions le salut par l’intercession de la Mère des douleurs. Amen.Pater noster… ; Ave Maria…; Gloria Patri…

Quae maerebat et dolebat
pia Mater, dum videbat
Nati paenas incliti
Cinquième Station : Simon de Cyrène porte la Croix avec Jésus- Adoramus te, Christe et benedicimus tibi
- Quia per sanctam Crucem tuam redimisti mundum » Le don de la Croix  »
« Et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, qui revenait des champs » (Mc 15, 21).Le Christ trébuche et chancèle. La foule qui suit Jésus sursaute, elle craint que le « condamné » ne puisse pas arriver au sommet du Calvaire. Les soldats décident que quelqu’un doit absolument l’aider. Mais personne n’est volontaire. La terreur de prendre la Croix, instrument de mort, et la honte d’aider un condamné bloquent ceux qui pourraient aider l’Homme-Dieu qui, à travers les soldats, demande de l’aide. L’homme ne veut pas aider l’Homme, l’homme ne veut pas collaborer avec Dieu. Et le Christ reste seul, mais continue son chemin de pardon.
Alors des païens « obligent » un paysan de Cyrène qui passe par là. Le Cyrénéen prend la Croix, à contre-coeur, parce qu’il est offensant pour la dignité d’un homme libre de porter la croix d’un condamné. Il doit subir cette contrainte et, laissant le fagot de bois qu’il rapportait de la campagne pour le foyer de sa maison, il prend le lourd morceau de bois de la Croix et se met en marche avec le Christ.
Le Rédempteur accueille cet homme sous la Croix et lui en fait don. La Croix, même prise avec réticence, transforme le sentiment hostile de Simon de Cyrène et lorsqu’il commence à l’étreindre plus volontiers, il s’aperçoit que le « joug est suave et léger » et qu’il lui confère une nouvelle dignité : celle de participer à l’oeuvre rédemptrice de l’Agneau de Dieu. En portant la Croix, il apprend la sagesse de la Croix, il apprend l’évangile de la Croix. Il comprend que la joyeuse nouvelle apportée par le Christ est Dieu lui-même
- qui « saisit et conquiert » (cf. Ac 2, 10; 6, 9; 13, 1),
- qui se fait trouver même par ceux qui ne le cherchent pas,
- qui se manifeste même à ceux qui ne se tournent pas vers lui (cf. Rm 10,20).La Vierge Marie est soulagée de voir que, finalement, un homme aide son Fils. Elle est consolée de constater qu’un homme accepte l’étreinte du Christ : une étreinte qui unit la grâce divine à l’oeuvre humaine et qui comprend les paroles de Jésus : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Lc 9, 23-24). Cela signifie que la vie ne finira pas sur le lieu du Crâne, ni dans une tombe, mais dans le Royaume des cieux.
Prions :
Seigneur Jésus, le long du chemin vers la mort, prends-nous avec toi comme compagnons de route. Accueille-nous dans le groupe de ceux qui t’offrent leur soutien. Imprime en nous l’esprit de Simon de Cyrène, et emmène-nous au-delà du Calvaire. Par l’intercession de ta Mère, qui est aussi la nôtre, fais que nous portions les fardeaux les uns des autres, devenant ainsi témoins de l’Evangile de la Croix, témoins de Toi, qui, de la Croix, règnes avec le Père et l’Esprit Saint. Amen.Pater noster…; Ave Maria…; Gloria Patri…

Quis est homo qui non fleret
Matrem Christi si videret
in tanto supplicio ?

[à suivre]

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