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Psaume 24 commentaire

30 novembre, 2012

http://www.bibleenligne.com/Commentaire_biblique/Commentaire_simple/AT/Psaumes/Ps%2024.htm

Psaume 24

Commentaire

De David. Psaume.
1 . À l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient¹, le monde et ceux qui l’habitent;
— ¹ litt.: sa plénitude.
2 . Car lui l’a fondée sur les mers, et l’a établie sur les fleuves.
3 . Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel? et qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté?
4 . Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n’élève pas son âme à la vanité, et ne jure pas avec fausseté.
5 . Il recevra bénédiction de l’Éternel, et justice du Dieu de son salut.
6 . Telle est la génération de ceux qui le cherchent, de ceux qui recherchent ta face, ô Jacob. Sélah.
*
7 . Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
8 . Qui est ce roi de gloire? L’Éternel fort et puissant, l’Éternel puissant dans la bataille.
9 . Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
10 . Qui est-il, ce roi de gloire? L’Éternel des armées, lui, est le roi de gloire. Sélah.
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Au Ps. 22 nous trouvons un Sauveur. C’est le passé, la croix où tout commence. Le Ps. 23 correspond au présent: c’est d’un Berger que nous faisons l’expérience. Le Ps. 24, enfin, nous ouvre l’avenir: nous y admirons le Roi de gloire.
Tous ces psaumes sont de David, homme qui connut le rejet et la souffrance, mais qui fut aussi berger d’Israël (2 Sam. 5. 2  ) et roi glorieux en Sion. Le Psaume 24 commence par l’affirmation des droits de l’Éternel sur la terre. La croix y fut dressée (Ps. 22). Elle est présentement une sombre vallée (Ps. 23). Mais bientôt l’Éternel y établira son trône. «Le monde et ceux qui l’habitent» devront alors reconnaître Celui à qui ils appartiennent et se soumettre à sa domination. Certains ne s’y décideront que sous l’effet de la contrainte, «en dissimulant», comme l’annonce le Ps. 18. 44  . En ce qui nous concerne, puissions-nous rendre dès aujourd’hui au Seigneur Jésus l’obéissance de l’amour. Pour avoir part au Royaume, les citoyens doivent en posséder les caractères (v. 3 à 6). Jésus les a promulgués dès le début de son ministère (comp. v. 4 avec Matth. 5. 8 ). Il était le Roi, le Messie d’Israël. Mais son peuple l’a rejeté, aussi est-il sorti, portant sa croix (Jean 19. 5 et 17  ). Contemplons-le maintenant entrant comme l’Éternel lui-même, le Roi de gloire, dans son règne de bénédiction.

Dimanche 2 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut sur Jérémie 33, 14 – 16

30 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 2 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Jérémie 33, 14 – 16

14 Parole du SEIGNEUR.
 Voici venir des jours
 où j’accomplirai la promesse de bonheur
 que j’ai adressée à la maison d’Israël
 et à la maison de Juda :
15 En ces jours-là, en ce temps-là,
 je ferai naître chez David un Germe de justice,
 et il exercera dans le pays le droit et la justice.
16 En ces jours-là, Juda sera délivré,
 Jérusalem habitera en sécurité,
 et voici le nom qu’on lui donnera :
 « Le SEIGNEUR est notre Justice. »

« Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. » Le prédicateur qui parle ici n’est pas le prophète Jérémie. Il est son fils spirituel, et parce qu’il est son fils spirituel, ses prédications ont été conservées dans le livre de Jérémie lui-même. En un moment où ses contemporains sont tentés de désespérer de l’avenir, il leur rappelle les propos de Jérémie quelques siècles plus tôt. Il leur dit « Vous vous souvenez de la promesse que vous a transmise Jérémie de la part de Dieu, eh bien, gardez confiance, elle va bientôt se réaliser. » Et qu’avait dit Jérémie ? « Je ferai naître chez David un Germe de justice ». En langage biblique, cela voulait dire « un nouveau roi, descendant de David, va naître et régner à Jérusalem ».
 Déjà, au temps de Jérémie, il était bien difficile d’y croire. Et au temps de son fils spirituel, plus encore. Parlons d’abord de l’époque de Jérémie. Le roi David était mort depuis bien longtemps et sa dynastie (on l’appelait l’arbre de Jessé) semblait définitivement éteinte. Car le roi Nabuchodonosor avait déporté successivement à Babylone les deux derniers rois de Jérusalem (vers 600 av.J.C). Désormais, la ville était occupée, le Temple détruit, le pays dévasté, la population décimée. La plupart des survivants avaient été faits prisonniers et emmenés en exil à Babylone : après la longue marche forcée entre Jérusalem et Babylone, la petite colonie juive semblait condamnée à mourir là-bas, loin du pays. Et l’on pouvait se poser bien des questions : Israël serait-il bientôt rayé de la carte ? Qu’étaient donc devenues les belles promesses des prophètes ? Depuis Natan qui avait annoncé à David et à sa descendance une royauté éternelle, on rêvait du roi idéal qui instaurerait la sécurité, la paix, la justice pour tous. Devait-on, à tout jamais, s’interdire de rêver ?
 C’est alors que l’Esprit-Saint avait soufflé à Jérémie le langage de l’espoir ; il commençait par cette formule bien connue : « Parole du SEIGNEUR ». Je m’y arrête un instant : lorsque la prédication d’un prophète commence par la formule « Parole du SEIGNEUR », il faut être particulièrement attentif. Cela veut dire que ce qui suit est difficile à croire ou à comprendre pour les auditeurs. Si un prophète prend la peine de préciser qu’il s’agit bien d’une parole du Seigneur, et non pas seulement de lui-même, c’est parce que ses contemporains sont découragés. Et toute parole d’espoir leur paraît un pieux mensonge ! Pourquoi sont-ils découragés ? Parce que la période est rude, parce que le bonheur promis par Dieu à son peuple depuis Abraham semble s’éloigner tous les jours davantage, parce que le trône de Jérusalem est désespérément vacant…
 Jérémie continuait : « Voici venir des jours où je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda (c’est la région autour de Jérusalem) sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : Le SEIGNEUR est notre Justice. »
 C’est donc justement à ce moment précis où le peuple juif était privé de roi, et où la royauté (et la Promesse qui s’y attache depuis David) semblait définitivement éteinte que le prophète osait proclamer : contre toute apparence, la promesse faite par Dieu à David se réalisera. Un nouveau roi viendra qui fera régner la justice. Et alors Jérusalem, dont le nom signifie « Ville de la Paix » remplira sa vocation. Notre prophète allait même encore plus loin puisqu’il disait « la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda » comme si ces deux royaumes ne faisaient qu’un ; or, à l’époque de Jérémie, il y avait bien longtemps que le royaume de Salomon avait été divisé en deux royaumes distincts, plus souvent ennemis que frères, Israël et Juda ; et depuis les conquêtes assyriennes le royaume d’Israël dont la capitale était Samarie a été rayé de la carte. Et notre prophète osait parler de réunification ! C’est un pur défi au bon sens, mais c’est cela la foi ! Belle leçon d’espérance et bel exemple de ce qu’est une parole prophétique : celle qui, dans les jours sombres, annonce la lumière.
 Le fils spirituel de Jérémie, celui que nous lisons aujourd’hui, prêche en un temps tout aussi troublé. Les siècles ont passé, mais le Messie n’a toujours pas vu le jour. A vrai dire, on ne sait pas très bien quand ces lignes ont été écrites, mais on pense qu’il s’agit de la prédication d’un auteur très tardif de l’Ancien Testament, probablement au deuxième siècle av.J.C. (Plus tard, son discours a été inséré dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 33).1
 Il commence par la formule dont je parlais en commençant : « Parole du Seigneur » et on comprend maintenant mieux la suite ; il dit : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. » Cette promesse de bonheur, c’est celle que son illustre prédécesseur, le prophète Jérémie a prononcée à Jérusalem quelques siècles auparavant, dans un autre moment de découragement.
 Nous ne connaissons donc pas le nom de ce prédicateur qui reprend les propos de Jérémie plusieurs siècles après lui. Ce qui est admirable, c’est que dans une nouvelle période morose, ce prophète anonyme rappelle à ses contemporains les promesses de Dieu annoncées quelques siècles auparavant par Jérémie. « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël… » Le secret de l’espérance invincible des croyants tient en ces quelques mots : notre attente n’est pas du domaine du rêve, mais de la promesse de Dieu. Lui, le fidèle, saura faire naître un nouveau germe sur l’arbre de Jessé.
 A vrai dire, il nous arrive à nous aussi, de connaître le découragement. Depuis des siècles et des siècles, c’est toujours la même question : pourquoi la paix, l’harmonie, la fraternité dont nous rêvons, semblent-elles inaccessibles, en un mot pourquoi le Royaume de Dieu tarde-t-il tant à s’installer ? Il est bien vrai que le retard dans la venue du royaume de Dieu est un défi pour notre foi et pour la foi de tous les croyants de tous les temps.
 Rassurons-nous : notre foi s’appuie sur deux raisons absolument invincibles : la première c’est que Dieu ne peut pas manquer à une promesse… Mais surtout : et c’est le dernier mot de ce texte : « Le SEIGNEUR est notre justice. » Cela, c’est la meilleure raison de ne jamais perdre l’espoir. Si nous comptions sur nos propres forces pour transformer le monde, l’entreprise semble bien perdue d’avance… Mais justement, la merveilleuse nouvelle de ce texte, c’est que la justice qui règnera à Jérusalem et sur toute la terre ne sera pas au bout de nos efforts : elle viendra de Dieu lui-même !

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 Note
 1 – Pourquoi suppose-t-on que ces versets (Jr 33, 14-16) ne sont pas du prophète Jérémie ? Parce qu’ils figurent bien dans la Bible en hébreu, mais pas dans la traduction grecque dite des « Septante » réalisée vers 250 av.J.C. (à l’intention des très nombreux Juifs présents à Alexandrie qui ne comprenaient plus l’hébreu).
 Bien évidemment, on peut être certain que les traducteurs ont religieusement respecté le texte original et n’en ont certainement pas supprimé une ligne! Donc si un passage n’existe pas dans la Bible grecque, c’est qu’il ne figurait pas encore dans la Bible en hébreu au moment de la traduction. Or, la presque totalité du livre de Jérémie a été traduite, mais pas ces versets précis que nous lisons ici ; on en déduit que ce passage ne figurait pas encore dans la Bible hébraïque en 250 av.JC. et donc qu’il ne peut pas être de Jérémie lui-même qui est mort quelque part en Egypte trois cents ans auparavant. Ces versets auront été insérés dans le livre de Jérémie par un lointain fils spirituel. Ils n’en ont que plus de force : à une époque où la promesse semble peut-être irrémédiablement caduque, un prophète anonyme reprend un vieil oracle de Jérémie pour maintenir vivante la foi et l’espérance de ses frères.

 Compléments
 - On sait comment Saint Pierre répondait à des Chrétiens complètement découragés qui lui tenaient ce genre de discours : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience… » (2 Pi 3, 8 – 9). Eh bien, ce passage du livre de Jérémie est exactement de la même veine !
 - Les Juifs posaient donc la même question que les Chrétiens de Pierre, et que les Chrétiens que nous sommes. Une question du genre : « Vous y croyez encore, vous, que le monde est en marche vers le royaume ? » C’est la question que nous entendons souvent. Que répond Pierre ? Que répond le prophète ? Que devons-nous répondre, nous aujourd’hui ? Oui, c’est vrai, certaines apparences sont contraires, mais Dieu est Dieu, il est fidèle, donc c’est justement le moment de croire. C’est quand il fait nuit qu’il faut s’accrocher à sa foi. Et si Dieu a fait une promesse, nous sommes certains qu’il l’accomplira !
 - « Le SEIGNEUR est notre justice » : c’était le nom même du dernier roi de Jérusalem avant l’Exil, un nom qu’il n’avait guère honoré.

Dimanche 11 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

10 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 11 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – 1 Rois 17,10-16
10 Le prophète Elie partit pour Sarepta,
 et il parvint à l’entrée de la ville.
 Une veuve ramassait du bois;
 il l’appela et lui dit :
 « Veux-tu me puiser, avec ta cruche,
 un peu d’eau pour que je boive ? »
11 Elle alla en puiser.
 Il lui dit encore :
 « Apporte-moi aussi un morceau de pain. »
12 Elle répondit :
 « Je le jure par la vie du SEIGNEUR ton Dieu :
 je n’ai pas de pain.
 J’ai seulement, dans une jarre,
 une poignée de farine,
 et un peu d’huile dans un vase.
 Je ramasse deux morceaux de bois,
 je rentre préparer pour moi et pour mon fils
 ce qui nous reste.
 Nous mangerons, et puis nous mourrons. »
13 Elie lui dit alors :
 « N’aie pas peur, va, fais ce que tu dis.
 Mais d’abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi,
 ensuite tu feras du pain pour toi et ton fils.
14 Car ainsi parle le SEIGNEUR, Dieu d’Israël :
 Jarre de farine point ne s’épuisera,
 vase d’huile point ne se videra,
 jusqu’au jour où le SEIGNEUR   
 donnera la pluie pour arroser la terre. »
15 La femme alla faire ce qu’Elie lui avait demandé,                                                     
et longtemps, le prophète, elle-même et son fils
 eurent à manger.
16 Et la jarre de farine ne s’épuisa pas,
 et le vase d’huile ne se vida pas,
 ainsi que le SEIGNEUR l’avait annoncé par la bouche d’Elie.

Pourquoi le prophète Elie est-il ici, loin de son pays ? Il est prophète du royaume du Nord, et cela se passe ailleurs, à Sarepta, une ville de la côte phénicienne, une région qui, à l’époque, fait partie du royaume de Sidon et pas du tout du royaume d’Israël. En clair, le grand prophète a quitté sa patrie qui est le lieu de sa mission pour se réfugier à l’étranger : il est en exil volontaire, pourrait-on dire. Que se passe-t-il donc dans sa patrie ?
 Nous sommes au neuvième siècle av.J.C., puisqu’il s’agit du grand prophète Elie, et, plus précisément sous le règne du roi Achab et de la reine Jézabel (vers 870). Or Jézabel n’est pas une fille d’Israël, elle est la fille du roi de Sidon ; en l’épousant, Achab a pratiqué une politique d’alliance (ce que les rois font souvent) mais il a pris un risque ; car le mariage avec une étrangère (donc païenne) est le premier pas vers l’apostasie, on le sait bien. Voici le palais, la ville, bientôt le peuple, ouverts à l’idolâtrie. Car la jeune reine païenne a apporté avec elle ses coutumes, ses prières, ses statues, ses prêtres ; désormais quatre cents prêtres de ce culte idolâtre paradent au palais et prétendent que Baal est le vrai dieu de la fertilité, de la pluie, de la foudre et du vent. Quant au roi Achab, trop faible, il laisse faire, pire, il trahit sa propre religion et il a poussé l’apostasie jusqu’à construire un temple de Baal dans sa capitale, Samarie.
 Pour le prophète Elie et les fidèles du Seigneur, c’est la honte ! Car le premier des commandements était : « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi ! » C’était le B.A. BA en quelque sorte de l’Alliance avec le Dieu de Moïse : Dieu seul est Dieu, toutes les idoles ne servent à rien.
 Evidemment, si Elie jouait son rôle de prophète, il ne pouvait que s’opposer à la reine Jézabel, ce qui n’a pas manqué. Mais comment prouver que les idoles ne sont rien que des statues impuissantes ? C’est à ce moment-là qu’intervint en Israël une grande sécheresse ; Elie saisit l’occasion : vous prétendez que Baal est le dieu de la pluie ? Eh bien moi, Elie, je vais vous montrer que le Dieu d’Israël est l’Unique et que tout, pluie ou sécheresse, vient de lui et de personne d’autre. On va voir ce qu’on va voir.
 Notre texte d’aujourd’hui se situe à ce moment-là ; prévenu par Dieu, Elie a déclaré solennellement : « Par la vie du SEIGNEUR, le Dieu d’Israël au service duquel je suis, il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sinon à ma parole », traduisez Dieu est le seul maître des éléments, vos Baals n’y peuvent rien. Puis il est parti se mettre à l’abri car Dieu lui a dit : « Va-t-en d’ici, dirige-toi vers l’orient et cache-toi dans le ravin de Kerith, qui est à l’est du Jourdain. Ainsi tu pourras boire au torrent, et j’ai ordonné aux corbeaux de te ravitailler là-bas. » (1 R 17, 3-4). La sécheresse persistant, le torrent cesse de couler et Dieu envoie Elie un peu plus loin, à Sarepta, près de Sidon : « La parole du SEIGNEUR lui fut adressée : Lève-toi, va à Sarepta qui appartient à Sidon, tu y habiteras ; j’ai ordonné là-bas à une femme, à une veuve, de te ravitailler. » Bien sûr, Elie obéit et le voilà à Sarepta.
 Voici donc le grand prophète, mendiant, (téléguidé par Dieu, c’est vrai, mais mendiant quand même) et réduit à demander à une inconnue : « Apporte-moi un morceau de pain » ; la femme, elle aussi, est une pauvre, le texte le dit assez : « Je le jure par la vie du SEIGNEUR ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous mangerons, et puis nous mourrons. » (Sous-entendu ce sera notre dernier repas, puisque ce sont mes dernières provisions).
 Mais puisque Dieu a parlé, il faut oser la confiance ; c’est bien le rôle du prophète de le rappeler : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu dis. Mais d’abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi, ensuite tu feras du pain pour toi et ton fils. Car ainsi parle le SEIGNEUR, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le SEIGNEUR donnera la pluie pour arroser la terre. » On sait la suite magnifique, sur le plan théologique autant que littéraire : « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le SEIGNEUR l’avait annoncé par la bouche d’Elie. »
 Mais pour cela, il a fallu que la veuve de Sarepta qui est une païenne joue sa vie (puisqu’elle donne la totalité du peu qui lui reste) sur la parole du Dieu d’Israël. L’intention de l’auteur du texte est claire : le peuple bénéficiaire de toutes les sollicitudes de Dieu ferait bien de prendre exemple sur certains païens ! Alors que le peuple élu crève de faim et de malheur, sur sa terre retombée dans l’idolâtrie, des païens peuvent bénéficier des largesses de Dieu, simplement parce qu’ils ont la foi. Et la femme de Sarepta a même entendu Dieu lui parler (lui ordonnant de ravitailler son prophète) : ce qui revient à dire : la parole de Dieu, mes frères, résonne aussi en terre païenne, qu’on se le dise ! Plus tard, Jésus ne fera pas plaisir à ses compatriotes en leur rappelant cet épisode (Lc 4, 25-26). Dans les textes tardifs de l’Ancien Testament (et le premier livre des Rois en fait partie), des païens sont souvent donnés en exemple : on avait bien compris que le salut de Dieu est promis à l’humanité tout entière et pas seulement à Israël.
 La grande leçon de ce passage, enfin, c’est la sollicitude de Dieu pour ceux qui lui font confiance : le prophète qui fait assez confiance pour tenir tête à Achab et Jézabel… la veuve qui prend le risque de se dépouiller du peu qui lui reste… L’un et l’autre sont dans la main de Dieu. L’un et l’autre seront comblés au-delà de leur attente.

Dimanche 4 novembre – commentaires de Marie Noëlle Thabut – premiere lecture: Deutéronome 6, 2 – 6

2 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 4 novembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE : Deutéronome 6, 2 – 6

Moïse disait au peuple d’Israël :
2 « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu.
 Tous les jours de ta vie,
 toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils,
 tu observeras tous ces commandements et ces ordres,
 que je te prescris aujourd’hui,
 et tu auras longue vie.
3 Israël, tu écouteras,
 tu veilleras à mettre en pratique
 ce qui t’apportera bonheur et fécondité,
 dans un pays où ruissellent le lait et le miel,
 comme te l’a promis le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères.
4 Ecoute, Israël :
 le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique.
5 Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur,
 de toute ton âme et de toute ta force.
6 Ces commandements que je te donne aujourd’hui
 resteront dans ton coeur. »

Voici l’un des grands textes de l’Ancien Testament ! Il joue un rôle très important actuellement dans la religion et la prière d’Israël. Le livre du Deutéronome lui-même figure parmi les premiers livres de nos Bibles actuelles, mais en réalité, c’est un livre tardif ; il est le résultat de toute la réflexion de plusieurs siècles après la sortie d’Egypte. Pour entrer vraiment dans ce texte, il faut connaître, (autant que faire se peut) l’histoire du livre du Deutéronome : avec Moïse et la sortie d’Egypte, nous sommes vers 1250 av.J.C. L’installation sur la terre Promise se situe vers 1200 ; les douze tribus se répartissent les lieux et vont conquérir leur territoire, chacune pour soi ; mais elles gardent le lien de leur foi commune dans le Dieu qui les a libérées d’Egypte. Moïse n’a rien mis par écrit de son vivant : on possède seulement les deux tables de la Loi en pierre ; mais on se répète ses enseignements, on se les transmet de père en fils, pendant des générations.
 Les siècles passant, on éprouvera le besoin de mettre les éléments les plus importants par écrit. Selon les lieux, ces documents qui prennent peu à peu naissance ont chacun leurs caractéristiques propres. Ce qui est écrit à la cour du roi Salomon au dixième siècle a d’autres accents que ce qui prend naissance, deux cents ans plus tard, au huitième siècle dans le royaume du Nord, là où retentissent des voix aussi exigeantes que celles des prophètes Amos ou Osée. C’est dans leur entourage qu’est né très probablement le noyau de ce qui est aujourd’hui le livre du Deutéronome. Au moment de la dévastation du royaume du Nord par les Assyriens, des lévites du Nord se réfugient à Jérusalem, emportant avec eux ce qu’ils ont de plus précieux, les rouleaux qui contiennent les enseignements de Moïse tels que les prophètes les leur ont transmis. Ils y ajouteront bientôt les leçons qu’ils ont tirées de la tragédie qui s’est abattue sur le Nord : si seulement leurs frères du Sud pouvaient écouter, eux, les enseignements de Moïse et des prophètes, ils ne feraient pas leur propre malheur, comme les autres.
 Plus tard, ces documents connaîtront encore bien des aventures : cachés dans le Temple de Jérusalem, sous le règne d’un roi sacrilège, ils seront retrouvés presque par hasard, en 622, sous le règne de Josias, le pieux. Lequel s’appuiera sur les enseignements de ce document pour lancer une grande réforme religieuse. Et puis, quand la catastrophe se sera abattue sur le royaume du Sud (Jérusalem est prise par Nabuchodonosor en 587), il sera temps d’en tirer aussi des leçons pour le retour de l’Exil : la Terre promise par Dieu se mérite. D’où l’insistance sur le mot « écouter » dans ce livre, dont les accents sont ceux d’une prédication, voire d’une sonnette d’alarme. Ainsi est né, probablement, au fil des siècles et de l’histoire mouvementée du peuple élu, ce livre du Deutéronome que nous avons sous les yeux ; (dont le nom, en grec, veut dire « Deuxième loi », puisque c’est, en quelque sorte une deuxième expression des enseignements de Moïse).
 Mais nous en savons assez maintenant pour comprendre le texte d’aujourd’hui. Il s’agit donc d’une relecture de l’Exode et des enseignements de Moïse, bien après la mort de celui-ci, au moment où il faut rappeler de toute urgence au royaume du Sud les exigences de l’Alliance et la conversion en profondeur qui s’impose : « lsraël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité… comme te l’a promis le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères. Ecoute lsraël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. »
 Tout le destin d’Israël est là, peut-être, dans la juxtaposition de ces deux mots (« Ecoute » et « Israël ») : Israël, le peuple élu, mais qui tient son nom d’un combat mémorable, si vous vous souvenez ! Car c’est après la nuit de son combat avec l’ange (au gué du Yabbok, un affluent du Jourdain en Jordanie actuelle) que Jacob a reçu de son adversaire ce nouveau nom « Israël », qui signifie précisément « celui qui a bagarré contre Dieu » ! « On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l’as emporté ». (Gn 32, 29). C’est à ce peuple, toujours tenté de se dresser contre Dieu, de bagarrer avec Dieu (« peuple à la nuque raide », disait Moïse) que l’auteur du livre du Deutéronome rappelle qu’il faut au contraire « écouter » Dieu… C’est lui, justement, qui est sans cesse remis devant cette nécessité de se soumettre et d’écouter, s’il veut conquérir son bonheur et sa liberté.
 Cette phrase « Ecoute Israël, le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique » est devenue la prière quotidienne des Juifs. C’est le fameux « SHEMA ISRAEL » [1] qu’on récite matin et soir, dès l’âge de trois ou quatre ans. La suite du texte insiste pour qu’on n’oublie jamais cette profession de foi : voici les quelques versets qui suivent, et qui sont tellement beaux : « Les paroles que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton coeur : tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route… Quand tu seras couché et quand tu seras debout… Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux… Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Belle manière de dire que c’est à tout instant, au coeur de chacune de ses occupations que le croyant doit resté attaché de tout son être à ces commandements qui lui ont été donnés pour son bonheur.
 Ce signe à la main et sur le front et sur les portes des maisons et des villes, vous savez qu’il est respecté à la lettre ; vous connaissez ce qu’on appelle les « phylactères » (en hébreu, tefilines) : ces petits cubes de cuir noir, que le fidèle attache avec des lanières, sur le front et sur le bras (à la hauteur du cœur), pour la prière quotidienne ; dans ces petits cubes, justement, sont renfermés des rouleaux de papier où est inscrit, entre autres, le texte du « Shema Israël »[2]. (« Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux »). De la même façon, le Deutéronome dit : « Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Alors on accroche au chambranle de la porte d’entrée de la maison un petit étui (mezouza) qui contient justement le Shema Israël ; même chose, il y a une mezouza accrochée à la porte de la ville (sur le mur d’enceinte de la vieille ville de Jérusalem par exemple). Ainsi, aujourd’hui encore, la fidélité du peuple élu s’inscrit dans sa pratique quotidienne. Israël n’a jamais oublié l’appel du Deutéronome.
 Au passage, on aura repéré l’importance de la transmission familiale de la foi : « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu, tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils… » L’expression « le Dieu de tes pères » que l’on rencontre ici, comme dans de nombreux textes de l’Ancien Testament, évoque aussi cette transmission depuis des siècles. Il y a là certainement l’un des secrets de la survie de la foi juive à travers l’histoire.

 ***
Note

 [1] – Cette prière est devenue aussi importante pour les Juifs que le Notre Père l’est pour les Chrétiens. Si importante que le premier mot « Ecoute » et le dernier « Unique » sont en majuscules dans nos Bibles.

 [2] – Voici les références des textes reproduits dans les phylactères : Ex 13, 1-10 ; Ex 13, 11-16 ; Dt 6, 4-9 ; Dt 11, 13-21.

commentaires de Marie Noëlle Thabut – Premiere Lecture: Jérémie 31, 7-9

27 octobre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 28 octobre 2012 : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Jérémie 31, 7-9

7 Ainsi parle le SEIGNEUR : 
 Poussez des cris de joie pour Jacob, 
 acclamez la première des nations ! 
 Faites résonner vos louanges et criez tous :
 « SEIGNEUR, sauve ton peuple, 
 le reste d’Israël ! »
8 Voici que je les fais revenir du pays du Nord, 
 et que je les rassemble des extrémités du monde.
 Il y a même parmi eux l’aveugle et le boiteux, 
 la femme enceinte et la jeune accouchée ; 
 c’est une grande assemblée qui revient.
9 Ils étaient partis dans les larmes, 
 dans les consolations je les ramène ; 
 je vais les conduire aux eaux courantes 
 par un bon chemin où ils ne trébucheront pas.
 Car je suis un père pour Israël, 
 Ephraïm est mon fils aîné. 

Il faut croire que cela allait bien mal ! Il suffit d’entendre ce ton presque triomphal par avance pour deviner dans quel contexte épouvantable Jérémie a pris la parole ici. Car c’est une caractéristique des prophètes. Jérémie, comme tous les prophètes, tient deux langages : à l’heure de l’insouciance et de l’infidélité à la Loi, il a des paroles très sévères pour inviter ses compatriotes à la conversion. Il menace, il annonce la catastrophe imminente. A temps et à contre-temps, au risque de devenir insupportable et d’être persécuté, il met en garde, il invite à ouvrir les yeux, à revenir vers Dieu. Son message, c’est « vos bêtises vous mènent tout droit à la catastrophe ! » Mais, au contraire, à l’heure du malheur et de la déportation, il vient redonner l’espérance, il rappelle que Dieu n’abandonne jamais son peuple, quelles que soient ses bêtises.
 Le ton du texte d’aujourd’hui le situe évidemment dans un contexte de malheur. C’est parce qu’on est au fin fond du désespoir que Jérémie ose dire « Poussez des cris de joie », c’est parce qu’on est au fin fond de l’humiliation que Jérémie appelle Jacob (c’est-à-dire le peuple d’Israël) « la première des nations ». Ce n’est pas par goût du paradoxe, c’est le cri de la foi ! C’est quand on est dans la nuit, qu’il faut à tout prix croire que la lumière reviendra. Le prophète, dans ces cas-là, c’est celui qui sait, le premier, discerner les lueurs de l’aube. On aura peut-être du mal à croire à ce message d’espoir puisque tout va mal, c’est pour cela que Jérémie prend la peine d’introduire son message par la formule solennelle : « Ainsi parle le SEIGNEUR ». Manière de dire : je ne parle pas de moi-même, ce que je vous dis, c’est Dieu lui-même qui vous le promet. [1]
 De quel malheur s’agit-il ? Bien évidemment de l’exil à Babylone. Il ne peut pas s’agir des malheurs du royaume du Nord : on ne connaît pas exactement les dates de Jérémie, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est né longtemps après la fin du royaume du Nord, lequel a été définitivement détruit par l’Assyrie (c’est-à-dire Ninive) en 721. Lui-même dit avoir entendu la parole du Seigneur pour la première fois pendant le règne de Josias qui a régné de 640 à 609. Le malheur dont il s’agit ne peut être que l’Exil à Babylone qui a duré de 587 à 538.
 Une première vague de déportations a eu lieu en 597 puis une deuxième vague en 587 ; Jérémie, lui, n’a pas été déporté ; il a bien failli l’être, pourtant, il faisait partie de la file de déportés enchaînés ; mais le chef de la garde personnelle de Nabuchodonosor lui a laissé le choix, soit de partir à Babylone avec les déportés, soit de rester à Jérusalem et Jérémie a choisi de rester ; il a fort à faire à Jérusalem pour maintenir le moral de ceux qui sont restés au pays. Sur le plan politique, plusieurs partis s’opposent : faut-il rester sur place, subir cette tutelle babylonienne, et essayer de faire survivre le pays en attendant des jours meilleurs ? C’était la position de Jérémie ; faut-il au contraire s’exiler en Egypte ? Ou encore faut-il continuer la guerilla, quitte à supprimer ceux qui s’accommodent trop bien de la présence babylonienne ?
 Le texte que nous venons d’entendre est donc écrit par Jérémie resté à Jérusalem, pour lutter contre le désespoir de ses compatriotes. Il annonce le grand retour des exilés « Voici que je les fais revenir du pays du Nord, que je les rassemble des extrémités du monde… C’est une grande assemblée qui revient. » Et il oppose les conditions du départ en exil dans l’humiliation au retour triomphal au pays : « Ils étaient partis dans les larmes, dans les consolations je les ramène. » Dans les convois de déportés, on sait bien d’avance qu’un certain nombre ne supportera pas la brutalité des conditions de détention et les difficultés de la route. Mais quand il s’agira de revenir, la marche sera douce, si douce que, même les plus faibles pourront l’entreprendre ! « Il y a parmi eux l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée. » C’est un peuple vaincu, affaibli, trébuchant qui a été emmené enchaîné, et, pour certains, les yeux crevés… C’est un peuple libre, assuré qui reviendra.
 Ce qui est troublant, c’est que tous les noms (Jacob, Ephraïm, Israël) que Jérémie emploie pour parler du peuple sont des noms qui qualifiaient non pas le royaume du Sud (Jérusalem) mais le royaume du Nord avant sa destruction ; sachant qu’en aucun cas Jérémie ne peut avoir été contemporain du royaume du Nord, on peut penser qu’il annonce ici, tacitement, la réunification du peuple de Dieu. On sait également qu’une partie de la population du Nord s’était réfugiée à Jérusalem après la destruction de Samarie en 721 ; peut-être s’adresse-t-il à eux tout particulièrement ?
 Dernière remarque, la paternité de Dieu est affirmée très clairement ici : « Je suis un père pour Israël, Ephraïm est mon fils aîné ». Cette manière de parler de Dieu est récente : c’est peut-être le prophète Osée qui en a parlé le premier, au huitième siècle, dans le royaume du Nord, en décrivant la sollicitude de Dieu pour son peuple « Quand Israël était jeune, je l’aimai, et d’Egypte, j’appelai mon fils… J’étais pour eux comme celui qui élève un nourrisson, tout contre sa joue. » (Os 11, 1. 4). Jusque-là, on hésitait à appeler Dieu Père, pour éviter toute ambiguïté ; car les autres peuples utilisaient volontiers ce même titre mais ils envisageaient la paternité divine à l’image de la paternité humaine, charnelle, biologique. En Israël, Dieu est le Tout-Autre, et sa paternité est d’un autre ordre. Mais Jérémie franchit le pas, il emploie le mot « Père » : « Je suis un père pour Israël, Ephraïm est mon fils aîné » ; encore une fois, c’est au creux même de la catastrophe que la foi d’Israël a fait un bond en avant.

 Note
[1] – La traduction liturgique répète une formule analogue (« Parole du Seigneur ») à la fin de ce passage, mais elle ne figure pas dans le texte hébreu.

Dimanche 14 octobre, commentaires de Marie Noëlle Thabut : Sagesse 7, 7-11

12 octobre, 2012

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Dimanche 14 octobre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTUSagesse 7, 7-117 J’ai prié, 

et l’intelligence m’a été donnée.
 J’ai supplié, 
 et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
8 Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; 
 à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ;
9 je ne l’ai pas mise en comparaison 
 avec les pierres précieuses ; 
 tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, 
 et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.
10 Je l’ai aimée plus que la santé et que la beauté ; 
 je l’ai choisie de préférence à la lumière, 
 parce que sa clarté ne s’éteint pas.
11 Tous les biens me sont venus avec elle,
 et par ses mains une richesse incalculable.

Toute une partie de ce texte que nous venons d’entendre pourrait être signée par un philosophe grec non croyant. « J’ai préféré la Sagesse aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle (toujours la Sagesse) j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. »
 Bien sûr, il n’y a pas besoin d’avoir la foi pour dire des choses pareilles. L’humanité n’a pas attendu la Bible et la religion du Dieu d’Israël pour découvrir que les richesses de l’intelligence et surtout du coeur valent mieux que tout l’or et les bijoux du monde.
 Mais l’intérêt de ce texte est ailleurs. Ce n’est pas une leçon de savoir-vivre qui nous est donnée ici, même si il n’est pas interdit de nous la répéter. Car il y a tout un message à lire entre les lignes : je m’explique : le livre de la Sagesse met en scène le roi Salomon et c’est lui qui est censé nous parler ici. Pour comprendre ce que Salomon va nous dire, il faut se rappeler un épisode très célèbre de sa vie (1 R 3) : nous sommes au tout début de son règne ; après d’effroyables intrigues de cour et autres règlements de comptes, Salomon est enfin installé sur le trône, tous ses ennemis politiques éliminés. Bientôt il construira le Temple de Jérusalem, mais pour l’instant, c’est à Gabaon à douze kilomètres au Nord de Jérusalem qu’il organise la première grande cérémonie de son règne. Salomon a prévu de faire offrir en sacrifice à Gabaon mille animaux, ce qui prendra évidemment un certain temps ; et il faut croire qu’il a dormi sur place, puisque c’est pendant la nuit qu’il a fait un rêve qui est resté célèbre : Dieu lui apparaissait et lui disait « demande-moi tout ce que tu voudras ». Salomon avait répondu : « Je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef… Je suis au milieu du peuple que tu as choisi, un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut pas le compter… Donne-moi, je t’en prie, un coeur plein de jugement pour discerner entre le bien et le mal. Car, qui pourrait gouverner ton peuple qui est si grand ? »
 Le récit biblique continue : « Cette demande plut au Seigneur. Dieu lui dit : Puisque tu as demandé cela et que tu n’as pas demandé pour toi une longue vie, que tu n’as pas demandé pour toi la richesse, que tu n’as pas demandé la mort de tes ennemis, mais que tu as demandé le discernement pour gouverner avec droiture, voici, j’agis selon tes paroles : je te donne un coeur sage et perspicace, de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme toi avant toi et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. Et même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne : et la richesse et la gloire, de telle sorte que durant toute ta vie, il n’y aura personne comme toi parmi les rois. » (1 R 3, 4-13 ; 2 Ch 1, 7-13)
 Si le livre de la Sagesse, donc (dans notre lecture d’aujourd’hui), neuf cents ans plus tard, rappelle cette histoire, ce n’est pas pour donner un cours d’histoire sur Salomon, c’est qu’il a quelque chose de très important à dire à ses contemporains ; il y consacre plusieurs chapitres ; quand il cite Salomon disant « J’ai supplié, et l’esprit de la sagesse est venu en moi », il y a certainement là une pointe contre les grands de ce monde : tous les politiques de tous les temps ont toujours un peu tendance à croire qu’ils ont la sagesse innée… et même qu’ils en ont le monopole ! Ce texte vient leur dire : dites-vous bien que même chez les rois, la sagesse n’est pas congénitale… Il faut la demander humblement dans la prière. Même le grand roi Salomon, réputé pour sa sagesse, savait bien qu’il la tenait de Dieu et il avait eu cette humilité de la demander.
 On peut aller plus loin : plus qu’une pointe contre l’orgueil des politiques, il y a une véritable révélation ; ici, une fois de plus, on voit à quel point la Bible à la fois ressemble aux littératures voisines et en même temps s’en démarque absolument : et c’est dans cet écart que réside la Révélation ; dans les autres peuples, et en Egypte en particulier, selon une croyance bien établie, le roi était un être d’exception, doté par sa naissance d’une sagesse divine. (Evidemment, tous les rituels de cour faisaient tout pour étayer cette croyance !)
 La Bible, au contraire, met en scène ici un roi fort célèbre, dont personne ne conteste la grandeur, les succès, la richesse et qui, de lui-même, reconnaît qu’il n’est qu’un homme tout simplement ; dans le chapitre suivant de ce même livre de la Sagesse, Salomon s’explique : « J’étais certes, un enfant bien né… mais pourtant, je savais que je n’obtiendrais pas la sagesse autrement que par un don de Dieu » (Sg 8, 21). Et ce même roi Salomon précise : « Je suis moi aussi un homme mortel, égal à tous, descendant du premier qui fut modelé de la terre. Dans le ventre d’une mère j’ai été sculpté en chair… Moi aussi, dès ma naissance, j’ai aspiré l’air qui nous est commun, et je suis tombé sur la terre où l’on souffre pareillement : comme pour tous, mon premier cri fut des pleurs. J’ai été élevé dans les langes, au milieu des soucis. Aucun roi n’a débuté autrement dans l’existence. Pour tous, il n’y a qu’une façon d’entrer dans la vie comme d’en sortir. » (7, 1-6). Et il continue « C’est pourquoi j’ai prié et l’intelligence m’a été donnée… » et la suite constitue notre texte d’aujourd’hui.
 Donc première leçon de ce texte, les rois sont de simples mortels, ils ne diffèrent en rien des autres hommes. Dieu seul est Dieu, le roi n’est ni dieu, ni demi-dieu. Et deuxième leçon : toute Sagesse vient de Dieu, elle est un don de Dieu. Personne, sur la terre, ne peut prétendre posséder la sagesse par lui-même. Le livre de la Sagesse va encore plus loin, et c’est déjà contenu implicitement dans ce que nous avons lu aujourd’hui : dans les versets qui suivent, il affirme que ce trésor de la Sagesse, accessible aux rois qui ne sont que des hommes comme les autres, peut tout aussi bien être donné à tous les simples mortels ; il suffit de le demander dans la prière. Comme dit encore la fin de ce même chapitre : « Au long des âges, elle passe dans les âmes saintes pour former des amis de Dieu et des prophètes. » (Sg 7, 27).
 Ce qui revient à dire que l’humanité tout entière a vocation à partager la sagesse de Salomon.

Dimanche 23 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut – Deuxieme Lecture Lettre de Jacques 3,16-4,3

21 septembre, 2012

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Dimanche 23 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

DEUXIEME LECTURE – Lettre de Jacques 3,16-4,3

Frères,
3, 16 la jalousie et les rivalités mènent au désordre
et à toutes sortes d’actions malfaisantes.
17 Au contraire, la sagesse qui vient de Dieu
est d’abord droiture,
et par suite elle est paix, tolérance, compréhension ;
elle est pleine de miséricorde et féconde en bienfaits,
sans partialité et sans hypocrisie.
18 C’est dans la paix qu’est semée la justice,
qui donne son fruit aux artisans de la paix.
4, 1 D’où viennent les guerres,
d’où viennent les conflits entre vous ?
N’est-ce pas justement de tous ces instincts
qui mènent leur combat en vous-mêmes ?
2 Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien,
alors vous tuez ;
vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins,
alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre.
3 Vous n’obtenez rien
parce que vous ne priez pas ;
vous priez, mais vous ne recevez rien
parce que votre prière est mauvaise :
vous demandez des richesses pour satisfaire vos instincts.

Nous rencontrons souvent dans la Bible le thème des « deux voies » : le voici sous la plume de Saint Jacques, cette fois. D’un côté, jalousie, rivalités, conflits et guerres ; de l’autre, paix, tolérance, compréhension, justice, miséricorde ; ce sont deux modes de vie qui s’opposent, deux « sagesses » au sens de « savoir-vivre ». Plus haut, Jacques a parlé d’une « sagesse terrestre, animale, démoniaque » (3, 15) ; ici, il parle de l’autre sagesse, celle qui vient de Dieu ; la première est la vie à la manière d’Adam, l’autre, celle vers laquelle nous devons tendre, celle de Jésus, le doux et humble de coeur.
Voilà pourquoi ce texte multiplie les oppositions : elles se ramènent toutes à une seule, l’opposition entre les deux sagesses, les deux comportements. Par exemple, « la jalousie et les rivalités » (v. 16) sont à comprendre par contraste avec ce qui est dit au verset suivant : « paix, tolérance, compréhension » ; et les « actions malfaisantes », par contraste là encore avec les « bienfaits » du verset 17. Qui est visé au juste ici ? Jacques ne nous le dit pas, mais il n’avait probablement pas besoin de préciser davantage pour être compris.
D’après les thèmes abordés dans le reste de la lettre, on peut émettre quelques hypothèses: les jalousies et rivalités pouvaient être d’ordre matériel ou d’ordre spirituel ; pour les conflits d’ordre matériel, il suffit de se rappeler tout le développement précédent sur les discriminations sociales entre riches et pauvres (2, 1-5; cf 23ème dimanche) ; sans parler de la mise en garde adressée un peu plus loin aux riches (5, 1-6 ; cf 26ème dimanche).
Pour les conflits d’ordre spirituel, il est intéressant de noter au passage que le mot traduit ici par « jalousie » peut évoquer le fanatisme des idées. Il faut relire les versets qui précèdent juste notre lecture de ce dimanche : au début de ce chapitre 3, Jacques met en garde les fidèles contre ce qu’on pourrait appeler les « méfaits de la langue » : « La langue est un petit membre et se vante de grands effets… Avec elle, nous bénissons le Seigneur et Père ; avec elle aussi nous maudissons les hommes, qui sont à l’image de Dieu ; de la même bouche sortent bénédiction et malédiction. Mes frères, il ne doit pas en être ainsi. » (3, 5… 10). Un peu plus loin, il est encore plus clair : « Si vous avez le coeur plein d’aigre jalousie et d’esprit de rivalité, ne faites pas les avantageux et ne nuisez pas à la vérité par vos mensonges. » (3, 14). Le risque ne devait pas être seulement hypothétique puisqu’il l’a évoqué dès le premier chapitre : « Si quelqu’un se croit religieux sans tenir sa langue en bride… vaine est sa religion. » (1, 26).
Pour Jacques, tous ces comportements de jalousie et de rivalité relèvent du paganisme ; la vraie religion, qu’elle soit juive ou chrétienne, nous introduit à une tout autre manière de vivre. Les mêmes réalités (qu’elles soient d’ordre matériel ou spirituel) peuvent être vécues d’une manière ou de l’autre. Il n’y a pas un bonheur païen et un bonheur chrétien, il y a deux manières de vivre le bonheur, la manière païenne et la manière chrétienne. Jusqu’ici, nous étions sous le règne de la convoitise, c’est-à-dire de l’égoïsme ; la religion juive et, à plus forte raison, le Christianisme, nous introduisent dans le royaume de l’amour fraternel. C’était tout le sens du commandement « Tu ne convoiteras pas » : non pas « tu ne désireras plus rien », mais premièrement, tu n’accapareras pas pour toi seul, deuxièmement, tu ne te laisseras pas accaparer. Si tu deviens esclave de ce que tu possèdes, tu perds ta liberté (puisque tu es obsédé par ton désir) et tu perds la charité parce que tu deviens envieux de ce que l’autre possède.
Pourtant, la Bible n’enseigne nulle part le mépris des biens de ce monde : depuis la première parole de Dieu à Abraham, au contraire, le peuple élu sait que Dieu ne veut que notre bonheur, dont le bien-être matériel fait partie. Et le désir du bonheur, matériel ou spirituel, est bon, puisqu’il fait partie de la création. Il nous faut seulement apprendre à nous remettre sans cesse dans la main de Dieu : un peu plus loin, Jacques dit ce que doit être notre état d’esprit : « Si le Seigneur le veut bien, nous vivrons et ferons ceci ou cela. » (4, 15).
« Si le Seigneur le veut bien », c’est la formule de Jacques, toute proche de celle de Jésus : « Que ta volonté soit faite et non la mienne ». Mais, pour nous, le passage d’une sagesse à l’autre n’est jamais totalement achevé : nous sommes des êtres partagés ; Jacques dit qu’un véritable combat se déroule en nous-mêmes et que nos querelles n’en sont que le reflet : « D’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? »
Le secret est dans la prière, car Dieu seul peut donner la sagesse : c’est l’une des grandes insistances de toute la méditation biblique ; dès le début de sa lettre, Jacques conseillait à ses lecteurs de prier pour l’obtenir : « Si la sagesse fait défaut à l’un de vous, qu’il la demande au Dieu qui donne à tous avec simplicité et sans faire de reproche ; elle lui sera donnée. » (1, 5).

Dimanche 16 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut – Deuxieme Lecture

14 septembre, 2012

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Dimanche 16 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

DEUXIEME LECTURE – Lettre de Saint Jacques 2, 14 – 18

14 Mes frères,
Si quelqu’un prétend avoir la foi,
alors qu’il n’agit pas,
à quoi cela sert-il ?
Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ?
15 Supposons que l’un de nos frères ou l’une de nos soeurs
n’aient pas de quoi s’habiller,
ni de quoi manger tous les jours ;
16 si l’un de vous leur dit :
« Rentrez tranquillement chez vous !
Mettez-vous au chaud,
et mangez à votre faim ! »
et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps,
à quoi cela sert-il ?
17 Ainsi donc, celui qui n’agit pas,
sa foi est bel et bien morte,
18 et on peut lui dire :
« Tu prétends avoir la foi,
moi, je la mets en pratique.
Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ;
moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi. »

On connaît bien la phrase de Jésus : « Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » On connaît moins celle de Saint Jacques, mais c’est bien la même chose : « Si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas, à quoi cela sert-il ? » Si la phrase de Jacques nous paraît un peu polémique, c’est parce que le problème était à l’ordre du jour. « Si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas » ; la formule « Si quelqu’un » invite à penser qu’il y a effectivement des gens qui prétendent avoir la foi alors qu’ils ne bougent pas le petit doigt pour leurs frères.
Mais au fait, tous les prédicateurs de tous les temps ont eu à le rappeler : Loi et prophètes, en Israël, s’y sont employés. Où l’on voit, d’ailleurs, une fois de plus, que Jacques était très marqué par l’Ancien Testament. Le service des autres était un thème privilégié des prophètes ; par exemple Isaïe : « Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs ! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras ; devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas. » (Is 58, 6-7). C’est ce que Jacques appelle « mettre sa foi en pratique ». Alors que, pour nous, un « pratiquant », c’est plutôt quelqu’un qui va à la messe !
Il semble bien que ce soit la leçon à retenir de ce texte : il y a pratique et pratique, justement… et les auteurs du Nouveau Testament emploient ce mot dans des sens différents. Il y a la pratique du culte et la pratique du précepte de la charité ; et tous sont d’accord pour dire que l’un ne remplace pas l’autre. Quand Jésus cite (par deux fois) la fameuse phrase du prophète Osée : « C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, et non les holocaustes. » (Os 6, 6; cité par Mt 9 et 12), il veut justement rappeler que toutes les belles pratiques du culte (les sacrifices) ne dispensent pas des gestes de charité.
C’est ce que Jacques dit ici à l’aide de sa petite parabole : « Supposons que l’un de nos frères ou l’une de nos soeurs n’aient pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Rentrez tranquillement chez vous ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps, à quoi cela sert-il ? » Traduisez : toutes les belles paroles du monde n’ont jamais servi à rien.
Cela, on le savait, me direz-vous ! Mais le problème, apparemment, c’est que si les belles paroles ne servent à rien pour les autres, Jacques semble dire qu’elles ne nous font pas du bien à nous non plus ! A l’en croire, notre foi meurt de n’être pas mise en pratique, c’est-à-dire au service des autres. Un peu plus bas, il dira : « Comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n’agit pas est morte » (2, 26). Ce qui veut dire que les actes sont la respiration de la foi.
Une fois de plus, Saint Jean nous semble très proche : vous connaissez cette phrase de sa première lettre : « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité. » (1 Jn 3, 17-18). Ou encore « Quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu puisque Dieu est amour. » (1 Jn 4, 7-8).
Le mérite de cette dernière phrase est de nous faire comprendre que la foi n’est pas un bagage, mais un chemin, celui sur lequel, grâce à l’attention portée à nos frères, nous découvrons Dieu lui-même. Jésus, lui, prend une autre comparaison : il ne compare pas la foi à un chemin, mais à une construction : « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc… Et tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut être comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. » (Mt 7, 24… 26).
Saint Paul n’est pas en reste : « Quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Co 13, 2)… Paul et Jacques sont donc bien d’accord. Oui, mais alors, que deviennent toutes les affirmations de Paul sur la gratuité du salut ? Il insiste beaucoup pour dire que Dieu nous sauve gratuitement sans mérite de notre part : ce ne sont pas ce que l’on appelle nos « oeuvres » qui nous sauvent. (Par oeuvres il entend bien les oeuvres de charité, mais surtout la circoncision et les règles alimentaires juives).
En réalité, il n’y pas opposition sur le fond entre Paul et Jacques ; seulement, ce sont deux prédicateurs qui s’adressent à deux auditoires différents ; donc ils n’insistent pas sur les mêmes choses.
Les chrétiens de Paul n’en finissent pas de discuter pour savoir s’il faut ou non respecter toutes les pratiques juives (à commencer par la circoncision) en plus du baptême chrétien. A ceux-là, Paul affirme : Dieu nous sauve gratuitement, (c’est ce qu’il appelle « par la foi »); il nous suffit de croire en Lui et d’accueillir ce salut offert. Les oeuvres de charité suivront forcément si notre foi est réelle !
Oui, mais du coup, dans l’auditoire de Jacques, il y a des petits malins qui profitent des affirmations de Paul pour dire que puisqu’il suffit d’avoir la foi, et que nos oeuvres (nos gestes de charité) ne comptent pas, il n’y a pas besoin de s’occuper des autres !
A ceux-là, Jacques rappelle tout simplement la phrase de Jésus : « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35).

*****
Complément
Jésus a répercuté cette prédication de multiples manières : par exemple, la parabole du Jugement dernier chez Saint Matthieu semble bien privilégier les gestes : « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait. » (Mt 25, 31-46).

Dimanche 2 septembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut – premiere lecture

31 août, 2012

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Dimanche 2 septembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Deutéronome 4, 1… 8

Moïse disait au peuple :
1 « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets
que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique.
Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession
du pays que vous donne le SEIGNEUR,
le Dieu de vos pères.
2 Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne,
et vous n’y enlèverez rien,
mais vous garderez les ordres du SEIGNEUR votre Dieu
tels que je vous les prescris.
6 Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ;
ils seront votre sagesse et votre intelligence
aux yeux de tous les peuples.
Quand ceux-ci entendront parler de tous ces commandements,
ils s’écrieront :
Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !
7 Quelle est en effet la grande nation
dont les dieux soient aussi proches
que le SEIGNEUR notre Dieu est proche de nous
chaque fois que nous l’invoquons ?
8 Et quelle est la grande nation
dont les commandements et les décrets
soient aussi justes
que toute cette Loi que je vous présente aujourd’hui ? »

Pour comprendre la pointe de ce discours, il faut se souvenir que le livre du Deutéronome est antidaté, c’est-à-dire qu’il a été écrit très longtemps après la mort de Moïse. Ces paroles sont attribuées à Moïse ; en réalité, elles disent ce que Moïse dirait s’il était encore de ce monde quand le livre du Deutéronome est écrit (entre le huitième et le sixième siècles). Si l’auteur insiste pour qu’on n’ajoute ni ne retranche rien à la Loi donnée au Sinaï, c’est parce que, depuis le temps, on a pris beaucoup de libertés. Alors, il rappelle l’essentiel, ce qu’on n’aurait jamais dû oublier.
A savoir que l’Alliance est à double sens, d’abord. Dieu s’est engagé envers ce petit peuple : il a promis une terre ; or, c’est chose faite, Dieu a bel et bien tenu sa promesse ; Moïse a bien dû dire des choses pareilles : « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession du pays que vous donne le SEIGNEUR, le Dieu de vos pères. » Mais il n’en a jamais vu la réalisation ; tandis que, des siècles plus tard, quand résonnent les paroles du Deutéronome, elles sonnent comme un reproche sanglant ; car si Dieu a tenu sa promesse, on ne peut pas en dire autant du peuple : à partir du moment où les Israélites sont entrés en Canaan (ce qui s’appellera plus tard la Palestine), ils ont été tentés en permanence d’abandonner leur propre religion pour celle de leurs nouveaux voisins. Et ils ont bien souvent manqué aux commandements depuis l’observance du sabbat, jusqu’au respect des parents, en passant par tous les commandements sur la protection des pauvres et la justice sociale.
Or la terre promise avait été donnée (ou plutôt confiée) à ce peuple pour qu’il y vive saintement : et on sait que le mot « saint » dans la Bible signifie « Autre ». Nous aimons dire « Terre sainte », mais nous devrions dire « Terre Autre », une terre faite pour qu’on y vive autrement ; et c’est tout un programme ! Cela signifie au moins trois choses : premièrement, une terre donnée pour le bonheur, parce que le projet de Dieu sur l’humanité n’est que bonheur ; pendant l’Exode, quand des émissaires de Moïse ont exploré pour la première fois le pays de Canaan, ils sont revenus de leur expédition en disant : « Le pays que le SEIGNEUR nous donne, c’est un bon pays », traduisez « un pays pour être heureux ». Et l’on connaît la formule consacrée « un pays ruisselant de lait et de miel », ce qui symbolise à la fois la profusion (ruisselant) et la douceur (du lait et du miel). Un pays où ruissellent le lait et le miel, quand on est dans le désert… c’est le rêve ! Deuxièmement, la terre confiée par Dieu était appelée à devenir terre de justice et de paix ; par exemple, dès le début de son installation en Canaan, le peuple a appris de la bouche même de Dieu qu’il n’était pas seul au monde et qu’il fallait apprendre à cohabiter. Et la longue histoire d’Israël peut se lire comme une histoire de la conversion de la violence au moins au niveau de l’idéal individuel et collectif.
Troisièmement, et c’est la condition des deux autres, la terre est donnée pour qu’Israël puisse vivre selon la Torah. La Terre Sainte est l’espace où l’on peut apprendre à vivre selon la Loi de Dieu. On sait bien que quand on est mélangés avec des peuples idolâtres, la tentation est trop forte de les imiter ; cela a été un problème sans cesse renaissant.
Tout cela est sous-entendu dans la recommandation du texte de ce dimanche : « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession du pays que vous donne le SEIGNEUR » ; si l’on sait que ce texte date probablement de l’Exil à Babylone, alors on peut traduire : « Ce pays, vous ne l’auriez jamais perdu si vous aviez vécu dans le respect de la Torah ; conclusion : quand vous y rentrerez, tâchez, cette fois, d’être fidèles aux commandements. »
La fidélité ne devait pas être facile, car l’auteur invente un argument nouveau pour la justifier, du genre : « notre Torah est la meilleure du monde, et les autres peuples nous l’envient » : « Vous garderez les commandements, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces commandements, ils s’écrieront : « il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation ! » Au passage, on reconnaît là une familiarité avec le livre des Proverbes qui considère que la pratique des commandements est le meilleur apprentissage de la Sagesse (voir le commentaire de Proverbes 9, 1-6 ; vingtième dimanche). Autre argument, le meilleur qui puisse être invoqué : la douceur de la vie dans l’Alliance ; une fois de plus nous sommes remis en présence de cette expérience spirituelle unique au monde dont le peuple d’Israël a eu le privilège : « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le SEIGNEUR notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? »
A notre tour, peuple de baptisés, nous pouvons redire en vérité : « Quelle est la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? »

Dimanche 26 août : commentaires de Marie Noëlle Thabut : premiere lecture – Josué 24, 1-2a. 15-17. 18b

24 août, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 26 août : commentaires de Marie Noëlle Thabut

premiere lecture – Josué 24, 1-2a. 15-17. 18b

1 Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem ;
puis il appela les anciens d’Israël
avec les chefs, les juges et les commissaires ;
ensemble ils se présentèrent devant Dieu.
2 Josué dit alors à tout le peuple :
15 « S’il ne vous plaît pas de servir le SEIGNEUR,
choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir :
les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate,
ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays.
Moi et les miens, nous voulons servir le SEIGNEUR. »
16 Le peuple répondit :
« Plutôt mourir que d’abandonner le SEIGNEUR
pour servir d’autres dieux !
17 C’est le SEIGNEUR notre Dieu
qui nous a fait monter, nous et nos pères,
du pays d’Egypte, cette maison d’esclavage ;
c’est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges
et nous a protégés
tout le long du chemin que nous avons parcouru,
chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés.
18 Nous aussi, nous voulons servir le SEIGNEUR,
car c’est lui notre Dieu. »

S’il faut rendre à César ce qui est à César, comme dit Jésus, alors nous sommes injustes avec Josué. Nous ne lisons presque jamais le récit de son oeuvre : il y a pourtant un livre entier qui porte son nom et ce n’est pas sans raison ! Il apparaît très tôt dans la grande aventure de l’Exode (Ex 17), et semble être le plus proche de Moïse, son fils spirituel, en quelque sorte. Il avait depuis toujours fait montre d’une fidélité sans faille à Dieu et à Moïse ; et, juste avant sa mort, celui-ci a publiquement désigné son successeur : « Moïse appela Josué, et, devant tout Israël, il lui dit : « Sois fort et courageux, car c’est toi qui entreras avec ce peuple dans le pays que le SEIGNEUR a juré à leurs pères de leur donner ; c’est toi qui le leur donneras comme patrimoine. C’est le SEIGNEUR qui marche devant toi, c’est lui qui sera avec toi, il ne te délaissera pas, il ne t’abandonnera pas ; ne crains pas, ne te laisse pas abattre. » (Dt 31, 7-8). C’est donc Josué qui succéda à Moïse, et eut l’honneur et la responsabilité de faire entrer les fils d’Israël en terre promise. Le livre qui porte son nom rapporte les premiers événements qui marquèrent l’entrée des tribus d’Israël en Canaan ; notre texte de ce dimanche est le dernier grand moment de sa carrière : avant de mourir, il convoque une grande assemblée des douze tribus et scelle leur union autour de l’Alliance conclue au Sinaï.
Deuxième grand nom de ce texte, Sichem (l’actuelle Naplouse) ; nous le connaissons le plus souvent par le Nouveau Testament : quand Saint Jean rapporte le récit de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4), il juge utile de préciser que cela se passe « non loin » de l’antique Sichem ; mais, si Jean en parle, c’est parce que, dans l’Ancien Testament, déjà, elle avait joué un grand rôle : on rappelait volontiers qu’Abraham y avait élevé un autel ; Jacob également ; c’est là aussi que Joseph fut enterré. Plus tard, après le schisme qui déchira le royaume en deux à la mort de Salomon, elle devint la première capitale du royaume du Nord.
Mais la véritable grandeur de Sichem est ailleurs : car elle est devenue le symbole du choix ; Jacob, déjà, au cours de ses pérégrinations, avait pris là une grande décision ; dans un geste ostentatoire de fidélité au Dieu qu’il avait découvert à Béthel, il avait obligé sa famille à abandonner les faux dieux et il avait enterré toutes leurs statues et autres amulettes au pied d’un arbre (Gn 35, 4) ; et voici, avec notre texte du livre de Josué le grand moment de Sichem : « Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem ».
Qui a pu écrire ce texte ? Quand ? Et pour qui ? On ne sait pas le dire, vu la difficulté de reconstituer l’histoire réelle de l’entrée des tribus d’Israël en Canaan. Les différents textes bibliques sur ce point ne sont pas toujours compatibles ; parce que leur but n’est pas de faire de l’histoire au sens moderne du mot : leur but est toujours d’abord théologique.
Ici, on peut noter quelques insistances majeures : tout d’abord le rôle de Josué ; visiblement, certains auteurs ont souhaité le mettre en valeur : par exemple, le livre des Nombres (13, 16) note que, primitivement, il ne s’appelait pas Josué, mais Hoshéa : son premier nom signifiait « il sauve », le second, Josué, est plus précis, puisqu’il veut dire : « C’est le SEIGNEUR qui sauve ». Or, ici, nous voyons Josué dans son rôle de sauveur : il assure l’unité du peuple entier autour de son Dieu. Et il prend la tête de son peuple en donnant l’exemple : « Moi et les miens, nous voulons servir le SEIGNEUR. » Et, bien sûr, il invite toute l’assistance à s’engager comme lui au service du Dieu d’Israël. Pour cela (dans les versets 3-14 manquants dans notre lecture liturgique) il retrace toute l’oeuvre de Dieu en leur faveur, depuis le choix d’Abraham « au-delà de l’Euphrate » jusqu’à l’entrée dans ce bon pays (la terre promise), en passant par le miracle de la sortie d’Egypte. Puis il les met en quelque sorte au pied du mur : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate (en Mésopotamie), ou les dieux des Amorites (Cananéens) dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le SEIGNEUR. »
Deuxième insistance de ce texte, la nécessité, et même l’urgence du choix : si notre texte insiste tellement sur la résolution non équivoque du peuple rassemblé à Sichem, c’est peut-être parce que leurs lointains descendants (pour qui ces lignes furent écrites) avaient bien besoin d’en prendre de la graine. On retrouve ici les accents du livre du Deutéronome : « Gardez-vous bien de vous laisser séduire dans votre coeur, de vous dévoyer, de servir d’autres dieux et de vous prosterner devant eux… » (Dt 11, 16). Or on sait bien que la tentation du retour à l’idolâtrie a été permanente, que ce soit par exemple au temps des rois (il suffit de se rappeler le combat d’Elie contre les prêtres de Baal, 1 R 19), ou plus tard au temps de l’Exil à Babylone (la mention des dieux du pays au-delà de l’Euphrate n’est probablement là par hasard). Notre texte est exemplaire : évidemment, le peuple saisit la gravité de la question : « Plutôt mourir que d’abandonner le SEIGNEUR pour servir d’autres dieux ! » et fait le bon choix : « Nous aussi, nous voulons servir le SEIGNEUR, car c’est lui notre Dieu. »
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Compléments
– A lire le chapitre 24 en entier, ce grand rassemblement fait penser à une liturgie, une cérémonie de profession de foi, en quelque sorte : tout y est ; la convocation du peuple (v. 1 « ensemble ils se présentèrent devant Dieu » est une formule liturgique), la prédication (v.2-15), la profession de foi de l’assemblée (v. 16-18), l’engagement à la fidélité sous forme d’un dialogue entre Josué et les assistants (v. 19-24), la ratification par le célébrant (parole v. 25, écriture v. 26a, signe, la pierre dressée v.26b- 27), et enfin le renvoi de l’assemblée (v.28).
– Certains exégètes pensent que si certains clans descendant d’Abraham n’étaient pas partis en Egypte (au temps de Joseph) ils n’avaient pas non plus fait l’expérience de la sortie miraculeuse d’Egypte : l’assemblée de Sichem pourrait avoir été pour eux le lieu décisif de l’entrée dans la fédération des tribus, au prix de l’abandon des religions locales.
– Jésus, le nouveau Josué, propose lui aussi le salut à la Samaritaine de Sichem : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit donne-moi à boire, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. »

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