Archive pour la catégorie 'Théologie'

DIEU EST MULTIPLE

4 février, 2014

http://www.agi-ivoiriens.com/spiritualite_religion/dieu_multiple.html

DIEU EST MULTIPLE

Parler de DIEU ou à DIEU n’a réellement de sens que si on sait de qui il s’agit. Alors, qui est DIEU ? Comment peut-on le définir ?

DIEU ne se réduit pas à une définition simple et unique. Car DIEU est multiple et complexe. Connaître DIEU, c’est chercher à comprendre ses différents aspects et pouvoirs.

DIEU est trop complexe pour être parfaitement compris de l’homme
DIEU est une entité complexe. Il a créé l’homme ; il est donc plus que l’homme. Il a créé les étoiles et les planètes ; il est donc plus les astres. Il a créé la vie ; il est donc plus que la vie. DIEU est plus grand, plus achevé et plus complexe que toute la création, puisque la création est issue de lui. DIEU est plus structuré et plus abouti que toutes les lois de la physique, puisque c’est lui qui les a établies.
C’est pourquoi il est difficile de comprendre DIEU. Il ne nous est pas possible de le concevoir dans sa globalité. Nos aptitudes humaines nous permettent seulement de le comprendre de façon partielle.
Cela n’a rien d’étonnant. Comprendre une simple personne humaine nous est déjà difficile ! Chaque personne possède une multitude de facettes différentes. La personnalité se construit à partir de dispositions naturelles et d’expériences vécues. C’est ce qu’on appelle l’inné et l’acquis. De plus, la personnalité s’exprime différemment selon les circonstances. C’est la capacité d’adaptation. Elle peut même se modifier avec le temps. C’est la capacité d’évolution. Comment peut-on affirmer connaître parfaitement une personnalité humaine dans ces conditions ? On a déjà du mal à bien se connaître soi-même parfois. Il est donc naturel qu’on ne puisse pas connaître parfaitement DIEU.
DIEU se définit de multiples façons
DIEU se fait connaître à l’homme. De tous temps, il a cherché à révéler certains aspects de sa personnalité multiple. Ce qu’il manifeste peut varier selon les circonstances. Chacune de ces facettes nous permet de mieux le comprendre.
DIEU est la Sagesse infinie. Il a la connaissance absolue. Et il sait utiliser la connaissance pour le bien de la création. Il est dans la vérité.
DIEU est l’Intelligence infinie. Sa capacité de logique et de raisonnement a structuré la Création. Il voit tout et comprend tout de manière évidente.
DIEU est l’Amour illimité. Il porte toute la Création dans son cœur. Il aime infiniment l’homme, quoi qu’il fasse. Il n’exclut et ne rejette rien ni personne.
DIEU est la Bonté sans fin et incomparable. Il n’agit que pour le Bien. Il pardonne à sa créature, car il la sait perfectible.
DIEU est le Tout Puissant. Toute autre volonté ou tout pouvoir lui est soumis. Rien ne peut arriver qui ne soit permis par lui.
DIEU est le Créateur de toute chose. Il a conçu et fait exister tout ce que nous voyons et ne voyons pas. Toute création est d’abord voulue ou autorisée par lui.
DIEU est plus encore que tout cela. Ces multiples attributs rendent DIEU complexe à concevoir pour l’homme. Mais il est possible de s’adresser à chacune de ses composantes. La prière est l’occasion de faire appel au côté de DIEU dont nous avons le plus besoin.
Toute perception de DIEU est valable
Chaque personne peut avoir une vision individuelle de DIEU. Toute conception de DIEU peut être juste. Des compréhensions différentes de DIEU peuvent être complémentaires, et pas forcément contradictoires. Elles peuvent toutes apporter un éclairage sur qui est DIEU. Car DIEU ne peut être compris que de façon partielle par les hommes. Ne cherchez donc pas à imposer votre propre image de DIEU. Respectez la vision des autres. Et faites votre propre recherche sur votre compréhension de DIEU.
Dans la prière, vous pouvez vous tourner vers l’aspect de DIEU de votre choix. Faites appel à l’amour de DIEU, à sa sagesse, à sa puissance ou à tout autre attribut, selon votre besoin. DIEU est tout cela. Il répondra en fonction de votre demande.

L’ESPÉRANCE, C’EST QUELQU’UN

17 décembre, 2013

http://geraldchaput.homily-service.net/2007_2_causerie_1.html

1ière CAUSERIE : L’ESPÉRANCE, C’EST QUELQU’UN 

« L’espérance est un acte de foi. » (Marcel Proust) Foi : vingt-quatre heures de doute… mais une minute d’espérance. » (Georges Bernanos)

Introduction : Il y a très longtemps, au début du 2e siècle, un Père du désert écrivait dans ce que l’on appelle des écrits apophtegmes : « le moine ­ -mais c’est également vrai pour tout chrétien – doit être comme les chérubins : « tout œil ». Le poète Blaise Pascal écrivait dans ses Pensées : « j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, ne pas savoir voir ». Nous sommes faits pour voir. Mais que voyons-nous?  Saint Jean nous offre une vérité de la palisse quand il dit que « les ténèbres nous aveuglent (1Jn2, 11).»  À vivre avec comme seule vision ce que nous offre nos mass médias, nos yeux risquent d’être comme « des ossements desséchés (Is 6,45)». Nous voyons plus souvent qu’autrement un monde en « agonie ». Beaucoup de « nuages (Lc12, 54-59)». Mais « les nuages », comme l’écrit le chansonnier québécois Luc Plamondon «  n’empêchent pas le soleil de briller ».Il serait facile de faire la liste de situations catastrophiques que nous observons dans notre monde, notre Église aussi. À lire les journaux, à écouter la radio ou les nouvelles, tout ce que nous voyons et entendons nous déprime. Le siècle dernier – pour nous en tenir qu’à lui -, a été un siècle noir, un « siècle de martyrs (Jean-Paul 11)»  fait de guerres, de dictatures, de massacres : l’Arménie, l’Argentine, Chili, le Cambodge, les Balkans, la Tchétchénie, le Rwanda.  Comme pour confirmer cela, plus de 485 martyrs de la guerre civile d’Espagne (1935-1940) furent béatifiés en octobre dernier. Pour inaugurer le XX1ième siècle, il y eut  le 11 septembre 2001, puis l’Afghanistan, Proche-Orient, Soudan, Irak.  Nous n’en finissons plus d’entendre et de voir se défiler détresses et tueries. Chez nous, des personnes voient surgir dans leur vie familiale, leur environnement, des situations de violence inimaginable, d’enlèvement d’enfant. Nous n’en finissons plus d’entendre que ça n’a plus de bon sens, que ça dépasse les bornes. Déjà en 1993, Tony Anatrella, psychanalyste et prêtre jésuite, affirmait que nous vivons dans une «société dépressive»,marquée par des phénomènes de ruptures, de divorces, de guerres entre les religions. Vivre ensemble semble être impossible à l’heure du chacun-pour-soi.  Beaucoup de « nuages » (Lc12, 54-59) obscurcissent nos regards. Devant les horreurs du monde, – Auschwitz,  11 septembre 2001 – Dieu est mis en accusation.  « Que fait Dieu quand la haine déchaîne la barbarie » (P. Bernard Rey, op).  Son silence confirme sa non-existence. Le cri des survivants d’Auschwitz retentit toujours : où étais-tu Dieu ?  Avec vous, ces situations m’inquiètent. Comme vous, je suis démuni. J’éprouve un sentiment d’impuissance. Il ne suffit pas de regarder ces lieux de la souffrance humaine, et de nous contenter d’être les touristes de la crucifixion du monde. Pour vous, je suis « tout œil » et non désespéré. Celui qui est « tout œil » voit aussi que ces lieux de calvaire font découvrir un nouveau monde d’espérance. Être chrétien, je le redis avec émotion, c’est « être tout œil  ». Nos yeux sont les fenêtres de notre foi. Ils trahissent notre capacité à regarder le monde à la manière de Dieu. « Nos yeux sont les fenêtres de l’âme »(George Rodenbach, écrivain belge). « Si l’on regarde superficiellement notre monde, on est frappé par bien des faits négatifs qui peuvent porter au pessimisme.  Dieu est en train de préparer pour le christianisme un grand printemps que l’on voit déjà poindre  (Redemptoris missio #86)». Le défi actuel des croyants, des pratiquants est de nous donner un regard qui sauve de la déprime. « Face à un panorama changeant et complexe, la vertu de l’espérance est mise à dure épreuve dans la communauté des croyants » déclarait Benoît XV1 aux évêques mexicains en visite ad limina. Nous connaissons la formule très citée de Charles Péguy : « La foi que j’aime, dit Dieu, c’est l’espérance…. Cette petite fille de rien du tout, qui fait marcher le monde ».Comme chrétiens, nous ne sommes pas immunisés contre le découragement. Mais en ces temps de perturbations, de «nuages» dans notre Église, nos familles, nous avons besoin d’être « tout œil »,d’être « des veilleurs dans la nuit (Esaïe 21,11)». Nous avons une expertise pour voir ce qui se meure. Le temps de l’Avent nous laisse entendre que nous avons une autre expertise : « voici que je fais toutes choses nouvelles, ne l’apercevez-vous pas? » Il ne faudrait pas que l’agonie de ce qui se meurt nous rendre à ce point aveugle que nous ne percevions pas ce qui naît et qui devrait nous donner confiance. Le temps qui est le nôtre nous « provoque » à l’espérance. Aujourd’hui, dans un monde crucifié par la souffrance, la violence et la pauvreté, notre vocation est à la fois plus difficile et plus nécessaire que jamais. La crise de l’espérance traverse toutes les parties du monde. Benoît XV1 citait lors de l’audience du 20 décembre 2006, saint Maxime de Turin, évêque du IVe-Ve siècle qui affirmait : « Le temps nous avertit que le Noël du Christ Seigneur est proche. Le monde, par ses inquiétudes mêmes, nous parle de l’imminence de quelque chose qui le renouvellera, et il désire avec une attente impatiente que la splendeur d’un soleil plus resplendissant illumine ses ténèbres… Cette attente de la création nous persuade nous aussi d’attendre la venue du Christ, nouveau Soleil » (Disc. 61a, 1-3). L’actualité de notre monde nous fait espérer  un sauveur.Le réalisme n’impose pas de voir l’avenir uniquement sous les aspects les plus sombres. Mais la question du comment vivre notre vocation à l’espérance, dans un monde crucifié par la souffrance, la violence et la pauvreté, est à la fois plus difficile et plus nécessaire que jamais. La crise de l’espérance traverse toutes les parties du monde. Elle nous traverse aussi. Devant ce temps « qui nous avertit que le Noël du Christ est proche »,  nous  avons l’obligation de « justifier notre espérance devant ceux qui en demandent des comptes(1 Pi 3, 15) ». « Être tout œil »  pour voir clairement ce qui est en train de naître. Pour réaliser que nous sommes dans ce temps dont parle Paul aux Galates : « Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la loi de Moïse pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire de nous des fils (Ga 4, 4-5). »

Pourquoi être chrétien ? Il y a quelques années, le Père Timothy Radcliffe, op. a écrit un volume de plus de quatre cents pages pour répondre à la question « Pourquoi être chrétien » (Cerf, 2005). Tout au long de son livre, il s’est demandé qu’elle est la spécificité du christianisme à l’heure de l’inter culture religieuse. Sa réponse est sans ambiguïté : être des porteurs d’espérance. «Notre foi, écrit-il, dit que Dieu est venu nous chercher et nous a trouvés. Dieu est déjà présent dans la vie de tous les êtres humains, même s’il n’est pas reconnu». Déjà au 1Ve siècle, Augustin écrivait: « c’est uniquement l’espérance qui nous rend proprement chrétiens(La cité de Dieu) ». Il ne s’agit pas ici uniquement de l’espérance en la vie éternelle, mais de l’espérance humaine, celle qui nous permet   de clamer « la grâce de l’attente » que ça ira mieux.  Seul celui qui attend est capable d’être « tout œil » sur le temps présent. « Heureux ceux qui suivent et qui savent où ils vont ! Heureux ceux dont le pas est pressé et qui voient le chemin conduisant au Royaume ! Mais heureux aussi ceux qui attendent, ceux qui appellent le Seigneur, ceux qui implorent la venue, ceux qui ne cessent de clamer : « Viens ! Viens ! Viens encore guérir, pardonner, consoler, sauver ! » Heureux celui dont le regard suit tous les regards du Seigneur sur le monde et, en même temps, ne peut détacher son regard du visage de son Seigneur ! » (Un moine de l’Église d’Orient) Paul Claudel disait qu’ « Il y a une chose plus triste à perdre que la vie, c’est la raison de vivre, plus triste que de perdre ses biens, c’est de perdre son espérance ».  Il faut sauver l’espérance de la mort parce que dit le philosophe Guy Coq, «espérer,  c’est meilleur pour la vie ».    « Je décide d’espérer parce que c’est meilleur pour la vie. Et mon choix d’espérer engendre l’espérance et la fait croître…. Elle est tournée vers ce que je ne possède pas, vers ce que, peut-être, je ne posséderai jamais. L’adage qui dit il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre est faux. De l’espérance naît l’action. Sans espérance, je me prive des initiatives, des énergies qui font marcher… en quête du trésor à trouver. Le vrai bâton du pèlerin (disciple) est l’espérance ». L’espérance est un acte de foi dans la vie. Personne ne peut vivre sans elle. Avoir pour profession l’espérance, c’est refuser de nous enfermer dans la tragédie. C’est ce qu’affirme l’Apocalypse «  je vis un ciel nouveau(21,1), je vais créer des cieux nouveaux, une terre nouvelle. On ne se souviendra plus du passé (Isaïe 45, 17) ». Le baptême nous ordonne à l’espérance. « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda (Jérémie 33, 14)». « Gardons sans fléchir la profession de l’espérance(he10, 23) ». Dans la prière pour la paix attribuée à saint François, nous lisons « là où est le désespoir que je sème l’espérance ». « Ne pas nous désoler comme ceux qui n’ont pas d’espérance(1 Th 4,13). » Hilaire de Poitiers dans son commentaire du Psaume (118) demande : «Chrétiens, où est ton espérance ? »  « Soyez prêts à répondre de votre espérance(1P3, 15) ». Cette responsabilité est notre plus belle mission, la responsabilité spécifique du croyant, mais aussi un véritable défi. L’espérance chrétienne subit présentement l’épreuve d’un environnement de noirceur. Mais ce chemin de l’espérance prend forme en nous quand nous faisons de notre cœur un oratoire dans lequel nous nous retirons de temps en temps pour nous entretenir avec « Celui qui vient nous sauver ». Si nous sommes fidèles à lui offrir notre cœur, Lui, sera fidèle à prendre les devants pour nourrir notre espérance. Ce dont notre monde a besoin, ce dont les croyants qui ont pris une distance avec une certaine forme de pratique chrétienne ont besoin de voir, ces sont des chrétiens qui sont des signes d’espérance dans une Eglise qui vit un temps de Passion.  Déjà en 1965, Fernand Dumont observait que « ce qui manque au monde actuel, c’est l’espérance ». Au lieu de perdre notre temps à nous lamenter, nous pouvons opter pour une solution créatrice, innovatrice : « espérer contre toute espérance » en devant « tout œil ». Un peu avant sa mort, le Père Tillard op, dans un petit texte sommes-nous le dernier des croyants?, lançait ce cri aux chrétiens : « redonnez-nous des raisons d’espérer ».   Tous les textes de ce temps de l’Avent font ressortir que l’espérance, c’est ce qui nous tient en vie. « L’espérance veille ».Elle veille en nous. Nous sommes ici pour « sortir de notre sommeil ».Sortir du sommeil notre espérance.

Qu’est-ce que l’espérance ? Elle n’est pas : Disons tout de suite: l’espérance n’est pas quelque chose de reposant. Ce n’est pas une façon passive de perdre son temps ni d’avoir la tête dans le sable comme l’autruche. Autre chose qu’une voie d’évitement de la réalité. Autre chose que la résignation, que de nous asseoir et voir passer le train en attendant que ça aille mieux. Elle n’est pas une attitude à bon marché. Encore moins « une grâce à bon marché (Bonhoeffer) ». Nietzsche disait que l’espérance est la « vertu des faibles » parce qu’il rend les chrétiens inutiles et étrangers au progrès du monde. L’histoire des cinquante dernières années démontre que nous recherchons un Sauveur à « bas prix ». Un salut « à bas prix » qui finit toujours par engendrer des déceptions. Ce n’est pas espérer que de vouloir devenir ce que nous ne sommes pas. Les mass media placent devant nos yeux à tout moment ce que nous pourrions être et ce que nous ne sommes pas, ce que les autres font et que nous ne faisons pas.  Espérer ne sera ni une illusion de bonheur ni rêver d’un Dieu « à bon marché » qui viendra empêcher les horreurs humaines, mais d’entrevoir un Dieu qui est au cœur de nos tragédies. Devant horreurs qu’il a vécu au camp d’Auschwitz, Élie Wiesel a écrit ces mots inoubliables : « Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n’oublierai cette fumée. Jamais je n’oublierai les petits visages des enfants, dont j’avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet. Jamais je n’oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma Foi. Jamais je n’oublierai ce silence nocturne qui m’a privé pour l’éternité du désir de vivre. Jamais je n’oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme… Jamais je n’oublierai cela, même si j’étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais (p. 60). »    Nous n’avons pas pour profession de passer à côté de la souffrance, de la détresse. Nous n’avons pour vocation d’obscurcir l’espérance en perdant « la mémoire de notre héritage chrétien » (ecclésia in Europea). Nous avons pour profession : être des porteurs d’espérance, de voir Dieu au cœur de nos détresses. L’Évangile de l’espérance est confié à l’Église du nouveau millénaire.   L’espérance, c’est Jésus Péguy disait qu’ « espérerne va pas de soi, ne va pas toute seule. Pour espérer il faut être heureux. Il faut avoir reçu une grande grâce ». Celle de croire que l’espérance, c’est une Personne. C’est Dieu nous donnant ce qu’Il est. « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par des prophètes », écrivait l’auteur de la lettre aux Hébreux, « dans les temps où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils… C’est le reflet resplendissant de la gloire du Père, l’expression parfaite de son être ». Il suffit de regarder Jésus pour devenir ce qu’Il est. Nous sommes des « participants de la nature divine » (1Pi).  La nature de Dieu est d’avoir des yeux de lumière. Des yeux qui relèvent. Nous ne savons pas ce qui vient, mais nous savons qui vient. Voilà le sens de notre espérance. De l’Avent.  Alors que l’espoir vient de nos désirs…ça ira mieux, l’espérance nous est donnée à voir dans la crèche.  Ce jour-là,  Dieu, celui dont personne n’a vu le visage, a pris visage humain. Ce jour là, Dieu confirmait qu’il voulait s’occuper de nous. Le temps de l’Avent nous aide à voir Dieu venir s’occuper de nous. Avouons-le, nous avons beaucoup de résistances à ce que quelqu’un s’occupe de nous, de nos affaires. « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes (lecture nuit de Noël)». Notre foi affirme une vérité insensée: en Jésus «la création a épuisé sa désespérance(Michel del Castillo).  » « Veillez, tenez-vous en état d’éveil ». Notre espérance est fondée sur le fait bouleversant que Dieu « a pris les devants » comme l’affirme Péguy. C’est lui le premier qui “espère” que tous les humains puissent accepter son offre de nous laisser sauver.  Jésus n’a pas attendu que nous allions vers Lui. Il est venu vers nous. Il a pris les devants. « Adam où es-tu ? ».  Nous entendons souvent ce cri comme celui d’un reproche.   C’est plutôt dit saint Silouane,  un Dieu recherchant Adam pour lui offrir à nouveau d’entrer dans le Paradis qu’il avait quitté pour lui offrir de retrouver « son image et sa ressemblance ». Toute l’Histoire sainte montre que lorsque le peuple s’éloignait de Lui, se comportait d’une manière inhumaine,  Lui, Dieu, envoyait des prophètes et même son Fils (parabole des vignerons) pour les sortir de leur méchanceté. Pour le dire autrement, le malheur attire Dieu. En ce sens, notre temps est un temps de grâce qui attire Dieu. Le vide attire Dieu et notre temps respire de ce vide. Rien ne nous manque, mais nous manquons de tout. Nous manquons de plénitude. Jésus a quitté sa divinité pour nous revêtir de ses vêtements divins. «Il a pris les devants». Luc dit « Il est né le sauveur du monde (Lc2, 10-12) ». Paradoxe, à l’époque, l’empereur romain tout-puissant par ses armées, se faisait appelé le sauveur du monde. Voilà que ce titre est donné à l’être le plus faible et le plus pauvre du monde.  Il faut être capable d’être saisi d’émotion devant ces paroles « Il est né le sauveur du monde ». Devant cette annonce, il faut, une fois dans notre vie, éprouver ce qu’on appelle «  l’onction de la foi », cette clarté soudaine qui nous fait exclamer : « c’est vrai ! Tout est vrai ! Ce ne sont pas des mots. Dieu est vraiment venu sur notre terre ».  Mais a-t-on encore besoin aujourd’hui d’un Sauveur du mode ? Il ne suffit pas cependant de reconnaître le Christ comme « sauveur du monde » ; Il faut que nous le reconnaissions comme « mon Sauveur ». L’instant où nous faisons cette découverte, où nous recevons cette illumination, est un instant impossible à oublier. Nous comprenons alors ce que disait Paul : « Jésus Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier (1 Tm 1, 15)».  L’épisode de Pierre qui coule dans le lac, est un merveilleux exemple de l’expérience de salut que nous faisons avec le Christ. Nous faisons chaque jour l’expérience de couler : dans le péché, la tiédeur, le découragement, l’incrédulité, le doute, la routine… Notre espérance est une marche au bord d’un ravin, avec la sensation permanente qu’à chaque instant nous pourrions perdre l’équilibre et tomber.  L’évangile n’est ni optimisme ni pessimisme. Il est traversé par un fort courant d’espérance. « Un enfant vous est né ». Un royaume est en germe dans notre monde. Voilà ce qui nous fait lever le matin. Voilà qui donne envie de vivre et de s’impliquer dans l’aventure d’une terre neuve, d’un « royaume de justice, d’amour et de paix (préface du Christ Roi) », d’une Eglise “autre”.  Voilà qui suscite en nous qu’être chrétien, c’est beau. C’est être ce jardinier qui jette en terre, à tout vent “des graines de sénevé ”qui demain produiront des fruits juteux. Devenir « graines de sénevé d’espérance ». À Noël  « l’histoire a culbuté dans un avenir déjà sauvé (Ratzinger, entretien sur la foi p.11) ». Dieu a épousé la cause de toutes les situations malheureuses. Il « a renversé les puissants de leur trône et exalté les humiliés ». Ce sont des paroles inouïes, invraisemblables. Des paroles de libération. Espérer un avenir quand l’avenir est sans avenir. L’avenir de la terre, l’avenir de nos vies, repose sur le moins que rien.  Et cette réalité là devrait susciter en nous un regain d’espérance. … un « petit rien »….. Le fait que le Christ ne soit pas venu dans la splendeur, la puissance et la majesté, mais petit, pauvre, qu’il ait choisi pour mère « une humble servante », qu’il n’ait pas vécu dans l’une des métropoles de l’époque, Rome, Alexandrie ou même Jérusalem, mais dans un village perdu de Galilée, exerçant l’humble métier de charpentier, acquiert en ces temps de « rapetissement » de notre Église une signification nouvelle. Avec l’arrivée de Jésus, le vrai centre du monde n’était ni Rome ni Jérusalem, mais Bethléem, la « plus petite ville de Judée » et après elle Nazareth, le village duquel on disait qu’« il ne pouvait rien venir de bon ». Notre espérance en Jésus Christ nous libère de la nécessité de faire notre chemin dans la vie, de dépasser nos limites à n’importe quel prix, pour être quelqu’un ; elle nous libère également de l’envie par rapport aux grands, elle nous réconcilie avec nous-mêmes et avec notre place dans la vie, elle nous donne la possibilité d’être heureux et pleinement épanouis là où nous sommes. « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ! » (Jn 1, 14). Dieu, l’infini, est venu et vient continuellement vers nous, là où nous sommes. La venue du Christ dans l’incarnation fait de toutes les places, la première place. Avec le Christ dans le cœur, nous nous sentons au centre du monde même dans le village le plus perdu de la terre. Avec le Christ, «  maintenant nous avons tout » (L’histoire rapporte que la Bienheureuse Marie de Jésus Crucifié, l’une des ces personnes cloîtrées, connue sous le nom de « Petite Arabe » en raison de son origine palestinienne et sa toute petite taille, retournait à sa place après avoir reçu la communion, on l’entendait s’exclamer, à mi-voix : « Maintenant j’ai tout, maintenant j’ai tout ».)  L’espérance : Songez à ce couple qui se rendait dans l’hiver glacial de la Palestine vers Bethlehem et qui voyait toutes les portes se fermer.  Leur marche reposait dans un enfant caché dans le ventre de l’une mère.  Il n’y avait pas de quoi pavoiser dans la nuit de l’étable. Ce couple marchait…. voilà! Marcher. L’espérance est la vitalité de notre mémoire chrétienne. Nous avons des trous de mémoire sur notre héritage chrétien.

CONCLUSION « Épargne celui qui est l’unique espérance du monde entier » écrivait Tertullien jadis. C’est le cri du coeur que nous devons répéter aux humains aujourd’hui, tentés de vivre sans le Christ. C’est lui, encore aujourd’hui, l’unique espérance du monde. Lui, le Don de l’avenir. Lorsque l’apôtre Pierre nous exhorte à « donner raison de l’espérance qui est en nous », il nous exhorte à parler aux hommes et aux femmes  du Christ, car c’est lui la raison de notre espérance. Nous sommes les bergers des temps modernes. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Nous sommes seulement chargés, avec nos fragilités, d’être porteur d’espérance, de Bonne nouvelle en dégageant sérénité et compassion. Dans nous, gens de la rue, Simone Weil, cette juive fascinée par Jésus sans y adhérer officiellement, offre cette remarque que je vous laisse en terminant : « Quand je veux voir si quelqu’un est chrétien, je n’écoute pas d’abord comment il me parle de Dieu, mais comment il me parle de l’homme ». Dans un monde ravagé par la solitude, l’individualisme, le vide spirituel, nous pouvons encore comme chrétiens formuler une parole originale, qui fait preuve d’une nouvelle jeunesse, c’est celle d’offrir des raisons d’espérer. C’est le chemin que nous propose Jésus. Il s’est fait humain pour nous parler avec des mots humains de Dieu pour que maintenant avec nos mots humains nous devenions par grâce, ce qu’Il est par nature. Le véritable chemin d’espérance se trouve dans notre manière de parler, de percer les nuages pour y voir le soleil qui brille dans les cœurs.   Que cette journée vous tienne en éveil, vous éveille. « Chrétiens, reconnais ta dignité. Deviens ce que tu as (Augustin) ». Et nous sommes ESPERANCE VIVANTE POUR NOTRE PEUPLE.

BENOÎT XVI : POUR UNE THÉOLOGIE DE LA FEMME

19 novembre, 2013

http://christus.fr/benoit-xvi-pour-une-theologie-de-la-femme/

BENOÎT XVI : POUR UNE THÉOLOGIE DE LA FEMME

Ce texte est une réflexion théologique de Benoît XVI, élaborée quand il était encore le cardinal Ratzinger. En réfléchissant sur Marie et sur sa place dans l’histoire du salut le cardinal aborde la question de la place des femmes dans les Écritures. Nous publions ce texte afin de faire connaître un aspect largement méconnu de la pensée de Benoît XVI : son estime des femmes et l’importance qu’il leur donne depuis toujours dans sa théologie. Voir aussi Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde et aussi l’audience introductive aux description des grandes figures féminines de l’Église : Les femmes au service de l’Évangile.
Joseph Ratzinger, La fille de Sion, 2002 (origin. 1990), Parole et silence, pp. 31-43.
Toute la piété et toute la théologie mariales postérieures reposent fondamentalement sur le fait que l’Ancien Testament contient une théologie de la femme profondément ancrée en lui et indispensable à sa construction globale : contrairement à un préjugé largement répandu, la figure de la femme tient une place irremplaçable dans la structure globale de la foi et de la piété vétérotestamentaires (Louis BOUYER, Mystère et ministère de la femme, coll. Présence et Pensée, Aubier Montaigne, 1976). Il est rare que ce contenu objectif soit suffisamment envisagé, si bien que la lecture partielle de l’Ancien Testament ne permet pas d’ouvrir la porte sur la compréhension de ce qui est marial dans l’Église du Nouveau Testament. Un seul aspect est habituellement pris en considération : les prophètes mènent un combat contre la déesse céleste, un combat contre la religion de la fécondité qui représente Dieu comme homme et femme. Il existe ainsi dans la pratique un combat résolu contre la présentation cultuelle de la femme divine dans la prostitution sacrée, un combat contre un culte qui célèbre la fécondité par imitation d’une luxure cultuelle. De ce point de vue, l’idolâtrie est volontiers désignée dans la littérature de l’Ancien Testament par le mot « prostitution ». Le refus de ces représentations semble avoir la conséquence suivante : le culte d’Israël est à l’origine une affaire d’homme car la femme reste sur le parvis du Temple (L. BOUYER, op. cit., p. 19 ss.).
Dans la foi de l’Ancien Testament, la femme ne tient positivement aucune place, a-t-on conclu ; une théologie de la femme n’existe pas ou ne peut pas exister, puisque bien plus il s’agit précisément d’exclure la femme de la théo-logie, du discours sur Dieu. La mariologie ne serait alors considérée que comme l’intrusion d’un modèle non biblique. Par conséquent, le Concile d’Éphèse (431) qui confirma la titre de Marie comme « Mère de Dieu » et le défendit, a assuré en réalité une place dans l’Église à la « grande génitrice » de la piété païenne, autrefois repoussée. Mais précisément les présupposés vétérotestamentaires de cette approche sont erronés car si la foi prophétique refuse le modèle de « Syzygies », c’est à dire des divinités représentées en couple et de leur correspondance cultuelle dans la prostitution sacrée, elle attribue cependant à sa façon, par son modèle de foi et de vie, une place indispensable à la femme, correspondant au mariage dans la vie humaine (Zur théologie der Ehe, in GREEVEN, RATZINGER, SCHNAKENBURG, WENDLAND, Theologie der Ehe, Ratisbonne-Göttingen, 1969, pp. 81-115). Autrement dit : si le culte universellement répandu de la fécondité fonde directement du point de vue théologique la prostitution, alors la relation de l’homme et de la femme dans le mariage exprime la conséquence de la foi au Dieu d’Israël. Ici, le mariage est directement traduction de la théologie, conséquence d’une image divine. Ici, et précisément ici, existe au sens propre une théo-logie du mariage, de même que dans le culte de la fécondité existe une théologie de la prostitution. À vrai dire demeure dans l’Ancien Testament l’ombre de divers compromis ; mais la décision de Jésus en Mc 10, 1-12 et le développement théologique de Ep 5 sont une pure conséquence de la théologie vétérotestamentaire ; avec cette conséquence surgissent en même temps l’idée et la réalité de la virginité qui est très étroitement associée au fondement théologique du mariage, non opposé à lui mais signifiant son fruit et sa confirmation.
[…] Ainsi nous pouvons dire que la figure de la femme est indispensable à la cohérence de la foi biblique. Elle exprime la réalité de la Création, elle exprime la fécondité de la grâce.

LA SIMPLICITÉ DE CHRIST.

30 octobre, 2013

http://bloghenriviaudmurat.wordpress.com/2010/08/15/la-simplicite-de-christ/

LA SIMPLICITÉ DE CHRIST.

ARTICLE DE HENRI VIAUD-MURAT.

La théologie des hommes tend à compliquer les choses. Mais Dieu est un Dieu de simplicité. Il veut nous faire marcher dans la clarté de Sa révélation. Il nous demande de ne pas nous détourner de la simplicité à l’égard de Christ. Cette divine simplicité nous évitera bien des pièges!
L’apôtre Paul était inquiet à propos des Corinthiens. Il savait qu’ils n’étaient pas encore bien fondés sur le Roc. Ils restaient encore trop charnels. Voici ce qu’il leur écrit:
« Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. Toutefois, de même que le serpent séduisit Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ. Car, si quelqu’un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre Evangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien » (2 Cor. 11: 2-4).
Nous voyons immédiatement que la simplicité, dans la Bible, est étroitement associée à la pureté spirituelle. Et la pureté spirituelle dépend de la pureté de nos pensées. Or nos pensées peuvent se corrompre, si nous acceptons des mensonges. La corruption de nos pensées se manifeste quand nous mélangeons le mensonge à la vérité.
Ce qui est simple n’est pas mélangé. Il n’y a, dans cette simplicité, rien de faux, d’extravagant, de contraire à la sagesse divine, rien d’excessif, d’affecté ou de malveillant.

Les Corinthiens; comme sans doute tous les Chrétiens aujourd’hui, étaient confrontés à trois dangers graves:
Le danger de recevoir un autre Jésus que le Vrai Jésus.
Le danger de recevoir un autre esprit que le Saint-Esprit.
Le danger de recevoir un autre Evangile que le véritable Evangile de Jésus-Christ.
C’est toujours le Malin, le diable, qui nous fait courir ces dangers. Et il emploie toujours les mêmes méthodes qu’au commencement. Il a recours à la ruse et la séduction. Il profite de l’ignorance du peuple de Dieu, pour le faire d’abord douter de la Parole du Seigneur, puis pour l’entraîner à désobéir à cette Parole.
Nous savons que le diable est parfaitement capable de se déguiser en ange de lumière. Il s’efforcera donc aussi d’envoyer au milieu des Chrétiens des « faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ » (verset 13). Puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière, il n’est donc pas étonnant que ses ministres se déguisent aussi en ministres de justice! Dans une guerre, la ruse est sans doute l’arme la plus redoutable!
Tout Jésus qui nous est décrit d’une manière qui ne correspond pas à la description du vrai Jésus de la Bible est un faux Jésus! C’est la raison pour laquelle la « doctrine de Christ » est si importante! La « doctrine de Christ » doit présenter tout ce que la Bible nous révèle, concernant la Personne et l’oeuvre du Seigneur Jésus.

Voici ce que dit la traduction exacte du texte grec du début de l’Evangile de Jean:
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes… Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père… La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n’a jamais vu Dieu; DIEU LE FILS UNIQUE, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître » (Jean 1: 1-4; 14; 17-18).
Dans la plupart des versions de la Bible, le mot « Dieu » a été supprimé dans l’expression « Dieu le Fils unique. » Cette suppression injustifiée nous empêche de voir immédiatement que le « Fils Unique » est aussi Dieu!
« Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3: 13-16).
Jésus-Christ est donc le Fils de Dieu. Il est aussi Dieu, le Fils unique, qui est éternellement dans le sein de Dieu le Père. Il est la Parole de Dieu. Il S’est incarné dans la chair. La grâce et la vérité nous sont venues par Jésus-Christ. Il fallait que le Seigneur Jésus soit aussi « élevé » sur la croix, et qu’Il verse Son sang pour l’expiation de nos péchés, afin que tous ceux qui croient en Lui ne périssent pas, mais qu’ils aient la vie éternelle. Il est ressuscité le troisième jour. Il reviendra chercher ceux qui Lui appartiennent et établira, d’abord sur cette terre, puis dans l’éternité, Son Royaume éternel, après avoir jugé les vivants et les morts.
C’est ce Jésus-là qui est le vrai Jésus de la Bible. Le Jésus qui est sacrifié à chaque Messe Catholique, le « Jésus créature » des Témoins de Jéhovah, ou le Jésus des Mormons, n’ont rien à voir avec le vrai Jésus. Et même dans beaucoup d’églises évangéliques, on présente une image de Jésus qui ne correspond pas réellement à la Personne réelle du Seigneur. Nous avons toujours besoin de prier le Seigneur, pour qu’Il Se révèle toujours mieux à nous tel qu’Il est, afin que nous puissions toujours mieux Le connaître, pour mieux Le servir.
Nous pouvons aussi recevoir un autre esprit que le Saint-Esprit. Les démons et les esprits méchants dans les lieux célestes s’emploient à contrefaire l’action, le fruit et les dons du Saint-Esprit. Par ignorance, par incrédulité, ou, au contraire, par excessive crédulité, trop de Chrétiens se laissent entraîner par ces esprits séducteurs. Dans le monde entier, l’Eglise est régulièrement secouée par des « visitations » et des « réveils » qui ne sont rien d’autre que le fruit de l’action de ces esprits mauvais.
Pourquoi en est-il ainsi? Parce que le Seigneur Jésus et Ses apôtres nous ont prévenus que la fin des temps serait caractérisée par l’augmentation des ténèbres spirituelles et de l’apostasie, ce qui doit nous inciter à être toujours plus prudents et toujours plus dépendants du Seigneur.
« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier, et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité » (1 Timothée 4: 1-3).
En Grec, le mot traduit par « quelques-uns » désigne en fait « un nombre indéfini. » Il y aura donc un « certain nombre » de Chrétiens qui abandonneront la foi en la vérité, pour s’attacher à des esprits séducteurs et recevoir leurs doctrines de démons. Ces Chrétiens ont peut-être connu un jour la vérité, mais ils n’y sont pas restés fidèles. Ils ont accepté de se laisser séduire par le mensonge. Ils n’ont pas fait preuve d’un amour profond pour le Seigneur et pour la Vérité.
Les esprits séducteurs profitent tout particulièrement du désir de certains Chrétiens de recevoir des révélations spirituelles « profondes. » Cela flatte toujours l’orgueil de la chair! Les démons savent jouer sur certains silences et sur certaines ambigüités apparentes de la Bible, ou sur certaines difficultés de la Parole de Dieu, pour essayer de faire accepter des révélations mensongères par ceux qui s’enorgueillissent de leur « intelligence spirituelle. »
C’est ainsi que l’action de l’Esprit de Vérité sera remplacée par l’action d’autres esprits, qui sont nécessairement des esprits séducteurs provenant de Satan. Tout cela, parce que certains Chrétiens ont accepté de se laisser détourner de la simplicité à l’égard de Christ! Ils ont cherché à s’occuper de choses « trop grandes et trop relevées » pour eux. Ils n’ont pas gardé l’esprit qui animait le Roi David, lorsqu’il s’écriait:
« Eternel! je n’ai ni un coeur qui s’enfle, ni des regards hautains; je ne m’occupe pas de choses trop grandes et trop relevées pour moi. Loin de là, j’ai l’âme calme et tranquille, comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère; j’ai l’âme comme un enfant sevré. Israël, mets ton espoir en l’Eternel, Dès maintenant et à jamais! » (Psaume 131: 1-3).
Devant le Seigneur, gardons donc toujours l’attitude d’un enfant sevré! Un enfant sevré reste toujours auprès de sa mère, dans l’espoir qu’il pourra encore boire le lait de son sein! Il reste dépendant de la nourriture que lui donnera sa mère, et ne cherche pas ailleurs d’autres nourritures! Eglise du Seigneur, mets toujours ton espoir en Lui, dès maintenant et à jamais!
Méfions-nous toujours des doctrines ou des révélations qui ne se fonderaient que sur certains passages obscurs ou difficiles de la Bible! Il y a suffisamment de passages parfaitement clairs et compréhensibles dans la Parole de Dieu pour alimenter notre foi, et ces passages suffisent amplement à notre marche chrétienne dans la vérité et la fidélité! Gardons une pleine assurance que le Seigneur, progressivement, nous conduira Lui-même dans toute la Vérité, et qu’un jour, nous connaîtrons toutes choses!
Le Malin fait aussi tous ses efforts pour nous faire accepter un « autre Evangile » que l’Evangile de Jésus-Christ. Tous ces « autres Evangiles » ont une caractéristique commune: ils ne sont pas centrés sur ce qui constitue le coeur du véritable Evangile: Christ, la croix, la grâce, et la foi!
Parmi ces faux Evangiles, on peut citer l’Evangile de la Prospérité, l’Evangile des Manifestations de Puissance, l’Evangile du Royaume Maintenant, l’Evangile de l’Obéissance à la Loi, l’Evangile de la Couverture Spirituelle, l’Evangile des Mérites et des Oeuvres, l’Evangile de la (Fausse) Grâce (celle qui ne nous enseigne pas à renoncer à l’impiété), l’Evangile de l’Amour Inconditionnel de Dieu (qui écarte Sa Justice et Ses Jugements), et tant d’autres Evangiles tronqués ou frelatés!
En fait, tout Evangile qui ajoute ou qui retranche quelque chose au pur Evangile de Jésus-Christ est un faux Evangile!
Le Seigneur Jésus nous a fait la promesse que Ses brebis entendront toujours Sa voix, et qu’elles seront conduites dans toute la Vérité par le Saint-Esprit de Vérité. Mais Il nous a aussi demandé de rester « prudents comme des serpents, et simples comme des colombes »! (Mat. 10: 16). Le mot grec traduit ici par « simple » signifie aussi « franc, innocent, intact, frais, » comme peut l’être un petit enfant qui se confie à son père ou sa mère.
Cela signifie qu’un enfant de Dieu écoutera toujours la voix du Seigneur, pourvu qu’il soit toujours prudent comme un serpent, et simple comme une colombe! Ceux qui acceptent sans vérification ni prière n’importe quelle doctrine ou pratique séduisante se laisseront toujours séduire, jusqu’au moment où ils comprendront qu’ils se sont égarés, et qu’ils doivent rebrousser chemin pour reprendre la Voie de la Vérité!

L’apôtre Paul écrit aux Galates:
« C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. Voici, moi Paul, je vous dis que, si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. Et je proteste encore une fois à tout homme qui se fait circoncire, qu’il est tenu de pratiquer la loi tout entière. Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi; vous êtes déchus de la grâce. Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance de la justice. Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l’incirconcision n’a de valeur, mais la foi qui est agissante par la charité » (Galates 5: 1-6).
Le véritable Evangile est un Evangile libérateur! Car seule la Vérité peut nous affranchir! En Jésus-Christ, nous avons été libérés de l’esclavage du péché, de la chair, du monde, de la Loi, du diable et de tous ses démons! Non seulement nous avons été libérés de tout cela, mais, par notre nouvelle naissance, Dieu, en Christ, nous a rendus parfaitement capables d’obéir à toute Sa volonté, et de ne plus jamais nous livrer à aucun esclavage!
En revanche, tout faux Evangile nous replace aussitôt sous le joug d’une servitude! Car un faux Evangile véhicule en lui des germes de mensonges, que ce soient des mensonges par omission, par soustraction ou par addition. Et chaque fois que nous acceptons un mensonge, nous nous plaçons aussitôt sous la domination du Menteur et du père du Mensonge!
Notre amour ardent pour le Seigneur Jésus ne peut être qu’un amour ardent pour la Vérité. Car Jésus seul est la Vérité. Sa Parole est donc aussi la Vérité! Si nous aimons la Vérité, le Seigneur nous La révélera, en Se révélant Lui-même à nous, en nous révélant Sa Parole par Son Esprit!
Servons donc notre Dieu dans la simplicité de notre coeur, avec franchise et loyauté, spontanément et sans contrainte! Suivons l’exemple de notre Seigneur Jésus-Christ, qui S’est incarné en simple homme, et qui a marché sur cette terre dans la plus grande simplicité.
Lorsque nous lisons les Evangiles, nous ne pouvons qu’être admiratifs devant la parfaite simplicité et le parfait naturel de notre Seigneur. Il accomplissait les plus grands miracles sans aucune ostentation, sans manifestations théâtrales, sans faire tomber les gens, sans manières excentriques, sans cris ni vociférations, sans jamais rien d’extravagant ni d’excessif! Il employait toujours un langage simple et clair, étant toujours prêt à tout expliquer à Ses disciples, étant toujours soucieux de ne pas froisser les faibles, et de ne pas éteindre le lumignon qui fume. Il Se mettait à la portée de tous, toujours prêt à bénir, à guérir et à délivrer, simplement et sans reproche! L’apôtre Jean ira jusqu’à dire:
« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie, car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit parfaite » (1 Jean 1: 1-4).
Jésus-Christ, Parole de Vie, a été manifesté, et a répandu partout la Vie même de Dieu! Il est venu nous sauver de l’esclavage du péché pour nous recréer à Son image et nous donner la victoire sur la chair, afin que nous puissions, nous aussi, être remplis de cette Vie divine, et la répandre partout autour de nous!
Oh, que nous puissions, nous aussi, L’entendre, Le voir, Le contempler et Le toucher, pour pouvoir Le connaître et L’annoncer tel qu’Il est, afin que nous soyons tous en communion avec le Père et avec Son Fils Jésus-Christ, et aussi en communion les uns avec les autres, en Esprit et en Vérité!

CONNAÎTRE ET AIMER – DIEU QUI EST AMOUR ET VÉRITÉ

31 juillet, 2013

http://www.teologia.pl/fr/k-f-c.htm

CONNAÎTRE ET AIMER -  DIEU QUI EST AMOUR ET VÉRITÉ

CONNAISSANCE DE DIEU

Peut-on connaître Dieu avec la seule lumière de la raison?
À partir de la création, c’est-à-dire du monde et de la personne humaine, l’homme, par sa seule raison, peut avec certitude connaître Dieu comme origine et fin de l’univers, comme souverain bien, et comme vérité et beauté infinie. (C_C 3)
Suffit-il de la lumière de la raison pour connaître le mystère de Dieu?
 Dans sa connaissance de Dieu par la seule lumière de sa raison, l’homme rencontre beaucoup de difficultés. De plus, il ne peut entrer par lui-même dans l’intimité du mystère divin. C’est pourquoi Dieu a voulu l’éclairer par sa Révélation, non seulement sur les vérités qui dépassent la compréhension humaine, mais aussi sur les vérités religieuses et morales, qui, tout en étant en elles-mêmes accessibles à la raison, peuvent ainsi être connues de tous, sans difficulté, avec une ferme certitude et sans risque d’erreur. (C_C 4)
CRÉATION
Qu’a créé Dieu?
La Sainte Écriture dit : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1). Dans sa profession de foi, l’Église proclame que Dieu est le créateur de toutes les choses visibles et invisibles, de tous les êtres spirituels et matériels, c’est-à-dire les anges et le monde visible, et tout particulièrement l’homme. (C_C 59)
Pourquoi est-il important d’affirmer : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1, 1)?
Parce que la création est le fondement de tous les projets divins de salut. La création est la manifestation de l’amour tout-puissant et sage de Dieu ; elle est le premier pas vers l’Alliance du Dieu unique avec son peuple ; elle est le commencement de l’histoire du salut, qui culmine avec le Christ ; elle est la première réponse aux interrogations fondamentales de l’homme sur son origine et sur sa fin. (C_C 51)
DIEU CRÉE PAR SAGESSE ET PAR AMOUR
Nous croyons que Dieu a créé le monde selon sa sagesse (cf. Sg 9, 9). Il n’est pas le produit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard. Nous croyons qu’il procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté :  » Car c’est toi qui créas toutes choses ; tu as voulu qu’elles soient, et elles furent créées  » (Ap 4, 11).  » Que tes œuvres sont nombreuses, Seigneur ! Toutes avec sagesse tu les fis  » (Ps 104, 24).  » Le Seigneur est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses œuvres  » (Ps 145, 9). (CEC 295)
LE MONDE VISIBLE
Qui a créé le monde?
Le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont le principe unique et indivisible du monde, bien que l’œuvre de la création du monde soit particulièrement attribuée à Dieu le Père. (C_C 52)
POURQUOI DIEU A-T-IL CRÉÉ LE MONDE?
Le monde a été créé pour la gloire de Dieu, qui a voulu manifester et communiquer sa bonté, sa vérité et sa beauté. La fin ultime de la création, c’est que Dieu, dans le Christ, puisse être « tout en tous » (1 Co 15, 28), pour sa gloire et pour notre bonheur. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » (saint Irénée). (C_C 53)
Il existe une solidarité entre toutes les créatures du fait qu’elles ont toutes le même Créateur, et que toutes sont ordonnées à sa gloire :
Loué sois-tu, Seigneur, dans toutes tes créatures,
spécialement messire le frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. …
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste. …
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits
avec les fleurs diaprées et les herbes. …
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.
(S. François d’Assise, cant.) (CEC 344)
Comment Dieu a-t-il créé l’univers?
Dieu a créé l’univers librement, avec sagesse et amour. Le monde n’est pas le produit d’une nécessité, d’un destin aveugle ou du hasard. Dieu a créé « de rien » (ex nihilo ; 2 M 7, 28) un monde ordonné et bon, qu’Il transcende à l’infini. Dieu conserve sa création dans l’être et Il la soutient, lui donnant la capacité d’agir et la conduisant vers son achèvement par son Fils et par l’Esprit Saint. (C_C 54)
Puisque Dieu peut créer de rien, il peut, par l’Esprit Saint, donner la vie de l’âme à des pécheurs en créant en eux un cœur pur (cf. Ps 51, 12), et la vie du corps aux défunts par la Résurrection, Lui « qui donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence » (Rm 4, 17). Et puisque, par sa Parole, il a pu faire resplendir la lumière des ténèbres (cf. Gn 1, 3), il peut aussi donner la lumière de la foi à ceux qui l’ignorent (cf. 2 Co 4, 6). (CEC 298)
Qu’enseigne la Sainte Écriture au sujet de la création du monde visible?
À travers le récit des « sept jours » de la création, la Sainte Écriture nous fait connaître la valeur de la création et sa finalité qui est la louange de Dieu et le service de l’homme. Toute chose doit son existence à Dieu, de qui elle reçoit sa bonté et sa perfection, ses lois et sa place dans l’univers.  (C_C 62)
Quelle est la place de l’homme dans la création?
L’homme est le sommet de la création visible, car il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. (C_C 63)
Quel type de liens existe-t-il entre les réalités créées?
Entre les créatures, il existe une interdépendance et une hiérarchie voulues par Dieu. En même temps, il existe une unité et une solidarité entre les créatures, car toutes ont le même créateur, toutes sont aimées de lui et sont ordonnées à sa gloire. Respecter les lois inscrites dans la création et les rapports découlant de la nature des choses constitue donc un principe de sagesse et un fondement de la morale. (C_C 64)
Quelle relation y a-t-il entre l’œuvre de la création et celle de la rédemption?
L’œuvre de la création culmine dans l’œuvre, plus grande encore, de la rédemption. En effet, cette dernière est le point de départ de la nouvelle création, dans laquelle tout retrouvera son sens plénier et son achèvement. (C_C 65)
L’HOMME
En quel sens l’homme est-il créé à « l’image de Dieu »?
L’homme est créé à l’image de Dieu en ce sens qu’il est capable de connaître et d’aimer librement son créateur. Sur la terre, il est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même et qu’il a appelée à participer à sa vie divine, par la connaissance et par l’amour. Parce qu’il est créé à l’image de Dieu, l’homme a la dignité d’une personne; il n’est pas quelque chose, mais quelqu’un, capable de se connaître, de se donner librement et d’entrer en communion avec Dieu et avec autrui. (C_C 66)
Dans quel but Dieu a-t-il créé l’homme?
Dieu a tout créé pour l’homme, mais l’homme a été créé pour connaître, servir et aimer Dieu, pour lui offrir, dans ce monde, la création en action de grâce et pour être, dans le ciel, élevé à la vie avec Dieu.  (C_C 67)
Quel est donc l’être qui va venir à l’existence entouré d’une telle considération ? C’est l’homme, grande et admirable figure vivante, plus précieux aux yeux de Dieu que la création toute entière : c’est l’homme, c’est pour lui qu’existent le ciel et la terre et la mer et la totalité de la création, et c’est à son salut que Dieu a attaché tant d’importance qu’il n’a même pas épargné son Fils unique pour lui. Car Dieu n’a pas eu de cesse de tout mettre en œuvre pour faire monter l’homme jusqu’à lui et le faire asseoir à sa droite (S. Jean Chrysostome, serm. in Gen. 2, 1 : PG 54, 587D-588A). (CEC 358)
C’est seulement dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve sa vraie lumière. L’homme est prédestiné à reproduire l’image du Fils de Dieu fait homme, qui est lui-même la parfaite « image du Dieu invisible » (Col 1, 15). (C_C 67)
Saint Paul nous apprend que deux hommes sont à l’origine du genre humain : Adam et le Christ … Le premier Adam, dit-il, a été créé comme un être humain qui a reçu la vie ; le dernier est un être spirituel qui donne la vie. Le premier a été créé par le dernier, de qui il a reçu l’âme qui le fait vivre … Le second Adam a établi son image dans le premier Adam alors qu’il le modelait. De là vient qu’il en a endossé le rôle et reçu le nom, afin de ne pas laisser perdre ce qu’il avait fait à son image. Premier Adam, dernier Adam : le premier a commencé, le dernier ne finira pas. Car le dernier est véritablement le premier, comme il l’a dit lui-même : « Je suis le Premier et le Dernier » (S. Pierre Chrysologue, serm. 117, 1-2 : PL 52, 520B). (CRC 359)
Pourquoi les hommes forment-ils une unité?
Tous les hommes forment l’unité du genre humain, en raison de leur commune origine, qu’ils tiennent de Dieu. De plus, Dieu, « à partir d’un seul homme, a créé tous les peuples » (Ac 17, 26). Tous ont un unique Sauveur. Tous sont appelés à partager l’éternité bienheureuse de Dieu. (C_C 68)
Grâce à la communauté d’origine le genre humain forme une unité. Car Dieu  » a fait sortir d’une souche unique toute la descendance des hommes  » (Ac 17, 26 ; cf. Tb 8, 6):
Merveilleuse vision qui nous fait contempler le genre humain dans l’unité de son origine en Dieu (…) ; dans l’unité de sa nature, composée pareillement chez tous d’un corps matériel et d’une âme spirituelle ; dans l’unité de sa fin immédiate et de sa mission dans le monde ; dans l’unité de son habitation : la terre, des biens de laquelle tous les hommes, par droit de nature, peuvent user pour soutenir et développer la vie ; unité de sa fin surnaturelle : Dieu même, à qui tous doivent tendre ; dans l’unité des moyens pour atteindre cette fin ; (…) dans l’unité de son rachat opéré pour tous par le Christ (Pie XII, enc.  » Summi pontificatus « ; cf. NA 1). (CEC 360)
Dans l’homme, comment l’âme et le corps ne forment-ils qu’un?
La personne humaine est un être à la fois corporel et spirituel. En l’homme, l’esprit et la matière forment une seule nature. Cette unité est si profonde que, grâce au principe spirituel qu’est l’âme, le corps, qui est matière, devient un corps humain et vivant, et prend part à la dignité d’image de Dieu. (C_C 69)
Qui donne l’âme à l’homme?
L’âme spirituelle ne vient pas des parents, mais elle est créée directement par Dieu, et elle est immortelle. Se séparant du corps au moment de la mort, elle ne meurt pas; elle s’unira à nouveau au corps au moment de la résurrection finale. (C_C 70)
Quel rapport entre l’homme et la femme Dieu a-t-il établi?
L’homme et la femme ont été créés par Dieu dans une égale dignité en tant que personnes humaines et, en même temps, dans une complémentarité réciproque en tant qu’homme et femme. Dieu les a voulus l’un pour l’autre, pour une communion de personnes. Ensemble, ils sont aussi appelés à transmettre la vie humaine, formant dans le mariage « une seule chair » (Gn 2, 24) et à dominer la terre comme « intendants » de Dieu. (C_C 71)

(C_C)  = Compendium du Catéchisme de l’Église catholique
(CEC) = Catéchisme de l’Église Catholique

« DIEU C’EST FAIT HOMME, POUR QUE L’HOMME PUISSE DEVENIR DIEU » – LA VISION DE PAUL EVDOKIMOV SUR LA THÉOLOGIE PATRISTIQUE

4 juillet, 2013

http://www.spiritualite-orthodoxe.net/paul_evdokimov_orthodoxie.html#article1

« DIEU C’EST FAIT HOMME, POUR QUE L’HOMME PUISSE DEVENIR DIEU »

ARTICLE INSPIRÉ DES COURS DE PÈRE RAZVAN IONESCU  – UN EXPLICATION PLUS APPROFONDIE DU MOT THÉOLOGIE

D’APRÈS ORTHODOXIE (L’), PAUL EVDOKIMOV, DESCLÉE DE BROUWER, 1992; PAGES 47-56.

LA VISION DE PAUL EVDOKIMOV SUR LA THÉOLOGIE PATRISTIQUE

Une théologie du mystère qu’on ne connaît que par révélation et participation – la metanoïa
L’Orient distingue d’une part  » l’intelligence  » orientée vers la coïncidence des opposés et débouchant sur  » l’unité et l’identité par la grâce 1, et d’autre part la  » raison », pensée discursive fondée sur le principe logique de contradiction et d’identité formelle et tournée vers le multiple, donc « déifuge ». Or, « l’intelligence réside dans le coeur, la pensée dans le cerveau 2 . Ce qui explique pourquoi la foi orthodoxe ne se définit jamais en termes d’adhésion intellectuelle, mais relève de l’évidence vécue, d’une « sensation du transcendant »: « Seigneur, la femme qui était tombée dans un grand nombre de péchés, ayant ressenti ta dignité… » 3. Il faut souligner l’aspect existentiel de la foi où s’opère la coïncidence foncière de l’amour et de la connaissance, inséparablement un dans le coeur-esprit,
- Il n’y a donc pas de division dans la personne humaine qui connait théologiquement.
ce qui dépasse l’intellectualisme et le sentimentalisme et correspond au terme évangélique très fort de metanoïa, revirement de toute l’économie de l’être humain.
- metanoïa de meta-noûs, c’est l’intelligence non pas dans le sens de ratio mais une intelligence plus profonde de l’homme dans sa complexité. C’est un renouveau de l’intelligence, c’est à dire un mouvement qui fait que la personne humaine voit les choses autrement à travers la grâce de Dieu.
La théologie comporte un élément doctrinal, la didascalie objective de l’Eglise, sa catéchèse, mais plus profondément dans sa sève même elle écoute ses saints, s’alimente à leur expérience pneumatophore du Verbe. Ainsi, comme le montre le titre d’un des écrits de Denys le pseudo Aréopagite : De la théologie mystique, celle-ci est théologie du mystère qu’on ne connaît que par révélation et participation. Elle saisit les paroles de Dieu à l’intérieur des « phanies », manifestations de Dieu. La transcendance divine nous apprend qu’on ne peut jamais aller vers Dieu qu’en partant de lui, qu’en se trouvant déjà en lui.
[Oeuvre complète de Saint Denys l'areopagite, Mgr Darboy, Maison de la Bonne presse, 1845 - Théologie Mystique à partir de la page 463 pdf, ou 286 livre., téléchargeable ici]
Par rapport aux orientations développées en Occident, qui développent une théologie de discours et surtout une explication rationnelle des choses, l’Orient est plus enclin à une théologie du mystère. C’est à dire que l’on touche le mystère à travers la théologie. Ceci ne veut pas dire pour autant que l’on épuise le mystère à travers notre discours mais justement la théologie a comme fonction de nous mettre devant le mystère de Dieu. Elle nous invite à le goûter et en le goûtant on se rend compte que c’est une profondeur sans fin.
Les développements théoriques, chez les Pères passent souvent et sans aucune interruption aux textes de prières et de dialogue avec Dieu.
- Paul Evdokimov met l’accent sur cette relation étroite entre ce que l’on écrit sur Dieu et notre prière.

Mystagogie ou initiation
Saint Isaac Saint Isaac le Syrien voit dans ces instants: « la flamme des choses ». C’est peut-être la meilleure définition de la théologie. Art, beaucoup plus que science systématique, elle découvre la vérité cachée des choses célestes et terrestres et initie à la participation-communion au monde éonique de Dieu.
- Le mot initie, initiation, est important car en théologie on parle d’une pédagogie mais aussi d’une mystagogie, c’est à dire une initiation, on se souvient des paroles du seigneur quand Il dit:  » Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint; et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.  » Matthieu 28:19-20  » 4 donc quand Il dit « apprenez », cette pédagogie vient tout de suite après « baptisez », qui veut dire « initiez », ouvrez la porte du Royaume à travers la grâce de Dieu, la descente de l’Esprit Saint; à travers cette pentecôte personnelle. La pédagogie vient donc à la suite de la mystagogie, ce qui ne veut pas dire que dans l’Eglise seul le baptême est mystagogique, car toute expérience de l’Eglise nous parle d’une mystagogie mais l’expérience de l’Eglise nous parle aussi d’une pédagogie, on ne peut donc pas les séparer. La mystagogie est donc une initiation au mystère, une découverte du mystère.
Théognosie – Theo: Dieu; gnosis: connaissance – catéchèse – Vous voyez l’équilibre qui existe toujours dans les affirmations théologiques, on parle d’une initiation mais aussi d’un enseignement.
« voie expérimentale de l’union avec Dieu » Ce sont des mots extraordinaires car en fait si on parle de la théologie, en se référant à Theo et Logos, le Logos se rapporte soit à la parole, soit à la logique, un développement rationnel. Mais en même temps à l’école des Pères de l’Eglise c’est dans son aspiration ultime « voie expérimentale de l’union avec Dieu. »
Pour les Pères la théologie est avant tout la contemplation de la Trinité.
- Evdokimov fait une synthèse des Pères de l’Eglise. Par conséquent ce que nous faisons ici c’est une synthèse de synthèses.-
C’est cette connaissance par inhabitation du Verbe qui est la théologie mystique.
- Le saint Esprit vient et fait sa demeure en nous, si Dieu fait sa demeure en quelqu’un Il s’unit avec cette personne. Il ne peut pas vivre dans la chambre du coeur de quelqu’un sans être en communion avec cet être humain. C’est pourquoi quand on invite le Seigneur, on l’invite à venir en nous, à exprimer Sa présence et à s’unir avec nous.
Il s’agit bien de la « parousie » divine dans l’âme
- Paul Evdokimov utilise d’autres termes théologiques pour apporter une nouvelle lumière à la signification.
qui ne peut être saisie que par les yeux de la foi, « les yeux de la Colombe ». Il s’agit non de connaître quelque chose sur Dieu, mais d’ »avoir Dieu en soi ».
- Alors que les démarches théologiques essaient de construire un discours mais sans pouvoir véritablement construire quelque chose à partir de l’expérience concrète, les Pères se contentent d’exprimer leur expérience concrète personnelle par leur théologie. Toutefois ce n’est pas leur expérience particulière à eux, que personne ne peut interpréter, mais c’est une expérience personnelle qui entre dans l’expérience générale de l’Eglise.
La théologie devient la description en termes théologiques de la présence illuminante du Verbe. Ce n’est point une spéculation sur les textes mystiques rnais la voie mystique elle-même, génératrice d’unité. Elle postule le retour à la nudité de l’esprit, son dépouillement jusqu’à son état pré-conceptuel de pure réceptivité adamique:
- Cette expérience de Dieu, nous invite à découvrir un état de l’âme qu’on peut évoquer en pensant d’abord à Adam qui est appelé à goûter le Royaume de Dieu et Dieu Lui-même. Le centre même de notre culte se trouve dans la Cène eucharistique. Nous nous rassemblons pour goûter quelque chose ensemble, signe de communion. Dans le centre du culte chrétien, se trouve donc cette démarche de partager avec les autres notre nourriture qui n’est pas une nourriture de ce monde. Même si les choses matérielles qui contribuent à cette nourriture viennent de ce monde, à travers la bénédiction portée par liturgie la nourriture de ce monde devient également une nourriture qui n’est pas de ce monde, c’est à dire le Corps et le Sang du Seigneur que nous goûtons ensemble.

Le charisme d’oraison, prier sans cesse
« La contemplation était le privilège d’Adam au paradis  » et donc nécessite avant tout un « charisme de l’oraison  »
- C’est à dire la prière « . On imagine donc bien Adam vivre une vie qui était une contemplation de Dieu et nourrissait son être. Quand on parle de charisme d’oraison ça veut dire que la prière telle que nous l’apprenons aujourd’hui est une redécouverte d’une état qui fut paradisiaque: Adam priait. Quand on a demandé au Seigneur comment prier? Il a répondu: « Priez sans cesse « , ce qui signifie que la prière peut être une prière qui ne cesse pas. Ceci veut dire que l’être humain a une capacité de prière qui exprime quelque chose de sa nature. Il est capable par sa nature d’entretenir une relation avec Dieu à travers sa prière. La prière est comme une respiration de l’âme, c’est à dire que de la même façon que le corps respire et que sans respiration il ne vit plus, l’âme respire (Sans pour autant entrer dans un dualisme âme-corps). La prière fait partie du bon « fonctionnement » de l’être humain, il en a besoin mais c’est un charisme en même temps.
La théologie ainsi s’érige en ministère charismatique, car « personne ne peut connaître Dieu si ce n’est Dieu lui-même qui l’enseigne » et « il n’y a pas d’autre moyen de connaître Dieu que de vivre en lui… « ;
- Sans la grâce de Dieu on n’est pas capable de Prier. Quand nous voulons prier véritablement il nous faut cette aide. Dieu nous donne son aide à condition que nous le cherchions parce qu’Il respecte complètement notre liberté. La grâce de Dieu est garante de la liberté humaine, c’est le péché qui empêche la liberté humaine. Savoir prier nécessite également un enseignement de la part de Dieu.
« parler de Dieu est une grande chose » ironise saint Grégoire le Théologien et justifie son titre en déclarant : « mais il est encore mieux de se purifier pour Dieu ».
- Nous avons donc vu que certains Pères nous parlent de la connaissance de Dieu, nous parlent de la théologie en tant que connaissance de Dieu. J’ai souligné que la théologie est « voie expérimentale de l’union avec Dieu ». Théologie veut donc dire connaissance de Dieu et pour connaître Dieu nous ne pouvons pas rester comme nous sommes à l’heure actuelle, il faut changer quelque chose en nous. Car même si nous arrivons dans ce monde avec un certain état de pureté, notre nature corrompue à travers notre personne fait que nous sommes enclins malheureusement au péché. La vie spirituelle est la guérison totale, absolue et ultime de notre nature humaine. Dans l’office pour les défunts on dit que Dieu a tellement aimé l’être humain, qu’Il ne l’a pas laissé comme ça, c’est la raison pour laquelle la mort est justement la délivrance. S’il n’y avait pas de mort, cette nature à l’origine de l’être humain donnerait une vie corrompue éternelle. Dieu donne une fin à l’être humain par Amour 5.

La divinisation de l’homme par la grâce
C’est un dialogue entre l’esprit de l’homme et l’Esprit de Dieu mais un dialogue générateur d’unité « déifiante »: « Dieu ne s’unit qu’à des dieux », dit saint Symeon?
- C’est vraiment une synthèse avec des mots forts, des mots clés des Pères de l’Eglise. Autrement dit, en reprenant la définition la plus noble de la vie théologique ou de la vie de l’Eglise: « Dieu c’est fait homme, pour que l’homme puisse devenir dieu ». Notre destin n’est pas uniquement l’accomplissement de la personne humaine mais son accomplissement en tant que dieu par la grâce de Dieu. Il n’y a pas de changement de nature en nous mais si on vit la Vie que Dieu vit, on se transforme petit à petit en des dieux.
Pour saint Macaire, un théologien est un enseigné de Dieu et c’est l’Esprit, selon saint Syméon, qui d’un érudit fait un théologien, car il s’agit non de s’instruire intellectuellement sur Dieu, mais de se remplir de Dieu : « Afin que l’ayant reçu en nous, nous devenions ce qu’il est ».
- c’est pour cela que les êtres qui commencent à chercher Dieu dans leur vie deviennent de plus en plus ressemblant à Dieu. Une vie améliorée en Christ est une vie qui fait que quelqu’un est plus ressemblant à Dieu.

La libération des passions, les théologiens chrétiens orthodoxes
Pour saint Basile « la vraie théologie libère des passions »
-Si l’homme se libère petit à petit des mauvaises passions, c’est à dire les comportements qui ne laissent pas se manifester pleinement en nous l’image de Dieu. En s’en libérant on est dans l’acquisition petit à petits des « propriétés » qui expriment ce que Dieu est.
« Une théologie sans action 6 est la théologie des démons » note saint Maxime. C’est au dynamisme de la foi que répond « le don spirituel de l’Esprit qui révèle le sens de la théologie »….
L’Orthodoxie s’est avérée très sobre pour délivrer le titre de « théologien » par excellence. Seules trois personnes le possèdent comme attribut de leur sainteté: saint Jean le Théologien, le plus mystique des quatre évangélistes, saint Grégoire le Théologien, « chantre de la sainte trinité » et saint Symeon le Nouveau Théologien, auteur des hymnes qui exaltent l’union.
- Si l’Eglise est prudente dans l’attribution de ce titre, ce n’est pas qu’elle ne veut pas le donner mais ces personnes étaient caractérisées par leur profondeur théologique: elles ont su la vivre et l’exprimer à la fois. La théologie ce ne se limite pas à la contemplation, car il y a des êtres humains qui contemplent Dieu sans pouvoir exprimer cette contemplation et d’après ce qu’ils disent sans l’aide de Dieu il n’est pas possible de l’exprimer à travers un discours. En effet, notre discours ne peut pas « tenir en sa main » l’ineffable. Il faut que Dieu nous aide pour pouvoir exprimer des choses qui dépassent notre intelligence.

La contemplation ou theoria
La théologie comporte l’élément de contemplation. Ce discours peut paraître très théorique mais la pratique mène à la contemplation, car notre pratique c’est de contempler Dieu, et la contemplation vient de « theoria ». Donc la theoria pour les Pères n’est pas une attitude passive devant Dieu où l’on n’aurait plus envie de bouger puisque ce serait Dieu qui s’occuperait de nous. En référence aux écrits de Père Dumitru staniloae, il est vrai que Dieu prend l’initiative et comble l’être humain de telle façon que l’être humain se trouve parfois dans « l’étonnement », dans les phases les plus élevées du mystère de Dieu, mais même dans cet état la contemplation « theoria » est très pratique. C’est une étape très active dans la vie de quelqu’un parce qu’il est pleinement là dedans. Alors qu’en science la théorie est relative a un schéma abstrait de faits que l’on interprète, dans l’Eglise la « theoria » veut dire contemplation. Toute contemplation de la vérité dans l’Eglise, à travers la parole, à travers les sens ou tout ce que l’on est, est une theoria.

Le cataphatisme et l’apophatisme, la conscience des limites, et Dieu sujet non pas objet.
On a l’impression en lisant des écrits de théologie que les mots sont compliqués, par exemple cataphatisme et apophatisme. La théologie apophatique 7 est la théologie négative, celle cataphatique est positive. revenons à Paul evdokimov:
La méthode cataphatique procède par affirmation, mais en définissant Dieu, en lui donnant des noms, elle limite et rend son propre enseignement incomplet,
- C’est à dire que si on prend un livre par exemple, on arrive à décrire de quoi il s’agit par ses caractéristiques: sa taille, couleur, etc. Mais essayons de faire la même chose avec Dieu. Qui a vu Dieu? D’une certaine façon personne n’a vu Dieu. Cependant à travers notre expérience on peut avoir été touché par cette présence de Dieu, donc on parle d’une certaine façon d’une vision de Dieu, en gardant bien sûr les proportions. C’est pourquoi quand on essaie d’exprimer notre expérience on se rend compte que nos paroles sont très pauvres, on n’arrive pas à dire qui est Dieu. Si l’on se met à ajouter des attributs, des qualificatifs selon ce que l’on peut comprendre, on se rend compte que l’on commence à fabriquer une idole puisqu’en fait ça ne correspond pas à Dieu, car Il dépasse tout ce que l’on peut dire sur Lui. Ce genre de réflexion existe depuis le commencement du christianisme.
Il faut donc le compléter par la méthode apophatique qui procède par des négations ou oppositons à tout ce qui est de ce monde. Donc la théologie positive n’est point dévaluée mais précisée exactement dans sa dimension propre et ses limites.
- C’est extraordinaire, cette conscience des limites. La science d’aujourd’hui les découvre également car son discours ne couvre pas une réalité beaucoup plus complexe que celle que l’on peut imaginer.
C’est que la théologie négative habitue à l’infranchissable distance salvatrice: « Les conceptions créent des idoles de Dieu, dit saint Grégoire de Nysse, l’étonnement seul saisit quelque chose ».
- C’est à dire que l’on n’est pas devant un objet « Dieu ». En effet, pour la théorie de la connaissance il faut un objet de connaissance. Or dans la définition courante de la science, l’objet Dieu n’existe pas, puisqu’Il n’est pas reconnu de manière universelle. Même pour le théologien définir Dieu comme objet de connaissance n’est pas facile car il n’est pas un objet, il est un sujet de notre connaissance. Si Lui (ou si eux pour les trois personnes), ne s’ouvre pas à notre connaissance on ne peut pas le connaitre.

La prière liturgique, élévation vers Dieu et communion avec les autres
Paul Evdokimov parle plus loin de la prière liturgique: elle nous mène vers cette union. Quand on parle de prière personnelle, cela ne veut pas dire prière individuelle, parce que quand la personne prie elle est en communion avec d’autres personnes. Plus elle prie, plus elle est en communion avec les autres. C’est très important de le comprendre. Le Père Dumitru Staniloae, le décrivait en prenant l’image d’une pyramide inversée, plus on prie, plus on s’approche de Dieu et plus on est entouré. Quand nous prions ordinairement, nous sommes seuls même au milieu de plein de gens car nous ne les aimons pas comme il le faudrait, ou nous n’arrivons pas à entretenir cette communion à travers notre amour, c’est Dieu qui nous enseigne l’Amour.
On parle de la prière liturgique car on a besoin de cette prière qui concerne le peuple de Dieu dans l’Eglise. C’est elle qui nous mène vers notre « déification »: on devient Dieu selon la grâce de Dieu.
En cherchant Dieu, c’est l’homme qui est trouvé par Dieu.

NOTES SUR LE SITE

JE SUIS CRÉÉ À L’IMAGE DE DIEU: QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ET COMPORTE?

18 juin, 2013

http://www.sancarlo.pcn.net/argomenti_francese/pagina10.html

JE SUIS CRÉÉ À L’IMAGE DE DIEU: QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ET COMPORTE?

Où se trouve le fondement de l’affirmation: «je suis créé à l’image de dieu (imago dei)»?

Cette affirmation se fonde sur la Bible. Plus exactement, dans les premières pages de la Bible, nous lisons: «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa» (Gn 1,27).

Quand l’homme commence-t-il à être image de dieu?
L’homme commence à être image de Dieu dès le premier moment de sa fécondation. Cette dignité est donc présente en chaque phase de la vie humaine. L’Église annonce cette vérité non seulement avec l’autorité de l’Évangile, mais aussi avec la force qui dérive de la raison; et c’est exactement pour cela qu’elle sent le devoir de faire appel à chaque homme de bonne volonté, dans la certitude que l’accueil de cette vérité ne peut que valoir pour les individus et pour la société.

D’où vient le fait que l’homme est image de dieu?
Ça vient de Dieu. C’est Dieu lui-même qui fait ce don spécial à l’homme. L’homme le reçoit gratuitement. Il ne s’agit donc pas d’une conquête humaine ni une oeuvre de l’homme.
Il revient à l’homme de:
reconnaître ce don;
remercier le Donateur, Dieu;
manifester et faire croître dans la vie les fruits de ce don;
témoigner avec courage, dans le propre agir quotidien, l’être à l’image de Dieu.

Que signifie: dieu nous a créés à son image?
Dire que Dieu nous a créés à son image signifie que:
il a voulu que chacun de nous manifeste un aspet de son infini splendeur
a un projet sur chacun de nous;
chacun de nous est destiné à entrer dans l’éternité bienheureuse, par un itinéraire qu’il est vraiment;
la créature est donc image de Dieu effectivement puisqu’ elle participe à l’immortalité – non pas par sa nature, mais comme don du créateur. L’orientation à la vie éternelle est ce qui rend l’homme créé correspondant de Dieu.
• «La dignité de l’homme n’est pas quelque chose qui s’impose à nos yeux, elle n’est pas mesurable ni qualifiable, elle échappe aux paramètres de la raison scientifique ou technique; mais notre civilité et notre humanisme n’ont pas des progrès sinon dans la mesure où cette dignité a été plus universellement et plus pleinement reconnue toujours pour plusieurs personnes» (Card. JOSEPH RATZINGER, Discours au Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé, 28 novembre 1996).

Dans quel sens l’homme est-il créé à «l’image de dieu»?
L’homme est créé à l’image de Dieu dans le sens qu’il est capable de connaître et d’aimer, dans la liberté, son Créateur. C’est la seule créature, sur cette terre, que Dieu a voulu pour elle-même et qu’il a invitée à partager, dans la connaissance et dans l’amour, sa vie divine. Il a la dignité de personne, en tant que créé à l’image de Dieu: ce n’est pas quelque chose, mais quelqu’un capable de se connaître, de se donner librement et d’entrer en communion avec Dieu et avec les autres personnes (COMPENDIUM du CEC, n° 66).

Quelles dimensions l’être créé à l’image de dieu implique-t-il?
L’être créé à l’image de Dieu implique tout l’homme et tout homme.
En particulier:
sa dignité;
son unité de corps et d’âme;
son être d’homme et de femme;
sa relation avec Dieu, avec soi-même, avec les autres personnes.
C’est donc l’homme intégral qui est créé à l’image de Dieu. La Bible présente une vision de l’être humain où la dimension spirituelle va avec la dimension physique, sociale et historique de l’homme.

Dans quelle manière l’être créé à l’image de dieu implique-t-il la dignité de l’homme?
L’être créé à l’image de Dieu implique sa dignité dans la mesure où il en est le fondement.
En effet, la dignité de l’homme:
ne s’identifie pas avec les gènes de son ADN;
ne dépend pas de son avoir ni de sa capacité de faire, encore moins de son appartenance à une race, culture ou nation;
ne diminue pas à cause de l’éventuelle présence de diversités physiques ou de défauts génétiques.
Le fondement de l’authentique et pleine dignité, inhérente à tout homme, se trouve dans le fait d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. «La dignité de la personne humaine s’enracine dans la création à l’image et ressemblance de Dieu. Dotée d’une âme spirituelle et immortelle, d’intelligence et de libre volonté, la personne humaine est ordonnée à Dieu et appelée, avec son âme et son corps, à la béatitude éternelle» (Compendium du CEC, n° 358).
Ainsi fondée, cette dignité distingue essentiellement l’homme de tous les autres êtres créés (pour cela on parle de différence ontologique – sur le plan de l’être et non seulement sur le plan fonctionnel de l’agir – parmi les êtres humains et le reste du monde). La Bible souligne cette différence déjà dans les premières pages, lorsqu’elle affirme que Dieu, après avoir créé les choses de ce monde, dit: «Et Dieu vit que c’était très bon» (Gn 1,25), mais, après avoir créé l’homme, s’exclame: «Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon» (Gn 1,31).
Dans l’homme, comment s’exerce le rapport de l’être image de dieu dans sa communion avec dieu?
L’être créé à l’image de Dieu est le fondement de l’orientation de l’homme vers Dieu. C’est exactement sur cette ressemblance radicale à Dieu, Un et Trine, que se fonde la possibilité de la communion de l’homme avec la Très Sainte Trinité.
C’est ainsi que Dieu lui-même l’a voulu. En effet, le Dieu, Un et Trine, a voulu partager sa communion trinitaire avec les personnes créées à son image. Ou mieux, c’est par cette communion trinitaire que l’homme à été créé à l’image de Dieu. Le but de l’homme est par conséquent de connaître, d’aimer et de servir Dieu dans cette vie et ensuite de jouir de Lui dans l’autre vie, et aimer le prochain comme Dieu l’aime.
«Créé à l’image de Dieu, l’homme exprime aussi la vérité de son rapport avec Dieu Créateur à travers la beauté de ses oeuvres artistiques» (CEC, 2501).

Le corps participe-t-il aussi a cette image de dieu?
Oui. Le corps aussi, comme partie intrinsèque de la personne, participe à sa création à l’image de Dieu.
Dans la foi chrétienne:
c’est l’âme qui est créée à l’image de Dieu;
mais, puisque l’âme est la forma substantialis du corps, la personne humaine, dans son entièreté, est portatrice de l’image divine dans une dimension tant spirituelle que corporelle;
l’homme n’a pas le corps, mais il est aussi le corps;
le dualisme corps-âme est donc exclu;
l’homme est considéré dans son entièreté, dans son unité; il est esprit incarné, c’est-à-dire âme qui s’exprime dans le corps et corps informé par un esprit immortel;
la corporéité est donc essentielle à l’identité personnelle;
l’affirmation de la résurrection du corps, à la fin du monde, fait comprendre comment l’homme existe aussi dans l’éternité, après la mort, comme personne physique et spirituelle complète.
En conséquence, la foi chrétienne affirme clairement l’unité de l’homme et comprend la corporéité comme essentielle à l’identité personnelle aussi bien dans cette vie que dans l’autre.

Pourquoi l’image de dieu se manifeste-t-elle dans la différence des sexes?
Parce que l’être humain existe seulement comme masculin ou féminin, et cette différence sexuelle, loin d’être un aspect accidentel ou secondaire de la personalité, est un élément constitutif de l’identité personnelle. Donc, la dimension sexuelle appartient aussi à l’être image de Dieu. Homme et femme sont également créés à l’image de Dieu, même si chacun l’est de manière propre et caractéristique. Pour cela, la foi chrétienne parle de réciprocité et de complémentarité entre les sexes.
Créés à l’image de Dieu, les êtres humains sont appelés à l’amour et à la communion. Puisque cette vocation se réalise de manière caractéristique dans l’union unitivo-procréative entre mari et épouse, la différence entre homme et femme est un élément essentiel dans la constitution des êtres humains créés à l’image de Dieu. «Dieu créa l’homme à son image; à l’image de Dieu il le créa; homme et femme, il les créa» (Gn 1,27; cf. Gn 5,1-2). Donc, selon les Écritures, l’imago Dei se manifeste aussi, dès le commencement, dans la différence entre les sexes.
«La sexualité exerce une influence sur les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. Elle concerne particulièrement l’affectivité, la capacité d’aimer et de procréer, et, d’une manière plus générale, l’attitude pour nouer des rapports de communion avec d’autres» (CEC, 2332).
Les rôles attribués à l’un ou à l’autre sexe peuvent varier dans le temps et dans l’espace, mais l’identité sexuelle de la personne n’est pas une construction culturelle ou sociale. Elle appartient au mode spécifique dans lequel l’image de Dieu existe.
Cette spécificité sexuelle est renforcée par l’Incarnation du Verbe. Il a assumé la condition humaine dans sa totalité, en assumant un sexe, mais en devenant homme dans les deux sens du mot: comme membre de la communauté humaine, et comme être de sexe masculin (CTI, 34).
• En outre, l’incarnation du Fils de Dieu et la résurrection des corps à la fin des temps étendent aussi à l’éternité l’identité sexuelle originaire de l’imago Dei.

Pourquoi l’être image de dieu implique-t-il aussi notre rapport avec les autres personnes?
C’est justement puisque Dieu est Trinité, c’est-à-dire communion de Trois personnes dans l’unique nature divine; de même la personne, créée à l’image de Dieu, et donc capable de relation avec les autres personnes, est un être qui:
a une orientation fondamentale vers les autres personnes;
est appelé à former avec elles une communauté.
• «L’être humain est donc vraiment humain dans la mesure où il actualise l’élément essentiellement social dans sa constitution, en tant que personne à l’intérieur des groupes familiales, religieux, civiles, professionnels et d’autre genre qui, ensemble forment la société environnante à laquelle il appartient» (CTI, 42).
• Le mariage constitue une forme élevée de communion entre les personnes humaines et une des meilleures analogies de la vie trinitaire. Ou mieux, «le premier exemple de cette communion est l’union procréative de l’homme et de la femme, qui reflète la communion créative de l’amour trinitaire» (CTI, 56). Quand un homme et une femme unissent leur corps et leur esprit dans une attitude de totale ouverture et donation de soi, ils forment une nouvelle image de Dieu. Leur union, dans une seule chair, ne répond pas simplement à une nécessité biologique, mais à l’intention du Créateur qui les pousse à partager le bonheur d’être faits à son imge (cf. CEC, 2331).
L’humanité elle-même, dans son unité originaire (dont Adam est le symbole), est faite à l’image de la Trinité divine. «Tous les hommes forment l’unité du genre humain, de par l’origine commune qu’ils ont de Dieu. En outre, ‘à partir d’un seul homme, Dieu a créé toutes les nations des hommes’ (Ac 17,26). Ensuite, tous ont un unique Sauveur et sont appelés à partager l’éternel bonheur de Dieu» (COMPENDIUM du CEC, 68).

Comment l’être image de dieu implique-t-il aussi notre relation avec les choses créées?
L’être créés à l’image de Dieu est le fondement:
de notre relation avec les choses créées;
de notre supériorité sur le monde visible: l’homme est le sommet de la création visible, puisqu’il est l’unique à être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu;
de notre participation au gouvernement divin de la création.

De quelle manière l’homme participe-t-il à la seigneurie de dieu sur le monde?
La participation de l’homme à la seigneurie de Dieu signifie qu’il:
exerce cette seigneurie sur la création visible seulement en vertu du privilège qui lui est conféré par Dieu;
reconnaît en Dieu le Créateur de tout, rend gloire et grâce à Lui pour le don de la création, et glorifie le nom de Dieu;
n’est pas le seigneur principal sur le monde. Dieu, le Créateur du monde, est le Seigneur par excellence sur le monde. L’homme est un seigneur subordonné (seigneurie ministérielle et subordonnée);
est désigné par Dieu à être comme son collaborateur, administrateur. L’homme est appelé par Dieu à exercer, au nom même de Dieu, une administration responsable sur le monde créé. Cette administration «doit se mesurer par la sollicitude pour la qualité de la vie du prochain, y compris celle des générations futures, et exige un respect religieux de l’intégrité de la création» (CEC, 2415);
en tant qu’administrateur, il doit rendre compte de sa gestion, et Dieu jugera ses actions.
• Cette seigneurie se réalise dans le respect envers le créé: l’homme, comme image de Dieu, n’est pas un dominateur sur le monde. L’administration humaine du monde créé est justement un service rendu à travers la participation au gouvernement divin. «Les êtres humains font ce service en gagnant une connaissance scientifique de l’univers, en s’occupant d’une manière responsable du monde naturel (les animaux et l’environnement inclus) et en sauvegardant leur même intégrité biologique» (CTI, 61).
• Le même travail humain «provient immédiatement des personnes créées à l’image de Dieu et appelées à prolonger, les unes avec les autres et pour les autres, l’oeuvre de la création» (CEC, 2427), en collaborant avec Dieu Créateur.

Quel est le rapport entre l’être à l’image de dieu et la loi naturelle?
En créant l’homme à son image, Dieu a placé dans l’intimité de la conscience humaine une loi que la tradition appelle loi naturelle. Cette loi est d’origine divine, et la conscience que l’homme en a, est elle-même participation à la loi divine» (CTI, 60). Et le Compendium du CEC affirme à ce propos: «La loi naturelle, inscrite par le Créateur dans le coeur de tout homme, consiste en une participation à la sagesse et à la bonté de Dieu et exprime le sens moral originaire, qui permet à l’homme de discerner, au moyen de la raison, le bien et le mal. Elle est universelle et immuable et pose la base des devoirs et des droits fondamentaux de la personne, ainsi que de la personne et de la même loi civile». (416).

Cette loi est-elle perçue par tous?
«À cause du péché, la loi naturelle n’est pas toujours perçue par tous avec une clarté et spontanéité égale» (COMPENDIUM du CEC, 417). Pour cela «Dieu a écrit sur les tables de la Loi ce que les hommes ne réussissaient à lire dans leurs coeurs» (SAINT AUGSTIN).

Quelles sont les consé-quences que le péché a provoquées sur l’être humain créé à l’image de dieu?
Le péché ne détruit pas, n’annule pas l’image de Dieu dans l’homme. L’homme est image de Dieu en tant qu’homme. Et tant qu’il est homme, c’est un être humain à l’image de Dieu. L’image divine est liée à l’essence humaine en tant que telle, et l’homme n’a pas le pouvoir de la détruire complétement.
Le péché, de par sa gravité objective et la responsabilité subjective de l’homme, souille l’image de Dieu en l’homme, la blesse, l’assombrit. C’est justement puisque le péché est comme une blessure de l’image de Dieu en l’homme, qu’il blesse, assombrit l’homme:
dans sa dignité, en provoquant une division à l’intérieur entre corps et esprit, connaissance et volonté, raison et émotions;
dans sa relation avec Dieu, avec soi-même, avec les autres, avec le créé.
Blessé par le péché, l’homme a besoin du salut. Et Dieu infiniment bon lui offre ce salut dans son Fils Unique Jésus-Christ qui libère, guérit les blessures de l’homme par sa Mort et Résurrection.
• La défiguration de l’imago Dei par le péché, avec ses inévitables conséquences négatives sur la vie personnelle et interpersonnelle, est donc vaincue par la Passion, Mort et Résurrection du Christ.

Quel modèle l’homme a-t-il pour réaliser son être à l’image de dieu?
Avant tout, l’homme se comprend pleinement lui-même, et surtout son être à l’image de Dieu, seulement, à la lumière du Christ. «En réalité, le mystère de l’homme trouve la lumière seulement dans le mystère du Verbe Incarné. En effet, Adam, le premier homme était figure de l’homme futur, celle du Christ Seigneur. Christ, qui est le Nouvel Adam, en révélant effectivement le mystère du Père et de son amour, dévoile aussi pleinement l’homme à l’homme et lui fait connaître sa plus profonde vocation» (CONCILE VATICAN II, Gaudium et Spes, 22).
Le mystère de l’homme se clarifie donc seulement à la lumière du Christ, qui est l’image parfaite «du Dieu invisible, engendré avant toute créature» (Col 1,15) et qui nous introduit, à travers l’Esprit Saint, à une participation au mystère de Dieu, un et trine. «Le sens d’être créés à l’imago Dei nous est alors pleinement dévoilé seulement dans l’Imago Christi» (CTI, 53).
«Dieu le Père nous appelle à être ‘conforme à l’image de son Fils’ (Rm 8,29), par l’oeuvre de l’Esprit Saint qui agit d’une manière mystérieuse dans tous les êtres humains de bonne volonté, dans les sociétés et dans le cosmos, pour transfigurer et diviniser les êtres humains. En outre, l’Esprit Saint oeuvre à travers les sacrements, en particulier à travers l’Eucharistie» (CTI, 54).
Grâce à l’Esprit Saint, «la grâce salvifique de la participation au mystère pascal du Christ reconfigure l’imago Dei selon le modèle de l’Imago Christi (…). En ce sens, l’existence quotidienne de l’homme est définie comme un effort de conformation, toujours plus pleine, à l’image du Christ, en cherchant à dédier sa propre vie au changement pour arriver à la victoire finale du Christ dans le monde» (CTI, 56). Donc, nous devenons pleinement image de Dieu au moyen de la participation à la vie divine en Christ.

De quelle manière christ est le modèle de tout homme dans le fait de vivre à l’image de dieu?
Christ est le modèle pour l’homme dans le fait de vivre à l’image de Dieu, en ce sens que:
l’image originale de l’homme qui, à son tour représente l’image de Dieu, est Christ, et l’homme est créé à partir de l’image du Christ, sur son image. La créature humaine est en même temps projet préliminaire en vue du Christ, c’est-à-dire, Christ est l’image parfaite et fondamentale du Créateur, et Dieu forme l’homme justement en vue de Lui, de Son Fils;
les possibilités que le Christ s’ouvre à l’homme ne signifient pas la suppression de la réalité de l’homme en tant que créature, mais sa transformation et sa réalisation selon l’image parfaite du Fils;
en même temps, une tension existe entre la dissimulation et la manifestation future de l’image de Dieu: nous pouvons appliquer ici la parole de la première Lettre de Jean: «Dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté» (1 Jn 3,2).
tous les êtres humains sont désormais image de Dieu – à l’image du Christ, même si ce qu’ils deviendront n’est pas encore manifesté, surtout à la fin des temps, quand le Seigneur Jésus viendra sur les nuages du ciel, pour que Dieu «soit tout en tous» (1 Co 15,28). L’imago Dei peut être donc considérée, dans un sens réel, comme encore en devenir (son caractère dynamique);
• Notre conformation à l’image du Christ se réalise donc parfaitement seulement dans notre résurrection à la fin des temps, dans laquelle Christ nous a précédés et à laquelle s’est déjà associée la Très Sainte Marie, sa Mère.

Le Primicerio
de la Basilique des saints Ambroise et Charles Borromée à Rome
Monsignor Raffaello Martinelli

NB: pour approfondir l’argument, on peut lire les documents pontificaux suivants:
Commission Théologique Internationale (abbr. CTI), Communion et Service, Librérie Éditrice Vaticane, 2005;
Card. Joseph Ratzinger, Conférence au Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé, sur le thème: «À l’image et à la ressemblance de Dieu: Toujours? Le malaise de l’esprit humain» (28 novembre 1996);
Catéchisme De L’église Catholique (CCC), nn. 355-420;
Compendium du CEC, nn.66-78

TERTULLIEN. DIRE DIEU UN ET TROIS.

18 avril, 2013

http://www.patristique.org/Tertullien-Dire-Dieu-un-et-trois.html

TERTULLIEN. DIRE DIEU UN ET TROIS.

PAR LUC FRITZ

Après avoir présenté l’homme et son œuvre, nous parlerons du montanisme, mouvement auquel Tertullien accorda sa sympathie, puis du monarchianisme qu’il combat particulièrement dans son livre Contre Praxéas. En un second temps seront exposés quelques éléments facilitant la compréhension de la théologie trinitaire de Tertullien.
Tertullien a été un polémiste brillant et redoutable. Ses écrits sont les fruits des luttes incessantes qu’il mena pour défendre les chrétiens persécutés par les autorités politiques, les catholiques agressés par les différents mouvements gnostiques, les montanistes marginalisés et condamnés par ceux qu’il appellera les psychiques (c’est-à-dire les catholiques selon lui hostiles à l’Esprit), la Trinité refusée par les adeptes des doctrines monarchiennes, etc…
Ce cours voudrait présenter quelques aspects de la théologie trinitaire de Tertullien. Celle-ci a été explicitée en réaction à Praxéas, un monarchien unitarien qui, par des manœuvres frauduleuses, avait convaincu Zéphyrin (199-217), l’évêque de Rome, de revenir sur des lettres de communion qu’il avait données aux adeptes d’un mouvement charismatique dirigé par Montan. Cette manigance avait provoqué les foudres de Tertullien déjà montaniste :
« À cette époque, en effet, l’évêque de Rome reconnaissait désormais les prophéties de Montan, Prisca et Maximilla et par suite de cette reconnaissance accordait la paix aux églises d’Asie et de Phrygie. Mais lui, ayant fait de faux rapports sur ces prophètes et sur leurs églises et invoquant les décisions de ses prédécesseurs, le contraignit à révoquer les lettres de paix déjà signées et à revenir sur son dessein de recevoir les charismes. Ainsi Praxéas s’entremit-il à Rome pour deux besognes du diable : il chassa la prophétie [le montanisme] et implanta l’hérésie [le subordinatianisme], il mit le Paraclet en fuite et le Père en croix. »
La présentation qui suit se calque d’une certaine manière sur cette réaction de Tertullien. En un premier temps, après avoir présenté l’homme et son œuvre, nous parlerons du montanisme, mouvement auquel il accorda sa sympathie, puis du monarchianisme qu’il combat particulièrement dans son livre Contre Praxéas. Le second volet du cours voudrait donner quelques éléments facilitant la compréhension de la théologie trinitaire de Tertullien.

Jésus pour les athées

11 septembre, 2012

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=3073

Milan Machovec

Jésus pour les athées

Charles Chauvin

Traduction de François Vial. Nouvelle édition augmentée de la relecture de Pierre Juquin. – Paris, Mame-Desclée, coll. « Jésus et Jésus Christ », n° 5, 2010. – (15×22,5), 320 p.

Esprit & Vie n°237 – juillet 2011, p. 54-55.

Cet ouvrage dont la réédition vient de s’effectuer quarante ans plus tard ne semble pas avoir pris une ride. Un historien marxiste, tchèque, fier de ses ancêtres, notamment de Jean Hus, nous offre une optique nouvelle sur Jésus. Sa documentation, bien que discrète, en dit long sur sa compétence, puisqu’il s’inspire d’auteurs aux noms prestigieux, comme Barth, Rahner, Schweizer et qu’il connaît l’histoire de l’exégèse depuis Reimarus et Lessing jusqu’à nos jours. Il sait faire l’économie de citations pesantes et évite même toute note de bas de page.
L’objet de son étude comprend autant la personne de Jésus que son discours. D’une part, M. Machovec réinterroge les titres de Fils de l’homme, fils de David, Messie, et de l’autre, il expose les lignes de force de son message. Ce faisant, il offre à ses lecteurs une présentation originale de l’éthique de sa pensée en soulignant la portée de sa vision eschatologique et du Royaume de Dieu, de sa doctrine de la non-violence, de la pauvreté et de la richesse, en montrant avec précision quel sens, à ses yeux, revêt, par exemple, l’enseignement du sermon sur la montagne, qu’il rapproche de façon allusive du discours d’adieu de Jésus selon Jean.
En termes fort succincts, mais très lumineux, l’auteur montre que le pardon n’a pas sa source ni dans le mépris ni dans l’orgueil, et que la réconciliation n’est pas complice de l’inimitié. L’amour du prochain n’a rien à voir avec la sentimentalité : il opère une mutation de sens, une conversion radicale : « Changer, le Règne de Dieu vient, vivez le présent. » Reprenant à frais nouveaux, l’affirmation sur la Loi juive (Mt 5,17) réinterprétée par Jésus – sans forcément assouplir la Loi mosaïque ni la vouloir plus sévère -, il la situe au-delà de la tradition légale. S’il s’en prend aux pharisiens, c’est moins au groupe historique de ses contemporains qu’à tout pharisaïsme universel qui se traduit par l’étalage de la vertu, le formalisme, le besoin d’être honoré. Il suffit à l’auteur de reprendre quelques enseignements fondamentaux de Jésus pour en montrer la pérennité et la pertinence dans l’actualité. Vivre l’instant présent et acquérir une attitude de franchise et de droiture.
Dans un de ses derniers chapitres, Machovec approfondit de façon émouvante la mission du Messie souffrant dont les futures souffrances ont une valeur morale, et dont la mort est offerte pour le Royaume, débouchant sur un bouleversement cosmique. Loin de s’en prendre aux chrétiens, l’auteur leur rappelle qu’au cours des siècles, leur fidélité à Jésus a connu bien des déviances et que le message de Jésus, ainsi relu, revu, réinterrogé, s’adresse avec insistance, autant à eux qu’aux marxistes en recherche.
Le directeur de collection, Joseph Doré, a pris l’initiative de confier à Pierre Juquin de prolonger la lecture de cet ouvrage. En quelques pages, ce pourfendeur du capitalisme se réapproprie le message de Jésus actualisé par Machovec et il en montre tout le bénéficie « spirituel » qu’il peut en tirer pour la poursuite de son combat.
Jésus pour les athées est un des dix titres de la collection « Jésus et Jésus Christ » qui a retenu le plus l’attention sur les cent ouvrages ; et le n° 101 est annoncé où sera évoquée « la cohérence d’ensemble du parcours accompli ». Nul ne peut contester que c’est une des plus importantes contributions de la recherche christologique de la dernière partie du xxe siècle.

Dieu a t-il créé à partir de rien ?

11 juillet, 2012

http://www.evangile-et-liberte.net/elements/archives/171.html

La création

par André Gounelle

Voici quelques indications sur la manière dont deux théologiens du Process, John Cobb et Lewis Ford, comprennent et expliquent la création.

Dieu a t-il créé à partir de rien ?

La théologie classique affirme la création « ex nihilo ». Selon elle, Dieu a fait surgir le monde du néant. Quand il décide de créer, il n’existe absolument rien dont il pourrait se servir; il ne dispose pas d’une « manière », de « quelque chose » qui serait là et avec quoi il lui serait possible de travailler. Là où il y avait le vide le plus complet, par la seule puissance de sa parole il fait surgir de l’être. Tout vient de lui, naît de lui, est son oeuvre.
Les théologiens du Process rejettent cette doctrine de la création « ex nihilo » pour deux raisons :
1 – Elle est contraire à ce que nous apprend la Science. Certes, l’origine de l’Univers reste très mystérieuse ; dans ce domaine, nous n’avons pas de connaissances certaines, mais seulement des hypothèses plus ou moins probables. Nous ne savons pas très bien comment est né et s.’est développé le monde. Est-il issu d’un nuage gazeux ? Est-il le résultat d’une explosion initiale (le fameux « big bang ») ? En tous cas, il semble bien qu’à l’origine,de notre monde, il y ait « quelque chose » dont il serait sorti. Il n’est pas né du vide, mais d’un état antérieur de la matière ou de l’énergie.
2 – Elle est en contradiction avec les récits bibliques. Si on lit attentivement le premier chapitre de la Génèse, on constate (v2) qu’au départ existent le « tohu-bohu » (nos versions traduisent « informe et vide »; il serait plus juste de transcrire: la terre était un « tohu-bohu » ou « un chaos »), les ténèbres, l’abîme (il s’agit en fait d’un océan), des eaux primordiales. Dieu n »est pas devant le vide ou devant le néant, mais devant un monde confus, inorganisé. C’est dans un livre deutéro-canonique, écrit vers 120 avant Jésus Christ, le second livre des Macchabées, que l’on trouve pour la première fois l’affirmation de la création « ex nihilo ». Une mère juive, dont le fils va être exécuté par des paiens, lui dit pour le consoler et le réconforter : « regarde le ciel et la terre, comptemple ce qui est en eux, et reconnais que Dieu les a créés de rien ». Par contre, aucun écrit canonique n’affirme directement et explicitement la création « ex nihilo ». Dans sa Théologie de l’ancien Testament, le savant professeur de Strasbourg, Edmond Jacob, écrit : « cetteidée est étrangère à l’Ancien Testament où Dieu se contente d’organiser la matière sans la créer » (p. 116).
Pour les Théologiens du Process la doctrine de la création « ex nihilo » doit être abandonnée. Elle n’a pour elle ni l’appui de la science, ni l’autorité de l’Ecriture. C’est une doctrine qui s’est imposée, pour des raisons philosophiques, à la chrétienté, et qui se maintient par le poids de la tradition et par la force de l’habitude sans être vraiment fondée.
Comment Dieu créé-t-il ?
Reprenons le récit de la création au début de la Genèse. Au départ existe le tohu-bohu ou le chaos. A cette réalité initiale, Dieu parle. Il lui adresse un appel, il lui propose un programme, il lui désigne un objectif : devenir lumière et ténèbre, terre et eau, végétal et animal, etc… Le chaos répond positivement à l’appel de Dieu. Petit à petit, il sort de sa confusion et de son désordre ; par étapes successives (correspondant aux « jours » du récit de la création), il s’organise et se différencie sous l’impulsion et suivant les suggestions de Dieu.
Nous constatons que dans la formation du monde trois facteurs entrent enjeu :
1 – d’abord, il y a un « donné », quelque chose qui est là, une matière initiale. La création ne se fait pas à partir de rien, mais à partir du chaos, elle utilise ce que lui apporte et transmet un passé.
2 – ensuite, une intervention de Dieu. Sans lui, sans son initiative, rien ne se passerait. Le Chaos resterait chaos. Pour que la création se fasse, il faut que Dieu se mette à parler. Sa parole fait surgir des perspectives nouvelles ; elle propose un avenir différent du passé ; elle suggère une transformation, elle pousse le chaos à devenir monde. Elle suscite une vision du futur qui aimante et mobilise le présent.
3 – enfin, la parole de Dieu doit trouver un écho, rencontrer un consentement. Il faut que ‘le présent réponde et réagisse à la parole de Dieu. L. Ford.écrit : « la parole divine réclame une écoute ; Elle demande un être, humain ou non humain, qui soit capable de répondre. Quand Dieu dit : « que la terre se couvre de verdure », nous devons comprendre que la végétation qui apparaît est la réponse de la terre à l’objectif indiqué par Dieu ». Dieu ne crée donc pas le monde tout seul. D’abord, il se sert d’une matière initiale ; ensuite, il a besoin d’une collaboration. Dieu rend possible la création du monde, mais cette création s’opère par le concours de plusieurs acteurs. Comme le dit l’apôtre Paul, « nous sommes ouvriers avec Dieu ».
Dieu crée aujourd’hui
Pour la Théologie du Process, la création n’a pas eu lieu autrefois, dans des temps reculés au commencement de l’histoire. Elle a lieu tous les jours.
En effet, les choses et les êtres ne s’arrêtent pas de bouger et d’évoluer. L’histoire amène constamment du nouveau. Rien n ‘ est stable, ni fixe ; tout se transforme. Le monde s’est formé hier, il se forme également aujourd’hui, et il continuera à se former demain. Toute réalité est en Process (d’où le nom donnée à cette théologie), c’est à dire en devenir et en mouvement
La création n’est pas achevée, elle se poursuit ; à chaque moment, Dieu nous pousse à aller de l’avant ; son dynamisme créateur nous entraîne toujours plus loin
Aussi le récit de la Genèse ne doit-il pas être compris comme une histoire qui raconterait l’origine ou les premières minutes de la, vie de l’Univers, il est plutôt une parabole qui nous montre comment, à chaque minute, Dieu agit en nous et autour de nous ; ce récit ne nous parle pas seulement d’hier, mais aussi d’aujourd’hui et de demain. A tout moment, à partir d’une situation donnée qui est l’héritage du passé, Dieu fait surgir des possibilités nouvelles, et nous suggère un avenir différent ; il nous demande dès à présent de répondre à son appel, et de nous orienter vers l’avenir qu’il nous ouvre. Dans la Bible, on trouve maints exemples de cette manière de faire. Dieu demande à Abraham de quitter la maison de son père (passé), de se mettre en route (présent) pour le pays qu’il lui montrera (avenir). Il envoie Moïse au peuple hébreu esclave en Egypte (passé) pour l’en faire sortir (présent) et le conduire vers la terre promise (futur). De même Jésus demande à ses disciples de quitter leur situation, de le suivre dans le présent, en leur annonçant,le Royaume à venir. Paul compare la vie chrétienne à une course où on oublie ce qui est en arrière, où on regarde ce qui est en avant afin d’atteindre le but.
Ce que Dieu a fait hier pour les hommes de la Bible, il le fait aujourd’hui pour nous. A chaque instant, il intervient dans notre monde et en nous même pour nous donner des impulsions novatrices et nous ouvrir des possibilités inédites. Constamment, il nous demande de dépasser l’état actuel des choses, de transformer les réalités existantes. Il nous invite à devenir de nouvelles créatures, et nous oriente vers une nouvelle création. Jamais il ne force ni ne contraint. Il ne conduit pas les événements et les êtres de manière autoritaire, comme un tyran. Mais il parle, il persuade, il attire, il encourage, il stimule. Il agit à travers les libres décisions de ceux qui se laissent convaincre et prendre par sa parole.
Création et progrès
Très souvent, dans l’histoire du christianisme, la doctrine de la création a servi à justifier le conservatisme et l’immobilisme. On disait, en effet, que puisque le monde a été créé et voulu tel qu’il est par Dieu, l’obéissance de la foi consistait à accepter ce qui est, à maintenir le statu quo. Toutes les tentatives de l’homme pour modifier l’ordre des choses apparaissent comme une révolte contre Dieu et la manifestation d’un orgueil démesuré. Il fallait être insensé pour vouloir modifier la création de Dieu, et changer quoi que ce soit dans ce monde qu’il avait voulu. La prédication chrétienne a souvent invité à la soumission, à la résignation et au conformisme au nom du Dieu créateur. Elle a favorisé une certaine passivité et même un fatalisme.
La doctrine de la création telle que la comprend la théologie du Process va dans un sens totalement opposé. Ici, en effet, ce que Dieu veut, c’est que le monde change. Il travaille à sa transformation. Il s’efforce de faire bouger les choses et de susciter du nouveau. Il ne veut pas maintenir ce qui est, mais installer ce qui n’est pas encore. L’obéissance de la foi consiste à répondre à son appel, à participer à son action, et donc à aller de l’avant, à lutter pour la nouveauté. Cobb écrit : «Dieu n’est pas celui qui sanctionne l’ordre établi… Répondre à Dieu signifie quitter la sécurité des habitudes, des coutumes, des conformismes, cela veut dire vivre pour un avenir radicalement nouveau».
Autrement dit, Dieu nous demande de nous engager pour que le monde progresse et s’améliore. La création ne parle pas de la stabilité du monde, mais de son mouvement.
Dieu dépendant
Le monde nous venons de le voir, dépend de Dieu. Sans l’action et la parole divine, il resterait à l’état de chaos : il ne se développerait pas, ni ne progresserait. Au contraire, il se dégraderait et finirait par périr. Les théologies du Process estiment que Dieu est nécessaire à la vie du monde. Selon eux, d’un point de vue rigoureusement scientifique, il est impossible d’expliquer de manière cohérente et satisfaisante l’univers sans faire intervenir Dieu. L’hypothèse «théiste» est très supérieure à l’hypothèse athée, et la science est logique appellée à postuler Dieu.
Inversement, Dieu dépend du monde. En effet, si Dieu agit, et s’il le fait avec dynamisme et puissance, il n’est cependant pas «tout-puissant». Il ne peut pas faire absolument tout ce qu’il veut ; il ne détermine pas avec une entière liberté les choses, les événements’et les êtres.
L’action de Dieu est limitée par deux sortes de facteurs
1- D’abord, par cette matière initiale que Dieu utilise au départ. Une situation donnée ne permet qu’un nombre restreint de possibilités. On ne peut pas passer directement du chaos à
l’homme ; une série d’intermédiaires est nécessaire avant que l’homme soit envisageable ; dans le récit de la Genèse la création ne se fait pas d’un coup, mais par étapes successives. De même, on ne peut pas passer de la Préhistoire au message de Jésus ; pour que l’Evangile ait quelque chance d’être entendu, il a fallu une longue préparation, celle de l’Ancien Testament. Dieu ne peut qu’agir progressivement lentement, avançant petit à petit vers son but.
2- L’action de Dieu est également liée à la réponse donnée à sa Parole. Quand on ne l’entend pas, quand on refuse ses suggestions et qu’on rejette son appel, Dieu ne peut pas imposer sa volonté par la contrainte. La seule force de Dieu est la persuasion, et sa seule arme la Parole. Il arrive que les êtres répondent négativement à ses propositions, et qu’ils ne suivent pas, ou suivent imparfaitement ses impulsions. C’est pourquoi, il y a du mal dans le monde ; il arrive contre volonté de Dieu. Cependant, malgré les refus et les pesanteurs qu’on lui oppose, Dieu ne se décourage pas, et il n’abandonne pas la partie. Il revient sans cesse, nous parle encore, tente à nouveau de nous convaincre. Il agit et agira ainsi jusqu’à ce qu’il soit entendu, jusqu’à ce que l’état du monde réponde à ses vœux. Et ainsi, avec une tendresse infinie, avec une patience à toute épreuve, non sans peines, sans difficultés et même sans échecs, Dieu nous conduit vers ce qui est son but : un univers où tous les êtres, les hommes, les animaux, les végétaux et même les minéraux connaissent le bonheur dans une totale harmonie.

André Gounelle

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