Archive pour la catégorie 'CATÉCHÈSE DU MERCREDI'

PAPE FRANÇOIS – 22. LE PREMIER SIGNE DE LA MISÉRICORDE : CANA ( JN 2,1-11 )

22 juin, 2016

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PAPE FRANÇOIS – 22. LE PREMIER SIGNE DE LA MISÉRICORDE : CANA ( JN 2,1-11 )

( Je n’ai pas la traduction pour les audiences ultérieures )

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 8 juin 2016

Chers frères et sœurs, bonjour !

Avant de commencer la catéchèse, je voudrais saluer un groupe de couples, qui célèbrent leur cinquantième anniversaire de mariage. En voilà du « bon vin » de la famille ! Votre témoignage est un témoignage que les jeunes mariés — que je saluerai après — et les jeunes en général doivent apprendre. C’est un beau témoignage. Merci pour votre témoignage. Après avoir commenté certaines paraboles de la miséricorde, nous revenons aujourd’hui sur le premier des miracles de Jésus, que l’évangéliste Jean appelle «signes», car Jésus ne les accomplit pas pour susciter l’émerveillement, mais pour révéler l’amour du Père. Le premier de ces signes prodigieux est raconté par Jean (2, 1-11) et s’accomplit à Cana de Galilée. Il s’agit d’une sorte de «portail d’entrée», dans lequel sont inscrits des mots et expressions qui éclairent le mystère tout entier du Christ et ouvrent le cœur des disciples à la foi. Voyons-en quelques-uns. Dans l’introduction, nous trouvons l’expression « Jésus avec ses disciples » (v. 2). Ceux que Jésus a appelés à sa suite, il les a liés à lui dans une communauté et à présent, comme une unique famille, ils sont tous invités aux noces. En entamant son ministère public durant les noces de Cana, Jésus se manifeste comme l’époux du peuple de Dieu, annoncé par les prophètes, et nous révèle la profondeur de la relation qui nous unit à Lui: c’est une nouvelle Alliance d’amour. Qu’y a-t-il au fondement de notre foi ? Un acte de miséricorde par lequel Jésus nous a liés à lui. Et la vie chrétienne est la réponse à cet amour, c’est comme l’histoire de deux amoureux. Dieu et l’homme se rencontrent, se cherchent, se trouvent, se célèbrent et s’aiment : précisément comme le bien-aimé et la bien-aimée dans le Cantique des Cantiques. Tout le reste se pose comme conséquence de cette relation. L’Église est la famille de Jésus dans laquelle se reverse son amour; c’est cet amour que l’Église protège et veut donner à tous. Dans le contexte de l’Alliance, l’on comprend également l’observation de la Vierge : « Ils n’ont pas de vin » (v. 3). Comment est-il possible de célébrer les noces et de faire la fête s’il manque ce que les prophètes indiquaient comme étant un élément typique du banquet messianique (cf. Am 9, 13-14 ; Jl 2, 24 ; Is 25, 6) ? L’eau est nécessaire pour vivre, mais le vin exprime l’abondance du banquet et la joie de la fête. C’est une fête de noces à laquelle il manque le vin ; les nouveaux époux éprouvent de la honte vis-à-vis de cela. Mais imaginez-vous finir une fête de noces en buvant du thé ; ce serait une honte. Le vin est nécessaire pour la fête. En transformant en vin l’eau des jarres utilisées « pour la purification rituelle des juifs » (v. 6), Jésus accomplit un signe éloquent : il transforme la Loi de Moïse en Évangile, porteur de joie. Comme le dit ailleurs Jean : « La Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (1, 17). Les paroles que Marie adresse aux serviteurs viennent couronner le cadre sponsal de Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (v. 5). C’est curieux : ce sont ses derniers mots rapportés par les Évangiles : ils sont l’héritage qu’elle nous transmet à tous. Aujourd’hui aussi, la Vierge nous dit à tous : « Tout ce qu’il vous dira — ce que Jésus vous dira — faites-le ». C’est l’héritage qu’elle nous a laissé : c’est beau ! Il s’agit d’une expression qui rappelle la formule de foi utilisée par le peuple d’Israël au Sinaï en réponse aux promesses de l’alliance : « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons ! » (Ex 19, 8). Et en effet, à Cana, les serviteurs obéissent. « Jésus leur dit : “Remplissez d’eau ces jarres”. Ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : “Puisez maintenant et portez-en au maître du repas”. Ils lui en portèrent » (vv. 7-8). Durant ces noces, une Nouvelle Alliance est vraiment stipulée et à tous les serviteurs du Seigneur, c’est-à-dire à toute l’Église, est confiée la nouvelle mission : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! ». Servir le Seigneur signifie écouter et mettre en pratique sa Parole. C’est la recommandation simple mais essentielle de la Mère de Jésus et c’est le programme de vie du chrétien. Pour chacun de nous, puiser dans la jarre équivaut à s’en remettre à la Parole de Dieu, pour faire l’expérience de son efficacité dans la vie. Alors, avec le chef du banquet qui a goûté l’eau devenue vin, nous aussi pouvons nous exclamer : « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ! » (v. 10). Oui, le Seigneur continue à réserver ce bon vin pour notre salut, de même qu’il continue à jaillir du côté transpercé du Seigneur. La conclusion du récit sonne comme une sentence : « Tel fut le premier des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (v. 11). Les noces de Cana sont beaucoup plus que le simple récit du premier miracle de Jésus. Comme un écrin, Il garde le secret de sa personne et le but de sa venue : l’Époux attendu entame les noces qui s’accomplissent dans le mystère pascal. Durant ces noces, Jésus lie à lui ses disciples par une Alliance nouvelle et définitive. À Cana, les disciples de Jésus deviennent sa famille et à Cana naît la foi de l’Église. Nous sommes tous invités à ces noces, car le vin nouveau ne manque plus !

 

BENOÎT XVI – LE «JOYAU» DU CRI DE EXULTATION

20 juin, 2016

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BENOÎT XVI – LE «JOYAU» DU CRI DE EXULTATION

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 7 décembre 2011

Chers frères et sœurs,

Les évangélistes Matthieu et Luc (cf. Mt 11, 25-30 et Lc 10, 21-22) nous ont transmis un «joyau» de la prière de Jésus qui est souvent appelé Hymne de jubilation ou Hymne de jubilation messianique. Il s’agit d’une prière de reconnaissance et de louange, comme nous l’avons entendu. Dans l’original en grec des Evangiles, le verbe par lequel commence cet hymne, et qui exprime l’attitude de Jésus s’adressant au Père, est exomologoumai, souvent traduit par «je proclame ta louange» (Mt 11, 25 et Lc 10, 21). Mais dans les écrits du Nouveau Testament, ce verbe indique principalement deux choses: la première, c’est «reconnaître jusqu’au bout» — par exemple, Jean-Baptiste demandait à qui venait à lui pour se faire baptiser de reconnaître jusqu’au bout ses péchés (cf. Mt 3, 6) —; la seconde, c’est «être d’accord». L’expression par laquelle Jésus commence sa prière contient donc le fait qu’il reconnaît jusqu’au bout, pleinement, l’agir de Dieu le Père, et en même temps, le fait d’être totalement, consciemment et joyeusement d’accord avec cette façon d’agir, avec le projet du Père. L’Hymne de jubilation est le sommet d’un chemin de prière où apparaît clairement la communion profonde et intime de Jésus avec la vie du Père dans l’Esprit Saint et où se manifeste sa filiation divine. Jésus s’adresse à Dieu en l’appelant «Père». Ce terme exprime la conscience et la certitude de Jésus d’être «le Fils», en communion intime et constante avec Lui, et c’est le point central et la source de chaque prière de Jésus. Nous le voyons clairement dans la dernière partie de l’Hymne, qui éclaire tout le texte. Jésus dit: «Tout m’a été confié par mon Père; personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler» (Lc 10, 22). Jésus affirme donc que seul «le Fils» connaît vraiment le Père. Toute connaissance entre des personnes — nous en faisons tous l’expérience dans nos relations humaines —, comporte une implication, un type de lien intérieur entre celui qui connaît et celui qui est connu, à un niveau plus ou moins profond: on ne peut connaître sans une communion de l’être. Dans l’Hymne de jubilation, comme dans toute sa prière, Jésus montre que la vraie connaissance de Dieu présuppose la communion avec lui: c’est seulement en étant en communion avec l’autre que je commence à le connaître; il en est ainsi avec Dieu aussi: c’est seulement si j’ai un vrai contact, si je suis en communion, que je peux aussi le connaître. La véritable connaissance est donc réservée au «Fils», le Fils unique qui est depuis toujours dans le sein du Père (cf. Jn 1, 18), parfaitement uni à lui. Seul le Fils connaît vraiment Dieu, en étant dans une intime communion de l’être; seul le Fils peut révéler vraiment qui est Dieu. Le nom de «Père» est suivi d’un autre titre, «Seigneur du ciel et de la terre». Par cette expression, Jésus récapitule la foi dans la création et fait résonner les premières paroles de l’Ecriture Sainte: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1). En priant, il rappelle le grand récit biblique de l’histoire d’amour de Dieu pour l’homme, qui commence par l’acte de la création. Jésus s’insère dans cette histoire d’amour, il en est le sommet et l’accomplissement. Dans son expérience de prière, l’Ecriture Sainte est éclairée et elle revit dans son ampleur la plus complète: annonce du mystère de Dieu et réponse de l’homme transformé. Mais, à travers l’expression «Seigneur du ciel et de la terre», nous pouvons aussi reconnaître comment en Jésus, le Révélateur du Père, est donnée à nouveau à l’homme la possibilité d’accéder à Dieu. Posons-nous maintenant la question: à qui le Fils veut-il révéler les mystères de Dieu? Au début de l’hymne, Jésus exprime sa joie parce que la volonté du Père est de tenir ces choses cachées aux savants et aux sages, et de les révéler aux petits (cf. Lc 10, 21). Dans cette expression de sa prière, Jésus manifeste sa communion avec la décision du Père qui révèle ses mystères à celui qui a un cœur simple: la volonté du Fils ne fait qu’un avec celle du Père. La révélation divine n’advient pas selon la logique terrestre, selon laquelle ce sont les hommes cultivés et puissants qui possèdent les connaissances importantes, et qui les transmettent aux gens plus simples, aux petits. Dieu a utilisé un tout autre style: les destinataires de sa communication ont été précisément les «petits». Telle est la volonté du Père, et le Fils la partage avec joie. Le Catéchisme de l’Eglise catholique dit: «Son tressaillement “Oui, Père!” exprime le fond de son cœur, son adhésion au “bon plaisir” du Père, en écho au “Fiat” de sa Mère lors de sa conception et en prélude à celui qu’il dira au Père dans son agonie. Toute la prière de Jésus est dans cette adhésion aimante de son cœur d’homme au “mystère de la volonté” du Père (Ep 1, 9)» (n. 2603). D’où l’invocation que nous adressons à Dieu dans le Notre Père: «Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel»: avec le Christ, et dans le Christ, nous aussi nous demandons à entrer en harmonie avec la volonté du Père, en devenant ainsi nous aussi ses enfants. Dans cet Hymne de jubilation, Jésus exprime ainsi sa volonté d’impliquer dans sa connaissance filiale de Dieu tous ceux que le Père veut y faire participer; et ceux qui accueillent ce don, ce sont les «petits». Mais que signifie «être petits», simples? Quelle est la «petitesse» qui ouvre l’homme à l’intimité filiale avec Dieu et à l’accueil de sa volonté? Quelle doit être l’attitude de fond de notre prière? Regardons le «Discours de la Montagne» dans lequel Jésus affirme: «Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu!» (Mt 5, 8). C’est la pureté de cœur qui permet de reconnaître le visage de Dieu en Jésus Christ; c’est avoir un cœur simple comme celui des enfants, sans la présomption de qui s’enferme en lui-même, pensant n’avoir besoin de personne, pas même de Dieu. Il est intéressant aussi de noter en quelle l’occasion Jésus déclame cet Hymne au Père. Dans le récit évangélique de Matthieu, c’est la joie, parce qu’en dépit des oppositions et des refus, il y a des «petits» qui accueillent sa parole et qui s’ouvrent au don de la foi en Lui. L’Hymne de jubilation est en effet précédé par le contraste entre l’éloge de Jean-Baptiste, l’un des «petits» qui ont reconnu l’action de Dieu dans le Christ Jésus (cf. Mt 11, 2-19), et le reproche pour l’incrédulité des villes du lac «où avaient eu lieu la plupart de ses miracles» (cf. Mt 11, 20-24). La jubilation est donc vue par Matthieu en relation avec les paroles par lesquelles Jésus constate l’efficacité de sa parole et de son action: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi!» (Mt 11, 4-6). Saint Luc aussi présente l’Hymne de jubilation en lien avec un moment où se développe l’annonce de l’Evangile. Jésus a envoyé les «soixante-douze disciples» (cf. Lc 10, 1) et ils sont partis avec un sentiment de peur du fait de l’échec possible de leur mission. Luc aussi souligne le refus rencontré dans les villes où le Seigneur a prêché et accompli des signes prodigieux. Mais les soixante-douze disciples rentrent remplis de joie parce que leur mission a été un succès; ils ont constaté que, par la puissance de la parole de Jésus, les maux de l’homme sont vaincus. Et Jésus partage leur satisfaction: «à cette heure même», à ce moment-là, Il exulta de joie. Il y a encore deux éléments que je voudrais souligner. L’évangéliste Luc introduit la prière avec cette remarque: «Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint» (Lc 10, 21). Jésus se réjouit en partant de l’intérieur de lui-même, de ce qu’il a de plus profond: la communion unique de connaissance et d’amour avec le Père, la plénitude de l’Esprit Saint. En nous impliquant dans sa filiation, Jésus nous invite nous aussi à nous ouvrir à la lumière de l’Esprit Saint, parce que, comme l’affirme l’apôtre Paul, «nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.… [selon] ce que Dieu veut» (Rm 8, 26-27) et nous révèle l’amour du Père. Dans l’Evangile de Matthieu, après l’Hymne de jubilation, nous trouvons l’un des appels les plus poignants de Jésus: «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos» (Mt 11, 28). Jésus demande d’aller à Lui, qui est la vraie sagesse, à Lui qui est «doux et humble de cœur»; il propose «son joug», la voie de la sagesse de l’Evangile qui n’est pas une doctrine à apprendre ni une proposition éthique, mais une Personne à suivre: Lui-même, le Fils unique en parfaite communion avec le Père. Chers frères et sœurs, nous avons goûté pendant un moment la richesse de cette prière de Jésus. Nous aussi, par le don de son Esprit, nous pouvons nous adresser à Dieu, dans la prière avec la confiance des enfants, en invoquant le nom du Père, «Abba». Mais nous devons avoir le cœur des petits, des «pauvres de cœur» (Mt 5, 3), pour reconnaître que nous ne sommes pas auto-suffisants, que nous ne pouvons pas construire notre vie tout seuls, mais que nous avons besoin de Dieu, nous avons besoin de le rencontrer, de l’écouter, de lui parler. La prière nous ouvre à la réception du don de Dieu, sa sagesse, qui est Jésus lui-même, pour accomplir la volonté du Père sur notre vie et trouver ainsi le repos dans les peines de notre chemin. Merci.

PAPE FRANÇOIS – 18. LE PÈRE MISÉRICORDIEUX ( CF. LC 15,11 À 32 )

18 mai, 2016

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PAPE FRANÇOIS – 18. LE PÈRE MISÉRICORDIEUX ( CF. LC 15,11 À 32 )

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 11 mai 2016

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, cette audience a lieu dans deux endroits : en raison du risque de pluie, les malades sont dans la salle Paul VI, et sont en liaison avec nous grâce à un écran géant : deux lieux, mais une seule audience. Saluons les malades qui sont dans la salle Paul VI. Nous voulons réfléchir aujourd’hui sur la parabole du Père miséricordieux. Celle-ci parle d’un père et de ses deux enfants, et nous fait connaître la miséricorde infinie de Dieu. Nous partons de la fin, c’est-à-dire de la joie du cœur du Père, qui dit : « Festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (vv. 23-24). Avec ces paroles, le père a interrompu son fils cadet au moment où il confessait sa faute : « Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils… » (v. 19). Mais cette expression est insupportable au cœur du père, qui, au contraire, se hâte de restituer au fils les signes de sa dignité : le beau vêtement, l’anneau, les sandales. Jésus ne décrit pas un père offensé et plein de ressentiments, un père qui dit par exemple à son fils : « Tu me le payeras » : non, le père l’embrasse, l’attend avec amour. Au contraire, la seule chose que le père a à cœur est que ce fils soit devant lui sain et sauf et cela le rend heureux et il fait la fête. L’accueil du fils qui revient est décrit de façon émouvante : « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers » (v. 20). Combien de tendresse ; il le vit de loin : qu’est-ce que cela signifie ? Que le père montait continuellement sur la terrasse pour regarder la route et voir si son fils revenait ; ce fils qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs, mais le père l’attendait. Quelle belle chose que la tendresse du père ! La miséricorde du père est débordante, inconditionnelle, et se manifeste avant même que le fils ne parle. Certes, le fils sait qu’il s’est trompé et le reconnaît : « J’ai péché… Traite-moi comme l’un de tes ouvriers » (v. 19). Mais ces paroles s’effacent devant le pardon du père. L’étreinte et le baiser de son papa lui font comprendre qu’il a toujours été considéré comme un fils, malgré tout. Cet enseignement de Jésus est important : notre condition de fils de Dieu est le fruit de l’amour du cœur du Père ; cela ne dépend pas de nos mérites ou de nos actions, et donc personne ne peut nous l’enlever, pas même le diable ! Personne ne peut nous enlever cette dignité. Cette parole de Jésus nous encourage à ne jamais désespérer. Je pense aux pères et aux mères préoccupés lorsqu’ils voient leurs enfants s’éloigner en prenant des chemins dangereux. Je pense aux curés et aux catéchistes qui se demandent parfois si leur travail a été vain. Mais je pense aussi à ceux qui sont en prison, qui ont l’impression que leur vie est finie ; à ceux qui ont fait des mauvais choix et qui ne réussissent pas à se tourner vers l’avenir ; à tous ceux qui ont soif de miséricorde et de pardon et qui croient ne pas l’avoir mérité… Dans chaque situation de vie, je ne dois pas oublier que je ne cesserai jamais d’être fils de Dieu, d’être fils d’un Père qui m’aime et qui attend mon retour. Même dans les situations les plus difficiles de la vie, Dieu m’attend, Dieu veut m’embrasser, Dieu m’attend. Dans la parabole, il y a un autre fils, l’aîné ; lui aussi a besoin de découvrir la miséricorde du père. Lui est toujours resté à la maison, mais il est si différent de son père ! Ses paroles manquent de tendresse : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres… Mais, quand ton fils que voilà est revenu… » (vv. 29-30). Nous voyons le mépris : il ne dit jamais « père », il ne dit jamais « frère », il pense seulement à lui-même, il se vante d’être resté toujours auprès de son père et de l’avoir servi ; pourtant, il n’a jamais vécu cette proximité avec joie. Et à présent, il accuse son père de ne jamais lui avoir donné un chevreau pour festoyer. Pauvre père ! Un fils s’en était allé, et l’autre n’a jamais été vraiment proche de lui ! La souffrance du père est comme la souffrance de Dieu, la souffrance de Jésus quand nous nous éloignons ou que nous partons loin ou que nous sommes proches mais sans être proches. Le fils aîné a lui aussi besoin de miséricorde. Les justes, ceux qui se croient justes, ont eux aussi besoin de miséricorde. Ce fils nous représente lorsque nous nous demandons si cela vaut la peine de faire tant d’efforts si ensuite, nous ne recevons rien en échange. Jésus nous rappelle que l’on ne reste pas dans la maison du Père pour avoir une récompense, mais parce que l’on a la dignité de fils corresponsables. Il ne s’agit pas de « marchander » avec Dieu, mais de rester à la suite de Jésus qui s’est donné lui-même sur la croix sans mesure. « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir » (v. 31). C’est ce que dit le Père au fils aîné. Sa logique est celle de la miséricorde ! Le fils cadet pensait mériter une punition à cause de ses péchés, le fils aîné s’attendait à une récompense pour ses services. Les deux frères ne se parlent pas entre eux, ils vivent des histoires différentes, mais raisonnent tous deux selon une logique étrangère à Jésus : si tu fais le bien, tu reçois une récompense, si tu fais le mal tu es puni ; et cela n’est pas la logique de Jésus, ce n’est pas cela! Cette logique est renversée par les paroles du père : « Il fallait festoyer et se réjouir; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (v. 31). Le père a retrouvé son fils perdu, et à présent il peut également le rendre à son frère ! Sans le frère cadet, le frère aîné cesse lui aussi d’être un « frère ». La joie la plus grande pour le père est de voir que ses enfants se reconnaissent frères. Les fils peuvent décider de s’unir à la joie du père ou de refuser. Ils doivent s’interroger sur leurs désirs et sur la vision qu’ils ont de la vie. La parabole se termine en laissant la fin en suspens : nous ne savons pas ce qu’a décidé de faire le fils aîné. Et cela est un encouragement pour nous. Cet Évangile nous enseigne que nous avons tous besoin d’entrer dans la maison du Père et de participer à sa joie, à sa fête de la miséricorde et de la fraternité. Frères et sœurs, ouvrons notre cœur, pour être « miséricordieux comme le Père » !

PAPE FRANÇOIS – 17. LA BREBIS PERDUE (CF. LC 15,1 À 7)

11 mai, 2016

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PAPE FRANÇOIS – 17. LA BREBIS PERDUE (CF. LC 15,1 À 7)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 4 mai 2016

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous connaissons tous l’image du Bon Pasteur qui prend sur ses épaules la brebis égarée. Depuis toujours, cette icône représente la sollicitude de Jésus envers les pécheurs et la miséricorde de Dieu qui ne se résigne pas à perdre quelqu’un. La parabole est racontée par Jésus pour faire comprendre que sa proximité à l’égard des pécheurs ne doit pas scandaliser, mais au contraire provoquer en chacun une réflexion sérieuse sur la manière dont nous vivons notre foi. Le récit voit, d’une part, les pécheurs qui s’approchent de Jésus pour l’écouter et, d’autre part, les docteurs de la loi, les scribes soupçonneux qui s’éloignent de lui en raison de ses comportements. Ils s’éloignent parce que Jésus s’approche des pécheurs. Ces derniers étaient orgueilleux, ils étaient vaniteux, ils se croyaient justes. Notre parabole se déroule autour de trois personnages : le pasteur, la brebis égarée et le reste du troupeau. Mais le seul qui agit est le pasteur, pas les brebis. Le pasteur est donc l’unique véritable protagoniste et tout dépend de lui. Une question introduit la parabole : « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et vient à en perdre une, n’abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? » (v. 4). Il s’agit d’un paradoxe qui pousse à douter de l’action du pasteur: est-il sage d’abandonner les quatre-vingt-dix-neuf brebis contre une seule ? Et qui, de plus, ne sont pas en sécurité dans une bergerie mais dans le désert ? Selon la tradition biblique, le désert est un lieu de mort où il est difficile de trouver de la nourriture et de l’eau, un lieu sans abri et en proie aux fauves et aux voleurs. Que peuvent faire quatre-vingt-dix-neuf brebis sans défense ? Le paradoxe se poursuit cependant, car il est dit que le pasteur, une fois la brebis retrouvée, « la met, tout joyeux, sur ses épaules et, de retour chez lui, il rassemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi » (v. 6). Il semble donc que le pasteur ne revienne pas dans le désert pour récupérer tout le troupeau ! Tendu vers cette unique brebis, il semble oublier les quatre-vingt-dix-neuf autres. Mais en réalité, il n’en est pas ainsi. L’enseignement que Jésus veut nous donner est plutôt qu’aucune brebis ne doit se perdre. Le Seigneur ne peut se résoudre au fait que ne serait-ce qu’une seule personne puisse se perdre. L’action de Dieu est celle de celui qui va à la recherche des enfants perdus pour ensuite faire la fête et se réjouir avec tous de leur retrouvailles. Il s’agit d’un désir irréfrénable : pas même quatre-vingt-dix-neuf brebis ne peuvent arrêter le pasteur et le garder enfermé dans la bergerie. Il pourrait raisonner ainsi : « Je fais le bilan : j’en ai quatre-vingt-dix-neuf, j’en ai perdu une, mais ce n’est pas une grande perte ». Lui, en revanche, va à la recherche de celle-ci, car chacune est très importante pour lui et celle-ci a davantage besoin, elle est la plus abandonnée, la plus délaissée ; et il va la chercher. Nous sommes tous avertis : la miséricorde envers les pécheurs est le style selon lequel Dieu agit et Il est absolument fidèle à cette miséricorde : rien ni personne ne pourra le détourner de sa volonté de salut. Dieu ne connaît pas notre culture actuelle du rebut, Dieu n’a rien avoir avec cela. Dieu ne met personne au rebut; Dieu aime tout le monde, il cherche tou

JEAN-PAUL II – («Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais»)

2 mai, 2016

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JEAN-PAUL II – («Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais»)

AUDIENCE GÉNÉRALE 

Mercredi 26 juillet 2000

Chers Frères et Sœurs,

1. «Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais». La puissante invocation d’Isaïe (63, 19), qui résume bien l’attente de Dieu présente tout d’abord dans l’histoire de l’Israël biblique, mais également dans le cœur de chaque homme, n’est pas venue du néant. Dieu le Père a franchi le seuil de sa transcendance: à travers son Fils, Jésus-Christ, il s’est mis sur les routes de l’homme et son Esprit de vie et d’amour a pénétré dans le cœur de ses créatures. Il ne nous laisse pas errer loin de ses chemins et il ne laisse pas notre cœur s’endurcir pour toujours (cf. Is 63, 17). Dans le Christ, Dieu devient proche de nous, en particulier lorsque notre «visage est triste»; alors, à la chaleur de sa parole, comme ce fut le cas pour les disciples d’Emmaüs, notre cœur commence à brûler dans notre poitrine (cf. Lc 24, 17.32). Cependant, le passage de Dieu est mystérieux et demande des yeux purs pour être découvert, et des oreilles disponibles à l’écoute. 2. Dans cette perspective, nous voulons aujourd’hui définir deux attitudes fondamentales qu’il faut mettre en relation avec Dieu-Emmanuel qui a décidé de rencontrer l’homme dans l’espace et dans le temps, ainsi que dans le secret de son cœur. La première attitude est celle de l’attente, bien illustrée dans le passage de l’Evangile de Marc que nous avons écouté (cf. Mc 13, 33-37). Dans l’original grec nous trouvons trois impératifs qui scandent cette attente. Le premier est: «Attention», littéralement: «Regardez, faites attention!». «Attention», comme le dit la parole elle-même, signifie tendre, être tendus vers une réalité de toute son âme. Il s’agit du contraire de la distraction qui, malheureusement, est notre condition presque habituelle, en particulier dans une société frénétique et superficielle comme la société contemporaine. Il est difficile de pouvoir se fixer sur un objectif, sur une valeur, et de les poursuivre avec fidélité et cohérence. Nous risquons de faire la même chose également avec Dieu, qui, en s’incarnant, est venu à nous pour devenir l’étoile polaire de notre existence. 3. A l’impératif de l’attention s’ajoute celui de «veiller», qui dans l’original grec de l’Evangile équivaut à «rester éveillé». Il existe une forte tentation de se laisser glisser dans le sommeil, enveloppés par les spirales de la nuit ténébreuse, qui dans la Bible est symbole de faute, d’inertie, de refus de la lumière. On comprend donc l’exhortation de l’Apôtre Paul: «Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres [...] tous vous êtes des fils de la lumière, des fils du jour. Nous ne sommes pas de la nuit, des ténèbres. Alors ne nous endormons pas, comme les autres, mais restons éveillés et sobres» (1 Th 5, 4-6). Ce n’est qu’en nous libérant de l’attraction obscure des ténèbres et du mal que nous réussirons à rencontrer le Père de la lumière, dans lequel «n’existe aucun changement, ni l’ombre d’une variation» (Jc 1, 17). 4. Il existe un troisième impératif répété deux fois par le même verbe grec: «Restez éveillés». C’est le verbe de la sentinelle qui doit être éveillée, alors qu’elle attend patiemment que le temps nocturne s’écoule pour voir surgir à l’horizon la lumière de l’aube. Le prophète Isaïe décrit de façon intense et vivante cette longue attente en introduisant un dialogue entre les deux sentinelles, qui devient un symbole de la juste utilisation du temps: «“Veilleur, où est la nuit? Veilleur, où en est la nuit?” Le veilleur répond: “Le matin vient puis encore la nuit. Si vous voulez interroger, interrogez! Revenez! Venez!”» (Is 21, 11-12). Il faut s’interroger, se convertir et aller à la rencontre du Seigneur. Les trois appels du Christ: «Etre attentifs, veiller, rester éveillés!» résument de façon claire l’attente chrétienne de la rencontre avec le Seigneur. L’attente doit être patiente, nous avertit saint Jacques dans son Epître: «Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’Avènement du Seigneur. Voyez le laboureur: il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu’aux pluies de la première et de l’arrière-saison. Soyez patients, vous aussi; affermissez vos cœurs, car l’Avènement du Seigneur est proche» (Jc 5, 7-8). Pour qu’un épi grandisse ou qu’une fleur éclose, il y a des délais qu’on ne peut pas accélérer; pour la naissance d’une créature humaine, il faut neuf mois; pour composer un livre ou une musique de valeur, il faut souvent employer des années de recherche patiente. C’est également la loi de l’esprit: «Tout ce qui est frénétique / sera bientôt passé», chantait un poète (R.M. Rilke, Les sonnets à Orphée). Pour rencontrer le mystère il faut  la patience, la purification intérieure, le silence, l’attente. 5. Nous parlions auparavant de deux attitudes spirituelles pour découvrir le Dieu qui vient vers nous. La deuxième — après l’attente patiente et en éveil — est celle de l’étonnement, de l’émerveillement. Il est nécessaire d’ouvrir les yeux pour admirer Dieu qui se cache et dans le même temps se montre dans les choses, et nous introduit dans les lieux du mystère. La culture technologique, et encore davantage l’immersion excessive dans les réalités matérielles, nous empêchent souvent de saisir le visage caché des choses. En réalité, chaque chose, chaque événement, pour celui qui sait les lire en profondeur, contient un message qui, en dernière analyse, conduit à Dieu. Les signes révélateurs de la présence de Dieu sont donc multiples. Mais pour ne pas qu’ils nous échappent, nous devons être purs et simples commes des enfants (cf. Mt 18, 3-4), capables d’admirer, de nous étonner, de nous émerveiller, d’être enchantés par les gestes divins d’amour et de proximité à notre égard. Dans un certain sens, on peut appliquer à la vie quotidienne ce que le Concile Vatican II affirme à propos de la réalisation du grand dessein de Dieu à travers la révélation de sa Parole: «Dieu invisible, dans son amour surabondant, s’adresse aux hommes comme à des amis et est en relation  avec eux, pour les inviter à la vie en communion avec lui et les recevoir en cette communion» (Dei Verbum, n. 2).

PAPE FRANÇOIS – 14. JE VEUX LA MISÉRICORDE ET NON LE SACRIFICE ( MT 9,13 )

27 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20160413_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 14. JE VEUX LA MISÉRICORDE ET NON LE SACRIFICE ( MT 9,13 )

(Je mets la dernière catéchèse avec la traduction en français )

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 avril 2016

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons écouté l’Évangile de l’appel de Matthieu. Matthieu était un « publicain », c’est-à-dire un percepteur d’impôts pour le compte de l’empire romain, et était considéré pour cela comme un pécheur public. Mais Jésus l’appelle à le suivre et à devenir son disciple. Matthieu accepte et il l’invite à dîner chez lui avec ses disciples. C’est alors que naît une discussion entre les pharisiens et les disciples de Jésus pour le fait que ces derniers partagent leur repas avec les publicains et les pécheurs. « Mais tu ne peux pas aller chez ces gens ! », disaient les pharisiens. Jésus, en effet, ne les éloigne pas, il fréquente même leurs maisons et s’assied à côté d’eux ; cela signifie qu’eux aussi peuvent devenir ses disciples. Et il est tout aussi vrai qu’être chrétiens ne nous rend pas sans péchés. Comme le publicain Matthieu, chacun d’entre nous s’en remet à la grâce du Seigneur en dépit de ses péchés. Nous sommes tous pécheurs, nous avons tous des péchés. En appelant Matthieu, Jésus montre aux pécheurs qu’il ne regarde pas leur passé, leur condition sociale, les conventions extérieures, mais ouvre plutôt les portes à un avenir nouveau. Un jour, j’ai entendu un beau dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé et il n’y a pas de pécheur sans avenir ». C’est ce que fait Jésus. Il n’y a pas de saint sans passé, ni de pécheur sans avenir. Il suffit de répondre à l’invitation avec le cœur humble et sincère. L’Église n’est pas une communauté de parfaits, mais de disciples en chemin, qui suivent le Seigneur car ils se reconnaissent pécheurs et ayant besoin de son pardon. La vie chrétienne est par conséquent une école d’humilité qui nous ouvre à la grâce.

Un tel comportement n’est pas compris par celui qui a la présomption de se croire « juste » et de penser être meilleur que les autres. Vanité et orgueil ne permettent pas que l’on reconnaisse avoir besoin de salut, plus encore, ils empêchent de voir le visage miséricordieux de Dieu et d’agir avec miséricorde. Ils sont un mur. La vanité et l’orgueil sont un mur qui empêchent la relation avec Dieu. Pourtant, la mission de Jésus est précisément celle-là : aller à la recherche de chacun d’entre nous, pour panser nos blessures et nous appeler à le suivre avec amour. Il le dit clairement : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades » (v. 12). Jésus se présente comme un bon médecin ! Il annonce le Royaume de Dieu, et les signes de sa venue sont évidents : Il guérit les maladies, libère de la peur, de la mort et du démon. Face à Jésus, aucun pécheur ne doit être exclu — aucun pécheur ne doit être exclu ! — car le pouvoir purificateur de Dieu ne connaît pas de maladies qui ne puissent être guéries ; et cela doit nous donner confiance et ouvrir notre cœur au Seigneur afin qu’il vienne et nous guérisse. En appelant les pécheurs à sa table, il les purifie en les rétablissant dans cette vocation qu’ils croyaient perdue et que les pharisiens ont oubliée : celle d’invités au banquet de Dieu. D’après la prophétie d’Isaïe : « Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés [...] Et on dira, en ce jour-là : Voyez, c’est notre Dieu, en lui nous espérions pour qu’il nous sauve ; c’est Yahvé, nous espérions en lui. Exultons, réjouissons-nous du salut qu’il nous a donné » (25, 6-9).

Si les pharisiens voient chez les invités uniquement des pécheurs et refusent de s’asseoir à côté d’eux, Jésus leur rappelle au contraire qu’eux aussi sont les convives de Dieu. De cette façon, s’asseoir à table avec Jésus signifie être transformés et sauvés par Lui. Dans la communauté chrétienne, la table de Jésus est double : il y a la table de la Parole et il y a la table de l’Eucharistie (cf. Dei Verbum, n. 21). Tels sont les médicaments avec lesquels le Médecin divin nous soigne et nous nourrit. Avec le premier — la Parole — Il se révèle et nous invite à un dialogue entre amis. Jésus n’avait pas peur de dialoguer avec les pécheurs, les publicains, les prostituées… Non, il n’avait pas peur: il aimait tout le monde! Sa Parole pénètre en nous et, comme un bistouri, œuvre en profondeur pour nous libérer du mal qui se niche dans notre vie. Parfois, cette Parole est douloureuse, car elle a des répercussions sur les hypocrisies, elle démasque les fausses excuses, met à nu les vérité dissimulées ; mais dans le même temps, elle illumine et purifie, procure force et espérance, c’est un reconstituant précieux sur notre chemin de foi. L’Eucharistie, pour sa part, nous nourrit de la vie de Jésus et, comme un très puissant remède, de manière mystérieuse, elle renouvelle continuellement la grâce de notre baptême. En nous approchant de l’Eucharistie, nous nous nourrissons du Corps et du Sang de Jésus, pourtant, en venant en nous, c’est Jésus qui nous unit à son Corps !

En concluant ce dialogue avec les pharisiens, Jésus leur rappelle une parole du prophète Osée (6, 6) : « Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice » (Mt 9, 13). En s’adressant au peuple d’Israël, le prophète lui adresse des reproches, car les prières qu’il élevait étaient des paroles vides et incohérentes. Malgré l’alliance de Dieu et la miséricorde, le peuple vivait souvent selon une religiosité « de façade », sans vivre en profondeur le commandement du Seigneur. Voilà pourquoi le prophète insiste : « C’est la miséricorde que je veux », c’est-à-dire la loyauté d’un cœur qui reconnaît ses propres péchés, qui se repent et recommence à être fidèle à l’alliance avec Dieu. « Et non le sacrifice » : sans un cœur repenti toute action religieuse est inefficace ! Jésus applique cette phrase prophétique également aux relations humaines: ces pharisiens étaient très religieux dans la forme, mais ils n’étaient pas disposés à partager leur table avec les publicains et les pécheurs ; ils ne reconnaissaient pas la possibilité d’un repentir et donc d’une guérison ; ils ne mettaient pas la miséricorde à la première place : bien qu’étant de fidèles gardiens de la Loi, ils démontraient qu’ils ne connaissaient pas le cœur de Dieu ! C’est comme si on t’offrait un paquet contenant un cadeau et que toi, au lieu de prendre le cadeau, tu ne t’intéresses qu’au papier dans lequel il est emballé : seulement les apparences, la forme, et pas le noyau de la grâce, du don qui est fait ! Chers frères et sœurs, nous sommes tous invités à la table du Seigneur. Faisons nôtre l’invitation à nous asseoir à côté de Lui avec ses disciples. Apprenons à regarder avec miséricorde et à reconnaître dans chacun d’eux notre hôte. Nous sommes tous des disciples qui avons besoin de faire l’expérience et de vivre de la parole consolatrice de Jésus. Nous avons tous besoin de nous nourrir de la miséricorde de Dieu, car c’est de cette source que jaillit notre salut. Merci !

PAPE FRANÇOIS – 14. JE VEUX LA MISÉRICORDE ET NON LE SACRIFICE ( MT 9,13 )

20 avril, 2016

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PAPE FRANÇOIS – 14. JE VEUX LA MISÉRICORDE ET NON LE SACRIFICE ( MT 9,13 )

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 avril 2016

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons écouté l’Évangile de l’appel de Matthieu. Matthieu était un « publicain », c’est-à-dire un percepteur d’impôts pour le compte de l’empire romain, et était considéré pour cela comme un pécheur public. Mais Jésus l’appelle à le suivre et à devenir son disciple. Matthieu accepte et il l’invite à dîner chez lui avec ses disciples. C’est alors que naît une discussion entre les pharisiens et les disciples de Jésus pour le fait que ces derniers partagent leur repas avec les publicains et les pécheurs. « Mais tu ne peux pas aller chez ces gens ! », disaient les pharisiens. Jésus, en effet, ne les éloigne pas, il fréquente même leurs maisons et s’assied à côté d’eux ; cela signifie qu’eux aussi peuvent devenir ses disciples. Et il est tout aussi vrai qu’être chrétiens ne nous rend pas sans péchés. Comme le publicain Matthieu, chacun d’entre nous s’en remet à la grâce du Seigneur en dépit de ses péchés. Nous sommes tous pécheurs, nous avons tous des péchés. En appelant Matthieu, Jésus montre aux pécheurs qu’il ne regarde pas leur passé, leur condition sociale, les conventions extérieures, mais ouvre plutôt les portes à un avenir nouveau. Un jour, j’ai entendu un beau dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé et il n’y a pas de pécheur sans avenir ». C’est ce que fait Jésus. Il n’y a pas de saint sans passé, ni de pécheur sans avenir. Il suffit de répondre à l’invitation avec le cœur humble et sincère. L’Église n’est pas une communauté de parfaits, mais de disciples en chemin, qui suivent le Seigneur car ils se reconnaissent pécheurs et ayant besoin de son pardon. La vie chrétienne est par conséquent une école d’humilité qui nous ouvre à la grâce. Un tel comportement n’est pas compris par celui qui a la présomption de se croire « juste » et de penser être meilleur que les autres. Vanité et orgueil ne permettent pas que l’on reconnaisse avoir besoin de salut, plus encore, ils empêchent de voir le visage miséricordieux de Dieu et d’agir avec miséricorde. Ils sont un mur. La vanité et l’orgueil sont un mur qui empêchent la relation avec Dieu. Pourtant, la mission de Jésus est précisément celle-là : aller à la recherche de chacun d’entre nous, pour panser nos blessures et nous appeler à le suivre avec amour. Il le dit clairement : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades » (v. 12). Jésus se présente comme un bon médecin ! Il annonce le Royaume de Dieu, et les signes de sa venue sont évidents : Il guérit les maladies, libère de la peur, de la mort et du démon. Face à Jésus, aucun pécheur ne doit être exclu — aucun pécheur ne doit être exclu ! — car le pouvoir purificateur de Dieu ne connaît pas de maladies qui ne puissent être guéries ; et cela doit nous donner confiance et ouvrir notre cœur au Seigneur afin qu’il vienne et nous guérisse. En appelant les pécheurs à sa table, il les purifie en les rétablissant dans cette vocation qu’ils croyaient perdue et que les pharisiens ont oubliée : celle d’invités au banquet de Dieu. D’après la prophétie d’Isaïe : « Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés [...] Et on dira, en ce jour-là : Voyez, c’est notre Dieu, en lui nous espérions pour qu’il nous sauve ; c’est Yahvé, nous espérions en lui. Exultons, réjouissons-nous du salut qu’il nous a donné » (25, 6-9). Si les pharisiens voient chez les invités uniquement des pécheurs et refusent de s’asseoir à côté d’eux, Jésus leur rappelle au contraire qu’eux aussi sont les convives de Dieu. De cette façon, s’asseoir à table avec Jésus signifie être transformés et sauvés par Lui. Dans la communauté chrétienne, la table de Jésus est double : il y a la table de la Parole et il y a la table de l’Eucharistie (cf. Dei Verbum, n. 21). Tels sont les médicaments avec lesquels le Médecin divin nous soigne et nous nourrit. Avec le premier — la Parole — Il se révèle et nous invite à un dialogue entre amis. Jésus n’avait pas peur de dialoguer avec les pécheurs, les publicains, les prostituées… Non, il n’avait pas peur: il aimait tout le monde! Sa Parole pénètre en nous et, comme un bistouri, œuvre en profondeur pour nous libérer du mal qui se niche dans notre vie. Parfois, cette Parole est douloureuse, car elle a des répercussions sur les hypocrisies, elle démasque les fausses excuses, met à nu les vérité dissimulées ; mais dans le même temps, elle illumine et purifie, procure force et espérance, c’est un reconstituant précieux sur notre chemin de foi. L’Eucharistie, pour sa part, nous nourrit de la vie de Jésus et, comme un très puissant remède, de manière mystérieuse, elle renouvelle continuellement la grâce de notre baptême. En nous approchant de l’Eucharistie, nous nous nourrissons du Corps et du Sang de Jésus, pourtant, en venant en nous, c’est Jésus qui nous unit à son Corps ! En concluant ce dialogue avec les pharisiens, Jésus leur rappelle une parole du prophète Osée (6, 6) : « Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice » (Mt 9, 13). En s’adressant au peuple d’Israël, le prophète lui adresse des reproches, car les prières qu’il élevait étaient des paroles vides et incohérentes. Malgré l’alliance de Dieu et la miséricorde, le peuple vivait souvent selon une religiosité « de façade », sans vivre en profondeur le commandement du Seigneur. Voilà pourquoi le prophète insiste : « C’est la miséricorde que je veux », c’est-à-dire la loyauté d’un cœur qui reconnaît ses propres péchés, qui se repent et recommence à être fidèle à l’alliance avec Dieu. « Et non le sacrifice » : sans un cœur repenti toute action religieuse est inefficace ! Jésus applique cette phrase prophétique également aux relations humaines: ces pharisiens étaient très religieux dans la forme, mais ils n’étaient pas disposés à partager leur table avec les publicains et les pécheurs ; ils ne reconnaissaient pas la possibilité d’un repentir et donc d’une guérison ; ils ne mettaient pas la miséricorde à la première place : bien qu’étant de fidèles gardiens de la Loi, ils démontraient qu’ils ne connaissaient pas le cœur de Dieu ! C’est comme si on t’offrait un paquet contenant un cadeau et que toi, au lieu de prendre le cadeau, tu ne t’intéresses qu’au papier dans lequel il est emballé : seulement les apparences, la forme, et pas le noyau de la grâce, du don qui est fait ! Chers frères et sœurs, nous sommes tous invités à la table du Seigneur. Faisons nôtre l’invitation à nous asseoir à côté de Lui avec ses disciples. Apprenons à regarder avec miséricorde et à reconnaître dans chacun d’eux notre hôte. Nous sommes tous des disciples qui avons besoin de faire l’expérience et de vivre de la parole consolatrice de Jésus. Nous avons tous besoin de nous nourrir de la miséricorde de Dieu, car c’est de cette source que jaillit notre salut. Merci !

PAPE FRANÇOIS – 13. L’EVANGILE DE LA MISÉRICORDE

13 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2016/documents/papa-francesco_20160406_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 13. L’EVANGILE DE LA MISÉRICORDE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 6 avril 2016

Chers frères et sœurs bonjour !

Après avoir réfléchi à la miséricorde de Dieu dans l’Ancien Testament, nous commençons aujourd’hui à méditer sur la façon dont Jésus lui- même l’a menée à son plein accomplissement. Une miséricorde qu’Il a toujours exprimée, mise en pratique et communiquée, à chaque moment de sa vie terrestre. En rencontrant les foules, en annonçant l’Évangile, en guérissant les malades, en s’approchant des derniers, en pardonnant les pécheurs, Jésus rend visible un amour ouvert à tous : personne n’est exclu ! Il est ouvert à tous sans limites. Un amour pur, gratuit, absolu. Un amour qui atteint son sommet dans le Sacrifice de la croix. Oui, l’Évangile est vraiment l’« Évangile de la miséricorde », car Jésus est la Miséricorde ! Les quatre Évangiles attestent du fait que Jésus, avant d’entreprendre son ministère, voulut recevoir le baptême de Jean-Baptiste (Mt 3, 13-17 ; Mc 1, 9-11; Lc 3, 21-22 ; Jn 1, 29-34). Cet événement donne une orientation décisive à toute la mission du Christ. En effet, Il ne s’est pas présenté au monde dans la splendeur du temple: il pouvait le faire. Il ne s’est pas fait annoncer en fanfare: il pouvait le faire. Et il n’est pas non plus venu dans les habits d’un juge : il pouvait le faire. Au contraire, après trente ans de vie cachée à Nazareth, Jésus s’est rendu au fleuve du Jourdain, avec de nombreuses personnes de son peuple et s’est mis dans la queue avec les pécheurs. Il n’a pas eu honte : il était là avec tout le monde, avec les pécheurs, pour se faire baptiser. Ainsi, depuis le début de son ministère, Il s’est manifesté comme le Messie qui prend en charge la condition humaine, mû par la solidarité et la compassion. Comme il l’affirme lui-même dans la synagogue de Nazareth en se présentant par la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Tout ce que Jésus a accompli après le baptême a été la réalisation du programme initial : apporter à tous l’amour de Dieu qui sauve. Jésus n’a pas apporté la haine, il n’a pas apporté l’inimitié: il nous a apporté l’amour ! Un grand amour, un cœur ouvert pour tous, pour nous tous ! Un amour qui sauve ! Il s’est fait le prochain des derniers, en leur communiquant la miséricorde de Dieu qui est pardon, joie et vie nouvelle. Jésus, le Fils envoyé par le Père, est réellement le début du temps de la miséricorde pour toute l’humanité ! Ceux qui étaient présents sur la rive du Jourdain ne comprirent pas tout de suite la portée du geste de Jésus. Jean-Baptiste lui-même s’étonna de sa décision (cf. Mt 3, 14). Mais le Père céleste, non ! Il fit entendre sa voix d’en haut : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Mc 1, 11). De cette façon, le Père confirme la voie que le Fils a entreprise en tant que Messie, tandis que descend sur lui comme une colombe l’Esprit Saint. Aussi, le cœur de Jésus bat, pour ainsi dire, à l’unisson avec le cœur du Père et de l’Esprit, montrant à tous les hommes que le salut est le fruit de la miséricorde de Dieu. Nous pouvons contempler encore plus clairement le grand mystère de cet amour en tournant notre regard vers Jésus crucifié. Alors qu’il s’apprête à mourir innocent pour nous pécheurs, Il supplie le Père : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). C’est sur la croix que Jésus présente à la miséricorde du Père le péché du monde : le péché de tous, mes péchés, tes péchés, vos péchés. Et là, sur la croix, Il les présente au Père. Et avec le péché du monde, tous nos péchés sont effacés. Rien ni personne ne demeure exclu de cette prière sacrificielle de Jésus. Cela signifie que nous ne devons pas avoir peur de nous reconnaître et de nous confesser pécheurs. Combien de fois nous disons : « Mais celui-ci est un pécheur, il a fait ceci et cela… », et nous jugeons les autres. Et toi ? Chacun de nous devrait se demander : « Oui, celui-là est un pécheur. Et moi ? ». Nous sommes tous pécheurs, mais nous sommes tous pardonnés : nous avons tous la possibilité de recevoir ce pardon qui est la miséricorde de Dieu. Nous ne devons pas craindre, donc, de nous reconnaître pécheurs, de nous confesser pécheurs, car chaque péché a été porté par le Fils sur la Croix. Et quand nous le confessons, repentis, en nous confiant à Lui, nous sommes certains d’être pardonnés. Le sacrement de la réconciliation rend actuel pour chacun la force du pardon qui jaillit de la Croix et renouvelle dans notre vie la grâce de la miséricorde que Jésus a acquise pour nous ! Nous ne devons pas craindre nos pauvretés: chacun de nous a les siennes. La puissance d’amour du Crucifié ne connaît pas d’obstacles et ne s’épuise jamais. Et cette miséricorde efface nos pauvretés. Très chers frères et sœurs, en cette année jubilaire, demandons à Dieu la grâce de faire l’expérience de la puissance de l’Évangile : Évangile de la miséricorde qui transforme, qui fait entrer dans le cœur de Dieu, qui nous rend capables de pardonner et de regarder le monde avec plus de bonté. Si nous accueillons l’Évangile du Crucifié ressuscité, toute notre vie sera façonnée par la force de son amour qui renouvelle.

PAPE FRANÇOIS – 12. LA MISÉRICORDE ANNULE LE PÉCHÉ

6 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2016/documents/papa-francesco_20160330_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 12. LA MISÉRICORDE ANNULE LE PÉCHÉ

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 30 mars 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous terminons aujourd’hui les catéchèses sur la miséricorde dans l’Ancien Testament, et nous le faisons en méditant sur le psaume 51, appelé Miserere. Il s’agit d’une prière pénitentielle dans laquelle la demande de pardon est précédée par la confession de la faute et dans laquelle la personne qui prie, se laissant purifier par l’amour du Seigneur, devient une nouvelle créature, capable d’obéissance, de fermeté d’esprit, et de louange sincère. Le «titre» que la tradition juive antique a attribué à ce psaume fait référence au roi David et à son péché avec Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite. Nous connaissons bien l’histoire. Le roi David, appelé par Dieu à paître le peuple et à le guider sur les chemins de l’obéissance à la Loi divine, trahit sa mission et, après avoir commis l’adultère avec Bethsabée, fait tuer son mari. Terrible péché! Le prophète Nathan lui révèle sa faute et l’aide à la reconnaître. C’est le moment de la réconciliation avec Dieu, dans la confession de son péché. Et ici, David a été humble, il a été grand! Celui qui prie avec ce psaume est invité à avoir les mêmes sentiments de repentir et de confiance en Dieu qu’a eus David lorsqu’il s’est ravisé et, bien qu’étant roi, il s’est humilié sans craindre de confesser sa faute et de montrer sa misère au Seigneur, convaincu toutefois de la certitude de sa miséricorde. Et ce qu’il avait fait n’était pas un petit péché, un petit mensonge: il avait commis l’adultère et un assassinat! Le psaume commence par ces paroles de supplication: «Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté; en ta grande tendresse efface mon péché. Lave-moi tout entier de mon mal et de ma faute purifie-moi» (vv 1-2). L’invocation est adressée au Dieu de miséricorde afin que, mû par un amour grand comme celui d’un père ou d’une mère, il ait pitié, c’est-à-dire qu’il accorde sa grâce, montre sa faveur avec bienveillance et compréhension. C’est un appel vibrant à Dieu, le seul qui puisse libérer du péché. Des images très plastiques sont utilisées: efface, lave-moi, rends-moi pur. Le vrai besoin de l’homme se manifeste, dans cette prière: l’unique chose dont nous avons vraiment besoin dans notre vie est celle d’être pardonnés, libérés du mal et de ses conséquences de mort. Hélas, la vie nous confronte souvent à ces situations; et dans celles-ci avant tout, nous devons avoir confiance dans la miséricorde. Dieu est plus grand que notre péché. N’oublions pas cela: Dieu est plus grand que notre péché! «Père, je ne peux pas le dire, j’en ai commis tellement et de gros!». Dieu est plus grand que tous les péchés que nous pouvons faire. Dieu est plus grand que notre péché. Nous le disons ensemble? Tous ensemble: «Dieu est plus grand que notre péché!». Encore une fois: «Dieu est plus grand que notre péché!». Une autre fois: «Dieu est plus grand que notre péché!». Et son amour est un océan dans lequel nous pouvons nous immerger sans peur d’être submergés: pardonner signifie pour Dieu nous donner la certitude qu’Il ne nous abandonne jamais. Peu importe ce que nous avons à nous reprocher, Il est encore et toujours plus grand que tout (cf. 1 Jn 3, 20), car Dieu est plus grand que notre péché. En ce sens, celui qui prie avec ce psaume recherche le pardon, confesse sa faute, mais en la reconnaissant, il célèbre la justice et la sainteté de Dieu. Et ensuite, il demande encore la grâce et la miséricorde. Le psalmiste a confiance en la bonté de Dieu, il sait que le pardon divin est éminemment efficace, car il crée ce qu’il dit. Il ne cache pas le péché, mais le détruit et l’efface; mais il l’efface précisément à la racine, pas comme on le fait à la teinturerie lorsque nous apportons un vêtement et qu’ils enlèvent la tache. Non! Dieu efface notre péché à la racine, tout! C’est pourquoi le pénitent redevient pur, toute tache est éliminée et il est alors plus blanc que la neige encore vierge. Nous tous sommes pécheurs. N’est-ce pas vrai? Si l’un d’entre vous ne se sent pas pécheur, qu’il lève la main… Personne! Nous le sommes tous. Nous pécheurs, avec le pardon, devenons des créatures nouvelles, remplies par l’esprit et pleines de joie. A présent, une nouvelle réalité commence pour nous: un nouveau cœur, un nouvel esprit, une nouvelle vie. Nous, pécheurs pardonnés, qui avons accueilli la grâce divine, nous pouvons même enseigner aux autres à ne plus pécher. «Mais Père, je suis faible, je tombe, je tombe». «Mais si tu tombes, lève-toi! Lève-toi!». Quand un enfant tombe, que fait-il? Il tend la main à sa maman, à son papa, pour qu’il l’aide à se relever. Faisons la même chose! Si tu tombes par faiblesse dans le péché, tend la main: le Seigneur la prend et t’aidera à te relever. Telle est la dignité du pardon de Dieu! La dignité que nous confère le pardon de Dieu est celle de nous relever, de nous mettre toujours debout, car Il a créé l’homme et la femme afin qu’ils soient debout. Le psalmiste dit: «Dieu, crée pour moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme. [...] Aux pécheurs j’enseignerai tes voies, à toi se rendront les égarés» (vv. 10-13). Chers frères et sœurs, le pardon de Dieu est celui dont nous avons tous besoin, il est le signe le plus grand de sa miséricorde. Un don que tout pécheur pardonné est appelé à partager avec chaque frère et sœur qu’il rencontre. Tous ceux que le Seigneur a placés à nos côtés, notre famille, les amis, les collègues, les paroissiens… Tous ont, comme nous, besoin de la miséricorde de Dieu. Il est beau d’être pardonné, mais toi aussi, si tu veux être pardonné, pardonne à ton tour. Pardonne! Que le Seigneur nous concède, par l’intercession de Marie, Mère de miséricorde, d’être les témoins de son pardon, qui purifie le cœur et transforme la vie. Merci. Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les groupes venus de Suisse, du Luxembourg, de Belgique, du Canada et de France. Dans la lumière de la résurrection rendons grâce au Seigneur de sa miséricorde envers nous. Il nous pardonne nos péchés et fait de nous des créatures nouvelles. Je vous invite à être témoins de cette bonne nouvelle tout autour de vous.

BENOÎT XVI – THOMAS APÔTRE

1 avril, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060927.html

BENOÎT XVI – THOMAS APÔTRE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 septembre 2006

Chers frères et soeurs,

Poursuivant nos rencontres avec les douze Apôtres choisis directement par Jésus, nous consacrons aujourd’hui notre attention à Thomas. Toujours présent dans les quatre listes établies par le Nouveau Testament, il est placé dans les trois premiers Evangiles, à côté de Matthieu (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15), alors que dans les Actes, il se trouve près de Philippe (cf. Ac 1, 13). Son nom dérive d’une racine juive, ta’am, qui signifie « apparié, jumeau ». En effet, l’Evangile de Jean l’appelle plusieurs fois par le surnom de « Didyme » (cf. Jn 11, 16; 20, 24; 21, 2), qui, en grec, signifie précisément « jumeau ». La raison de cette dénomination n’est pas claire. Le Quatrième Evangile, en particulier, nous offre plusieurs informations qui décrivent certains traits significatifs de sa personnalité. La première concerne l’exhortation qu’il fit aux autres Apôtres lorsque Jésus, à un moment critique de sa vie, décida de se rendre à Béthanie pour ressusciter Lazare, s’approchant ainsi dangereusement de Jérusalem (cf. Mc 10, 32). A cette occasion, Thomas dit à ses condisciples:  « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui! » (Jn 11, 16). Sa détermination à suivre le Maître est véritablement exemplaire et nous offre un précieux enseignement:  elle révèle la totale disponibilité à suivre Jésus, jusqu’à identifier son propre destin avec le sien et à vouloir partager avec Lui l’épreuve suprême de la mort. En effet, le plus important est de ne jamais se détacher de Jésus. D’ailleurs, lorsque les Evangiles utilisent le verbe « suivre » c’est pour signifier que là où Il se dirige, son disciple doit également se rendre. De cette manière, la vie chrétienne est définie comme une vie avec Jésus Christ, une vie à passer avec Lui. Saint Paul écrit quelque chose de semblable, lorsqu’il rassure les chrétiens de Corinthe de la façon suivante:  « Vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort » (2 Co 7, 3). Ce qui a lieu entre l’Apôtre et ses chrétiens doit, bien sûr, valoir tout d’abord pour la relation entre les chrétiens et Jésus lui-même:  mourir ensemble, vivre ensemble, être dans son coeur comme Il est dans le nôtre. Une deuxième intervention de Thomas apparaît lors de la Dernière Cène. A cette occasion, Jésus, prédisant son départ imminent, annonce qu’il va préparer une place à ses disciples pour qu’ils aillent eux aussi là où il se trouve; et il leur précise:  « Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14, 4). C’est alors que Thomas intervient en disant:  « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le chemin? » (Jn 14, 5). En réalité, avec cette phrase, il révèle un niveau de compréhension plutôt bas; mais ses paroles fournissent à Jésus l’occasion de prononcer la célèbre définition:  « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). C’est donc tout d’abord à Thomas que cette révélation est faite, mais elle vaut pour nous tous et pour tous les temps. Chaque fois que nous entendons ou que nous lisons ces mots, nous pouvons nous placer en pensée aux côtés de Thomas et imaginer que le Seigneur nous parle à nous aussi, comme Il lui parla. Dans le même temps, sa question nous confère à nous aussi le droit, pour ainsi dire, de demander des explications à Jésus. Souvent, nous ne le comprenons pas. Ayons le courage de dire:  je ne te comprends pas, Seigneur, écoute-moi, aide-moi à comprendre. De cette façon, avec cette franchise qui est la véritable façon de prier, de parler avec Jésus, nous exprimons la petitesse de notre capacité à comprendre et, dans le même temps, nous nous plaçons dans l’attitude confiante de celui qui attend la lumière et la force de celui qui est en mesure de les donner. Très célèbre et même proverbiale est ensuite la scène de Thomas incrédule, qui eut lieu huit jours après Pâques. Dans un premier temps, il n’avait pas cru à l’apparition de Jésus en son absence et il avait dit:  « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté; non, je ne croirai pas! » (Jn 20, 25). Au fond, ces paroles laissent apparaître la conviction que Jésus est désormais reconnaissable non pas tant par son visage que par ses plaies. Thomas considère que les signes caractéristiques de l’identité de Jésus sont à présent surtout les plaies, dans lesquelles se révèle jusqu’à quel point Il nous a aimés. En cela, l’Apôtre ne se trompe pas. Comme nous le savons, huit jours après, Jésus réapparaît parmi ses disciples, et cette fois, Thomas est présent. Jésus l’interpelle:  « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté:  cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jn 20, 27). Thomas réagit avec la plus splendide profession de foi de tout le Nouveau Testament:  « Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jn 20, 28). A ce propos, saint Augustin commente:  Thomas « voyait et touchait l’homme, mais il confessait sa foi en Dieu, qu’il ne voyait ni ne touchait. Mais ce qu’il voyait et touchait le poussait à croire en ce que, jusqu’alors, il avait douté » (In Iohann. 121, 5). L’évangéliste poursuit par une dernière parole de Jésus à Thomas:  « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jn 20, 29). Cette phrase peut également être mise au présent:  « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Quoi qu’il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour nous tous. Il est intéressant d’observer qu’un autre Thomas, le grand théologien médiéval d’Aquin, rapproche de cette formule de béatitude celle apparemment opposée qui est rapportée par Luc:  « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Lc 10, 23). Mais saint Thomas d’Aquin commente:  « Celui qui croit sans voir mérite bien davantage  que  ceux  qui  croient en voyant » (In Johann. XX lectio VI  2566). En effet, la Lettre aux Hébreux, rappelant toute la série des anciens Patriarches bibliques, qui crurent en Dieu sans voir l’accomplissement de ses promesses, définit la foi comme « le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (11, 1). Le cas de l’Apôtre Thomas est important pour nous au moins pour trois raisons:  la première, parce qu’il nous réconforte dans nos incertitudes; la deuxième, parce qu’il nous démontre que chaque doute peut déboucher sur une issue lumineuse au-delà de toute incertitude; et, enfin, parce que les paroles qu’il adresse à Jésus nous rappellent le sens véritable de la foi mûre et nous encouragent à poursuivre, malgré les difficultés, sur notre chemin d’adhésion à sa personne. Une dernière annotation sur Thomas est conservée dans le Quatrième Evangile, qui le présente comme le témoin du Ressuscité lors du moment qui suit la pêche miraculeuse sur le Lac de Tibériade (cf. Jn 21, 2). En cette occasion, il est même mentionné immédiatement après Simon-Pierre:  signe évident de la grande importance dont il jouissait au sein des premières communautés chrétiennes. En effet, c’est sous son nom que furent ensuite écrits les Actes et l’Evangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l’étude des origines chrétiennes. Rappelons enfin que, selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d’abord la Syrie et la Perse (c’est ce que réfère déjà Origène, rapporté par Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. 3, 1), se rendit ensuite jusqu’en Inde occidentale (cf. Actes de Thomas 1-2 et 17sqq), d’où il atteignit également l’Inde méridionale. Nous terminons notre réflexion dans cette perspective missionnaire, en formant le voeu que l’exemple de Thomas corrobore toujours davantage notre foi en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu.

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