Archive pour la catégorie 'CATÉCHÈSE DU MERCREDI'

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (l’espérance chrétienne)

14 décembre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161207_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS (l’espérance chrétienne)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi, 7 décembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses sur le thème de l’espérance chrétienne. C’est très important, parce que l’espérance ne déçoit pas. L’optimisme déçoit, l’espérance non! Nous en avons tant besoin, en ces temps qui paraissent obscurs, dans lesquels nous sommes parfois égarés devant le mal et la violence qui nous entourent, devant la douleur de tant de nos frères. Il faut de l’espérance! Nous nous sentons égarés et même un peu découragés, parce que nous sommes impuissants et il nous semble que cette obscurité ne finira jamais.
Mais il ne faut pas laisser l’espérance nous abandonner, parce que Dieu, avec son amour, marche avec nous. « J’espère, parce que Dieu est à mes côtés » : cela, nous pouvons tous le dire. Chacun de nous peut dire : « J’espère, j’ai de l’espérance, parce que Dieu marche à mes côtés ». Il marche et me tient par la main. Dieu ne nous laisse pas seuls. Le Seigneur Jésus a vaincu le mal et nous a ouvert la voix de la vie.
C’est pourquoi, en particulier en ce temps de l’Avent, qui est le temps de l’attente, au cours duquel nous nous préparons à accueillir une fois de plus le mystère réconfortant de l’Incarnation et la lumière de Noël, il est important de réfléchir sur l’espérance. Laissons le Seigneur nous enseigner ce que signifie espérer. Ecoutons donc les paroles de l’Ecriture Sainte, en commençant par le prophète Isaïe, le grand prophète de l’Avent, le grand messager de l’espérance.

Dans la deuxième partie de son livre, Isaïe s’adresse au peuple avec une annonce de consolation :

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu,
Parlez au cœur de Jérusalem
et criez-lui que son service est accompli,
que sa faute est expiée [...] ».
Une voix crie :
« Dans le désert, frayez le chemin de Yahvé ;
dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu.
Que toute vallée soit comblée,
toute montagne et toute colline abaissées,
que les lieux accidentés se changent en plaine
et les escarpements en large vallée ;
alors la gloire de Yahvé se révélera
et toute chair, d’un coup, la verra,
car la bouche de Yahvé a parlé » (40, 1-2.3-5).

Dieu le Père console en suscitant des consolateurs, auxquels il demande de réconforter le peuple, ses fils, en annonçant que leur épreuve est terminée, que leur douleur est finie et que leur péché a été pardonné. C’est cela qui guérit le cœur affligé et effrayé. C’est pourquoi le prophète demande de préparer la voie au Seigneur, en s’ouvrant à ses dons et à son salut.
La consolation, pour le peuple, commence avec la possibilité de marcher sur la voie de Dieu, une voie nouvelle, rendue droite et pouvant être parcourue, une voie à préparer dans le désert, afin de pouvoir le traverser et de revenir dans sa patrie. Parce que le peuple auquel le prophète s’adresse vivait la tragédie de l’exil à Babylone, et à présent, en revanche, il s’entend dire qu’il pourra retourner sur sa terre, à travers une route rendue commode et large, sans vallée ni montagne qui rendent le chemin fatigant, une route aplanie dans le désert. Préparer cette route veut donc dire préparer un chemin de salut et de libération de tout obstacle et empêchement.
L’exil avait été un moment dramatique dans l’histoire d’Israël, quand le peuple avait tout perdu. Le peuple avait perdu sa patrie, sa liberté, sa dignité, et aussi sa confiance en Dieu. Il se sentait abandonné et sans espérance. Au contraire, voici l’appel du prophète qui rouvre le cœur à la foi. Le désert est un lieu dans lequel il est difficile de vivre, mais c’est précisément là que l’on pourra à présent marcher pour retourner non seulement dans sa patrie, mais revenir à Dieu, et recommencer à espérer et à sourire. Quand nous sommes dans l’obscurité, dans les difficultés, nous n’avons pas envie de sourire, et c’est précisément l’espérance qui nous enseigne à sourire pour trouver cette route qui conduit à Dieu. L’une des premières choses qui arrivent aux personnes qui se détachent de Dieu est que ce sont des personnes sans sourire. Peut-être sont-elles capables d’éclats de rire, elles en font l’un après l’autre, une blague, un éclat de rire… Mais il manque le sourire! Seule l’espérance donne le sourire : c’est le sourire de l’espérance de trouver Dieu.
La vie est souvent un désert, il est difficile de marcher dans la vie, mais si nous nous confions à Dieu, elle peut devenir belle et large comme une autoroute. Il suffit de ne jamais perdre l’espérance, il suffit de continuer à croire, toujours, malgré tout. Quand nous trouvons devant un enfant, peut-être pouvons-nous avoir beaucoup de problèmes et de difficultés, mais nous avons en nous le sourire, parce que nous sommes face à l’espérance : un enfant est une espérance! Et ainsi, nous devons savoir voir dans la vie le chemin de l’espérance qui nous conduit à trouver Dieu, Dieu qui s’est fait Enfant pour nous. Et cela nous fera sourire, cela nous donnera tout!
Ces paroles d’Isaïe sont ensuite précisément utilisées par Jean-Baptiste dans sa prédication qui invitait à la conversion. Il disait : « Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur » (Mt 3, 3). C’est une voix qui crie là où il semble que personne ne puisse écouter — mais qui peut écouter dans le désert? —, qui crie dans l’égarement dû à la crise de la foi. Nous ne pouvons pas nier que le monde d’aujourd’hui vit une crise de la foi. On dit : « Je crois en Dieu, je suis chrétien » — « Je suis de cette religion… ». Mais ta vie est bien loin d’être chrétienne ; elle est bien loin de Dieu! La religion, la foi, est tombée dans une expression : « Est-ce que je crois? » — « Oui! ». Mais ici, il s’agit de revenir à Dieu, de convertir le cœur à Dieu et d’aller sur cette route pour le trouver. Il nous attend. Telle est la prédication de Jean-Baptiste : préparer. Préparer la rencontre avec cet Enfant qui nous redonnera le sourire. Quand Jean-Baptiste annonce la venue de Jésus, c’est comme si les Israélites étaient encore en exil, parce qu’ils sont sous la domination romaine, qui les rend étrangers dans leur propre patrie, gouvernés par des occupants puissants qui décident de leurs vies. Mais la véritable histoire n’est pas celle faite par les puissants, mais celle faite par Dieu avec ses petits. La véritable histoire — celle qui restera pour l’éternité — est celle qu’écrit Dieu avec ses petits : Dieu avec Marie, Dieu avec Jésus, Dieu avec Joseph, Dieu avec les petits. Ces petits et simples que nous trouvons autour de Jésus qui naît : Zacharie et Elisabeth, âgés et frappés par la stérilité, Marie, jeune fille vierge promise en mariage à Joseph, les pasteurs, qui étaient méprisés et qui ne comptaient pas. Ce sont les petits, rendus grands par leur foi, les petits qui savent continuer à espérer. Et l’espérance est la vertu des petits. Les grands, les satisfaits, ne connaissent pas l’espérance ; ils ne savent pas ce que c’est.
Ce sont eux, les petits avec Dieu, avec Jésus, qui transforment le désert de l’exil, de la solitude désespérée, de la souffrance, en une route aplanie sur laquelle marcher pour aller à la rencontre de la gloire du Seigneur. Et nous venons au fait : laissons-nous enseigner l’espérance. Attendons avec confiance la venue du Seigneur, et quel que soit le désert de nos vies — chacun sait dans quel désert il marche — il deviendra un jardin fleuri. L’espérance ne déçoit pas!

Frères et sœurs, nous commençons une nouvelle série de catéchèses sur le thème de l’espérance chrétienne. En ce temps de l’Avent, temps de l’attente, il est particulièrement important de réfléchir sur l’espérance. Dans son Livre, le prophète Isaïe adresse au peuple une annonce de consolation : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu ». Dieu le Père console en suscitant des consolateurs à qui il demande d’encourager le peuple. Pour cela le prophète invite à préparer le chemin du Seigneur, en s’ouvrant à ses dons de salut. La consolation commence par la possibilité de marcher sur le chemin de Dieu, un chemin à préparer dans le désert pour pouvoir retourner chez soi, un chemin de salut et de libération. Le désert est un lieu où il est difficile de vivre, mais on peut y marcher non seulement pour revenir chez soi, mais pour revenir à Dieu, espérer et sourire. La vie est souvent un désert, mais si nous nous confions à Dieu, elle peut devenir une autoroute belle et large. Il suffit de ne jamais perdre l’espérance, de continuer à croire, toujours, malgré tout. Et, comme nous le montrent ceux qui entourent Jésus à sa naissance, ce sont les petits, rendus grands par leur foi, qui savent continuer à espérer. Laissons-nous donc enseigner l’espérance, attendons avec confiance la venue du Seigneur et quel que soit le désert de nos vies, il deviendra un jardin florissant.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le collège Saint-Régis Saint-Michel, du Puy-en-Velay, et les membres du « service d’optimisation des homélies ». A la veille de la solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, demandons-lui de nous aider à marcher dans l’espérance à la rencontre de son Fils et à accueillir avec joie sa venue. Que Dieu vous bénisse!

Au cours des prochains jours seront célébrées deux importantes journées promues par les Nations unies : celle contre la corruption — le 9 décembre — et celle pour les droits humains — le 10 décembre —. Ce sont deux réalités étroitement liées : la corruption est l’aspect négatif à combattre, en commençant par la conscience personnelle et en veillant sur les domaines de la vie civile, en particulier sur ceux qui sont le plus menacés ; les droits humains sont l’aspect positif à promouvoir de façon toujours plus résolue, afin que personne ne soit exclu de la reconnaissance effective des droits fondamentaux de la personne humaine. Que le Seigneur nous soutienne dans ce double engagement.

PAPE FRANÇOIS (…prier pour les vivants et pour les morts)

8 décembre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161130_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS (…prier pour les vivants et pour les morts)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi, 30 novembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Avec la catéchèse d’aujourd’hui, nous concluons le cycle consacré à la miséricorde. Les catéchèses finissent, mais la miséricorde doit continuer! Rendons grâce au Seigneur pour tout cela et conservons-le dans notre cœur comme consolation et réconfort.
La dernière œuvre de miséricorde spirituelle demande de prier pour les vivants et pour les morts. Nous pouvons y ajouter également la dernière œuvre de miséricorde corporelle qui invite à ensevelir les morts. Cette dernière peut sembler une demande étrange ; mais dans certaines parties du monde qui vivent sous le joug de la guerre, avec des bombardements qui, jour et nuit, sèment la peur et des victimes innocentes, cette œuvre est tristement actuelle. La Bible donne un bel exemple à ce propos : celui du vieux Tobie qui, au risque de sa vie, enterrait les morts malgré l’interdiction du roi (cf. Tb 1, 17-19 ; 2, 2-4). Aujourd’hui aussi, certaines personnes risquent leur vie pour donner une sépulture aux pauvres victimes des guerres. Cette œuvre de miséricorde corporelle n’est donc pas éloignée de notre existence quotidienne. Et cela nous fait penser à ce qui a lieu le Vendredi Saint, quand la Vierge Marie, avec Jean et d’autres femmes, se tenaient auprès de la croix de Jésus. Après sa mort, vint Joseph d’Arimathie, un homme riche, membre du Sanhédrin mais devenu disciple de Jésus, et il offrit pour lui son nouveau tombeau, creusé dans la roche. Il alla personnellement voir Pilate et demanda le corps de Jésus ; une véritable œuvre de miséricorde faite avec un grand courage (cf. Mr 27, 57-60)! Pour les chrétiens, la sépulture est un acte de piété, mais également un acte de grande foi. Nous déposons dans la tombe le corps de nos proches, dans l’espoir de leur résurrection (cf. 1 Co 15, 1-34). C’est un rite qui demeure très fort et présent dans notre peuple, et qui trouve des échos particuliers en ce mois de novembre consacré notamment au souvenir et à la prière pour les défunts.
Prier pour les morts est, avant tout, un signe de reconnaissance pour le témoignage qu’ils nous ont laissé et le bien qu’il ont fait. C’est une action de grâce au Seigneur pour nous les avoir donnés et pour leur amour et leur amitié. L’Église prie pour les défunts de façon particulière au cours de la Messe. Le prêtre dit : « Souviens-toi de tes serviteurs qui nous ont précédés, marqués du signe de la foi, et qui dorment dans la paix. Pour eux et pour tous ceux qui reposent dans le Christ, nous implorons ta bonté : qu’ils entrent dans la joie, la paix et la lumière » (canon romain). Un souvenir simple, concret, chargé de signification, parce qu’il confie nos proches à la miséricorde de Dieu. Prions avec espérance chrétienne pour qu’ils soient avec Lui au paradis, dans l’attente de nous retrouver ensemble dans ce mystère d’amour que nous ne comprenons pas, mais que nous savons être vrai parce qu’il est une promesse que Jésus a faite. Nous ressusciterons tous et nous demeurerons tous pour toujours avec Jésus, avec Lui.
Le souvenir des fidèles défunts ne doit pas nous faire oublier également de prier pour les vivants qui affrontent avec nous chaque jour les épreuves de la vie. La nécessité de cette prière est encore plus évidente si nous la plaçons à la lumière de la profession de foi qui dit : « Je crois à la communion des saints ». C’est le mystère qui exprime la beauté de la miséricorde que Jésus nous a révélée. La communion des saints, en effet, indique que nous sommes tous plongés dans la vie de Dieu et que nous vivons dans son amour. Tous, vivants et morts, nous sommes dans la communion, c’est-à-dire comme une union ; unis dans la communauté de ceux qui ont reçu le baptême, et de ceux qui se sont nourris du Corps du Christ et qui font partie de la grande famille de Dieu. Nous sommes tous la même famille, unis. Et pour cela nous prions les uns pour les autres.
Combien de façons différentes y a-t-il de prier pour notre prochain! Elles sont toutes valables et agrées par Dieu si elles sont faites avec le cœur. Je pense en particulier aux mères et aux pères qui bénissent leurs enfants le matin et le soir. Il y a encore cette habitude dans certaines familles : bénir l’enfant est une prière ; je pense à la prière pour les personnes malades, quand nous allons leur rendre visite et que nous prions pour elles ; à l’intercession silencieuse, parfois avec les larmes, dans de nombreuses situations difficiles pour lesquelles il faut prier. Hier, un brave homme est venu à la Messe à Sainte-Marthe, un entrepreneur. Ce jeune homme doit fermer son usine parce qu’il ne s’en sort pas et il pleurait en disant : « Je n’ai pas le courage de laisser plus de 50 familles sans travail. Je pourrais déclarer banqueroute : je rentre chez moi avec mon argent, mais mon cœur pleurera toute la vie pour ces 50 familles ». Voilà un bon chrétien qui prie avec les œuvres : il est venu à la Messe prier pour que le Seigneur lui indique une issue, pas seulement pour lui, mais pour les 50 familles. C’est un homme qui sait prier, avec le cœur et concrètement, il sait prier pour son prochain. Il est dans une situation difficile. Et il ne cherche pas l’issue la plus facile : « Qu’ils se débrouillent ». Voilà un chrétien. Cela m’a fait tant de bien de l’écouter! Et peut-être y en a-t-il beaucoup, aujourd’hui, en ce moment où tant de gens souffrent du manque de travail ; je pense également à l’action de grâce pour une bonne nouvelle qui concerne un ami, un parent, un collègue… : « Merci, Seigneur, pour cette belle chose! », cela aussi est prier pour les autres! Rendre grâce au Seigneur quand les choses vont bien. Parfois, comme dit saint Paul, « nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26). C’est l’Esprit qui prie en nous. Ouvrons donc notre cœur, de façon à ce que l’Esprit Saint, en scrutant les désirs qui sont au plus profond de nous, puisse les purifier et les porter à leur accomplissement. Quoi qu’il en soit, pour nous et pour les autres, demandons toujours que soit faite la volonté de Dieu, comme dans le Notre Père, parce que sa volonté est assurément le bien le plus grand, le bien d’un Père qui ne nous abandonne jamais : prier et laisser l’Esprit Saint prier en nous. Et cela est beau dans la vie : prie en rendant grâce, en louant Dieu, en demandant quelque chose, en pleurant quand il y a des difficultés, comme cet homme. Mais que le cœur soit toujours ouvert à l’Esprit afin qu’il prie en nous, avec nous et pour nous.
En concluant ces catéchèses sur la miséricorde, engageons-nous à prier les uns pour les autres afin que les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle deviennent toujours plus le style de notre vie. Les catéchèses, comme je l’ai dit au début, finissent ici. Nous avons parcouru les 14 œuvres de miséricorde mais la miséricorde continue et nous devons l’exercer de ces 14 façons. Merci.

PAPE FRANÇOIS – 37. CONSEILLER ET ENSEIGNER

1 décembre, 2016

https://translate.google.it/?hl=it&tab=TT#it/fr/consigliare%20ed%20insegnare

PAPE FRANÇOIS – 37. CONSEILLER ET ENSEIGNER

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi, 23 novembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le jubilé étant fini, nous revenons aujourd’hui à la normalité, mais il reste encore quelques réflexions sur les œuvres de miséricorde, c’est pourquoi nous continuons sur ce thème.
La réflexion sur les œuvres de miséricorde spirituelle concerne aujourd’hui deux actions profondément liées entre elles : conseiller ceux qui sont dans le doute et enseigner les ignorants, c’est-à-dire ceux qui ne savent pas. La parole ignorant est trop forte, mais elle signifie ceux qui ne savent pas quelque chose et à qui il faut enseigner. Ce sont des œuvres que l’on peut vivre aussi bien dans une dimension simple, familiale, à la portée de tous, que — en particulier la deuxième, celle d’enseigner — sur un plan plus institutionnel, organisé. Pensons par exemple au nombre d’enfants qui souffrent encore d’analphabétisme. Cela n’est pas compréhensible : dans un monde où le progrès technique et scientifique est arrivé aussi loin, il y a des enfants analphabètes! C’est une injustice. Combien d’enfants souffrent du manque d’instruction. C’est une situation de grande injustice qui entache la dignité même de la personne. De plus, sans instruction, on devient facilement la proie de l’exploitation et de diverses formes de difficultés sociales.
Au cours des siècles, l’Église a ressenti l’exigence de s’engager dans le domaine de l’instruction, car sa mission d’évangéliser comporte l’engagement de rendre leur dignité aux plus pauvres. Du premier exemple d’une « école » fondée précisément ici, à Rome, par saint Justin, au IIe siècle, pour que les chrétiens connaissent mieux l’Ecriture Sainte, jusqu’à saint Joseph Calasanzio, qui ouvrit les premières écoles gratuites d’Europe, nous avons une longue liste de saints et de saintes qui, à diverses époques, ont apporté l’instruction aux plus défavorisés, sachant qu’à travers cette route, ils auraient pu dépasser la pauvreté et les discriminations. Que de chrétiens, laïcs, frères et sœurs consacrées, prêtres, ont donné leur vie pour l’instruction, pour l’éducation des enfants et des jeunes. Cela est grand : je vous invite à leur rendre hommage par un bel applaudissement [applaudissement des fidèles]. Ces pionniers de l’instruction avaient compris jusqu’au bout l’œuvre de miséricorde et en avaient fait un style de vie capable de transformer la société elle-même. A travers un travail simple et quelques structures, ils ont su rendre leur dignité à de nombreuses personnes! Et l’instruction qu’ils donnaient était souvent orientée également vers le travail. Pensons à saint Jean Bosco, qui préparait au travail de jeunes garçons des rues, à l’oratoire et ensuite dans les écoles, les bureaux. C’est ainsi que sont nées de nombreuses différents écoles professionnelles, qui formaient au travail tout en éduquant aux valeurs humaines et chrétiennes. L’instruction est donc vraiment une forme particulière d’évangélisation.
Plus l’instruction se développe et plus les personnes acquièrent des certitudes et une conscience, dont nous avons tous besoin dans la vie. Une bonne instruction nous enseigne la méthode critique, qui comprend également un certain type de doute, utile pour poser des questions et vérifier les résultats atteints, en vue d’une plus grande connaissance. Mais l’œuvre de miséricorde de conseiller ceux qui sont dans le doute ne concerne pas ce type de doute. Exprimer la miséricorde envers les personnes dans le doute revient, en revanche, à adoucir cette douleur et cette souffrance qui proviennent de la peur et de l’angoisse et qui sont les conséquences du doute. Il s’agit donc d’un véritable acte d’amour, par lequel on entend soutenir une personne dans une situation de faiblesse provoquée par l’incertitude.
Je pense que quelqu’un pourrait me demander : « Père, j’ai tellement de doutes sur la foi, que dois-je faire? » Vous n’avez jamais de doutes? ». J’en ai beaucoup… Bien sûr, à certains moments, les doutes viennent à tout le monde! Les doutes qui touchent la foi, au sens positif, sont le signe que nous voulons connaître mieux et plus à fond Dieu, Jésus et le mystère de son amour pour nous. « Mais, j’ai ce doute : je cherche, j’étudie, je réfléchis ou je demande conseil sur la façon de faire ». Ce sont les doutes qui font grandir! Il est donc bon que nous nous posions des questions sur notre foi, car de cette manière, nous sommes poussés à l’approfondir. Les doutes, quoi qu’il en soit, doivent être également dépassés. Il est nécessaire pour cela d’écouter la Parole de Dieu et de comprendre ce qu’elle nous enseigne. Un chemin important qui aide beaucoup en cela est celui de la catéchèse, à travers laquelle l’annonce de la foi vient à notre rencontre dans les aspects concrets de la vie personnelle et communautaire. Et il y a, dans le même temps, une autre voie également importante, celle de vivre le plus possible la foi. Ne faisons pas de la foi une théorie abstraite où les doutes se multiplient. Faisons plutôt de la foi notre vie. Cherchons à la pratiquer au service de nos frères, en particulier des plus indigents. Alors tant de doutes s’évanouissent, car nous sentons la présence de Dieu et la vérité de l’Évangile dans l’amour qui, sans notre mérite, demeure en nous et que nous partageons avec les autres.
Chers frères et sœurs, comme on peut le voir, ces deux œuvres de miséricorde ne sont pas éloignées elles aussi de notre vie. Chacun de nous peut s’engager à les vivre pour mettre en pratique la parole du Seigneur, quand il dit que le mystère de l’amour de Dieu n’a pas été révélé aux sages et aux intelligents, mais aux petits (cf. Lc 10, 21 ; Mt 11, 25-26). C’est pourquoi l’enseignement le plus profond que nous sommes appelés à transmettre et la certitude la plus sûre pour sortir du doute est l’amour de Dieu avec lequel nous avons été aimés (cf. 1 Jn 4, 10). Un amour grand, gratuit et donné pour toujours. Dieu ne fait jamais marche arrière avec son amour! Il va toujours de l’avant et attend ; il donne pour toujours son amour, dont nous devons ressentir avec force la responsabilité, pour en être les témoins en offrant la miséricorde à nos frères. Merci.

Frères et sœurs, la réflexion sur les œuvres de miséricorde spirituelle concerne aujourd’hui deux actions fortement liées entre elles : conseiller ceux qui sont dans le doute et enseigner les ignorants. Ainsi, au cours des siècles, l’Église s’est engagée dans le domaine de l’instruction parce que sa mission d’évangélisation comporte l’engagement de rendre leur dignité aux plus pauvres. En effet, plus l’instruction se répand, plus les personnes acquièrent des connaissances et plus il devient possible de vaincre la misère et les discriminations. Exprimer la miséricorde envers ceux qui doutent équivaut à soulager la souffrance provenant de la peur et de l’angoisse qui sont des conséquences du doute. Cette œuvre de miséricorde est donc un acte de véritable amour qui entend soutenir une personne dans la faiblesse provoquée par l’incertitude. Car, nous poser des questions même sur notre foi, doit nous pousser à l’approfondir, grâce notamment à l’écoute de la Parole de Dieu et à la catéchèse. Ne faisons pas de la foi une théorie abstraite où les doutes se multiplient. Faisons de notre foi notre vie. Cherchons à la pratiquer dans le service des frères, des plus nécessiteux. Alors beaucoup de doutes disparaîtront, parce que nous éprouverons la présence de Dieu et la vérité de l’Évangile dans l’amour qui habite en nous et que nous partageons avec les autres.
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, en particulier les malades et les porteurs de handicap de Lyon ainsi que l’institut Notre-Dame de Vie, des Philippines. Pour sortir de nos doutes, ouvrons largement nos esprits et nos cœurs à cette certitude que nous sommes aimés de Dieu et devenons-en les témoins auprès de tous, en particulier des petits et des pauvres. Que Dieu vous bénisse!

PAPE FRANÇOIS – 36. SUPPORTER PATIEMMENT LES PERSONNES ENNUYEUSES

23 novembre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161116_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 36. TORTS OURS PATIEMMENT

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 16 novembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous consacrons la catéchèse d’aujourd’hui à une œuvre de miséricorde que nous connaissons tous très bien, mais que nous ne mettons peut-être pas en pratique comme nous le devrions : supporter patiemment les personnes ennuyeuses. Nous sommes tous très forts pour identifier une présence qui peut être ennuyeuse : cela arrive quand nous rencontrons quelqu’un dans la rue, ou quand nous recevons un coup de téléphone… Nous pensons immédiatement : « Pendant combien de temps devrais-je entendre les plaintes, les bavardages, les requêtes ou les vantardises de cette personne? ». Il arrive aussi que, parfois, les personnes ennuyeuses soient celles qui sont le plus proches de nous : parmi nos parents il y en a toujours une ; sur le lieu de travail, elles ne manquent pas, et même pendant nos loisirs, nous ne sommes par épargnés. Que devons-nous faire avec les personnes ennuyeuses? Mais nous aussi, nous sommes parfois ennuyeux pour les autres. Pourquoi, parmi les œuvres de miséricorde, a-t-on également insérée celle-ci? Supporter patiemment les personnes ennuyeuses?
Dans la Bible, nous voyons que Dieu lui-même doit faire preuve de miséricorde pour supporter les plaintes de son peuple. Par exemple, dans le livre de l’Exode le peuple se révèle vraiment insupportable : tout d’abord, il pleure parce qu’il est esclave en Egypte, et Dieu le libère ; ensuite, dans le désert, il se plaint parce qu’il n’y a pas à manger (cf. 16, 3), et Dieu lui envoie les cailles et la manne (cf. 16, 13-16), mais malgré cela, les plaintes ne cessent pas. Moïse servait de médiateur entre Dieu et son peuple, et lui aussi aura été quelquefois ennuyeux pour le Seigneur. Mais Dieu a eu de la patience, et c’est pourquoi il a également enseigné à Moïse et au peuple cette dimension essentielle de la foi.
Une première question apparaît donc spontanément : ne faisons-nous jamais un examen de conscience pour voir si nous aussi, parfois, nous pouvons apparaître ennuyeux aux autres? Il est facile de montrer du doigt les défauts et les manquements des autres, mais nous devrions apprendre à nous mettre à leur place.
Regardons en particulier Jésus : quelle patience il a dû avoir au cours des trois années de sa vie publique! Une fois, alors qu’il était en chemin avec ses disciples, il fut arrêté par la mère de Jacques et de Jean, qui lui dit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume » (Mt 20, 21). Cette mère cherchait à recommander ses enfants, mais c’était une mère… Jésus s’inspire également de cette situation pour donner un enseignement fondamental : son royaume n’est pas un royaume de pouvoir, ce n’est pas un royaume de gloire comme les royaumes terrestres, mais de service et de donation aux autres. Jésus enseigne à aller toujours à l’essentiel et à regarder plus loin, pour assumer sa propre mission de manière responsable. Nous pourrions voir ici le rappel de deux autres œuvres de miséricorde spirituelle : celle d’avertir les pécheurs et celle d’enseigner les ignorants. Pensons au profond engagement dont on peut faire preuve, quand on aide les personnes à grandir dans la foi et dans la vie. Je pense, par exemple, aux catéchistes — parmi lesquels se trouvent tant de mères et tant de religieuses — qui consacrent de leur temps pour enseigner aux enfants les éléments fondamentaux de la foi. Que de travail, en particulier quand les enfants préféreraient jouer plutôt qu’écouter le catéchisme!
Accompagner dans la recherche de l’essentiel est beau et important, car cela nous fait partager la joie de goûter le sens de la vie. Il nous arrive souvent de rencontrer des personnes qui s’arrêtent sur des choses superficielles, éphémères et banales ; parfois parce qu’elles n’ont pas rencontré quelqu’un qui les a encouragées à rechercher autre chose, à apprécier les véritables trésors. Enseigner à regarder l’essentiel est une aide déterminante, en particulier à une époque comme la nôtre qui semble avoir perdu l’orientation et rechercher des satisfactions de petite envergure. Enseigner à découvrir ce que le Seigneur veut de nous et comment nous pouvons y répondre signifie nous mettre sur le chemin pour grandir dans notre propre vocation, le chemin de la vraie joie. Ainsi, les paroles de Jésus à la mère de Jacques et de Jean, et ensuite à tout le groupe des disciples, indiquent le chemin pour éviter de tomber dans l’envie, dans l’ambition, dans l’adulation, des tentations qui sont toujours aux aguets également parmi nous, les chrétiens. L’exigence de conseiller, d’avertir et d’enseigner ne doit pas nous faire sentir supérieurs aux autres, mais nous oblige tout d’abord à revenir en nous-mêmes pour nous assurer que nous sommes cohérents avec ce que nous demandons aux autres. N’oublions pas les paroles de Jésus : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas? » (Lc 6, 41). Que l’Esprit Saint nous aide à être patients pour supporter et humbles et simples pour conseiller.
Frères et sœurs, supporter patiemment les personnes ennuyeuses! C’est une œuvre de miséricorde que nous ne mettons peut-être pas en pratique comme nous le devrions! Nous pourrions faire notre examen de conscience pour savoir si nous aussi, parfois, nous ne sommes pas ennuyeux pour autrui. Il est facile de montrer du doigt les défauts et les manques des autres. Mais nous devrions apprendre à nous mettre à leur place. Regardons Jésus : quelle patience il a dû avoir au cours des trois années de sa vie publique! Deux autres œuvres de miséricorde peuvent s’y joindre : avertir les pécheurs et enseigner les ignorants. Aider les personnes à grandir dans la foi et dans la vie est un bel engagement. Accompagner dans la recherche de l’essentiel est beau et important parce que cela nous fait partager la joie de goûter le sens de la vie. Enseigner à découvrir ce que le Seigneur veut de nous et comment nous pouvons y correspondre signifie mettre sur le chemin pour grandir dans sa vocation propre, le chemin de la vraie joie. Cela ne nous rend pas supérieurs aux autres, mais nous oblige plutôt à vérifier si nous sommes cohérents avec ce que nous demandons aux autres.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins de langue française, en particulier les membres de l’Œuvre d’orient, les prêtres de l’Union apostolique du clergé et du diocèse d’Agen, avec l’évêque Mgr Herbreteau, ainsi que les pèlerins venus de France, de Belgique et de République démocratique du Congo. En cette année jubilaire qui s’achève, je vous invite à ne pas fermer les portes de la miséricorde de votre cœur, mais à être toujours plus patients, humbles et simples dans l’accueil de vos frères et de vos sœurs. Que Dieu vous bénisse!

PAPE FRANÇOIS – 35. VISITER LES MALADES ET CEUX EN PRISON

17 novembre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161109_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 35. VISITER LES MALADES ET CEUX EN PRISON

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 9 novembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

La vie de Jésus, en particulier au cours des trois années de son ministère public, a été une rencontre incessante avec les personnes. Parmi celles-ci, les malades ont occupé une place particulière. Combien de pages de l’ Évangile ont rapporté ces rencontres! Le paralytique, l’aveugle, le lépreux, le possédé par le démon, l’épileptique, et d’innombrables malades de tout type… Jésus s’est fait proche de chacun d’eux et les a guéris par sa présence et la puissance de sa force réparatrice. C’est pourquoi ne peut manquer, parmi les œuvres de miséricorde, celle de visiter et d’assister les personnes malades.
Nous pouvons également y associer celle d’être proche des personnes qui sont en prison. En effet, tant les malades que les détenus vivent une condition qui limite leur liberté. Et c’est précisément quand nous ne l’avons pas que nous nous rendons compte de combien elle est précieuse! Jésus nous a donné la possibilité d’être libres en dépit des limites de la maladie et des restrictions. Il nous offre la liberté qui provient de la rencontre avec Lui et du sens nouveau que cette rencontre apporte à notre condition personnelle.
Avec ces œuvres de miséricorde, le Seigneur nous invite à un geste de grande humanité : le partage. Rappelons-nous de ce terme : le partage. Souvent, celui qui est malade se sent seul. Nous ne pouvons nier que, surtout de nos jours, c’est précisément dans la maladie que l’on fait l’expérience la plus profonde de la solitude qui traverse une grande partie de la vie. Une visite peut faire sentir la personne malade moins seule, et un peu de compagnie est un excellent remède! Un sourire, une caresse, une poignée de main sont des gestes simples, mais tellement importants pour ceux qui sentent qu’ils sont abandonnés à eux- mêmes. Combien de personnes se consacrent à visiter les malades dans les hôpitaux ou dans leurs maisons! C’est une œuvre de bénévolat inestimable. Lorsqu’elle est accomplie au nom du Seigneur, elle devient alors également une expression éloquente et efficace de miséricorde. Ne laissons pas seules les personnes malades! N’empêchons pas qu’elles trouvent un soulagement, et que nous soyons enrichis par la proximité de celui qui souffre. Les hôpitaux sont de véritables « cathédrales de la douleur », où se rend toutefois évidente également la force de la charité qui soutient et éprouve de la compassion.
De la même façon, je pense à ceux qui sont enfermés en prison. Jésus ne les a pas non plus oubliés. En plaçant la visite aux détenus parmi les œuvres de miséricorde, il a voulu nous inviter, avant tout, à ne nous faire juges de personne. Certes, si quelqu’un est en prison, c’est parce qu’il a commis une faute, il n’a pas respecté la loi et la coexistence civile. En prison, il purge donc sa peine. Mais quoi qu’un détenu puisse avoir fait, il reste toujours aimé par Dieu. Qui peut entrer au plus profond de sa conscience pour comprendre ce qu’il éprouve? Qui peut en comprendre la douleur et le remord? Il est trop facile de se laver les mains en affirmant qu’il a commis une faute. Au contraire, un chrétien est appelé à le prendre en charge, afin que celui qui commet une faute comprenne le mal commis et se reprenne. Le manque de liberté est sans aucun doute l’une des plus grandes privations pour l’être humain. Si l’on y ajoute la dégradation en raison des conditions souvent inhumaines dans lesquelles ces personnes vivent, alors c’est véritablement dans ce cas qu’un chrétien se sent interpellé à faire tout le possible pour lui restituer la dignité.
Visiter les personnes en prison est une œuvre de miséricorde qui assume aujourd’hui avant tout une valeur particulière en raison des diverses formes de justicialisme auxquelles nous sommes soumis. Que personne ne pointe donc du doigt contre quelqu’un. Au contraire, devenons tous des instruments de miséricorde, ayant des attitudes de partage et de respect. Je pense souvent aux détenus… j’y pense souvent, je les porte dans mon cœur. Je me demande ce qui les a conduits à commettre un crime et comment ils ont pu céder aux diverses formes de mal. Pourtant, à côté de ces pensées, je sens qu’ils ont tous besoin de proximité et de tendresse, parce que la miséricorde de Dieu accomplit des prodiges. Combien de larmes ai-je vu couler sur les joues de détenus qui n’avaient sans doute jamais pleuré de leur vie ; et cela uniquement parce qu’ils se sont sentis accueillis et aimés.
Et n’oublions pas que Jésus et les apôtres ont eux aussi fait l’expérience de la prison. Dans les récits de la Passion, nous connaissons les souffrances auxquelles le Seigneur a été soumis : capturé, traîné comme un malfaiteur, tourné en dérision, fouetté, couronné d’épines… Lui, le seul Innocent! Et saint Pierre et saint André ont également été en prison (cf. Ac 12, 5 ; Ph 1, 12-17). Dimanche dernier — qui a été le dimanche du jubilé des détenus — un groupe de détenus de Padoue est venu me rendre visite dans l’après-midi. Je leur ai demandé ce qu’ils allaient faire le lendemain, avant de rentrer à Padoue. Ils m’ont dit : « Nous irons à la prison de Mamertino pour partager l’expérience de saint Paul ». C’est beau ; entendre cela m’a fait du bien. Ces détenus voulaient aller visiter Paul prisonnier. C’est une belle chose, cela m’a fait du bien. Et là aussi, en prison, ils ont prié et évangélisé. La page des Actes des apôtres qui rapporte la détention de Paul est émouvante : il se sentait seul et voulait qu’un de ses amis aille lui rendre visite (cf. 2 Tm 4, 9-15). Il se sentait seul parce que la grande majorité l’avait laissé seul… le grand Paul.
Ces œuvres de miséricorde, comme on le voit, sont anciennes, et pourtant toujours actuelles. Jésus a laissé ce qu’il faisait pour aller rendre visite à la belle-mère de Pierre ; une œuvre ancienne de charité. Jésus l’a faite. Ne tombons pas dans l’indifférence, mais devenons des instruments de la miséricorde de Dieu. Nous pouvons tous être des instruments de la miséricorde de Dieu et cela nous fera plus de bien à nous qu’aux autres parce que la miséricorde passe à travers un geste, un mot, une visite et cette miséricorde est un acte pour restituer la joie et la dignité à ceux qui les ont perdues.

PAPE FRANÇOIS – 34. Pour accueillir l’étranger et Habiller le nu

9 novembre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161026_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 34. Pour accueillir l’étranger et Habiller le nu

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 26 octobre 201

6

Abbazia delle Tre Fontane, Rome, Eglise du martyre de St Paul (très probablement)

PAPE FRANÇOIS - 34. Pour accueillir l'étranger et Habiller le nu dans CATÉCHÈSE DU MERCREDI 149_4993-1024

Chers frères et sœurs, bonour!

Nous poursuivons la réflexion sur les œuvres de miséricorde corporelle, que le Seigneur Jésus nous a indiquées pour conserver notre foi toujours vivante et dynamique. En effet, ces œuvres font apparaître de manière évidente que les chrétiens ne sont pas las et paresseux dans l’attente de la rencontre finale avec le Seigneur, mais que chaque jour, ils vont à sa rencontre, en reconnaissant son visage dans celui des nombreuses personnes qui demandent de l’aide. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur cette parole de Jésus : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu » (Mt 25, 35-36). A notre époque, l’œuvre qui concerne les étrangers est plus que jamais actuelle. La crise économique, les conflits armés et les changements climatiques poussent de nombreuses personnes à émigrer. Toutefois, les migrations ne sont pas un phénomène nouveau, mais elles appartiennent à l’histoire de l’humanité. C’est un manque de mémoire historique de penser que celles-ci n’appartiennent qu’à notre époque.
La Bible nous offre de nombreux exemples concrets de migration. Il suffit de penser à Abraham. L’appel de Dieu le pousse à quitter son pays pour aller dans un autre : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai » (Gn 12, 1). Et il en a été de même pour le peuple d’Israël, qui de l’Egypte, où il était esclave, s’en alla en marchant pendant quarante ans dans le désert jusqu’à son arrivée à la terre promise par Dieu. La Sainte-Famille elle-même — Marie, Joseph et le petit Jésus — fut obligée d’émigrer pour échapper à la menace d’Hérode : « Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode » (Mt 2, 14-15). L’histoire de l’humanité est une histoire de migrations : sous chaque latitude, il n’existe pas de peuple qui n’ait connu le phénomène migratoire.
Au cours des siècles, nous avons assisté à cet égard à de grandes expressions de solidarité, même si les tensions sociales n’ont pas manqué. Aujourd’hui, le contexte de crise économique favorise malheureusement l’apparition d’attitudes de fermeture et de refus d’accueillir. Dans certaines parties du monde s’élèvent des murs et des barrières. Il semble parfois que l’œuvre silencieuse de nombreux hommes et femmes qui, de diverses manières, se prodiguent pour aider et assister les réfugiés et les migrants soit obscurcie par la rumeur d’autres personnes qui donnent voix à un égoïsme instinctif. Mais la fermeture n’est pas une solution, elle finit même par favoriser les trafics criminels. L’unique voie pour trouver une solution est celle de la solidarité. Solidarité avec le migrant, solidarité avec l’étranger…
L’engagement des chrétiens dans ce domaine est urgent aujourd’hui comme par le passé. En regardant ne serait-ce que le siècle dernier, nous retrouvons la merveilleuse figure de sainte Francesca Cabrini, qui consacra sa vie, avec ses compagnes, aux migrants qui allaient aux Etats-Unis d’Amérique. Aujourd’hui aussi, nous avons besoin de ces témoignages pour que la miséricorde puisse rejoindre les nombreuses personnes qui sont dans le besoin. C’est un engagement qui concerne tout le monde, sans exclusion. Les diocèses, les paroisses, les instituts de vie consacrée, les associations et les mouvements, ainsi que les chrétiens individuellement; nous sommes tous appelés à accueillir nos frères et nos sœurs qui fuient la guerre, la faim, la violence et des conditions de vie inhumaines. Tous ensemble, nous sommes une grande force de soutien pour ceux qui ont perdu leur patrie, leur famille, leur travail et leur dignité. Il y a quelques jours, a eu lieu une petite histoire, métropolitaine. Il y avait un réfugié qui cherchait une rue et une dame s’est approchée et lui a dit : « Mais vous cherchez quelque chose? ». Ce réfugié n’avait pas de chaussures. Il lui a dit : « Je voudrais aller à Saint-Pierre pour passer la porte sainte ». Et cette dame a pensé : « Mais il n’a pas de chaussures, comment fera-t-il pour marcher? ». Et elle appelle un taxi. Mais ce migrant, ce réfugié sentait mauvais et le chauffeur de taxi n’avait pas envie qu’il monte, mais à la fin il l’a laissé monter sur le taxi. Et la dame, à côté de lui, lui a demandé de raconter un peu son histoire de réfugié et de migrant, pendant la durée du trajet : dix minutes pour arriver jusqu’ici. Cet homme raconta son histoire de douleur, de guerre, de faim et pourquoi il avait fui son pays pour immigrer ici. Quand ils sont arrivés, la dame a pris son sac pour payer le taxi et le chauffeur, qui au début ne voulait pas que ce migrant monte parce qu’il sentait mauvais, a dit à la dame : « Non Madame, c’est moi qui devrais vous payer parce que vous m’avez fait entendre une histoire qui a changé mon cœur ». Cette dame savait ce qu’était la douleur d’un migrant, parce qu’elle avait du sang arménien et elle connaissait la souffrance de son peuple. Quand nous faisons une chose de ce genre, au début nous refusons, parce que cela nous crée quelques désagréments, « mais… il sent mauvais… ». Mais à la fin, l’histoire parfume notre âme et nous transforme. Pensez à cette histoire et pensons à ce que nous pouvons faire pour les réfugiés.
Et l’autre chose est de vêtir ceux qui sont nus : qu’est-ce que cela veut dire, sinon restituer sa dignité à celui l’a perdue? Certainement en donnant des vêtements à qui en est privé; mais pensons également aux femmes victimes de la traite jetées dans les rues, ou aux autres façons trop nombreuses d’utiliser le corps humain comme marchandise, également des mineurs. Et ne pas avoir un travail, une maison, un salaire juste est également une forme de nudité, ou être discriminés à cause de la race, de la foi; ce sont toutes des formes de « nudités », face auxquelles, en tant que chrétiens nous sommes appelés à être attentifs, vigilants et prêts à agir.
Chers frères et sœurs, ne tombons pas dans le piège de nous refermer sur nous-mêmes, indifférents aux nécessités des nos frères et uniquement préoccupés de nos intérêts. C’est précisément dans la mesure où nous nous ouvrons aux autres que la vie devient féconde, que les sociétés retrouvent la paix et les personnes leur pleine dignité. Et n’oubliez pas cette dame, n’oubliez pas ce migrant qui sentait mauvais et n’oubliez pas le chauffeur à qui le migrant a transformé l’âme.
Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones venus de France et de Suisse, en particulier le diocèse de Paris accompagné du cardinal Vingt-Trois et de ses auxiliaires, ainsi que les nombreux diocèses de France accompagnés de leurs évêques. Je salue aussi les pèlerins de la Suisse romande. Je vous invite à ne pas tomber dans le piège de nous refermer sur nous-mêmes. C’est dans la mesure où nous nous ouvrons aux autres que notre vie devient féconde, que les sociétés retrouvent la paix et les personnes leur pleine dignité. Que Dieu vous bénisse!

 

BENOÎT XVI – ESCHATOLOGIE – L’ATTENTE DE LA PAROUSIE DANS L’ENSEIGNEMENT DE SAINT PAUL

27 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20081112.html

BENOÎT XVI – ESCHATOLOGIE – L’ATTENTE DE LA PAROUSIE DANS L’ENSEIGNEMENT DE SAINT PAUL

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 12 novembre 2008

Chers frères et sœurs,

Le thème de la résurrection, sur lequel nous nous sommes arrêtés la semaine dernière, ouvre une nouvelle perspective, celle de l’attente du retour du Seigneur, et nous conduit donc à réfléchir sur le rapport entre le temps présent, temps de l’Eglise et du Royaume du Christ, et l’avenir (éschaton) qui nous attend, lorsque le Christ remettra le Royaume au Père (cf. 1 Co 15, 24). Chaque discours chrétien sur les choses ultimes, appelé eschatologie, part toujours de l’événement de la résurrection: dans cet événement les choses ultimes sont déjà commencées et, dans un certain sens, déjà présentes.
C’est probablement en l’an 52 que Paul a écrit la première de ses lettres, la première Lettre aux Thessaloniciens, où il parle de ce retour de Jésus, appelé parousie, avent, présence nouvelle, définitive et manifeste (cf. 4, 13-18). Aux Thessaloniciens, qui ont leurs doutes et leurs problèmes, l’Apôtre écrit ainsi: « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils » (4, 14). Et il poursuit: « Les morts unis au Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur » (4, 16-17). Paul décrit la parousie du Christ avec un ton très vif et avec des images symboliques qui transmettent cependant un message simple et profond: à la fin nous serons toujours avec le Seigneur. Tel est, au-delà des images, le message essentiel: notre avenir est « être avec le Seigneur »; en tant que croyants dans notre vie nous sommes déjà avec le Seigneur; notre avenir, la vie éternelle, est déjà commencé.
Dans la deuxième Lettre aux Thessaloniciens Paul change la perspective; il parle des événements négatifs qui devront précéder l’événement final et conclusif. Il ne faut pas se laisser tromper – dit-il – comme si le jour du Seigneur était vraiment imminent, selon un calcul chronologique: « Frères, nous voulons vous demander une chose, au sujet de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui: si on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n’allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer. Ne laissez personne vous égarer d’aucune manière » (2, 1-3). La suite de ce texte annonce qu’avant l’arrivée du Seigneur il y aura l’apostasie et que devra se révéler « l’homme de l’impiété », le « fils de perdition » (2, 3), qui n’est pas mieux défini et que la tradition appellera par la suite l’antéchrist. Mais l’intention de cette lettre de saint Paul est avant tout pratique; il écrit: « Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cette consigne: si quelqu’un ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire. A ceux-la nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel: qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné » (3, 10-12). En d’autres termes, l’attente de la parousie de Jésus ne dispense pas de l’engagement dans ce monde, mais au contraire crée une responsabilité devant le Juge divin à propos de nos actions dans ce monde. C’est justement ainsi que grandit notre responsabilité de travailler dans et pour ce monde. Nous verrons la même chose dimanche prochain dans l’évangile des talents, où le Seigneur nous dit qu’il nous a confié des talents à tous et que le Juge en demandera des comptes en disant: Avez-vous porté du fruit? L’attente du retour implique donc une responsabilité pour ce monde.
La même chose et le même lien entre parousie – retour du Juge/Sauveur – et notre engagement dans notre vie apparaît dans un autre contexte et sous de nouveaux aspects dans la Lettre aux Philippiens. Paul est en prison et attend la sentence qui peut le condamner à mort. Dans cette situation il pense à sa future présence auprès du Seigneur, mais il pense aussi à la communauté de Philippes qui a besoin de son père, de Paul, et écrit: « En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux: je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c’est bien cela le meilleur; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. J’en suis fermement convaincu; je sais donc que je resterai, et que je continuerai à être avec vous tous pour votre progrès et votre joie dans la foi. Ainsi, quand je serai de retour parmi vous, vous aurez en moi un nouveau motif d’orgueil dans le Christ Jésus » (1, 21-26). Paul n’a pas peur de la mort, au contraire: elle implique en effet d’être complètement avec le Christ. Mais Paul participe également des sentiments du Christ, qui n’a pas vécu pour lui-même, mais pour nous. Vivre pour les autres devient le programme de sa vie et démontre ainsi sa disponibilité parfaite à la volonté de Dieu, à ce que Dieu décidera. Il est surtout disponible, même à l’avenir, à vivre sur cette terre pour les autres, à vivre pour le Christ, à vivre pour sa présence vivante et ainsi pour le renouveau du monde. Nous voyons que cette présence auprès du Christ crée une grande liberté intérieure: liberté devant la menace de la mort, mais liberté aussi face à tous les engagements et toutes les souffrances de la vie. Il est simplement disponible pour Dieu et réellement libre.
Et interrogeons nous à présent, après avoir examiné les différents aspects de l’attente de la parousie du Christ: quelles sont les attitudes fondamentales du chrétien face aux choses ultimes: la mort, la fin du monde? La première attitude est la certitude que Jésus est ressuscité, est avec le Père et est ainsi justement avec nous, pour toujours. Et personne n’est plus fort que le Christ, parce qu’il est avec le Père, parce qu’il est avec nous. Nous nous sentons ainsi plus sûrs, libérés de la peur. Cela était un effet essentiel de la prédication chrétienne. La peur des esprits, des divinités était répandue dans tout le monde antique. Et aujourd’hui également les missionnaires trouvent la peur des esprits, des puissance négatives qui nous menacent, mêlés à de nombreux éléments positifs des religions naturelles. Le Christ vit, a vaincu la mort et a vaincu tous ces pouvoirs. Nous vivons dans cette certitude, dans cette liberté, dans cette joie. C’est le premier aspect de notre vie concernant l’avenir.
En deuxième lieu la certitude que le Christ est avec moi. Et comme dans le Christ le monde à venir est déjà commencé, cela nous donne aussi la certitude de l’espérance. L’avenir n’est pas un trou noir dans lequel personne ne s’oriente. Il n’en est pas ainsi. Sans le Christ, l’avenir est sombre même pour le monde d’aujourd’hui, il y a une grande crainte de l’avenir. Le chrétien sait que la lumière du Christ est plus forte, aussi vit-il dans une espérance qui n’est pas vague, dans une espérance qui donne de l’assurance et du courage pour affronter l’avenir.
Enfin, la troisième attitude. Le Juge qui revient – il est juge et sauveur en même temps – nous a laissé l’engagement de vivre dans ce monde selon son mode de vie. Il nous a remis ses talents. Aussi notre troisième attitude est-elle: une responsabilité pour le monde, pour nos frères face au Christ, et en même temps également une certitude de sa miséricorde. Les deux choses sont importantes. Nous ne vivons pas comme si le bien et le mal étaient égaux, parce que Dieu seul peut être miséricordieux. Il serait trompeur de dire cela. En réalité, nous vivons dans une grande responsabilité. Nous avons nos talents, nous sommes chargés de travailler pour que ce monde s’ouvre au Christ, soit renouvelé. Mais même en travaillant et en sachant dans notre responsabilité que Dieu est un vrai juge, nous sommes également certains que ce juge est bon, nous connaissons son visage, le visage du Christ ressuscité, du Christ crucifié pour nous. Aussi pouvons-nous être sûrs de sa bonté et aller de l’avant avec un grand courage.
Un autre élément de l’enseignement paulinien concernant l’eschatologie est celui de l’universalité de l’appel à la foi, qui réunit les Juifs et les Gentils, c’est-à-dire les païens, comme signe et anticipation de la réalité future, ce qui nous permet de dire que nous siégeons déjà dans les cieux avec Jésus Christ, mais pour montrer dans les siècles futurs la richesse de la grâce (cf. Ep 2, 6sq): l’après devient un avant pour mettre en évidence l’état de début de réalisation dans lequel nous vivons. Cela rend tolérables les souffrances du moment présent, qui ne sont cependant pas comparables à la gloire future (cf. Rm 8, 18). Nous marchons dans la foi et non dans une vision, et même s’il était préférable de partir en exil du corps et d’habiter auprès du Seigneur, ce qui compte en définitive, que l’on demeure dans le corps ou que l’on en sorte, est qu’on Lui soit agréables (cf. 2 Co 5, 7-9).
Enfin, un dernier point qui peut nous paraître un peu difficile. Saint Paul en conclusion de sa première Lettre aux Corinthiens, répète et fait dire aux Corinthiens une prière née dans les premières communautés chrétiennes de la région palestinienne: Maranà, thà! qui signifie littéralement « Notre Seigneur, viens! » (16, 22). C’était la prière de la première chrétienté et le dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse, se termine lui aussi par cette prière: « Seigneur, viens! ». Pouvons-nous nous aussi prier ainsi? Il me semble que pour nous aujourd’hui, dans notre vie, dans notre monde, il est difficile de prier sincèrement pour que périsse ce monde, pour que vienne la nouvelle Jérusalem, pour que vienne le jugement dernier et le juge, le Christ. Je pense que si sincèrement nous n’osons pas prier ainsi pour de nombreux motifs, nous pouvons cependant également dire d’une manière juste et correcte, avec la première chrétienté: « Viens, Seigneur Jésus! ». Bien sûr nous ne voulons pas qu’arrive la fin du monde. Mais d’autre part, nous voulons également que se termine ce monde injuste. Nous voulons également que le monde soit fondamentalement changé, que commence la civilisation de l’amour, qu’arrive un monde de justice, de paix, sans violence, sans faim. Nous voulons tout cela: et comment cela pourrait-il arriver sans la présence du Christ? Sans la présence du Christ, un monde réellement juste et renouvelé n’arrivera jamais. Et même si d’une autre manière, totalement et en profondeur, nous pouvons et nous devons dire nous aussi, avec une grande urgence dans les circonstances de notre époque: Viens, Seigneur! Viens à ta manière, selon les manières que tu connais. Viens où règnent l’injustice et la violence. Viens dans les camps de réfugiés, au Darfour, au Nord-Kivu, dans de nombreuses parties du monde. Viens où règne la drogue. Viens également parmi ces riches qui t’ont oublié, qui vivent seulement pour eux-mêmes. Viens là où tu n’es pas connu. Viens à ta manière et renouvelle le monde d’aujourd’hui. Viens également dans nos cœurs, viens et renouvelle notre vie, viens dans notre cœur pour que nous-mêmes puissions devenir lumière de Dieu, ta présence. Prions en ce sens avec saint Paul: Maranà, thà! « Viens, Seigneur Jésus! ». Et prions pour que le Christ soit réellement présent aujourd’hui dans notre monde et le renouvelle.

PAPE FRANÇOIS -33. DAR À MANGER AUX AFFAMÉS. DONNER À BOIRE À LA SOIF (TESTE ITALIEN)

26 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161019_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS -33. DAR À MANGER AUX AFFAMÉS. DONNER À BOIRE À LA SOIF (TESTE ITALIEN)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 19 octobre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

L’une des conséquences du soit- disant « bien-être » est celle de pousser les personnes à se refermer sur elles-mêmes, les rendant insensibles aux exigences des autres. On fait tout pour les tromper, leur présentant des modèles de vie éphémères, qui disparaissent après quelques années, comme si notre vie était une mode à suivre et à changer à chaque saison. Il n’en est rien. La réalité doit être accueillie et affrontée pour ce qu’elle est et souvent, elle nous présente des situations de besoin urgent. C’est pour cela que, parmi les œuvres de miséricorde, se trouve le rappel à la faim et à la soif : donner à manger à ceux qui ont faim — ils sont si nombreux aujourd’hui — et à boire à ceux qui ont soif. Combien de fois les médias nous parlent de populations qui souffrent du manque de nourriture et d’eau, avec de graves conséquences en particulier pour les enfants.
Face à certaines nouvelles et en particulier à certaines images, l’opinion publique se sent touchée et à chaque fois, des campagnes d’aide sont lancées pour encourager la solidarité. Les dons sont généreux et de cette façon, on peut contribuer à soulager les souffrances de nombreuses personnes. Cette forme de charité est importante, mais sans doute ne nous touche-t-elle pas directement. En revanche, quand, en marchant dans la rue, nous rencontrons une personne dans le besoin, ou qu’un pauvre vient frapper à notre porte, c’est très différent, parce que je ne me trouve plus devant une image, mais nous sommes touchés en personne. Il n’y a plus aucune distance entre lui ou elle et moi, et je me sens interpellé. La pauvreté abstraite ne nous interpelle pas, mais elle nous fait réfléchir, elle nous fait nous plaindre : mais quand nous voyons la pauvreté dans la chair d’un homme, d’une femme, d’un enfant, cela nous interpelle! D’où cette habitude que nous avons de fuir devant ceux qui sont dans le besoin, de ne pas nous approcher d’eux, en masquant un peu la réalité des personnes dans le besoin avec les habitudes à la mode pour nous éloigner d’elles. Il n’y a plus aucune distance entre le pauvre et moi quand je le rencontre. Dans ces cas, quelle est ma réaction? Est-ce que je détourne le regard et je passe mon chemin? Ou bien est-ce que je m’arrête pour parler et je m’intéresse à sa situation? Et si tu fais cela, il y aura certainement quelqu’un qui dira : « Il est fou celui-là de parler à un pauvre! ». Est-ce que je vois si je peux accueillir d’une façon ou d’une autre cette personne ou est-ce que je cherche à m’en libérer le plus vite possible? Mais peut-être ne demande-t-elle que le nécessaire : quelque chose à manger et à boire. Pensons un instant : combien de fois récitons-nous le « Notre-Père » et pourtant, nous ne faisons pas véritablement attention à ces mots : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».
Dans la Bible, un Psaume dit que Dieu est celui qui « à toute chair [...] donne le pain » (136, 25). L’expérience de la faim est difficile. Ceux qui ont vécu des périodes de guerre et de famine en savent quelque chose. Pourtant, cette expérience se répète chaque jour et coexiste avec l’abondance et le gaspillage. Les paroles de l’apôtre Jacques sont toujours actuelles : « A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : “J’ai la foi”, s’il n’a pas les œuvres? La foi peut-elle le sauver? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : “Allez en paix, réchauffez-vous, rassasiez-vous”, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte » (2, 14-17), parce qu’elle est incapable d’accomplir des œuvres, de faire la charité, d’aimer. Il y a toujours quelqu’un qui a faim et soif et qui a besoin de moi. Je ne peux déléguer personne d’autre. Ce pauvre a besoin de moi, de mon aide, de mon engagement. Nous sommes tous concernés par cela.
C’est également l’enseignement de la page de l’ Évangile dans laquelle Jésus, voyant tant de gens qui le suivaient depuis des heures, demande à ses disciples : « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens? » (Jn 6, 5). Et les disciples répondent : « C’est impossible, il vaut mieux que tu les renvoies… ». En revanche, Jésus leur dit : « Non. Donnez-leur vous-mêmes à manger » (cf. Mc 14, 16). Il se fait donner les quelques pains et poissons qu’ils avaient avec eux, les bénit, les rompt et les fait distribuer à tous. C’est une leçon très importante pour nous. Il nous dit que le peu que nous avons, si nous le confions aux mains de Jésus et que nous le partageons avec foi, devient une richesse surabondante.
Le Pape Benoît XVI, dans l’encyclique Caritas in veritate, affirme : « Donner à manger aux affamés est un impératif éthique pour l’ Église universelle. [...] Le droit à l’alimentation, de même que le droit à l’eau, revêtent un rôle important pour l’acquisition d’autres droits. [...] Il est donc nécessaire que se forme une conscience solidaire qui considère l’alimentation et l’accès à l’eau comme des droits universels de tous les êtres humains, sans distinction ni discrimination » (n. 27). N’oublions pas les paroles de Jésus : « Je suis le pain de vie » (Jn 6, 35) et « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi » (Jn 7, 37). Ces paroles sont pour nous tous croyants une provocation, une provocation à reconnaître que notre relation avec Dieu, un Dieu qui a révélé en Jésus son visage de miséricorde, passe par l’acte de donner à manger à ceux qui ont faim et de donner à boire à ceux qui ont soif.
Frères et sœurs, une des conséquences de ce qu’on appelle le « bien-être » est de conduire les personnes à se replier sur soi, les rendant insensibles aux besoins d’autrui. Parmi les œuvres de miséricorde se trouve le devoir de donner à manger à celui qui a faim et à boire à celui qui a soif. Il est certes important de participer aux campagnes de solidarité qui nous sont proposées. Cependant, cette forme de charité ne nous implique pas directement, comme lorsque nous rencontrons dans la rue une personne dans le besoin ou qu’un pauvre frappe à notre porte. Quelle est alors ma réaction? Est-ce que je détourne le regard ou bien est-ce que je m’intéresse à son état et prend le temps de lui parler? Si elle n’est pas suivie par les œuvres notre foi est morte. Alors que, chaque jour, à côté de l’abondance et du gaspillage se répète l’expérience de ceux qui ont faim, nous ne pouvons pas déléguer à d’autres : ce pauvre que je rencontre a besoin de moi, de mon aide, de ma parole et de mon engagement. Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les prêtres du diocèse d’Orléans accompagnés par Mgr Jacques Blaquart, et les autres personnes venus de France, de Suisse et de Belgique.
Chers frères, le peu que nous avons, si nous le remettons dans les mains de Jésus en le partageant avec les autres avec foi, devient une richesse surabondante. Par notre générosité n’ayons pas peur d’être, pour nos frères, la révélation de la miséricorde du Père. Que Dieu vous bénisse !

PAPE FRANÇOIS – Les œuvres de miséricorde, corporelle et spirituelle (teste italien)

25 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20161012_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – Les œuvres de miséricorde, corporelle et spirituelle (teste italien)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 12 octobre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Au cours des catéchèses précédentes, nous avons pénétré petit à petit le grand mystère de la miséricorde de Dieu. Nous avons médité sur l’action du Père dans l’Ancien Testament puis, à travers les récits évangéliques, nous avons vu que Jésus, dans ses paroles et dans ses gestes, est l’incarnation de la miséricorde. A son tour, il a enseigné à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme le Père » (Lc 6, 36). Il s’agit d’un engagement qui interpelle la conscience et l’action de tout chrétien. En effet, il ne suffit pas de faire l’expérience de la miséricorde de Dieu dans sa propre vie ; il faut également que quiconque la reçoit en devienne également le signe et l’instrument pour les autres. La miséricorde, en outre, n’est pas réservée uniquement à des moments particuliers, mais embrasse toute notre existence quotidienne.
Comment, donc, pouvons-nous être témoins de miséricorde? Ne pensons pas qu’il s’agit d’accomplir de grands efforts ou des gestes surhumains. Non, ce n’est pas cela. Le Seigneur nous indique une voie beaucoup plus simple, faite de petits gestes qui ont toutefois à ses yeux une grande valeur, au point qu’il nous a dit que c’est sur eux que nous serons jugés. En effet, l’une des plus belles pages de l’Évangile de Matthieu nous rapporte l’enseignement que nous pourrions considérer en quelque sorte comme le « testament de Jésus » de la part de l’évangéliste, qui fit directement l’expérience sur lui de l’action de la miséricorde. Jésus dit que chaque fois que nous donnons à manger à ceux qui ont faim et à boire à ceux qui ont soif, que nous vêtons une personne nue et que nous accueillons un étranger, que nous visitons un malade ou un prisonnier, c’est à lui que nous le faisons (cf. Mt 25, 31-46). L’Église a appelé ces gestes « œuvres de miséricorde corporelles » , parce qu’ils portent secours aux personnes dans leurs nécessités matérielles.
Il y a toutefois aussi sept autres œuvres de miséricorde dites « spirituelles » , qui concernent d’autres exigences également importantes, surtout aujourd’hui, parce qu’elles touchent l’intimité des personnes et font souvent davantage souffrir. Nous nous souvenons tous certainement de l’une d’entre elles, qui est entrée dans le langage courant : « Supporter patiemment les personnes ennuyeuses » . Et il y en a ; il y en a des personnes ennuyeuses! Cela pourrait sembler une chose peu importante, qui nous fait sourire, mais elle contient en revanche un sentiment de profonde charité ; et il en est de même pour les six autres, qu’il est bon de rappeler : conseiller ceux qui sont dans le doute ; enseigner les ignorants ; avertir les pécheurs ; consoler les affligés ; pardonner les offenses ; prier Dieu pour les vivants et pour les morts. Ce sont des choses de tous les jours! « Mais je suis affligé… » — « Mais Dieu t’aidera, je n’ai pas le temps… » . Non! Je m’arrête, je l’écoute, je perds du temps et je le console, cela est un geste de miséricorde et cela n’est pas seulement fait à lui, c’est fait à Jésus!
Au cours des prochaines catéchèses, nous nous arrêterons sur ces œuvres, que l’Église nous présente comme la façon concrète de vivre la miséricorde. Au cours des siècles, tant de personnes simples les ont mises en pratique, apportant ainsi un authentique témoignage de la foi. D’ailleurs, l’Église, fidèle à son Seigneur, nourrit un amour préférentiel pour les plus faibles. Souvent, ce sont les personnes les plus proches de nous qui ont besoin de notre aide. Nous ne devons pas aller à la recherche de je ne sais quelle entreprise à réaliser. Il vaut mieux commencer par celles qui sont plus simples, que le Seigneur nous indique comme les plus urgentes. Dans un monde malheureusement atteint par le virus de l’indifférence, les œuvres de miséricorde sont le meilleur antidote. En effet, elles nous éduquent à l’attention envers les exigences les plus élémentaires de nos « frères plus petits » (Mt 25, 40), dans lesquels est présent Jésus. Jésus est toujours présent là. Là où il existe un besoin, une personne qui a un besoin, qu’il soit matériel ou spirituel, Jésus est là. Reconnaître son visage dans celui qui est dans le besoin est un véritable défi contre l’indifférence. Cela nous permet d’être toujours vigilants, en évitant que le Christ passe à côté de nous sans que nous le reconnaissions. La phrase de saint Augustin nous revient à l’esprit : « Timeo Iesum transeuntem » (Serm. 88, 14, 13), « J’ai peur que le Seigneur passe » et que je ne le reconnaisse pas, que le Seigneur passe devant moi dans l’une de ces personnes petites, dans le besoin, et que je ne m’aperçoive pas que c’est Jésus. J’ai peur que le Seigneur passe et que je ne le reconnaisse pas! Je me suis demandé pourquoi saint Augustin a dit de craindre le passage de Jésus. La réponse, malheureusement, réside dans nos comportements : parce que souvent, nous sommes distraits, indifférents, et quand le Seigneur passe à côté de nous nous perdons l’occasion de le rencontrer.
Les œuvres de miséricorde réveillent en nous l’exigence et la capacité de rendre la foi vivante et active à travers la charité. Je suis convaincu qu’à travers ces simples gestes quotidiens, nous pouvons accomplir une véritable révolution culturelle, comme cela a eu lieu par le passé. Si chacun de nous, chaque jour, en accomplit une, cela sera une révolution dans le monde! Mais tous, chacun de nous. Combien de saints sont rappelés aujourd’hui encore non pas en raison des grandes œuvres qu’ils ont réalisées, mais en raison de la charité qu’ils ont su transmettre! Pensons à mère Teresa, récemment canonisée ; nous ne la rappelons pas en raison des nombreuses maisons qu’elles a ouvertes dans le monde, mais parce qu’elle se penchait sur chaque personne qu’elle trouvait dans la rue pour lui redonner sa dignité. Combien d’enfants abandonnés a-t-elle serrés dans ses bras ; combien de personnes mourantes a-t-elle accompagnées au seuil de l’éternité en les tenant par la main! Ces œuvres de miséricorde sont les traits du Visage de Jésus Christ qui prend soin de ses frères plus petits pour apporter à chacun la tendresse et la proximité de Dieu. Que l’Esprit Saint nous aide, que l’Esprit Saint éveille en nous le désir de vivre avec ce style de vie : en faire au moins une chaque jour, au moins! Apprenons à nouveau par cœur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles et demandons au Seigneur de nous aider à les mettre en pratique chaque jour et au moment où nous voyons Jésus dans une personne qui est dans le besoin.
Frères et sœurs, par sa parole et par ses gestes, Jésus est l’incarnation de la miséricorde du Père envers nous. Mais il ne suffit pas de faire l’expérience de cette miséricorde dans notre vie, nous devons en être les signes et les instruments pour les autres. Il ne s’agit pas d’accomplir des actions difficiles, mais plutôt de petits gestes qui ont une grande valeur aux yeux du Seigneur. Ces œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles dont nous parlerons les prochaines fois, sont des moyens concrets de vivre la miséricorde envers les personnes les plus faibles et qui sont, le plus souvent, toutes proches de nous. Au cours des siècles ces œuvres ont été mises en pratique par beaucoup de personnes simples qui ont donné ainsi un authentique témoignage de leur foi. Véritable remède contre le virus de l’indifférence, les œuvres de miséricorde réveillent en nous l’exigence et la capacité de rendre vive et opérante notre foi par la charité.
Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerinages des diocèses de Quimper, du Havre et de Cahors accompagnés de leurs évêques, le Studium de Notre-Dame de Vie, le lycée Saint Jean Hulst de Versailles, ainsi que les pèlerins venus de Haïti, de la République démocratique du Congo et de Suisse. Chers pèlerins, par la charité qu’ils expriment, de simples gestes de miséricorde peuvent accomplir une véritable révolution culturelle dont notre monde indifférent a besoin. Laissons le Saint-Esprit allumer en nous le désir de porter aux autres la tendresse et la proximité de Dieu. Que Dieu vous bénisse!
Demain 13 octobre est célébrée la journée internationale de la prévention des catastrophes, qui propose cette année comme thème : « Réduction de la mortalité » . En effet, les catastrophes naturelles pourraient être évitées ou tout au moins limitées, car leurs effets sont souvent dus au manque de protection de l’environnement de la part de l’homme. J’encourage donc à unir les efforts de façon clairvoyante dans la protection de notre maison commune, en promouvant une culture de prévention, avec l’aide notamment des nouvelles connaissances, en réduisant les risques pour les populations les plus vulnérables.

BENOÎT XVI – TON RÈGNE EST UN RÈGNE ÉTERNEL PS 144, 14.17-18.21

11 juillet, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060208.html

BENOÎT XVI – TON RÈGNE EST UN RÈGNE ÉTERNEL PS 144, 14.17-18.21

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 8 février 2006

Ton règne est un règne éternel Lecture:  Ps 144, 14.17-18.21

1. Dans le sillage de la Liturgie qui le divise en deux parties, nous revenons sur le Psaume 144, un chant admirable en l’honneur du Seigneur, roi aimant et attentif à ses créatures. Nous voulons à présent méditer sur la deuxième des sections qui constituent le Psaume:  il s’agit des versets 14-21 qui reprennent le thème fondamental du premier mouvement de l’hymne. Dans celui-ci, on exaltait la piété, la tendresse, la fidélité et la bonté divine qui s’étendent à toute l’humanité, touchant chaque créature. A présent, le Psalmiste porte toute son attention sur l’amour que le Seigneur réserve de manière particulière au pauvre et au faible. La royauté divine n’est donc pas détachée et hautaine, comme cela peut parfois se produire dans l’exercice du pouvoir  humain.  Dieu  exprime   sa royauté en s’inclinant sur les créatures les plus fragiles et sans défense. 2. En effet, Il est tout d’abord un père qui « soutient tous ceux qui tombent » et qui relève ceux qui sont tombés dans la poussière de l’humiliation (cf.  v.  14). Les êtres vivants sont, en conséquence, tendus vers le Seigneur presque comme des mendiants affamés et Il offre, en père attentif, la nourriture qui leur est nécessaire pour vivre (cf. v. 15). A ce point, fleurit sur les lèvres de l’orant, la profession de foi dans les deux qualités divines par excellence:  la justice et la sainteté. « Le Seigneur est juste en toutes ses voies, saint dans toutes ses oeuvres » (v. 17). Il existe en hébreu  deux  adjectifs  typiques  pour illustrer l’alliance qui existe entre Dieu et son peuple:  saddiq et hasid. Ils expriment la justice qui veut sauver et libérer du mal et la fidélité qui est signe de la grandeur pleine d’amour du Seigneur. 3. Le Psalmiste se place du côté de ceux qui en bénéficient, qui sont définis par diverses expressions; en pratique, ce sont des termes qui constituent une représentation du véritable croyant. Celui-ci « invoque » le Seigneur dans une prière confiante, il le « cherche » dans la vie « avec un coeur sincère » (cf. v. 18), il « craint » son Dieu, respectant sa volonté et obéissant à sa parole (cf. v. 19), mais surtout il l’ »aime », assuré d’être accueilli sous le manteau de sa protection et de son intimité (cf. v. 20). La dernière parole du Psalmiste est, alors, celle par laquelle il avait ouvert son hymne:  c’est une invitation à louer et à bénir le Seigneur et son « nom », c’est-à-dire sa personne vivante et sainte qui oeuvre et apporte le salut dans le monde et dans l’histoire. Plus encore, son appel est un appel à faire en sorte qu’à la louange orante du fidèle s’associe chaque créature marquée par le don de la vie:  « Son nom très saint, que toute chair le bénisse toujours et à jamais! » (v. 21). C’est une sorte de chant éternel qui doit s’élever de la terre au ciel, c’est la célébration communautaire de l’amour universel de Dieu, source de paix, de joie et de salut. 4. Pour conclure notre réflexion, revenons sur ce doux verset qui dit:  « Il [le Seigneur] est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité » (v. 18). Cette phrase était particulièrement chère à Barsanuphe de Gaza, un ascète mort autour de la moitié du VI siècle, souvent interpellé par des moines, des ecclésiastiques et des laïcs pour la sagesse de son discernement. C’est ainsi, par exemple, qu’à un disciple qui exprimait le désir « de rechercher les causes des diverses tentations qui l’avaient assailli », Barsanuphe répondait:  « Frère Jean, ne crains rien des tentations qui sont apparues contre toi pour te mettre à l’épreuve, car le Seigneur ne te laisse pas en proie à celles-ci. Lorsque l’une de ces tentations te vient, ne prends donc pas la peine d’examiner ce dont il s’agit, mais crie le nom de Jésus:  « Jésus, aide-moi ». Et il t’écoutera car « il est proche de ceux qui l’invoquent ». Ne te décourage pas, mais cours avec ardeur et tu rejoindras l’objectif, dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Barsanuphe et Jean de Gaza, Epistolario, 39:  Collection de Textes patristiques, XCIII, Rome 1991, p. 109). Et ces paroles du Père de l’Antiquité valent également pour nous. Dans nos difficultés, problèmes et tentations, nous ne devons pas uniquement accomplir une réflexion théorique – d’où venons-nous? – mais nous devons réagir de façon positive, invoquer le Seigneur, maintenir un contact vivant avec le Seigneur. Nous devons même crier le nom de Jésus:  « Jésus, aide-moi! ». Et nous sommes certains qu’il nous écoute, parce qu’il est proche de celui qui le cherche. Ne nous décourageons pas, mais courons avec ardeur – comme le dit ce Père – et nous atteindrons nous aussi l’objectif de la vie, Jésus, le Seigneur.

1...34567...25