Archive pour la catégorie 'CATÉCHÈSE DU MERCREDI'

PAPE FRANÇOIS – 10. LITURGIE DE LA PAROLE. III. CREDO ET PRIÈRE UNIVERSELLE

21 février, 2018

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La dernière Cène

PAPE FRANÇOIS – 10. LITURGIE DE LA PAROLE. III. CREDO ET PRIÈRE UNIVERSELLE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 14 février 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

Bonjour, même si ce n’est pas une très belle journée. Mais si l’âme est en joie, c’est toujours un bon jour. Alors, bonjour! Aujourd’hui, l’audience aura lieu dans deux endroits: un petit groupe de malades est dans la salle, à cause du temps, et nous nous sommes ici. Mais nous les voyons et ils nous voient sur écran géant. Saluons-les par un applaudissement.
Poursuivons la catéchèse sur la Messe. L’écoute des lectures bibliques, prolongée dans l’homélie, répond à quoi? Elle répond à un droit: le droit spirituel du peuple de Dieu à recevoir avec abondance le trésor de la Parole de Dieu (cf. Introduction au lectionnaire, n. 45). En allant à la Messe, chacun de nous a le droit de recevoir en abondance la Parole de Dieu bien lue, bien dite, puis bien expliquée dans l’homélie. C’est un droit! Et quand la Parole de Dieu n’est pas bien lue, qu’elle n’est pas prêchée avec ferveur par le diacre, par le prêtre ou par l’évêque, on contrevient au droit des fidèles. Nous avons le droit d’écouter la Parole de Dieu. Le Seigneur parle pour tous, pasteurs et fidèles. Il frappe au cœur de ceux qui participent à la Messe, chacun dans sa condition de vie, âge, situation. Le Seigneur console, appelle, suscite des germes de vie nouvelle et réconciliée. Et cela au moyen de sa Parole. Sa Parole frappe au cœur et change les cœurs!
C’est pourquoi, après l’homélie, un temps de silence permet d’enraciner dans l’âme la semence reçue, afin que naissent des intentions d’adhésion à ce que l’Esprit a suggéré à chacun. Le silence après l’homélie. Un beau silence doit se créer alors et chacun doit penser à ce qu’il a entendu.
Après ce silence, comment se poursuit la Messe? La réponse personnelle de foi s’insère dans la profession de foi de l’Eglise, exprimée dans le «Credo». Nous récitons tous le «Credo» lors de la Messe. Récité par toute l’assemblée, le Symbole manifeste la réponse commune à ce que l’on a écouté ensemble de la Parole de Dieu (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, nn. 185-197). Il existe un lien vital entre écoute et foi. Elles sont unies. En effet, celle-ci — la foi — ne naît pas de l’imagination d’esprits humains mais, comme le rappelle saint Paul, elle «naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ» (Rm 10, 17). La foi s’alimente donc par l’écoute et conduit au sacrement. Ainsi, la récitation du «Credo» fait que l’assemblée liturgique «se rappelle et professe les grands mystères de la foi avant que ne commence leur célébration dans l’Eucharistie» (Présentation générale du Missel romain, n. 67).
Le Symbole de foi lie l’Eucharistie au baptême, reçu «au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit», et nous rappelle que les sacrements sont compréhensibles à la lumière de la foi de l’Eglise.
La réponse à la Parole de Dieu accueillie avec foi s’exprime ensuite dans la supplication commune, appelée Prière universelle, parce qu’elle englobe les nécessités de l’Eglise et du monde (cf. PGMR, nn. 69-71; Introduction au lectionnaire, nn. 30-31). Elle est également appelée Prière des fidèles.
Les Pères de Vatican ii ont voulu rétablir cette prière après l’Evangile et l’homélie, en particulier le dimanche et les fêtes, afin qu’«avec la participation du peuple, on fasse des supplications pour la sainte Eglise, pour ceux qui détiennent l’autorité publique, pour ceux qui sont accablés par diverses détresses, et pour tous les hommes et le salut du monde entier» (Const. Sacrosanctum Concilium, n. 53; cf. 1 Tm 2, 1-2). C’est pourquoi, sous la direction du prêtre qui introduit et conclut, «le peuple [...] exerçant la fonction de son sacerdoce baptismal, présente à Dieu des prières pour le salut de tous» (PGMR, n. 69). Et après chaque intention, proposée par le diacre ou par un lecteur, l’assemblée unit sa voix en invoquant: «Seigneur, écoute-nous».
Rappelons-nous, en effet, de ce que nous a dit le Seigneur Jésus: «Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez» (Jn 15, 7). «Mais nous ne croyons pas cela, car nous avons peu de foi». Mais si nous avions la foi — dit Jésus — comme le gré de sénevé, nous aurions tout reçu. «Demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez». Et en ce moment de la prière universelle après le Credo c’est le moment de demander au Seigneur les choses les plus fortes pendant la Messe, les choses dont nous avons besoin, ce que nous voulons. «Vous l’aurez»; d’une façon ou d’une autre, mais «vous l’aurez». «Tout est possible à celui qui croit», a dit le Seigneur. Qu’a répondu cet homme auquel le Seigneur s’est adressé pour dire cette parole — tout est possible à celui qui croit —? Il a dit: «Je crois Seigneur. Viens en aide à mon peu de foi». Nous aussi nous pouvons dire: «Seigneur, je crois. Viens en aide à mon peu de foi». Et nous devons faire cette prière avec cet esprit de foi: «Je crois Seigneur. Viens en aide à mon peu de foi». Les prétentions de logiques mondaines, en revanche, ne décollent pas vers le Ciel, tout comme les demandes auto-référentielles ne trouvent pas d’écoute (cf. Jc, 4, 2-3). Les intentions pour lesquelles le peuple est invité à prier doivent donner voix aux besoins concrets de la communauté ecclésiale et du monde, en évitant de recourir à des formules conventionnelles et myopes. La prière «universelle», qui conclut la liturgie de la Parole, nous exhorte à faire nôtre le regard de Dieu, qui prend soin de tous ses enfants.

 

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRAL (l’acte pénitentiel)

7 février, 2018

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Paul Gauguin: Le Christ dans le jardin des oliviers

PAPE FRANÇOIS – (l’acte pénitentiel)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi, 3 janvier 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

En reprenant les catéchèses sur la célébration eucharistique, nous prenons aujourd’hui en considération, dans le contexte des rites d’introduction, l’acte pénitentiel. Dans sa sobriété, celui-ci favorise l’attitude avec laquelle se disposer à célébrer dignement les saints mystères, c’est-à-dire en reconnaissant nos péchés devant Dieu et nos frères, en reconnaissant que nous sommes pécheurs. En effet, l’invitation du prêtre s’adresse à toute la communauté en prière, parce que nous sommes tous pécheurs. Que peut donner le Seigneur à celui qui a le cœur plein de lui-même, de son propre succès? Rien, parce que le présomptueux est incapable de recevoir le pardon, rassasié comme il l’est de sa prétendue justice. Pensons à la parabole du pharisien et du publicain, où seul le second — le publicain — revient chez lui justifié, c’est-à-dire pardonné (cf. Lc 18, 9-14). Celui qui est conscient de ses propres misères et qui baisse les yeux avec humilité, sent se poser sur lui le regard miséricordieux de Dieu. Nous savons par expérience que seul celui qui sait reconnaître ses erreurs et demander pardon reçoit la compréhension et le pardon des autres.
Ecouter en silence la voix de la conscience permet de reconnaître que nos pensées sont éloignées des pensées divines, que nos paroles et nos actions sont souvent mondaines, c’est-à-dire qu’elles ne sont guidées que par des choix contraires à l’Evangile. C’est pourquoi, au début de la Messe, nous accomplissons de manière communautaire l’acte pénitentiel à travers une formule de confession générale, prononcée à la première personne du singulier. Chacun confesse à Dieu et à ses frères d’avoir «péché, en parole, par action et par omission». Oui, aussi par omission, c’est-à-dire d’avoir négligé de faire le bien que j’aurais pu faire. Nous nous sentons souvent de braves personnes parce que — disons-nous — «je n’ai fait de mal à personne». En réalité, il ne suffit pas de ne pas faire de mal à son prochain, il faut choisir de faire le bien en saisissant les occasions pour rendre un bon témoignage du fait que nous sommes des disciples de Jésus. Il est bon de souligner que nous confessons aussi bien à Dieu qu’à nos frères que nous sommes pécheurs: cela nous aide à comprendre la dimension du péché qui, alors qu’il nous sépare de Dieu, nous divise également de nos frères et inversement. Le péché coupe: il coupe la relation avec Dieu et il coupe la relation avec nos frères, la relation dans la famille, dans la société, dans la communauté: le péché coupe toujours, il sépare, il divise.
Les mots que nous prononçons avec la bouche sont accompagnés par le geste de se frapper la poitrine, en reconnaissant que j’ai péché précisément par ma faute, et non par la faute des autres. Il arrive en effet souvent que, par peur ou par honte, nous pointions le doigt pour accuser les autres. Cela coûte d’admettre d’être coupables, mais cela nous fait du bien de le confesser avec sincérité. Confesser ses propres péchés. Je me souviens d’une anecdote, qu’un missionnaire âgé racontait, à propos d’une femme qui est allée se confesser et qui a commencé à raconter les fautes de son mari; ensuite, elle a poursuivi en racontant les fautes de sa belle-mère et ensuite les péchés de ses voisins. A un certain moment, le confesseur lui a dit: «Mais dites-moi, Madame: vous avez fini? – Très bien: vous avez fini avec les péchés des autres. Maintenant, commencez à dire les vôtres». Dire ses propres péchés!
Après la confession du péché, nous supplions la Bienheureuse Vierge Marie, les anges et les saints de prier le Seigneur pour nous. En cela aussi, la communion des saints est précieuse: c’est-à-dire que l’intercession de ces «amis et modèles de vie» (Préface du 1er novembre) nous soutient sur le chemin vers la pleine communion avec Dieu, quand le péché sera définitivement anéanti.
Outre le «Je confesse», on peut accomplir l’acte pénitentiel avec d’autres formules, par exemple: «Seigneur, accorde-nous ton pardon / Nous avons péché contre toi / Montre-nous ta miséricorde» (cf. Ps 123, 3; 85, 8; Jr 14, 20). Le dimanche, en particulier, on peut accomplir la bénédiction et l’aspersion de l’eau en mémoire du baptême (cf. Présentation générale du Missel romain, n. 51), qui efface tous les péchés. Il est aussi possible, comme partie de l’acte pénitentiel, de chanter le Kyrie eléison: avec une antique expression grecque, nous acclamons le Seigneur — Kyrios — et nous implorons sa miséricorde (ibid., n. 52).
L’Ecriture Sainte nous offre de lumineux exemples de figures «pénitentes» qui, en revenant en elle-même après avoir commis le péché, trouvent le courage d’ôter leur masque et de s’ouvrir à la grâce qui renouvelle le cœur. Pensons au roi David et aux paroles qui lui sont attribuées dans le Psaume: «Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché» (51, 3). Pensons au fils prodigue qui revient auprès de son père; ou à l’invocation du publicain: «Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis!» (Lc 18, 13). Pensons également à saint Pierre, à Zacchée, à la femme samaritaine. Se mesurer avec la fragilité de l’argile dont nous sommes façonnés est une expérience qui nous fortifie: alors qu’elle nous place en face de notre faiblesse, elle ouvre notre cœur pour invoquer la miséricorde divine qui transforme et convertit. Et c’est cela que nous accomplissons dans l’acte pénitentiel au début de la Messe.

PAPE FRANÇOIS – (la dernière catéchèse sur le thème de l’espérance chrétienne)

8 novembre, 2017

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Le prophète Elie

PAPE FRANÇOIS – (la dernière catéchèse sur le thème de l’espérance chrétienne)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 25 octobre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

C’est la dernière catéchèse sur le thème de l’espérance chrétienne, qui nous a accompagnés depuis le début de cette année liturgique. Et je conclurai en parlant du paradis, comme objectif de notre espérance.
«Paradis» est l’un des derniers mots prononcés par Jésus sur la croix, adressé au bon larron. Arrêtons-nous un instant sur cette scène. Sur la croix, Jésus n’est pas seul. A côté de lui, à droite et à gauche, il y a deux malfaiteurs. Sans doute, en passant devant ces trois croix élevées sur le Golgotha, certains poussèrent un soupir de soulagement en pensant qu’enfin, justice était faite en mettant à mort de telles personnes.
A côté de Jésus, il y a également quelqu’un qui s’avoue coupable: quelqu’un qui reconnaît avoir mérité ce terrible supplice. Nous l’appelons le «bon larron» qui, s’opposant aux autres, dit: nous recevons ce que nous avons mérité pour nos actions (cf. Lc 23, 41).
Sur le Calvaire, ce vendredi tragique et saint, Jésus arrive au sommet de son incarnation, de sa solidarité avec nous pécheurs. Là se réalise ce que le prophète Isaïe avait dit du serviteur souffrant: «Il a été compté parmi les criminels» (53, 12; cf. Lc 22, 37).
C’est là, sur le Calvaire, que Jésus a le dernier rendez-vous avec un pécheur, pour lui ouvrir à lui aussi toutes grandes les portes de son Royaume. Cela est intéressant: c’est la seule fois que le mot «paradis» apparaît dans les Evangiles. Jésus le promet à un «pauvre diable» qui sur le bois de la croix, a eu le courage de lui adresser la plus humble des requêtes: «Souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume» (Lc 23, 42). Il n’avait pas d’œuvres de bien à faire valoir, il n’avait rien, mais il se confiait à Jésus, qu’il reconnaît comme innocent, bon, si différent de lui (v. 41). Ce mot d’humble repentir a suffi pour toucher le cœur de Jésus.
Le bon larron nous rappelle notre véritable condition devant Dieu: que nous sommes ses enfants, qu’il éprouve de la compassion pour nous, qu’il est désarmé chaque fois que nous lui manifestons la nostalgie de son amour. Dans les chambres de nombreux hôpitaux ou dans les cellules des prisons, ce miracle se répète d’innombrables fois: il n’y a aucune personne, pour autant qu’elle ait mal vécu, à laquelle ne reste que le désespoir et la grâce soit interdite. Devant Dieu, nous nous présentons tous les mains vides, un peu comme le publicain de la parabole qui s’était arrêté en prière au fond du temple (cf. Lc 18, 13). Et chaque fois qu’un homme, faisant le dernier examen de conscience de sa vie, découvre que les fautes dépassent de loin les œuvres de bien, il ne doit pas se décourager, mais se confier à la miséricorde de Dieu. Et cela nous donne de l’espoir, cela nous ouvre le cœur!
Dieu est le Père, et jusqu’au dernier moment, il attend notre retour. Et au fils prodigue revenu, qui commence à confesser ses fautes, le père le fait taire en le prenant dans ses bras (cf. Lc 15, 20). Voilà Dieu: c’est ainsi qu’il nous aime!
Le paradis n’est pas un lieu de conte de fée, ni un jardin enchanté. Le paradis est le baiser de Dieu, Amour infini, et nous y entrons grâce à Jésus, qui est mort en croix pour nous. Là où il y a Jésus, il y a la miséricorde et le bonheur; sans Lui, il y a le froid et les ténèbres. A l’heure de la mort, le chrétien répète à Jésus: «Souviens-toi de moi». Et même si plus personne ne se souvenait de nous, Jésus est là, à nos côtés. Il veut nous emmener dans le lieu le plus beau qui existe. Il veut nous y emmener avec ce peu ou ce grand bien qu’il y a eu dans notre vie, afin que rien ne soit perdu de ce qu’il avait déjà racheté. Et dans la maison du Père, il apportera également tout ce qui en nous a besoin de rachat: les fautes et les erreurs de toute une vie. Tel est l’objectif de notre existence: que tout s’accomplisse, et soit transformé en amour.
Si nous croyons cela, la mort cesse de nous faire peur, et nous pouvons également espérer quitter ce monde sereinement, avec une grande confiance. Qui a connu Jésus ne craint plus rien. Et nous pourrons répéter nous aussi les paroles du vieux Syméon, lui aussi béni par la rencontre avec le Christ, après toute une vie passée dans l’attente: «Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut» (Lc 2, 29-30).
Et à cet instant, enfin, nous n’aurons plus besoin de rien, nous ne verrons plus de façon confuse. Nous ne pleurerons plus inutilement, parce que tout est passé; même les prophéties, même la connaissance. Mais l’amour non, lui demeure. Parce que «la charité ne passe jamais» (cf. 1 Co 13, 8).

 

PAPE FRANÇOIS (l’espérance chrétienne avec la réalité de la mort)

25 octobre, 2017

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(La pietà, Van Gogh)

PAPE FRANÇOIS (l’espérance chrétienne avec la réalité de la mort)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 18 octobre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je voudrais aujourd’hui comparer l’espérance chrétienne avec la réalité de la mort, une réalité que notre civilisation moderne tend toujours davantage à effacer. Ainsi, quand la mort arrive, pour ceux qui sont proches de nous ou pour nous-mêmes, nous nous trouvons impréparés, également privés d’un «alphabet» adapté pour trouver des paroles ayant du sens autour de son mystère, qui demeure cependant. Pourtant, les premiers signes de civilisation humaine sont passés précisément à travers cette énigme. Nous pourrions dire que l’homme est né avec le culte des morts.
D’autres civilisations, avant la nôtre, ont eu le courage de la regarder en face. C’était un événement raconté par les personnes âgées aux nouvelles générations, comme une réalité inéluctable qui obligeait l’homme à vivre pour quelque chose d’absolu. Il est dit dans le psaume 90: «Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse!» (v. 12). Compter ses propres jours a pour effet que le cœur devienne sage! Des mots qui nous ramènent à un sain réalisme, en chassant le délire de toute-puissance. Que sommes-nous? Nous ne sommes «presque rien», dit un autre psaume (cf. 88, 48); nos jours s’écoulent rapidement: même si nous devions vivre cent ans, à la fin il nous semblerait que tout n’ait duré que le temps d’un souffle. Très souvent, j’ai entendu des personnes âgées dire: «Ma vie a passé comme un souffle…».
Ainsi, la mort met notre vie à nue. Elle nous fait découvrir que nos actes d’orgueil, de colère et de haine étaient de la vanité: pure vanité. Nous nous apercevons avec regret de ne pas avoir assez aimé et de ne pas avoir cherché ce qui était essentiel. Et, au contraire, nous voyons ce que nous avons semé de vraiment bon: les liens d’affection pour lesquels nous nous sommes sacrifiés, et qui à présent nous tiennent la main.
Jésus a éclairé le mystère de notre mort. Par son comportement, il nous autorise à nous sentir tristes quand une personne chère s’en va. Lui-même fut «profondément» troublé devant la tombe de son ami Lazare, et «il pleura» (Jn 11, 35). Dans cette attitude, nous sentons Jésus très proche, notre frère. Il pleura pour son ami Lazare.
Et alors Jésus prie le Père, source de vie, et il ordonne à Lazare de sortir du sépulcre. Et il advient ainsi. L’espérance chrétienne puise à cette attitude que Jésus prend contre la mort humaine: mais si celle-ci est présente dans la création, elle est cependant une balafre qui défigure le dessein d’amour de Dieu, et le Sauveur veut nous en guérir.
Ailleurs, les Evangiles racontent l’histoire d’un père dont la fille est très malade et qui s’adresse à Jésus avec foi pour qu’il la sauve (cf. Mc 5, 21-24.35-43). Et il n’y a pas de figure plus émouvante que celle d’un père ou d’une mère avec un enfant malade. Et Jésus se met immédiatement en marche avec cet homme, qui s’appelait Jaïre. A un certain moment, quelqu’un arrive de la maison de Jaïre pour dire que la petite fille est morte et qu’il n’y a plus besoin de déranger le Maître. Mais Jésus dit à Jaïre: «Sois sans crainte, aie seulement la foi» (Mc 5, 36). Jésus sait que cet homme est tenté de réagir par la colère et le désespoir, parce que sa petite fille est morte, et il lui recommande de conserver la petite flamme qui est allumée dans son cœur: la foi. «Sois sans crainte, aie seulement la foi». «Sois sans crainte, continue seulement à garder cette flamme allumée!». Et ensuite, arrivés à la maison, il réveillera la petite fille de la mort et la rendra vivante à sa famille.
Jésus nous place sur cette «crête» de la foi. A Marthe, qui pleure pour la disparition de son frère Lazare, il oppose la lumière d’un dogme: «Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu?» (Jn 11, 25-26). C’est ce que Jésus répète à chacun de nous, à chaque fois que la mort vient déchirer le tissu de la vie et des liens d’affection. Toute notre existence se joue là, entre le versant de la foi et le précipice de la peur. Jésus dit: «Je ne suis pas la mort, je suis la résurrection et la vie, le crois-tu? Crois-tu cela?”. Nous, qui sommes aujourd’hui ici sur la place, le croyons-nous?
Nous sommes tous petits et sans défense devant le mystère de la mort. Mais quelle grâce si, à ce moment-là, nous conservons dans notre cœur la flamme de la foi! Jésus nous prendra par la main, comme il prit par la main la fille de Jaïre, et il répétera encore une fois: «Talitha koum», «Fillette, je te le dis, lève-toi!» (Mc 5, 41). Il nous le dira, à chacun de nous: «Lève-toi, ressuscite!». Je vous invite à présent à fermer les yeux et à penser à ce moment-là: celui de notre mort. Que chacun de nous pense à sa propre mort, et s’imagine ce moment qui viendra, quand Jésus nous prendra par la main et nous dira: «Viens, viens avec moi, lève-toi». L’espérance finira là et ce sera la réalité, la réalité de la vie. Pensez-y bien: Jésus lui-même viendra auprès de chacun de nous et nous prendra par la main, avec sa tendresse, sa douceur, son amour. Et que chacun répète dans son cœur la parole de Jésus: «Lève-toi, viens. Lève-toi, viens. Lève-toi, ressuscite!».
Telle est notre espérance devant la mort. Pour celui qui croit, c’est une porte qui s’ouvre en grand; pour celui qui doute, c’est une raie de lumière qui filtre d’une porte qui ne s’est pas entièrement fermée. Mais pour nous tous ce sera une grâce, quand cette lumière, de la rencontre avec Jésus, nous illuminera.

PAPE FRANÇOIS (l’espérance qui est l’attente vigilante) (11 octobre 2017)

18 octobre, 2017

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Jésus notre espoir

PAPE FRANÇOIS (l’espérance qui est l’attente vigilante) (11 octobre 2017)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 11 octobre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui je voudrais m’arrêter sur cette dimension de l’espérance qui est l’attente vigilante. Le thème de la vigilance est l’un des fils conducteurs du Nouveau Testament. Jésus prêche à ses disciples: «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables, vous, à des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera» (Lc 12, 35-36). Pendant la période qui suit la résurrection de Jésus, au cours de laquelle s’alternent sans cesse des moments de sérénité et d’autres d’angoisse, les chrétiens ne se reposent jamais. L’Evangile recommande d’être comme des serviteurs qui ne vont jamais dormir, tant que leur maître n’est pas rentré. Ce monde exige notre responsabilité, et nous l’assumons entièrement avec amour. Jésus veut que notre existence soit laborieuse, que nous ne baissions jamais la garde, pour accueillir avec gratitude et étonnement chaque nouveau jour que Dieu nous a donné. Chaque matin est une page blanche que le chrétien commence à écrire avec les œuvres de bien. Nous avons déjà été sauvés par la rédemption de Jésus, mais à présent, nous attendons la pleine manifestation de sa souveraineté: quand finalement Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15, 28). Rien n’est plus certain, dans la foi des chrétiens, que ce «rendez-vous», ce rendez-vous avec le Seigneur, quand Il viendra. Et quand ce jour arrivera, nous chrétiens, voulons être comme ces serviteurs qui ont passé la nuit avec les flancs ceints et les lampes allumées: il faut être prêts pour le salut qui vient, prêts à la rencontre. Vous-mêmes, avez-vous pensé à comment sera la rencontre avec Jésus quand Il viendra? Mais ce sera une étreinte, une joie immense, une grande joie! Nous devons vivre dans l’attente de cette rencontre!

Le chrétien n’est pas fait pour l’ennui; plutôt pour la patience. Il sait que, même dans la monotonie de certains jours toujours pareils, se cache un mystère de grâce. Il y a des personnes qui, par la persévérance de leur amour, deviennent comme des puits qui irriguent le désert. Rien n’arrive en vain, aucune situation dans laquelle un chrétien se trouve plongé n’est complètement réfractaire à l’amour. Aucune nuit n’est longue au point de faire oublier la joie de l’aurore. Et plus la nuit est obscure, plus l’aurore est proche. Si nous restons unis à Jésus, le froid des moments difficiles ne nous paralyse pas; et même si le monde entier prêchait contre l’espérance, s’il disait que l’avenir n’apportera que de sombres nuées, le chrétien sait que, dans ce même avenir, se trouve le retour du Christ. Quand cela arrivera-t-il? Personne ne le sait, mais la pensée qu’au terme de notre histoire il y a Jésus miséricordieux, suffit pour avoir confiance et ne pas maudire la vie. Tout sera sauvé. Tout. Nous souffrirons, il y aura des moments qui susciteront la colère et l’indignation, mais la douce et puissante mémoire du Christ chassera la tentation de penser que cette vie est une erreur.

Après avoir connu Jésus, nous ne pouvons faire autre chose que scruter l’histoire avec confiance et espérance. Jésus est comme une maison et nous sommes à l’intérieur, et des fenêtres de cette maison, nous regardons le monde. C’est pourquoi nous ne nous refermons pas sur nous-mêmes, nous ne regrettons pas avec mélancolie un passé que l’on présume doré, mais nous regardons toujours de l’avant, vers un avenir qui n’est pas seulement l’œuvre de nos mains, mais qui est tout d’abord une préoccupation constante de la providence de Dieu. Un jour, tout ce qui est opaque deviendra lumière.

Et pensons que Dieu ne se dément pas lui-même. Jamais. Dieu ne déçoit jamais. Sa volonté à notre égard n’est pas nébuleuse, mais elle est un projet de salut bien tracé: «Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et accèdent à la connaissance de la vérité» (1 Tm 2, 4). C’est pourquoi nous ne nous abandonnons pas au cours des événements avec pessimisme, comme si l’histoire était un train dont on a perdu le contrôle. La résignation n’est pas une vertu chrétienne. Comme il n’est pas chrétien de hausser les épaules ou de baisser la tête devant un destin qui nous semble inéluctable.

Celui qui apporte l’espérance au monde n’est jamais une personne soumise. Jésus nous recommande de l’attendre en ne restant pas les bras croisés: «Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller!» (Lc 12, 37). Il n’y a pas de constructeur de paix qui, en fin de compte, n’ait compromis sa paix personnelle, en assumant les problèmes des autres. La personne soumise n’est pas un constructeur de paix, mais elle est paresseuse, quelqu’un qui veut être tranquille. Alors que le chrétien est un constructeur de paix quand il prend des risques, quand il a le courage de prendre des risques pour apporter le bien, le bien que Jésus nous a donné, qu’il nous a donné comme un trésor.
Chaque jour de notre vie, répétons cette invocation que les premiers disciples, dans leur langue araméenne, exprimaient par les paroles Marana tha, et que nous retrouvons dans le dernier verset de la Bible: «Viens Seigneur Jésus!» (Ap 22, 20). C’est le refrain de chaque existence chrétienne: dans notre monde, nous n’avons besoin de rien, si ce n’est d’une caresse du Christ. Quelle grâce si, dans la prière, dans les jours difficiles de notre vie, nous entendons sa voix qui répond et qui nous rassure: «Voici, je viens sans tarder» (Ap 22, 7)!
Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France, de Suisse, du Canada et de République Centrafricaine. Que le doux et puissant souvenir du Christ nous aide à rester vigilants dans l’espérance, attentifs à sa parole. Que Dieu vous bénisse !

PAPE FRANÇOIS – «MISSIONNAIRES D’ESPÉRANCE AUJOURD’HUI»

11 octobre, 2017

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Jesus Pantocrator

PAPE FRANÇOIS – «MISSIONNAIRES D’ESPÉRANCE AUJOURD’HUI»

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 4 octobre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Au cours de cette catéchèse, je voudrais parler sur le thème «Missionnaires d’espérance aujourd’hui». Je suis heureux de le faire au début du mois d’octobre, qui dans l’Eglise, est consacré de façon particulière à la mission, et également en la fête de saint François d’Assise, qui a été un grand missionnaire d’espérance!
En effet, le chrétien n’est pas un prophète de malheur. Nous ne sommes pas des prophètes de malheur. L’essence de son annonce est le contraire, le contraire du malheur: c’est Jésus, mort et ressuscité par amour et que Dieu a ressuscité le matin de Pâques. Et c’est le noyau de la foi chrétienne. Si les Evangiles s’arrêtaient à la sépulture de Jésus, l’histoire de ce prophète s’ajouterait aux nombreuses biographies de personnages héroïques qui ont consacré leur vie à un idéal. L’Evangile serait alors un livre édifiant, et également consolateur, mais ce ne serait pas une annonce d’espérance.
Mais les Evangiles ne se terminent pas avec le vendredi saint, ils vont au-delà; et c’est précisément ce fragment supplémentaire qui transforme nos vies. Les disciples de Jésus étaient abattus ce samedi après la crucifixion; cette pierre roulée sur la porte du sépulcre avait également clos les trois années enthousiasmantes qu’ils avaient vécues avec le Maître de Nazareth. Il semblait que tout soit fini et certains d’entre eux, déçus et effrayés, quittaient déjà Jérusalem.
Mais Jésus ressuscite! Ce fait inattendu renverse et bouleverse l’esprit et le cœur des disciples. Parce que Jésus ne ressuscite pas uniquement pour lui-même, comme si sa renaissance était une prérogative dont être jaloux: s’il monte vers le Père, c’est parce qu’il veut que chaque homme participe à sa résurrection, et qu’elle entraîne chaque créature vers le haut. Et le jour de la Pentecôte, les disciples sont transformés par le souffle de l’Esprit Saint. Ils n’auront pas seulement une bonne nouvelle à apporter à tous, mais ils seront eux-mêmes différents d’avant, comme s’ils renaissaient à une vie nouvelle. La résurrection de Jésus nous transforme avec la force de l’Esprit Saint. Jésus est vivant, il est vivant parmi nous, il est vivant et il a cette force de transformer.
Comme il est beau de penser que l’on est annonciateurs de la résurrection de Jésus non seulement par les paroles, mais par les faits et par le témoignage de la vie! Jésus ne veut pas de disciples capables uniquement de répéter des formules apprises par cœur. Il veut des témoins: des personnes qui diffusent l’espérance avec leur façon d’accueillir, de sourire, d’aimer. Surtout d’aimer: parce que la force de la résurrection rend les chrétiens capables d’aimer même quand l’amour semble avoir égaré ses raisons. Il y a un «plus» qui habite l’existence chrétienne, et qui ne s’explique pas simplement par la force d’âme ou par un plus grand optimisme. La foi, notre espérance, n’est pas seulement un optimisme; c’est quelque chose de plus! C’est comme si les croyants étaient des personnes avec un «bout de ciel» en plus sur leur tête. Cela est beau: nous sommes des personnes avec un bout de ciel en plus sur la tête, accompagnés par une présence dont certains n’ont pas même l’intuition.
Ainsi, le devoir des chrétiens dans ce monde est celui d’ouvrir des espaces de salut, comme des cellules de régénération capables de restituer la sève à ce qui semblait perdu pour toujours. Quand le ciel est tout nuageux, celui qui sait parler du soleil est une bénédiction. Voilà, le vrai chrétien est ainsi: il ne se plaint pas et n’est pas en colère, mais il est convaincu, en vertu de la force de la résurrection, qu’aucun mal n’est infini, aucune nuit n’est sans fin, aucun homme n’est définitivement mauvais, aucune haine ne peut l’importer sur l’amour.
Certes, parfois, les disciples paieront cher cette espérance qui leur a été donnée par Jésus. Pensons aux nombreux chrétiens qui n’ont pas abandonné leur peuple, quand est venu le temps de la persécution. Ils sont restés là, où même le lendemain était incertain, où l’on ne pouvait faire aucun projet d’aucune sorte, ils sont restés en espérant en Dieu. Et pensons à nos frères, à nos sœurs du Moyen-Orient, qui apportent un témoignage d’espérance et qui offrent également leur vie pour ce témoignage. Ceux-là sont de vrais chrétiens! Ils portent le ciel dans leur cœur, ils regardent au-delà, toujours au-delà. Qui a eu la grâce d’embrasser la résurrection de Jésus peut encore espérer dans l’inespéré. Les martyrs de tout temps, avec leur fidélité au Christ, racontent que l’injustice n’est pas le dernier mot de la vie. Dans le Christ ressuscité, nous pouvons continuer d’espérer. Les hommes et les femmes qui savent «pourquoi» vivre résistent plus que les autres dans les moments de difficultés. Mais celui qui a le Christ à ses côtés ne craint véritablement plus rien. Et pour cela, les chrétiens, les vrais chrétiens, ne sont jamais des hommes faciles et accommodants. Leur douceur ne doit pas être confondue avec un sentiment d’insécurité et de soumission. Saint Paul pousse Timothée à souffrir pour l’Evangile et dit: «Car ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi» (2 Tm 1, 7). Tombés, ils se relèvent toujours.
Voilà, chers frères et sœurs, pourquoi le chrétien est un missionnaire d’espérance. Pas en vertu de son propre mérite, mais grâce à Jésus, le grain de blé qui, tombé en terre, est mort et a porté beaucoup de fruit (cf. Jn 12, 24).
Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue française, en particulier au groupe du diocèse d’Avignon avec l’archevêque, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, ainsi qu’aux pèlerins venus de France et de Suisse. En cette fête de saint François d’Assise, que le Seigneur vous donne d’être d’authentiques « missionnaires d’espérance » au milieu de vos frères et de vos sœurs ! Que Dieu vous bénisse !

 

BENOÎT XVI – LA SAINTETÉ (2011)

19 septembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110413.html

pens e fr - Copia

Crucifix attribué à Michel-Ange

BENOÎT XVI – LA SAINTETÉ

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 13 avril 2011

Chers frères et sœurs,

Au cours des Audiences générales de ces deux dernières années nous ont accompagnés les figures d’un grand nombre de saints et de saintes: nous avons appris à les connaître de plus près et à comprendre que toute l’histoire de l’Eglise est marquée par ces hommes et femmes qui par leur foi, par leur charité, par leur vie ont été des phares pour de si nombreuses générations, et qu’ils le sont aussi pour nous. Les saints manifestent de différentes manières la présence puissante et transformatrice du Ressuscité; ils ont laissé le Christ se saisir si pleinement de leur vie qu’ils peuvent affirmer avec saint Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20). Suivre leur exemple, recourir à leur intercession, entrer en communion avec eux, «nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-même» (Conc. Œc. Vat. ii, Const. dogm. Lumen gentium, n. 50). Au terme de ce cycle de catéchèses, je voudrais alors offrir quelques pensées sur ce qu’est la sainteté.
Que veut dire être saint? Qui est appelé à être saint? On est souvent porté encore à penser que la sainteté est une destination réservée à de rares élus. Saint Paul, en revanche, parle du grand dessein de Dieu et affirme: «C’est ainsi qu’Il (Dieu) nous a élus en lui (le Christ), dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour» (Ep 1, 4). Et il parle de nous tous. Au centre du dessein divin, il y a le Christ, dans lequel Dieu montre son Visage: le Mystère caché dans les siècles s’est révélé en plénitude dans le Verbe qui s’est fait chair. Et Paul dit ensuite: «Car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la plénitude» (Col 1, 19). En Christ, le Dieu vivant s’est fait proche, visible, touchable, il s’est fait entendre afin que chacun puisse puiser de sa plénitude de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14-16). C’est pourquoi toute l’existence chrétienne connaît une unique loi suprême, celle que saint Paul exprime dans une formule qui revient dans tous ses écrits: en Jésus Christ. La sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne. C’est être conformes à Jésus, comme affirme saint Paul: «Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils» (Rm 8, 29). Et saint Augustin s’exclame: «Ma vie sera vivante toute pleine de Toi» (Confessions, 10, 28). Le Concile Vatican ii, dans la Constitution sur l’Eglise, parle avec clarté de l’appel universel à la sainteté, en affirmant que personne n’en est exclu: «A travers les formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui… marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire» (n. 41).
Mais la question demeure: comment pouvons-nous parcourir la voie de la sainteté, répondre à cet appel? Puis-je le faire avec mes propres forces? La réponse est claire: une vie sainte n’est pas principalement le fruit de notre effort, de nos actions, car c’est Dieu, le trois fois Saint (cf. Is 6, 3), qui nous rend saints, c’est l’action de l’Esprit Saint qui nous anime de l’intérieur, c’est la vie même du Christ ressuscité qui nous est communiquée et qui nous transforme. Pour le dire encore une fois avec le Concile Vatican ii: «Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par là même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie» (ibid., n. 40). La sainteté a donc sa racine ultime dans la grâce baptismale, dans le fait d’être greffés dans le Mystère pascal du Christ, avec lequel nous est communiqué son Esprit, sa vie de Ressuscité. Saint Paul souligne de manière très puissante la transformation que la grâce baptismale accomplit dans l’homme et il arrive à créer une terminologie nouvelle, forgée avec le préfixe «co»: co-morts, co-ensevelis, co-ressuscités, co-vivifiés avec le Christ: notre destin est indissolublement lié au sien. «Si par le baptême — écrit-il — dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts» (Rm 6, 4). Mais Dieu respecte toujours notre liberté et demande que nous acceptions ce don et vivions les exigences qu’il comporte, il demande que nous nous laissions transformer par l’action de l’Esprit Saint, en conformant notre volonté à la volonté de Dieu.
Comment notre façon de penser et nos actions peuvent-elles devenir la manière de penser et d’agir du Christ et avec le Christ? Quelle est l’âme de la sainteté? Le Concile Vatican ii précise à nouveau: «Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui (cf. 1 Jn 4, 16). Sa charité, Dieu l’a répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Mais pour que la charité, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque fidèle doit s’ouvrir à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce, mettre en œuvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec persévérance à la prière, à l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et à l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet, étant le lien de la perfection et la plénitude de la loi (cf. Col 3, 14; Rm 13, 10), oriente tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin» (Lumen gentium, n. 42). Peut-être ce langage du Concile Vatican ii est-il encore un peu trop solennel pour nous, peut-être devons-nous dire les choses de manière encore plus simple. Qu’est-ce qui est essentiel? Il est essentiel de ne jamais laisser passer un dimanche sans une rencontre avec le Christ Ressuscité dans l’Eucharistie; cela n’est pas un poids en plus, mais une lumière pour toute la semaine. Il ne faut pas commencer ni finir une journée sans avoir au moins un bref contact avec Dieu. Et, sur la route de notre vie, suivre les «panneaux routiers» que Dieu nous a communiqués dans le décalogue lu avec le Christ, qui est tout simplement l’explicitation de ce qu’est la charité dans des situations déterminées. Il me semble que cela est la véritable simplicité et la grandeur de la vie de sainteté: la rencontre avec le Ressuscité le dimanche; le contact avec Dieu au début et à la fin de la journée; suivre, dans les décisions, les «panneaux routiers» que Dieu nous a communiqués, qui sont seulement des formes de charité. «C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui marque le véritable disciple du Christ» (Lumen gentium, n. 42). Telle est la véritable simplicité, grandeur et profondeur de la vie chrétienne, du fait d’être saints.
Voilà pourquoi saint Augustin, en commentant le quatrième chapitre de la Première Lettre de saint Jean, peut affirmer une chose courageuse: «Dilige et fac quod vis», «Aime et fais ce que tu veux». Et il poursuit: «Si tu te tais, tais-toi par amour; si tu parles, parle par amour; si tu corriges, corrige par amour; si tu pardonnes, pardonne par amour; qu’en toi se trouve la racine de l’amour, car de cette racine ne peut rien procéder d’autre que le bien» (7, 8: PL 35). Celui qui est guidé par l’amour, qui vit la charité pleinement est guidé par Dieu, car Dieu est amour. C’est ce qui donne sa valeur à cette grande parole: «Dilige et fac quod vis», «Aime et fais ce que tu veux».
Sans doute pourrions-nous nous demander: pouvons-nous, avec nos limites, avec notre faiblesse, tendre à des sommets si élevés? Au cours de l’Année liturgique, l’Eglise nous invite à faire mémoire d’une foule de saints, c’est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. Ils nous disent qu’il est possible pour tous de parcourir cette voie. A toute époque de l’histoire de l’Eglise, à toute latitude de la géographie du monde, les saints appartiennent à tous les âges et à tous les états de vie, ils ont le visage concret de chaque peuple, langue et nation. Et ils sont de types très divers. En réalité, je dois dire qu’en ce qui concerne ma foi personnelle également, de nombreux saints, pas tous, sont de véritables étoiles dans le firmament de l’histoire. Et je voudrais ajouter que pour moi, ce sont non seulement certains grands saints que j’aime et que je connais bien qui «indiquent la voie», mais précisément les saints simples également, c’est-à-dire les personnes bonnes que je vois dans ma vie, qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais dans leur bonté quotidienne, je vois la vérité de la foi. Cette bonté, qu’elles ont mûrie dans la foi de l’Eglise, est pour moi la plus sûre apologie du christianisme et le signe qui indique où se trouve la vérité.
Dans la communion des saints, canonisés et non canonisés, que l’Eglise vit grâce au Christ dans tous ses membres, nous jouissons de leur présence et de leur compagnie et nous cultivons la ferme espérance de pouvoir imiter leur chemin et partager un jour la même vie bienheureuse, la vie éternelle.
Chers amis, comme la vocation chrétienne est grande et belle, et également simple, vue sous cette lumière! Nous sommes tous appelés à la sainteté: elle est la mesure même de la vie chrétienne. Encore une fois, saint Paul l’exprime avec une grande intensité, lorsqu’il écrit: «Chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons… C’est lui encore qui “a donné” aux uns d’être apôtres, à d’autres d’être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l’œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ, au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ» (Ep 4, 7. 11-13). Je voudrais inviter chacun à s’ouvrir à l’action de l’Esprit Saint, qui transforme notre vie, pour être nous aussi comme des pièces de la grande mosaïque de sainteté que Dieu crée dans l’histoire, afin que le visage du Christ resplendisse dans tout son éclat. N’ayons pas peur de tendre vers le haut, vers les sommets de Dieu; n’ayons pas peur que Dieu nous demande trop, mais laissons-nous guider dans chacune de nos actions quotidiennes par sa Parole, même si nous nous sentons pauvres, inadéquats, pêcheurs: c’est Lui qui nous transformera selon son amour. Merci.

BENOÎT XVI – [L'intercession d'Abraham pour Sodome (Genèse 18: 16-33)]

14 septembre, 2017

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110518.html

fr

Corner prayer

BENOÎT XVI – [L'intercession d'Abraham pour Sodome (Genèse 18: 16-33)]

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 18 mai 2011

Chers frères et sœurs,

Dans les deux dernières catéchèses, nous avons réfléchi sur la prière comme phénomène universel qui — bien que sous des formes diverses — est présente dans les cultures de tous les temps. Aujourd’hui, au contraire, je voudrais commencer un parcours biblique sur ce thème, qui nous aidera à approfondir le dialogue d’alliance entre Dieu et l’homme qui anime l’histoire du salut, jusqu’au sommet, à la parole définitive qui est Jésus Christ. Ce chemin nous conduira à nous arrêter sur certains textes importants et sur des figures exemplaires de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce sera Abraham, le grand patriarche, père de tous les croyants (cf. Rm 4, 11-12.16-17) qui nous offrira un premier exemple de prière, dans l’épisode de l’intercession pour les villes de Sodome et Gomorrhe. Et je voudrais également vous inviter à profiter du parcours que nous entreprendrons au cours des prochaines catéchèses pour apprendre à connaître davantage la Bible, que, j’espère, vous avez chez vous, et au cours de la semaine, à vous arrêter pour la lire et la méditer dans la prière, pour connaître la merveilleuse histoire du rapport entre Dieu et l’homme, entre Dieu qui se communique à nous et l’homme qui répond, qui prie.

Le premier texte sur lequel nous voulons réfléchir se trouve dans le chapitre 18 du Livre de la Genèse; on raconte que la cruauté des habitants de Sodome et Gomorrhe avait atteint son comble, au point qu’une intervention de Dieu était nécessaire pour arrêter le mal qui détruisait ces villes. C’est là qu’intervient Abraham avec sa prière d’intercession. Dieu décide de lui révéler ce qui est sur le point de se produire et lui fait connaître la gravité du mal et ses terribles conséquences, car Abraham est son élu, choisi pour devenir un grand peuple et faire parvenir la bénédiction divine à tout le monde. Sa mission est une mission de salut, qui doit répondre au péché qui a envahi la réalité de l’homme: à travers lui, le Seigneur veut ramener l’humanité à la foi, à l’obéissance, à la justice. Et à présent, cet ami de Dieu s’ouvre à la réalité et au besoin du monde, prie pour ceux qui s’apprêtent à être punis et demande qu’ils soient sauvés.

Abraham présente immédiatement le problème dans toute sa gravité, et dit au Seigneur: «Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein? Loin de toi de faire cette chose-là! De faire mourir le juste avec le pécheur, en sorte que le juste soit traité comme le pécheur. Loin de toi! Est-ce que le juge de toute la terre ne rendra pas justice?» (vv. 23-25). A travers ces paroles, avec un grand courage, Abraham place devant Dieu la nécessité d’éviter une justice sommaire: si la ville est coupable, il est juste de condamner son crime et d’infliger la peine mais — affirme le grand patriarche — il serait injuste de punir indifféremment tous les habitants. S’il y a des innocents dans la ville, ceux-ci ne peuvent être traités comme des coupables. Dieu, qui est un juge juste, ne peut agir ainsi, dit à raison Abraham à Dieu.

Cependant, si nous lisons le texte plus attentivement, nous nous rendons compte que la requête d’Abraham est encore plus sérieuse et plus profonde, car il ne se limite pas à demander le salut pour les innocents. Abraham demande le salut pour toute la ville et il le fait en en appelant à la justice de Dieu. En effet, il dit au Seigneur: «Et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein?» (v. 24b). En agissant ainsi, il met en jeu une nouvelle idée de justice: non pas celle qui se limite à punir les coupables, comme le font les hommes, mais une justice différente, divine, qui cherche le bien et qui le crée à travers le pardon qui transforme le pécheur, le convertit et le sauve. Avec sa prière, Abraham n’invoque donc pas une justice purement rétributive, mais une intervention de salut qui, tenant compte des innocents, libère de la faute également les impies, en leur pardonnant. La pensée d’Abraham, qui semble presque paradoxale, peut ainsi être synthétisée: on ne peut pas, bien évidemment, traiter les innocents comme les coupables, cela serait injuste, il faut en revanche traiter les coupables comme les innocents, en mettant en œuvre une justice «supérieure», en leur offrant une possibilité de salut, car si les malfaiteurs acceptent le pardon de Dieu et confessent leur faute en se laissant sauver, ils ne continueront plus à faire le mal, ils deviendront eux aussi justes, sans qu’il ne soit plus nécessaire de les punir.

Telle est la requête de justice qu’Abraham exprime dans son intercession, une requête qui se fonde sur la certitude que le Seigneur est miséricordieux. Abraham ne demande pas à Dieu une chose contraire à son essence. Il frappe à la porte du cœur de Dieu en connaissant sa véritable volonté. Assurément, Sodome est une grande ville, cinquante justes semblent peu de chose, mais la justice de Dieu et son pardon ne sont-ils peut-être pas la manifestation de la force du bien, même s’il semble plus petit et plus faible que le mal? La destruction de Sodome devait arrêter le mal présent dans la ville, mais Abraham sait que Dieu a d’autres manières et moyens pour mettre un frein à la diffusion du mal. C’est le pardon qui interrompt la spirale du péché, et c’est exactement ce à quoi Abraham fait appel, dans son dialogue avec Dieu. Et lorsque le Seigneur accepte de pardonner à la ville s’il y trouve cinquante justes, sa prière d’intercession commence à descendre vers les abîmes de la miséricorde divine. Abraham — comme nous nous en rappelons — fait progressivement diminuer le nombre des innocents nécessaires pour le salut: s’ils ne sont pas cinquante, quarante cinq pourraient suffire, et ensuite toujours moins, jusqu’à dix, en continuant avec sa supplication, qui devient presque hardie dans son insistance: «Peut-être n’y en aura-t-il que quarante… trente… vingt… dix…» (cf. vv. 29.30.31.32). Et plus le nombre devient petit, plus grande se révèle et se manifeste la miséricorde de Dieu, qui écoute avec patience la prière, l’accueille et répète à chaque supplication: «je pardonnerai… je ne détruirai pas… je ne ferai» (cf. vv. 26.28.29.30.31.32).

Ainsi, par l’intercession d’Abraham, Sodome pourra être sauve, si on n’y trouve ne serait-ce que dix innocents. Telle est la puissance de la prière. Car à travers l’intercession, la prière à Dieu pour le salut des autres, se manifeste et s’exprime le désir de salut que Dieu nourrit toujours envers l’homme pécheur. En effet, le mal ne peut être accepté, il doit être signalé et détruit à travers la punition: la destruction de Sodome avait précisément cette fonction. Mais le Seigneur ne veut pas la mort du méchant, mais qu’il se convertisse et vive (cf. Ez 18, 23; 33, 11); son désir est toujours celui de pardonner, de sauver, de donner vie, de transformer le mal en bien. Eh bien, c’est précisément ce désir divin qui, dans la prière, devient le désir de l’homme et s’exprime à travers les paroles de l’intercession. Avec sa supplication, Abraham prête sa voix, mais aussi son cœur, à la volonté divine: le désir de Dieu est miséricorde, amour et volonté de salut, et ce désir de Dieu a trouvé en Abraham et dans sa prière la possibilité de se manifester de manière concrète à l’intérieur de l’histoire des hommes, pour être présent là où la grâce est nécessaire. A travers la voix de sa prière, Abraham donne voix au désir de Dieu, qui n’est pas celui de détruire, mais de sauver Sodome, de donner vie au pécheur converti.

C’est ce que veut le Seigneur, et son dialogue avec Abraham est une manifestation prolongée et sans équivoque de son amour miséricordieux. La nécessité de trouver des hommes justes à l’intérieur de la ville devient de moins en moins exigeante et à la fin dix suffiront pour sauver la totalité de la population. Pour quelle raison Abraham s’arrête-t-il à dix, le texte ne le dit pas. Peut-être est-ce un nombre qui indique un noyau communautaire minimum (encore aujourd’hui, dix personnes sont le quorum nécessaire pour la prière publique juive). Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un petit nombre, une petite parcelle de bien à partir de laquelle sauver un grand mal. Mais on ne put pas même trouver dix justes à Sodome et Gomorrhe, et la ville fut détruite. Une destruction dont la nécessité est paradoxalement témoignée précisément par la prière d’intercession d’Abraham. Parce que c’est précisément cette prière qui a révélé la volonté salvifique de Dieu: le Seigneur était disposé à pardonner, il souhaitait le faire, mais les villes étaient enfermées dans un mal totalisant et paralysant, sans même un petit nombre d’innocents desquels partir pour transformer le mal en bien. Parce que c’est précisément ce chemin du salut que demandait lui aussi Abraham: être sauvés ne signifie pas simplement échapper à la punition, mais être libérés du mal qui nous habite. Ce n’est pas le châtiment qu’il faut éliminer, mais le péché, ce refus de Dieu et de l’amour qui porte déjà en lui-même le châtiment. Le prophète Jérémie dira au peuple rebelle: «Que ta méchanceté te châtie et que tes infidélités te punissent! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner Yahvé ton Dieu» (Jr 2, 19). C’est de cette tristesse et de cette amertume que le Seigneur veut sauver l’homme en le libérant du péché. Mais il faut alors une transformation de l’intérieur, quelque point d’appui de bien, un commencement d’où partir pour transformer le mal en bien, la haine en amour, la vengeance en pardon. C’est pourquoi les justes doivent être à l’intérieur de la ville, et Abraham répète sans cesse: «peut-être s’en trouvera-t-il là…». «Là», c’est à l’intérieur de la réalité malade que doit se trouver ce germe de bien qui peut guérir et redonner la vie. C’est une parole qui s’adresse aussi à nous: que dans nos villes se trouve le germe de bien et que nous fassions tout pour qu’il n’y ait pas seulement dix justes pour faire réellement vivre et survivre nos villes et pour nous sauver de cette amertume autour de laquelle il y a l’absence de Dieu. Et dans la réalité malade de Sodome et Gomorrhe ce germe de bien n’existait pas.
Mais la miséricorde de Dieu dans l’histoire de son peuple s’élargit encore davantage. Si pour sauver Sodome il fallait dix justes, le prophète Jérémie dira, au nom du Tout-Puissant, qu’il suffit d’un seul juste pour sauver Jérusalem: «Parcourez les rues de Jérusalem, regardez donc, renseignez-vous, cherchez sur ses places si vous découvrez un homme, un qui pratique le droit, qui recherche la vérité alors je pardonnerai à cette ville» (5, 1). Le nombre a encore diminué, la bonté de Dieu se montre encore plus grande. Et pourtant, cela ne suffit pas encore, la miséricorde surabondante de Dieu ne trouve pas la réponse de bien qu’elle cherche, et Jérusalem tombe sous l’assaut de l’ennemi. Il faudra que Dieu lui-même devienne ce juste. C’est le mystère de l’Incarnation: pour garantir un juste, il se fait homme. Le juste sera toujours là puisque c’est Lui: mais il faut que Dieu lui-même devienne ce juste. L’infini et surprenant amour divin sera pleinement manifesté lorsque le Fils de Dieu se fera homme, le Juste définitif, le parfait Innocent, qui apportera le salut au monde entier en mourant sur la croix, en pardonnant et en intercédant pour ceux qui «ne savent pas ce qu’ils font» (Lc 23, 34). Alors la prière de chaque homme trouvera sa réponse, chacune de nos intercessions sera alors pleinement exaucée.
Chers frères et sœurs, que la supplique d’Abraham, notre père dans la foi, nous enseigne à ouvrir toujours davantage notre cœur à la miséricorde surabondante de Dieu, pour que, dans la prière quotidienne, nous sachions désirer le salut de l’humanité et le demander avec persévérance et avec confiance au Seigneur qui est grand dans l’amour. Merci.

PAPE FRANÇOIS (le rapport entre l’espérance et la mémoire)

13 septembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20170830_udienza-generale.html

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PAPE FRANÇOIS (le rapport entre l’espérance et la mémoire)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 30 août 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, je voudrais revenir sur un thème important: le rapport entre l’espérance et la mémoire, avec une référence particulière à la mémoire de la vocation. Et je prends comme icône l’appel des premiers disciples de Jésus. Dans leur mémoire, cette expérience demeura tellement gravée qu’un d’entre eux en indiqua même l’heure: «C’était environ la dixième heure» (Jn 1, 39). L’évangéliste Jean raconte l’épisode comme un souvenir précis de jeunesse, demeuré intact dans sa mémoire de personne âgée: parce que Jean écrivit ces choses quand il était désormais âgé.
La rencontre a eu lieu près du fleuve Jourdain, où Jean-Baptiste baptisait; et ces jeunes de Galilée avaient choisi Jean-Baptiste comme guide spirituel. Un jour, Jésus vint et se fit baptiser dans le fleuve. Le lendemain, il passa de nouveau et alors le Baptiseur — c’est-à-dire Jean-Baptiste —, dit à deux de ses disciples: «Voici l’agneau de Dieu!» (v. 36).
Et pour ces deux personnes, c’est l’«étincelle». Elles quittent leur premier maître et se placent à la suite de Jésus. Sur le chemin, Il se tourne vers elles et pose la question décisive: «Que cherchez-vous?» (v. 38). Jésus apparaît dans les Evangiles comme un expert du cœur humain. A ce moment-là, il avait rencontré deux jeunes en recherche, sainement inquiets. En effet, quelle jeunesse serait une jeunesse satisfaite, sans se poser de question sur le sens? Les jeunes qui ne cherchent rien ne sont pas jeunes, ils sont à la retraite, ils sont vieux avant l’heure. Il est triste de voir des jeunes à la retraite… Et Jésus, à travers tout l’Evangile, dans toutes les rencontres qu’il fait le long du chemin, apparaît comme un «incendiaire» des cœurs. D’où sa question qui cherche à faire émerger le désir de vie et de bonheur que chaque jeune porte en lui: «Que cherches-tu?». Moi aussi, je voudrais demander aux jeunes qui sont ici sur la place et à ceux qui écoutent à travers les médias: «Toi qui es jeune, que cherches-tu? Que cherches-tu dans ton cœur?».
La vocation de Jean et d’André commence ainsi: c’est le début d’une amitié avec Jésus si forte qu’elle impose une communion de vie et de passion avec Lui. Les deux disciples commencent à demeurer avec Jésus et immédiatement, ils se transforment en missionnaires, parce que quand la rencontre prend fin, ils ne rentrent pas chez eux tranquilles: au point que leurs frères respectifs — Simon et Jacques — sont bientôt entraînés à leur suite. Ils sont allés les voir et ont dit: «Nous avons trouvé le Messie, nous avons trouvé un grand prophète»: ils donnent la nouvelle. Ils sont missionnaires de cette rencontre. Ce fut une rencontre si touchante, si heureuse que les disciples se rappelleront à jamais de ce jour qui illumina et orienta leur jeunesse.
Comment découvre-t-on sa vocation dans ce monde? On peut la découvrir de nombreuses façons, mais cette page de l’Evangile dit que le premier indice est la joie de la rencontre avec Jésus. Mariage, vie consacrée, sacerdoce: toute vocation véritable commence par une rencontre avec Jésus qui nous donne une joie et une espérance nouvelle; et elle nous conduit, également à travers les épreuves et les difficultés, à une rencontre toujours plus pleine, cette rencontre croît, toujours plus grande, la rencontre avec Lui et avec la plénitude de la joie.
Le Seigneur ne veut pas d’hommes et de femmes qui marchent derrière lui à contre-cœur, sans avoir dans le cœur le vent de la joie. Vous, qui êtes sur la place, je vous demande — que chacun réponde en lui — avez-vous dans le cœur le vent de la joie?». Que chacun se demande: «Ai-je en moi, dans mon cœur, le vent de la joie?». Jésus veut des personnes qui ont fait l’expérience qu’être à ses côtés procure une joie immense, qui peut être renouvelée chaque jour de notre vie. Un disciple du Royaume de Dieu qui n’est pas joyeux n’évangélise pas ce monde, c’est quelqu’un de triste. On ne devient pas prédicateurs de Jésus en affinant les armes de la rhétorique: tu peux parler, parler, parler, mais s’il n’y a pas autre chose… Comment devient-on prédicateurs de Jésus? En conservant dans les yeux l’étincelle du véritable bonheur. Nous voyons tant de chrétiens, même parmi nous, qui avec les yeux, te transmettent la joie de la foi: avec les yeux!
Pour cette raison le chrétien — comme la Vierge Marie — conserve la flamme de son amour: amoureux de Jésus. Certes, il y a des épreuves dans la vie, il y a des moments où il faut aller de l’avant malgré le froid et les vents contraires, malgré tant d’amertumes. Mais les chrétiens connaissent la route qui conduit à ce feu sacré qui les a enflammés une fois pour toutes.
Mais, s’il vous plaît, je compte sur vous: n’écoutons pas les personnes déçues et malheureuses; n’écoutons pas ceux qui recommandent de façon cynique de ne pas cultiver d’espérances dans la vie; ne nous fions pas de ceux qui étouffent dès le départ tout enthousiasme en disant qu’aucune entreprise ne mérite le sacrifice de toute une vie; n’écoutons pas les «vieux» de cœur qui étouffent l’euphorie des jeunes. Allons voir les personnes âgées dont le regard brille d’espérance! Cultivons au contraire de saines utopies: Dieu veut que nous soyons capables de rêver comme Lui et avec Lui tandis que nous marchons en étant bien attentifs à la réalité. Rêver d’un monde différent. Et si le rêve s’éteint, en rêver à nouveau, en puisant avec espérance à la mémoire des origines, à ces braises qui, sans doute après une vie pas si bonne, sont cachées sous les cendres de la première rencontre avec Jésus.
Voilà donc une dynamique fondamentale de la vie chrétienne: se souvenir de Jésus. Paul disait à son disciple: «Souviens-toi de Jésus Christ» (2 Tm 2, 8); tel est le conseil du grand saint Paul: «Souviens-toi de Jésus Christ». Se rappeler de Jésus, du feu d’amour avec lequel nous avons conçu un jour notre vie comme un projet de bien, et raviver avec cette flamme notre espérance.
Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue française, en particulier aux séminaristes et aux jeunes de Meaux, ainsi qu’aux pèlerins de Guinée avec leurs évêques respectifs. Que votre pèlerinage à Rome vous aide à puiser avec espérance à la mémoire de l’Eglise et à la mémoire de votre rencontre avec Jésus! Que Dieu vous bénisse.

 

PAPE FRANÇOIS – CHRISTIAN HOPE – 31. « VOICI, JE RENDS TOUT NOUVEAU » (ACTES 21: 5).

30 août, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20170823_udienza-generale.html

la mia e fr - Copia

Révélation, les sept anges

PAPE FRANÇOIS – CHRISTIAN HOPE – 31. « VOICI, JE RENDS TOUT NOUVEAU » (ACTES 21: 5).

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 août 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous avons écouté la Parole de Dieu dans le livre de l’Apocalypse, et elle dit: «Voici, je fais l’univers nouveau» (21, 5). L’espérance chrétienne se fonde sur la foi en Dieu qui crée toujours des nouveautés dans la vie de l’homme, il crée des nouveautés dans l’histoire, il crée des nouveautés dans l’univers. Notre Dieu est le Dieu qui crée la nouveauté, parce que c’est le Dieu des surprises.
Il n’est pas chrétien de marcher le regard tourné vers le bas — comme le font les cochons: ils avancent toujours ainsi — sans lever les yeux vers l’horizon. Comme si tout notre chemin finissait ici, en l’espace de quelques mètres de parcours; comme si dans notre vie, il n’y avait aucune destination ni aucune escale, et que nous étions contraints à errer éternellement, sans rien qui justifie nos nombreux efforts. Cela n’est pas chrétien.
Les pages finales de la Bible nous montrent l’horizon ultime du chemin du croyant: la Jérusalem du Ciel, la Jérusalem céleste. Elle est imaginée avant tout comme une demeure immense, où Dieu accueillera tous les hommes pour habiter définitivement avec eux (Ap 21, 3). Et cela est notre espérance. Et que fera Dieu, quand nous serons enfin avec Lui? Il fera preuve d’une tendresse infinie à notre égard, comme un père qui accueille ses enfants qui ont longtemps peiné et souffert. Jean, dans l’Apocalypse, prophétise: «Voici la demeure de Dieu avec les hommes! Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé [...] Voici, je fais l’univers nouveau!» (21, 3-5). Le Dieu de la nouveauté!
Essayez de réfléchir à ce passage de l’Ecriture Sainte non pas de façon abstraite, mais après avoir lu une nouvelle actuelle, après avoir regardé le journal télévisé ou la couverture des journaux, où il y a tant de tragédies, où l’on rapporte des nouvelles tristes auxquelles tous risquent de s’habituer. Et j’ai salué certaines personnes de Barcelone: que de nouvelles tristes nous parviennent de là! J’ai salué des gens du Congo, et combien de nouvelles tristes nous parviennent de là! Et combien d’autres: Pour ne citer que deux pays dont vous provenez… Essayez de penser aux visages des enfants effrayés par la guerre, aux pleurs des mères, aux rêves brisés de nombreux jeunes, aux réfugiés qui affrontent des voyages terribles, et sont si souvent exploités… Malheureusement, la vie, c’est également cela. On a parfois envie de dire que c’est surtout cela.
Peut-être. Mais il y a un Père qui pleure avec nous; il y a un Père qui verse des larmes de pitié infinie envers ses enfants. Nous avons un Père qui sait pleurer, qui pleure avec nous. Un père qui attend pour nous consoler, parce qu’il connaît nos souffrances et nous a préparé un avenir différent. Telle est la grande vision de l’espérance chrétienne, qui enveloppe tous les jours de notre existence, et qui veut nous soulager.
Dieu n’a pas voulu nos vies par erreur, en s’obligeant, ainsi que nous, à de pénibles nuits d’angoisse. Au contraire, il nous a créés parce qu’il nous veut heureux. C’est notre Père et si nous, ici, faisons l’expérience d’une vie qui n’est pas celle qu’Il a voulu pour nous, Jésus nous garantit que Dieu lui-même accomplit son rachat. Il œuvre pour nous racheter.
Nous croyons et nous savons que la mort et la haine ne sont pas les dernières paroles prononcées sur la parabole de l’existence humaine. Etre chrétiens implique une nouvelle perspective: un regard plein d’espérance. Certains croient que la vie détient tous ses bonheurs dans la jeunesse et dans le passé et que vivre est un lent déclin. D’autres encore considèrent que nos joies ne sont qu’épisodiques et passagères, et que dans la vie des hommes est inscrit le non-sens. Ceux qui, devant tant de catastrophes, disent: «Mais la vie n’a pas de sens. Notre chemin est le non-sens». Mais nous, chrétiens, ne croyons pas cela. Nous croyons en revanche que dans l’horizon de l’homme, il existe un soleil qui illumine pour toujours. Nous croyons que nos jours les plus beaux doivent encore arriver. Nous sommes davantage des personnes de printemps que d’automne. J’aimerais demander à présent — que chacun réponde dans son cœur, en silence, mais qu’il réponde —: «Est-ce que je suis un homme, une femme, un garçon, une fille de printemps ou d’automne? Mon âme est-elle de printemps ou d’automne? Que chacun réponde. Nous percevons les bourgeons d’un monde nouveau plutôt que les feuilles jaunies sur les branches. Nous ne nous berçons pas de nostalgie, de regrets et de plaintes: nous savons que Dieu veut que nous soyons les héritiers d’une promesse et d’inlassables cultivateurs de rêves. N’oubliez pas cette question: «Suis-je une personne de printemps ou d’automne?». De printemps, qui attend la fleur, qui attend le fruit, qui attend le soleil qui est Jésus, ou d’automne, qui a toujours le visage tourné vers le bas, aigri et, comme je l’ai dit parfois, le visage des piments au vinaigre.
Le chrétien sait que le Royaume de Dieu, sa Seigneurie d’amour croît comme un grand champ de blé, même si au milieu, se trouve l’ivraie. Il y a toujours des problèmes, il y a les commérages, il y a les guerres, il y a les maladies… Il y a des problèmes. Mais le grain croît, et à la fin, le mal sera éliminé. L’avenir ne nous appartient pas, mais nous savons que Jésus Christ est la plus grande grâce de la vie: il est le baiser de Dieu qui nous attend à la fin, mais qui nous accompagne dès à présent et nous réconforte sur le chemin. Il nous conduit à la grande «demeure» de Dieu avec les hommes (cf. Ap 21, 3), avec nos nombreux autres frères et sœurs, et nous apporterons à Dieu le souvenir des jours vécus ici-bas. Et il sera beau de découvrir en cet instant que rien ne s’est perdu, aucun sourire, aucune larme. Même si notre vie a été longue, il nous semblera l’avoir vécue dans un souffle. Et que la création ne s’est pas arrêtée au sixième jour de la Genèse, mais qu’elle s’est poursuivie, inlassable, parce que Dieu s’est toujours préoccupé de nous. Jusqu’au jour où tout s’accomplira, au matin où les larmes seront séchées, à l’instant même où Dieu prononcera son ultime parole de bénédiction: «Voici — dit le Seigneur —, je fais l’univers nouveau» (v. 5). Oui, notre Père est le Dieu des nouveautés et des surprises. Et ce jour-là, nous serons véritablement heureux, et nous pleurerons. Oui: mais nous pleurerons de joie.

 

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