Archive pour la catégorie 'Cardinaux'

Homélie de la messe d’adieu du cardinal Danneels

12 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23174?l=french

Homélie de la messe d’adieu du cardinal Danneels

A l’occasion de son départ à la retraite

ROME, Mardi 12 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’homélie prononcée par le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles et Primat de Belgique, à l’occasion de son départ à la retraite. Agé de 76 ans, il occupait cette charge depuis 1979. Cette homélie a été prononcée en la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles, le vendredi 8 janvier au soir.

* * *

‘Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel’, dit l’Ecclésiaste dans la Bible (cfr Qo 3.2). Il y a un temps pour commencer et un temps pour finir, un temps pour arriver et un temps pour partir, un temps pour parler et un temps pour se taire. Les bergers viennent et partent, ils passent. Un seul reste : le Bon Berger, le Christ Jésus, ‘le grand Pasteur des brebis’ (He 13,20), comme le dit l’épître aux Hébreux.

Fixez vos regards sur Jésus

C’est donc de lui qu’il faut parler : de Jésus. En ce jour de mon départ, puis-je vous demander, frères et sœurs : ‘Regardez Jésus, l’apôtre et le grand prêtre de notre confession de foi’ (He 3,1). Regardez-le. Il y a tant de choses à regarder de nos jours: la crise économique, notre église en pleine tempête, son manque de personnel et de moyens, tant d’hommes et femmes vivant dans la pauvreté matérielle et plus encore tant d’autres dans le désarroi spirituel, tous les chercheurs de bonheur qui ne le trouvent guère. Oui, je le répète : fixez votre regard sur Jésus. Oui, peut-être semble-t-il dormir à l’arrière de la barque sur le coussin, au milieu de la tempête. Et nous crions comme les apôtres dans l’évangile : ‘Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? » (cfr Mc 4,38). Et que nous répond-Il, à nous, en pleine bourrasque : ‘Pourquoi avez-vous une telle peur ?’ C’est le seul reproche qu’Il nous fera. ‘Pourquoi avez-vous si peur ?’ (Mc 4,40). Non, il ne nous reprochera pas de ne pas travailler dur, de manquer de stratégie, d’organisation, de management, de projets. Non, il nous reprochera d’avoir eu peur et de ne pas avoir remarqué qu’Il était avec nous dans la barque.

Oui, Il est là, au milieu de nous, dans les pauvres et les petits ; Il nous regarde par leurs yeux. Il est là dans sa parole, dans la sainte écriture et la prédication de l’Eglise. Il est là présent dans la sainte liturgie, cette épiphanie de tous ses mystères. Il est là surtout dans le pain et le vin eucharistiques, son vrai Corps et son vrai Sang. Il est là dans l’eucharistie tout entier. Oui, fixez votre regard sur Jésus eucharistique. Devenez une église d’adoration comme je vous ai demandé à Bruxelles Toussaint 2006. Je le demande une nouvelle fois comme en guise de testament d’un archevêque partant.

Aimez l’Eglise

Aimez l’Eglise, et aimez-la telle qu’elle est, noire et belle comme la fiancée du Cantique des Cantiques. ‘Je suis noire, mais jolie, filles de Jérusalem…. Ne faites pas attention si je suis noiraude, si le soleil m’a basanée, mes frères m’ont fait surveiller les vignes…..’ (Ct 1,5). L’Eglise, je l’ai aimée tout au long de ma vie, comme on aime une épouse. Je porte au doigt l’anneau de ce long mariage. Aimez l’Eglise. Certes, elle porte ses rides – c’est compréhensible après deux milles ans. Mais elle est belle et fidèle.

Pour voir l’Eglise en vérité, il faut le regard de la foi qui rend visible ce qui est invisible, c’est-à-dire un mystère, divin et humain à la fois. Comme le disait saint Augustin : ‘Quand je parle d’elle, je ne puis m’arrêter d’en dire du bien’. Et chaque fois que je lui découvre un défaut, la foi le transforme en tache de beauté. Et puis, ce défaut est une ride de ma mère. Et toutes les mères ne portent-elles pas des rides. Mais c’est ma mère, la mienne. Et ses rides ? Si je regarde bien, ce sont aussi les miennes. Nous avons tout reçu de notre Mère, l’Eglise : l’écriture, les sacrements, la splendeur de sa liturgie, la tendresse pastorale qui nous entoure, et surtout nous recevons d’elle d’innombrables frères et sœurs dans la foi et plus encore tous les saints et les saintes.

L’Eglise nous donne surtout la liturgie. C’est là, dans le mystère de la sainte liturgie, que réside la force et le charme de l’Eglise. Lorsque cette liturgie est célébrée dans la ferveur et la beauté, l’Eglise s’y manifeste telle qu’elle est en profondeur. Sobre et grandiose à la fois. C’est la liturgie qui contient sa plus grande force d’évangélisation. Personne n’échappe au charme mystérieux de la divine liturgie. Il se pourrait d’ailleurs que la liturgie deviendra-t-elle le moyen par excellence pour évangéliser dans une culture païenne, indifférente, si pas franchement hostile.

Dans le monde, mais pas du monde

Beaucoup de nos contemporains ne connaissent plus le message de l’évangile. Même son vocabulaire n’est plus compris. Sommes-nous revenus aux premiers temps de l’Eglise où il n’y avait qu’une poignée de chrétiens dans un monde païen et indifférent ? Et aujourd’hui un monde simplement ignorant. Que faire ?

Commençons par développer en nous une saine prise de conscience de notre identité chrétienne. Ce n’est pas de la prétention ni de l’orgueil ; c’est être vrai tout simplement. Comment en effet suivre quelqu’un, s’il n’est qu’une ombre fugitive ? Montrons-nous tout simplement tels que nous sommes : disciples du Christ et porteurs de l’évangile. Sans complexes et sans arrogance. Soyons nous-mêmes. C’est permis, c’est même obligatoire. Car ‘Si la trompette ne rend pas un son clair, qui se préparera à la bataille ?’ (1 Co 14,8), dit saint Paul. Annoncer et pratiquer l’évangile dans toute sa radicalité. Et surtout ne pas en faire un secret.

Mais il faut plus. Prenons part sans aucune réticence à la culture de notre époque : à sa science, ses progrès, son fabuleux développement techniques, sa philosophie, son art, sa sensibilité. Sans doute faudra-t-il aussi et tout autant le don de discernement – tout ce qui est proposé sur le marché de notre culture n’est en effet pas également valable. Mais comment discerner, si l’on se tient à l’écart ?

Les chrétiens vivent dans ce paradoxe : ils sont dans le monde, mais pas du monde. C’est crucifiant par moments. Comme cela l’était pour Jésus : on l’a mis en croix, entre ciel et terre. ‘Il est venu parmi les siens, mais les siens ne l’ont pas accepté’. Il a aimé le monde, mais le monde ne l’a pas aimé. C’est aussi notre croix à nous : être suspendus entre ciel et terre. Mais c’est dans cette position de crucifiés que nous apportons au monde une fore de résurrection.

Jamais un homme n’a parlé comme Celui-là, disait-on de Jésus. Puisse-t-on le dire également de nous, chrétiens, à notre époque. Faut-il crier pour autant? De temps en temps oui, certainement. Mais reste que le prophète Isaïe dit du Serviteur : ‘Il ne criera pas, il n’élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre dans la rue sa clameur… (Is 42,2). Il nous faudra le don de parler à notre époque : fermement et sans compromis, mais jamais sur un ton de supériorité ou de mépris; il nous faut le don de parler comme Jésus. ‘Il fut pris de pitié pour les foules, parce qu’elles étaient harassées et prostrées comme des brebis qui n’avaient pas de berger’ (Mt 9,36). Parler à nos contemporains pour servir et non pour dominer.

La grâce du pardon et de la réconciliation

Peut-être encore ceci. Nous chrétiens, nous avons beaucoup à faire pour ce monde : nous engager pour la justice, pour la solidarité, combattre la faim et la violence, sauver notre planète. C’est ce que nous faisons. Mais peut-être le monde a-t-il besoin d’autre chose encore de notre part : la réconciliation et le pardon. Chez nous et ailleurs. Rapprochement et réconciliation entre tant de couleurs, de races et de langues qui vivent ensemble. Peut-être notre pays est-il un laboratoire pour réaliser cette convivialité dans les différences, cette cohésion dans la diversité. Il y a peu d’endroits dans le monde où tant de gens différents cherchent à vivre ensemble. Certes, à la base il faudra toujours le respect du droit et de la justice. Mais le monde ne sera viable que lorsque sur l’humus de la justice et de l’équité, fleurira la plante médicinale qui s’appelle réconciliation et pardon. Que celui qui donne son droit à l’autre, engendre l’autre à la vie ; mais celui qui pardonne ressuscite un mort.

En jetant un regard en arrière sur ma vie d’évêque, je vois ce que j’ai pu réaliser et ce que je n’ai pas pu faire, je vois les succès et les échecs, les occasions que j’ai mises au profit et celles que j’ai manquées, je vois mes dons et mes défauts. Que dire ? Avec le jeune curé dans le roman de Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, j’ai envie de dire : ‘Tout est grâce’. Est-ce par hasard que s’est aussi une parole de sainte Thérèse de Lisieux : ‘Tout est grâce ‘. Oui, tout est grâce. Merci Seigneur !

+ Godfried Cardinal DANNEELS,

Archevêque de Malines-Bruxelles

Lettre du card. Hummes aux prêtres du monde pour Noël

17 décembre, 2009

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http://www.zenit.org/article-22914?l=french

Lettre du card. Hummes aux prêtres du monde pour Noël

Une « Heure eucharistique et mariale » à Sainte-Marie-Majeure

ROME, Mercredi 9 décembre 2009 (ZENIT.org) – Une « Heure eucharistique et mariale », est célébrée à Rome, le premier jeudi du mois, pendant l’Année Sacerdotale, à 16 heures, en la basilique de Sainte-Marie-Majeure.

Dans le cadre de l’Année sacerdotale, et à l’occasion de Noël, le cardinal Cláudio Hummes, préfet de la congrégation pour le Clergé, publie cette lettre aux prêtres dans laquelle il évoque notamment cette célébration.

Lettre aux prêtres, décembre 2009, Année sacerdotale

Chers Prêtres,

         dans la vie du Prêtre, la prière occupe nécessairement l’une des places centrales. Ce n’est pas difficile à comprendre, parce que la prière cultive l’intimité du disciple avec son Maître, Jésus-Christ. Nous savons tous comment, lorsqu’elle s’évanouit, la foi s’affaiblit et le ministère perd contenu et sens. La conséquence existentielle pour le Prêtre sera d’avoir moins de joie et moins de bonheur dans le ministère de chaque jour. C’est comme si, sur la route à la suite de Jésus, le Prêtre, qui marche avec beaucoup d’autres, commençait à prendre toujours plus de retard et s’éloignait ainsi du Maître, jusqu’à le perdre de vue à l’horizon. Dès lors, il se retrouve égaré et vacillant.

         Saint Jean Chrysostome, dans une homélie commentant la Première Lettre de Paul à Timothée, avertit avec sagesse : « Le diable s’acharne contre le pasteur [...]. En effet, s’il tue les brebis le troupeau diminue, mais s’il élimine le pasteur, il détruira tout le troupeau ». Ce commentaire fait penser à beaucoup de situations actuelles.  Chrysostome nous met en garde : la diminution des pasteurs fait et fera baisser toujours plus le nombre des fidèles et des communautés. Sans pasteurs, nos communautés seront détruites !

         Mais ici je voudrais d’abord parler de la prière, nécessaire pour que, comme dirait Chrysostome, les pasteurs soient vainqueurs du diable et ne s’évanouissent pas. Vraiment, sans la nourriture essentielle de la prière, le Prêtre tombe malade, le disciple ne trouve pas la force pour suivre le Maître, et ainsi il meurt de dénutrition. Par conséquent, son troupeau se disperse et meurt à son tour.

         En effet, chaque Prêtre a une référence essentielle à la communauté ecclésiale. Il est un disciple très spécial de Jésus, qui l’a appelé et, par le sacrement de l’Ordre, se l’est configuré, comme Tête et Pasteur de l’Église. Le Christ est l’unique Pasteur, mais il a voulu faire participer à Son ministère les Douze et leurs Successeurs, à travers lesquels les Prêtres également, quoique à un degré inférieur, sont rendus participants de ce sacrement ; de sorte qu’ils participent eux aussi, d’une manière qui leur est propre, au ministère du Christ, Tête et Pasteur. Cela comporte un lien essentiel du Prêtre avec la communauté ecclésiale. Il ne peut pas ne pas tenir compte de cette responsabilité, vu que la communauté sans pasteur meurt. Au contraire, à l’exemple de Moïse, il doit garder les bras levés vers le ciel, en prière, pour que le peuple ne périsse pas.

         Le Prêtre donc, pour rester fidèle au Christ et fidèle à la communauté, a besoin d’être un homme de prière, un homme qui vit dans l’intimité du Seigneur. Il a le besoin en outre d’être réconforté par la prière de l’Église et de chaque chrétien. Que les brebis prient donc pour leur pasteur ! Lorsque, cependant, le Pasteur lui-même se rend compte que sa vie de prière s’affaiblit, il est temps de s’adresser à l’Esprit Saint et de demander avec l’esprit du pauvre. L’Esprit rallumera le feu en son coeur. Il rallumera la passion et l’enchantement envers le Seigneur, qui est resté là et qui veut dîner avec lui !

         En cette Année Sacerdotale, nous voulons prier, avec persévérance et beaucoup d’amour, pour les Prêtres et avec les Prêtres. À cette intention, la Congrégation pour le Clergé, chaque premier Jeudi du mois, pendant l’Année Sacerdotale, à 16 heures, célèbre une Heure eucharistique et mariale, dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure, à Rome, pour les Prêtres et avec les Prêtres. Beaucoup de gens viennent, avec joie, prier avec nous.

         Très chers Prêtres, la Noël de Jésus-Christ s’approche. Je voudrais présenter à vous tous mes vœux les meilleurs et les plus fervents d’un Bon Noël et d’une heureuse Année 2010. Dans la crèche l’Enfant Jésus nous invite à renouveler envers Lui l’intimité de l’ami et du disciple, pour nous envoyer de nouveau comme ses évangélisateurs !

Cardinal Cláudio Hummes

Préfet de la Congrégation pour le Clergé

Les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité, souligne le card. Tauran

9 octobre, 2009

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http://www.cardinalrating.com/cardinal_111__article_8966.htm

Les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité, souligne le card. Tauran

Jul 03, 2009

Clôture de l’Année Saint-Paul en Turquie

ROME, Mardi 30 juin 2009 (ZENIT.org) – « Nos églises ne sont pas des musées, les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité », a lancé le cardinal Jean-Louis Tauran, envoyé spécial de Benoît XVI aux célébrations de clôture de l’année paulinienne en Turquie, en invitant la minorité chrétienne du pays à avoir « le courage de la différence ».

Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a invité les chrétiens à être « cohérents », a rapporté l’agence de la conférence épiscopale italienne SIR (Service d’informations religieuses). « Soyez une minorité dont tous, dans ce grand pays riche d’histoire, attendent quelque chose de différent », a-t-il ajouté. 

« Nos églises ne sont pas des musées, les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité », a-t-il affirmé devant de nombreux catholiques turcs réunis dans l’église Saint-Paul à Tarse. 

Le cardinal a aussi proposé aux fidèles la figure de saint Paul, apôtre des nations, comme « un exemple à suivre ». « Dieu est allé à la recherche de Paul, il l’a appelé par son nom ». « Pour Dieu, nous ne sommes pas un numéro, comme ceux que l’on gravait dans les camps de concentration, mais il nous appelle par notre nom », a-t-il expliqué. 

Ainsi, « chacun a une vocation », a-t-il poursuivi en présentant l’Eglise comme un « espace de communion entre les hommes ». Pour le cardinal, « on n’aime pas l’homme si on l’aide à acquérir richesse et pouvoir, mais on l’aime si on l’aide à se mettre au service du prochain et à être bienveillant ». 

La veille, 28 juin, à Antioche, lors de l’ouverture des célébrations conclusives de l’Année paulinienne, le cardinal Tauran avait aussi proposé l’exemple de Paul, exhortant les fidèles à « demander à Dieu le courage nécessaire pour proclamer et proposer la Bonne Nouvelle à nos frères en humanité, sans peur ni fléchissement ». 

« Le pluralisme qui caractérise le monde d’aujourd’hui nous pousse à rappeler que celui qui veut suivre Jésus doit porter sa croix, celui qui aime sa vie la perd, la personne humaine est sacrée, comme la vie », avait-il ajouté. « Il faut beaucoup de courage pour apporter ce message sur la place publique d’aujourd’hui ». 

Le cardinal Tauran avait souligné combien, « depuis les débuts, le christianisme a été à l’opposé de la sagesse du monde ». « Si nous avons le courage de la différence, alors l’Evangile sera annoncée à travers notre vie », avait-il souligné. 

« L’Eglise de Jésus n’est pas une monarchie absolue, ni une organisation internationale mais une famille, elle est communion et dialogue », avait-il aussi estimé. « L’Eglise est le visage du Christ et nous en sommes les traits ». « Nous devons donc être des témoins crédibles de Jésus », avait conclu le cardinal français.

« Sans Dieu nous ne sommes rien », affirme le cardinal George Pell

7 octobre, 2009

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http://www.zenit.org/article-22188?l=french

« Sans Dieu nous ne sommes rien », affirme le cardinal George Pell

Intervention de l’archevêque de Sydney au « Festival des idées dangereuses »

ROME, Mardi 6 octobre 2009 (ZENIT.org) – C’est dans des guerres culturelles – la défense de la vie, du mariage, de la famille – que se trouve, pour beaucoup, l’origine de la haine de Dieu et de la religion, estime le cardinal George Pell, archevêque de Sydney, en Australie.

Le cardinal Pell a participé le week-end dernier au « Festival des idées dangereuses » qui s’est déroulé à l’Opera House de Sydney, en présence notamment de l’écrivain britannique anti-religieux Christopher Hitchens dont l’intervention avait pour thème « La religion empoisonne tout », et de la féministe Germaine Greer qui a parlé de la liberté comme « la plus dangereuse des idées ».

Dans son intervention, le cardinal Pell a expliqué, selon un communiqué de l’archidiocèse de Sydney, que « l’absence de Dieu dans le débat australien ne relève généralement pas d’une quelconque théorie politique de langue anglaise, mais est davantage due à l’hostilité laïque contre le christianisme ».

« Il arrive souvent que Dieu soit englobé dans l’hostilité laïque envers la défense par les chrétiens de la vie humaine, en particulier au début et à la fin, la défense du mariage, de la famille et le rapport de la sexualité à l’amour et à la vie », a-t-il expliqué.

« C’est là, dans ces guerres culturelles, que se trouve, pour beaucoup, l’origine de la haine de Dieu et de la religion, tandis que la nouvelle violence d’une minorité de terroristes islamistes a offert aux laïcs occidentaux de nouvelles raisons d’attaquer toutes les religions. Toutefois, il est beaucoup moins dangereux de s’en prendre aux chrétiens ! » a fait observer le cardinal Pell.

Même s’ils sont nombreux, notamment parmi les anti-théistes et les provocateurs, à voir encore en Dieu un ennemi, les récents développements de la physique et de la biologie plaident en faveur de Dieu, premier mathématicien, a expliqué le cardinal australien.

Le cardinal George Pell a déclaré qu’il est impossible d’accéder à Dieu dans le cadre de la science, car Dieu est en dehors de l’espace et du temps.

Citant Antony Flew, philosophe athée notoire, très influent, qui a changé d’avis et proclame qu’il y a un Dieu, le cardinal Pell a affirmé que lorsque nous étudions l’interaction de corps physiques, tels que les particules sous-atomiques, nous faisons de la science. Quand nous nous demandons comment et pourquoi ces particules existent, nous dépassons la physique pour entrer dans la métaphysique, nous faisons de la philosophie.

« Je le répète, le Dieu qui est au coeur du débat n’est pas un Dieu des ‘trous’ (vides), pas un Dieu qui est là pour colmater les trous existant dans notre connaissance scientifique actuelle, qui pourraient être remplis plus tard, au fur et à mesure des progrès de la science », a insisté le cardinal Pell. « C’est l’ensemble de l’univers qui n’a pas d’explication par lui-même, y compris l’infrastructure et des éléments que nous comprenons scientifiquement. »

Le cardinal Pell a déclaré qu’il prévoit la popularité mondiale future de Dieu, rien qu’à observer les tendances actuelles qui montrent que la Chine pourrait bien, d’ici la fin du 21e siècle, compter la population chrétienne la plus nombreuse du monde.

Le cardinal Pell a enfin confié qu’il est toujours intrigué par le fait que tant de gens dans le monde occidental aujourd’hui sont incapables de croire, notamment ceux qui de par leur culture sont attachés au christianisme et au judaïsme.

« Pour moi, c’est une question trop importante pour être l’objet de polémiques ou pour se faire plaisir, » a-t-il déclaré. « Je continuerai à croire en un seul vrai Dieu, parce que je maintiens qu’aucun athée ne peut expliquer le sourire d’un enfant ».

« Contre ceci, le tsunami nous rappelle également brutalement le problème de la souffrance des innocents. Mais une telle souffrance est pire s’il n’y a rien après la vie pour contrebalancer les degrés de malheur et d’injustice, et pire encore s’il n’y a pas d’innocence ou de culpabilité, ni bien ni mal, si tout a l’importance morale de l’écume sur la vague. Sans Dieu, nous ne sommes rien », a conclu le cardinal.

La prière chrétienne, bonheur sur la terre, par le card. Schönborn

2 octobre, 2009

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http://www.zenit.org/article-22144?l=french

La prière chrétienne, bonheur sur la terre, par le card. Schönborn

ROME, Jeudi 1er Octobre 2009 (ZENIT.org) – La prière « est un bonheur » et pourtant le grand combat de la vie du prêtre – et du baptisé – c’est le combat pour la prière, fait observer le cardinal Schönborn : il invite les prêtres à revenir à la prière dans la « confiance » et en prenant garde aux pièges de la solitude et des moyens de communications mangeurs de temps.

Le cardinal Christoph Schönborn, o.p., archevêque de Vienne, a donné, le 30 septembre, sa troisième méditation pour la retraite sacerdotale internationale à Ars, dans le cadre de l’année sacerdotale, sur le thème : « Prière et combat spirituel ».

Le prédicateur a rappelé que pour le curé d’Ars, celui qui prie se trouve « comme un poisson dans l’eau ». La prière était pour lui comme « un bain d’amour dans lequel l’homme se plonge ». Il n’a cessé de « parler du bonheur de la prière » en disant : « Comme on est heureux quand on prie ! », « parler à Dieu est si grand, si puissant ». Les paroissiens notaient sur son visage un « rayonnement de bonheur ». C’est, a dit l’archevêque, en présence de la relique du cœur du saint Curé d’Ars présent dans l’église souterraine de Notre-Dame de la miséricorde une invitation « à retrouver le bonheur de la prière ».

Pourquoi fuir un tel bonheur ?

« Si c’est vraiment un tel bonheur, pourquoi fuyons-nous un tel bonheur ? » s’est demandé le cardinal viennois.

Il a mentionné la crise qui a frappé l’Eglise et notamment la vie religieuse après le concile Vatican II, une vie religieuse dans laquelle il s’est engagé à 18 ans, dans l’Ordre de Saint Dominique. Il y voit comme une « vague de tsunami », survenue après le concile, provoquant « une mise en cause de la prière », on pensait qu’il fallait plus « d’action », changer « des structures considérées comme dépassées, injustes »…

Le cardinal a fait observer que lorsque l’on néglige la prière, la vie religieuse ou sacerdotale revêt une certaine « grisaille », elle « perd son goût », on est même tenté de quitter la vie religieuse : « c’est le drame de beaucoup de ma génération, car avec l’abandon de la prière, la vie de foi perdait sa saveur ». Aujourd’hui, certes, « la crise aiguë de l’après concile est passée, mais le danger de perdre le gout de Dieu en négligeant la prière reste un vrai danger », a-t-il expliqué.

Un roc de prière

« Le combat de la prière, c’est le combat de la vie tout court ! » et de citer l’exemple du pape Jean-Paul II : « C’est un immense privilège d’avoir connu le roc de la prière qu’était Jean-Paul II : qu’il intercède pour réveiller en nous ici, à Ars, le goût, le désir, la joie et l’endurance de la prière ».

« La prière, c’est un geste de l’homme tout court, dans toutes les religions. Mais ce qui rend la prière chrétienne unique c’est que c’est la prière de Jésus : le Fils a prié le Père avec un coeur humain. Il est pour ainsi dire le lieu de la Rencontre et, pour nous les prêtres, ce Cœur de Jésus constitue pour ainsi dire notre coin de prière, ce lieu secret où notre vie de serviteur du Christ, d’ami de Jésus trouve sa place ».

« Maître, où demeures-tu ? » demandent les disciples André et Jean à Jésus qui répond : « Venez et voyez ». « J’aime ce récit de la rencontre d’André et Jean avec Jésus : cette simple question prend une signification profonde, pas seulement celle de la demande d’une adresse. C’était environ la 10e heure – 4 h de l’après midi -. Jean a pu y trouver exprimée la quête de cette autre demeure, de cette demeure où Jésus demeure toujours : le cœur du Père le « kolpos tou Patrou » comme le dit le Prologue de saint Jean ».

« N’est-ce pas en contemplant son maître qui prie que le disciple apprend à prier, dit le Catéchisme : il faut regarder Jésus prier ! » a ajouté le cardinal Schönborn avant de faire observer la tentation de chercher ailleurs des méthodes de prière : « J’ai un grand respect pour des formes de méditation sans image. Mais il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre : comment cela peut-il se faire dans une prière chrétienne ? Comment prier sans chercher le visage de Jésus, le regarder agir, guérir, souffrir, mourir, ressusciter : c’est impossible pour la prière chrétienne ».

« Prier, a souligné l’archevêque, c’est surtout rejoindre Jésus en ces longues heures de prière silencieuse, le matin, le soir, la nuit, à l’agonie ou lors de sa prière ultime sur la Croix ».

Anita S. Bourdin

Les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité, souligne le card. Tauran

3 juillet, 2009

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Les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité, souligne le card. Tauran

Jul 03, 2009
Clôture de l’Année Saint-Paul en Turquie

ROME, Mardi 30 juin 2009 (ZENIT.org) – « Nos églises ne sont pas des musées, les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité », a lancé le cardinal Jean-Louis Tauran, envoyé spécial de Benoît XVI aux célébrations de clôture de l’année paulinienne en Turquie, en invitant la minorité chrétienne du pays à avoir « le courage de la différence ».

Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a invité les chrétiens à être « cohérents », a rapporté l’agence de la conférence épiscopale italienne SIR (Service d’informations religieuses). « Soyez une minorité dont tous, dans ce grand pays riche d’histoire, attendent quelque chose de différent », a-t-il ajouté. 

« Nos églises ne sont pas des musées, les chrétiens ne sont pas des pièces d’antiquité », a-t-il affirmé devant de nombreux catholiques turcs réunis dans l’église Saint-Paul à Tarse. 

Le cardinal a aussi proposé aux fidèles la figure de saint Paul, apôtre des nations, comme « un exemple à suivre ». « Dieu est allé à la recherche de Paul, il l’a appelé par son nom ». « Pour Dieu, nous ne sommes pas un numéro, comme ceux que l’on gravait dans les camps de concentration, mais il nous appelle par notre nom », a-t-il expliqué. 

Ainsi, « chacun a une vocation », a-t-il poursuivi en présentant l’Eglise comme un « espace de communion entre les hommes ». Pour le cardinal, « on n’aime pas l’homme si on l’aide à acquérir richesse et pouvoir, mais on l’aime si on l’aide à se mettre au service du prochain et à être bienveillant ». 

La veille, 28 juin, à Antioche, lors de l’ouverture des célébrations conclusives de l’Année paulinienne, le cardinal Tauran avait aussi proposé l’exemple de Paul, exhortant les fidèles à « demander à Dieu le courage nécessaire pour proclamer et proposer la Bonne Nouvelle à nos frères en humanité, sans peur ni fléchissement ». 

« Le pluralisme qui caractérise le monde d’aujourd’hui nous pousse à rappeler que celui qui veut suivre Jésus doit porter sa croix, celui qui aime sa vie la perd, la personne humaine est sacrée, comme la vie », avait-il ajouté. « Il faut beaucoup de courage pour apporter ce message sur la place publique d’aujourd’hui ». 

Le cardinal Tauran avait souligné combien, « depuis les débuts, le christianisme a été à l’opposé de la sagesse du monde ». « Si nous avons le courage de la différence, alors l’Evangile sera annoncée à travers notre vie », avait-il souligné. 

« L’Eglise de Jésus n’est pas une monarchie absolue, ni une organisation internationale mais une famille, elle est communion et dialogue », avait-il aussi estimé. « L’Eglise est le visage du Christ et nous en sommes les traits ». « Nous devons donc être des témoins crédibles de Jésus », avait conclu le cardinal français.

Newman: La Providence de Dieu

22 juin, 2009

du site:

http://www.newmanfriendsinternational.org/french/?p=53

NEWMAN:

La Providence de Dieu

1. Je t’adore, mon Dieu, pour avoir doté de fins et de moyens tous les êtres que tu as créés. Tu as créé toutes choses en vue d’une fin qui lui est propre, et c’est vers elle que tu les conduis. La fin que tu as assignée à l’homme en le créant, c’est de t’adorer et de te servir – adoration et service qui feraient son bonheur et lui vaudraient (âme et corps) une éternité bienheureuse auprès de toi. Et tu as pourvu à cette fin, et ce pour chaque être humain. Ta main et ton œil sont posés sur nous, comme sur la création animale. Tu maintiens en vie tout ce qui existe et tu diriges tout être vers sa fin appropriée. Il n’y a pas un reptile, un insecte, que tu ne voies et ne fasses vivre le temps qu’il doit durer. Le pécheur, l’athée, l’idolâtre, le blasphémateur, tu les conserves en vie afin qu’ils puissent se repentir. Tu prends soin de chacun des êtres que tu as créés, comme s’il était unique au monde. Car tu peux voir chacun d’entre eux à tout moment, dans cette vie mortelle, et tu les aimes tous, et tu t’occupes de chacun d’entre eux pour lui-même, dans toute la plénitude de tes attributs. Mon Dieu, j’aime à te contempler, j’aime à t’adorer, toi le merveilleux artisan de toutes choses chaque jour et en tout lieu.

2. Tous les actes de ta Providence sont des actes d’amour. Si tu nous envoies le malheur, c’est par amour. Tous les maux du monde physique sont soit les agents du bien de tes créatures, soit les inévitables ministres de ce bien. Et toi tu tournes ce mal en bien. Tu frappes de malheurs les hommes afin de les amener à se repentir, d’accroître leur vertu et de leur faire acquérir un plus grand bien dans le monde à venir. Rien n’est fait en vain, tout tend gracieuse­ment vers sa fin. Tu envoies le châtiment, mais dans ta colère tu demeures miséricordieux. Même ta justice, quand elle frappe le pécheur impénitent qui a épuisé le trésor de tes grâces, est une miséricorde pour autrui, qu’elle agisse comme un avertissement, ou qu’elle le sauve de la contamination. Je reconnais avec une foi ferme et entière, ô Seigneur, la sagesse et la bonté de ta Providence, jusque dans tes inscrutables jugements et dans tes incompréhensibles décrets.

3. O mon Dieu, ma vie tout entière n’a été qu’une longue suite de grâces et de bénédictions. Je n’ai pas besoin de croire, car j’ai de longue date l’expérience de ce que ta Providence a fait pour moi, malgré mes indignités. Année après année, tu m’as porté – tu as ôté les obstacles de mon chemin, tu m’as relevé quand je tombais, tu m’as désaltéré quand j’avais soif, tu m’as supporté, tu m’as dirigé, tu m’as soutenu. Oh ! ne m’abandonne pas quand mes forces me manquent. Mais je sais que tu ne m’abandonneras jamais. Je puis en toute assurance me reposer sur toi. Pécheur que je suis, si je te reste fidèle, jusqu’à la fin, tu me resteras surabon­damment fidèle. Je puis m’appuyer sur ton bras ; je puis m’endormir sur ton sein. Accrois seulement en moi cette vraie loyauté qui m’attache à toi, et qui est le lien de l’alliance contractée entre toi et moi, et la garantie pour mon cœur et pour ma conscience que toi, le Dieu suprême, tu ne m’abandonneras pas, moi le plus misérable et le plus chétif de tes enfants.

(John Henry Newman, Méditations sur la Doctrine Chrétienne, Ad Solem 2000, p. 139-141)

Posted: février 11th, 2009 under Prières et Méditations.

Les croyants, « prophètes » de l’espérance, par le cardinal Tauran

15 juin, 2009

du site:

http://news.catholique.org/18298-les-croyants-prophetes-de-l-esperance-par-le

Les croyants, « prophètes » de l’espérance, par le cardinal Tauran

ROME, Vendredi 29 février 2008 (ZENIT.org) – « Les croyants sont les ‘prophètes’ de l’espérance ! Ils ne croient pas en la fatalité de l’histoire », affirme le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, à l’occasion de la rencontre avec les autorités musulmanes de Al-Azar, au Caire, le 27 février. Voici le texte intégral de son intervention.

LES CROYANTS DANS LA SOCIETE D’AUJOURD’HUI

Le Caire, 27 février 2008

Centre Saint Joseph – Salle du Nil

Chers amis,

Il m’est particulièrement agréable de me trouver parmi vous ce soir, au cœur de la capitale de votre grand pays, carrefour de civilisations et de religions, où, depuis des siècles, chacun apprend chaque jour à vivre ensemble sous le regard de Dieu !

Depuis le mois de juin dernier, le pape Benoît XVI m’a confié la responsabilité du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, à la tête duquel m’ont précédé d’illustres prélats soucieux de la rencontre des cœurs et du respect des convictions de chacun. L’un d’entre eux n’est autre que le Représentant du pape en Egypte, le Nonce Apostolique, Mgr Michael Fitzgerald, que je salue cordialement. Je m’efforcerai, durant les années à venir, de faire fructifier le mieux possible l’héritage que j’ai reçu d’eux !

Je suis heureux que mon premier voyage officiel en dehors de Rome ait lieu au Caire où les chrétiens sont présents depuis les premiers temps du christianisme à côté de leurs compatriotes de religion musulmane. Les uns et les autres – les uns AVEC les autres – ils sont appelés à tisser, jour après jour, la magnifique tapisserie de la rencontre et du dialogue !

Et si je suis ici, ces jours-ci, c’est justement pour continuer et renforcer ce climat de bonne entente interreligieuse. Chaque année, se réunit en effet, une fois au Caire et une fois à Rome, le « Comité mixte pour le Dialogue ». C’est ainsi que nous avons bénéficié, ces jours derniers, d’échanges profitables avec le « Comité Permanent d’al-Azhar pour le Dialogue avec les Religions monothéistes » constitué dans ce but.

Ce soir, je voudrais partager avec vous quelques convictions sur la signification de la présence des croyants dans la société. Nous n’avons pas à douter ni de notre identité, ni de notre place dans la société où nous vivons et dont nous sommes citoyens à part entière. Là où se trouvent des croyants, sous quelque latitude que ce soit, là se trouve pour eux le meilleur endroit pour vivre : c’est là que Dieu les a plantés pour qu’ils portent du fruit ! Croyants et société. Dialogue entre croyants. Voilà des thèmes d’actualité !

C’est un fait : la Religion intéresse ! Je suis toujours agréablement surpris de constater le grand nombre de magazines et de livres traitant de sujets religieux offerts par les kiosques des aéroports. Il y a seulement dix ans, il n’en était pas ainsi, du moins en Europe. Certes Dieu n’avait pas disparu. Mais il n’était pas convenable de montrer que l’on croyait en Lui. Etre croyant relevait de la sphère privée.

LE RETOUR DU RELIGIEUX

Pourquoi les choses ont-elles changé ?

= Parce que notre monde est devenu de plus en plus précaire à cause de vieux et de nouveaux conflits armés qui affectent tant de peuples et il faut bien trouver des raisons d’espérer.

= Parce que le matérialisme et la course à l’argent posent le problème du sens de la vie et de la mort. Avoir toujours plus, oui, mais dans quel but ?

= Parce que les progrès des sciences et de la technique posent de plus en plus une question grave : va-t-on pouvoir maîtriser leurs innovations ?

= Parce que, dans beaucoup de pays où tous les comportements sont permis, de plus en plus de jeunes sont à la recherche de repères moraux.

= Parce que certains croyants dévoyés ont utilisé leur religion pour justifier des actions terroristes : la religion ainsi comprise fait peur !

= Ou tout simplement, parce que la personne humaine possède par nature une dimension religieuse. Nous connaissons les paroles inspirées d’Augustin d’Hippone qui louait Dieu parce que, écrivait-il, « tu nous as créés pour toi, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en toi » (S. Augustin, Les Confessions, chap. 1).

La permanence du sentiment religieux dans l’histoire de l’humanité est un fait. Arnold Toynbee l’a bien démontré : la religion n’est pas un moment particulier de l’histoire ; elle est une des composantes de la nature humaine, une dimension constitutive de son être. Depuis que l’homme est sur terre, il n’a cessé d’interroger le ciel.

Les impressionnants vestiges de la vallée du Nil en témoignent éloquemment ! Il n’y a pas de civilisation sans religion !

L’INTERRELIGIEUX

Mais, une autre « nouveauté » est à signaler : c’est la réalité universelle de l’« inter-religieux ». A de rares exceptions près, toutes les sociétés accueillent des croyants de toutes convictions.

Pratiquement toutes les sociétés sont devenues pluri-religieuses. Ce qui me fait dire que nous sommes tous « condamnés » au dialogue !

Où que nous vivons, nous sommes toujours des croyants parmi d’autres croyants !

Depuis le Concile Vatican II (1962-1965), les papes qui se sont succédés ont encouragé le dialogue entre le christianisme et les autres religions, invitant au respect des convictions mutuelles et au respect de ce que Dieu ne cesse de réaliser dans le cœur de chacun. Cela, non pas pour dire : « toutes les religions se valent ». Non ! Mais pour dire : « tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité ». En outre, parce que les êtres humains ont été créés libres de chercher Dieu et d’adhérer à lui, ils doivent être libres de faire ou ne de pas faire le choix de Dieu.

Ainsi les croyants sont passés petit à petit de la rencontre au dialogue :

le dialogue de la vie qui consiste à partager nos joies et nos peines avec les adeptes d’autres religions ; le dialogue des œuvres qui nous fait collaborer au bien-être des uns et des autres, surtout de ceux qui vivent la pauvreté ou la maladie ; le dialogue des échanges théologiques qui permet de mieux comprendre nos héritages religieux ; le dialogue des spiritualités qui met à la disposition des uns et des autres la richesse de leur vie de prière ou de contemplation.

Vous en conviendrez avec moi, je me demande si nous avons pris la mesure de la fécondité de tous ces efforts ? Nous avons devant nous un vaste chantier. Mais, je crois que les Chefs religieux chrétiens et ceux des autres religions ont compris que le dialogue interreligieux (auquel nous sommes « condamnés » comme je disais tout à l’heure), consiste à se regarder, à s’écouter, à se connaître pour pouvoir échanger sur des questions sur lesquelles nous avons des avis différents, dans le but d’apprendre un peu plus des uns et des autres.

Le préfixe « dia » signifie « à travers » ; ce qui veut dire que le dialogue est une parole qui se laisse traverser par une autre !

Il est clair que des croyants qui pratiquent ce genre de relations ne peuvent pas passer inaperçus dans la société, quels que soient les systèmes politique ou culturel qui l’orientent. D’autant plus que tous les croyants vivent leur foi et la pratiquent en communauté : on parle de « communautés de croyants » ou de « confessions ».

LES CROYANTS DANS LA SOCIETE

J’en viens donc aux rapports entre les croyants et la société.

Ils sont inévitables. Parce que l’homme est un « animal religieux », il est toujours à la fois citoyen et croyant. Ce qui entraîne la société et ses responsables à s’entendre avec eux sans se confondre, et à se fréquenter sans s’opposer. Les citoyens qui adhèrent à une religion sont la majorité. Il y a donc un fait religieux qui s’impose : par le nombre des croyants, par la durée de leurs traditions, par la visibilité de leurs institutions et de leurs rites. Les responsables des sociétés doivent en prendre acte et veiller à ce que la liberté de conscience et de culte ne nuise pas à la liberté des autres croyants et des non-croyants et ne perturbe pas l’ordre et la santé publiques.

Mais, plus positivement, les responsables des sociétés peuvent bénéficier du patrimoine moral des religions et de l’engagement de leurs adeptes, en vue du bien commun. Toutes les religions, bien que par des moyens divers, ont en commun l’ambition de collaborer avec tous ceux qui s’efforcent :

  d’assurer le respect effectif de la personne humaine et de ses droits ;

  de développer le sens de la fraternité et de l’entraide ;

  de s’inspirer du « savoir-faire » des communautés de croyants qui rassemblent, au moins chaque semaine, des millions d’adeptes de toute condition sociale et formation intellectuelle, tout en respectant les différences et en vivant une authentique communion spirituelle ;

  d’aider les hommes et les femmes de ce temps à ne pas être esclaves de la consommation et du seul profit.

Pensant à vous, chers Amis, qui êtes appelés à pratiquer le dialogue interreligieux chaque jour, je voudrais indiquer certains domaines où, chrétiens et musulmans ensemble, peuvent contribuer efficacement au bien commun de la société égyptienne.

* D’abord, par le témoignage de leur vie de prière, individuelle et communautaire, chrétiens et musulmans rappellent que « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Dans le monde d’aujourd’hui, il est primordial de rappeler – et de montrer- la nécessité d’une vie intérieure.

* Ensuite, des chrétiens et des musulmans fidèles à leurs engagements peuvent faire mieux comprendre que la liberté de religion est beaucoup plus que d’avoir une église ou une mosquée à leur disposition (cela est évident), mais que c’est aussi avoir la possibilité de participer au dialogue public par la culture (écoles, universités) ainsi que par l’engagement politique et social (où les croyants doivent être exemplaires).

* ensemble, comme ils l’ont fait à l’occasion de réunions internationales récentes, ils ne doivent jamais hésiter à défendre la sacralité de la vie humaine ainsi que la dignité de la famille.

* Ils n’hésiteront pas non plus à unir leurs efforts dans la lutte contre l’analphabétisme et les maladies.

* Ils ont en commun la grande responsabilité de pourvoir à la formation morale de la jeunesse.

* Enfin, ils ne peuvent se soustraire à l’impérieux devoir d’être des artisans de paix, de développer une pédagogie de la paix qui s’enseigne en famille, à l’église, à la mosquée, à l’école, à l’université. Les religions ne font pas la guerre : ce sont les hommes qui la font ! Quand des hommes et des femmes tuent au nom de leur religion, ils ne montrent pas leur force, mais leur faiblesse. A court d’arguments, il ne leur reste que leurs poings !

Ils ne rendent certainement pas gloire à Dieu. Je ne connais pas de condamnation plus forte de cette perversion du sentiment religieux que celle prononcée par le pape Benoît XVI, au début de l’année 2006, quand, condamnant le terrorisme, il affirmait : « aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu » (Discours au Corps diplomatique, 9 janvier 2006).

Dans la Lettre ouverte que 138 personnalités musulmanes ont adressée aux Chefs religieux chrétiens, il est souligné opportunément que chrétiens et musulmans représentent 55% de la population mondiale et que, par conséquent, ensemble, s’ils sont fidèles à leur religion, ils peuvent faire beaucoup de bien. Il me semble, en effet, que les croyants à l’écoute des attentes de leurs contemporains peuvent faire beaucoup pour la stabilité et la paix dans les sociétés dont ils sont membres.

Pour conclure, je dirai que les croyants – chrétiens et musulmans – sont porteurs d’un double message :

1) Dieu seul est digne d’adoration : toutes les idoles fabriquées par les hommes (richesse, pouvoir, apparences, hédonisme) constituent une menace pour la dignité de la personne, créature de Dieu ;

2) Sous le regard de Dieu, tous les hommes sont de la même race, de la même famille humaine, tous appelés à la liberté et à la rencontre avec Dieu.

Dans le fond, les croyants sont les ‘prophètes’ de l’espérance ! Ils ne croient pas en la fatalité de l’histoire. Ils sont conscients que, dotés par Dieu d’une intelligence et d’un cœur, ils peuvent, avec l’aide de Dieu, changer la trajectoire des événements du monde pour les orienter selon le projet du créateur : faire de l’humanité une véritable famille ! Chacun de nous est appelé à être artisan de ce projet ! Pour nous chrétiens, en tous cas, n’oublions jamais l’exhortation de Paul, dans sa Lettre aux Romains : « Recherchez donc ce qui contribue à la paix, et ce qui nous associe les uns aux autres, en vue de la même construction » (14, 19). C’est une belle feuille de route !

Jean-Louis Card. Tauran

Cardinal Jozef Tomko: La vision catholique de la paix

27 mai, 2009

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=682

Cardinal Jozef Tomko

La vision catholique de la paix

Esprit et Vie n°96 – décembre 2003 – 2e quinzaine, p. 3-4.

Intervention du cardinal Jozef Tomko à la rencontre interreligieuse d’Astana (Kazakhstan), le 23 septembre 2003.

[…] Quelle est la façon catholique de comprendre la paix ? Quel est, selon l’Église catholique, le rôle des religions dans l’édification de la paix ? Au cours de mon intervention, je répondrai brièvement à ces deux questions.

La compréhension catholique de la paix

L’Église catholique croit fermement que la paix, avant encore d’être un effort humain, est un don de Dieu. C’est dans la Constitution pastorale – joie et espérance – sur l’Église dans le monde moderne (7 décembre 1965), du concile Vatican II, que nous trouvons l’enseignement le plus important de l’Église sur la paix.

Gaudium et spes affirme que « la paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre des forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique ».

Qu’est donc la paix ? Elle est l’ « effet de la justice » (Is 32, 17). « Elle est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine par son divin fondateur, et qui doit être réalisé par des hommes qui ne cessent d’aspirer à une justice plus parfaite. » La paix est aussi le fruit de l’amour, car l’amour « va bien au-delà de ce que la justice peut apporter » ([Gaudium et spes, n° 78).

Le rôle des religions dans l’édification de la paix. L’approche catholique

Les événements tragiques qui ont marqué le début du nouveau millénaire, les guerres qui les ont suivis, les tensions persistantes entre les peuples et les nations, la menace du terrorisme ainsi que d’autres phénomènes tragiques ont placé sous une lumière nouvelle le rôle des religions dans l’édification et la conservation de la paix. À ce propos, comme l’a affirmé Jean-Paul II, « les responsables religieux ont une responsabilité spécifique. Les confessions chrétiennes et les grandes religions de l’humanité doivent collaborer entre elles pour éliminer les causes sociales et culturelles du terrorisme, en enseignant la grandeur et la dignité de la personne, et en favorisant une conscience plus grande de l’unité du genre humain. Il s’agit là d’un domaine précis de dialogue et de collaboration œcuménique et interreligieux, pour que les religions se mettent d’urgence au service de la paix entre les peuples » (Message pour la Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2002, n° 12). Que peuvent faire, cependant, les religions pour promouvoir des relations pacifiques entre les peuples ?

Prier pour la paix

Comme je l’ai déjà dit, le christianisme considère la paix comme un don de Dieu et les chrétiens prient donc pour la paix. À ce sujet, le christianisme est en harmonie avec les autres religions. L’Église prie chaque jour pour la paix, car l’amour, la compassion, le pardon et la réconciliation, qui sont les voies de la paix, sont au centre de l’Évangile.

Le concile Vatican II exhorte les chrétiens à s’unir à tous les hommes et à toutes les femmes qui aiment la paix, dans le but de l’implorer et de la réaliser (voir Gaudium et spes, n° 78). C’est dans cet esprit que le pape Jean-Paul II, en octobre 1986, puis de nouveau en janvier 2002, a pris l’initiative d’inviter les responsables religieux à prier pour la paix dans le monde à Assise, ville de saint François, extraordinaire homme de paix ; en outre, le pape a invité, en janvier 1993, les responsables religieux à prier pour la paix en Europe, et en particulier dans les Balkans. L’Assemblée interreligieuse qui s’est tenue au Vatican, du 25 au 28 octobre 1999, sur le thème Au seuil du troisième millénaire : la collaboration entre les différentes religions, a elle aussi été l’occasion de moments de prière intenses.

Outre la prière, il y a également le jeûne pour la paix. Les participants à la première rencontre d’Assise et à l’Assemblée interreligieuse susmentionnée ont accompagné la prière par un jour de jeûne. En 2002, le pape a invité les catholiques à observer une journée de jeûne pour la paix, et plus précisément le dernier vendredi du Ramadan, dans un geste évident de solidarité spirituelle avec les musulmans.

Éduquer à la paix

L’éducation à la paix est synonyme d’éducation à l’amour, à la compassion et à l’harmonie. Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes conscients de l’importance de l’éducation pour la coexistence pacifique des peuples de diverses origines ethniques, culturelles et religieuses. Les identités culturelles et religieuses ne doivent pas être promues en opposition, mais en s’ouvrant les unes aux autres et en harmonie entre elles. Les prédicateurs doivent prêcher l’amour et non la haine, la compassion et non l’exclusion, l’objectivité et non les préjugés. Nous sommes aujourd’hui tous conscients du lien existant entre le fanatisme religieux, la violence, le terrorisme et les carences de l’éducation. Les éducateurs et les prédicateurs doivent construire des ponts et non ériger des barrières. Leur responsabilité face à Dieu et aux hommes, en particulier les jeunes, est immense. C’est pourquoi le pape a invité les responsables religieux du monde à favoriser la formation d’une opinion publique moralement correcte, présupposé fondamental pour construire une société civile internationale capable de rechercher la tranquillité de l’ordre dans la justice et dans la liberté (voir Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2002, n° 13).

Promouvoir la justice

L’antique adage latin « Si tu veux la paix prépare la guerre » est bien connu. Aujourd’hui, nous dirions : » Si tu veux la paix, promeus la justice ». Les personnes sont attachées à leurs droits et sont prêtes à les défendre. Les tensions, la haine, les guerres, la violence et les actes terroristes sont souvent le résultat de l’injustice.

Toutes les religions demandent la justice. Il s’agit d’une valeur divine, car Dieu est juste et exige la justice, et ceux qui désirent vivre selon sa volonté doivent pratiquer la justice. La règle d’or, présente dans toutes les religions sous des formes diverses, est une expression valable de l’appel/exhortation à la justice.

Il n’est pas possible de construire la paix sans justice, sans pardon accordé et reçu, sans réconciliation.

Promouvoir le développement intégral de la personne et de la société

Le pape Paul VI a affirmé que le développement est le nouveau nom de la paix. Le développement authentique embrasse chaque personne et la personne dans sa totalité. Il ne peut pas se limiter à la dimension économique ou intellectuelle, mais comprend également le domaine moral et spirituel.

La coopération est nécessaire entre les peuples des diverses religions, également dans le domaine du développement. Les difficultés que les hommes doivent affronter ne s’arrêtent pas aux frontières religieuses ; elles concernent les personnes de toutes les traditions. Il faut, par exemple, que tous collaborent à la protection de la création.

Promouvoir les droits humains, en particulier la liberté de religion

Les droits humains ont leur origine dans la dignité de la personne humaine. La dignité humaine et les droits humains sont des dons de Dieu Créateur, et non un don humain ou une concession politique. La liberté de religion est la pierre angulaire des droits humains. Chacun a le droit de choisir sa religion et de la pratiquer, que ce soit en tant qu’individu ou que membre d’une communauté. Les droits humains sont universels et indivisibles. Ils appartiennent à tous, partout.

Toutes les religions concordent sur le caractère sacré de la vie humaine et sur la dignité de la personne humaine. C’est pourquoi les religions ont le devoir de promouvoir les droits humains. Il n’est pas possible d’invoquer les traditions religieuses pour limiter la liberté de religion. Le pape Jean-Paul II a affronté cette question à son arrivée à Astana, le 22 septembre 2001 : « Sachez toujours placer à la base de votre engagement civil la protection de la liberté, droit inaliénable et aspiration profonde de chaque personne. En particulier, sachez reconnaître le droit à la liberté religieuse, à travers laquelle s’expriment les convictions conservées dans le sanctuaire le plus intime de la personne » (n° 5).

Notre présence ici, nos conversations et nos prières pour la paix sont un don de Dieu et un signe d’espérance pour l’humanité. Que Dieu tout-puissant bénisse tous les hommes et toutes les femmes, et nous accorde la paix et la prospérité !

Cardinal Roger Etchegaray: Qu’il est difficile de gagner la paix ! Plus difficile que de gagner une guerre.

6 mai, 2009

du site:

http://marseille.catholique.fr/Meditation-Priere-pour-Gagner-la

Méditation : Prière pour « Gagner la paix »

 Prière pour « gagner la paix »

Qu’il est difficile de gagner la paix ! Plus difficile que de gagner une guerre.

Qu’il est difficile d’être prophète de la paix ! Si je lève le doigt vers un avenir gonflé d’espoirs, les réalistes me traitent d’idéaliste : et si je le baisse sur le présent écrasé d’échecs, les utopistes me taxent de défaitiste. Seigneur, donne-moi le courage de n’accepter que de Toi la rude vocation de prophète et d’être à tous coups perdant parmi les hommes !

Qu’il est difficile d’être pédagogue de la paix ! Au milieu de sourds qui croisent le fer des menaces, comment faire entendre la voix qui les éloigne tous de cette bordure du gouffre où à tout instant risque de s’engloutir l’humanité ? Seigneur donne-moi l’adresse de bien expliquer que la paix n’est pas si simple que le cœur ne l’imagine, mais plus simple que la raison ne l’établit !

Qu’il est difficile de croire que la paix est entre mes mains ! Et pas seulement entre les mains des stratèges et des super-grands. Chaque jour, par ma façon de vivre avec les autres plus que par un défilé ou un manifeste, je choisis pour ou contre la paix. Seigneur, donne-moi la lumière pour découvrir les vraies racines de la paix, celles qui plongent jusqu’au cœur de l’homme réconcilié avec Dieu !

Qu’il est difficile d’accueillir l’Évangile de la Paix ! De quelque côté que l’on se trouve, à l’Ouest comme à l’Est. Dans une jungle de fauves aux dents de fusées, comment faire comprendre que perdre son âme est encore plus dangereux que de laisser sa peau ? Seigneur, donne-moi la force d’aider ceux qui puisent la sève des Béatitudes à briser la logique absurde et la spirale infernale de la violence !

Seigneur, tous ces crépitements autour de la paix me révèlent que le moindre accroc à la tunique de la paix fait crier l’homme. Toucher à la paix, c’est plus que toucher à un problème, c’est même plus que toucher à l’homme, c’est toucher à Dieu, à Celui que saint Paul nous présente comme étant lui-même la Paix (Ep 2, 14).

Seigneur, apprends-moi à gagner la Paix !

Amen.

Cardinal Roger Etchegaray

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