Archive pour la catégorie 'Cardinaux'

La miséricorde, mot clé pour le dialogue interreligieux, par le card. Barbarin

2 septembre, 2011

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La miséricorde, mot clé pour le dialogue interreligieux, par le card. Barbarin

Il participe à un pèlerinage islamo-chrétien dans les Côtes d’Armor

ROME, Dimanche 24 juillet 2011 (ZENIT.org) – La miséricorde, qui est le nom de Dieu, est un mot clé pour le dialogue entre chrétiens, juifs et musulmans, estime le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.
Le primat des Gaules a présidé la messe ce dimanche dans la chapelle des Sept Saints, à Vieux-Marché, dans les Côtes d’Armor, dans le cadre d’un pèlerinage islamo-chrétien qui a lieu chaque année depuis près de 60 ans.
« Pourquoi le mot de miséricorde a-t-il déserté les lèvres des catholiques en France? s’est interrogé le cardinal dans l’homélie. Pourquoi est-ce que nous l’utilisons si peu ? Pourquoi est-ce que nous avons peur de l’utiliser ? J’en suis toujours surpris alors qu’il est partout dans la Bible, alors qu’il serait un lieu merveilleux pour le dialogue interreligieux ».
« Quand je pense au peuple juif par exemple et que je sais que la vocation, l’élection, le choix du peuple juif c’est justement d’être un serviteur de la miséricorde de Dieu dans toutes les nations ; quand je vois l’importance de ce mot dans chacune des sourates du Coran qui commence toujours par l’invocation à Dieu tout miséricordieux, très miséricordieux et quand je vois qu’il est partout présent dans l’Evangile aussi, je ne sais pas pourquoi on l’a un peu laissé de côté », a poursuivi le cardinal Barbarin.
« Peut-être que pour certains il paraît un peu vieillot… mais s’il sort des lèvres du Christ, s’il sort des lèvres de la Vierge Marie quand elle chante le Magnificat, ou du Cantique de Zacharie qui est notre prière de chaque matin, alors pourquoi ne l’utilisons-nous pas ? N’est-ce pas vraiment le trésor du coeur de Dieu pour nous ? » s’est interrogé l’archevêque de Lyon.
Puis le cardinal Barbarin est revenu sur la consécration du sanctuaire de la miséricorde par Jean-Paul II, le 17 août 2002.
« Je me souviens encore, pour y avoir participé, alors que je venais d’être nommé archevêque de Lyon, du dernier voyage du Saint-Père, le bienheureux pape Jean-Paul II dans sa ville de Cracovie où il était venu inaugurer le nouveau sanctuaire deLagiewnikiquiest le sanctuaire de la miséricorde, a-t-il raconté. Devant nous, il a médité sur la miséricorde. Je le dis parce que je la regarde comme la perle de l’Evangile. Et il a dit : ‘Miséricordieux, ce n’est pas seulement un adjectif que l’on peut accoler à Dieu. La miséricorde ce n’est pas seulement une des qualités de Dieu dont on va dire qu’il est créateur, qu’il est tout puissant. La miséricorde, a-t-il dit, c’est vraiment son nom’ ».
« Cette phrase pourrait nous être très utile pour entrer en dialogue profond sur le registre de l’amour de Dieu avec nos frères croyants des autres religions », a commenté le cardinal.
Le cardinal Barbarin a expliqué que les croyants des différentes religions peuvent aujourd’hui se rencontrer pour observer ensemble « la société contemporaine, la culture contemporaine » et voir ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. « C’est un travail de discernement, que nous faisons ensemble », nous qui vivons dans le même monde », « dans la lumière de Dieu, de sa miséricorde, dans la lumière de l’amour de Dieu », a-t-il dit.
Mais pour avoir un bon discernement, il faut « que l’amour de Dieu habite en nous, que nous écoutions sa Parole ; il faut que les hommes soient aimés, écoutés, compris, respectés profondément, a-t-il expliqué. Il faut contempler ce monde pour voir comment le Seigneur l’aime et pour voir comment, au nom du Seigneur, il doit être servi ».
En commentant la première lecture de la messe, le cardinal a souligné que « Salomon avait à peine 23 ans quand il est devenu roi à la suite de son père David ». Le cardinal Barbarin a expliqué que celui-ci a demandé à Dieu « un coeur attentif ». Le texte en hébreu dit : « Je voudrais avoir un coeur qui écoute », a-t-il souligné, en invitant les fidèles à faire cette « belle demande » à Dieu, pour eux-mêmes.
Le cardinal Barbarin a présidé la messe qui a été concélébrée notamment par l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, Mgr Denis Moutel.
La chapelle où a lieu chaque année le pardon – célébration typiquement bretonne – est dédiée aux sept dormants d’Ephèse. On raconte qu’au IIIe siècle, l’empereur Dèce fit emmurer vivants sept jeunes chrétiens qui refusaient de renier leur foi. Ils restèrent endormis près de 200 ans et furent retrouvés vivants. C’est ce que raconte un chant populaire breton. On retrouve aussi ce récit dans la sourate 18 du Coran.
Ayant fait le rapprochement entre le chant et la sourate, Louis Massignon (1883-1962), un universitaire français spécialisé dans l’étude de l’arabe et de l’islam, décida d’inviter des musulmans au pardon du Vieux-Marché, en 1954, l’année où débuta la guerre d’Algérie.
Après la célébration de la messe, la sourate 18 a été lue devant la fontaine des Sept-Saints, non loin de la chapelle.

Gisèle Plantec

Card. Ricard (a Rome): La fraternité, « un engagement, une conversion, un combat »

1 juin, 2011

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HOMÉLIE DU CARD. RICARD À SAINT-PIERRE DE ROME

La fraternité, « un engagement, une conversion, un combat »

ROME, Lundi 30 mai 2011 (ZENIT.org) – « Il est important de revisiter nos valeurs fondatrices, comme celle de la fraternité, et de les lester d’un contenu mobilisant », a déclaré ce matin à Saint-Pierre de Rome, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et vice-président du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe, à l’occasion de la messe annuelle de sainte Pétronille, en présence de membres de la curie romaine et de nombreux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège.
Il a rappelé le fondement évangélique des valeurs de liberté, égalité, fraternité, et a invité à la fraternité qui constitue « un engagement, une conversion et un combat. »
Homélie du card. Ricard
Eminence, Excellences,
Chers frères et sœurs en Christ,
L’apôtre Pierre demande aux disciples du Christ d’être toujours prêts à s’expliquer devant tous ceux qui leur demandent de rendre compte de l’espérance qui est en eux. Cette invitation est plus actuelle aujourd’hui que jamais. Nous vivons en Europe, et plus particulièrement en France, dans des sociétés qui s’interrogent sur les valeurs qui peuvent fonder un consensus social : quelle éthique pour promouvoir la recherche du bien commun quand s’affrontent tant d’intérêts personnels ou catégoriels ? Le défi est sérieux, car la crise de transmission que nos sociétés occidentales ont traversée depuis quelques décennies a fragilisé la référence à des valeurs humanistes communes. Celles-ci ont vu leur contenu symbolique s’affaiblir, s’amenuiser, être relativisé. En un mot, celui-ci s’est démonétisé. Prenons par exemple la notion de « fraternité » qui fait partie de notre devise républicaine : liberté, égalité, fraternité. La fraternité n’est pas l’amitié. On choisit ses amis. On reçoit ses frères et sœurs, on ne les choisit pas. Ils nous sont donnés. Or, quelle fraternité dans une civilisation qui privilégie l’individu, sa recherche d’épanouissement personnel, ses intérêts et ses choix ? N’est-on pas largement, en effet, dans une société de réseaux où on choisit ses amitiés et ses solidarités en fonction de ses affinités et de sa sensibilité ?
La valeur de « fraternité » apparaît à beaucoup de nos contemporains, et à des jeunes en particulier, comme un concept abstrait, vague, peu mobilisant, souvent démenti par la dureté des rapports économiques ou sociaux. Or, je crois qu’il est important de revisiter nos valeurs fondatrices, comme celle de la fraternité, et de les lester d’un contenu mobilisant. C’est vital aujourd’hui pour nos responsabilités éducatives. Et c’est là que les traditions spirituelles peuvent apporter leur contribution et offrir à tous une aide précieuse. Comme chrétiens, nous avons à témoigner de la foi et de l’espérance dont nous sommes porteurs. Nous avons à partager notre expérience de la fraternité.
Les papes successifs, de Paul VI à Benoît XVI, ont fait remarquer que les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité avaient des racines évangéliques. Et de fait, la notion de fraternité est au cœur même de l’expérience chrétienne. Celle-ci, en effet, lui donne son fondement et sa dynamique.
La fraternité renvoie toujours à la parentalité. Les hommes ne sont pas frères simplement parce qu’ils sont tous dotés de raison et de liberté mais parce qu’ils sont les enfants d’un même Père. Le fondement de la fraternité est l’amour trinitaire. Tous les hommes sont aimés par le Père et créés dans le Fils à son image. Ils sont tous rachetés par le Christ et visités par l’Esprit. Saint Paul écrira aux Galates : « Fils, vous l’êtes bien : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba – Père ! Tu n’es donc plus esclave, mais fils ; et,  comme fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu » (Gal. 4, 6-7). Tous les hommes ont égale dignité : ils sont tous fils de Dieu. Mais il y a plus : on ne peut aimer Dieu comme un Père si on n’aime pas les autres, qui nous sont donnés par lui, comme des frères. Saint Jean nous le rappelle : « Si quelqu’un dit : j’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).
La foi chrétienne vient également donner à la fraternité sa dynamique. Elle en a une approche tout à la fois mystique et profondément réaliste. Dans une approche chrétienne, en effet, la fraternité n’est pas un principe abstrait. Elle n’est pas une qualité des relations entre les hommes qu’on pourrait présupposer facilement. Elle est de l’ordre de la volonté personnelle, de la conversion, de l’engagement et même du combat. Dans son article sur la « Fraternité », dans le Dictionnaire de Spiritualité, celui qui était alors le théologien Joseph Ratzinger écrivait : « Dans son ensemble, la littérature néo-testamentaire et patristique ne conçoit jamais la fraternité universelle comme une donnée statique et naturelle. De même qu’être homme n’est pas simplement une donnée qui échoit toute faite à l’individu sans qu’il ait à devenir ce qu’il doit être, un homme, en vertu d’un impératif constamment renouvelé, ainsi en est-il de la fraternité : c’est un ordre, une mission qui attend sa réalisation » (1964, col. 1157).
Reconnaissons que la dynamique première de l’homme n’est pas immédiatement celle de l’accueil de l’autre et du don à l’autre. Elle est celle de l’accaparement, de la jalousie et de la rivalité mimétique. Le philosophe René Girard a sur le sujet des pages particulièrement  éclairantes. On dit parfois que nous sommes riches de nos différences. En réalité, le plus souvent, les différences de l’autre me déstabilisent et m’agressent. Ceci est vrai de la relation entre les personnes, comme de la relation entre les groupes humains et entre les pays. Pour vivre vraiment la fraternité, il nous faut sans cesse passer de la logique de la chair, au sens paulinien du terme, à la logique de l’esprit, de Babel à Pentecôte. Il nous faut, en fait, devenir les prochains de nos frères, de tous nos frères, quels qu’ils soient. Et vous le savez, être le prochain dans l’Evangile, c’est devenir proche de l’autre, quitte à devoir franchir comme le Samaritain de la parabole, bien des distances géographiques, affectives, culturelles, sociales ou politiques.
La fraternité désinstalle, bouleverse les préjugés et les a priori. Cette fraternité selon le Christ n’a pas de frontière. Elle se vit à l’égard de tout homme, quelles que soient sa race, sa nation, son origine sociale ou sa religion. Elle implique : « une nécessaire attention à tous les frères, notamment les plus petits, les plus fragiles, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle » (Jean-Paul II : Lettre à Mgr D.-L. Marchand – 1999). Avouons qu’une telle fraternité est un défi à une époque où dans le monde les conflits ethniques s’exacerbent, les frontières se ferment, le populisme a le vent en poupe et où la solitude est déclarée grande cause nationale. On comprend que le pape Benoît XVI puisse au contraire inviter les jeunes à entrer résolument dans une pratique de la fraternité. S’adressant à eux lors de la récente veillée organisée dans le cadre de la rencontre du « Parvis des Gentils » à Paris, il leur disait : « La première des attitudes à avoir ou des actions que vous pouvez faire ensemble est de respecter, aider et aimer tout être humain, parce qu’il est créature de Dieu et d’une certaine manière la route qui mène à Lui. En poursuivant ce que vous vivez ce soir, contribuez à faire tomber les barrières de la peur de l’autre, de l’étranger, de celui qui ne vous ressemble pas, peur qui naît souvent de l’ignorance mutuelle, du scepticisme ou de l’indifférence. Devenez attentifs à resserrer les liens avec tous les jeunes sans distinction, c’est-à-dire en n’oubliant pas ceux qui vivent dans la pauvreté ou la solitude, ceux qui souffrent du chômage, traversent la maladie ou se sentent en marge de la société. »
Oui, la fraternité est un engagement, une conversion et un combat. On comprend que dans l’expérience chrétienne on puisse la mettre en relation avec le baptême et la nouveauté radicale de la vie chrétienne. L’amour que l’Esprit Saint répand  dans nos cœurs rend possible cet amour fraternel. Il lui fait porter du fruit, ce fruit que l’apôtre Paul décrit dans l’épître aux Galates : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi »  et Paul ajoute : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit » (Gal. 5, 22-23 et 25). Avec le Christ s’instaurent ces nouvelles relations qui se vivent entre les membres de la communauté chrétienne : communion dans la foi et la prière, partage du même pain eucharistique, soutien fraternel et solidarité dans le partage des biens. La description que le livre des Actes des Apôtres (cf. Ac 2, 42-47) donne de la première communauté chrétienne restera tout au long de l’histoire de l’Eglise une source d’inspiration particulièrement féconde pour tous ceux qui voudront donner un visage communautaire à la fraternité.
Mais c’est dans l’Eucharistie que se trouve la dynamique la plus puissante de la vie fraternelle. En nous unissant au sacrifice du Christ, en communiant avec lui par une vie donnée, par une vie livrée, nous sommes unis les uns aux autres. Partageant le même pain eucharistique, nous devenons les membres du corps ecclésial du Seigneur. Celui-ci nous fait frères les uns des autres, chargés d’annoncer à l’humanité que la fraternité est possible et que, déjà, elle se donne à voir.
Que cette eucharistie que nous célébrons ce matin façonne en nous ce cœur vraiment fraternel et fasse de chacun de nous un artisan résolu de fraternité envers tous. Amen.

Les béatitudes sont un auto-portrait de Jésus, selon le card. Barbarin

5 mai, 2011

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Les béatitudes sont un auto-portrait de Jésus, selon le card. Barbarin

Jul 30, 2009

Pèlerinage des étudiants français en Terre Sainte

ROME, Dimanche 26 juillet 2009 (ZENIT.org) – Vendredi dernier a eu lieu la première célébration commune du pèlerinage des étudiants français en Terre Sainte : une liturgie de la Parole célébrée sur les bords du lac de Tibériade, au coucher du soleil, avec une catéchèse du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.
La seconde étape pour les étudiants dans leur cheminement du désert à Jérusalem leur proposait en effet de s’arrêter au bord du Lac de Tibériade, pour réfléchir autour du thème : « venez à moi, vous tous qui avez soif ». En accueillant les étudiants, le cardinal Barbarin les a invités à prier en communion avec leurs frères pèlerins malades. En effet, une petite épidémie de salmonelles a frappé le groupe des pèlerins, mais elle est désormais sous contrôle.
Puis le cardinal a évoqué le lieu particulier où se déroulait la célébration (le lac de Tibériade), rappelant que le Christ et les premiers disciples avaient vécu ici. C’est d’ailleurs ces évocations qui ont illustré les premiers tableaux d’un récit évangélique mis en scène. Jésus Christ arrivant au bord du lac, rencontrant Pierre, mais aussi la samaritaine, Zachée, l’aveugle de Jéricho, sont autant de figures et de scènes bibliques qui ont introduit la lecture du texte de la pêche miraculeuse (Lc 5,1-11). A la fin de cette lecture, un temps de médiation guidée a été proposé, pour permettre d’intérioriser cette parole.
Face à la rive ouest du lac, où la ville de Tibériade et d’autres lieux étaient visibles, c’est l’évangile des Béatitudes (Mt 5,1-11) qui a été proclamé aux jeunes rassemblés sur la plage. Le cardinal Barbarin a alors donné une catéchèse sur ce thème, indiquant que ce texte était « l’auto-portrait de Jésus », ou encore « le trésor de l’évangile ». Il a commencé par poser la question de la clé pour comprendre tout l’évangile, « tout ce qui s’est passé au bord de ce lac, (…) tout ce qu’il [Jésus] a fait par ici ». Cette clé, c’est, selon lui, les Béatitudes, qui sont comme « la perle que l’on trouve dans le champ de l’évangile ». En effet, selon le prélat, « Jésus explique lui-même ce qu’il fait » tout au long de l’évangile. Et dans la foulée, il a invité les jeunes à apprendre les béatitudes par coeur.
Le cardinal Barbarin a mis les béatitudes en parallèle avec les sept dernières paroles du Christ, telles que les rapporte l’évangile de St Jean, invitant là encore les jeunes à se les approprier. Pour le primat des Gaules, les béatitudes sont « le porche d’entrée dans l’Evangile » tandis que les sept dernières paroles du Christ sont « le porche d’entrée dans le royaume ». Et de citer l’exemple de Jésus en croix, qui parle au bon larron et ne le considère pas en condamné à mort, comme le font les hommes, mais qui voit Dieu lui ouvrir les portes du Royaume ; ce qui, selon l’évêque de Lyon, rappelle la sixième béatitude : « Heureux les coeurs purs, il verront Dieu ».
Dans une seconde partie de sa catéchèse, le cardinal a décrit les béatitudes comme un « phare extraordinaire » de toute la Révélation. « Avec les béatitudes, puisque ça vient de Jésus qui est le coeur de la Révélation, vous avez une porte d’entrée dans toute la bible » a-t-il expliqué. Elles « décrivent le visage de Jésus », aidant à comprendre pourquoi il agit, ce qu’il fait. Jésus est celui qui applique toutes les béatitudes : avec la femme adultère, il est miséricordieux,… Partant dans une véritable exhortation, il a élargi le contexte : Pierre, qui renie Jésus et pleure en se rendant compte de son péché est, selon le cardinal Barbarin, un vrai coeur pur. Et le cardinal a élargi encore le champ d’application aux saints : saint François d’Assise était un vrai pauvre, Mère Térésa miséricordieuse, et en sainte Thérèse de l’enfant Jésus, dont il disait affectueusement qu’elle était « un peu folle celle là » parce qu’elle « voulait être tout », on trouve la 4ème béatitude, car elle est « affamée et assoiffée de la justice pour le monde entier ». Aujourd’hui encore, selon l’archevêque de Lyon, « les béatitudes éclairent la vie de l’Eglise », car elles sont vécues par de nombreux témoins.
Dans une dernière partie de sa catéchèse, le cardinal a voulu s’inspirer de la manière orientale de recevoir le texte d’évangile qu’il venait de commenter. Les orthodoxes chantent en effet le refrain « dans ton royaume, souviens toi de nous » entre les béatitudes, ce qui est, selon le cardinal Barbarin, « la bonne manière, la bonne attitude pour comprendre les béatitudes », car ainsi on se met « à la place du criminel ». Cette « attitude spirituelle » provoque le cadeau de Dieu qui nous offre sa grâce. « Essayez d’avoir assez de science pour savoir quelle est la grâce qui vous a été faite. Une découverte qui se fait dans le silence pour le cardinal Barbarin, et une découverte qui engage car elle implique pour les chrétiens de partager cette grâce : « votre grâce, c’est votre mission (…) c’est dans les béatitudes qu’on trouve sa vocation », a-t-il conclu.
Après les prières universelles, les prénoms des participants ont été scandés, comme en une longue litanie, et durant ce temps les pèlerins étaient invités à aller voir l’un des évêques présents pour se voir remettre une image représentant le Christ en Gloire avec le texte « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! ». Pour les jeunes présents, comme le déclare Christelle, c’était un temps d’émotion intense : « on sent depuis le début de la célébration que l’Esprit Saint est là… Nous sommes tous émus, chacun à notre façon, et en entendant notre prénom, nous sentons encore plus l’Esprit Saint en nous ». Franck déclare quant à lui ressentir « un appel », et il poursuit en disant : « je ne savais pas que j’allais vivre ça en venant en Terre Sainte… Je suis fier d’être catholique ».
C’est avec le chant thème du pèlerinage, « Allons à la source, Jésus nous appelle » que la célébration s’est achevée. « C’est une belle célébration, j’ai aimé les chants et l’ambiance. Le cardinal m’a fait réfléchir sur le fait qu’il fallait qu’on s’approprie ce texte, qu’il fallait qu’on choisisse une béatitude pour nous même », déclarait Sixtine, étudiante en école de commerce dans la région parisienne, à l’issue de cette veillée de prière. Une liturgie qui s’est conclue par le partage d’un dîner festif entre les pèlerins, mais qui laissera des traces chez les jeunes, comme Claire, jeune étudiante de 18 ans, qui se déclare « surprise, parce que les béatitudes, j’en avais très peu entendu parler, et apparemment c’est le fondement de la foi, ce qui peut permettre de comprendre et de répondre à beaucoup de nos questions, donc à partir d’aujourd’hui je vais m’y pencher sérieusement pour essayer de percer quelques mystères auxquels je n’ai pas encore de réponse ».   

FRANCE : « ON A TOUS UNE BONNE RAISON DE FÊTER SAINT JOSEPH ! »

15 mars, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-27297?l=french

FRANCE : « ON A TOUS UNE BONNE RAISON DE FÊTER SAINT JOSEPH ! »

Invitation du cardinal Barbarin

ROME, Mardi 15 mars 2011 (ZENIT.org) – « On a tous une bonne raison de fêter saint Joseph ! », annonce le site Internet du diocèse de Lyon.
« En cette année de l’âme et de l’éducation, une messe exceptionnelle sera célébrée par le cardinal Philippe Barbarin, en l’honneur de saint Joseph, samedi 19 mars, à 11h, en la basilique de Fourvière », annonce le communiqué.
« Y sont spécialement invités les pères de famille et les familles, les travailleurs et les chercheurs d’emploi », ajoute la même source qui demande de transmettre cette invitation aux Joseph(s) et Joséphine(s) – José, Giuseppe, Pepe, Pepito, Josip, Jos, Josiane, Josette, Jo – et « à tous ceux qui ont une bonne raison de se placer sous le patronage de saint Joseph. »
Au Vatican, la Saint-Joseph, le 19 mars, est un jour férié, étant donné que saint Joseph est le saint patron du pape Benoît XVI, comme la Saint-Charles était fériée, le 4 novembre, au temps du pape Karol Wojtyla.
Jean-Paul II a consacré à saint Joseph son exhortation apostolique « Redemptoris Custos », du 15 août 1989, sur « La figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Eglise ».
« Que saint Joseph devienne pour tous un maître singulier dans le service de la mission salvifique du Christ qui nous incombe à tous et à chacun dans l’Église: aux époux, aux parents, à ceux qui vivent du travail de leurs mains ou de tout autre travail, aux personnes appelées à vie contemplative comme à celles qui sont appelées à l’apostolat », souhaitait Jean-Paul II.
A propos de « Redemptoris Custos », Benoît XVI a évoqué son saint patron à différentes reprises, par exemple, à l’angélus du 18 décembre 2005 (cf. Zenit du 18 décembre 2005) : « Parmi les nombreux aspects que [Jean-Paul II] met en lumière, un accent particulier est placé sur le silence de saint Joseph. Son silence est un silence empreint de contemplation du mystère de Dieu, dans une attitude de disponibilité totale aux volontés divines. En d’autres termes, le silence de saint Joseph ne manifeste pas un vide intérieur, mais au contraire la plénitude de foi qu’il porte dans son coeur, et qui guide chacune de ses pensées et chacune de ses actions. Un silence grâce auquel Joseph, à l’unisson avec Marie, conserve la Parole de Dieu, connue à travers les Ecritures Saintes, en la confrontant en permanence avec les événements de la vie de Jésus ; un silence tissé de prière constante, prière de bénédiction du Seigneur, d’adoration de sa sainte volonté et de confiance sans réserve à sa providence ».
« Il n’est pas exagéré de penser que c’est précisément de son « père » Joseph que Jésus a appris – sur le plan humain – la solidité intérieure qui est le présupposé de la justice authentique, la « justice supérieure » qu’Il enseignera un jour à ses disciples (cf. Mt 5, 20) » a ajouté le pape avant de conclure : « Laissons-nous « contaminer » par le silence de saint Joseph ! Nous en avons tant besoin, dans un monde souvent trop bruyant, qui ne favorise pas le recueillement et l’écoute de la voix de Dieu. En ce temps de préparation à Noël, cultivons le recueillement intérieur, pour accueillir et conserver Jésus dans notre vie. »
Le pape a de nouveau évoqué saint Joseph lors de l’angélus du 19 mars 2006 (cf. Zenit du 19 mars 2006), mais aussi le 18 mars 2007.
Il a confié tous les prêtres à saint Joseph, en disant, lors de l’angélus du 19 décembre 2010 : « Je désire confier à saint Joseph, patron universel de l’Eglise, tous les pasteurs, les exhortant à offrir ‘aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ’ », a affirmé le pape au cours de la prière de l’Angélus, ce dimanche place Saint-Pierre » (cf. Zenit du 19 décembre 2010).
Et c’est le jour de la Saint-Joseph qu’a été inauguré le site Internet du Saint-Siège en Chinois, le 19 mars 2009 (cf. Zenit du 16 mars 2009).
Anita S. Bourdin

Nous avons vu son étoile (Card. Barbarin)

4 janvier, 2011

du site:

http://www.inxl6.org/article1380.php

Nous avons vu son étoile

« Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

Cardinal Philippe Barbarin
04/01/2009

En ce temps de l’Epiphanie, arrêtons-nous pour contempler ces personnages étranges que sont les mages. L’Evangile les fait apparaître en un lieu précis (Jérusalem, puis Bethléem) et à un moment déterminé de l’histoire (« au temps du roi Hérode »), mais tout dans leur provenance est vague et flou. Combien sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que font-ils ? « Des mages », c’est un pluriel indéterminé qui symbolise la multitude des hommes.
Supportant mal ces imprécisions, les fidèles se sont empressés de dire qu’ils étaient trois, sous prétexte qu’ils apportent trois présents, mais on peut être deux ou dix mille pour offrir de l’or, de l’encens et de la myrrhe. On leur a même donné des noms et, pour copier les trois mousquetaires, un roman n’a pas hésité à leur adjoindre un quatrième compagnon ! Comme nul ne sait ce qu’est un mage et puisque les cadeaux étaient somptueux, on en a fait des rois… Mais voilà… ils ne sont ni rois, ni trois. L’Evangile dit seulement : « des mages ». Ils viennent d’Orient, l’endroit où la lumière paraît, où elle encore petite. Peut-être sont-ils astrologues ? En tout cas, ils observent les étoiles et aiment cette science qui vient du fond des âges et semble être la mère de toutes les autres.

Marcher vers la lumière
Par le lever de cet astre, Dieu indique que le monde et l’histoire ont un centre. Les mages arrivent dans la capitale de la Terre Promise pour demander au peuple élu où est son Roi. L’arrivée des fils d’étrangers à Jérusalem nous rappelle l’explosion de joie du livre d’Isaïe. C’est la première lecture de la fête de l’Epiphanie : « Debout, Jérusalem ! Resplendis ; elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi… Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore… Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur. » Jérusalem ne brille que parce que la lumière est venue et que la gloire s’est levée sur elle. Ce n’est pas elle qui attire, mais sa lumière, celle que Dieu, par grâce, fait resplendir en elle.
La démarche des mages est pleine de beauté et force. Ils ont vu et ils sont venus. Entre ces deux verbes, il faut en sous-entendre un troisième : ils ont cru. Lorsque Dieu nous permet d’entrevoir quelque chose, l’adhésion de l’intelligence conduit à la foi. C’est une énergie intérieure, un mélange de force, de volonté et d’amour qui nous met en chemin. Les mages nous donnent une illustration de la belle maxime de D. Bonhoeffer : « Il ne suffit pas d’être croyant, il faut encore être disciple. » Celui qui croit, se lève, veut écouter et suivre le Maître, et le terme de son parcours sera l’adoration de la source de toute sagesse. « Nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Affronter les ténèbres
Puis notre prière se trouble et s’égare dans l’obscurité, devant la figure d’Hérode jaloux de ses prérogatives, et qui semble dire : « On demande le roi, mais le roi, c’est moi ! » Le conflit sera mortel. Sur son parcours, le déploiement de ce péché entraînera les autres : il a peur et tout Jérusalem avec lui. Les conséquences sont connues : hypocrisie, volonté de puissance, massacre…
C’est à ce moment du récit que l’Ancien Testament est cité dans le prophète Michée. Pris d’inquiétude, le roi Hérode rassemble tous les chefs des prêtres et les tous les scribes d’Israël, pour leur demander où doit naître le Messie. Ils lui répondent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple » (5, 1).
La révélation que Dieu a faite à son peuple, cautionnée par tous les chefs des prêtres et par tous les scribes d’Israël – interprètes autorisés des prophètes – , servira la perversité des desseins du roi ; et sa colère se déchaînera en rage meurtrière contre les enfants, au moment même où la bonté du Père atteint son sommet. Le texte semble souligner le contraste entre la réunion solennelle des sages et des savants, et la convocation secrète des mages. Faut-il craindre que dans les ténèbres du cœur d’un seul homme, le projet d‘amour de Dieu pour tout un peuple puisse être mis en échec ? L’histoire du XXè siècle a été tristement éclairante en ce domaine.

Trouver la joie
Notre joie revient ensuite, grâce à l’étoile consolatrice. Qu’elle nous aide à faire mémoire des visites de Dieu dans nos vies ! Rendons grâce pour les personnes et les événements qui ont été pour nous comme l’étoile des mages. Guidée par Dieu, elle ne fait qu’indiquer le lieu de notre renaissance, de notre conversion, de notre rencontre décisive avec le Messie. Elle apparaît et disparaît. Elle sollicite nos facultés personnelles, et, reconnue pour ce qu’elle est, elle provoque en nous une très grande joie. Est-il possible d’atteindre le bien du salut sans se laisser guider par elle ?
Constatons, sans répondre en théorie, que c’est elle ici qui permet aux Mages d’arriver à bon port. Grâce à elle, toutes les hésitations de l’homme disparaissent. Elle conduit jusqu’à la porte du Royaume celui qui cherche avec droiture.
L’evangile nous invite ensuite à pénétrer avec les mages dans la maison. Profitons de tout ce qui s’offre au regard : les attitudes et les gestes des mages, exprimés en une cascade de verbes : ils entrent, ils voient, ils tombent à genoux et se prosternent, ils ouvrent leurs coffrets et offrent leurs présents… Les cadeaux sont symboliques, dit la tradition : l’or indique la royauté, l’encens la prière adressée à l’Enfant-Dieu, et la myrrhe, son immortalité. Les conséquences sont faciles à tirer : humilité, adoration, offrande, ouverture de tout notre être devant Dieu…
Que se passe-t-il dans le cœur de Marie, quand elle voit entrer ces personnages étonnants ? Rien de particulier, me semble-t-il, aucune surprise. Ce n’est plus comme l’irruption de l’ange Gabriel, à Nazareth ; tout est devenu naturel pour elle. Elle sait bien que la royauté n’est pas dans ces mages fastueux, mais dans la chair fragile de l’enfant qu’elle tient dans ses bras. Depuis plus de six mois, elle chante que Dieu renverse les potentats de leurs trône et élève les humbles. Elle voit ce que font les hommes, elle entend ce qu’ils disent, mais elle sait désormais que toute sa vie a été saisie, qu’elle est dans la main de Dieu.

Poursuivre la route
Au terme de ce temps de la Nativité, lorsque nous passons en revue tout ce qui a été vécu depuis Noël : la venue des anges et des bergers, l’hommage du monde entier à cet enfant dans le prosternement des mages, les regards et les gestes de tendresse de Joseph et de Marie reflétant l’infini de l’amour trinitaire, comment ne pas se représenter ces familles de Bethléem où d’autres enfants, aimés, vont mourir sur l’ordre féroce d’Hérode… Comment ne pas penser que l’histoire se poursuit malheureusement, vingt siècles plus tard, sur cette Terre Sainte qui n’arrive pas à trouver la paix ? Comment ne pas évoquer aussi les absents, ceux à qui justement la naissance du Messie est destinée : les chefs des prêtres et les scribes du peuple élu. Ils ne sont pas venus. On ne les a pas vus.
Et moi, en ce temps de Noël, m’a-t-on vu devant la crèche, me suis-je prosterné devant l’Enfant-Dieu dans l’adoration silencieuse ? Dieu se servira peut-être de moi, comme d’une étoile, pour indiquer la présence du Messie aux hommes de ce temps, mais il faut d’abord suivre le chemin des mages et imiter leur attitude : savoir se prosterner devant l’enfant Dieu, ouvrir les coffrets, tout ouvrir, même ce qui est le plus secret, le plus scellé, ce qui est merveilleux comme ce qui fait honte. Puis s’offrir soi-même comme toute la vie du Christ fut une offrande pour l’amour des hommes. « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. »
Gloria et Pax, c’est le grand message de Noël. Que nos vies soient disponibles pour la gloire de Dieu, et il fera de nous des artisans de paix ! Il rendra son peuple semblable à une foule d’étoiles qui se lèvent devant le regard attentif des mages du XXIè siècle pour leur donner la joie, la très grande joie de se mettre en route et de découvrir enfin le Prince de la Paix.

Le Cardinal Philippe Barbarin est Archevêque de Lyon

Les Cardinaux de la Sainte Église Romaine

21 novembre, 2010

du site:

http://www.vatican.va/news_services/press/documentazione/documents/cardinali_documentazione/cardinali_documentazione_generale_fr.html

Les Cardinaux de la Sainte Église Romaine

[Extrait du Code de Droit canonique, 1983]

Can. 349 – Les Cardinaux de la Sainte Église Romaine constituent un Collège particulier auquel il revient de pourvoir à l’élection du Pontife Romain selon le droit particulier; les Cardinaux assistent également le Pontife Romain en agissant collégialement quand ils sont convoqués en corps pour traiter de questions de grande importance, ou individuellement, à savoir par les divers offices qu’ils remplissent en apportant leur concours au Pontife Romain surtout dans le soin quotidien de l’Église tout entière.
Can. 350 – § 1. Le Collège des Cardinaux est réparti en trois ordres : l’ordre épiscopal à qui appartiennent les Cardinaux auxquels le Pontife Romain attribue le titre d’une Église suburbicaire, ainsi que les Patriarches Orientaux qui ont été reçus au sein du Collège des Cardinaux; l’ordre presbytéral et l’ordre diaconal.
§ 2. A chaque cardinal de l’ordre presbytéral et diaconal, le Pontife Romain attribue un titre ou une diaconie à Rome.
§ 3. Les Patriarches Orientaux qui sont reçus au sein du Collège des Cardinaux ont pour titre leur siège patriarcal.
§ 4. Le Cardinal Doyen a pour titre le diocèse d’Ostie conjointement avec l’Église qu’il avait déjà en titre.
§ 5. Par option faite en Consistoire et approuvée par le Pontife Suprême, et en respectant la priorité d’ordre et de promotion, les Cardinaux de l’ordre presbytéral peuvent passer à un autre titre, et les Cardinaux de l’ordre diaconal à une autre diaconie, et si ceux-ci sont restés une décennie entière dans l’ordre diaconal, ils peuvent aussi passer à l’ordre presbytéral.
§ 6. Le Cardinal de l’ordre diaconal qui passe par option à l’ordre presbytéral prend place avant tous les Cardinaux prêtres qui ont été élevés après lui au Cardinalat.
Can. 351 – § 1. Pour la promotion au Cardinalat, le Pontife Romain choisit librement des hommes qui sont constitués au moins dans l’ordre du presbytérat, remarquables par leur doctrine, leurs moeurs, leur piété et leur prudence dans la conduite des affaires; ceux qui ne sont pas encore Évêques doivent recevoir la consécration épiscopale.
§ 2. Les Cardinaux sont créés par décret du Pontife Romain de fait publié devant le Collège des Cardinaux; à partir de cette publication, ils sont tenus aux devoirs et jouissent des droits définis par la loi.
§ 3. Celui qui est promu à la dignité cardinalice et dont le Pontife Romain a annoncé la création mais en réservant le nom in pectore n’est tenu pendant cette période à aucun des devoirs des Cardinaux et il ne jouit d’aucun de leurs droits; cependant, une fois son nom publié par le Pontife Romain, il est tenu à ces mêmes devoirs et jouit de ces mêmes droits; mais il obtient la préséance à partir du jour de la réservation in pectore.
Can. 352 – § 1. Le Doyen préside le Collège des Cardinaux; quand il est empêché, il est remplacé par le Vice-Doyen; le Doyen ou le Vice-Doyen ne possède aucun pouvoir de gouvernement sur les autres Cardinaux, mais il est considéré comme le premier parmi ses pairs.
§ 2. Quand la fonction de Doyen devient vacante, les Cardinaux titulaires d’une Église suburbicaire et eux seuls, sous la présidence du Vice-Doyen, s’il est là, ou du plus ancien d’entre eux, élisent du sein de leur groupe celui qui sera le Doyen du Collège; ils communiquent son nom au Pontife Romain à qui il revient d’approuver l’élu.
§ 3. De la même façon qu’au § 2, sous la présidence du Doyen lui-même, est élu le Vice-Doyen ; il revient également au Pontife Romain d’approuver l’élection du Vice-Doyen.
§ 4. Si le Doyen et le Vice-Doyen n’ont pas de domicile à Rome, ils doivent en acquérir un.
Can. 353 – § 1. Les Cardinaux apportent leur aide au Pasteur Suprême de l’Église par une action collégiale surtout dans les Consistoires où ils sont réunis sur l’ordre et sous la présidence du Pontife Romain; les Consistoires sont ordinaires ou extraordinaires.
§ 2. Au Consistoire ordinaire sont convoqués tous les Cardinaux, du moins ceux qui se trouvent à Rome, afin d’être consultés sur certaines affaires graves, mais qui surviennent assez communément, ou bien afin d’accomplir certains actes particulièrement solennels.
§ 3. Au Consistoire extraordinaire qui est célébré lorsque des nécessités particulières de l’Église ou l’étude d’affaires de grande importance le conseillent, tous les Cardinaux sont convoqués.
§ 4. Seul le Consistoire ordinaire où sont célébrées certaines solennités peut être public, c’est-à-dire quand, en plus des Cardinaux, y sont admis des prélats, les représentants des sociétés civiles ainsi que d’autres invités.
Can. 354 – Les Pères Cardinaux préposés aux dicastères et autres institutions permanentes de la Curie Romaine et de la Cité du Vatican, qui ont soixante-quinze ans accomplis, sont priés de présenter la renonciation à leur office au Pontife Romain qui, tout bien pesé, en décidera.
Can. 355 – § 1. Il revient au Cardinal Doyen d’ordonner Évêque le Pontife Romain élu, si l’élu a besoin d’être ordonné. Si le Doyen est empêché, ce droit revient au Vice-Doyen, et si celui-ci est empêché, au Cardinal le plus ancien de l’ordre épiscopal.
§ 2. Le Cardinal Proto-diacre annonce au peuple le nom du nouveau Pontife Suprême élu; de même, c’est lui qui à la place du Pontife Romain impose le pallium aux Métropolitains ou le remet à leurs procureurs.
Can. 356 – Les Cardinaux sont tenus par l’obligation de coopérer étroitement avec le Pontife Romain; aussi, les Cardinaux qui exercent tout office que ce soit dans la Curie et qui ne sont pas Évêques diocésains sont-ils tenus par l’obligation de résider à Rome; les Cardinaux qui ont la charge d’un diocèse comme Évêques diocésains se rendront à Rome chaque fois qu’ils seront convoqués par le Pontife Romain.
Can. 357 – § 1. Les Cardinaux qui ont reçu en titre une Église suburbicaire ou une Eglise à Rome, après en avoir pris possession; promouvront par leur conseil et leur patronage le bien de ces diocèses et de ces églises, mais sans y posséder aucun pouvoir de gouvernement et sans s’immiscer d’aucune manière dans ce qui regarde l’administration de leurs biens, la discipline ou le service des églises.
§ 2. Les Cardinaux qui se trouvent hors de Rome et hors de leur propre diocèse sont exempts, en ce qui concerne leur propre personne, du pouvoir de gouvernement de l’Évêque du diocèse où ils résident.
Can. 358 – Le Cardinal à qui le Pontife Romain a commis la charge de le représenter dans une célébration solennelle ou dans une assemblée comme légat a latere, c’est-à-dire comme son alter ego, et de même le Cardinal à qui le Pontife Romain a confié une charge pastorale déterminée comme son envoyé spécial, n’ont compétence que pour les affaires que leur a confiées le Pontife Romain.
Can. 359 – Pendant la vacance du Siège Apostolique, le Collège des Cardinaux possède dans l’Église uniquement le pouvoir que lui attribue la loi particulière.

Les béatitudes sont un auto-portrait de Jésus, selon le card. Barbarin

9 juin, 2010

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_9__article_9064.htm

Les béatitudes sont un auto-portrait de Jésus, selon le card. Barbarin
Jul 30, 2009

Pèlerinage des étudiants français en Terre Sainte

ROME, Dimanche 26 juillet 2009 (ZENIT.org) – Vendredi dernier a eu lieu la première célébration commune du pèlerinage des étudiants français en Terre Sainte : une liturgie de la Parole célébrée sur les bords du lac de Tibériade, au coucher du soleil, avec une catéchèse du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.

La seconde étape pour les étudiants dans leur cheminement du désert à Jérusalem leur proposait en effet de s’arrêter au bord du Lac de Tibériade, pour réfléchir autour du thème : « venez à moi, vous tous qui avez soif ». En accueillant les étudiants, le cardinal Barbarin les a invités à prier en communion avec leurs frères pèlerins malades. En effet, une petite épidémie de salmonelles a frappé le groupe des pèlerins, mais elle est désormais sous contrôle.

Puis le cardinal a évoqué le lieu particulier où se déroulait la célébration (le lac de Tibériade), rappelant que le Christ et les premiers disciples avaient vécu ici. C’est d’ailleurs ces évocations qui ont illustré les premiers tableaux d’un récit évangélique mis en scène. Jésus Christ arrivant au bord du lac, rencontrant Pierre, mais aussi la samaritaine, Zachée, l’aveugle de Jéricho, sont autant de figures et de scènes bibliques qui ont introduit la lecture du texte de la pêche miraculeuse (Lc 5,1-11). A la fin de cette lecture, un temps de médiation guidée a été proposé, pour permettre d’intérioriser cette parole.

Face à la rive ouest du lac, où la ville de Tibériade et d’autres lieux étaient visibles, c’est l’évangile des Béatitudes (Mt 5,1-11) qui a été proclamé aux jeunes rassemblés sur la plage. Le cardinal Barbarin a alors donné une catéchèse sur ce thème, indiquant que ce texte était « l’auto-portrait de Jésus », ou encore « le trésor de l’évangile ». Il a commencé par poser la question de la clé pour comprendre tout l’évangile, « tout ce qui s’est passé au bord de ce lac, (…) tout ce qu’il [Jésus] a fait par ici ». Cette clé, c’est, selon lui, les Béatitudes, qui sont comme « la perle que l’on trouve dans le champ de l’évangile ». En effet, selon le prélat, « Jésus explique lui-même ce qu’il fait » tout au long de l’évangile. Et dans la foulée, il a invité les jeunes à apprendre les béatitudes par coeur.

Le cardinal Barbarin a mis les béatitudes en parallèle avec les sept dernières paroles du Christ, telles que les rapporte l’évangile de St Jean, invitant là encore les jeunes à se les approprier. Pour le primat des Gaules, les béatitudes sont « le porche d’entrée dans l’Evangile » tandis que les sept dernières paroles du Christ sont « le porche d’entrée dans le royaume ». Et de citer l’exemple de Jésus en croix, qui parle au bon larron et ne le considère pas en condamné à mort, comme le font les hommes, mais qui voit Dieu lui ouvrir les portes du Royaume ; ce qui, selon l’évêque de Lyon, rappelle la sixième béatitude : « Heureux les coeurs purs, il verront Dieu ».

Dans une seconde partie de sa catéchèse, le cardinal a décrit les béatitudes comme un « phare extraordinaire » de toute la Révélation. « Avec les béatitudes, puisque ça vient de Jésus qui est le coeur de la Révélation, vous avez une porte d’entrée dans toute la bible » a-t-il expliqué. Elles « décrivent le visage de Jésus », aidant à comprendre pourquoi il agit, ce qu’il fait. Jésus est celui qui applique toutes les béatitudes : avec la femme adultère, il est miséricordieux,… Partant dans une véritable exhortation, il a élargi le contexte : Pierre, qui renie Jésus et pleure en se rendant compte de son péché est, selon le cardinal Barbarin, un vrai coeur pur. Et le cardinal a élargi encore le champ d’application aux saints : saint François d’Assise était un vrai pauvre, Mère Térésa miséricordieuse, et en sainte Thérèse de l’enfant Jésus, dont il disait affectueusement qu’elle était « un peu folle celle là » parce qu’elle « voulait être tout », on trouve la 4ème béatitude, car elle est « affamée et assoiffée de la justice pour le monde entier ». Aujourd’hui encore, selon l’archevêque de Lyon, « les béatitudes éclairent la vie de l’Eglise », car elles sont vécues par de nombreux témoins.

Dans une dernière partie de sa catéchèse, le cardinal a voulu s’inspirer de la manière orientale de recevoir le texte d’évangile qu’il venait de commenter. Les orthodoxes chantent en effet le refrain « dans ton royaume, souviens toi de nous » entre les béatitudes, ce qui est, selon le cardinal Barbarin, « la bonne manière, la bonne attitude pour comprendre les béatitudes », car ainsi on se met « à la place du criminel ». Cette « attitude spirituelle » provoque le cadeau de Dieu qui nous offre sa grâce. « Essayez d’avoir assez de science pour savoir quelle est la grâce qui vous a été faite. Une découverte qui se fait dans le silence pour le cardinal Barbarin, et une découverte qui engage car elle implique pour les chrétiens de partager cette grâce : « votre grâce, c’est votre mission (…) c’est dans les béatitudes qu’on trouve sa vocation », a-t-il conclu.

Après les prières universelles, les prénoms des participants ont été scandés, comme en une longue litanie, et durant ce temps les pèlerins étaient invités à aller voir l’un des évêques présents pour se voir remettre une image représentant le Christ en Gloire avec le texte « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! ». Pour les jeunes présents, comme le déclare Christelle, c’était un temps d’émotion intense : « on sent depuis le début de la célébration que l’Esprit Saint est là… Nous sommes tous émus, chacun à notre façon, et en entendant notre prénom, nous sentons encore plus l’Esprit Saint en nous ». Franck déclare quant à lui ressentir « un appel », et il poursuit en disant : « je ne savais pas que j’allais vivre ça en venant en Terre Sainte… Je suis fier d’être catholique ».

C’est avec le chant thème du pèlerinage, « Allons à la source, Jésus nous appelle » que la célébration s’est achevée. « C’est une belle célébration, j’ai aimé les chants et l’ambiance. Le cardinal m’a fait réfléchir sur le fait qu’il fallait qu’on s’approprie ce texte, qu’il fallait qu’on choisisse une béatitude pour nous même », déclarait Sixtine, étudiante en école de commerce dans la région parisienne, à l’issue de cette veillée de prière. Une liturgie qui s’est conclue par le partage d’un dîner festif entre les pèlerins, mais qui laissera des traces chez les jeunes, comme Claire, jeune étudiante de 18 ans, qui se déclare « surprise, parce que les béatitudes, j’en avais très peu entendu parler, et apparemment c’est le fondement de la foi, ce qui peut permettre de comprendre et de répondre à beaucoup de nos questions, donc à partir d’aujourd’hui je vais m’y pencher sérieusement pour essayer de percer quelques mystères auxquels je n’ai pas encore de réponse ».

S. Em. Card. Francis Arinze: La Bienheureuse Vierge Marie, un signe pour les croyants du troisième millénaire*

21 avril, 2010

du site:

http://www.sedos.org/french/arinze_2.htm

S. Em. Card. Francis Arinze – Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux

La Bienheureuse Vierge Marie, un signe pour les croyants du troisième millénaire*

De plus en plus, dans le monde de noire temps, des personnes de religions et de cultures différentes se rencontrent et entrent en relation. A travers ces contacts, ceux et celles qui croient en Jésus-Christ ont de nombreuses occasions de témoigner de leas foi dans de Christ, d’annoncer cette foi ou bien d’établir une forme de relations interreligieuses avec des membres de différentes confessions religieuses.
Le plan de salut de Dieu pour toute l’ humanité a son centre en Jésus-Christ, le seul et unique Sauveur de tous, selon la foi chrétienne. Dans la mise en œuvre de ce plan, un rôle spécial a été assigné à la Bienheureuse Vierge Marie, comme en témoignent les Evangiles, et même la promesse d’un Sauveur dans le livre de la Genèse. C’est pourquoi les chrétiens, et les catholiques en particulier, s’interrogent parfois sur le rôle de la Vierge de Nazareth dans les relations interreligieuses.
Je suis par conséquent heureux d’avoir été invité à proposes à votxe assemblée, en ce sanctuaire renommé de l’Immaculée Conception, ces quelques réflexions sur « La Bienheureuse Vierge Marie, un signe pour les croyants du troisième millénaire ».
Nous allons commences par un court exposé de la place de la Vierge Marie dans les principales religions: le christianisme, le judaisme, l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme et d’autres religions.
Nous allons tout d’abord considérer le rôle providentiel de Marie dans l’approche chrétienne des personnes d’autres religions. Puis nous allons examiner comment des membres de nombreuses religions peuvent regarder Marie comme une femme modèle, comme une source d’inspiration pour la défense de la famille et de la vie humaine, et comme un modèle d’ouverture à Dieu. Nous terminerons ces réflexions en méditant sur la Sainte Vierge comme agent d’harmonie entre les croyants.

1. La Bienheureuse Vierge Marie dans la foi catholique

Ces réflexions étant faites par un catholique, il est bon de commences par une présentation de la Bienheureuse Vierge Marie selon la foi catholique.
Après la chute de nos premiers parents, Dieu nous a promis un Sauveur. Dieu a maudit le serpent : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon » (Gn 3:15). Ce lien entre « la femme » et le Sauveur promis a été rendu encore plus manifeste par le prophète Isaïe : « La jeune fine est enceinte et va enfanter un fils qu’elle appellera Emmanuel » (Is 7:14).
A la « plénitude des temps » (cf. Ga 4:4; He 1:2), Dieu a envoyé l’Archange Gabriel annoncer à la Vierge de Nazareth, par quelques mots concis, son plan divin de salut, et le rôle qui serait le sien comme Mère virginale du Sauveur. Marie a accepté. Marie a obéi. Elle est devenue la Mère du Fils de Dieu qui a pris notre nature humaine.
Dieu a doté Marie de dons exceptionnels. Conçue sans la marque du péché originel, elle a été saluée par l’Archange comme la « pleine de grâce ». Elle est la fille bien-aimée du Père, la Mère du Fils de Dieu et le temple de l’Esprit-Saint (cf. Lumen Gentium, 53). Marie a eu et la gloire de la maternité, et celle de la virginité. Elle est « le seul orgueil de notre nature corrompue ». Elle peut étre appelée le chef d’œuvre de Dieu. Saint Augustin fait l’éloge de cette merveille : « II (Dieu) a choisi la mère qu’il avait créée ; il a créé la mère qu’il avait choisie » (Sermon 69,3.4 ). Associée au Sauveur, elle a été avec le Christ à tous les moments clés de l’histoire de la Rédemption : à sa Conception, à sa Nativité à Bethléem, dans sa vie privée à Nazareth, aux noces de Cana, lors de ses miracles et de ses enseignements, et surtout au Calvaire, à l’Ascension et à la Pentecôte. Comme le dit le Concile Vatican II, « pendant la vie publique de Jésus, sa mère apparait expressément » (Lumen Gentium, 58).
La Vierge Marie est liée à l’Église de manière particulière. « Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves » (Lumen Gentium, 62). Elle est un modèle pour suivre le Christ, non seulement pour chaque chrétien, mais aussi pour l’Église dans son ensemble. L’Église l’honore avec affection et piété filiales comme une mère très aimée. Toutes les générations l’appellent bienheureuse (cf. Lc 1:48). Nous voyons donc pourquoi le Pape Jean-Paul II parle du « caructère unique de sa place dans le mystère du Christ » (Redemptoris Mater, 9).
Examinons maintenant si, dans les autres religions, nous pouvons trouver trace ne serait ce que d’une allusion, d’une évocation lointaine, d’une ombre, ou au moins d’un désir inexprimé de cette extraordinaire Vierge Mère.

2. Marie dans la Bible hébraïque : une vision chrétienne

Ève, la première femme, est bientót devenue celle qui, avec Adam, a entrainé toute l’humanité dans le naufrage du péché originel. Dieu a promis un Sauveur, et la mère du Rédempteur a été annoncée au même moment, dans le texte de la Genèse déjà cité : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme » (Gn 3:15).
Abraham, notre « père dans la foi », a obéi de manière totale et inconditionnelle aux promesses de Dieu, même lorsque, à cause déyénements extérieurs, il lui a été difficile de voir comment ces promesses s’accompliraient. Le Pape Jean-Paul II, dans son homélie à Nazareth le 25 mars 2000, a appelé la Vierge Marie « la plus authentique des filles d’Abraham » parce que, avec une grande foi, elle est devenue la Mère du Messie et la Mère de tous ceux qui croient (cf. l’homélie publiée dans L’Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue française, 4/4/2000, p.11).
Voici les symboles de la Vierge Marie que l’on peut trouver dans la Bible hébraique, l’Ancien Testament pour les chrétiens : La Vierge Mère promise dans la Genèse et dans Isaie, la Fille de Sion, le Jardin d’Eden, la bien-aimée du Cantique des Cantiques, et l’Arche d’Alliance. Ruth est un symbole de Marie et de l’Église parce qu’elle est placée de manière providentielle dans l’arbre généalogique du Christ. Esther et Judith sont aussi des symboles de Marie, en tant qu’associée au Sauveur daps le déroulement du plan divin de salut.
La Vierge Marie pourrait étre regardée, à côté du Christ, comme la plus grande gloire du peuple juif. C’est au sein de ce peuple de l’Alliance que Dieu a choisi cette figure exceptionnelle qui donnerait naissance au Sauveur de l’humanité. Nous ne pouvons que prier la Sainte Vierge de nous obtenir de Dieu la gràce de promouvoir toujours mieux les relations judéo-chrétiennes.

3. Marie dans l’islam

La foi musulmane est fondée sur le texte du Coran, augmenté des traditions orales venant de Mahomet. Le Coran fait 34 fois référence à Marie, la seule femme que le livre mentionne par son nom ; une des Sourates (chapitres) du Coran porte son nom. Le Coran fait mention de la Nativité de Marie (3,33-37), de sa Présentation au Temple (19,16-17; 3,37. 42-44), de l’Annonciation (19,17-21; 3,45-51), de sa Virginité (19,20; 21,91; 66,12), de la naissance de Jésus (19,23-26), et, peut-être (la référence est ambigué), de son Assomption au Ciel (23,50). La prééminence de Marie dans le Coran peut être résumée par le verset qui rappelle la salutation de Gabriel à Marie dans l’Évangile de Luc : « Marie, Dieu t’a choisie. II t’a rendue pure, et t’a exaltde au-dessus de toutes les femmes de l’univers » (3,42).
Marie est considérée comme un signe (aya) (23,50-51) et un modèle (mathal) (66,10-12) pour l’humanité. Le Coran mentionne que Marie a été spécialement choisie par Dieu (3,42), rendue pure (3, 42), qu’elle est une sainte femme (siddiqa) (5,75), un modèle de foi en Dieu (66,12), de confiance en la providence (3,37), de recours instinctif à Dieu (19,18), d’abandon à Sa volonté (3,37; 19,21), de dévotion (66,12), de modestie virginale (21,91), de piété et de recueillement (19,17), de silence respectueux (19,26), de prière (3,43), et de jeúne (19,26).
Certaines traditions hadith venant de Mahomet semblent faire référence à l’immaculée conception de Marie. Il y a plusieurs variantes du hadith ; l’une d’elles dit : « Tout nouveau-né, à l’exception de Jésus et de Marie, émet un cri au moment de la naissance parce que Satan le touche ». Marie et Jésus, à la différence des autres enfants d’Adam, n’ont pas commis de péché (dhunub) ». (Muslin, Sahih II; 224; Bukhari, Sahih III; Ibn Hanbal, Musnad, 233, 274, 288 ; Tha’labi, Oisas, 372 ; Tabari, Jami al-Bayan, VI : 7887-7998). Un autre hadith affirme que Marie est « la reine de toutes les femmes dans le paradis » (Ibn Hanbal, Musnad, III: 64, 80). Plusieurs variantes hadith considèrent Marie  » supérieure aux trois femmes les plus excellentes qui aient jamais existé : A’isha, Khadija, et Fatima » (Tabari, VI: 7026-7097).
Le Coran prend soin d’afiirmer l’humanité de Marie, contre certaines conceptions de l’époque qui faisaient d’elle un demi-dieu. Cela, l’orthodoxie chrétienne l’approuve, parce que l’Église enseigne que Marie, bien que grandement exaltée, reste toujours une créature.
Il y a des différences significatives entre les croyances musulmanes et chrétiennes au sujet de la Vierge Marie. Comme l’islam n’accepte pas le dogme de la Sainte Trinité, il rejette également l’enseignement selon lequel Jésus-Christ est Fils de Dieu et donc Dieu, et par conséquent Marie comme Mère de Dieu (Theotókos). Pour le christianisme, ces dogmes ont une importance fondamentale.
Le nom de Marie, Maryam, est adopté par de nombreux musulmans. Quand les musulmans la mentionnent, ils disent toujours « Notre Dame Marie » (Sittna Maryam). Comme l’orthodoxie musulmane n’approuve que les prières qui sont adressées à Dieu, la prière d’intercession n’est pas directement dirigée vers Marie (ni vers Jésus ou Mahomet). Cependant, au niveau populaire, les musulmans, spécialement les femmes, visitent les sanctuaires marials en Egypte, à Damas, au Liban, à la « maison de Marie » à Izmir (Éphèse) en Turquie, à Alger et en Indonésie, et ils la prient.

4. Marie dans l’hindouisme

Depuis les temps anciens, des déesses sont connues et grandement vénérées en Inde. Les milliers d’images féminines retrouvées au Nord-Ouest de l’Inde dans les ruines de la civilisation de la Vallée de l’Indus (vers 2500-1500 avant J.C.) indiquent que des déesses ont joué un rôle important dans la religion de cette culture, bien que des divinités masculines aient dominé la tradition textuelle.
Le culte quotidien des déesses dans l’hindouisme se remarque tout d’abord au niveau du village, où le culte de la déesse tient une place extrémement grande. Parmi ces déesses, nombreuses sont celles qui n’ont qu’une réputation régionale ou locale, bien qu’elles puissent étre associées dans l’esprit de certains villageois à des déesses de la tradition littéraire. Ces déesses du village se soucient des existences, des intéréts, du bien-étre des petites communautés. Elles sont spécialement associées à la fertilité, tant celle des récohes que la fécondité des étres humains, ainsi qu’aux maladies. Elles sont habituellement honorées par tous les membres d’un village et leur identité première est liée à un village spécifique.
Parmi les théologiens hindous, certains croient en l’existence d’une Grande Déesse qui se manifesterait sous des formes variées. Les nombreuses déesses de la tradition hindoue sont toutes des manifestations d’un principe cosmique unifiant, de caractère actif, puissamment fécond, et féminin. Bien que ce grand personnage soit connu sous de nombreux noms, on l’appelle en général simplement Devi (Déesse) ou Mahadevi (Grande Déesse). Elle est souvent appelde Sakti, ce qui signifie « puissance » et suggère ses grands et inépuisables pouvoirs créateurs. Cette Grande Déesse est fondamentalement une divinité active, attentive à la stabilité du monde et aux besoins de ses fidèles. Bien qu’elle présente un côté sombre, destructeur, assoiffé de sang, cet aspect de la Grande Deesse est vu comme fisant naturellement partie d’un sens de l’ordre se penchant sur tout, et affirmant l’interaction positive et necessaire entre la vie et la mort, entre la creation et la destruction, entre la force et le repos, dans la nature du cosmos.
La devotion des fidèles de l’hindouisme et des autres religions indiennes envers la Très Sainte Vierge Marie doit être comprise dans ce contexte des déesses hindoues qui vient d’être mentionné. Le concept populaire de la déesse hindoue ne peut s’appliquer à Notre-Dame, bien que l’on trouve en elle de nombreux attributs des déesses hindoues. Elle est respectée et vénérée par les Indiens à un niveau populaire, comme une sainte femme qui répond à leurs prières pour des besoins matériels ou spirituels. Mais si l’on venait à leur parler, de manière convaincante, de la réelle grandeur de Notre-Dame comme la Mère Immaculée du Rédempteur, ils pourraient alors atteindre au respect et à la vénération qui lui sont réellement dus.

5. Marie dans le bouddhisme

Le bouddhisme, au sens strict et originel, ne parle pas de Dieu, et donc ne pourrait faire place à une figure qui correspondrait à la Bienheureuse Vierge Marie dans l’économie du salut.
Néanmoins, le bouddhisme a inculqué, depuis le tout premier commencement, la vertu fondamentale de la bienveillance-compassion (maitrikaruna) dont l’exemple était une mère qui se sacrifiait pour son fils : « Comme une mère » chante un ancien Sutra (écrit sacré bouddhiste) « aime et defend son fils bien-aimé au prix de sa vie, ainsi vous, ô moines, devez cultiver sans limite la vertu de la bienveillance-compassion envers toutes les choses vivantes ».
Au fil des temps, à l’intérieur du bouddhisme Mahayana (forme qui prévaut au Japon, en Corée et en Chine), est apparu et s’est répandu le concept du Kannon-Bosatsu (en sanscrit, Bodhisattva Avalokitésvara), le Bouddha-mère à la compassion infinie. La devotion à Kannon-Bosatsu s’est rapidement propagée en Chine, en Corée et au Japon. Les nombreux temples dédiés à ce Kannon sont devenus les lieux préférés des pèlerinages bouddhistes.
Il est un detail intéressant de l’histoire du christianisme au Japon. Une terrible persecution fut menée contre les chrétiens, pendant trois siècles, du temps où Tokugawa était shogun (gouverneur). Les catholiques persécutés ont maintenu leur foi au moyen de petites statues de Marie-Kannon. (Kannon était une déesse de miséricorde vénérée par les bouddhistes). Il y avait des statues représentant en apparence Kannon, mais qui en réalité étaient vénérées comme la Bienheureuse Vierge Marie (avec souvent l’Enfant Jesus dans ses bras). Les catholiques ont échappé de cette manière à l’attention des autorités.
Aujourd’hui, de nombreux bouddhistes, spécialement ceux du Japon, lorsqu’ils viennent visiter l’Europe, choisissent Lourdes comme leur lieu préféré de pèlerinage. L’image de Marie, Mère et Soutien de l’humanité blessée et souffrante, attire beaucoup les cœurs des bouddhistes, qui à l’évidence n’oubhent pas Kannon.
En octobre 2000, Phra Sommai, l’Abbé bouddhiste du temple de Kaew Praew au Nord de la Thailande, ami du mouvement des Focolari dans l’Église catholique, a participé à l’audience générale du mercredi du Saint-Père, puis a visité les centres des Focolari à Rocca di Papa et à Loppiano. Connaissant la parole bouddhiste disant que « être une mère est être une presence d’amour qui accueille et qui crée un foyer », il a écrit le poème suivant devant l’image sacrée de la Madonne de Lumière de Tonadico (la traduction est la mienne) :

« Mère de l’Amour

Face sereine, to embrasses l’univers, le regard tourné vers le bas to sembles triste,
mais to es pleine de douceur, de bienveillance de miséricorde sans fin.

Mère de l’Amour

Face sereine, to embrasses l’univers, le regard tourné vers le bas
to sembles triste,
mais to es pleine de douceur, de bienveillance de miséricorde sans fin.
Les mains jointes
qui donnent la bénédiction du cœur.
Dans les moments de solitude,
me tournant vers elle, j’ai perçu la chaleur
de sa presence toute proche.
Pour qui est dans l’erreur, tu es une sûre consolation.
Dans les préoccupations, tu es un guide et une lumière.
Tu nous donnes le bonheur, le repos,
et de toi, nous obtenons tout.
Mais to n’attends rien en retour, parce que tu es détachement absolu.

(cité dans Mariapoli 11/2000, p.19).

6. Images de Marie dans d’autres religions

Il serait intéressant que des personnes compétentes puissent étudier s’il se trouve des images, des traces ou des désirs non formulés de Marie dans d’autres religions comme les religions traditionnelles, le shintoisme, la religion sikh, baha’i et le taoisme. Je pense à des qualités comme la maternité, la virginité, la miséricorde, la compassion, la construction de la famille, la réconciliation et l’harmonie entre frères et sœurs, et l’amour gratuit.
7. Le rôle providentiel de Marie dans l’approche chrétienne des personnes d’autres religions
En vertu de la nature même de la vocation et de la mission chrétiennes conférées au baptéme et renforcées par les autres sacrements, les chrétiens sont appelés à rencontrer les personnes d’autres religions, et bien sur chaque être humain. Cette mission ou cette vocation se manifeste de trois manières : le témoignage, l’annonce et le dialogue. En chacune de ces activités, la Bienheureuse Vierge Marie est pour les chrétiens un grand modèle et un grand soutien.
Le témoignage que les chrétiens rendent au Christ peut s’exprimer à travers l’amour gratuit pour les autres. Le Christ lui-même a donné l’exemple suprême en souffrant et en mourant pour le salut de l’humanité : « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15:13). Jésus a pardonné à ses ennemis, y compris ceux qui le crucifiaient : « Père, pardonne- leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23:34). La Bienheureuse Vierge Marie a servi Dieu et est allée en hâte auprès de sa cousine Élisabeth pour lui rendre visite et pour l’aider. Elle est restée debout au pied de la Croix et nul ne rapporte qu’elle ait dit un mot contre ceux qui étaient en train de crucifier son Fils innocent et si exceptionnellement généreux. Elle est un modèle de témoignage chrétienne.
Le chrétien devrait, lorsque les circonstances le recommandent, annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aux autres, afin de leur offrir une chance de l’accepter librement, en devenant membre de l’Église où ils recevront en plénitude et en abondance les moyens du salut. Marie qui porte Jésus dans son sein pour sanctifier Jean le Baptiste est un modèle du chrétien qui apporte le Christ au monde. Dans les diverses religions, les personnes cherchent des réponses aux grandes questions qui concernent l’existence humaine sur terre ; par exemple l’origine de l’homme, la nature du bien et du mal moral, la raison de la souffrance, l’essence du bonheur et ce qui survient après la mort. Étant donné qu’il n’est pas toujours facile de parvenir à la vérité religieuse, on peut commettre des erreurs en cherchant des réponses à ces questions. C’est ce qui explique l’essor de sectes ésotériques ou pseudo-religieuses, la recherche du bonheur par l’auto-illumination, la croyance en la réincarnation et les idées confuses sur la vie après la mort. Une pleine participation à la révélation de Dieu en Jésus-Christ par une joyeuse annonce de l’Evangile devra parcourir un long chemin pour répondre à ces questions brúlantes du cœur humain. La doctrine catholique insiste aussi sur la volonté salvifique universelle de Dieu, « qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2:4). C’est pourquoi le plan divin de salut inclut tout homme et Dieu ne va pas refuser la grâce nécessaire au salut à une personne qui est ouverte à son action divine et suit sa conscience en matière de droiture et d’erreur morale (cf. Lumen Gentium, 16). Néanmoins, la pleine adhésion à l’Évangile de Jésus-Christ offre aux personnes une plus grande chance de recevoir les moyens du salut. Marie, en tant que Mère du Rédempteur et par conséquent Mère de toute l’humanité, ne peut pas ne pas étre concernée par la participation aux bénéfices du salut gagnés par son Fils à un tel prix.
La religion se propose, elle ne s’impose pas. On ne peut imaginer la Vierge Marie usant de coercition pour amener quelqu’un à croire au Christ. Mais elle s’est révélée une sœur et une mère pour tous. Le chrétien, de même, doit apprende à rencontrer les personnes d’autres religions dans une attitude d’écoute mutuelle, d’effort pour comprendre, et de collaboration dans la promotion de la justice, de la paix, des valeurs familiales et de l’héritage culturel des différentes peuples.

8. Marie, la Femme Modèle

Dans le monde d’aujourdhui, la femme est, en bien des sen, attaquée. Son image, son identité, son souvent obscurcies quand ce n’est pas directement abimées. La femme est sous-estimée, banalisée, utilisée et même commercialisée lorsqu’on fait d’elle une image commode de publicité pour des voitures, des peintures et des bouteilles d’eau. De nombreux courants de pensée aujourd’hui suggèrent de manière subtile aux femmes qu’elles devraient faire exactement ce que font les hommes, comme si ceux-ci étaient leurs modèles. On considère ainsi que les femmes sont libérées lorsqu’elles manient une arme à feu et tuent sur le front, et lorsqu’elles pilotent des avions de chasse. On les conditionne pour regarder la maternité comme une oppression et la grossesse comme une atteinte à leur beauté, voire une maladie. La femme au foyer est présentée comme un modèle de régression culturelle. La virginité est regardée comme un tabou primitif dont les femmes devraient étre libérées.
C’est ici que la Vierge de Nazareth a un message à donner aux membres de toutes les religions en ce qui concerne la véritable identité de la femme. En elle, Dieu allie la beauté de la virginité et les gloires de la maternité. Et pourtant elle n’a pas une personnalité efféminée ou faible.
Vierge pleine de prudence et de force, elle sait que le Tout-Puissant a fait pour elle de grandes choses, qu’Il a dispersé les superbes, qu’Il a renversé les puissants de leurs trónes et élevé les humbles, comme elle le chante avec vigueur dans son Magnificat (cf. Lc 1:48-53). Vraiment, toutes les générations la diront bienheureuse.
Les bouddhistes qui ont de l’estime pour la maternité, la compassion, la générosité, le renoncement à soi-même et l’amour, trouveront en la Vierge Marie quelqu’un qui les élève, les inspire, les guide et les encourage.
Les hindous trouveront en Marie la réalisation de la féminité la plus haute, de la fécondité, de la puissance, de la force, et comme le reffet maternel de Dieu. C’est Dieu lui-même qui parle en termes maternels de son amour pour le peuple qu’il s’est choisi : « Une femme oublie-t-elle fenfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait une pour foublier, moi, je ne t’oublierai jamais ! » (Is 49:15). Jésus lui-même a pleuré sur la ville de Jérusalem : « Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes … et vous n’avez pas voulu ! » (Mt 23:37).
Les musulmans trouveront en la Vierge Marie une femme de foi, une vierge très pure, une mère très aimante et une constructrice de famille au meilleur sens du terme.
Les femmes et les hommes de toutes religions devraient tourner leurs regards vers Marie comme vers une femme modèle donnée par Dieu et dont toute l’humanité devrait Lui être reconnaissante. « L’homme et la femme », dit le Pape Jean-Paul II, « créés comme ‘unité des deux’ dans leur commune humanité, sont appelés à vivre une communion d’amour et à refléter ainsi dans le monde la communion d’amour qui est en Dieu » (Mulieris Dignitatem, 7). Marie aidera à la fois les hommes et les femmes à établir des relations mutuelles selon le plan divin et leur permettra ainsi de trouver, d’accepter et de vivre leur véritable identité, leur complémentarité et leur noble humanité, chacun comme image et ressemblance de Dieu (cf. Gn 1:27).
9. Marie, une inspiratrice pour les croyants dans la défease de la famille et de la vie humaine
A notre époque, un problème qui interpelle les croyants des différentes religions et les invite à unir leurs efforts est la défense de la famille et de la vie humaine.
Dans chaque pays, l’un après l’autre, nous voyons les valeurs familiales authentiques s’effriter ou même étre tournées en dérision par l’introduction de l’infidélité, de la séparation et du divorce. Certains n’hésitent pas à conférer à la cohabitation entre personnes du même sexe le statut du mariage. La polygamie obscurcit l’idéal divin originel d’une communauté d’amour entre un homme et une femme.
Les menaces contre la vie ne sont pas moins inquiétantes. Une mentalité opposée à la vie justifie la contraception, l’avortement et l’infanticide. Elle regarde l’enfant non comme un don de Dieu et la couronne du mariage, mais comme un fardeau non désiré ou au mieux comme un produit de la science et du génie biogénétique, dont on pourrait spécifier les caractères selon les indications de ceux qui donneraient l’ordre de le créer. Et quand une personne est àgée ou malade, les avocats de l’euthanasie proposent avec arrogance ce qu’ils appellent la mise à mort par pitié.
Une réflexion commune sur la Vierge Marie peut aider les membres des diff érentes religions à
atteindre une conception plus haute de la famille et de la vie humaine. La Sainte Vierge a accueilli le Verbe de Dieu qui s’est incarné en elle, elle l’a porté dans son sein pendant neuf mois, elle l’a donné au monde, l’a nourri et l’a offert en sacrifice pour le bien de tous. Comme épouse de Saint Joseph, elle fut aimante et obéissante, et elle a été une source de joie pour la Sainte Famille de Nazareth. Lorsque le Pape Jean-Paul II s’est rendu à Nazareth en mars 2000, il a prié pour que tous les croyants puissent « défendre la famille contre les nombreuses menaces qui pèsent actuellement sur sa nature, sa stabilité et sa mission ». Il a ajouté : « Je confie à la Sainte Famille les efforts des chrétiens et de toutes les personnes de bonne volonté pour défendre la vie et promouvoir le respect pour la dignité de chaque être humain » (Homélie du 25/3/2000, n° 6, dans L’Osserv. Rom., éd. hebd. en langue fr., 4/4/2000, pp. 11 et 14).

10. Marie comme modèle de sainteté ou d’ouverture à Dieu

Les relations et la collaboration interreligieuses peuvent commencer au niveau sociologique ou horizontal : par une action commune en faveur de la justice et de la paix, par l’harmonie au sein de la société, par l’élimination d’une injuste discrimination, etc. Mais il faut s’efforcer d’arriver au niveau théologique, spirituel ou vertical. Le dialogue interreligieux devrait aider ceux qui y participent à être plus ouverts à Dieu, plus prompts à faire Sa volonté et plus impliqués dans la quéte de vérité religieuse. En bref, les contacts interreligieux devraient aider à la sainteté de la vie.
C’est là que la Bienheureuse Vierge Marie se présente à nous comme un modèle. Elle a écouté le message que Dieu lui avait envoyé. Elle a cherché à connaitre Sa volonté en lisant la Sainte Ecriture. Elle a cru en Dieu qui lui parlait à travers l’Archange Gabriel. Elle a obéi. Elle s’est totalement ouverte à faction cachée mais puissante du Saint Esprit. Elle a conservé dans son cceur les paroles et les actions de Jésus et a médité sur elles. Elle a, plus que quiconque, contemplé le visage du Christ. Marie est le prototype de l’humanité placée devant le mystère ineffable de Dieu.
Dans le Message que j’ai envoyé de par le monde aux musulmans en 1988, pour la fin de leur féte du Ramadan, j’ai attiré l’attention sur la sainteté de Marie, sur sa vie toute centrée sur Dieu :
« Marie a bénéficié de la faveur spéciale de son Seigneur. Choisie par grâce entre les femmes de ce monde, elle a été purifiée par Dieu et, par suite, préservée de toute emprise de Satan. Marie a écouté la voix du Tout-Puissant, elle a cru en sa Parole et elle s’est consacrée à son service, servante humble et soumise. Ainsi peut-elle être, pour nous, un modèle de foi, de prière et de confiance en Dieu, un exemple de pureté, de service et de sainteté. Elle est un symbole de dignité spirituelle et de liberté responsable pour tout être humain, plus particuliérement pour la femme que l’histoire a trop souvent mal comprise » (dans « Cons. Pont. Pour le Dial. Interreligieux », Un lien d’amitié, 2000, p. 47).
Les membres des différentes religions qui œuvrent ensemble peuvent voir en la Sainte Vierge un modèle pour savoir comment préter attention à Dieu.

11. Marie, Mère de Bon Conseil pour les croyants

Alors que les croyants dans les diverses religions s’efforcent, au seuil du troisième millénaire, d’intensifier la collaboration interreligieuse, ils recevront l’inspiration nécessaire en tournant leurs regards vers la Vierge Marie. Marie a brillé par les grandes qualités que l’on désirerait voir chez un partenaire du dialogue : attention à Dieu, obéissance à Sa Parole, aptitude au silence, à l’écoute et à la réflexion, prière de louange et d’action de grace adressée à Dieu, préoccupation pleine d’amour pour le prochain, pratique du partage du don de Dieu avec les autres.
En tant que Mère de l’humanité nouvelle, nous lui confions les diverses initiatives des croyants pour œuvrer et cheminer ensemble. Que cette bonne Mère obtienne aux enfants de Dieu une plus grande harmonie, une plus grande disposition à s’accepter mutuellement, et une aptitude accrue à faire la volonté de Dieu et à construire un monde plus juste, plus paisible et plus accueillant.

Note

* Réflexions données lors du Colloque sur « Marie dans les relations œcuméniques et interreligieuses » Lourdes, 8 juin 2001.
Réf. : OMNIS TERRA (Édition française), n. 382, mai 2002, pp. 182-188.

Un temps pour regarder les Autres autrement

16 avril, 2010

du site:

http://aupuitsdejacob.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=2225

Un temps pour regarder les Autres autrement

 Cardinal Decourtray

Jésus n’a pas dit : cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme !
Il lui demande un verre d’eau et il engage la conversation. Jean 4, 1-42.

Jésus n’a pas dit : Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans le vice.
Il dit : Elle a plus de chances pour le Royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur vertu ou leur savoir. Luc 7, 36-49.

Jésus n’a pas dit : Celle-ci est une adultère.
Il dit : Je ne te condamne pas, va et ne pèche plus. Jean 8, 9-10.

Jésus n’a pas dit : Celle-là qui cherche à toucher mon manteau n’est qu’une hystérique.
Il l’écoute, lui parle et la guérit. Luc 8, 43-48.

Jésus n’a pas dit : Cette vielle qui met son obole dans le tronc pour les œuvres du Temple est une superstitieuse.
Il dit qu’elle est extraordinaire et qu’on ferait bien d’imiter son désintéressement. Marc 12, 41-44.

Jésus n’a pas dit : Ces enfants ne sont que des gosses.
Il dit : Laissez-les venir à moi et tâchez de leur ressembler. Matthieu 19, 13-15.

Jésus n’a pas dit : Cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres.
Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut. Luc 19, 1-10.

Jésus n’a pas dit comme son entourage : cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres.

Il dit que l’on se trompe complètement à son sujet, et il stupéfie tout le monde, ses apôtres, les scribes et les pharisiens en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu ; « il faut que l’action de Dieu soit manifestée en lui ». Jean 9, 1-5.

Jésus n’a pas dit : cet homme n’est qu’un occupant.
Il dit : Je n’ai jamais vu pareille foi en Israël. Luc 7, 1-10.

Jésus n’a pas dit : ce savant est un intellectuel.
Il lui ouvre les voies par une renaissance spirituelle. Jean 3, 1-21.

Jésus n’a pas dit : Cet individu n’est qu’un hors-la-loi.
Il dit : aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. Luc 23, 39-43.

Jésus n’a pas dit : Ce Judas n’est qu’un traître.
Il l’embrasse et lui dit : Mon ami. Matthieu 26, 50.

Jésus n’a pas dit : Ce fanfaron n’est qu’un renégat.
Il lui dit : Pierre, m’aimes-tu ? Jean 21, 15-17.

Jésus n’a pas dit : Ces grands prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n’est qu’un pantin, ce procurateur romain n’est qu’un pleutre, cette foule qui me conspue n’est qu’une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des fonctionnaires.
Il dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Luc 23, 34.

Jésus n’a jamais dit : Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci et dans ce milieu- là.
De nos jours, il n’aurait jamais dit : Ce n’est qu’un intégriste, qu’un moderniste, qu’un gauchistes, qu’un fasciste, qu’un mécréant, qu’un bigot…
Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours aimés de Dieu.

Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique de Celui qui fait briller son soleil sur les bons et les méchants. Matthieu 5, 48.

En celui qu’il rencontre il voit toujours un extraordinaire possible ! un avenir tout neuf ! malgré le passé.

Le cardinal Sodano à Benoît XVI : « Le peuple de Dieu est avec vous »: « Nous nous serrons contre vous », déclare-t-il au début de la messe de Pâques

4 avril, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-24012?l=french

Le cardinal Sodano à Benoît XVI : « Le peuple de Dieu est avec vous »

« Nous nous serrons contre vous », déclare-t-il au début de la messe de Pâques

ROME, Dimanche 4 avril 2010 (ZENIT.org) – Le cardinal Angelo Sodano, doyen du collège cardinalice et ancien secrétaire d’Etat, a exprimé au pape la solidarité de l’Eglise, au coeur des attaques médiatiques.

« Nous nous serrons autour de vous », a affirmé le cardinal, dans une allocution adressée à Benoît XVI au début de la messe du dimanche de Pâques présidée par le pape sur le parvis de la basilique Saint-Pierre.

« Nous vous sommes profondément reconnaissants pour la force d’âme et le courage apostolique avec lequel vous annoncez l’Evangile du Christ », a-t-il déclaré.

« Le peuple de Dieu qui ne se laisse pas impressionner par les bavardages du moment, par les épreuves qui viennent parfois frapper la communauté des croyants, est avec vous », a-t-il ajouté.

« Les cardinaux, vos collaborateurs à la curie romaine, sont avec vous. Vos confrères évêques dispersés à travers le monde, qui guident les trois mille circonscriptions ecclésiastiques du monde, sont avec vous. Les 400.000 prêtres qui servent généreusement le peuple de Dieu dans les paroisses, les oratoires, les écoles, les hôpitaux et les nombreux autres endroits, dans les missions, les régions les plus reculées du monde, sont particulièrement avec vous ces jours-ci », a-t-il poursuivi.

Le cardinal Sodano a souligné que durant la messe chrismale, jeudi matin, le pape a rappelé que Pierre décrivait ainsi l’attitude du Christ durant sa Passion : « Couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice » (1 P 2, 23ss).

En cette solennité de Pâques, a conclu le cardinal Sodano, nous prierons pour vous, afin que le Seigneur, Bon Pasteur, continue de vous soutenir dans votre mission au service de l’Eglise et du monde ».

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