Archive pour la catégorie 'Cardinaux'

LA PRIÈRE CHRÉTIENNE, BONHEUR SUR LA TERRE, PAR LE CARD. SCHÖNBORN

7 mai, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-priere-chretienne-bonheur-sur-la-terre-par-le-card-schonborn

LA PRIÈRE CHRÉTIENNE, BONHEUR SUR LA TERRE, PAR LE CARD. SCHÖNBORN

1 octobre 2009

ROME, Jeudi 1er Octobre 2009 (ZENIT.org) – La prière « est un bonheur » et pourtant le grand combat de la vie du prêtre – et du baptisé – c’est le combat pour la prière, fait observer le cardinal Schönborn : il invite les prêtres à revenir à la prière dans la « confiance » et en prenant garde aux pièges de la solitude et des moyens de communications mangeurs de temps.
Le cardinal Christoph Schönborn, o.p., archevêque de Vienne, a donné, le 30 septembre, sa troisième méditation pour la retraite sacerdotale internationale à Ars, dans le cadre de l’année sacerdotale, sur le thème : « Prière et combat spirituel ».
Le prédicateur a rappelé que pour le curé d’Ars, celui qui prie se trouve « comme un poisson dans l’eau ». La prière était pour lui comme « un bain d’amour dans lequel l’homme se plonge ». Il n’a cessé de « parler du bonheur de la prière » en disant : « Comme on est heureux quand on prie ! », « parler à Dieu est si grand, si puissant ». Les paroissiens notaient sur son visage un « rayonnement de bonheur ». C’est, a dit l’archevêque, en présence de la relique du cœur du saint Curé d’Ars présent dans l’église souterraine de Notre-Dame de la miséricorde une invitation « à retrouver le bonheur de la prière ».
Pourquoi fuir un tel bonheur ?
« Si c’est vraiment un tel bonheur, pourquoi fuyons-nous un tel bonheur ? » s’est demandé le cardinal viennois.
Il a mentionné la crise qui a frappé l’Eglise et notamment la vie religieuse après le concile Vatican II, une vie religieuse dans laquelle il s’est engagé à 18 ans, dans l’Ordre de Saint Dominique. Il y voit comme une « vague de tsunami », survenue après le concile, provoquant « une mise en cause de la prière », on pensait qu’il fallait plus « d’action », changer « des structures considérées comme dépassées, injustes »…
Le cardinal a fait observer que lorsque l’on néglige la prière, la vie religieuse ou sacerdotale revêt une certaine « grisaille », elle « perd son goût », on est même tenté de quitter la vie religieuse : « c’est le drame de beaucoup de ma génération, car avec l’abandon de la prière, la vie de foi perdait sa saveur ». Aujourd’hui, certes, « la crise aiguë de l’après concile est passée, mais le danger de perdre le gout de Dieu en négligeant la prière reste un vrai danger », a-t-il expliqué.

Un roc de prière
« Le combat de la prière, c’est le combat de la vie tout court ! » et de citer l’exemple du pape Jean-Paul II : « C’est un immense privilège d’avoir connu le roc de la prière qu’était Jean-Paul II : qu’il intercède pour réveiller en nous ici, à Ars, le goût, le désir, la joie et l’endurance de la prière ».
« La prière, c’est un geste de l’homme tout court, dans toutes les religions. Mais ce qui rend la prière chrétienne unique c’est que c’est la prière de Jésus : le Fils a prié le Père avec un coeur humain. Il est pour ainsi dire le lieu de la Rencontre et, pour nous les prêtres, ce Cœur de Jésus constitue pour ainsi dire notre coin de prière, ce lieu secret où notre vie de serviteur du Christ, d’ami de Jésus trouve sa place ».
« Maître, où demeures-tu ? » demandent les disciples André et Jean à Jésus qui répond : « Venez et voyez ». « J’aime ce récit de la rencontre d’André et Jean avec Jésus : cette simple question prend une signification profonde, pas seulement celle de la demande d’une adresse. C’était environ la 10e heure – 4 h de l’après midi -. Jean a pu y trouver exprimée la quête de cette autre demeure, de cette demeure où Jésus demeure toujours : le cœur du Père le « kolpos tou Patrou » comme le dit le Prologue de saint Jean ».
« N’est-ce pas en contemplant son maître qui prie que le disciple apprend à prier, dit le Catéchisme : il faut regarder Jésus prier ! » a ajouté le cardinal Schönborn avant de faire observer la tentation de chercher ailleurs des méthodes de prière : « J’ai un grand respect pour des formes de méditation sans image. Mais il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre : comment cela peut-il se faire dans une prière chrétienne ? Comment prier sans chercher le visage de Jésus, le regarder agir, guérir, souffrir, mourir, ressusciter : c’est impossible pour la prière chrétienne ».
« Prier, a souligné l’archevêque, c’est surtout rejoindre Jésus en ces longues heures de prière silencieuse, le matin, le soir, la nuit, à l’agonie ou lors de sa prière ultime sur la Croix ».

Anita S. Bourdin

RETRAITE AU VATICAN : LE LIEN NUPTIAL ENTRE DIEU ET L’HUMANITÉ – CAR RAVASI

21 février, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/retraite-au-vatican-le-lien-nuptial-entre-dieu-et-l-humanite

RETRAITE AU VATICAN : LE LIEN NUPTIAL ENTRE DIEU ET L’HUMANITÉ – CAR RAVASI

SURMONTER L’ABSENCE ET LE NÉANT

ROME, 21 FÉVRIER 2013 (ZENIT.ORG).

Le « lien nuptial » entre Dieu et l’humanité a été brisé par le péché, d’où ce sentiment de l’absence de Dieu et du néant : c’est Dieu lui-même qui vient restaurer ce lien, en Jésus, dont le nom a été prononcé par un Ionesco avant de mourir, rappelle le cardinal Ravasi.
La retraite de carême au Vatican arrivé à son cinquième soir : plus qu’un soir, vendredi soir, et elle s’achèvera samedi matin, 23 février, après la fête de la Chaire de Saint-Pierre, demain.
Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture, qui anime la retraite, a centré ses méditations d’hier soir et de ce jour (10e, 11e, 12e et 13e méditations) sur réconciliation et pénitence, l’absence de Dieu et le néant.
La douleur et l’isolement présents dans la société moderne étaient au cœur de la méditation de mercredi soir : « La société contemporaine a créé dans nos villes une foule de solitudes ».
Mais comment le chrétien réagit-il à la douleur ? Dans le Christ, répond le cardinal Ravasi, Dieu « se penche vers l’homme », et il « assume sa souffrance », ses « limites ». Jésus lui-même fait l’expérience de « l’obscurité de toute la gamme de la douleur : peur, solitude, isolement, trahison, souffrance physique, silence de Dieu, mort ».
« Le péché, est un acte personnel qui naît de la liberté humaine », a expliqué le cardinal italien dans sa 11eméditation, ce jeudi matin: il s’agit d’une «  révolte », mais avant tout d’un « éloignement de Dieu ».
Et de préciser la spécificité du péché et donc du sacrement de la réconciliation: « Le péché est, avant tout et surtout, une réalité théologique ; il peut avoir aussi des répercussions psychologiques, mais c’est une réalité théologique. C’est pourquoi le sacrement de réconciliation ne pourra jamais être l’équivalent d’une séance de psychanalyse, parce que la conscience de Dieu qu’a le pécheur est absolument fondamentale ».
Comment redresser la barre ? Le bibliste a invité à voir la solution dans « la conversion », c’est-à-dire dans une « changement de cap », de « mentalité » qui aide à « tourner le dos à ce à quoi nous sommes accrochés ».
Pour arriver à cette décision, le cardinal Ravasi a proposé la lecture de la seconde Epître de saint Paul aux Corinthiens, qui analyse un verbe grec qui signifie le lien entre l’homme et Dieu : « Catallasso : ce verbe, techniquement parlant, indique l’acte du juge qui tente de réconcilier deux époux qui se trouvent en désaccord. C’est ce geste qui est désormais connu – il existe dans notre jurisprudence et dans de nombreux pays – dans les cas de séparation et de divorce : d’habitude, de manière purement formelle, le juge dit si l’on veut encore arriver à un accord. Paul utilise ce verbe, qui est quasiment celui de la réconciliation juridique ; c’est pourquoi c’est un verbe qui revêt une dimension nuptiale, celle, justement, de ce lien que nous avons avec Dieu : un lien nuptial qui a été brisé par le péché ».
L’être humain passe ainsi par un « frémissement profond », pour parvenir à un être nouveau : « Dans la société, on n’a pas toujours la possibilité de recommencer : certains sont désormais marqués, même s’il est vrai qu’il y a, dans la législation, des propositions pour essayer de réhabiliter et de proposer de nouveau à la société quelqu’un qui a fait une erreur. Mais il restera toujours une sorte de marque sur la personne qui a été, peut-être avec raison, jugée pécheur. Dans la Bible, au contraire, cela n’existe pas ; dans le prophète Isaïe, surtout, on trouve cette image de Dieu qui jette loin de lui tes péchés, pour que tu ne les regardes plus, et donc, ils n’existent plus. C’est une véritable annulation ».
« L’absence et le néant : l’homme sans Dieu » : c’était le thème de la 12e méditation proposée par le cardinal Ravasi, à partir des psaumes 14 et 53. Il y voit l’évocation d’un « athéisme pratique ».
Il a fait remarquer que les deux termes « absence et néant » ne sont pas synonymes, l’absence désignant comme « la nostalgie de Dieu, le néant « le véritable mal de la culture actuelle ».
Et de préciser : « C’est l’indifférence, la superficialité, la banalité. C’est pour cela que je ne cesse de me demander comment on peut agir d’une manière ou d’une autre sur cette sorte de brouillard, sur cette sorte de « gélatine » ; c’est quelque chose de mou qui n’a aucune nostalgie, c’est vraiment le vide, le néant, mais pas le vide de l’attente. D’un point de vue pastoral, c’est cette seconde forme d’athéisme que nous rencontrons le plus souvent ».
Mais même le croyant affronte parfois le « silence de Dieu », a-t-il fait remarquer en disant :  « Pensons aussi à nous-mêmes, chaque fois que nous avons ressenti, peut-être à cause de notre tiédeur ou du découragement, le silence de Dieu, l’absence. Pour nous, il n’avait pas complètement disparu de notre horizon, mais nous ne le sentions plus. Je voudrais que nous tous, qui sommes évêques pour la plupart, nous pensions un peu au clergé, à tous les prêtres qui vivent cette expérience et qui n’ont peut-être pas cette capacité d’élaboration qu’ils devraient avoir, que nous aurions dû leur donner. Ce témoignage, je crois que – surtout ceux d’entre vous qui avez été évêques d’une Eglise, pasteurs d’une Eglise – vous pouvez le leur donner vous-mêmes ».
Pourtant la fin du psaume 22, s’ouvre sur cette espérance: « Tu m’as répondu ». La supplication se fait alors action de grâce : « Nos prières de supplication ne tombent jamais dans le néant », a insisté le prédicateur.
Il a évoqué un « dramaturge de l’absurde » comme Eugène Ionesco, athée, qui écrivait avant de mourir : « Prier le Je Ne Sais Qui – j’espère: Jésus Christ.».

LES CHRÉTIENS D’ORIENT, PAR LE CARDINAL JEAN-LOUIS TAURAN – ROME, 2 DÉCEMBRE 2011

22 janvier, 2013

http://www.cardinalrating.com/cardinal_111__article_11019.htm

LES CHRÉTIENS D’ORIENT, PAR LE CARDINAL JEAN-LOUIS TAURAN

ROME, 2 DÉCEMBRE 2011

LES VISITER ET SOUTENIR LEURS INSTITUTIONS

ROME, lundi 5 décembre 2011 (ZENIT.org) –  Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux appelle de ses voeux “une solution rapide du Moyen Orient” et souligne la responsabilité des chrétiens vis-à- vis de ceux du Moyen Orient.
Le cardinal français est intervenu au cours d’un colloque, organisé les jeudi 1er et vendredi 2 décembre à Rome par l’Institut français (cf. Zenit du 30 novembre 2011).
Evoquant la situation des chrétiens du Moyen Orient, le cardinal Tauran souligne la responsabilité de tous les chrétiens: “II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient

Texte intégral de l’intervention du cardinal Tauran
« Chrétiens d’Orient : chantiers de recherches et débats contemporains »
Colloque international
Ambassade de France près le Saint-Siège
École française de Rome
Centre Saint-Louis
Les chrétiens d’Orient dans le dialogue islamo-chrétien

Les chrétiens d’Orient, qui sont-ils ? Au sens large, ce sont tous les catholiques non-latins, les orthodoxes et les protestants du Proche et du Moyen Orient. On y inclut aussi les minorités d’Iran, d’Arménie, de Turquie, d’Inde, du Pakistan, d’Indonésie et d’Ethiopie. Les chrétiens d’Orient ne connaissent pas une organisation centralisée comme le christianisme occidental (je pense au catholicisme romain). La place de la culture, de la langue, la multiplicité des dénominations et des pratiques en font une mosaïque. Je ne vais pas parler de tous ces chrétiens, mais je voudrais limiter mon propos aux chrétiens du Moyen Orient pour des raisons évidentes : ce sont ceux qui nous sont le plus proches, en particulier ceux qui vivent en Terre Sainte, descendants de la première Eglise de Jérusalem.
Le Moyen Orient est massivement musulman, et son islam a connu des périodes fastes. Des villes comme Damas, Bagdad, Le Caire, Istanbul rappellent ce que furent les grandes réalisations de l’islam historique, avec les Omeyades (7e s.), les Abbassides (du 8e s. au 13e s.), les Mamelouks (du 13e s. au 16e s.) et les Ottomans (du 16e s. à 1924). Sans parler de la Mecque et de Médine,
Les chrétiens d’Orient y sont minoritaires et tendent à diminuer. Ils ne sont pas des convertis de l’islam. Ils sont, comme je le disais plus haut, les descendants de la première Eglise de Jérusalem, leurs ancêtres ont été les témoins vivants des événements du salut. Littéralement, ils entourent les Lieux saints de leur présence et leur donnent vie par leur prière et leur amour, empêchant qu’ils deviennent de simples musées. Mais ils ont une histoire, une langue et une culture communes avec les musulmans au milieu desquels ils vivent depuis des siècles. C’est pourquoi les relations entre les deux communautés sont traditionnellement bonnes au niveau du dialogue de la vie. Evidemment, ils ont aussi des rapports séculaires avec les communautes juives d’autant plus qu’avec les Juifs, les chrétiens sont spirituellement unis dans la lignée d’Abraham et reconnaissent les prémices de leur foi dans le Premier Testament.
II y a eu des périodes de cohabitation féconde entre chrétiens et musulmans: Istanbul, Alexandrie, Jérusalem ont longtemps accueilli tous les croyants. Mais quand les empires se sont effondres et que l’unité de mesure est devenue la nation, il y a eu moins de place pour la diversité, le califat se termine avec la chute de l’Empire ottoman et la naissance de la république d’Atatürk ; l’orthodoxie s’effrite en se soustrayant a l’hégémonie du patriarcat de Constantinople et en donnant naissance à de nouvelles églises nationales. De nouvelles identités s’affirment.
Depuis Le 16e siècle, le christianisme est devenu minoritaire en Orient, et l’islam, qui avait perdu de son prestige, a récupéré son identité a partir du moment où il a immigré vers l’Europe. S’il y a eu hier une cohabitation entre peuples divers, aujourd’hui encore, chrétiens et musulmans sont contraints par la géographie et par l’histoire à retrouver un mode de vivre ensemble. La Méditerranée, ce «lac des monothéismes » comme on l’a écrit, pourrait être un lieu de recomposition.
Evidemment, il faudrait parler d’autres facteurs qui ont complètement transformé le paysage politique, social, culturel et religieux du Moyen Orient: je pense évidemment au conflit israélo-palestinien non-résolu, et à la partition de Chypre, a la situation de l’Irak …. Comme on l’a remarqué, la situation des chrétiens dans cette partie du monde peut être évoquée comme suit: un pays ou il est interdit de construire des églises comme l’Arabie saoudite; des pays ou les chrétiens sont considérés comme non nationaux; le Koweït, les Etats du Golfe, Oman et les États du Maghreb; les pays ou les chrétiens sont autochtones et les Églises apostoliques: Égypte, Syrie, Irak, Jordanie, Palestine, Turquie; et enfin l’exception libanaise ou le Président de la République est, par un accord tacite, chrétien maronite. Tout en proclamant que l’islam est la religion de l’État (sauf en Syrie et au Liban), les constitutions de ces pays affirment que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans discrimination de race et de religion. Cela évidemment au niveau théorique. La pratique est le plus souvent bien différente.
On doit souligner qu’une collaboration confiante s’est développée entre musulmans et chrétiens au niveau de l’éducation, de la santé, de la culture, de l’économie et de la solidarité. Les écoles catholiques sont particulièrement appréciées par de nombreuses familles musulmanes. II y a des Parlements où les chrétiens sont représentés, bien qu’i1 leur soit difficile, sinon impossible, d’accéder aux postes de décision politique (sauf au Liban). Mais ceci dit, il faut rappeler que les conversions de musulmans au christianisme sont pratiquement impossibles. Et dans Le cas de mariage mixte, les enfants mineurs sont présumés suivre la religion de leur père. Si la liberté de culte est partout respectée, sauf en Arabie saoudite, et s’il est souvent possible de construire de nouvelles églises, cela n’est pas le cas en Égypte où reste en vigueur une disposition de l’empire ottoman de 1856 qui n’autorise une restauration d’église que sur décret présidentiel.
Si donc les chrétiens se sentent chez eux dans cette partie du monde, s’i1s vivent plus ou moins bien leur foi et leur culture, personnellement et communautairement, ils n’en éprouvent pas moins le sentiment d ‘une certaine précarité, le conflit non-résolu israélo-palestinien et les manifestations d’un islamisme agressif font que beaucoup de chrétiens choisissent l’émigration surtout lorsqu’ils pensent à l’avenir de leurs enfants.
Les chrétiens d’Orient se sentent toujours considérés comme des citoyens de seconde catégorie. Ils se référent souvent au statut de la « dhimmitude ». On comprend alors que ces chrétiens ne soient pas spontanément des enthousiastes du dialogue interreligieux !
Pourtant, si nous prenons en considération le christianisme, l’islam et le judaïsme, on peut relever que ces trois monothéismes favorisent une pédagogie de la rencontre. Certes nous sommes différents et nous devons nous accepter comme tels. Mais nous pouvons mettre à la disposition de la société des valeurs communes qui nous inspirent: respect de la vie, sens de la fraternité, dimension religieuse de l’existence.
Dans le fond, Juifs, chrétiens et musulmans, nous croyons que chacun de nous est unique. Alors, il me semble qu’il n’est pas impossible de sensibiliser éducateurs et législateurs à l’opportunité de proposer à ces peuples qui vivent depuis toujours ensemble des règles de conduite telles que:
- le respect des personnes qui cherchent à scruter l’énigme de la condition humaine à la lumière de leur religion;
- le sens critique qui permet de choisir la vie ou la mort, le vrai ou le faux;
- le souci de la liberté qui suppose une conscience droite, une foi éclairée ;
- l’acceptation de la pluralité qui nous incite à nous considérer différents, mais égaux en dignité, en refusant toutes les formes d’exclusion, en particulier celles invoquant une religion ou une conviction.
Si nous pouvions dire tout cela ensemble, il est sûr que nous aurions devant nous un avenir beaucoup plus serein. N’est-ce pas au fond ces convictions qui sont à l’origine de ce que l’on appelle le « printemps arabe »? Cette jeunesse de certains pays du Maghreb, consciente, cultivée, qui ne supporte plus la dictature, est plus « révoltée » que « révolutionnaire ». Elle est en quête de dignité et de liberté,
II est vrai que les chrétiens d’Orient ont beaucoup souffert depuis qu’ils existent. Souvent pour survivre, ils ont plus plié que résisté. Mais leur disparition serait une catastrophe, surtout pour les Lieux saints chrétiens, Que peut-on donc faire pour eux ?
D’abord, les aider à rester sur place. Dieu les a plantés dans cette partie du monde et c’est là qu’ils doivent fleurir. Malgré certains phénomènes de fondamentalisme, la présence chrétienne dans la société arabe joue un rôle positif de facilitateur entre les composantes de cette société et de catalyseur pour la convivialité.
Ils jouent aussi le rôle de pont entre l’Orient et l’Occident.
Or, pour être un pont, il faut être solidement ancré des deux côtés de la rive. Nos frères dans la foi sont ancrés dans l’Orient qui est leur milieu historique, linguistique, culturel et politique. Ils sont aussi ancrés en Occident par leur foi, leur patrimoine spirituel et leur ouverture intellectuelle.
II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient. Ce que le pape Jean XXIII affirmait dans l’encyclique Pacem in terris demeure toujours d’actualité : « Nous devons rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la vérité et de la justice, de l’amour et de la liberté » (n. 40).
Pratiquer le dialogue entre croyants, c’est être convaincu que nous formons tous une famille, qu’i1 existe une communauté humaine et un bien universel. Mais c’est aussi s’opposer à la xénophobie, à la fermeture des frontières, aux idéologies qui diffusent la haine. Le dialogue entre cultures et entre croyants n’a pas seulement pour but de mieux se connaître pour éviter les conflits, mais il a aussi pour but de nous aider à élaborer une culture qui permette à tous de vivre dans la dignité et la sécurité.
Comme certains d’entre vous le savent, j’ai été pendant quelques années en poste à la Nonciature au Liban, de 1975 à 1982. C’est là que j’ai participé pour la première fois à un groupe d’amitié islamo-chrétienne, guide par un jésuite français, Augustin Dupré Latour. Parlant de ces rencontres, il écrivait : « Croyants de deux religions, nous nous sommes retrouvés, non comme des « sédentaires » satisfaits de ce qu’ils possèdent, mais comme appartenant à la race des « nomades », vivant sous une « tente », des itinérants guides par l’Esprit de Dieu. Nous nous sommes reconnus tout spontanément, non pas comme possédant la vérité divine, mais comme possédés par cette vérité, qui guide, entraine, libère, chacun dans sa ligne propre, plus attaché à sa propre foi. »
Je souhaite que ces journées romaines montrent que, malgré tous les événements de nature à les opposer, chrétiens et musulmans (et juifs) sont capables de se rencontrer, de dialoguer, de refuser les amalgames ; que, contrairement à ce qui est souvent affirmé, les religions ne sont pas facteurs de conflit, mais les croyants sont des personnes de bonne volonté qui contribuent à développer la paix. Avec les chrétiens d’Orient, les Européens, qui eux aussi sont désormais « condamnés » au dialogue interreligieux dans des sociétés de plus en plus plurielles, il nous faut arriver à un réel sens de l’altérité, accepter nos différences, se réjouir de nombreux terrains de rencontre. Il ne s’agit pas de négocier ou de faire des concessions sur ce que nous croyons. Il ne s’agit pas de convertir l’autre, même si le dialogue interreligieux favorise souvent les conversions. II s’agit de se connaitre pour s’aimer et créer du bonheur autour de soi. Soyons nous-mêmes ! Non pour imposer nos convictions, mais pour les proposer. Pèlerins de la vérité au milieu des contradictions de l’histoire, en dépit de nos incohérences, soyons capables par notre générosité, notre douceur et notre persévérance de purifier notre mémoire et notre cœur pour faire en sorte que la sagesse humaine se rencontre avec la sagesse de Dieu.
Parce que nous distinguons le politique et le religieux, le temporel et le spirituel, nous chrétiens avons le devoir de susciter toutes initiatives qui prouvent à quel point les croyants sont une ressource pour la cité. Le pape Benoît XVI, l’a admirablement dit sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem: « Ceux qui honorent le Dieu unique croient qu’il tiendra les êtres humains responsables de leurs actions. Les chrétiens affirment que les dons divins de la raison et de la liberté sont à la base de cette responsabilité, la raison ouvre l’esprit à la compréhension de la nature et de la destinée communes de la famille humaine, tandis que la liberté pousse les cœurs à accepter l’autre et à Le servir dans la charité, l’amour indivisible pour le Dieu unique et la charite envers le prochain deviennent ainsi le pivot autour duquel tout tourne. C’est pourquoi nous travaillons inlassablement pour préserver les cœurs humains de la haine, de la colère ou de la vengeance » (12 mai 2009).
Oui, il est salutaire de nous souvenir que notre Dieu est « dialogue » (Trinité) et que dialoguer n’est pas « céder », mais affirmer d’abord nos convictions, pour comprendre ensuite nos accords et nos désaccords et considérer enfin ce qu’ensemble nous pouvons faire pour Le bien commun de nos sociétés plurielles.
Je conclus mon propos. Pardonnez-moi si, dans ce temple de la culture française, j’ose vous laisser un message que j’emprunte à un poète anglais, William Blake: «J’ai cherché mon âme et je ne l’ai pas trouvée ; j’ai cherché Dieu, et je ne l’ai pas trouvé ; j’ai cherché mon frère et je les ai trouvés tous les trois ».

OECUMÉNISME : NÉCESSITÉ D’UN DIALOGUE SUR « L’ESSENCE DE L’ÉGLISE »

30 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32418?l=french

OECUMÉNISME : NÉCESSITÉ D’UN DIALOGUE SUR « L’ESSENCE DE L’ÉGLISE »

Entretien avec le card. Koch

Propos recueillis par Jan Bentz

Traduction d’Anne Kurian

ROME, mardi 30 octobre 2012 (ZENIT.org) – Dans le cadre de l’œcuménisme, « il ne suffit pas de se reconnaître mutuellement comme des Eglises », mais il faut « un dialogue théologique sérieux sur ce qui constitue l’essence même de l’Église », souligne le cardinal Koch.
A l’occasion du synode, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, livre aux lecteurs de Zenit ses impressions sur l’évènement et fait le point sur les avancées œcuméniques actuelles.
Zenit – Quelles sont vos impressions du synode ?
Cardinal Koch – C’est mon quatrième synode. En tant qu’évêque de Bâle, j’ai participé à deux d’entre eux, à savoir l’assemblée spéciale pour l’Europe en 2004, puis celui pour la Parole de Dieu en 2008. Dans mon nouveau poste, j’ai participé au synode pour le Moyen-Orient et à présent à celui de la nouvelle évangélisation. Dans l’ensemble, le plan est toujours le même, mais ce synode des évêques est particulièrement intéressant car il y a des représentants des épiscopats du monde entier. Etre en mesure de glaner les expériences de tous les évêques est déjà quelque chose d’extraordinaire. Mais c’est également extraordinaire de pouvoir faire l’expérience de la façon dont l’Eglise est différente dans le monde, et en même temps à quel point les problèmes se ressemblent.
Le dialogue avec les protestants est très important en Allemagne. Quels sont les progrès récents en ce domaine ?
La déclaration commune sur la doctrine de la justification signée en août 1999 était sans aucun doute un grand pas en avant dans le dialogue œcuménique avec les luthériens. La tâche qui reste maintenant est d’examiner les conséquences ecclésiologiques de la présente déclaration commune. Ce qui est clair, en effet, est que les évangéliques ont une autre conception de l’Eglise que les chrétiens catholiques. Il ne suffit pas de se reconnaître mutuellement comme des Eglises. Ce qu’il faut plutôt, c’est un dialogue théologique sérieux sur ce qui constitue l’essence même de l’Église.
Une solution comme la constitution apostolique « Anglicanorum coetibus » pour les anglicans est-elle possible pour les chrétiens évangéliques?
Anglicanorum coetibus n’était pas une initiative de Rome, mais provenait de l’église anglicane. Le Saint-Père a ensuite cherché une solution et, à mon avis, a trouvé une solution très large, où les traditions ecclésiales et liturgiques des anglicans ont été largement prises en considération. Si les luthériens expriment des désirs similaires, alors nous aurons à réfléchir sur cela. Cependant, l’initiative appartient aux luthériens.
Qu’est-ce qui émerge dans le dialogue avec les orthodoxes pour l’avenir proche ?
À l’heure actuelle, l’Eglise orthodoxe est très occupée avec les préparatifs pour le synode panorthodoxe. Personnellement, je suis convaincu que quand il aura lieu, ce sera un grand pas en avant pour le dialogue œcuménique. Par conséquent, nous devons soutenir ces efforts orthodoxes et aussi être patients. Dans les commissions œcuméniques nous poursuivons le dialogue théologique sur la relation entre «synodalisme» et primauté.
Beaucoup pensent que la sécularisation a aussi été causée par l’Eglise, même involontairement. N’est-il pas nécessaire d’analyser les attitudes qui conduisent à la sécularisation, afin de les corriger?
En fait, certains historiens soulignent à juste titre que le schisme du 16e siècle et les sanglantes guerres de religion qui ont suivi, en particulier la guerre de Trente Ans, ont provoqué la sécularisation dans le sens de la privatisation de la religion. Étant donné que le christianisme était présent seulement sous la forme de différentes confessions qui se battaient entre elles au point de faire couler le sang, il ne pouvait plus servir de fondement ni être garant de l’unité et de la paix sociale. Pour cette raison, l’âge moderne actuel a cherché un nouveau fondement à l’unité, sans religion. Ce grave processus doit également être gardé en mémoire pour le 500e anniversaire de la Réforme. Dans l’histoire ultérieure de l’ère moderne, d’autres développements de la sécularisation ont surgi – tel l’abandon de la question de Dieu – qui ont eu d’autres motivations et qui sont également abordés dans le plan de la nouvelle évangélisation.

UN « COEUR À COEUR » SOUS LE SIGNE DE LA MISÉRICORDE DIVINE (L’évangélisation selon le card. Dziwisz)

15 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32207?l=french

UN « COEUR À COEUR » SOUS LE SIGNE DE LA MISÉRICORDE DIVINE

L’évangélisation selon le card. Dziwisz

Anita Bourdin
ROME, lundi 15 octobre 2012 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Dziwisz, l’évangélisation par du dialogue de l’homme avec le cœur miséricordieux de Dieu, c’est un coeur à cœur.
Le cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie, est en effet intervenu au synode, le mercredi 10 octobre, dans l’après-midi, lors de la 5econgrégation générale.
L’archevêque polonais a offert comem une variation sur le thème de la devise du bienheureux cardinal John Henry Newman, si chère à Benoît XVI, et qui indique à elle seule la méthode l’évangélisation du IIIe millénaire, en cœur à cœur : cœur à cœur avec Dieu, cœur à cœur avec l’autre : « Cor ad cor loquitur. Le coeur de Dieu miséricordieux parle au coeur de l’homme ».
L’ancien secrétaire de Jean-Paul II a repris cette expression du  Document de travail présentant la situation de l’homme contemporain comme celle d’un “prisonnier d’un monde qui a pratiquement supprimé la question de Dieu de son horizon”.
Le même document estime que « la nouvelle évangélisation devrait oser rétablir cette question sur Dieu et aider l’homme à sortir du “désert intérieur” » (cf. § 86).?
Pour le cardinal polonais, « la question est de savoir comment faire sortir l’homme de ce désert ».
Il répond : « Une chose est certaine. La science ne suffit pas. Les documents ne suffisent pas. Nos structures ecclésiastiques ne suffisent pas. En tant que telles, elles n’atteignent pas encore le coeur de l’homme ».?
La miséricorde divine
Il propose une autre voie, celle de la miséricorde, héritage spirituel de Jean-Paul II, et le sanctuaire de Lagiewniki se trouve sur le diocèse de Cracovie, aux portes de la ville : « Un signe caractéristique de notre époque est que l’Église parle aujourd’hui d’une manière plus efficace lorsqu’elle s’exprime à travers le message de la Divine Miséricorde ».
Au terme du deuxième congrès mondial de la Miséricorde divine, en octobre 2011, à Lagiewniki, les évêques présents avaient en effet adressé à Benoît XVI une lettre demandant que la Miséricorde soit indiqué par le synode comme une voie privilégié de l’annonce de l’Evangile aujourd’hui : le cardinal Dziwisz reprend cette requête en quelque sorte.
Il constate : « Il semble que ce discours touche davantage le coeur de l’homme renfermé sur lui-même, empêtré dans le péché et dans une apparente autosuffisance, mais en revanche à la recherche du sens de la vie et de motifs d’espérance ».?
« L’Église de Cracovie, rappelle-t-il, est le lieu et le centre privilégié où, au siècle passé – marqué par la domination de systèmes totalitaires athées et en tant que tels inhumains – se fit entendre l’invocation de la miséricorde. Dieu s’est servi d’une humble religieuse, Sainte Faustine Kowalska, tout comme d’un sage et saint pasteur, le Cardinal Karol Wojtila – Jean Paul II, afin que la vérité éternelle sur Dieu “riche en miséricorde” (Ep 2, 4) résonne de manière plus importante dans le monde agité d’aujourd’hui. “L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde”, qui est Jésus (Soeur Faustine, Journal, n°699) ».
Une méthode de formation
« Il semble que l’homme d’aujourd’hui soit parvenu à sauver en lui-même la sensibilité envers une miséricorde désintéressée. C’est justement elle – la miséricorde de Dieu qui se penche sur son sort – qui est en mesure de se faire sentir et de toucher les cordes les plus profondes du coeur humain », ajoute l’archevêque.?
Il souligne l’efficacité de cette voie aussi pour la formation des nouveaux évangélisateurs : « La dévotion à la Divine Miséricorde est devenue une méthode de formation de chrétiens zélés et responsables.?J’en parle et en rend témoignage pour indiquer l’une des voies attestées à notre époque à travers laquelle nous pouvons entreprendre la nouvelle évangélisation ».

FÊTE DE SAINT AUGUSTIN : « UN HOMME PLEINEMENT ACCOMPLI » (Card. Angelo Scola)

28 août, 2012

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FÊTE DE SAINT AUGUSTIN : « UN HOMME PLEINEMENT ACCOMPLI »

Entretien avec le card. Angelo Scola

Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, lundi 27 août 2012 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Angelo Scola, saint Augustin est « un génie de l’humanité et un grand saint, c’est-à-dire un homme pleinement accompli ». Il fut aussi, comme saint Ambroise, un courageux avocat « de la dimension publique de la foi et d’un sain concept de laïcité ».
Le cardinal Scola, archevêque de Milan, célèbrera l’eucharistie dans la basilique Saint-Pierre-au-Ciel-d’Or (San Pietro in Ciel d’Oro) à Pavie, en Italie, sur la tombe de saint Augustin, le 28 août 2012, en la mémoire liturgique du saint (cf. Zenit du 24 août 2012).
A cette occasion, le cardinal Angelo Scola livre une réflexion sur la figure du grand docteur de l’Eglise, dans un entretien avec l’Ordre de saint Augustin.
Eminence, qui est saint Augustin pour vous ?
Card. Angelo Scola – Un génie de l’humanité et un grand saint, c’est-à-dire un homme pleinement accompli. J’ai été impressionné, à ce sujet, par une affirmation de Jacques Maritain que je cite régulièrement aux jeunes, qui sont si souvent obsédés par le problème du succès et de la réalisation de soi : « Il n’existe de personnalité vraiment parfaite que chez les saints. Mais comment cela ? Les saints se sont-ils préoccupés de développer leur personnalité ? Non. Ils l’ont trouvée sans la chercher, parce qu’ils ne la cherchaient pas, mais Dieu seulement » (J. Maritain).
L’archevêque de Milan se rend sur la tombe de saint Augustin pour y célébrer l’Eucharistie : cette démarche renouvelle le lien particulier entre Ambroise et Augustin. Que peuvent-ils nous dire encore aujourd’hui ?
Ambroise et Augustin ont traversé des décennies troublées entre « l’antique », représenté par l’empire romain désormais exténué et en marche vers un déclin inexorable, et le « nouveau » qui s’annonçait à l’horizon, mais dont on ne voyait pas encore nettement les contours. Ils furent immergés dans une société à bien des égards semblable à la nôtre, secouée par des changements continuels et radicaux, sous la pression de peuples étrangers et serrée dans l’étau de la dépression économique due aux guerres et aux famines.
Dans de telles conditions, malgré la diversité profonde de leur histoire et de leur tempérament, Ambroise et Augustin furent des annonciateurs indomptables de l’avènement du Christ pour tout homme, dans l’humble certitude que la proposition chrétienne, lorsqu’elle est librement assumée, est une ressource précieuse pour la construction du bien commun.
Ils furent de vaillants défenseurs de la vérité, sans se préoccuper des risques et des difficultés que cela comporte, en ayant conscience que la foi ne mortifie pas la raison, mais l’achève ; et que la morale chrétienne perfectionne la morale naturelle, sans la contredire, en en favorisant la pratique. Si nous empruntons des expressions du débat contemporain, nous pourrions les définir comme deux paladins de la dimension publique de la foi et d’un sain concept de laïcité.
Quel enseignement peut-on tirer de l’expérience humaine et spirituelle de saint Augustin pour l’Année de la foi ?
Dans une de ses audiences générales consacrées à saint Augustin, Benoît XVI le cite : « Mais si le monde vieillit, le Christ est éternellement jeune. D’où l’invitation: « Ne refuse pas de rajeunir uni au Christ, qui te dit: Ne crains rien, ta jeunesse se renouvellera comme celle de l’aigle » (Serm. 81, 8) » (Benoît XVI, audience générale du 16 janvier 2008). Augustin est un témoin formidable du Christ qui est contemporain à tout homme, et d’un profond accord entre la foi et la vie.
En quoi la pensée et l’aventure humaine de saint Augustin sont-elles d’une actualité toujours nouvelle ?
C’est l’inquietum cor dont il nous parle au début des Confessions. Sa recherche inlassable, qui a fasciné les hommes de tous les temps, est particulièrement précieuse aujourd’hui pour nous qui sommes immergés – et souvent submergés – dans les tourments de ce début de troisième millénaire. Une recherche qui ne s’arrête pas à la dimension horizontale, même si celle-ci est infinie ; mais qui pénètre dans la dimension verticale. C’est le même Augustin qui en décrit la portée quand il affirme, dans un passage des Soliloques : « Je viens de prier Dieu. — Que veux-tu donc savoir? — Tout ce que j’ai demandé. — Résume-le en peu de mots. — Je désire connaître Dieu et l’âme. — Ne désires-tu rien de plus ? — Rien absolument. » (Augustin, Soliloques I, 2, 7).

LE PARDON DE JÉSUS PEUT ÊTRE « MON » PARDON – homélie du card. Turkson

18 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-31153?l=french

LE PARDON DE JÉSUS PEUT ÊTRE « MON » PARDON

Congrès eucharistique de Dublin: homélie du card. Turkson

ROME, vendredi 15 juin 2012 (ZENIT.org) – « La vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ pourraient-elles être aussi mon histoire ? Le pardon de Jésus-Christ pourrait-il être aussi mon pardon ? » : telles sont les questions que le cardinal Turkson a invité à se poser au cours de la liturgie de la réconciliation qui a eu lieu ce jeudi 14 juin, au Congrès eucharistique international de Dublin.
Le cardinal ghanéen, qui est président du Conseil pontifical Justice et paix, a conclu en invitant les participants à accueillir « une paix que nous ne méritons pas et que nous n’avons pas gagnée, mais qui est répandue sur nous comme un cadeau ».

Homélie du card. Turkson :

Chers frères et sœurs,
En tant que pèlerins, nous partageons tous l’appel du Christ à la conversion, à la réconciliation, à la communion, à la sainteté et à la « sequela ». Ce matin, nous avons contemplé, chanté et prié ensemble. Les lectures résonnent encore dans nos oreilles : « Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille », dit Jésus : « Dieu, crée pour moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme », s’écrie le psalmiste : «Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu », dit Jésus, et «mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle ». Et il dit aussi : « Va, désormais ne pèche plus ».
Je vous invite à garder les oreilles et le cœur ouverts pendant que vous allez écouter une histoire, quelque chose qui s’est passé à notre époque, et à vous demander : cela pourrait-il être mon histoire à moi aussi ?
Je m’appelle sœur Geneviève et j’appartiens à la communauté de Sainte-Marie de Namur au Rwanda. Je suis une survivante du génocide des Tutsis en 1994.
Beaucoup de membres de ma famille ont été tués dans notre église paroissiale. A la vue de ce bâtiment, j’avais l’estomac noué et j’étais horrifiée, tout comme j’étais remplie de dégoût et de rage lorsque je rencontrais l’un des auteurs du crime.
J’étais dans cet état d’esprit quand quelque chose s’est passé, en 1997, qui allait changer toute ma vie et mes relations.
Un groupe catholique appelé « Les Dames de la Miséricorde Divine » m’a emmenée dans deux prisons de la région de Kibuye, ma ville natale. Elles préparaient les détenus pour le Grand Jubilé de l’an 2000. Leur message aux prisonniers et aux survivants était le suivant :
« Si vous avez tué, engagez-vous à demander pardon à la victime ; de cette manière, vous pouvez aider la victime à se libérer du fardeau de la vengeance, de la haine et de la rancœur ».
« Si vous êtes une victime, engagez-vous à offrir votre pardon à ceux qui ont fait du mal à votre famille ; de cette manière, vous pouvez libérer l’auteur du crime du poids de son crime et du mal qui est en lui ».
Ce message a eu un effet immédiat sur l’un des prisonniers … et ensuite sur moi.
Un prisonnier s’est levé, en larmes, il est venu vers moi, il est tombé à genoux devant moi et a supplié en criant : « Pitié ! Pitié ! ». J’étais horrifiée, pétrifiée, en reconnaissant un ami de la famille qui avait grandi avec nous et tout partagé avec nous.
Il a reconnu avoir tué mon père. Il m’a donné des détails sur les décès de membres de ma famille.
Un sentiment de pitié et de compassion m’a envahie. Je l’ai relevé, l’ai embrassé en pleurant et lui ai dit : « Tu es mon frère et tu le seras toujours ».
Puis j’ai senti comme un poids énorme qui se détachait de moi et, à la place, coulait en moi une paix intérieure. J’ai remercié l’homme que j’embrassais. A ma grande surprise, il s’est écrié : « La justice peut faire son travail et me condamner à mort, maintenant je suis libre ! »
Serait-ce mon histoire, votre histoire aussi ?
Si saint Paul avait entendu le témoignage de sœur Geneviève, il nous exhorterait de tout son cœur : « Au demeurant, frères, soyez joyeux ; affermissez-vous ; exhortez-vous. Ayez même sentiment ; vivez en paix, et le Dieu de la charité et de la paix sera avec vous » . Je voudrais maintenant explorer avec vous ce que signifient pour nous aujourd’hui ces cinq exhortations.
1. La première chose que je suggère, avec la même tendresse pastorale que Paul, c’est que nous nous soyons joyeux ! Réveillons cette joie à l’intérieur de nous-mêmes ! Une telle joie ne supprime rien à la sobre solennité de cette célébration. Au contraire ! Paul a su être joyeux, même dans les situations les plus difficiles, en raison de sa ferme croyance en la présence du Seigneur. Jérémie révèle que Dieu lui-même nous invite à la célébration : « Vous me chercherez et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre cœur ; je me laisserai trouver par vous ». Il est proche, en effet, comme nous l’entendons dans l’Apocalypse : «Voici, je me tiens à la porte et je frappe » . Au début de cette liturgie, nous avons chanté : « Appelés dans le calme ». Ecoutez Dieu qui frappe à votre porte ; laissez-le entrer; et réjouissez-vous en sa présence !
Saint-Paul est allé exhorter les Philippiens : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous ». Et nous nous réjouissons précisément parce que « le Seigneur est proche » et son nom, ajoute saint Matthieu, est « Emmanuel, ce qui se traduit : ‘Dieu avec nous’ » . Alors, c’est une invitation à vous réjouir en présence du Seigneur qui vient avec le pardon, qui vient avec la guérison, et qui vient avec la réconciliation.
Le Seigneur qui vient pour sauver son peuple de ses péchés est proche de chacun d’entre nous . C’est la présence du Seigneur, qui se lève sur nous comme le soleil de justice et qui vient à nous avec la guérison dans ses rayons dans le sacrement de pénitence. Nous sommes sur le point de rencontrer le même Seigneur qui est heureux d’aller chez Zachée, le percepteur, le même Seigneur qui dit à la femme pécheresse : «Je ne te condamne pas ». C’est le Seigneur qui remplit nos cœurs de joie, de la façon dont il a rempli de joie le cœur de sœur Geneviève, et de la façon dont il a rempli de joie le meurtrier de ses parents les plus proches, une joie qui est à la fois la promesse et le fruit de la libération et de la paix intérieure.
2. Après nous avoir exhortés à nous réjouir, l’apôtre Paul nous donne un autre commandement, plus difficile : Affermissez-vous ! Ceci fait écho aux paroles qu’emploie Jésus pour résumer le Sermon sur la Montagne, l’essence de son message : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». Ce qui me pousse à vous encourager à vous souvenir de votre vocation fondamentale, qui est de refléter la perfection et la sainteté de Dieu parce que, dit la Genèse, nous avons été créés à son image et à sa ressemblance, et comme le dit Paul, nous avons été rachetés par Jésus, le fils de Dieu et l’image parfaite du Père, en qui nous avons reçu notre adoption comme enfants.
L’exhortation Affermissez-vous vous invite à être fidèles à votre vocation en tant que créés à l’image et à la ressemblance de Dieu afin qu’une fois vos péchés pardonnés, vous puissiez à nouveau refléter sa perfection. Non pas de manière statique ou passive, mais ressourcés par la dynamique de la réparation et de la rédemption, de même que le filet déchiré, une fois raccommodé, peut de nouveau attraper des poissons, de même qu’un violon endommagé, une fois réparé, peut à nouveau jouer une mélodie entraînante. Pour saint Paul, une chose peut être parfaite après qu’elle a été complètement remise à neuf. Ainsi cette seconde exhortation vous invite-t-elle à être réparés et guéris.
Mais vous ne pouvez pas réparer ou restaurer sans regarder d’abord ce qui est cassé ou endommagé. Affermissez-vous est un appel à examiner ma propre vie et à revoir notre vie en Église : qu’est-ce qui est cassé ou endommagé au point de me faire – ou de nous faire – jouer faux ou perdre des poissons ? Quels sont mes défauts, mes erreurs, mes péchés et mes faiblesses? Quelles sont les attitudes, les habitudes ou les tendances qui blessent notre Eglise, compromettent notre crédibilité, diminuent notre efficacité et nous rabaissent ? Nous devons remettre tout cela au Christ pour recevoir le pardon et la guérison. Ensuite, nous pourrons être restaurés en tant que serviteurs rachetés et donc dignes de confiance, de la maison de Dieu, comme nous le lisons dans la Lettre aux Hébreux, et même plus en tant qu’ enfants adoptés, parce que frères et sœurs de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
Affermissez-vous et repentez-vous : c’est un appel à une introspection et un examen de conscience intenses, afin que nous puissions déposer tout ce qui ne va pas chez nous entre les mains de Dieu qui guérissent et qui réparent, dans le sacrement de Pénitence, une pénitence qui peut nous réconcilier les uns avec les autres et nous ramener dans une communion fraternelle les uns avec les autres.
3. Ensuite, avec saint Paul, nous vous invitons à vous exhorter mutuellement. De même que le jardinier émonde le sarment pour qu’il porte plus de fruits, Jésus enseigne à ses disciples la nécessité et la manière d’exercer la correction fraternelle : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul ».
Sans miroir, il est difficile de deviner ce défaut qui peut être sur son propre visage. « L’œil, disait Shakespeare, ne se voit pas lui-même ; il lui faut son reflet dans quelque autre chose ». Pour aider un frère ou une sœur à voir sa faute, il y a la critique constructive. Où exactement le filet de pêche est-il déchiré ? Quelle corde du violon a-t-elle besoin d’être accordée ? On ne peut pas réparer ou ajuster si le défaut reste caché, dit Paul aux Corinthiens et aux Romains. Vous ne condamnez donc pas votre frère ou votre sœur, mais vous l’aidez à renoncer aux choses honteuses qui sont restées cachées en l’encourageant, en le construisant. Exhortez-vous ! C’est un acte de solidarité communautaire ; c’est un acte de charité fraternelle s’il est motivé par la compassion, l’humilité et l’amour.
Nos frères et sœurs qui se regardent dans une glace afin d’y discerner quelques défauts ou péchés éventuels auront besoin de force et de consolation. Tout le monde a besoin de quelqu’un pour tenir la glace. Quelqu’un de solide qui ne les laissera pas tomber. Quelqu’un pour les aider à traverser leur épreuve – comme le dur combat du meurtrier pour demander pardon, et, comme le dur combat de sœur Geneviève pour pardonner. Cette troisième exhortation nous invite à nous consoler et nous fortifier mutuellement avec la fermeté mais aussi la douceur du Saint-Esprit, le Consolateur.
4. Jusqu’à présent, saint Paul nous a demandé d’examiner, de corriger, et de réparer. « D’accord , pensez-vous, à chacun sa manière. » Mais non ! Paul revient avec sa quatrième exhortation, d’adopter la même attitude ou le même état d’esprit que notre Seigneur lui-même. « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus », écrit Paul aux chrétiens de Philippes.
Les mêmes sentiments et la même attitude devraient clairement nous identifier, vous et moi, comme appartenant à la famille de Dieu. Mais pas parce que je porte un T-shirt qui dit « chrétien » ou « catholique » sur ma poitrine. Non, tout le monde devrait être capable de reconnaître un disciple de Jésus, parce qu’il ou elle comprend les choses de la même manière que Jésus. Avoir son « état d’esprit », c’est voir les choses comme il les voit, sentir les événements comme il les sent et, le plus difficile peut-être, pardonner comme il pardonne.
Au début, avant et après le récit de sœur Geneviève, je vous ai invités à vous poser cette question : cette histoire pourrait-elle être aussi la mienne ? Mais maintenant, je vous invite à aller plus loin. La vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ pourraient-elles être aussi mon histoire ? Le pardon de Jésus-Christ pourrait-il être aussi mon pardon ?
Pensez à la Passion lorsque la plupart des disciples ont trahi l’amitié de Jésus. Ils ont trompé sa confiance et rompu leurs promesses. Après sa résurrection, ont-ils dit : « Pardon » ? Non. Notre Seigneur ressuscité les a-t-il confrontés à leur trahison ? Non, il ne leur a pas reproché de l’avoir abandonné. Et à Pierre qui le renia trois fois, Jésus a simplement demandé à trois reprises : « M’aimes-tu ? ».
C’était très dur pour sœur Geneviève de pardonner au meurtrier de sa famille, mais celui-ci a reconnu la vérité et il a imploré sa pitié. Les autorités juives et romaines qui ont crucifié Jésus ne pensaient pas que leurs actions étaient mauvaises. Elles n’ont jamais dit : « Pardon ». Pourtant, sur la croix, dans les plus grandes souffrances, Jésus a prié ainsi : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Mourant et incapable de pardonner à ceux qui l’avaient trahi, jugé et crucifié, Jésus a demandé à son Père de leur pardonner à sa place. Lorsque nous trouvons pratiquement impossible de pardonner, alors, avec les sentiments et l’attitude de Jésus, prions et demandons à notre Père de pardonner à ceux qui nous ont offensés.
5. Soyez en paix ! C’est l’exhortation finale : Vivez en paix ! Permettez-moi de répéter les cinq exhortations. Tout d’abord : « Soyez joyeux » ; puis : « Affermissez-vous » ; troisièmement : « Exhortez-vous ». Nous venons de parler de la quatrième : « Ayez même sentiment » ; et enfin, « Vivez en paix ».
Comme saint Paul, je vous exhorte à vivre en paix, à recevoir et partager la paix du Seigneur, car comme le dit Paul, « le Christ est notre paix ». Si nous avons les sentiments du Christ, nous ferons certainement l’expérience de sa paix. En effet, comme le dit la lettre aux Romains, « Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ ». C’est grâce à notre Seigneur Jésus-Christ que nous avons obtenu l’accès à cette grâce dans laquelle nous nous trouvons maintenant : la grâce de demander pardon et de pardonner aux autres : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Accueillez profondément ces mots si étonnants du prêtre : « Je te pardonne tous tes péchés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Cette absolution nous rétablit dans la communion avec Dieu et avec les autres. C’est la grâce du retour dans la maison de Dieu.
C’est surtout de cette manière extraordinaire que nous faisons l’expérience de la paix : alors que nous sommes encore pécheurs, toujours coincés dans notre péché, notre Père fait bien plus de la moitié du chemin pour venir à notre rencontre par la réconciliation que le Christ nous a obtenu en mourant. Le Christ ressuscité dit : « Paix ! », avant même que nous commencions à dire : « Pardon ! ». C’est, par conséquent, une paix que nous ne méritons pas et que nous n’avons pas gagnée, mais qui est répandue en nous comme un cadeau. Ce don de la paix nous transforme de l’intérieur et transforme nos relations. Ce don de la paix fera de nous des porteurs de paix dans nos communautés, dans nos pays et dans le monde.

Conclusion
Après ses cinq exhortations, saint Paul promet que le Dieu de la charité et de la paix sera avec vous ! Nous avons commencé avec l’histoire de pardon et de la libération de sœur Geneviève, que nous avons cherché à comprendre avec l’exhortation en cinq parties de saint Paul : soyez joyeux, affermissez-vous, exhortez-vous, ayez même sentiment, vivez en paix. Après avoir entendu l’histoire de sœur Geneviève, si nous osons encore affirmer que la présence de Dieu est la source de notre joie, nous pouvons alors en toute confiance invoquer son amour éternel et sa paix qui nous réconcilie.
Puisse l’amour indéfectible et la paix de Dieu qui réconcilie être sur tous ceux qui ont péché et sur tous ceux qui ont été victimes du péché des autres, sur ceux qui ont pardonné et sur ceux qui ont encore du mal à le faire. Puissent l’amour indéfectible et la paix de Dieu qui réconcilie descendre sur vous tous ici dans ce grand stade, et sur son peuple tout entier à travers le monde.

Que le Dieu de l’amour et la paix soient avec vous pour toujours, AMEN !

Cardinal Peter K.A. Turkson

Traduction d’Hélène Ginabat

ENTRETIEN AVEC LE CARD. TARCISIO BERTONE À LA TÉLÉVISION ITALIENNE

7 juin, 2012

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ENTRETIEN AVEC LE CARD. TARCISIO BERTONE À LA TÉLÉVISION ITALIENNE

Cohésion et sérénité autour de Benoît XVI

Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, jeudi 7 juin 2012 (ZENIT.org) – Ce temps est celui de la cohésion, pour « tous ceux qui veulent vraiment servir l’Eglise » déclare le cardinal Tarcisio Bertone, à propos de l’affaire des fuites de documents, dans un entretien accordé à la première chaîne de télévision publique italienne, Rai Uno, lundi 4 juin 2012 (cf. ZENIT du 5 juin 2012).
Revenant également sur la VIIème Rencontre mondiale des familles à Milan, le Secrétaire d’Etat évoque un temps où s’expriment de « grandes manifestations d’amour » et de fidélité envers le pape.
RAI 1 – Vous venez juste de rentrer de Milan où vous avez accompagné le Saint-Père pour la Rencontre mondiale des familles. Nous avons tous vu, à la télévision, une foule immense, et surtout une formidable affection pour le Saint-Père, qui a dit des paroles qui ont touché tout le monde, même les non-catholiques…
Card. Tarcisio Bertone – C’est vrai. Nous avons tous fait l’expérience de cette extraordinaire manifestation d’amour pour le pape, d’une proximité, d’un soutien de sa personne et de son magistère, de son œuvre aussi ; nous avons fait l’expérience de la joie et de l’enthousiasme qui l’entouraient. J’ai vu énormément de personnes émues, même dans les rues de Milan. Je pense aux rues de Milan le vendredi et le samedi, et donc le week-end, et pas uniquement dans les grands rassemblements du stade ou du parc de Bresso. C’était vraiment partout. Cela a donc été une belle manifestation d’amour pour le pape en ce moment particulier, et un geste d’estime à l’égard de Benoît XVI, qui a été surnommé « le grand entraîneur » de la grande équipe de l’Eglise universelle pour les championnats du troisième millénaire. Il a reçu une « standing ovation » qu’aucun joueur, aucun entraîneur ni aucun acteur de la vie sociale ou artistique n’a jamais eue. Le pape était très content et aussi très ému.
Naturellement on a parlé de la famille, puisque c’était la Rencontre mondiale des familles, et le pape a donné quelques repères. Il a aussi surpris certains lorsqu’il a parlé de la famille en faisant d’elle quasiment un élément utile et indispensable pour surmonter la crise économique qui frappe notre pays comme le reste du monde…
Oui. La famille vue comme une ressource, avant tout une ressource morale. Une famille unie, une famille qui éduque, une famille intègre qui enseigne les vertus fondamentales aux enfants, et cela dès le plus jeune âge, qui enseigne le travail et le respect de l’autre, la solidarité. Et puis une famille qui est une grande ressource pour la société, comme cela a déjà été démontré par les sociologues modernes. Je dirais que le pape a donné des instruments concrets : des instruments de solidarité, de jumelage entre familles, pour soutenir en particulier celles qui sont en difficulté ; des jumelages entre paroisses, entre communautés et entre villes. Il me semble qu’il a indiqué des voies à emprunter concrètement pour soulager les situations de précarité et pour regarder vers l’avenir.
Il était inévitable que les médias regardent ces trois journées à Milan avec une attention particulière, en raison de la coïncidence avec cette enquête interne au Vatican dont nous avons tous parlé et qui a été une grande épreuve de transparence pour le Vatican…
C’est vrai aussi. Je me souviens justement du samedi soir, lorsque nous sommes rentrés du parc de Bresso, du grand rassemblement en soirée, en direction de la cathédrale de Milan. J’étais avec le cardinal Scola, nous étions côte à côte dans la voiture. Nous avons vu les vitraux de la cathédrale de Milan illuminés et nous avons immédiatement fait la remarque suivante : « C’est cela l’Eglise, une maison lumineuse, malgré tous les défauts des personnes qui sont à l’intérieur ». Mais la transparence est un acte qui engage, un acte de solidarité les uns envers les autres, de confiance. Ce n’est pas un acte de cynisme ou un acte superficiel : il ne suffit pas d’accéder à la connaissance de quelques documents et de publier des documents partiels pour connaître la pleine vérité sur les faits. Il arrive souvent que les clarifications sont le fruit d’un travail de dialogue, de relations personnelles et aussi de conversion du cœur, et non pas simplement une conclusion basée sur des papiers ou sur de la bureaucratie. Les papiers sont importants, mais les relations personnelles le sont bien davantage. Le plus triste, dans ces événements et dans ces faits, c’est la violation de la vie privée du Saint-Père et de ses plus proches collaborateurs. Mais je voudrais dire que ces temps ne sont pas des jours de division mais d’unité, et j’aimerais ajouter que ce sont surtout des jours de force dans la foi, de ferme sérénité également dans les décisions. C’est le moment de la cohésion de tous ceux qui veulent vraiment servir l’Eglise.
Une dernière question, que tout le monde aimerait vous poser. Comment le Saint-Père a-t-il vécu ces événements ? Peut-on penser, comme cela a été écrit, qu’il y a des affirmations gratuites orchestrées pour attaquer l’Eglise et le pape ?
Les attaques orchestrées ont toujours existé, à toutes les époques : en ce qui concerne mon expérience de l’Eglise, je me souviens par exemple de l’époque de Paul VI, qui ne remonte pas très loin. Mais cette fois-ci, les attaques semblent être plus ciblées, parfois même cruelles, visant à diviser, et organisées. Je voudrais souligner le fait que Benoît XVI, comme tout le monde le sait, est un homme doux, de grande foi et de grande prière. Il ne se laisse pas du tout intimider par les attaques, quelles qu’elles soient, ni même par la dureté des préjugés. Ceux qui lui sont proches et qui travaillent à ses côtés sont soutenus par cette grande force morale du pape.
Benoît XVI, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, est un homme qui écoute tout le monde, un homme qui va de l’avant, fidèle à la mission qu’il a reçue du Christ et il est sensible à la grande affection que les gens lui expriment. En ces jours, en particulier, il a senti l’affection inconditionnelle des personnes qui l’entourent, des jeunes et des familles avec leurs enfants, qui applaudissaient le pape de tout leur cœur. Il me semble que ce voyage à Milan a renouvelé ses forces.
Je voudrais aussi souligner une parole qu’il a répétée très souvent, et qu’il a redite au moment de quitter Milan, dans la cour de l’archevêché : c’est le mot « courage ». Il l’a dit aux autres, il l’a dit aux jeunes, à ceux d’entre eux qui désirent former une famille, il l’a dit aux familles en difficulté et aussi aux autorités ; et enfin il le dit à toute l’Eglise. Il dit cette parole parce qu’il en est convaincu intérieurement, c’est sa force, qui lui vient de sa foi et de l’aide de Dieu, et c’est pourquoi il dit à chacun « Courage ! ». Et il l’a dit aussi aux victimes du tremblement de terre. Je le répète : j’aimerais que nous intériorisions cette parole aux côtés du pape, sous sa conduite.

XII JOURNÉE MONDIALE DU MALADE – HOMÉLIE DU CARDINAL JAVIER LOZANO BARRAGÁN

9 décembre, 2011

du site:

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/hlthwork/documents/rc_pc_hlthwork_doc_20040211_barragan-lourdes_fr.html
 
XII JOURNÉE MONDIALE DU MALADE

HOMÉLIE DU CARDINAL JAVIER LOZANO BARRAGÁN

Basilique Saint-Pie X, Lourdes

Mercredi, 11 février 2004

Les utopies représentent un danger:  bien qu’elles soient les signes de désirs ardents du coeur, elles restent dans le domaine de l’imagination et nous tiennent à l’écart de la réalité. Mais elles remplissent quand même un rôle de stimulateur pour progresser car, à leur manière, elles reflètent l’axe téléologique de chaque culture. Lorsque l’utopie la plus merveilleuse devient une surprenante réalité, cette « utopie » (« ou topoV ») devient « topie », (« topoV »), vie, réalité nue; elle constitue effectivement l’axe culturel authentique, seule à être digne de ce nom, vraie théologie culturelle universelle.
Cela se réalise avec la mort et la résurrection du Christ:  la culture est la vie, l’anticulture est la mort; l’unique finalité de la culture est la vie; lorsque la vie se heurte à la peur quotidienne de la mort, la véritable culture consistera à trouver l’antidote de la mort. L’homme de tous les temps et de tous les lieux a toujours cherché ce remède, mais, de nos jours, fatigué d’une recherche qui lui a semblé inutile, il se réfugie dans un scepticisme paralysant uni à l’épicurisme concomitant d’une globalisation économique prédominante, celui du « buvons et mangeons, car demain nous mourrons ». Enivré par le progrès technologique, il réagit fortement contre tout ce qui l’inviterait à lever son visage, à dépasser le quotidien et à regarder l’horizon authentique de la vie dans l’approfondissement historique du Dieu fait homme qui, à son profit, triomphe de la mort par sa résurrection. Si l’on accepte cet horizon, alors la culture trouve son vrai sens dans le mystère fécond de nouveautés insatiables, qui place la vertu d’espérance au centre moteur d’une histoire qui avance, selon un plan progressif, vers une nouveauté inattendue.
C’est bien dans ce contexte que nous avons songé à célébrer la douzième Journée mondiale du Malade à Lourdes, en partant du Dogme de l’Immaculée Conception dans son rapport avec la santé, inscrite dans les racines chrétiennes de l’Europe. C’est ainsi que nous envisageons de renouveler la Pastorale de la Santé dans le monde, et en particulier en Europe, grâce à la célébration du cent cinquantième anniversaire de la proclamation de ce dogme.
Dans son message pour cette Journée mondiale du Malade, que nous venons d’entendre, le Pape Jean-Paul II nous dit justement que « l’Immaculée Conception annonce la relation harmonieuse entre le « oui » de Dieu et le « oui » que Marie prononcera… Son « oui », au nom de l’humanité, ouvre à nouveau au monde les portes du Paradis, grâce à l’incarnation du Verbe de Dieu dans son sein, oeuvre de l’Esprit Saint (cf. Lc 1, 35). Le projet originel de la création est ainsi restauré et affermi dans le Christ et, dans ce projet, la Vierge Marie trouve, elle aussi, sa place. Là se trouve la clé de voûte de l’histoire; avec l’Immaculée Conception de Marie a commencé la grande oeuvre de la rédemption, qui s’est achevée dans le sang précieux du Christ. En lui, toute personne est appelée à se réaliser en plénitude jusqu’à la perfection de la sainteté (cf. Col 1, 28). L’Immaculée Conception est donc l’aube prometteuse du jour radieux du Christ qui, par sa mort et sa résurrection, rétablira l’harmonie complète entre Dieu et l’humanité. Si Jésus est la source de la vie qui triomphe de la mort, Marie est la mère attentive qui va au-devant des attentes de ses enfants, leur obtenant la santé de l’âme et du corps. Tel est le message que le sanctuaire de Lourdes propose constamment à ceux qui viennent prier et aux pèlerins. Tel est également le sens des guérisons corporelles et spirituelles que l’on constate à la grotte de Massabielle ». (Message du Saint-Père Jean-Paul II au Président du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale du Malade, nn. 2-3).
La culture chrétienne de l’Europe comporte, parmi ses éléments les plus importants, le désir de comprendre la nature de sa constitution intime et de la transformer pour sa propre utilité; l’aspiration à une vie en commun universelle, basée sur une organisation sociale objective exprimée par des lois appropriées; la reconnaissance et le respect de la création comme un don que Dieu a fait aux hommes; et comme élément clé et théologie unique valable dans toute l’histoire de l’humanité, l’Incarnation du Fils de Dieu et sa mort et résurrection salvifique auxquelles nous nous incorporons pour vaincre le mal et obtenir le salut.
Les deux derniers éléments radicaux se sont profondément inculturés dans les deux premiers, faisant de l’ensemble des quatre la racine profonde de la culture européenne. Mais, en même temps, nous constatons que ceux-ci sont contestés dans la modernité et particulièrement dans la post-modernité. On refuse en particulier le fait central, c’est-à-dire le Christ comme unique salut et comme téléologie décisive de l’histoire et de la culture.
Dans la négation de la transcendance chrétienne, on n’est pas étonné que la santé soit définie comme « un état de bien-être parfait, physique, mental et social, et non seulement comme l’absence de maladie »:  on tombe ainsi dans une pure utopie, étant donné que ce type de santé n’est qu’une illusion.
Dans son message jubilaire pour la Journée mondiale du Malade de l’An 2000, Jean-Paul II eut plutôt recours à une description différente de la santé:  il est d’accord sur le fait qu’elle ne consiste pas seulement en l’absence de maladie, mais il ne la définit pas comme un état de bien-être parfait, mais comme une tension vers une harmonie non seulement physique, morale, mentale et sociale, mais aussi psychique et spirituelle (Message jubilaire pour la Journée mondiale du Malade, novembre 2000, n. 20)
Quand, dans son message d’aujourd’hui, le Pape nous parle de la relation entre le « oui » de Dieu dans le projet originel qu’il formait pour l’homme et le « oui » que Marie prononça, au nom de toute l’humanité, pour devenir la Mère de Dieu, c’est alors que se réalise la plénitude de l’harmonie, troublée dans l’antiquité par le péché du premier homme, et que naît le second Adam, le véritable premier homme en totale harmonie avec Dieu, le Christ Seigneur; Fils de la seconde Eve, la vraie Mère des vivants, Marie, en pleine harmonie avec le Seigneur Dieu dès le premier moment de sa conception:  dès son Immaculée Conception.
Cette harmonie mariale devra être très douloureuse, elle signifiera la passion et la croix dans l’union au Christ:  c’est le glaive de douleur prophétisé par Siméon; ce sera une harmonie souffrante, c’est vrai, mais victorieuse dans la Résurrection et dans l’Ascension du Christ:   cette  victoire  signifiera l’Assomption de Marie.
L’Immaculée Conception a amené Marie jusqu’à la pleine harmonie et à la pleine santé dans l’Assomption à travers le chemin douloureux de la croix. En elle est tracé le modèle chrétien de la véritable santé qui était suspendue à la croix dans la personne de son Fils et qui a fleuri dans la Résurrection. Dès lors, la véritable tension vers l’unique harmonie possible est la croix joyeuse. C’est pour cela que nous pouvons dire que la santé n’est pas seulement l’absence de maladie, mais la croix joyeuse, physique et psychique, sociale et spirituelle, qui est proprement la seule tension acceptable vers la véritable harmonie. Ici la croix se « spiritualise », c’est-à-dire que l’Esprit Saint, par son Amour tout-puissant, fait en sorte que la croix, après avoir été la mort horrible, soit devenue joyeuse et source de vie et de bonheur, véritable harmonie et santé véritable:  « Ubi salus mundi pependit » (là où a été suspendu le salut du monde). Cette joie nous pousse à différer et à rendre présente aujourd’hui la solide espérance de la résurrection parce que l’Amour de l’Esprit exige la guérison comme annonce de la présence, effective désormais, du Royaume de Dieu. C’est là le sens des miracles de guérison que réalise le Christ, et c’est le sens du paradigme chrétien de la santé, le Logo de notre dicastère:  le Bon Samaritain.
Comprendre l’Immaculée Conception comme plénitude d’harmonie serait revenir d’une manière vraiment nouvelle aux racines de la culture européenne. Et ce serait aussi comprendre Lourdes comme le lieu où Dieu, par l’intercession de Notre-Dame, accorde si souvent la guérison en appliquant la rédemption que le Christ nous offre. Ainsi, Lourdes devient un centre privilégié de la Nouvelle Evangélisation de la culture européenne, comme présence actuelle du Royaume de Dieu qui est harmonie, paix et santé, dans la naissance d’une nouvelle communauté de nations qui veut se constituer vigoureuse et pleine, au-delà d’un affaiblissement dû à une réduction des purs intérêts économiques.
Veuille le Seigneur Jésus, par l’intermédiaire de l’Immaculée Conception de Marie Sa Mère, donner une nouvelle vigueur à la culture européenne, accorder ses faveurs à une nouvelle évangélisation qui, partant de la santé rayonnant dans ce sanctuaire de Lourdes, inculture le message évangélique dans les racines les plus profondes de la nouvelle Europe. Que la santé, entendue  comme   harmonie,  paix,  joie, bonheur et progrès médical, technique et scientifique, respectueuse de la vie humaine, cultivée au bénéfice de tous, soit le manteau maternel avec lequel l’Immaculée Conception, Notre-Dame de Lourdes, couvre tous ses enfants qui la vénèrent avec tant d’amour.

LE CARDINAL KOCH ÉVOQUE UN ŒCUMÉNISME DES MARTYRS

7 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28930?l=french

LE CARDINAL KOCH ÉVOQUE UN ŒCUMÉNISME DES MARTYRS

Intervention à la rencontre internationale de prière pour la paix de Munich

ROME, Mercredi 14 septembre 2011 (ZENIT.org) – Alors que les chrétiens vivent encore dans ce monde dans une « communion encore imparfaite », les martyrs se trouvent eux, « dans la gloire céleste », dans une communion parfaite. C’est pourquoi nous devons dès aujourd’hui « vivredans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ ».
C’est ce qu’affirme lecardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui est intervenule 12 septembre à la rencontre internationale de prière pour la paix organisée à Munich par la communauté Sant’Egidio et l’archidiocèse de Munich et Freising sur le thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue ».
En prenant la parole lors d’une table-ronde intitulée « Unité des chrétiens, amour des pauvres », le prélat a rappelé que la foi chrétienne est aujourd’hui la plus persécutée. Selon l’Internationale Gesellschaft für Menschenrechte (Organisation internationale pour les droits humains), 80 % de ceux qui sont persécutés à cause de leur foi sont chrétiens.
« Ce bilan déconcertant » est « un grand défi pour l’œcuménisme chrétien, appelé à manifester une solidarité réelle », a affirmé le cardinal. « Puisqu’aujourd’hui toutes les Eglises et les communautés ecclésiales chrétiennes ont leurs martyrs, nous devons parler d’un véritable œcuménisme des martyrs qui recueille en soi une belle promesse : malgré le drame des divisions entre les Eglises, ces solides témoins de la foi ont montré que Dieu lui-même maintient entre les baptisés la communion de foi témoignée par le sacrifice suprême de la vie à un niveau plus profond ».
« Alors que nous, comme chrétiens et comme Eglises, vivons sur cette terre dans une communion encore imparfaite, les martyrs dans la gloire céleste se trouvent dès maintenant dans une communion pleine et parfaite », a-t-il expliqué.
Les martyrs, a-t-il affirmé en citant Jean-Paul II, sont donc « la preuve la plus significative que chaque élément de division peut être transcendé et dépassé dans le don total de soi à la cause de l’Evangile ».
L’œcuménisme des martyrs confirme ce que croyait Tertullien, docteur de l’Eglise : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ».
« Aujourd’hui encore, comme chrétiens, nous devons vivre dans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ », a-t-il affirmé. « Mais cette espérance, nous devons la témoigner de manière crédible dans l’aide efficace rendue aux chrétiens persécutés dans le monde, en dénonçant publiquement les situations de martyre et en s’engageant en faveur du respect de la liberté religieuse et de la dignité humaine ».
« L’œcuménisme des martyrs ne constitue pas seulement le noyau de la spiritualité œcuménique, aujourd’hui si nécessaire, mais il est aussi le meilleur exemple de ce que la promotion de l’unité des chrétiens et l’amour privilégié pour les pauvres sont absolument indissociables », a conclu le cardinal Koch.
Marine Soreau

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