Archive pour la catégorie 'cardinal André Vingt-Trois'

« Un recul de la civilisation », déclaration du cardinal Vingt-Trois

24 mai, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28004?l=french

« Un recul de la civilisation », déclaration du cardinal Vingt-Trois

Nouvel examen du projet de loi de Bioéthique

ROME, Lundi 23 mai 2011 (ZENIT.org) – « Un recul de la civilisation » : c’est le titre de la déclaration du cardinal Vingt-Trois à la veille du nouvel examen du projet de loi de Bioéthique à l’Assemblée nationale française, indique le diocèse de Paris.
A la veille du nouvel examen du projet de loi de Bioéthique à l’Assemblée Nationale, le cardinal André Vingt-Trois souhaite alerter à nouveau les Français et les parlementaires sur la gravité des options retenues par le texte dans sa version actuelle et les risques majeurs qui pourraient en découler pour notre société et l’avenir de l’homme. Voici le texte de sa déclaration auprès de la presse lundi 23 mai

UN RECUL DE LA CIVILISATION !

La révision de la loi de bioéthique a été préparée par un vaste débat national avec les États Généraux et les nombreuses contributions qui ont jalonné le parcours. Ce long processus aboutissait à des positions relativement équilibrées dont le vote des députés en première lecture était le reflet. Si tant de personnes se sont impliquées avec conviction dans ce débat, c’est sans doute parce que nous percevons bien que, par le biais de décisions apparemment techniques, s’exprime un choix de civilisation. Vers quelle société voulons-nous progresser ?
Malheureusement, si les modifications introduites dans le projet de loi par le Sénat étaient entérinées par l’Assemblée Nationale, une certaine conception de l’être humain serait très gravement compromise.
En effet, la levée de l’interdiction habituelle des recherches provoquant la destruction des embryons humains ouvrirait largement le champ à une instrumentalisation de l’être humain, au moment même où la Commission européenne travaille à la protection des embryons des animaux, ce qui constitue un sinistre paradoxe ! Est-il besoin de rappeler que les résultats scientifiques enregistrés à ce jour devraient plutôt stimuler d’autres pistes de recherche aujourd’hui moins encouragées bien que leur efficacité soit vérifiée ? Autre paradoxe étonnant ! Faut-il donc imaginer que des lobbies économiques évaluent que la recherche sur l’être humain est plus rapide et moins coûteuse que les expérimentations animales ? Où irions-nous avec ces seules évaluations ? N’y a-t-il pas d’évaluation éthique de la recherche ?
De plus, la systématisation juridique du diagnostic prénatal nous conduirait inévitablement à un eugénisme d’Etat. Quel message adresserions-nous ainsi aux personnes handicapées que nous affirmons vouloir respecter et intégrer dans la société ? Quel signal donnerions-nous à leurs familles ? Leur dirons-nous que la solution idéale eut été que leurs enfants n’aient pas vu le jour ? Et pourquoi ne pas consacrer les sommes considérables que l’on engloutirait dans ce dépistage systématique pour financer la recherche, en particulier concernant la trisomie 21 ?
Ces questions seront sans doute évitées dans la prochaine campagne électorale. Pourtant, des réponses que nous y apportons aujourd’hui, dépend le type de société que nous préparons pour nos enfants et vers lequel nous serons acheminés. Les plus faibles et les plus vulnérables y auront-ils encore leur place ? Le respect inconditionnel de l’être humain vaut mieux que des démissions peu réfléchies et peu courageuses qui font reculer notre civilisation en la poussant vers des choix extrêmes.

Le lundi 23 mai 2011

Cardinal André VINGT-TROIS
Archevêque de Paris
Président de la Conférence des Évêques de France

NOËL 2010 : DÉFENSE DE LA VIE HUMAINE, PAR LE CARD. VINGT-TROIS

18 janvier, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-26531?l=french

NOËL 2010 : DÉFENSE DE LA VIE HUMAINE, PAR LE CARD. VINGT-TROIS

Homélie de la Messe de minuit à Notre-Dame de Paris

ROME, Mercredi 29 décembre 2010 (ZENIT.org) – « Dans l’enfant de Bethléem, le Salut est donné aux hommes à travers le signe fragile d’un enfant nouveau né. Une société qui refuse la vie de l’enfant non attendu ou qui cherche à fabriquer l’enfant selon son désir est-elle capable d’accueillir la joie de Noël ? » : c’est  la question posée par le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris, le jour de Noël.
Le président de la conférence des évêques de France a aussi traité la question de la recherche sur l’embryon et celle des enjeux de la révision des lois de bioéthique dans une interview donnée à la télévision LCI que l’on peut trouver en cliquant sur ce lien :

 http://www.paris.catholique.fr/Le-cardinal-Andre-Vingt-Trois,16714.html
 
***
Vendredi 24 décembre 2010, messe de minuit

Notre-Dame de Paris

Homélie du cardinal André Vingt-Trois

- Is 9, 1-6 ; Ps 95, 1-3.11-13 ; Tt 2, 11-14

Au cœur de la nuit du monde une lumière s’est levée. La prophétie d’Isaïe ne parlait pas seulement d’Israël, mais selon la mission universelle du Peuple élu, elle vaut pour l’humanité entière : « Une lumière a resplendi sur les habitants du pays de la mort » (Is 9, 1), et elle resplendit aujourd’hui pour nous en ces premières années du troisième millénaire. Saurons-nous en reconnaître et en déchiffrer le signe ?
1.      Un « enfant nouveau-né ».
Dieu donne un signe de son amour pour l’humanité. Il manifeste sa grâce pour le salut de tous les hommes. Devant les forces mauvaises qui frappent l’humanité et qui provoquent les drames de l’existence humaine, il est compréhensible que les hommes attendent un signe de puissance, d’une puissance exceptionnelle, qui seule pourrait nous convaincre de cette volonté de salut universel de Dieu. L’humanité attend un signe à la hauteur de ses craintes et de ses angoisses. Elle espère que Dieu, lui au moins, pourrait surmonter ses malheurs et les vaincre. C’est ainsi que tout un courant de la tradition juive attendait, -et attend encore-, un Messie puissant qui rétablirait Israël dans ses prérogatives de Peuple de Dieu. C’est ainsi que Hérode aura du mal à comprendre qu’un Messie puisse naître loin des lieux de puissance. C’est ainsi que les contemporains du Christ douteront que du village perdu de Nazareth en Galilée puisse sortir quelque chose de bon. C’est ainsi que les peuples, aujourd’hui encore, se laissent si facilement séduire par la magie des hommes providentiels ou des systèmes miraculeux qui pourraient leur assurer un avenir meilleur à moindres frais. Quelle est la réponse de Dieu à cette attente de l’intervention d’une puissance supérieure ?
« Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2, 12) L’ange annonce aux bergers, veilleurs de la nuit, « une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. » (Lc 2, 10-11). Ce Messie surprenant n’apparaît avec aucun des attributs de la puissance qu’on attendrait de lui, mais dans la fragilité d’un enfant nouveau-né. Et, pour ce nouveau-né, à la fragilité habituelle de la naissance s’ajoutent l’inconfort et les aléas d’une naissance au hasard d’un voyage. Qui d’autre que de pauvres bergers habitués à vivre près de leur troupeau à l’écart des villages aurait pu reconnaître le Messie dans les incertitudes de cette naissance aventureuse ?
Seul un acte de foi dans la puissance de Dieu qui agit à travers la faiblesse humaine et les incertitudes de l’avenir permet de reconnaître en cet enfant démuni le signe du Sauveur. Par l’Incarnation du Verbe Eternel de Dieu en cet enfant nouveau-né, méconnu et ignoré de ceux-là mêmes auxquels il apporte le salut, tout nouveau-né est devenu, de quelque manière, un signe de la victoire de la vie sur la mort. Nous comprenons ainsi que la joie de Noël qui traverse le peuple chrétien et, au-delà de lui, atteint tous les hommes, a donné à nos cultures chrétiennes un regard nouveau sur l’être humain venant en ce monde. A travers la faiblesse du nouveau-né de la crèche, nous avons appris à reconnaître le signe de la puissance agissante de Dieu et l’accomplissement de ses promesses dans et par l’humanité. De même, la venue au monde d’un petit d’homme devient un signe et une promesse de vie et d’avenir. Elle porte toujours, dans sa fragilité même, quelque chose de sacré. Elle suscite toujours un émerveillement.
2.      Le nouveau-né « dangereux ».
Mais que peut-il rester de cette joie et de cette espérance dans une société qui développe le fantasme de l’enfant objet du simple désir ou source de danger ? Là où nous est donné un signe de salut et d’espérance, elle risque de ne voir qu’un produit de notre ingénierie procréative ou un signe de malheur ! Comment pouvons-nous annoncer la bonne nouvelle de la Nativité dans un monde où une nouvelle vie est considérée comme une production manipulable au gré de nos attentes ou comme une catastrophe à éviter ? Comment entrer dans la joie de Noël si le petit enfant à naître devient celui qu’il faut éliminer par tous les moyens quand on ne l’a pas désiré ou quand il ne correspond pas à nos désirs?
Pour tant d’hommes et de femmes, l’annonce d’une nouvelle naissance devrait être la reconnaissance du fruit de leur amour dans l’émerveillement et la joie commune de recevoir leur enfant comme un don inconnu et non comme le produit qu’ils fabriquent, aménagent ou rejettent. Quelle malédiction frappe notre société pour qu’elle en arrive à redouter cette joie ? Quelles mœurs avons-nous développées pour n’être d’abord sensibles qu’aux inconvénients et aux risques d’une telle promesse ? Quelle indifférence habite nos cœurs pour que la femme qui attend un enfant dans la détresse et l’anxiété ne trouve autour d’elle que le conseil pressant de s’en débarrasser ?
Il n’est pas étonnant que se perde peu à peu le sens de la Nativité et que sombre la joie de Noël si nous ne savons plus nous réjouir de la venue d’un enfant et si nous ne sommes plus disposés à courir l’aventure d’une nouvelle vie avec tout ce qu’elle comporte naturellement d’imprévisible à découvrir et à accueillir, et si nous ne sommes pas résolus à venir en aide à celles qui portent cette promesse. Nous sommes dans l’angoisse maladive devant l’avenir et ses incertitudes. Nous sommes saisis de panique devant les changements qui résulteront de cette naissance. Nous veillons sur nos carrières, notre environnement, notre équilibre financier et les conditions de notre bien-être. Nous ne sommes plus capables de risquer notre tranquillité dans une relation à construire avec un être nouveau qui n’est pas simplement le double ou le clone de notre propre personne ou le produit de la satisfaction de nos désirs. C’est une autre personne qui se propose à notre accueil, à notre découverte, à notre respect et à notre amour. Comment nous étonner que nous soyons aussi gênés devant la joie de la Nativité ?
3.      Ouvrir notre vie à la vie.
Pour que le signe du « nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12) devienne vraiment pour nous source de joie et d’espérance, il nous faut à nouveau ouvrir notre vie à la vie de tout être qui vient à nous avec toutes ses potentialités de talents et de qualités, mais aussi de faiblesses de fragilités et de défauts, et avec sa liberté à construire. Si le temps de Noël est un temps de générosité, ce n’est pas d’abord pour nous excuser de nos dépenses des fêtes en donnant quelques billets de banque à droite et à gauche. C’est un temps de générosité, parce que seule la générosité envers notre prochain peut ouvrir notre cœur pour accueillir de nouveaux convives à la table de notre prospérité. Sans ce retournement du cœur nous ne pouvons plus vraiment reconnaître la venue du Fils de Dieu en ce nouveau-né.
Ecoutons la parole de l’ange qui annonce cette naissance : « Ne craignez pas, car je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple. » (Lc 2, 10) N’ayons pas peur d’ouvrir nos maisons et nos cœurs ! Ne nous laissons pas submerger par la crainte de l’avenir. N’ayons pas peur d’ouvrir notre vie à l’irruption de la vie ! Comme la vie de Marie et de Joseph va être bouleversée et transformée par la naissance de Jésus, chacune de nos vies est dérangée et transformée par ceux que Dieu nous donne à accueillir : les enfants à naître, mais aussi tous ceux qui attendent d’être reconnus comme nos semblables et nos frères. N’ayons pas peur d’être dérangés, de nous serrer un peu pour faire place à celui qui vient, de partager, donc de réduire nos moyens financiers, bref, de laisser l’amour déborder nos égoïsmes. Alors, nous pourrons vraiment rendre gloire à Dieu et construire la paix sur la terre. Amen !
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VEILLÉE POUR LA VIE NAISSANTE : HOMÉLIE DU CARD. VINGT-TROIS

2 décembre, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-26229?l=french

VEILLÉE POUR LA VIE NAISSANTE : HOMÉLIE DU CARD. VINGT-TROIS

Le sort réservé à l’embryon humain, signe du degré de civilisation

ROME, Lundi 29 novembre 2010 (ZENIT.org) – « La façon dont une société traite le petit enfant qui en cours de gestation, que l’on appelle l’embryon, va devenir un signe du degré de civilisation auquel elle est arrivée. Parmi les êtres humains, l’embryon est celui qui a le moins de défense de force ou de moyen de s’imposer. La façon de le respecter, de le protéger et de lui permettre de se développer va donc symboliser l’humanité d’une société ou bien marquer sa régression vers la troupe animale », fait observer le cardinal Vingt-Trois.
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, et président de la conférence des évêques de France a présidé, samedi dernier, 27 novembre 2010, en la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, des Vêpres solennelles « pour la vie naissante » en communion avec le Pape Benoît XVI.
Homélie du Cardinal André Vingt-Trois au Sacré Cœur
Vêpres célébrées pour la vie naissante
- Gn 3, 9-15
Frères et sœurs,
Nous avons répondu à l’invitation de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI de célébrer ces premières vêpres du 1er dimanche de l’Avent en priant pour « la vie naissante ». En cette démarche nous nous unissons non seulement à la célébration des vêpres qu’il préside ce soir à la basilique Saint-Pierre de Rome, mais encore à la prière de tous les diocèses du monde.
Selon la prophétie du livre de la Genèse, la lutte entre la descendance du serpent et la descendance de la femme se poursuit tout au long de l’histoire de l’humanité et marque chaque génération humaine. Dans l’ordre naturel des choses, nous savons que la lutte de la vie et de la mort, de la mort contre la vie et de la vie contre la mort, est incontournable et que son issue est jusqu’à un certain point connue : le plus fort, le plus puissant ou le plus rusé, celui qui veut dominer l’autre l’emporte. Mais s’il en est ainsi pour tous les êtres vivants, il en est pourtant un qui échappe à la fatalité de cette sélection naturelle par la force et la puissance. Ce vivant, c’est l’être humain. Car pour les hommes et les femmes que Dieu a créés à son image, la ruse et la puissance ne sont pas les critères ultimes qui guident l’existence. A la différence de tous les animaux qui sont conduits par leur instinct, par leur désir, par leur réflexe de défense et par leur volonté d’éliminer les concurrents, l’homme est capable de maitriser la force et de respecter le droit.
Comme tous les animaux, nous sommes habités par des pulsions, par des faims et des soifs et par des forces qui travaillent notre esprit et notre corps. Mais nous sommes capables de les dominer, ou tout au moins de les combattre même si parfois le combat est incertain, et la victoire différée. C’est pourquoi on reconnait la noblesse de l’espèce humaine à ce que les hommes peuvent respecter, protéger et défendre les plus faibles et les plus vulnérables d’entre eux.
Tous, nous savons mettre en œuvre ce respect des plus fragiles dans notre vie quotidienne, dans notre travail, dans notre famille, parmi nos amis et nos relations. Nous sommes capables de ne pas céder à la pression, à la puissance et à l’influence. Nous pouvons exercer notre liberté pour prendre le parti du plus faible contre le plus fort. De même, les sociétés humaines ne se gouvernent pas comme des hordes d’animaux sauvages et leurs règles ne peuvent être simplement la transcription légale du principe du puissant. Celles-ci sont formulées à travers l’exercice de l’intelligence et de la liberté de l’homme, pour venir au secours de ceux qui n’ont pas de défense.
La façon dont une société traite le petit enfant qui en cours de gestation, que l’on appelle l’embryon, va devenir un signe du degré de civilisation auquel elle est arrivée. Parmi les êtres humains, l’embryon est celui qui a le moins de défense de force ou de moyen de s’imposer. La façon de le respecter, de le protéger et de lui permettre de se développer va donc symboliser l’humanité d’une société ou bien marquer sa régression vers la troupe animale.
Ainsi, lorsque nous prions pour la vie naissante et pour la protection de ces embryons, nous ne prions pas seulement pour ces petits en gestation, mais nous prions aussi pour nous. Nous prions pour que l’Esprit de Dieu éclaire l’intelligence des hommes, qu’il fortifie leur volonté pour qu’ils deviennent capables d’exercer leur responsabilité humaine à l’égard de la vie que Dieu leur confie.
Comme nous l’avons entendu tout à l’heure dans le récit du livre de la Genèse, une des marques du seuil qui a été franchi en mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance est l’irresponsabilité. L’homme dit : « ce n’est pas moi c’est la femme », et la femme dit : « ce n’est pas moi c’est le serpent » (Gn 3, 12). C’est ainsi que nous faisons chaque fois que l’occasion s’en présente, pour nous débarrasser de la responsabilité de ce qui se passe en essayant d’imputer nos actes à quelqu’un d’autre, plutôt qu’en les assumant.
Exercer notre dignité d’homme et de femme, c’est assumer la responsabilité de nos actes et accepter de paraître nu devant Dieu ; accepter d’être reconnu dans ce que nous faisons de bien, comme dans ce que nous faisons de mal ; accepter que la parole de Dieu vienne débusquer dans notre vie ce que nous voulons camoufler ; accepter que Dieu mette à jour les ressorts véritables de ce que nous faisons.
Frères et sœurs, ce soir, nous entrons dans ce temps de l’Avent pour nous préparer à accueillir la venue du Christ qui vient à nous pauvre et sans défense dans la nuit de Bethléem. Nous sommes invités à prier pour les enfants que l’irresponsabilité des hommes et des femmes condamne à ne jamais voir le jour, pour ceux que l’irresponsabilité des hommes et des femmes accueille avec réserve et gène, et pour ceux qui ne trouvent pas à leur entrée dans ce monde le geste, la parole, le sourire d’amour qui peut leur permettre d’entrer dans le combat de la vie. Nous prions pour toutes les femmes pour qui la maternité n’est pas une bénédiction, pour celles qui sont acculées aux décisions irrémédiables, pour celles qui sont abandonnées, sans soutien. Nous prierons les uns pour les autres, pour que l’Esprit de Dieu nous donne de grandir dans notre sens de la responsabilité pour assumer notre existence, pour assumer notre responsabilité de citoyen à l’égard de notre pays et notre responsabilité d’être humain à l’égard de tous nos frères en humanité.
Amen.

« A-T-ON LIBÉRÉ LA LIBERTÉ HUMAINE ? », INTERROGE LE CARD. VINGT-TROIS

15 septembre, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-18812?l=french

« A-T-ON LIBÉRÉ LA LIBERTÉ HUMAINE ? », INTERROGE LE CARD. VINGT-TROIS

A la suite du message de Benoît XVI aux évêques sur la « libération spirituelle »

ROME, Dimanche 14 septembre 2008 (ZENIT.org) – La « libération spirituelle », c’est la libération « de la liberté humaine », a expliqué le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, lors d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre de Benoît XVI avec les évêques, cet après midi, à l’hémicycle Sainte-Bernadette, à Lourdes, lieu de l’assemblée des évêques de France, deux fois par an.
Le pape a en effet évoqué une « libération spirituelle », en employant, commentait le cardinal Vingt-Trois, la « parabole » de la libération territoriale de la France.
Citons le passage du message de Benoît XVI aux évêques : « L’année qui a précédé mon élection au Siège de Pierre, j’ai eu la joie de venir dans votre pays pour y présider les cérémonies commémoratives du soixantième anniversaire du débarquement en Normandie. Rarement comme alors, j’ai senti l’attachement des fils et des filles de France à la terre de leurs aïeux. La France célébrait alors sa libération temporelle, au terme d’une guerre cruelle qui avait fait de nombreuses victimes ».
Le pape évoquait le besoin d’une libération « des peurs et des péchés » : « Aujourd’hui, continuait-il, c’est surtout en vue d’une véritable libération spirituelle qu’il convient d’oeuvrer. L’homme a toujours besoin d’être libéré de ses peurs et de ses péchés. L’homme doit sans cesse apprendre ou réapprendre que Dieu n’est pas son ennemi, mais son Créateur plein de bonté. L’homme a besoin de savoir que sa vie a un sens et qu’il est attendu, au terme de son séjour sur la terre, pour partager à jamais la gloire du Christ dans les cieux. Votre mission est d’amener la portion du Peuple de Dieu confiée à vos soins à la reconnaissance de ce terme glorieux ».
Le pape, expliquait le cardinal, part de cette « expérience » et de sa perception qu’il a de « l’attachement des Français à leur liberté temporelle », pour dire : « Il faut que nous ayons une passion identique pour une liberté spirituelle ».
« Donc, la question n’est pas tellement de savoir si nos territoires sont occupés », ajoute le cardinal Vingt-Trois. « Il est permis de se demander, si, aujourd’hui, pour l’homme du XXIe siècle, qu’il soit Français, Allemand, Romain, Américain, ou autre, quelles sont les zones occupées dans sa personnalité, et pas seulement dans son territoire national ; quelles sont les parties de lui-même où il vit une aliénation, et de quelle aliénation il a besoin d’être libéré ».
« Vous savez aussi, mais peut-être qu’un certain nombre de vos lecteurs ne le savent pas, que dans la période historique des événements, le même phénomène a joué : pour beaucoup des hommes et des femmes engagés dans la résistance, ou dans les combats pour la libération, il était évident qu’il ne s’agissait pas seulement du territoire ». Ils voyaient « une opportunité de faire surgir un nouveau mode de vie sociale ».
« Je ne sais pas si leurs espoirs ont été déçus ou satisfaits, mais en tous cas ils avaient bien compris eux aussi que la question centrale n’était pas seulement de récupérer la liberté du territoire mais de développer la liberté des hommes qui vivent sur ce territoire », a-t-il ajouté.
Revenant au discours du pape aux évêques de France, le cardinal Vingt-Trois conclut : « le pape ne dit pas autre chose. La question n’est pas simplement de savoir si on a libéré le pays, mais si on a libéré la liberté humaine ».
Anita S. Bourdin

Le card. Vingt-Trois invite les jeunes à se poser la question du sacerdoce

8 mai, 2010

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http://www.zenit.org/article-24324?l=french

Le card. Vingt-Trois invite les jeunes à se poser la question du sacerdoce

Homélie de la messe d’ordination du nouvel évêque de Beauvais

ROME, Jeudi 6 mai 2010 (ZENIT.org) – Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a invité « tous ceux qui n’ont pas encore arrêté le cours de leur vie » à se poser la question de la vocation sacerdotale ou diaconale. C’est ce qu’il a affirmé dans l’homélie de la messe d’ordination épiscopale de Mgr Jacques Benoit-Gonnin, nouvel évêque de Beauvais, Noyon, Senlis.

Le nouvel évêque, jusqu’alors curé de la paroisse de la Trinité à Paris, a été ordonné le 2 mai dernier dans cathédrale Saint-Pierre de Beauvais.

« Notre mission première est bien d’ouvrir la porte de l’Eglise, la porte de la foi, en annonçant la bonne nouvelle du Christ », a affirmé l’archevêque de Paris. Une mission pour laquelle « nous avons besoin que des ouvriers nombreux viennent se joindre à celles et à ceux qui ont déjà commencé le travail de la moisson » et qui « suppose tout particulièrement que les hommes entendent l’appel du Christ à devenir les prêtres et les diacres de son Eglise ».

« Que parmi vous se sentent concernés tous ceux qui n’ont pas encore arrêté le cours de leur vie, qui n’ont pas encore cristallisé leur espérance, qui ont encore la marge de liberté et la générosité suffisantes pour dire : ‘Seigneur, que veux-tu que je fasse ?’ ou bien ‘je veux te suivre’ », a ajouté le cardinal.

« Que ceux-là ne reculent pas devant l’incertitude de ce qui doit arriver. La barque avance, le capitaine est à la barre, l’Esprit la conduit, il lui faut un équipage, et cet équipage c’est parmi vous que le capitaine peut et doit le trouver ».

Le cardinal Vingt-Trois a invité les jeunes hommes qui se sont déjà posé cette question à « se la poser à nouveau ». « Et à ceux qui ne se la sont pas encore posée, je donne une nouvelle chance en la leur posant : ‘Veux-tu suivre le Christ pour être au service de son évangile en quittant tout par amour pour tes frères ?’ ».

« L’accueil réservé à cette question et la réponse qui lui sera faite, dépend de nous », a insisté l’archevêque de Paris. « Elle dépend de notre estime pour les prêtres qui entourent votre évêque, de votre volonté de collaborer à leur mission, de votre espérance que les sacrements de l’Église peuvent couronner les chemins de conversion auxquels tant d’hommes et de femmes aspirent ». « Il dépend de vous que le cap fixé trouve son achèvement : ‘Avance au large’ ».

Oecuménisme : Homélie du card. Vingt-Trois au Temple de l’Eglise réformée

5 février, 2010

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http://www.zenit.org/article-23406?l=french

Oecuménisme : Homélie du card. Vingt-Trois au Temple de l’Eglise réformée

La lumière des Ecritures pour éclairer les événements de nos vies

ROME, Mardi 2 février 2010 (ZENIT.org) – « Si nous aussi, nous voulons vraiment déchiffrer vers où Dieu nous conduit à travers les méandres de nos histoires, nous avons besoin de la lumière des Ecritures pour éclairer les événements de nos vies, pour en donner le sens et pour montrer comment ils manifestent le Christ Ressuscité », a fait observer le cardinal Vingt-Trois à l’occasion de la célébration œcuménique pour la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens.

Voici l’homélie du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, et président de la conférence des évêques de France (CEF), donnée au Temple de l’Église Réformée de l’Oratoire du Louvre le mercredi 20 janvier 2010.

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois

- Lc 24, 1-53

Seigneur, ce soir, nous voulons être tout à la fois les femmes du tombeau, les disciples d’Emmaüs, les onze au milieu desquels tu apparais. Avec eux nous te prions : ouvre nos cœurs et nos esprits à l’intelligence des Ecritures. Donne-nous de comprendre les chemins par lesquels tu nous conduis à la lumière des commandements, de la loi et des prophètes.

Ce chapitre 24 de l’évangile selon saint Luc n’est pas simplement un itinéraire reliant différents lieux où des hommes et des femmes ont la chance d’être confrontés à l’événement de la résurrection, que ce soit devant le tombeau vide, en cheminant avec quelqu’un qu’ils n’ont pas reconnu, ou en étant visités par le ressuscité lui-même. Cette itinérance à travers ces scènes successives dessine pour nous un chemin spirituel. Où Dieu veut-il nous conduire et comment nous conduit-il ? Et pour nous qui sommes rassemblés dans la supplication pour l’unité entre les chrétiens et dans l’espérance de cette unité, comment ces épisodes de l’Evangile éclairent-ils notre attente et notre prière ?

Le ressuscité construit l’unité

Nous découvrons d’abord que ce n’est pas l’unité de l’Église qui dévoile la résurrection, mais plutôt le ressuscité qui construit l’unité de l’Église. La première expérience des disciples est la prise de conscience que le corps a disparu. Ce premier moment est vécu par quelques femmes, et ensuite par Pierre venu vérifier. Puis, deux disciples, qui sont comme emportés par un autre roman, continuent leur chemin vers Emmaüs sans savoir la conclusion de ce qui s’était passé à Jérusalem. Ils reconnaissent le Christ, ils reviennent à Jérusalem, et, au moment où ils vont raconter leur histoire, Pierre prend la parole le premier et leur dit : « oui, c’est vrai, il est ressuscité, il nous est apparu » (v. 34).

Ce chapitre de l’Evangile ressemble à une mosaïque. Il met ensemble des fragments d’expériences du ressuscité, comme pour nous faire comprendre que l’expérience de la résurrection est toujours marquée par l’expérience humaine dans laquelle elle est vécue. L’expérience des femmes au tombeau n’est pas celle de l’apôtre qui y vient après elles. Les disciples d’Emmaüs ne vivent pas la même chose que les onze. Et cependant, chacune de ces expériences a sa valeur et son authenticité propres.

Nous pourrions penser qu’il suffirait de tenir ensemble toutes ces expériences pour qu’enfin on reconnaisse le Christ ressuscité. Mais il ne nous suffit pas d’avoir ce désir de réunir des traditions et des formulations de la foi différentes. Il ne suffit que nous travaillions à nous écouter, à nous respecter, à nous laisser conduire peu à peu et, pourquoi ne pas le dire, à nous aimer. Il convient que cette aspiration à faire converger et à additionner nos expériences et nos traditions soit scellée par Dieu pour que se constitue un corps unique qui n’est pas la somme de nos corps, mais qui est le corps même du ressuscité.

Oui, l’unité des chrétiens nous est offerte, proposée et infusée, par le Christ ressuscité lui-même. C’est donc dans la mesure où il est présent à son corps que ce corps prend sa constitution unique pour être l’Église.

La joie de l’acte de foi

Comment non plus ne pas être sensible au cheminement des sentiments exprimés dans ce chapitre. Les personnages passent par la stupéfaction, l’incrédulité, l’étonnement, la crainte, et entrent finalement dans la plénitude de la joie au moment où Jésus n’est plus là. Chacune des rencontres successives avec le ressuscité ne suscite que du trouble, de l’inquiétude et des doutes pour les femmes, les apôtres ou les disciples d’Emmaüs. Les onze réunis n’osaient pas y croire (v 41) et pensaient que c’était un fantôme ou un esprit (v 37). Tout se passe comme si au moment où il les bénit et où il les quitte, il emportait avec lui leurs doutes, leurs craintes et leur trouble pour les laisser dans « une grande joie » v 52.

Ne nous faut-il pas nous aussi apprendre à découvrir notre joie non dans la possession immédiate de la présence du Christ mais dans l’acte de foi que permet son absence de devant nos yeux ? A la table d’Emmaüs, « leurs yeux se sont ouverts » (v 31), au moment où il a béni le pain et l’a rompu (v 30), répétant pour eux les gestes de la Cène. Mais au moment où leurs yeux se sont ouverts, il avait disparu, il n’était plus là. C’est là plus qu’un artifice rhétorique. Cette nouvelle vision leur permet de relire ce qui s’est passé, quand il leur parlait en chemin et leur expliquait les Ecritures (v 32). Mais même si leur cœurs étaient déjà brulants, il n’empêche que l’accès à la réalité du ressuscité passe par l’expérience de cette absence, lorsque Jésus se retire. Tant qu’il est là leurs yeux sont voilés, et quand leurs yeux se dévoilent, il n’est plus là ! Et tant qu’il est avec les onze, on parle, on argumente même : « Ne vous rappelez-vous pas de ce que j’ai fait lorsque je vous avais donné à manger ?… » Et puis il les bénit, leur promet le don de l’Esprit, et disparaît. Et seulement alors ils sont remplis de joie.

Comme nous sommes loin de notre spontanéité affective qui imagine que la joie des disciples était de tenir physiquement la main de Jésus ressuscité ! Comme l’Evangile diffère de la pensée commune qui postule que la foi était facile pour les disciples qui voyaient, entendaient et touchaient le Seigneur. L’Evangile nous permet de découvrir que la foi commence quand ils ne le voient plus, quand ils ne l’entendent plus, quand ils ne le touchent plus, quand ils vivent de l’Esprit-Saint.

Les Ecritures pour éclairer les évènements

A travers les Ecritures, Dieu apprend à son peuple à comprendre de quelle manière il le conduit. Tout comme Jésus aide ses deux disciples sur le chemin d’Emmaüs à déchiffrer ce qui est en train de se passer. En partant de Moïse et des prophètes il essaye de les faire entrer dans la compréhension des évènements pour en donner le sens. Ce ne sont pas les événements en eux-mêmes qui font sens. Ce sont des faits bruts qui peuvent signifier aussi bien la présence que l’absence : un tombeau vide en soit ne veut rien dire, la mort d’un homme sur une croix non plus, et cette route parcourue avec Jésus ne leur permet pas par elle-même de le reconnaître.

La lecture que Jésus fait lui-même des événements non seulement à partir de Moïse et des prophètes, mais encore à la lumière de ce que lui-même leur avait dit, permet que ces événements, en eux-mêmes sans grande portée, déploient leur signification. Le tombeau vide est le signe qu’il est ressuscité. Le chemin parcouru avec lui vers Emmaüs manifeste la présence du Christ au long de la vie des hommes. En rappelant ses propres paroles (v 44), il leur donne la clef d’interprétation des événements dont ils ont été les témoins.

Si nous aussi, nous voulons vraiment déchiffrer vers où Dieu nous conduit à travers les méandres de nos histoires, nous avons besoin de la lumière des Ecritures pour éclairer les événements de nos vies, pour en donner le sens et pour montrer comment ils manifestent le Christ Ressuscité.

Jésus ouvre l’intelligence des disciples pour qu’ils comprennent que sa mort et sa résurrection marquent l’accomplissement de ce qui avait été annoncé et ouvrent à l’annonce de l’Evangile à l’univers entier (v 47). Tout n’est pas encore accompli. Tout ne sera accompli que quand la bonne nouvelle aura atteint les limites du monde. C’est alors que Dieu récapitulera toute chose pour nous faire découvrir comment déjà il accomplissait son œuvre à travers les chemins que nous parcourions quelque fois les yeux bandés, le cœur enténébré ou l’esprit fermé, bref sans savoir ce que nous faisions. « Un jour, je verrai » nous dit saint Paul (1 Co 13, 12). Un jour je verrai. Un jour le bandeau tombera, le cœur s’ouvrira, l’esprit sera disponible pour découvrir comment Dieu aura compté sur notre foi pour accomplir son œuvre en ce temps.

Frères et sœurs, sur ce chemin tellement mouvementé et déchiré que les chrétiens de notre « ère culturelle » ont parcouru depuis plus d’un millénaire, beaucoup ont essayé et essaient de comprendre à la lumière des Ecritures ce que veut dire que la tunique a été déchirée, que les frères se sont séparés et les chrétiens désunis ? Car ce sont des faits historiques que nous connaissons, que nous subissons et dont nous portons tristement l’héritage. Mais quel en est le sens dans la Résurrection du Christ ? Comment notre foi au Ressuscité assume-elle les méandres des divisions humaines pour se rassembler autour de Celui qui est venu en disant : « la paix soit avec vous ! » (v 36) ?

Seigneur, ouvre nos cœurs à l’intelligence des Ecritures. Donne-nous d’accueillir cette paix comme un signe de ta présence, toi qui est vivant et ressuscité pour le monde. Amen.

+André cardinal Vingt-Trois

Synode pour l’Afrique : Bilan du cardinal André Vingt-Trois

5 novembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22536?l=french

Synode pour l’Afrique : Bilan du cardinal André Vingt-Trois

L’Église universelle a vécu à l’heure de l’Afrique

ROME, Mardi 3 novembre 2009 (ZENIT.org) – « Nous avons non seulement besoin de la présence de nos frères et de nos sœurs africains près de nous, ici, en France, mais nous avons besoin de l’Église en Afrique, à Madagascar et dans les Iles, pour que le corps tout entier de l’Église atteigne sa plénitude et que la force prophétique de l’Evangile ne soit pas simplement manifestée dans des conditions particulièrement favorables, mais qu’elle soit confrontée aux contraintes et aux difficultés propres au continent africain aujourd’hui », a déclaré le cardinal Vingt-Trois. Pendant un mois en effet, « l’Église universelle a vécu à l’heure de l’Afrique », et a démontré « le courage et la détermination des évêques africains ».

L’archevêque de Paris, président de la conférence des évêques de France, a en effet proposé à ses diocésains, des évêques d’Ile de France, des prêtres africains et des communautés africaines d’Ile-de-France, un bilan du synode des évêques pour l’Afrique – auquel il a participé à Rome du 4 au 25 octobre – à Notre Dame de Paris, dimanche dernier, 1er novembre 2009, à 17h00. Il a ensuite présidé les vêpres et la messe.

Allocution du Cardinal André Vingt-Trois

Introduction

Chers frères et sœurs, chers amis,

Je suis très heureux de vous retrouver cet après midi, pour vous partager ce que j’ai pu vivre durant les trois semaines de cette deuxième session spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques. Je salue les prêtres, religieux et religieuses africains qui nous font la joie de leur présence, avec les fidèles d’origine africaine qui habitent l’Ile de France qui ont répondu à mon invitation.

Je voudrais d’abord vous dire l’action de grâce et la fierté qui sont les miennes de ce que l’Église d’Afrique, de Madagascar et des Iles puisse réunir une délégation de plus de 180 Pères synodaux africains avec une telle lucidité dans l’analyse de leurs situations, une telle foi dans le discernement des causes, une telle espérance dans la possibilité de faire progresser la réconciliation, la Justice et la Paix dans un continent si souvent déchiré. Quinze ans après le premier Synode pour l’Afrique, les Pères synodaux ont pu mesurer le chemin parcouru depuis lors dans la mise en pratique de la dimension familiale de l’Église. Cette seconde réunion du Synode pour l’Afrique nous donnait le visage à la fois d’une jeune Église et d’une Église dans sa maturité.

Il me semble également important de souligner en commençant que par le Synode pour l’Afrique, l’Église universelle a vécu à l’heure de l’Afrique. Tous, nous y avons reçu non seulement le témoignage de la foi et de la vitalité de l’Église en Afrique, mais aussi un appel à la conversion de tous les chrétiens bien au delà de l’Afrique. Les évêques d’Afrique et des Iles accordaient une grande importance à ce que ce synode se déroule à Rome, au centre symbolique de l’Église universelle, et ne soit pas considérée comme une simple question régionale ou locale, ce qui aurait pu être le cas s’il s’était déroulé en Afrique. Ils auraient craint qu’alors l’impression soit donnée que ce travail se faisait entre africains, alors que les perspectives évoquées concernent l’Église universelle.

Une lecture contrastée des réalités vécues sur ce continent.

Le synode s’est livré à une lecture contrastée des réalités de l’Afrique et des Iles. Bien sûr, ce contraste vient d’abord des différences entre les pays de ce continent : Petites îles du Pacifique, Madagascar, Afrique du Nord, Egypte, Afrique subsaharienne, Afrique centrale, Afrique du Sud… Mais plus profondément, le contraste provient des contradictions inhérentes à l’intérieur de chaque région et de chaque pays. Je voudrais ainsi relever quatre exemples de ces contrastes.

Richesses et misère

L’Afrique est riche d’une population jeune. Dans certains pays plus de 60% de la population a moins de 20 ans. Nous savons aussi que ce continent est fort des richesses naturelles parmi les plus importantes du monde, y compris en eau. Mais simultanément, il faut constater une misère sanitaire et une misère alimentaire qui conduit à des carences alimentaires pour beaucoup et confine à la famine dans certaines régions.

Le directeur général de la FAO qui est intervenu devant le Synode, et qui est sénégalais, nous a expliqué très simplement comment certaines régions d’Afrique ont une production agricole largement suffisante pour la subsistance du pays, mais qui ne peut pas être acheminée faute d’infrastructures pour les transports.

Luttes et réconciliation

Il y a un deuxième contraste entre d’une part les luttes interethniques ou fratricides qui divisent les ethnies les unes par rapport aux autres et les conflits internationaux dont nous avons souvent les échos à travers les informations générales et la presse et d’autre part une tradition ancienne de la société africaine qui est capable de mettre en place des procédures de réconciliation efficace. On a cité l’exemple de plusieurs pays qui se sont engagés dans un lent travail de réconciliation nationale : l’Afrique du Sud dont l’exemple est souvent cité mais aussi d’autres nations.

Rencontre avec les autres religions

La forme de la rencontre – qui peut être une confrontation – du christianisme avec la religion traditionnelle africaine et avec l’Islam varie beaucoup selon les pays. Et à ces deux religions très insérées dans la tradition culturelle et le tissu social africain, on pourrait ajouter l’influence des groupes évangélistes et de leur messianisme immédiat.

Dans certains cas, le christianisme est largement majoritaire, dans d’autres il ne représente qu’une infime minorité, voire une religion d’étrangers, comme dans le Maghreb. Et il ne faut pas non plus oublier aussi la situation de Madagascar et des Iles où le christianisme est confronté aux religions asiatiques par les phénomènes de migration.

La cohabitation avec les musulmans (qui est une réalité plus précise que celle de la cohabitation avec l’Islam) est vécue et réfléchie avec beaucoup de prudence et d’ouverture. Bien loin des fantasmes du « choc des civilisations », les évêques d’Afrique sont vigilants sur plusieurs points. Il y a d’abord le souci d’une coopération sociale chaque fois qu’elle est possible, au service du bien commun et au plus près du terrain et des réalités vécues. Ensuite, les évêques veillent au respect du droit fondamental de la liberté de culte, quelle que soit la religion majoritaire. Troisièmement, et plus difficilement, ils affirment le droit à la liberté de conscience, c’est-à-dire la possibilité concrète de changer de religion sans encourir l’exclusion sociale, la marginalisation, la persécution ou risquer sa vie.

Formes de gouvernement

Enfin, il existe un fort contraste entre des pays où les modes de gouvernement ont beaucoup progressés et où la démocratie s’affermit, et ceux qui sont ruinés par l’impéritie et les malversations des gouvernants et du personnel public.

On pourrait continuer d’aligner des contrastes de ce genre. Ils nous aident simplement à éviter de se faire une idée simpliste de l’Afrique et de la situation de l’Église en Afrique.

Des grandes dépendances.

Ce synode a permis de réfléchir à la question très importante des grandes dépendances auxquelles sont soumis les Africains. Evidemment, comme Européens, nous avons tous présent à l’esprit la dépendance du climat et des risques naturels, mais ce n’est pas ce qui préoccupe le plus les évêques d’Afrique. Ils soulignent plutôt trois autres types de dépendance.

Tout d’abord l’imposition d’une exploitation anarchique des ressources, qui se manifeste dans l’anarchie écologique née de l’exploitation sauvage des ressources naturelles, et dans l’anarchie financière à cause de la manière dont sont établis les contrats internationaux, avec la corruption qui en découle.

Ensuite, ce Synode a mis en lumière la domination économique des pays industriels qui se nourrissent toujours des richesses de l’Afrique, qui exploitent les matières premières et la production agricole. Car si la décolonisation a changé le statut politique, elle n’a pas forcément changé le statut économique.

Enfin, et plus peut-être plus grave encore, il y a la dépendance morale devant l’invasion militante ou insidieuse des modèles et des standards de vie occidentaux. Les organisations internationales qui contribuent au financement d’un certain nombre d’états, et certaines ONG, font pression pour imposer leurs critères anthropologiques et moraux. D’une certaine façon, on peut dire que se développe une pratique de l’aide conditionnelle. Si l’expérience historique de l’Europe peut éclairer ce point, je dirais que nous sommes devant une version moderne du paternalisme européen du XIXème siècle. A l’époque, on nourrissait et on soignait les miséreux en les exhortant à vivre moralement. Aujourd’hui, on est assez cynique pour nourrir et soigner la misère au prix de l’abandon des traditions antiques de la société africaine. C’est du paternalisme à rebours, non pas pour moraliser les hommes mais pour les arracher à leurs repères éthiques.

Des objectifs de renouveau.

Nourrir un regard d’espérance

J’ai trouvé particulièrement stimulant et important d’entendre que les évêques africains se situent délibérément en dehors de toute fatalité, et ce aussi bien dans l’Assemblée générale du Synode où les pères intervenaient successivement les uns après les autres, que dans les groupes de travail linguistique où nous étions une petite vingtaine autour d’une table. Les évêques pensent, croient et espèrent que l’Afrique a le moyen de vivre, qu’ils ne doivent pas succomber perpétuellement à l’humiliation de l’assistance, que des gouvernants efficaces se lèveront plus nombreux pour permettre que les ressources de l’Afrique soient vraiment au service des peuples africains et non pas au service de certaines familles ou de certains clans. Sans cette espérance, ils craindraient avec raison la violence suicidaire et le désespoir social de jeunes hommes et de jeunes femmes arrachés au cadre habituel de leur existence et jetés sans aucun projet de vie autour des grandes villes. Car quand on n’a plus rien, on n’a rien à sauvegarder, on peut tout perdre.

Le premier objectif est donc de nourrir cette conviction que les hommes et les femmes de l’Afrique sont réellement capables aujourd’hui de surmonter les handicaps de leur situation pourvu que la gouvernance de leurs états soit raisonnable et transparente.

Une Église prophétique

Un second objectif consiste à mettre en œuvre la mission prophétique de l’Église. J’ai évoqué tout à l’heure l’expression « d’Église : Famille de Dieu » qui était sorti de la première session du Synode pour l’Afrique en 1994. Cette année, la valeur d’une Église prophétique revenait constamment. Mais encore faut-il comprendre ce que recouvre cette réalité. Pour les évêques présents, à travers ce que j’ai entendu, une Église prophétique est une Église qui annonce une espérance réaliste, qui porte sur les peuples d’Afrique un regard positif et qui espère qu’ils peuvent non seulement se convertir mais qu’ils peuvent transformer leur pays.

Prophétique est d’abord le signe que l’Église donne (ou s’efforce de donner), en constituant une « famille de Dieu » qui dépasse les divisions ethniques, culturelles, nationales et continentales. De ce point de vue, la tenue du Synode fait elle-même partie de cette dimension prophétique : dans le groupe linguistique auquel je participais, pratiquement 15 pays différents étaient représentés, depuis le Maghreb jusqu’à l’Afrique du Sud, depuis l’Egypte jusqu’à l’Afrique de l’Ouest. Et, à travers une demi-douzaine de séances de travail, les représentants de ces différents épiscopat, montraient qu’ils étaient capables de faire quelque chose ensemble, d’assumer leur différence, de reconnaître leur tradition et leur héritage, mais aussi de faire fructifier ces différences pour la fécondité de l’Église. Ce signe, les évêques veulent le donner aussi dans chacun de leur pays, en faisant vivre des communautés d’Églises vivantes (qu’en d’autres lieux on aurait appelé des communautés de base) qui soient des cellules où se développe l’expérience de la fraternité et de la réconciliation. Les communautés religieuses ont un rôle particulier dans ce témoignage prophétique, dans la mesure où elles assemblent dans des communautés uniques, des représentants de nationalité, de culture et d’ethnies différentes.

Dans ce témoignage prophétique le Synode a voulu souligner un certain nombre de points particuliers que je vais évoquer maintenant.

L’Église témoigne de cette espérance par sa lutte incessante contre les fléaux sanitaires, en particulier contre le sida où elle est fortement engagée par des programmes de prévention, d’accueil et de soin. Le message du Synode dans son numéro 31 résume cette implication de l’Église au quotidien.

« L’Église est sans pareille dans la lutte contre le sida et dans les soins apportés à ceux qui en sont infectés et affectés en Afrique. Le Synode remercie tous ceux qui s’impliquent généreusement dans ce difficile apostolat d’amour et de compassion. Nous plaidons pour qu’un soutien ininterrompu soit apporté pour les besoins de la cause. D’accord avec le Pape Benoît XVI, ce Synode avertit solennellement que le problème ne saurait se résoudre par la distribution de prophylactiques. Nous en appelons à la conscience de ceux qui sont vraiment intéressés à arrêter la transmission du sida par voie sexuelle, pour qu’ils reconnaissent les succès déjà obtenus (et connus) par les programmes qui proposent l’abstinence pour les non mariés et la fidélité pour les mariés. Une telle ligne d’action procure non seulement une meilleure protection contre l’expansion du mal, mais aussi se situe en harmonie avec la morale chrétienne. Nous nous adressons à vous les jeunes, que personne ne vous laisse croire que vous ne pouvez pas vous maitriser. Oui ! Vous le pouvez avec la grâce de Dieu. » (Proposition n.31)

L’Église agit prophétiquement également par son engagement social et politique pour la réconciliation entre les ethnies et entre les peuples. Dans beaucoup de pays d’Afrique, des commissions nationales de conciliation ou de réconciliation, ou des commissions de gestion de crise, associent habituellement des représentants des grandes religions à leurs travaux, et même si les catholiques sont minoritaires dans leur pays ils sont toujours sollicités et accueillis avec intérêt pour leur contribution à ce travail.

Mais plus largement, l’Église agit prophétiquement en appelant les responsables politiques au respect de la démocratie et à la lutte contre la corruption active et passive et en s’engageant fermement à l’égard des dirigeants chrétiens qu’elle exhorte. Je cite ici l’appel du Synode dans son message final :

« Plusieurs catholiques, exerçant de hautes fonctions n’ont malheureusement pas été performants. Le Synode invite ces gens à se convertir, ou à quitter la scène publique pour ne pas causer des dégâts au sein du peuple et salir la réputation de l’Église Catholique ». (Message n°23)

Prophétique aussi est l’implication de l’Église dans le développement économique et la réalisation de micro projets, prophétique est l’appel qu’elle adresse à ses membres de pratiquer la gouvernance de l’Église d’une façon transparente et désintéressée, prophétique par le soutien qu’elle apporte aux familles et à leur stabilité, prophétique par son engagement dans la promotion de la femme africaine…

Cette dimension prophétique de la mission de l’Église, le Synode l’a exercé en lançant un certain nombre d’appel :

Dans un domaine particulièrement sensible, qui a été longuement discuté à différents niveaux en assemblée générale et en groupe linguistique, le Synode a exhorté à lutter contre les pratiques de magie et de sorcellerie et surtout contre les désastres qu’elles causent dans les groupes sociaux et les familles, par exemple quand les accusations mensongères de sorcelleries aboutissent à l’exécution des intéressés.

Une vigilance particulière a été demandée à l’égard des enfants et des femmes qui sont les premières victimes des violences armées, mais plus largement à l’égard des enfants abandonnés non scolarisés, des enfants travailleurs, des enfants soldats et des enfants victimes des violences communes.

Le Synode a lancé un appel aux hommes africains pour qu’ils assument leurs rôles de pères responsables, de bons et fidèles époux et de responsables dans la société.

Le Synode a fait un appel pressant aux grandes puissances de ce monde.

« Aux grandes puissances de ce monde, nous disons : traitez l’Afrique avec respect et dignité. L’Afrique en appelle à un changement de l’ordre économique mondial, à cause des structures injustes qui s’entassaient sur elle. La récente turbulence dans le monde financier démontre qu’il est temps d’opérer des changements radicaux dans les règles du jeu. Mais ce serait une autre tragédie si ce réajustement devait viser les intérêts des riches au détriment des pauvres. La plupart des conflits, des guerres et des situations de pauvreté en Afrique proviennent essentiellement de structures injustes…. Un ordre mondial juste et nouveau n’est pas seulement possible, mais nécessaire pour le bien de toute l’humanité. Un changement est nécessaire pour ce qui concerne le poids de la dette pesant sur les nations pauvres, mortel pour leurs enfants. Les multinationales doivent arrêter la dévastation criminelle de l’environnement dans leur exploitation vorace des ressources naturelles. C’est une politique à courte vue qui fomente des guerres pour obtenir des gains rapides à partir du chaos, au prix des vies humaines et du sang répandu. N’y aurait-il personne dans leur rang qui soit capable et désireux d’arrêter ces crimes contre l’humanité. » (Propositions n° 32 et 33)

Enfin, et par-dessus tout, le plus important est l’appel lancé aux chrétiens pour qu’ils soient lumière du monde et sel de la terre, témoins de l’Evangile dans la vie quotidienne et témoins de la foi dans la rencontre avec les autres religions. Pour leur permettre de rendre ce témoignage et d’assumer leur responsabilité de laïcs dans l’Église, le développement de la formation est indispensable à tous les niveaux : formation de la jeunesse, formation des adultes, formation supérieure dans les universités catholiques.

Conclusion

En conclusion je voudrais vous lire un dernier passage du message du Synode. Je pense qu’il évoque avec puissance le courage et la détermination des évêques africains qui étaient réunis.

« Le Synode s’attriste en remarquant que c’est la honte qui caractérise plus d’un pays africain. Nous pensons en particulier au cas lamentable de la Somalie empêtrée dans de violents conflits depuis près de deux décennies, avec des conséquences sur les nations avoisinantes. Nous n’oublions pas non plus la tragédie des millions de personnes dans la région des Grands Lacs et la durable crise au nord de l’Ouganda, au sud Soudan, au Darfour, en Guinée Conakry, et en d’autres endroits. Les gouvernants de ces nations doivent prendre leur responsabilité devant leurs prestations génératrices de douleur. En bien des cas, on se trouve devant la situation de soif du pouvoir et des richesses au détriment du peuple et de la nation. Quel que soit le niveau de responsabilité attribuable aux intérêts étrangers, on ne peut nier une honteuse et tragique complicité des leaders locaux : des politiciens qui trahissent et mettent leurs nations aux enchères, des hommes d’affaires éhontés qui se coalisent avec les multinationales voraces, des africains vendeurs et trafiquants d’armes qui spéculent sur les armes légères cause de la destruction de vies humaines, des agents locaux d’organisations internationales qui se font payer pour diffuser des idéologies nocives auxquelles ils n’adhérent pas eux-mêmes.

Les conséquences néfastes de toutes ces menées ne sont cachées pour personnes : pauvreté, misère et maladie, des réfugiés dedans, dehors et outre-mer, recherche d’une meilleure vie qui conduit la fuite des cerveaux, migrations clandestines, trafics d’hommes, guerres, effusion de sang, souvent par personnes interposées, atrocité d’enfants soldats, l’indicible violence faite aux femmes. Comment peut-on être fier de régner sur un tel chaos ? Qu’est devenue la pudeur traditionnelle africaine ? Ce Synode le proclame haut et fort : le temps est venu de changer des habitudes pour l’amour du présent et des générations futures. » (Propositions n° 36-37)

Dimanche dernier, le Saint Père a clôturé le Synode par la célébration de l’Eucharistie. L’évangile était celui de la guérison de Bartimée. L’homélie de Benoît XVI a souligné que ces quelques versets devaient être été reçus et entendus comme une lumière d’espérance sur la situation de l’Afrique :

« ‘Confiance, lève-toi, il t’appelle’. C’est ainsi qu’aujourd’hui le Seigneur de la vie et de l’espérance s’adresse à l’Église et aux populations africaines, au terme de ces semaines de réflexion synodale. Lève-toi, Église en Afrique, famille de Dieu, parce que le Père céleste t’appelle…. Entreprends le chemin d’une nouvelle évangélisation avec le courage qui te vient de l’Esprit-Saint. L’action d’évangélisation urgente (…) comporte également un appel pressant à la réconciliation, condition indispensable pour instaurer en Afrique des rapports de justice entre les hommes et pour construire une paix équitable et durable, dans le respect de chaque individu et de tous les peuples… Dans cette mission de grande importance, toi, Église pèlerine dans l’Afrique du troisième millénaire, tu n’es pas seule. Toute l’Église catholique t’est proche par la prière et la solidarité active, et du ciel t’accompagnent les saints et les saintes africains qui, par leur vie et parfois leur martyre, ont témoigné leur pleine fidélité au Christ. »

Frères et sœurs, cet appel vibrant adressé par le Pape Benoît XVI aux pères synodaux, et à travers eux à tous les catholiques d’Afrique, de Madagascar et des Iles du Pacifique est aussi un appel lancé, comme les pères synodaux nous l’ont dit, au-delà des limites de l’Afrique et donc à nous. Car si l’Afrique peut nourrir une espérance légitime pour l’avenir, c’est aussi une espérance pour l’ensemble de l’Église. Si l’Église qui est en Afrique a besoin de s’appuyer sur la solidarité et la fraternité des autres Eglises locales, c’est d’abord pour trouver les moyens de mettre en valeur ses ressources et ses richesses, ses richesses naturelles et ses richesses humaines. Si l’Afrique a besoin de nous, j’ai surtout découvert durant ces trois semaines à Rome que nous avons plus encore besoin de l’Afrique. En effet, nous avons non seulement besoin de la présence de nos frères et de nos sœurs africains près de nous, ici, en France, mais nous avons besoin de l’Église en Afrique, à Madagascar et dans les Iles, pour que le corps tout entier de l’Église atteigne sa plénitude et que la force prophétique de l’Evangile ne soit pas simplement manifestée dans des conditions particulièrement favorables, mais qu’elle soit confrontée aux contraintes et aux difficultés propres au continent africain aujourd’hui. Alors tous pourront voir que Dieu n’abandonne pas son peuple, qu’Il est présent et vivant au cœur de son Église en Afrique et dans le monde entier.

Je vous remercie.

Liban : le card. Vingt-Trois s’adresse aux jeunes

1 juillet, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-21430?l=french

Liban : le card. Vingt-Trois s’adresse aux jeunes

« Aimez le Christ, comme votre modèle et votre idéal »

ROME, Mardi 30 juin 2009 (ZENIT.org) – « Ayez le souci de connaître toujours mieux le Christ, en restant fidèles à son amitié, en vous rappelant de ses paroles qui doivent demeurer pour vous objet de réflexion et de méditation. Aimez le Christ, comme votre modèle et votre idéal », voici quelques paroles de cette allocution du cardinal a André Vingt-Trois aux jeunes du Liban, au sanctuaire du Christ-Roi, le 28 juin dernier.

Le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la conférence des évêques de France, a été l’envoyé spécial du pape Benoît XVI pour la clôture de l’Année Saint-Paul au Liban.

Allocution du cardinal André Vingt-Trois aux jeunes du Liban

Sanctuaire Christ-Roi, 28 juin 2009

Très chers représentants de la jeunesse libanaise, je voudrais féliciter les organisateurs de la Clôture de l’Année paulinienne au Liban, qui ont prévu et organisé cette rencontre avec vous. Vous, les jeunes qui constituez l’espérance et l’avenir de votre pays et de vos Eglises.

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI m’a demandé de Le représenter pour clôturer l’année paulinienne qui a été célébrée par l’Eglise Catholique dans chaque partie du monde et qui, je crois, a eu un impact particulier dans les régions où l’Apôtre Paul a personnellement témoigné du Christ.

Le Saint Père m’a explicitement demandé de vous parler de Jésus ; « ce Jésus que Dieu a ressuscité des morts » (cf. Rom 10,9). Il m’a demandé d’exhorter les fidèles à vivre, avec des forces renouvelées, la foi dans leur vie de chaque jour, à chercher la volonté de Dieu dans la prière, la méditation et la réflexion sur les besoins spirituels.

Nous sommes précisément dans un lieu marqué par cette sensibilité aux besoins spirituels des hommes, notamment les plus démunis sur le plan physique à cause de la maladie ou de l’âge. Nous nous trouvons dans le lieu choisi par le Père Jacques, le Capucin libanais que vous connaissez sûrement bien et dont nous célébrons le premier anniversaire de la béatification. Le P. Jacques est un Bienheureux libanais qui a vécu au XXème siècle. Il a su reconnaître dans le prochain la Personne du Christ. Il a vu le Christ dans les pauvres et les malades et il a témoigné  du Christ devant les jeunes qu’il rencontrait, réunissait et éduquait. Le Bienheureux P. Jacques a été un vrai apôtre de la jeunesse.

Je suis heureux de me trouver parmi vous, chers amis, les jeunes de l’Eglise du Liban, ce petit pays magnifique, grand par ses traditions qui remontent si loin dans l’histoire. Grand surtout pour le caractère religieux de son peuple qui, entre le christianisme et l’Islam, cherche le visage de Dieu et s’attache aux valeurs et aux idéaux propres à l’Orient, cette partie du monde qui a eu le privilège d’être à l’origine de la foi monothéiste. Dans cet Orient religieux, cher au monde entier, Saint Paul par la grâce qu’il a reçue du Christ sur la route de Damas, a reconnu Son vrai visage, médité Son mystère de Fils Bien-aimé de Dieu et s’est attaché fermement à Lui, en tant que seul Sauveur et Seigneur de l’humanité et de toute la création.

Je me demande comment cet apôtre éminent serait arrivé à tant de profondeur dans ses pensées, de richesse dans ses expressions et de persévérance dans ses épreuves, si dans sa jeunesse il n’avait été rempli de zèle, d’enthousiasme et de fermeté dans la recherche de la vérité de Dieu.

Comme Jésus, les disciples, les martyrs et tous les saints, Saint Paul a vécu une jeunesse attachée à l’idéal de la vérité et du bien qui lui a été révélé dans le visage du Christ ressuscité et glorifié. Dès lors, le Christ est devenu pour lui un trésor inépuisable auquel il s’est irrévocablement attaché. Selon les termes de la parabole de Jésus, Saint Paul comme le négociant de perles fines, a trouvé la perle de grand prix, et « l’ayant trouvé, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait et il l’a achetée » (Mt 13, 45-46).

Chers amis,

En vous regardant ce soir et en observant votre allégresse et votre joie, je ne peux que penser et vous inviter à penser avec moi à Jésus, jeune de Nazareth, à son courage et son audace, à sa fierté et son amour. Nous pensons à Lui, le même Jésus qui proclame la vérité de Dieu Notre Père, qui révèle sa miséricorde et son pardon envers les faibles et les pécheurs et qui souffre d’être insulté, abandonné et condamné au supplice de la croix. Tant de courage, oui ; mais aussi tant d’amour qui jaillit d’un cœur sincère qui, pour vous jeunes, doit constituer l’exemple qui vous attire dans votre effort pour saisir le sens de votre vie. Jésus ne se contente pas de vous adresser des paroles. Il vous montre l’exemple en disant : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Il vous prêche l’esprit de pénitence, de prière et de confiance en Dieu, et Il pratique Lui-même tout cela. Voilà pour vous la règle qui doit guider votre vie et vous permettra de posséder la sagesse et d’expérimenter le bonheur véritable. Elle se résume dans ses paroles : « Apprenez de moi ».

A l’école du Christ et à l’exemple de Saint Paul, vous êtes appelés à Le reconnaître comme le seul Maître qui vous enseigne comment obéir à Dieu, comment se fier à sa Providence et avoir confiance dans son Amour. Il est votre sauveur et votre libérateur, car Il vous a tant aimés, jusqu’à la mort. En Lui, vous trouverez toujours la personne qui se penche sur vos blessures et soutient vos fragilités. Si vous savez bien comme Il est toujours là, à côté de vous, dans vos cœurs, pour que vous ne vous sentiez jamais seuls ! Comme un ami, Il marche à vos côtés chaque jour de votre vie, l’ami le plus beau, le plus vrai, le plus sincère qui ne vous laisse pas dans l’embarras. Il ne vous tourne pas le dos et Sa fidélité pénètre la profondeur de vos cœurs et renforce vos capacités d’aimer et de donner votre vie pour vos frères.

Jésus est votre lumière dans les sentiers de la vie. Comme Il a transformé la vie de Paul en le constituant apôtre des nations, Il est pour vous la force qui peut transformer votre vie en la bâtissant sur la vérité, le bien et l’amour. A chacun de vous et à tout jeune du monde entier, Il renouvelle son appel adressé une fois au jeune homme riche : « Viens et suis-moi » (Mt 19, 21). Malheureusement, nous savons que la tristesse et la crainte s’étaient emparé de ce jeune homme noyé dans ses richesses, dans son monde privé. Fermé sur lui-même, ses idées et ses projets propres, il resta dans l’ombre, ne sortit pas à la lumière et s’éloigna du Seigneur.

Chers amis, ne fermez pas vos cœurs, ne permettez pas à la tristesse et à la crainte de s’installer dans vos cœurs. Ne laissez pas le monde et ses fausses maximes vous conduire à des vérités trompeuses, à l’indifférence et peut-être au désespoir. Rappelez-vous de ces belles paroles de l’apôtre Paul, riches de confiance et d’espérance : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Rom 8,31-32) Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? »

Soyez dignes et fiers de votre attachement au Christ. Appréciez la dignité d’appartenir à un Dieu humble et doux et de partager sa vie dans l’amour, l’humilité et la miséricorde. Ayez le souci de connaître toujours mieux le Christ, en restant fidèles à son amitié, en vous rappelant de ses paroles qui doivent demeurer pour vous objet de réflexion et de méditation. Aimez le Christ, comme votre modèle et votre idéal. Gardez la foi, comme un feu qui brûle dans vos esprits et protège votre élan et votre espoir.

Au terme de sa rencontre avec le scribe qui l’interrogeait au sujet de l’amour du prochain, Jésus, après lui avoir raconté la parabole du bon samaritain, lui dit : « Va et fais de même » (Lc 10, 37). Dieu nous appelle tous à aimer de cet amour noble et divin qui perfectionne en nous son image. Vous êtes les icônes de Dieu au Liban. Allez sans crainte et semez l’amour dans cette terre sainte qui a reçu Notre Seigneur à Tyr et Sidon et que Saint Paul visita comme le dit le livre des actes des apôtres (21, 1-7), cette terre où il fut accueilli par la communauté de Tyr durant sept jours. Il visita aussi Tabarja, Jbeil et Batroun ; et d’après un Père de l’Eglise, même Tripoli. Vous gardez précieusement les traces de son passage. Votre histoire religieuse témoigne de la profondeur d’une foi qui fait fleurir les saintes et les saints libanais, élevés sur les autels de l’Eglise universelle, et qui intercèdent toujours pour ce pays et appellent sur lui la bénédiction de Dieu pour que sa Providence continue à rendre féconde cette terre de sainteté.

Je vous salue chaleureusement. Je prie pour vous et avec vous pour que le Christ Notre Seigneur vous accompagne par Sa grâce et Son amour, afin que vous gardiez la flamme de votre espérance et trouviez en Lui le chemin de votre bonheur. Ainsi votre bonheur sera aussi le bonheur de votre pays et de tous vos concitoyens. Qu’Il soit loué pour les siècles des siècles. Amen.

par André VINGT-TROIS: Sainte Marie, Notre-Dame de la Prière

19 mai, 2009

du site:

http://www.ilebouchard.com/prieres/priere_mgr.htm

Sainte Marie, Notre-Dame de la Prière

Tu as accueilli dans la foi le message de l’ange Gabriel
et tu es devenue la Mère de Jésus, le Fils Unique de Dieu,
Apprends-nous à prier pour grandir dans la foi.

A la Visitation, tu as exulté de joie par le Magnificat,
Apprends-nous à rendre grâce à Dieu.

A Cana, tu as prié le Christ
pour qu’Il donne le vin des noces,
Apprends-nous à intercéder pour nos frères.

Debout au pied de la Croix,
tu as souffert avec Jésus par amour pour les pécheurs,
Apprends-nous à accueillir la miséricorde du Père.

A la Pentecôte, tu priais avec les Apôtres
quand ils ont reçu la plénitude de l’Esprit-Saint,
Apprends-nous à demander l’Esprit pour témoigner de l’Evangile.

Tu es la Mère de l’Eglise et la Protectrice des Familles,
Veille sur chacune de nos familles,
Apprends-nous à nous aimer avec fidélité.

Tu es la Mère de l’humanité et la Patronne de la France,
ouvre notre pays aux dimensions universelles de l’amour de Dieu.
Apprends-nous à servir avec générosité.

O Marie conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à vous !
Notre-Dame de la Prière, apprenez-nous à prier !

Le 8 décembre 1999
André VINGT-TROIS, Archevêque de Tours

Fête de l’Epiphanie : par André Vingt-Trois Archevêque de Paris – dimanche 7 janvier 2007

5 janvier, 2009

du site:

http://www.catholique-paris.com/276-3-Fete-de-l-Epiphanie.html

Fête de l’Epiphanie 
 
4 janvier

Le premier dimanche après le 1er Janvier, l’Epiphanie célèbre la présentation de Jésus aux trois Rois mages. Le mot Epiphanie désigne la manifestation de Dieu aux hommes en la personne de Jésus-Christ, et plus précisément, sa venue dans le monde en un temps historique donné. C’est le sens profond de la fête de l’Épiphanie qui, avec l’évocation des mages venus d’Orient, rappelle également la dimension universelle du message évangélique. Le mystère de Noël et de l’Epiphanie constitue, à l’intérieur de l’année liturgique, comme le commencement de l’œuvre de notre salut, qui a son point culminant à Pâques et à la Pentecôte.
« L’Epiphanie fait partie du cycle des manifestations du Christ en ses premiers temps. Ces manifestations ont commencé par la Nativité, elles se poursuivent par l’Epiphanie que nous fêtons aujourd’hui, elles se continuent par le baptême du Christ où le Seigneur va être manifesté comme le Messie, le Fils bien-aimé du Père. Ce cycle se conclura le dimanche suivant par la lecture des Noces de Cana qui sont, dans l’évangile selon saint Jean, le premier signe par lequel le Christ manifeste que le temps du Royaume est arrivé. Dans ce cycle de manifestations, l’Epiphanie joue un rôle très particulier. Dans la nuit de la Nativité, les bergers ont été conduits par la voix de l’Ange vers le nouveau-né emmailloté dans une mangeoire, et nous savons que, dans le langage biblique, la voix de l’Ange, c’est la voix de Dieu. C’est Dieu lui-même qui appelle des membres de son peuple et qui les conduit à venir reconnaître le Messie dans l’enfant nouveau-né.

Avec les Mages, nous sommes dans une autre construction. Ce n’est pas la voix de Dieu qui les a appelés à venir, c’est une étoile. Qu’est-ce que l’Evangile veut nous faire comprendre en nous montrant ces trois hommes venus de pays lointains en suivant une étoile ? Il veut nous faire comprendre, -sans exclure que leur intelligence ait été soutenue et aidée par la lumière de Dieu -, elle veut nous faire comprendre que c’est par leur recherche, leur réflexion, leur désir de progresser dans la connaissance de la vérité, qu’ils ont fait ce long chemin et qu’ils viennent à la rencontre de celui dont on leur a dit qu’il serait le Messie, le Roi des Juifs qui vient de naître. D’une certaine façon, on peut considérer que le point de départ de ces hommes n’est pas la révélation biblique : ils ne s’inscrivent pas dans la tradition des prédications prophétiques, ils ne s’inscrivent pas dans l’annonce prophétique du Messie ; ils s’inscrivent dans un autre mouvement qui est la recherche de l’intelligence humaine vers plus de vérité et d’authenticité pour l’existence des hommes. Ils savent cependant que ce Roi des Juifs dont ils ont découvert qu’il venait de naître, serait quelqu’un d’exceptionnel.

La tradition chrétienne a interprété cette réflexion, cette recherche de la vérité, comme un signe théologique proposé à notre réflexion. Que signifie ce signe des mages suivant l’étoile ? Il signifie que l’homme de bonne volonté qui suit avec rigueur les critères de l’intelligence humaine peut parvenir à trouver le chemin vers Dieu ; que l’homme fidèle à sa conscience et guidé par son intelligence peut être conduit vers Dieu, non pas parce qu’il se passerait quelque chose de miraculeux mais tout simplement parce que, – nous le savons par la foi que nous avons dans l’Ecriture -, Dieu a créé l’homme à son image, et cette image de Dieu qui repose dans l’homme rend l’homme non pas seulement capable de rencontrer Dieu mais vraiment désireux de rencontrer Dieu.

Ainsi, nous sommes invités à ne pas considérer tout le travail de l’intelligence humaine comme une espèce de labeur sans grande signification pour organiser le monde le moins mal possible, mais à y reconnaître aussi une démarche vers la connaissance de la vérité plénière qui est le Christ. C’est ainsi que les Pères anciens ont interprété tout l’effort de la philosophie grecque en reconnaissant qu’il y avait dans cette recherche de la vérité une démarche qui conduisait vers la sagesse, et que cette sagesse ne pouvait être quelqu’un d’autre que Dieu lui-même. Ainsi encore, ces mages symbolisent l’ouverture universelle de la manifestation de Dieu en ce monde.

Si nous sommes aujourd’hui disciples du Christ, c’est précisément parce que le Mystère qui avait été caché aux générations antérieures a été dévoilé dans le Christ, comme nous le dit saint Paul ; c’est parce que les Nations païennes ont été associées à la Promesse et à l’Alliance ; c’est parce que nous avons été gratuitement introduits dans ce Mystère d’Alliance que nous pouvons à notre tour nous reconnaître dans Jésus, le Messie de Bethléem. C’est dire que tout acte de foi dans le Christ, toute reconnaissance du signe messianique donné dans l’enfant couché dans une mangeoire, s’accompagne inévitablement d’une exultation car nous découvrons et nous comprenons que l’amour infini de Dieu est ouvert à tous les hommes. »

+ André Vingt-Trois Archevêque de Paris – dimanche 7 janvier 2007
 

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