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« Un homme pauvre, méprisé » Ecclésiaste 9 :15

16 février, 2012

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« Un homme pauvre, méprisé » Ecclésiaste 9 :15

En lisant le livre de l’Ecclésiaste avec attention, on trouve cette expression qui revient souvent, et qui est comme la clé du livre : « sous le soleil ».
En effet, le Saint Esprit ne considère ici que ce qui est « sous le soleil ». Il ne regarde rien au-delà de cette vie, ni félicité, ni malheur éternel. Une fois, il mentionne le « shéol », le lieu où vont les âmes après la mort, pour dire qu’il n’y a plus ce qui fait l’occupation de l’homme sur la terre, mais ne dit rien de ce qu’on y trouve. Il ne regarde pas plus loin que ce qui est « sous le soleil ». Le péché étant là, tout y est gâté, tout y est « vanité et poursuite du vent » (Ecc 2 :26).
Mais aussi, « sous le soleil », au milieu d’une telle scène, l’Ecclésiaste, qui était un sage, a trouvé une sagesse qui a été grande pour lui. Il dit :
« J’ai vu aussi cette sagesse sous le soleil et elle a été grande pour moi : il y avait une petite ville, et peu d’hommes dedans ; et un grand roi vint contre elle, et l’investit, et bâtit contre elle de grandes terrasses ; or il s’y trouva un homme pauvre et sage, qui délivra la ville par sa sagesse ; mais personne ne se souvint de cet homme pauvre. Et j’ai dit : Mieux vaut la sagesse que la force ; mais la sagesse du pauvre est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées. Les paroles des sages sont écoutées dans la tranquillité plus que le cri de celui qui gouverne parmi les sots. Mieux vaut la sagesse que les instruments de guerre, et un seul pécheur détruit beaucoup de bien » (Ecc 9 :13-18).
Sous le soleil, où tout est vanité, la sagesse s’est vue, non dans ce qui est grand, ni dans ce qui est riche, mais chez un pauvre homme dont la sagesse a été plus puissante que les instruments de guerre.
Qui est ce pauvre méprisé ? Quel est cet oublié duquel personne ne se souvient, et dont les paroles ne sont pas écoutées ? Ne cherchons pas la réponse hors de la bonne Parole de Dieu. C’est elle qui répond à toutes les questions qui peuvent monter au coeur d’un homme, et voici ce qu’elle nous dit :
« Mais nous prêchons Christ crucifié, aux juifs occasion de chute, aux nations folie, mais à ceux qui sont appelés, et juifs et grecs, Christ la puissance de Dieu, et la sagesse de Dieu ; parce que la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et que la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Corinthiens 1 :23-25).
« Il n’a ni forme, ni éclat ; quand nous le voyons, il n’a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer. Il est méprisé et délaissé des hommes, hommes de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on cache sa face ; il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (Esaïe 53 :2-3).
« Je suis devenu un étranger à mes frères et un inconnu aux fils de ma mère » (Psaume 69 :8).
« Mais moi je suis un ver, et non point un homme, l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple » (Psaume 22 :6).
« Et moi je suis affligé et pauvre » (Psaume 40 :17).
« Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Corinthiens 8 :9).
Ces quelques passages, et bien d’autres, que c’est du Seigneur Jésus qu’il est ainsi parlé. Il est « le pauvre » , « l’oublié », « le méprisé ». Il est encore cela aujourd’hui. Que fait-on de Lui, et qui écoute ses paroles ? Pourtant, Il parle comme jamais homme n’a parlé (Jean 7 :46).
Maintenant que nous connaissons « l’homme pauvre », il nous sera facile de désigner la petite ville. Puisque le Seigneur s’est trouvé en elle, il est évident que c’est Jérusalem. Petite, si on la compare aux grandes cités de ce monde, mais combien importante, vu qu’elle est la ville du grand Roi des rois.
C’est près de cette ville, sur le Calvaire, que s’est livrée la plus terrible lutte qui ait jamais eut lieu dans l’histoire du monde. Satan, ce grand roi, celui qui « gouverne parmi les sots », avec sa puissance, tous ses artifices, avec tous ses agents, s’est mis en guerre contre cette ville pour s’opposer au règne de Christ. Gigantesque conflit entre les ténèbres et la lumière, entre le mal et le bien, entre Satan et Christ ! Et le « pauvre », abandonné de tous, a remporté la victoire sur la croix, a délivré la ville, et triomphé de Satan et de la mort !
Qui comprendra jamais l’importance d’une telle victoire ? Quelle bénédiction sera répandue, dans peu de temps, sur le monde entier, quand Jérusalem sera à la tête des nations, quand elle sera un sujet de louange sur la terre, quand les nations verront sa justice et les rois de la terre sa gloire en Christ?
En attendant, et jusqu’à maintenant, les paroles du « pauvre » ne sont écoutées que d’un petit nombre. C’est dans la tranquillité, dans le recueillement qu’on les entend. Sa voix se fait entendre partout : c’est la voix de la sagesse ; mais qui l’écoute ? Bienheureux celui qui le fait ; il y trouve la vie et y acquiert faveur de la part de l’Eternel. Mais celui qui pèche contre Lui « fait tort à son âme, et tous ceux qui le haïssent aiment la mort. Avec Lui sont les richesses, les honneurs, les biens éclatants et la justice … les vrais biens » (Proverbes 8 :16-36).
Mais, hélas ! beaucoup préfèrent écouter « le cri de celui qui gouverne parmi les sots » (Ecc 9 :17), la voix même de Satan, qui est bruyante, folle ; voix qui se fait entendre partout, qui elle aussi appelle. Les insensés l’écoutent et ils ne savent pas qu’il y va de leur vie, que ceux qu’elle convie sont « dans les profondeurs du shéol ! » (Proverbes 9 :18).
Mieux vaut la sagesse que toute la puissance de Satan. Et un seul pécheur détruit, pour lui-même ; beaucoup de bien, se prive de bien des richesses et des fruits de la victoire de « l’homme pauvre ».
Cher lecteur, avez-vous considéré que « sous le soleil » tout est vanité ? Que le péché et Satan ont tout gâté ? Que dans un tel lieu, la « Sagesse », qui est Christ, a remporté la victoire sur le pire ennemi de l’homme ? Malgré le mépris dont on le couvre, sa voix s’adresse encore à vous, et veut votre bonheur ; écoutez-la, et fermez vos oreilles à la voix de celui qui, après avoir tout gâté sous le soleil, veut encore vous priver des richesses et des bénédictions qui sont dans le ciel.
Oh ! écoutez la voix de Celui qui s’est appauvri pour vous enrichir !

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Extrait du « Salut de Dieu » année 1921

La souffrance conteste une certaine image de Dieu

11 février, 2012

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=391

Jean-Louis Souletie

La souffrance conteste une certaine image de Dieu

Qui n’est pas confronté à l’énigme du mal, à l’angoisse devant la souffrance, au mystère de la mort ? Nous étouffons souvent, au fond de notre être, ces questions et nous laissons vivre en nous une certaine image de Dieu. Quand nous ne pouvons plus faire taire ces questions, l’image de Dieu que nous avons en nous est plus qu’interrogée. Un an après la tragédie des tsunamis, le P. Jean-Louis Souletie, théologien, nous aide à voir clair dans ces questions et dessine quelques traits du visage de Dieu, tel qu’il est révélé dans la Bible.
À la question de savoir si Dieu aurait pu empêcher les tsunamis et leurs victimes, il n’y a pas de réponse chrétienne. Aucune notion de Dieu ne correspond adéquatement à cette question en christianisme tant que l’on reste dans la justification de Dieu devant le mal. Car s’il l’avait pu, pourquoi ne l’a-t-il pas fait et est-il encore bon ? Et s’il ne l’avait pu, est-il encore Dieu, puissance de salut ? Ce dilemme est le propre de l’homme soumis à l’angoisse devant l’insensé, l’injustifiable qui le surprend et le pousse à interroger Dieu ou à décider qu’il n’existe pas. La foi discerne dans l’impossible réponse à cette question le chemin vers une clarté nouvelle qui n’interroge plus, mais reconnaît où est Dieu jusque dans le négatif de l’histoire et de la nature.
Les solutions dans l’histoire de la doctrine chrétienne ont été cherchées d’abord du côté d’un mal rival de Dieu (le manichéisme combattu par saint Augustin) puis du côté du mal lié à la structure de l’univers fini. On sait la solution de Teilhard de Chardin : « Le mal est un sous-produit inévitable, il apparaît comme une peine inséparable de la création [1] » comme ce désordre lié à la structure de l’univers. Dieu, selon le théologien, veut corriger cet appauvrissement par une volonté constante de salut de sa création qui ne laisse pas au mal le dernier mot. D’autre part, il conçoit la liberté humaine engagée contre le mal au côté de Dieu. Enfin, une solution a été cherchée du côté de la liberté de l’homme [2]. Bref, le mal physique comme celui des tsunamis, comporte un excès injustifiable qu’aucun Dieu ne vient justifier. Ni explication, ni interprétation ne convient ici. La révélation chrétienne fait entendre, dans l’ordre de la foi, comme en face de cet excès du mal, un autre excès que présente la folie de la croix.
L’irréductibilité du mal physique
Les tsunamis ont frappé en Asie du Sud-Est. Plus de deux cent mille morts. Un élan de générosité international et l’information médiatique se tait. Il ne reste que le silence et la souffrance des peuples victimes de ce cataclysme, des personnes et des familles qui sont altérées pour toujours, marquées par la mort innocente de leurs proches. Ces gens étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Resurgit sans cesse l’énigme du mal, non plus celle d’un mal qui affecte l’homme coupable, mais celui qui altère l’homme souffrant. Se trouve posée ici, dans toute sa force de questionnement, l’irréductibilité du mal physique au mal moral. C’était d’ailleurs déjà le mensonge des amis de Job, dans la Bible, qui réduisaient la souffrance de Job à la faute (qu’il n’avait pas commise). Comme Abraham, Job souffre infiniment plus qu’il n’a fait souffrir. Dans le tsunami et quoiqu’il en soit des responsabilités des États et des scientifiques concernant la prévention de ce genre de catastrophe, l’épreuve du mal vient suspendre la morale (sans l’annuler) devant l’excès de souffrance produit par un tel événement.
La déliaison
Le mal vient d’abord surprendre l’homme en détruisant sa capacité à donner du sens à la vie, au monde, à l’histoire, à son identité. Il provoque une rupture du pacte symbolique qui assigne à chacun sa place dans le monde de la culture. Le temps semble s’arrêter. Il n’y a plus hier, ni demain, ni tout à l’heure. La vie ne semble pas avoir d’avenir ni le monde d’histoire. Le mal plonge dans l’instant où s’effondrent toutes les constructions du sujet pour soutenir son existence et pour s’inscrire dans une trajectoire cohérente. C’est alors la souffrance sans raison ni recours.
Délié de tout, le mal subi défie la compréhension et l’interprétation du monde et de la vie. Le mal vient alors déchirer toutes ces relations symboliques qui font l’humanité à travers ces liens qui la tissent. Et la réponse de solidarité internationale est à l’échelle de cette déliaison ; elle veut symboliquement remettre du lien là où toute relation a été dévastée par la souffrance. Face à l’énigme de cette violence destructrice de la symbolisation humaine, la réaction internationale réaffirme le lien qui unit toute l’humanité. C’est le même élan dans les réactions de la société civile aux prises d’otages, comme avec ces journalistes enlevés dont on affiche le portrait dans les capitales européennes et pour lesquels on signe des registres, on écrit des lettres, on rappelle à la radio par des voix médiatiques le lien qui unit chaque citoyen à eux qui sont victimes innocentes d’un mal qu’ils subissent.
La plainte, le récit et le silence
Aux premières heures de l’effroyable cataclysme, il y a la plainte des premiers témoins, les pleurs et les cris : « C’est effroyable » inlassablement répétés à travers ces paroles suffoquées. « Comment dire l’indicible ? », écrivait Primo Levi à propos des camps de la mort dans Si c’est un homme. Comment mettre en ordre des paroles quand nous submergent la peur, la fatigue, la mort, les cris, la solitude ? Pour les victimes des raz-de-marée en Asie, comment raconter la souffrance qu’apporte l’absence de ceux que la mer vient d’emporter sous leurs yeux, la blessure physique qui déchire leur chair pour toujours ? Les caméras des télévisions sont venues et elles ont enregistré les premiers témoignages encore remplis de la plainte devant l’horreur. Elles ont rendu compte et décrit la situation avec tout l’excès et le réalisme de ces paroles qui n’ont pas encore trouvé le chemin du récit. Avant de se taire bientôt, chassées par une actualité mondiale toujours nouvelle. Des articles viendront lentement par la suite pour raconter ce qui s’est passé. Des interviews tenteront un récit, des reportages aussi.
Pour vivre confronté à la souffrance, jaillit un besoin de récit mais celui-ci est long à venir car il y faut beaucoup d’artifice pour remettre de la cohérence dans des propos pleins de mal et de peur. Le récit vient réaliser comme une synthèse du temps. Il permet au narrateur de retrouver son identité. Il peut alors se réinsérer dans une histoire avec des personnages d’avant, d’aujourd’hui et de demain, la famille, des amis, des proches disparus ou heureusement retrouvés ou restés au loin. Après l’instant de l’horreur qui délie toute histoire vient le temps du récit, le temps commun de la préoccupation quotidienne où le lien se reforme entre les humains altérés pour toujours par le mal. Si pour de nombreux souffrants du mal innocents le récit a été une voie de salut, ainsi que le relate Sarah Kofman à propos des camps de la mort dans Paroles suffoquées [3], dans le moment où surgit la souffrance, le mal ne peut se raconter.
L’homme qui souffre voit le temps suspendu : nul avenir, disparition du passé et éternel recommencement de la souffrance. Nul avenir autre que la souffrance pour celui qui souffre comme Job. « Ce qui a été, sera ; et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera » (Qo 1, 9) et « Le Seigneur a fermé de toutes parts le sentier que je suivais et je ne puis plus passer » (Jb 29, 8). Souffrir, c’est semble-t-il souffrir sans fin. La mort elle-même apparaît comme la dernière possibilité. À Auschwitz, rappelle J. Améry, « nous n’avions pas peur de la mort alors même que des humains mouraient partout, mais la figure de la mort avait disparu [4] ». « L’enfer, commente J. Porée, n’a pas par hasard été conçu comme le lieu de la damnation éternelle. Plus impossible que la mort est l’impossibilité de mourir. À l’homme qui souffre, la mort n’apparaît pas comme la première possibilité mais comme la dernière possibilité. En destituant l’avenir de sa fonction constitutive, le mal destitue la mort de sa signification définitive [5]. »
Les ressources vives du sujet souffrant
Devant les énigmes du tourment injuste et innocent, l’être humain est saisi par la souffrance qui le prend tout entier en ignorant la séparation entre la matière et l’esprit. Le livre de Job mêle la description de la chair malade du serviteur de Dieu et les détresses de son cœur. Les prisonniers des camps de la mort parlent ainsi, identifiant leur douleur et leur corps, leur identité et leur corps : « Je suis deux pieds qui traînent l’un après l’autre et une tête qui pend… Je tomberai ou je ne tomberai pas ; si je tombe c’est le corps qui aura décidé. Moi, je ne sais pas. Ce que je sais c’est que je ne peux plus marcher, et je marche [6]… » Il arrive une étonnante proximité entre le dehors et le dedans, entre la présence à soi intérieure et la réalité extérieure qui fait souffrir. Mais dans cette description qui semble diminuer l’homme jusqu’à ce qu’il soit un automate, il ne semble pourtant pas que le sujet soit réduit à une chose. La souffrance ne détruit donc pas la liberté mais l’introduit dans une expérience paroxystique en la mettant au contact de ce qui n’est pas elle. Certains souffrent et font souffrir ; d’autres qui souffrent aussi s’ouvrent à la souffrance d’autrui, comme en témoignent les expériences limites de l’univers concentrationnaire.
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[1] Les directions de l’avenir, Œuvres t. XI, Paris, Éd du Seuil, 1973, p. 212.
[2] P. Ricœur, L’homme faillible. Finitude et culpabilité I, Paris, Éd. Aubier, 1960.
[3] Paris, Éd. Galilée, 1987, cité par Jérôme Porée, Le mal. Homme coupable, homme souffrant, Paris, Éd. Armand Colin, 2000.
[4] Par-delà le crime et le châtiment, Paris, Éd. Actes Sud, 1995, p. 45.
[5] Jérôme Porée, Le mal. Homme coupable, homme souffrant, Paris, Éd. Armand Colin, 2000, p. 152-153.
[6] R. Antelme, L’espèce humaine, Paris, Éd. Gallimard, 1957, p. 247.

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