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Les mille femmes de Salomon – 1 Rois 11, 1-3

25 août, 2012

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/insolite/2012/insolite_120420.html

Les mille femmes de Salomon – 1 Rois 11, 1-3

La tradition voit Salomon, le fils de David, comme le plus grand roi d’Israël après son père. C’est lui qui bâtit le Temple, qui agrandit le territoire à des dimensions jamais égalées et qui épouse le plus grand nombre de femmes! En plus de ses femmes juives, il conclut des mariages avec un grand nombre d’étrangères, des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes, des Hittites et même la fille de Pharaon.
Elles étaient originaires des nations dont le Seigneur avait dit aux fils d’Israël : « Vous n’entrerez pas chez elles et elles n’entreront pas chez vous, sans quoi elles détourneraient vos cœurs vers leurs dieux. » C’est justement à ces nations que Salomon s’attacha à cause de ses amours. Il eut sept cents femmes de rang princier et trois cents concubines. (1 Rois 11,2-3)
La polygamie était acceptée dans le monde biblique. Tous les rois d’Israël vivaient avec beaucoup d’épouses, mais Salomon est le champion, avec ses sept cents femmes et ses trois cents concubines. Imaginez, il pouvait disposer d’une femme différente dans son lit, chaque soir, pendant trois ans, avant de revoir la première!
Le roi Salomon épousa-t-il réellement autant de femmes? Le nombre 1000 possède une valeur symbolique dans la Bible; il signifie tout simplement une très grande quantité. Ce nombre se veut impressionnant parce que le but de l’auteur est justement de nous émerveiller. Au chapitre précédent, le rédacteur décrit toutes les richesses de ce grand roi. Les femmes font partie de ses richesses. Car pour entretenir autant de femmes, il fallait avoir beaucoup d’argent : elles réclamaient garde-robes, bijoux et… beaucoup de patience!
Le premier verset de notre récit précise que plusieurs de ces femmes provenaient de nations étrangères. Il s’agissait bien entendu de mariages « politiques », dans le but de faire alliance avec des chefs d’États voisins. C’était la coutume. Mais il n’y avait pas que de bons côtés à vivre avec de nombreuses épouses…
À l’époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes détournèrent son cœur vers d’autres dieux; et son cœur ne fut plus intègre à l’égard du Seigneur, son Dieu, contrairement à ce qu’avait été le cœur de David son père.
Salomon suivit Astarté, déesse des Sidoniens, et Milkôm, l’abomination des Ammonites. Salomon fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur et il ne suivit pas pleinement le Seigneur, comme David, son père.
C’est alors que Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosh, l’abomination de Moab, et aussi pour Molek, l’abomination des fils d’Ammon. Il en fit autant pour les dieux de toutes ses femmes étrangères : elles offraient de l’encens et des sacrifices à leurs dieux. (1 Rois 11,4-8)
Salomon n’a donc pas seulement construit le temple du Seigneur à Jérusalem, il éleva des sanctuaires dédiés à d’autres divinités et destinés à ses femmes ainsi qu’aux commerçants étrangers, pour favoriser les bons contacts avec les nations voisines. Cette pratique met en péril la pureté de la foi au vrai Dieu d’Israël. Le problème de Salomon n’est pas vraiment son grand nombre de femmes, mais le fait qu’elles le détournent du seul vrai Dieu.
On retrouve ici les préoccupations de ceux qui complètent la rédaction de la Bible, au retour de l’exil à Babylone. Quand les Juifs reviennent à Jérusalem et reconstruisent le Temple, il est crucial de fonder l’identité du peuple sur sa foi en YHWH, avec qui il a fait alliance. Le récit des femmes de Salomon est alors raconté pour discréditer les mariages mixtes.
Les recherches archéologiques ont bien montré que les cultes aux autres divinités de la région étaient bien présents en Israël. La Bible ne cessera pourtant de mettre le peuple en garde contre la pratique de ces cultes contraires à la foi au vrai Dieu. Le meilleur exemple se trouve dans les dix commandements qui interdisent de servir d’autres dieux ou de fabriquer des idoles. Au retour de l’exil, les mariages avec des femmes étrangères sont perçus comme une menace à l’intégrité de la race et de la foi.
À deux reprises dans le texte, Salomon est comparé désavantageusement à son père : David, lui, a toujours été fidèle au Seigneur. On sait pourtant que David n’était pas un ange. Cependant, malgré son adultère et son meurtre, il n’a jamais construit de sanctuaires aux dieux étrangers. Pour cette raison, David reste le modèle du roi fidèle à son Seigneur, un modèle à suivre pour les autres rois qui viendront après lui. Ne sont-ils pas appelés « fils de Dieu »?

Psaume 103

15 mai, 2012

http://www.levangile.com/Bible-Annotee-Psaumes-103.htm

LE LIVRE DE PSAUME

Chapitre 103

1 De David. Mon âme, bénis l’Éternel, Et que tout ce qui est en moi bénisse le nom de sa sainteté !
2 Mon âme, bénis l’Éternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits !
3 C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, Qui guérit toutes tes infirmités,
4 Qui retire ta vie de la fosse, Qui te couronne de bonté et de compassion,
5 Qui rassasie ta bouche de biens ; Ta jeunesse se renouvelle comme l’aigle.
6 L’Eternel fait justice ; Il fait droit à tous ceux à qui l’on fait tort.
7 Il a fait connaître ses voies à Moise, Aux enfants d’Israël ses hauts faits.
8 L’Eternel est compatissant et miséricordieux, Lent à la colère et abondant en grâce.
9 Il ne conteste pas à perpétuité Et ne garde pas sa colère à toujours.
10 Il ne nous a pas fait selon nos péchés Et ne nous a pas rendu selon nos iniquités.
11 Car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant est grande sa bonté sur ceux qui le craignent.
12 Autant, l’orient est éloigné de l’occident, Autant il a éloigné de nous nos transgressions.
13 Comme un père est ému de compassion envers ses enfants, L’Eternel est ému de compassion envers ceux qui le craignent ;
14 Car il sait de quoi nous sommes faits, Il se souvient que nous ne sommes que poudre.
15 L’homme mortel ! ses jours sont comme l’herbe ; Comme une fleur des champs, il fleurit…
16 Un souffle passe sur lui, il n’est plus, Et son lieu ne le reconnaît plus.
17 Mais la grâce de l’Éternel est d’éternité en éternité Sur ceux qui le craignent ; Et sa justice sur les enfants de leurs enfants,
18 Pour ceux qui gardent son alliance Et qui se souviennent de ses commandements Pour les accomplir.
19 L’Eternel a établi son trône dans les cieux, Et son règne domine sur toutes choses.
20 Bénissez l’Éternel, vous ses anges, puissants en force, Qui exécutez sa parole, En obéissant à la voix de sa parole !
21 Bénissez l’Éternel, vous toutes ses armées, Qui êtes ses ministres, et qui faites sa volonté !
22 Bénissez l’Éternel, vous toutes ses œuvres, Dans tous les lieux de son empire ! Mon âme, bénis l’Éternel !

Mon âme, bénis l’Éternel ! Le Dieu de la grâce.
Ce psaume, que l’on pourrait appeler un évangile anticipé, est une proclamation de la grâce divine dans toute sa richesse. Fait à remarquer, c’est dans le sol même de la loi mosaïque que ce message évangélique plonge ses racines. Il est tout entier contenu en germe dans le nom même de l’Éternel, tel qu’il fut déployé en quelque sorte aux yeux de Moïse, dans la vision qu’il eut en Horeb :
L’Eternel, l’Éternel, Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et abondant en grâce et en vérité, qui conserve sa grâce à mille générations, qui pardonne le crime, la défection et le péché (Exode 34.6-7).
Cette grâce divine, le psalmiste en a éprouvé les effets pour ce qui le concerne lui-même (versets 1 à 5) ; il la voit présider aux origines et à l’histoire de son peuple (versets 6 à 10) ; il la contemple en elle-même dans sa hauteur, sa profondeur, avec ses infinies compassions (versets 11 à 14) ; l’homme passe, mais elle subsiste à toujours (versets 15 à 18) ; l’univers entier ne vit que par elle ; aussi le psalmiste invite-t-il, en terminant, tous les êtres créés, dans tous les domaines de l’univers, à se joindre à lui, pour bénir l’Éternel (versets 19 à 22).
La tradition, ainsi que l’indique la suscription, attribue ce psaume à David. On y trouve certaines formes grammaticales de l’ancien chaldéen, mais qui n’ont pénétré dans l’hébreu qu’à l’époque, postérieure à l’exil, où l’araméen tendait à devenir la langue populaire des Juifs. Il faudrait donc admettre, dans le cas où le psaume serait de David, qu’il a subi, à travers les siècles, quelques modifications, tout extérieures du reste, et ne portant que sur la terminaison de certains mots, ce qui n’a rien d’improbable, pour un cantique devenu populaire et qu’une génération après l’autre aimait à réciter.

Verset 1
1 à 5
Les bienfaits accordés aux fidèles.
Mon âme… et tout ce qui est en moi : toutes les forces et toutes les capacités de mon être. Comparez Deutéronome 6.5 : Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force.
Le nom de sa sainteté : son nom saint, auquel ne peut se comparer aucun autre nom.
Verset 3
C’est lui qui pardonne… premier bienfait, qui ouvre la porte à tous les autres.
Qui guérit toutes tes infirmités : qui répare toutes les brèches résultant directement ou indirectement du péché, les faiblesses et les dispositions maladives de l’âme, comme celles du corps. Le prince de cette guérison est déjà là dans le pardon ; ses effets s’étendent à la vie entière et même au-delà.
Qui retire (hébreu : qui rachète) ta vie de la fosse. Le croyant de l’ancienne alliance pense ici à la délivrance d’une mort prématurée (Psaumes 102.25) ; pour le chrétien, cette parole, tout en s’appliquant aux nombreuses délivrances de l’existence actuelle, prend une portée plus lointaine et infiniment plus grande ; la vraie délivrance de la fosse, est la résurrection. Ce verset convient tout spécialement aux circonstances de la vie de David, qui, après avoir, en tant d’occasions, échappé à la mort, a reçu une couronne dans laquelle il pouvait voir un signe éclatant de la bonté et de la compassion de l’Éternel.
Verset 5
Ta bouche. Ce sens du mot hébreu adi est très contesté. Les uns, le rattachant à un verbe qui signifie tirer, revêtir, traduisent : ta parure ; d’après eux, ce mot désignerait d’une manière figurée ce que l’homme a de plus précieux, son âme, appelée ailleurs : ma gloire (Psaumes 67.9) ; d’autres, partant d’une étymologie différente, adoptent le sens d’âge, vieillesse ; notre, traduction, conforme à celle des Septante, remonte à un mot arabe signifiant joues. Comparez, pour le sens, Psaumes 81.11.
Comme l’aigle, cet oiseau royal, au vol élevé et soutenu, dont le plumage se renouvelle chaque année, et qui semble ainsi rajeunir constamment. Comparez Esaïe 40.31. L’Eternel est la force du fidèle, force qui, loin de s’épuiser, se renouvelle de jour en jour et le maintient jeune, dans la foi et l’espérance, jusque dans la blanche vieillesse (Psaumes 92.15).
Dans le présent, Dieu renouvelle ton cœur, en le régénérant ; dans l’avenir, il renouvelle ton corps, en le ressuscitant ; le déclin de ta force est la promesse de forces nouvelles, ta vieillesse, le précurseur de la jeunesse, éternelle ; tu t’élèves, radieux d’espérance, et, comme l’aigle tu montes vers les cieux (L. Meyer).

Verset 6
6 à 10
La grâce divine déployée envers Israël.
A tous ceux à qui l’on fait tort. La réalité, souvent si triste, semble démentir ce qui vient d’être dit. Mais l’histoire d ‘Israël est là pour montrer que pour le peuple de Dieu, il n’y a pas d’oppression qui n’aboutisse à une délivrance. Le psalmiste pense spécialement ici à la sortie d’Egypte (verset 7).
Verset 7
Il a fait connaître à Moïse, non seulement par révélation, mais en les lui faisant expérimenter, ses voies : la manière dont il agit, conformément à ce qu’il est : lent à la colère, etc. (verset 8). Moïse avait demandé : Fais-moi connaître tes voies. (Exode 33.13) Tout le récit d’Exode chapitres 33 et 34 est évidemment présent à l’esprit du psalmiste.
Verset 8
Comparez Exode 34.6 et suivants. La grande révélation par laquelle Dieu, pour manifester à Moïse sa gloire, fit passer devant lui toute sa bonté, est devenue en quelque sorte le symbole de la foi d’Israël. Les paroles divines citées ici le sont aussi Psaumes 86.15 ; 145.8 ; Joël 2.13 ; Néhémie 9.17 etc.
Verset 9
Il ne conteste pas à perpétuité. Quand enfin il doit reprendre et juger, sa colère ne dure qu’un moment (Psaumes 30.6 ; 78.38 ; Esaïe 57.16), et même ses jugements ne sont pas proportionnés à la grandeur de l’offense (verset 10).

Verset 11
11 à 14
L’infinie grandeur de la grâce divine. Les compassions divines.

Après avoir considéré les effets de la grâce divine dans sa propre expérience et dans celle d’Israël, le psalmiste en vient à la considérer en elle-même, et le contraste qu’il a constaté entre la gravité du péché de l’homme et la modération du châtiment divin (verset 10) semble lui dévoiler des perspectives infinies, où plonge son gard.
Autant les cieux sont élevés… Il en est de la grâce de Dieu comme de la hauteur des cieux, qui ne se peut mesurer ; comme les cieux également, elle couvre et embrasse la terre entière dans son immensité.
Autant est grande…, littéralement : autant est puissante sa gratuité. Toutefois elle ne manifeste sa puissance et son efficace qu’en ceux et pour ceux qui le craignent, pénétrés du sentiment de leur petitesse et de leur indignité.
Regarde le ciel ; partout, de tous côtés, il enveloppe la terre ; il n’existe pas une parcelle de terre qui n’en soit recouverte. Quand le ciel cessera de recouvrir la terre, alors Dieu cessera de protéger ceux qui le craignent (Saint Augustin).
Esaïe parle aussi de la distance entre le ciel et la terre, pour faire ressortir le contraste entre les pensées égoïstes de l’homme et les pensées miséricordieuses de l’Éternel (Esaïe 55.7-9).
Verset 12
Autant l’orient est… Peux-tu, quand tu marches vers l’orient, rencontrer l’occident, quand tu marches vers Jésus, rencontrer la condamnation ? (L. Meyer.)
Verset 13
Comme un père… Après avoir rappelé tout ce qu’il y a de plus grand dans la création, pour dépeindre l’amour de Dieu, le psalmiste parle de ce qu’il y a de plus intime dans notre cœur, de cette émotion profonde et puissante qui s’empare du cœur d’un père, à la vue de la faiblesse ou de la souffrance de son enfant. Celui qui a fait le cœur du père n’aimerait-il pas ? (Comparez Psaumes 94.9) En Jésus-Christ, ce qui, sous l’ancienne alliance, n’était encore qu’une image est devenu réalité. Dieu n’est plus pour nous comme un Père, il est devenu notre Père (Matthieu 5.48 ; 6.6).
Verset 14
De quoi nous sommes faits. L’amour de Dieu apparaît, ici dans ce qu’il a d’absolument, gratuit. Il n’y a rien qui provoque Dieu à nous supporter patiemment, sinon notre misère : ce qu’il nous faut noter avec soin, non seulement pour dompter l’orgueil de notre cœur, mais aussi afin que notre indignité n’empêche point notre confiance (Calvin).

Verset 15
15 à 18
La gloire de l’homme passe, mais là grâce de l’Éternel demeure à toujours.
Comme l’herbe. Comparez Psaumes 90.5 ; Esaïe 40.7.
Il fleurit. Il y a pour lui un moment de fraîcheur et d’éclat, où il peut s’imaginer être quelque chose.
Verset 16
Un souffle… Ce qu’il y a de plus léger suffit pour le faire disparaître.
Son lieu ne le reconnaît plus, tant il est promptement remplacé et quelle qu’ait été l’importance apparente de sa vie et de ses prétentions.
Verset 17
Mais la grâce… Elle est aussi durable que tout le reste est passager ; elle offre ainsi à l’homme le point d’appui inébranlable sur lequel il peut se reposer.
Sur ceux qui le craignent : mais ceux qui ne le craignent pas ne peuvent en être l’objet.
Et sa, justice… Sa fidélité à accomplir ses promesses s’étend jusqu’aux générations les plus reculées de ceux qui le craignent (Exode 20.6 ; 34.7).
Verset 18
Pour ceux qui gardent son alliance… L’amour ne serait plus qu’une force aveugle, inintelligente, dépourvue surtout de sainteté, s’il ne tenait pas compte de la position de foi ou d’incrédulité, d’obéissance ou de révolte que l’homme prend vis-à-vis de Dieu.

Verset 19
19 à 21
Appel à toutes les créatures.
Dans les cieux. La terre, si vaste qu’elle soit, n’est qu’une partie, et même la moindre, de l’empire immense du Dieu créateur.
Verset 20
Anges, puissants en force… : archanges, sous les ordres desquels sont les armées (verset 21) innombrables d’êtres spirituels et de forces matérielles, dont chacun a sa place et sa fonction dans l’univers.
En obéissant… On pourrait traduire aussi : en écoutant. Il suffit aux anges d’entendre un ordre divin, pour l’exécuter aussitôt.
Verset 21
Bénissez… Pas une créature qui ne soit invitée à prendre part à ce concert d’adoration. Le cercle de cette louange universelle s’élargit de plus en plus, mais pour se concentrer, en dernier lieu, avec une intensité nouvelle, dans l’âme du psalmiste, de laquelle était sorti le premier mot d’adoration : Mon âme, bénis l’Éternel !

LE PSAUME 23

22 mars, 2012

http://www.hebrascriptur.com/Ps/23c.html

LE PSAUME 23

Lire ce qui est écrit

Le Psaume 23 est sans doute l’un des plus beaux témoignages de la vie mystique, qui s’épanouit quand elle s’appuie sur une totale confiance en Dieu. Le roi David y exprime toute la joie, la sécurité, la liberté, le bonheur qu’il éprouve, en se laissant entièrement guider
La lecture du texte ne présente aucune difficulté, à l’exception d’un seul mot, dans le dernier verset, le mot hébreu weshaveti, que la quasi-totalité des témoins traduisent par « je demeurerai » ou « j’habite », lecture qui prête pour le moins à discussion. En effet, pour justifier cette lecture, il faut ajouter la lettre yod en seconde position du mot qui devient weyashaveti, ou encore changer la vocalisation weshaveti indiquée par les massorètes en weshiveti, afin de rattacher le mot, dans un cas comme dans l’autre, à la racine yashab (demeurer) au lieu de la racine shoub (retourner).
On trouve ces lectures altérées chez des témoins 
aussi anciens que les textes grecs des Septante (3ème siècle avant notre ère), ou les versions Syriaques, contemporaines des massorètes. Mais ces interprétations ne s’appuient sur aucun manuscrit hébreu connu.
Pourquoi ces témoins, suivis en cela par la quasi-totalité des traducteurs modernes, ont-ils refusé de lire ce que la Tradition, ou au moins une Tradition — les massorètes — a transmis, weshaveti, « je reviens » ? pourquoi ont-ils retenu cette lecture injustifiée : « je demeure » ?
La critique textuelle et l’exégèse traditionnelle ont coutume de retenir pour hypothèse principale — explicite ou inconsciente — que les textes nous rapportent la pensée de leurs auteurs, et qu’ils véhiculent avec eux toutes les déformations d’une transmission multi-séculaire. Il résulte de cette position que le sens logique le plus probable prend toujours le pas sur la littéralité transmise : si le texte n’offre pas un sens immédiat assez clair, alors on rectifie le texte, pour atteindre la leçon compréhensible la plus facile, et retrouver ainsi — croit-on — la pensée originelle des rédacteurs, que les aléas de la transmission avaient corrompue. C’est bien le cas ici. À suivre la lettre, on ne voit pas du tout de quel endroit David « reviendrait » (lecture littérale), puisque rien, mais vraiment rien ne l’évoque dans les versets qui précèdent ; en revanche, à rectifier la lecture en « je demeure », on comprend mieux que David se réjouisse à la perspective des beaux jours qu’il a devant lui, guidé par Yhwh.
Le principe de telles corrections n’est pas acceptable.
Tout d’abord, en raison des traditions orales. Car ces traditions orales sont à l’origine des versions vocalisées que les massorètes ont fixées par l’écriture, sans modifier l’Écriture, conformément à leur mission. La mission première d’Israël, en effet, n’est-elle pas de transmettre ? — et non d’interpréter. N’oublions pas que des générations de scribes se sont vu refuser des rouleaux entiers pour un iota en trop ou en moins, ce qui montre à quel point la transmission de la lettre prime sur le sens — et d’ailleurs, quel sens ? combien de lectures en Israël pour un même verset ?
Certes, des erreurs ont traversé le crible, et il existe des versions différentes sur beaucoup de textes. Mais la majorité des manuscrits concordants permet en général de reconnaître la lettre, et d’écarter la plus grande partie des erreurs. C’est le cas ici. Il faut suivre la lettre transmise, même si elle nous paraît obscure.
Plus radicalement, quand on cherche à comprendre, comme ici, le sens d’une pièce qui fait partie d’un ensemble, on doit l’observer dans son contexte. Il est indispensable de prendre du recul, de s’élever pour apercevoir depuis le ciel les structures enveloppantes, et découvrir ainsi quelle place logique occupe la pièce étudiée dans cet ensemble qui la contient.
C’est ainsi que nous allons trouver en dehors du Psaume 23, ce que nous n’avons pas trouvé dans les cinq premiers versets, pour expliquer le sixième ; c’est ainsi que nous allons comprendre à quel « retour » David fait allusion. Le Psautier n’est pas une collection de textes alignés par le hasard et indépendants les uns des autres. David vient de vivre les psaumes précédents, et de manière plus immédiate : le Psaume 22. C’est dans ce psaume qu’il retrouve, dans une vision mystique survenant après un long processus de purification, l’intimité divine qu’il avait perdue en recherchant son bonheur ailleurs qu’en Yhwh. À la fin du Psaume 22 David est revenu à la maison de Yhwh, comme Jacob était revenu sain et sauf à la maison de son père, après de longues épreuves (Gen 28, 21).
Il est donc capital, dans cette conclusion du Psaume 23, de ne pas s’éloigner du texte écrit en conservant la racine shoub, retourner, car cette racine est celle du mot teshouvah, la conversion, le retournement, c’est-à-dire le retour à Dieu, que David vient de vivre au Psaume 22 et qui est à la base de toute vie spirituelle.
Il sera nécessaire d’approfondir l’exégèse du Psaume 22 pour comprendre comment on aboutit à un tel bonheur au Psaume 23. Le lecteur est invité, s’il nous a suivis jusque là, à cette découverte dans une étude consacrée à ce sujet .

Note
sur la racine shoub
Un certain nombre de témoins signalent cependant le rattachement à la racine shoub, « retourner », en indiquant (dans leurs notes) la forme du futur « je retournerai » ou « je reviendrai ». Or la forme écrite ici n’est pas la forme inaccomplie de l’hébreu, celle que l’on traduit presque toujours par un futur, mais la forme accomplie précédée d’un waw conversif à laquelle correspond en général beaucoup mieux le présent ou le conditionnel d’une subordonnée. Cette facilité consistant à traduire systématiquement par un futur la forme de l’accompli avec waw conversif, a pour résultat, sur le mot qui nous intéresse ici, de rendre la situation encore plus difficile à comprendre. David se trouve dans une situation neuve, survenue à la fin du psaume précédent, et dont il découvre le caractère universel d’une loi divine : tout est merveilleux « quand je reviens » à la maison de Yhwh. Au contraire, le futur « je reviendrai » renvoie à l’on ne sait quoi, ce qui conduit à chercher des explications. Ainsi, un témoin en vient-il à s’interroger : peut-être le psalmiste est-il un prêtre ou un lévite en exil à Babylone ?…  L’éloignement du texte écrit a rendu l’interprétation très aléatoire.

Les massorètes
sont les rabbins qui transmirent la Bible hébraïque à partir du VIème siècle de notre ère. Afin de préserver la lettre du texte dans les copies successives, ils annotèrent celui-ci. À côté du texte uniquement composé de consonnes, ils ajoutèrent des signes de vocalisation (voyelles à lire) et de prosodie (cantilation, ponctuation), ainsi que des remarques marginales, véritables statistiques destinées à vérifier la bonne transcription des textes (massorah).
Avec les massorètes, est née ce qu’on appelle aujourd’hui la critique textuelle, dont l’objet est de publier, à partir de toutes les sources connues (les manuscrits), une édition critique de la Bible hébraïque. Aujourd’hui, l’édition critique la plus complète, reconnue par la majorité des biblistes, est la Biblia Hebraica Stuttgartensia. C’est à cette édition que nous faisons généralement référence, sans pour autant négliger d’autres sources, notamment en cas de désaccord.Les Septante
Traduction de la Bible hébraïque en langue grecque, réalisée au IIIème siècle avant J.C. à Alexandrie, par soixante-dix (ou soixante-douze) sages de la diaspora d’Israël, d’où son nom de Septante. Cette traduction de la Bible est indifféremment appelée “ la Septante ” ou “ les Septante ”, et souvent notée LXX.
par Yhwh.

PSAUME – 136 (137), 1 – 6 – texte et commentaires

16 mars, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

PSAUME – 136 (137), 1 – 6

1Au bord des fleuves de Babylone 
 nous étions assis et nous pleurions,
 nous souvenant de Sion ;
2 aux saules des alentours 
 nous avions pendu nos harpes.
3 C’est là que nos vainqueurs 
 nous demandèrent des chansons, 
 et nos bourreaux, des airs joyeux :
 « Chantez-nous, disaient-ils, 
 quelque chant de Sion. »
4 Comment chanterions-nous 
 un chant du SEIGNEUR 
 sur une terre étrangère ?
5 Si je t’oublie, Jérusalem,
 que ma main droite m’oublie !
6 Je veux que ma langue 
 s’attache à mon palais 
 si je perds ton souvenir, 
 si je n’élève Jérusalem, 
 au sommet de ma joie.

Ce psaume parle au passé : c’est donc qu’on est de retour ; effectivement, après le retour de l’Exil à Babylone, on a pris l’habitude de célébrer chaque année une journée de deuil et de pénitence à la date anniversaire de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor ; au cours d’une célébration pénitentielle, dans le Temple enfin reconstruit, on se souvient de cette période terrible : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ». Tous les exilés du monde peuvent se reconnaître dans cette plainte ; les larmes du souvenir, d’abord, sur une terre étrangère ; les noms de la ville aimée, Sion, Jérusalem, reviennent à chaque strophe. Pire, cette « terre étrangère » est hostile, narquoise et le mal du pays se mêle à l’humiliation : « Nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux : chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion. » L’un des grands plaisirs du vainqueur est parfois d’humilier les vaincus, on le sait bien : le chagrin même des victimes devient un spectacle pour la joie des bourreaux. Plus grave encore, ces chants de Sion, que les Babyloniens réclament, ce sont les psaumes des pèlerinages : ces chants qui ont accompagné tant de fois la marche fervente de tout un peuple vers le Temple de Jérusalem. Ce serait un véritable parjure de chanter ces chants-là devant des païens : « Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? »
 Sion, Jérusalem, ce n’est pas seulement la mère-patrie : c’est d’abord et avant tout la Ville Sainte, la Ville de Dieu. C’est lui qui l’a choisie : David venait de conquérir la citadelle des Jébusites, avec l’intention d’y installer sa capitale ; choix militaire et politique, d’abord ; c’était sur une hauteur, la colline de Sion ; et il y a fait transporter l’Arche au cours d’une grande fête. Puis Dieu a fait dire à David, par le prophète Gad, d’acheter le champ d’Arauna le Jébusite, sur une autre colline, un peu plus au Nord ; et c’est là que, plus tard, Salomon construira le Temple. Quand on cite Sion ou Jérusalem, dans les psaumes, il ne s’agit pas d’une précision géographique, on vise l’ensemble de la ville, en tant qu’elle est le lieu de Dieu, le lieu qu’il a choisi pour habiter au milieu de son peuple, « Lui que les cieux des cieux ne peuvent contenir » comme disait Salomon (1 R 8, 27). Parce qu’elle est la ville de Dieu, Jérusalem ne peut rester dans l’oubli ; un jour ou l’autre, on en est sûrs, elle sera relevée de ses ruines. On ne doit pas, on ne peut pas oublier Jérusalem, parce qu’on sait que Dieu lui-même ne peut pas l’oublier : comment oublierait-il la promesse faite à Salomon ? « Cette Maison que tu as bâtie (dit Dieu), je l’ai consacrée afin d’y mettre mon Nom à jamais ; mes yeux et mon coeur y resteront toujours. » (1 R 9, 7).
 Et, dans les périodes difficiles, les prophètes alimentent cette espérance : « Sion disait : le SEIGNEUR m’a abandonnée, mon SEIGNEUR m’a oubliée! La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! Voici que, sur mes paumes, je t’ai gravée, que tes murailles sont constamment sous ma vue. » (Isaïe 49, 14-16). Au passage, on peut noter que ces murailles, dont parle Isaïe (pendant l’Exil à Babylone), n’existent plus, elles ont été rasées. Et, justement, le prophète n’hésite pas à affirmer « elles sont constamment sous ma vue. »
 Car, pour les croyants, l’espérance est plus forte que tout ; le mot « souvenir » revient plusieurs fois dans le psaume : « Nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion … je veux que ma langue s’attache à mon palais, si je perds ton souvenir ». Ce souvenir comporte des regrets, bien sûr, mais il est aussi et surtout le souvenir des promesses de Dieu et c’est cette mémoire qui a permis de tenir debout jusqu’au jour du retour. (Comme un grand amour, ou une grande foi, donne la force de surmonter les pires épreuves). Il faut résolument oublier la catastrophe pour se tourner vers l’avenir : « Ne vous souvenez plus des premiers événements, ne ressassez plus les faits d’autrefois. Voici que, moi, dit Dieu, je vais faire du neuf, qui déjà bourgeonne ; ne le reconnaîtrez-vous pas ? » (Isaïe 43, 18-19).
 Les larmes que l’on verse sur les bords des fleuves de Babylone, ce sont aussi celles du remords ; il faut que Dieu nous sauve surtout de nous-mêmes. Parce que le pire ennemi de l’homme, c’est lui-même, qui prend sans cesse de fausses pistes. Ce psaume, nous l’avons dit, était chanté au cours d’une célébration pénitentielle ; car on sait bien que les malheurs passés ne sont pas le fruit du hasard : si les habitants de Jérusalem ont connu toutes les horreurs de la guerre, de la déportation, de l’Exil, des travaux forcés imposés par le vainqueur, ils savent qu’ils le doivent à leur conduite insensée, à leurs divisions intérieures, à leurs prétentions politiques… Il a suffi que Dieu les laisse suivre leurs mauvaises pentes. Mais, désormais, on se retourne vers lui, et Dieu promet un nouvel avenir. Dieu va faire revenir son peuple, Dieu va pardonner à son peuple.
 Et le destin futur de Jérusalem est bien plus beau que le passé ! Vous connaissez la prophétie très imagée de Baruch : « Jérusalem, quitte ta robe de souffrance et d’infortune et revêts pour toujours la belle parure de la gloire de Dieu. Couvre-toi du manteau de la justice, celle qui vient de Dieu, et mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Eternel ; car Dieu va montrer ta splendeur à toute la terre qui est sous le ciel ». Et Isaïe affirme que c’est là que se rassembleront toutes les nations quand viendra la fin de l’histoire humaine : « Le SEIGNEUR, le tout-puissant va donner, sur cette montagne, un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux, de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés. Il fera disparaître sur cette montagne le voile tendu sur tous les peuples, l’enduit plaqué sur toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le SEIGNEUR Dieu essuiera les larmes sur tous les visages et dans tout le pays il enlèvera la honte de son peuple. Il l’a dit, lui, le SEIGNEUR. On dira ce jour-là : c’est lui notre Dieu, nous avons espéré en lui et il nous délivre. C’est le SEIGNEUR en qui nous avons espéré. Exultons, jubilons, puisqu’il nous sauve. » (Isaïe 25, 6).

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