Archive pour la catégorie 'Biblique: Ancient Testament étude'

LE MYSTÈRE DU TEMPS. COMMENTAIRE DE QOHÉLETH 3,1-15

26 octobre, 2015

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/409.html

LE MYSTÈRE DU TEMPS. COMMENTAIRE DE QOHÉLETH 3,1-15

Commentaire au fil du texte   Commencer

Voilà peut-être la réflexion biblique la plus développée sur le mystère du temps. Les premiers mots du livre de Qohélet donnent le ton : Tout est vanité ! (Qo 1,2). La vie de l’être humain se déploie sans qu’il puisse peser sur son devenir. Que lui reste-t-il ? Dans la vie, bonheur et malheur se côtoient, à part égale. Pour ne pas subir, l’homme doit agir, mais Qohélet prévient : Quel profit y a-t-il pour l’homme de tout le travail qu’il fait sous le soleil ? (Qo 1,3). Aucun, puisque Dieu a fixé un temps pour tout. Une des conséquences logiques serait de profiter de la vie comme elle vient en prenant soin d’éviter chagrin et souffrance. Ce pessimisme est compensé par l’affirmation répétée que Dieu est la providence du monde et des hommes. Le bien-être de l’être humain est un don de Dieu. Pour aujourd’hui. Le poème de Qohélet 3 se déroule dans cette perspective : réflexion sur la dualité du temps (v.2-8), puis application au travail de l’homme (v.9-15)

Le temps de l’être humain Les v. 2 à 8 déclinent la constatation de départ : Il y a un temps pour tout et un moment pour chaque chose sous le ciel. Qohélet développe 28 termes descriptifs des actes de la vie humaine. A première vue, il s’agit d’oppositions : l’un des termes exprime une action positive : enfanter, planter, guérir… ; l’autre une action négative : mourir, arracher le plant, tuer… Quelle est la logique de ces balancements ? Parfois, le premier des termes décrit une action positive, embrasser, chercher, enfanter, planter, parfois, une action négative, tuer, saper, pleurer… Ainsi, plutôt que d’opposition, il vaudrait mieux parler d’alternance. Il y a comme une fatalité du temps vécue dans une alternance. L’énumération prend en compte de multiples dimensions de la vie humaine. Toutes ? Une interprétation symbolique de ces 28 actions répondrait positivement (cf. encadré). A-t-on là l’expression d’une totalité : la vie et la mort, et tout ce qui existe entre ces deux pôles extrêmes ? On pourrait le penser s’il n’y avait des manques importants : par exemple, pas question de « jeûner » ou de « se marier ». Ainsi, il y a une totalité sans qu’il y ait totalité. C’est l’alternance qui compte, le fait de basculer d’une chose dans l’autre, plus que l’opposition. Cette alternance qui défile donne l’impression de l’inutilité de l’effort humain : pourquoi amasser des pierres si c’est pour les jeter ensuite ? Pourquoi planter si c’est pour arracher ? C’est comme si on n’avait rien fait. La mort pèse de tout son poids sur la vie, alors à quoi bon se remuer ? Contre ce pessimisme, remarquons que la litanie est encadrée par deux mots ouverts sur la vie et l’avenir : « enfanter » et « paix  » ! L’alternance des actions humaines n’aurait-elle pas simplement pour objectif de montrer l’importance du moment présent, de l’aujourd’hui ? Et le temps de l’homme ne serait-il pas autre chose que le balancement d’une action à l’autre ?

Le don de Dieu Au v. 9, nouvelle étape. Une question interrompt la litanie : Quel profit a l’artisan du travail qu’il fait ? Ou, pour le dire autrement : que reste-t-il de tout ce qui précède ? On a là presque une reprise du début du Livre (Qo 1,3). Mais intervient un nouveau personnage : Dieu. A travers le « faire » de Dieu, on va retrouver le « faire » de l’être humain. Une recherche s’élabore dont la conclusion est au v. 14 : Je sais tout ce que fait Dieu, cela durera toujours. Ainsi face à l’alternance, face à ce qui va et vient, il y a le « toujours » de Dieu, un temps différent dans lequel rien ne se perd. Le temps de Dieu donne sens au temps de l’homme. Que reste-t-il du travail humain ? Réponse : pour Dieu, tout. Une réponse qui ne peut être qu’en Dieu, même si l’homme l’a oubliée. Qohélet rapporte ce qu’il voit (v. 10-11). Il fait état de son expérience personnelle. Il voit un don de Dieu aux hommes : l’activité. C’est le don de vivre, d’appréhender la durée pour maîtriser le moment présent, mais apparemment, cela non plus ne sert à rien puisque l’homme est incapable de comprendre le sens de la vie. Qohélet ne rapporte pas seulement ce qu’il voit, il rapporte aussi ce qu’il sait (v. 12-15). Il met l’accent maintenant sur la confiance. Le savoir de Qohélet concerne le bonheur de l’homme et l’œuvre de Dieu. Avec une conviction forte : manger, boire, se réjouir, travailler, ce sont des dons de Dieu. Dieu veut donc le bonheur de l’homme. La joie dans la vie de tous les jours, n’est-ce pas un chemin pour trouver Dieu ? N’est-il pas vain de spéculer sur l’avenir ? Devant ce don de Dieu, la réaction juste de l’homme, c’est de craindre devant sa face. Finalement, chercher à comprendre le sens de sa vie, n’est-ce pas c’est se mettre à chercher Dieu ?

SAINT JEAN PAUL II – 22 OCTOBRE – MÉMOIRE FACULTATIVE – Is 2, 2a.3a.4b

22 octobre, 2015

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2002/documents/hf_jp-ii_aud_20020904.html

SAINT JEAN PAUL II – 22 OCTOBRE – MÉMOIRE FACULTATIVE

(est difficile de choisir quelque chose pour présenter, de nouveau, Jean Paul II, avec un critère sans règles il vous present la catéchèse de mercredi 4 septembre 2002)

AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II

Mercredi 4 septembre 2002

La nouvelle ville de Dieu, centre de l’humanité tout entière Lecture:  Is 2, 2a.3a.4b

1. La Liturgie quotidienne des Laudes, outre les Psaumes, propose toujours un cantique tiré de l’Ancien Testament. On sait en effet qu’à côté du Psautier, véritable livre de prière d’Israël puis de l’Eglise, il existe une sorte de second « Psautier » présent dans les diverses pages historiques, prophétiques et sapientielles de la Bible. Celui-ci aussi est composé d’hymnes, de suppliques, de louanges et d’invocations, souvent d’une grande beauté et d’une forte intensité spirituelle. Dans notre pèlerinage en esprit à travers les prières de la Liturgie des Laudes, nous avons déjà rencontré beaucoup de ces chants qui constellent les pages bibliques. Aujourd’hui, nous en examinons un véritablement admirable, oeuvre de l’un des plus grands prophètes d’Israël, Isaïe, qui vécut au VIII siècle avant Jésus-Christ. Il est le témoin d’heures difficiles qu’a connues le royaume de Judée, mais il est aussi le chantre de l’espérance messianique dans un langage poétique très élevé. 2. C’est le cas du Cantique que nous venons d’écouter et qui est placé presque en ouverture de son livre, dans les premiers versets du chapitre 2, précédés par un titre rédigé à une époque postérieure, qui dit ceci:  « Vision d’Isaïe, fils d’Amoç, au sujet de Juda et de Jérusalem » (Is 2, 1). L’hymne est donc conçu comme une vision prophétique, qui décrit un but vers lequel, avec espérance, tend l’histoire d’Israël. Ce n’est pas pour rien que les premières paroles sont les suivantes:  « Dans la suite des temps » (v. 2), c’est-à-dire dans la plénitude des temps. Il s’agit donc d’une invitation à ne pas être obsédés par un présent qui est à ce point malheureux, mais à savoir deviner sous la surface des événements quotidiens la présence mystérieuse de l’action divine, qui conduit l’histoire vers un horizon tout à fait différent de lumière et de paix. Cette « vision » aux résonances messianiques sera reprise plus tard au chapitre 60 de ce même livre, dans un cadre plus large, signe d’une méditation approfondie des paroles essentielles et incisives du prophète, précisément celles du Cantique qui vient d’être proclamé. Le prophète Michée (cf 4, 1-3) reprendra le même hymne, malgré un final (cf. 4, 4-5) différent de celui de l’oracle d’Isaïe (cf. Is 2, 5). 3. Au centre de la « vision » d’Isaïe se dresse la montagne de Sion, qui dépassera, en idée, toutes les autres montagnes, puisqu’elle est habitée par Dieu et qu’elle est donc le lieu du contact avec le ciel (cf. 1 R 8, 22-53). De celle-ci, selon l’oracle d’Isaïe 60 1-6, se diffusera une lumière qui déchirera et dissipera les ténèbres, et vers celle-ci se mettront en marche des processions de peuples venus de tous les endroits de la terre. Ce pouvoir d’attraction de Sion est fondé sur deux réalités qui émanent de la sainte montagne de Jérusalem:  la Loi et la Parole du Seigneur. Celles-ci constituent, en vérité, une unique réalité, qui est source de vie, de lumière et de paix, expression du mystère du Seigneur et de sa volonté. Quand les nations arrivent au sommet du mont Sion, où s’élève le temple de Dieu, voilà que s’accomplit ce miracle que l’humanité attend depuis toujours et auquel elle aspire. Les peuples laissent tomber les armes de leurs mains, qui sont ensuite fondues pour être forgées en de pacifiques instruments de travail:  les épées sont transformées en socs, les lances en serpes. Ainsi se lève un horizon de paix, de shalôm (cf. Is 60, 17), comme l’on dit en hébreux, un terme qui est en particulier cher à la théologie messianique. Le rideau tombe finalement et pour toujours sur la guerre et la haine. 4. L’oracle d’Isaïe se conclut par un appel dans la tradition de la spiritualité des chants de pèlerinage à Jérusalem:  « Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière de Yahvé » (Is 2, 5). Israël ne doit pas rester spectateur de cette transformation historique radicale; il ne peut pas se dissocier de l’invitation qui résonne en ouverture sur les lèvres des peuples: « Venez, montons à la montagne de Yahvé » (v. 3). Nous aussi, chrétiens, sommes interpellés par ce cantique d’Isaïe. En le commentant, les Pères de l’Eglise du IV et du V siècle (Basile le Grand, Jean Chrysostome, Théodoret de Cyr, Cyrille d’Alexandrie) voyaient son accomplissement dans la venue du Christ. Ils identifiaient par conséquent avec l’Eglise la « montagne de la maison de Yahvé… établie en tête des montagnes », d’où sortait la Parole du Seigneur et vers laquelle affluaient les peuples païens, dans la nouvelle ère de paix inaugurée par l’Evangile. 5. Déjà, le martyr saint Justin dans sa Première Apologie, écrite vers 153, proclamait l’accomplissement du verset du Cantique qui dit:  « de Jérusalem [viendra] la Parole de Yahvé » (cf. v. 3). Il écrivait:  « De Jérusalem vinrent des hommes pour le monde, au nombre de douze; et ceux-ci étaient ignorants; ils ne savaient pas parler, mais grâce à la puissance de Dieu, ils révélèrent à tout le genre humain qu’ils avaient été envoyés par le Christ pour enseigner à tous la Parole de Dieu. Et nous, qui auparavant nous tuions les uns les autres, non seulement nous ne combattons plus les ennemis, mais pour ne pas mentir et ne pas tromper ceux qui nous interrogent, nous mourons volontiers en confessant notre foi dans le Christ » (Première Apologie, 39, 3; in Gli apologeti greci, Rome, 1986, p. 118). C’est pourquoi, nous, chrétiens, accueillons de manière particulière l’appel du prophète et essayons de jeter les bases de cette civilisation de l’amour et de la paix dans laquelle il n’y ait plus de guerre, ni « de mort, de pleur, de cri et de peine… car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21, 4).

 

LA NATURE EN REVOLTE Par Rav Chaoul David Botschko

19 octobre, 2015

http://letalmud.blogspot.it/2010/09/la-nature-en-revolte.html

LA NATURE EN REVOLTE

Par Rav Chaoul David Botschko

Dans le récit de la Création, et plus précisément dans le passage qui traite de l’apparition de la végétation, nous trouvons un verset qui offre une difficulté particulière, à laquelle se sont attachés bien des commentateurs.

D-ieu ordonna à la terre de : « produire des arbres fruitiers portant des fruits »

Telle est la traduction habituelle de cette expression si particulière: Ets péri ‘ossé péri. Cependant, une traduction plus fidèle à l’hébreu nous donne des arbres-fruits, et non fruitiers. Le Midrach, rapporté par Rashi, relève cette particularité du texte, et indique que l’intention divine était que l’arbre lui-même soit comestible, et que son goût soit semblable à celui des fruits qu’il porte. C’est ce que nous laisse entendre l’expression arbres-fruits. Or nous voyons que la terre ne produit pas l’arbre-fruit attendu, puisque la suite du verset nous dit : « La terre produisit … des arbres portant des fruits » La terre semble ainsi désobéir à D-ieu et refuser que le tronc soit comestible à l’instar des fruits. Rachi, suivant ce même midrach, ajoute que, lorsque D-ieu punira l’homme en raison de sa faute (la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal), Il punira dans le même temps la terre pour sa propre faute, celle de n’avoir pas produit un arbre-fruit . En effet, la terre sera maudite (certes en raison de la faute de l’homme, mais également, suivant ce midrach, pour sa propre faute), et produira des ronces et des orties. Que signifie donc ce midrach ?

PROJET DIVIN Ce que nous enseigne le midrach, c’est la distinction entre le projet divin à long terme et la réalité immédiate. L’ordre de D-ieu, c’est le projet divin, ce que la terre produit est la réalité immédiate. Le tronc n’a pas de goût, n’est pas comestible, mais c’est à travers lui que monte la sève vivifiante. Son aspect est brun, couleur austère, mais c’est lui qui rend possible la magnificence de l’arbre avec la majesté de son feuillage, ses fleurs chatoyantes et surtout ses fruits délicieux. Le monde, à la fin des six jours de la Création, n’est pas encore accompli, achevé : c’est à l’homme de le parfaire. En effet, la Création ne devient une réalité propre, indépendante, que si elle se distingue du Créateur. La création implique donc le retrait de D-ieu et ce retrait rend possible la désobéissance envers D-ieu ou, en d’autres termes, le mal. La désobéissance des arbres exprime ce danger intrinsèque à la création, implicitement contenue en elle. Et l’homme, créature de D-ieu par excellence (cf. Note 3), grâce au libre-arbitre dont il a été doté, a la faculté d’accentuer, (et dans un premier temps accentue effectivement), cet éloignement de D-ieu. Ainsi la faute de l’homme, expression de son libre-arbitre, a pour conséquence le fait que la terre, au lieu de produire des fruits, sécrète des ronces. Mais l’homme a aussi la possibilité et le devoir de rapprocher la création de D-ieu, de tendre vers la réalisation du projet divin consistant en la création d’un arbre-fruit, c’est-à-dire d’un arbre dont le tronc révèle, de manière apparente et non voilée, l’excellence du feuillage et du fruit ; un arbre dont le support est à l’image du fruit, ou, en d’autres termes, un monde dans lequel le bien n’est plus à rechercher sous l’écorce du mal, mais où le mal lui-même est transformé en bien. Ce pari sera réalisé aux temps messianiques.

L’HISTOIRE En observant l’histoire, on peut trouver notre monde repoussant: que de crimes et d’abjections! Au point que l’on peut parfois s’interroger: est-ce vraiment D-ieu qui l’a créé ? Mais ce risque est justement inhérent au pari de la création. Nous savons que, malgré les apparences, « l’univers est empli de la Gloire de D-ieu » Aussi, lorsqu’on prend un peu de hauteur, on ne voit que la forêt verte; de même, en entrant dans les profondeurs, on trouve la sève; en somme, l’histoire se dirige vers la réalisation du projet initial. L’homme ne peut en effet se couper de l’Esprit Saint qui a été insufflé en lui, et c’est lui qui est porteur du rétablissement du monde. Ainsi la nature, qui dès Berechit est en état de révolte, reviendra à D-ieu. grâce à la conscience et à l’intervention de l’homme. « Qu’est l’homme pour que Tu te souviennes de lui, le fils d’Adam pour que tu le considères ? Et pourtant, en le plaçant presque au niveau des anges, Tu as tout placé en son pouvoir. »

PREMIERE LECTURE – LIVRE DE LA SAGESSE, 7, 7-11

9 octobre, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

PREMIERE LECTURE – LIVRE DE LA SAGESSE,  7, 7-11

7 J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. 8 Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ; 9 je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. 10 Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ; je l’ai choisie de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. 11 Tous les biens me sont venus avec elle, et, par ses mains, une richesse incalculable.

Toute une partie de ce texte que nous venons d’entendre pourrait être signée par un philosophe grec non croyant. « J’ai préféré la Sagesse aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle (toujours la Sagesse) j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. » Bien sûr, il n’y a pas besoin d’avoir la foi pour dire des choses pareilles. L’humanité n’a pas attendu la Bible et la religion du Dieu d’Israël pour découvrir que les richesses de l’intelligence et surtout du coeur valent mieux que tout l’or et les bijoux du monde. Mais l’intérêt de ce texte est ailleurs. Ce n’est pas une leçon de savoir-vivre qui nous est donnée ici, même si il n’est pas interdit de nous la répéter. Car il y a tout un message à lire entre les lignes : je m’explique : le livre de la Sagesse met en scène le roi Salomon et c’est lui qui est censé nous parler ici. Pour comprendre ce que Salomon va nous dire, il faut se rappeler un épisode très célèbre de sa vie (1 R 3) : nous sommes au tout début de son règne ; après d’effroyables intrigues de cour et autres règlements de comptes, Salomon est enfin installé sur le trône, tous ses ennemis politiques éliminés. Bientôt il construira le Temple de Jérusalem, mais pour l’instant, c’est à Gabaon à douze kilomètres au Nord de Jérusalem qu’il organise la première grande cérémonie de son règne. Salomon a prévu de faire offrir en sacrifice à Gabaon mille animaux, ce qui prendra évidemment un certain temps ; et il faut croire qu’il a dormi sur place, puisque c’est pendant la nuit qu’il a fait un rêve qui est resté célèbre : Dieu lui apparaissait et lui disait « demande-moi tout ce que tu voudras ». Salomon avait répondu : « Je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef… Je suis au milieu du peuple que tu as choisi, un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut pas le compter… Donne-moi, je t’en prie, un coeur plein de jugement pour discerner entre le bien et le mal. Car, qui pourrait gouverner ton peuple qui est si grand ? » Le récit biblique continue : « Cette demande plut au Seigneur. Dieu lui dit : Puisque tu as demandé cela et que tu n’as pas demandé pour toi une longue vie, que tu n’as pas demandé pour toi la richesse, que tu n’as pas demandé la mort de tes ennemis, mais que tu as demandé le discernement pour gouverner avec droiture, voici, j’agis selon tes paroles : je te donne un coeur sage et perspicace, de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme toi avant toi et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. Et même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne : et la richesse et la gloire, de telle sorte que durant toute ta vie, il n’y aura personne comme toi parmi les rois. » (1 R 3, 4-13 ; 2 Ch 1, 7-13) Si le livre de la Sagesse, donc (dans notre lecture d’aujourd’hui), neuf cents ans plus tard, rappelle cette histoire, ce n’est pas pour donner un cours d’histoire sur Salomon, c’est qu’il a quelque chose de très important à dire à ses contemporains ; il y consacre plusieurs chapitres ; quand il cite Salomon disant « J’ai supplié, et l’esprit de la sagesse est venu en moi », il y a certainement là une pointe contre les grands de ce monde : tous les politiques de tous les temps ont toujours un peu tendance à croire qu’ils ont la sagesse innée… et même qu’ils en ont le monopole ! Ce texte vient leur dire : dites-vous bien que même chez les rois, la sagesse n’est pas congénitale… Il faut la demander humblement dans la prière. Même le grand roi Salomon, réputé pour sa sagesse, savait bien qu’il la tenait de Dieu et il avait eu cette humilité de la demander. On peut aller plus loin : plus qu’une pointe contre l’orgueil des politiques, il y a une véritable révélation ; ici, une fois de plus, on voit à quel point la Bible à la fois ressemble aux littératures voisines et en même temps s’en démarque absolument : et c’est dans cet écart que réside la Révélation ; dans les autres peuples, et en Egypte en particulier, selon une croyance bien établie, le roi était un être d’exception, doté par sa naissance d’une sagesse divine. (Evidemment, tous les rituels de cour faisaient tout pour étayer cette croyance !) La Bible, au contraire, met en scène ici un roi fort célèbre, dont personne ne conteste la grandeur, les succès, la richesse et qui, de lui-même, reconnaît qu’il n’est qu’un homme tout simplement ; dans le chapitre suivant de ce même livre de la Sagesse, Salomon s’explique : « J’étais certes, un enfant bien né… mais pourtant, je savais que je n’obtiendrais pas la sagesse autrement que par un don de Dieu » (Sg 8, 21). Et ce même roi Salomon précise : « Je suis moi aussi un homme mortel, égal à tous, descendant du premier qui fut modelé de la terre. Dans le ventre d’une mère j’ai été sculpté en chair… Moi aussi, dès ma naissance, j’ai aspiré l’air qui nous est commun, et je suis tombé sur la terre où l’on souffre pareillement : comme pour tous, mon premier cri fut des pleurs. J’ai été élevé dans les langes, au milieu des soucis. Aucun roi n’a débuté autrement dans l’existence. Pour tous, il n’y a qu’une façon d’entrer dans la vie comme d’en sortir. » (7, 1-6). Et il continue « C’est pourquoi j’ai prié et l’intelligence m’a été donnée… » et la suite constitue notre texte d’aujourd’hui. Donc première leçon de ce texte, les rois sont de simples mortels, ils ne diffèrent en rien des autres hommes. Dieu seul est Dieu, le roi n’est ni dieu, ni demi-dieu. Et deuxième leçon : toute Sagesse vient de Dieu, elle est un don de Dieu. Personne, sur la terre, ne peut prétendre posséder la sagesse par lui-même. Le livre de la Sagesse va encore plus loin, et c’est déjà contenu implicitement dans ce que nous avons lu aujourd’hui : dans les versets qui suivent, il affirme que ce trésor de la Sagesse, accessible aux rois qui ne sont que des hommes comme les autres, peut tout aussi bien être donné à tous les simples mortels ; il suffit de le demander dans la prière. Comme dit encore la fin de ce même chapitre : « Au long des âges, elle passe dans les âmes saintes pour former des amis de Dieu et des prophètes. » (Sg 7, 27). Ce qui revient à dire que l’humanité tout entière a vocation à partager la sagesse de Salomon. ———————————— Complément A propos de la sagesse du roi Salomon : si tant de propos et même de livres sur la véritable sagesse lui sont attribués, c’est parce qu’il est un exemple de ce que l’homme peut être de meilleur ou de pire selon qu’il se laisse ou non guider par la sagesse de Dieu. Car sa vie peut se découper en trois étapes : après une première période peu glorieuse avant son accession au trône (sur lequel il n’est monté que grâce à des intrigues et à des meurtres de ses frères aînés), il a effectivement fait preuve dans une deuxième période d’une grande sagesse. Mais, l’âge venant, et ce fut la troisième phase, il se laissa dominer par le goût de la grandeur et du pouvoir et l’influence païenne de ses femmes.

 

PROCLAMATION DU GRAND COMMANDEMENT, « ÉCOUTE, ISRAËL”, COMMENTAIRES DU DEUTÉRONOME

7 octobre, 2015

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/752.html

PROCLAMATION DU GRAND COMMANDEMENT,  « ÉCOUTE, ISRAËL”, COMMENTAIRES DU DEUTÉRONOME

Dans la foi, Israël doit s’orienter vers le Dieu qui fait alliance : Yhwh   Et maintenant, Israël, qu’est-ce que YHWH ton Dieu attend de toi ? Il attend seulement que tu craignes YHWH ton Dieu en suivant tous ses chemins, en aimant et en servant YHWH ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, en gardant les commandements de YHWH et les lois que je te donne aujourd’hui, pour ton bonheur. (10, 12-13) Israël est interpellé. Le peuple des douze tribus, à l’union politique encore bien lâche en ces temps qui suivaient la prise du pays, trouvait son unité dans la foi. Alliance était proclamée par YHWH avec le peuple des douze tribus. Mais Israël ne pouvait être interpellé qu’à l’occasion des fêtes de pèlerinage, lorsque des représentants de toutes les tribus se rencontraient auprès d’un sanctuaire pour des célébrations cultuelles. Dans le culte de l’alliance, Israël devient réalité. Là, dans cet aujourd’hui cultuel qui annule le temps, lui sont annoncées les anciennes exigences de l’alliance avec YHWH. Pour de telles fêtes, Israël se rassemble et demande bénédiction. Il cherche ce qui est bon, ce qui est  » bonheur « . Il sait ce qui est bonheur pour lui. Le lecteur pourra le lui rappeler par une question. Écouter, observer les exigences de YHWH. Obéissance est exigée. Celle-ci est simple. Elle n’est pas attention portée sur toutes les prescriptions, du moins pas en premier lieu : il ne s’agit que d’une seule chose ; laquelle donc ?

Craindre YHWH Le texte donne un premier énoncé :  » Craindre YHWH ton Dieu « . Les deux parties de cette formulation sont importantes. Crainte de YHWH qualifie, dans l’ancien Orient, ce que nous désignons habituellement par  » foi  » ou  » religion « . Elle est orientation de l’être sur le mystère divin. Crainte ne s’oppose pas à amour, la suite de la phrase le montre. Crainte inclut amour, désigne la situation devant Dieu. Pour nommer cet état embrassant toute l’existence, on a choisi ce mot : l’oriental savait bien mieux que nous, combien grand et étranger à nous est le mystère divin. Il savait que Dieu, lorsque l’homme en fait l’expérience, apparaît toujours comme l’Autre ; devant lui l’homme prend peur. La crainte de Dieu ne doit cependant pas en Israël se diriger sur le divin de façon vague, ni sur les nombreux dieux auxquels on croyait alors, mais sur l’unique Dieu. Son nom est YHWH, il est  » Dieu d’Israël « . Voilà qui renvoie à une pensée dominée par l’alliance. L’alliance avec Dieu se laisse dire en la courte formule : qu’Israël devienne peuple de YHWH et YHWH sera Dieu d’Israël. Dans la foi, Israël doit s’orienter vers le Dieu qui fait alliance, YHWH. C’est tout ce que Dieu exige de lui. En une seconde série d’énoncés est développé ce que signifie la crainte de YHWH. Il s’agit de suivre ses voies. La route est un symbole primitif de l’existence humaine. L’homme parcourt un chemin. Il s’agit de prendre le bon. Pour Israël, c’est le chemin de YHWH. Mieux, toutes les voies sont siennes. Nombreuses sont les possibilités du salut, car l’appel de Dieu n’est pas uniforme. Pour chaque situation, il y a un chemin particulier. Qu’Israël suive donc la voie de YHWH. Il aimera Dieu alors. Cet amour n’est pas sentiment, mais fidélité et don. Dans le milieu politique où s’origine la pensée de l’alliance, le mot amour pouvait être utilisé pour qualifier les relations de vassalité du roitelet à l’égard du roi. Le contrat demandait d’aimer son suzerain ; en ses lettres, le vassal assurait ce dernier de son amour. YHWH de même demande à son peuple vassal, Israël, de l’aimer. L’amour devient service. Ces termes datent, eux aussi de l’ère politique de la vassalité. S’agissant de Dieu, s’y associe immédiatement l’idée d’un service divin, cultuel. En lui s’exprime l’amour d’Israël pour son Dieu. Le service qu’Israël doit à YHWH n’est pas seulement extérieur, il est rendu  » de tout (son) cœur, de tout (son) être « . Cette expression aussi, connue par les contrats politiques et la correspondance diplomatique, est reportée ici dans le domaine religieux. Voilà qu’est explicité ce que signifie pour Israël, craindre son Dieu.Cette seule et unique exigence de YHWH, on ne peut la remplir que si l’on est disposé à  » garder les commandements de YHWH et les lois « . L’unique commandement engendre beaucoup de préceptes. Et par ailleurs, les nombreux préceptes ne servent que l’unique commandement : garder Israël dans la crainte de YHWH. Oui, à YHWH ton Dieu appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve. Or c’est à tes pères seulement que YHWH s’est attaché pour les aimer; et après eux, c’est leur descendance, c’est-à-dire vous, qu’il a choisis entre tous les peuples comme on le constate aujourd’hui. (10,14-15) Après la loi, la motivation. Dieu est toujours premier. S’il demande quelque chose à l’homme, c’est qu’auparavant déjà, il l’avait gratifié. D’abord, il le sauve ; ensuite, il demande et, au fond, il ne demande rien du tout, si ce n’est de rester sous la mouvance de ce salut. La grâce porte chaque commandement. L’exigence de Dieu peut toujours être motivée, car elle renvoie à son agir prévenant. Ainsi en est-il dans notre texte du grand commandement. Ces motivations suivent, nous l’avons déjà noté, le déroulement de l’histoire du salut. En 10, 14, elles commencent par l’amour de Dieu à l’égard des patriarches. Dieu demande l’amour d’Israël, parce qu’il avait déjà aimé ses ancêtres. Alors que l’amour demandé à Israël visait davantage l’obéissance que le sentiment – l’exigence de Dieu était donc formulée en termes plus voilés – ici où l’on parle de l’amour de Dieu pour les ancêtres d’Israël, une autre expression est ajoutée. Elle désigne le sentiment, l’intimité, l’attachement :  » YHWH s’est attaché à tes pères « . On voudrait presque parler d’un Dieu amoureux. Et ceci advint longtemps avant qu’Israël ne fût appelé à rendre cet amour.

Norbert Lohfink, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 140 (juin 2007), «  »Écoute, Isr

QUELQUES JARDINS DE LA BIBLE

24 septembre, 2015

http://www.centre-biblique.ch/echanges/2003/2003-1-a.htm

QUELQUES JARDINS DE LA BIBLE

Lucien Jouve

Le jardin d’Eden
« L’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l’orient, et il y plaça l’homme qu’il avait formé. Et l’Éternel Dieu fit croître du sol tout arbre agréable à voir et bon à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gen. 2. 8, 9).
« Dieu planta un jardin », cette expression suggère déjà tout le travail que Dieu déploiera pour produire et trouver du fruit dans les hommes, c’est-à-dire du plaisir en eux, le plaisir de son amour.
Ces pensées sont très nettement lisibles dans l’histoire du peuple d’Israël qui est comparé à une vigne que Dieu a aussi plantée (voir Es. 5. 1-7).
Dieu confie Éden, ce jardin merveilleux, à Adam pour le cultiver et le garder pour Lui. Ce jardin est donc à la fois symbole, cadre merveilleux et sphère de responsabilité. Tout doit contribuer au plaisir de Dieu. Or Satan ne peut supporter ce qui apporte du plaisir à Dieu et il gâte ce jardin en introduisant, dans le cœur d’Adam et d’Ève, le germe de la désobéissance et de l’indépendance vis-à-vis de Dieu. Mais Dieu n’abandonne pas la pensée du jardin, c’est-à-dire ce qui est pour le plaisir de son amour, et nous le retrouvons dans l’Apocalypse, le livre qui clôt la révélation de Dieu (Apoc. 2. 7).
Pour le moment, Adam et Ève sont chassés de ce paradis terrestre car il n’est plus pour le plaisir de Dieu. Toutefois, Dieu les revêt de peaux. Ces vêtements, qui ont nécessité un sacrifice sanglant, indiquent le travail de Dieu en salut pour l’homme.

Le jardin de l’homme
Salomon a exprimé personnellement, dans l’Ecclésiaste, la recherche du bonheur terrestre par l’homme privé de la Lumière de la Révélation. Ayant tout essayé, il peut dire : « J’ai fait de grandes choses : je me suis bâti des maisons, je me suis planté des vignes ; je me suis fait des jardins et des parcs, et j’y ai planté des arbres à fruit de toute espèce » (Ecc. 2. 4, 5).
Cette recherche se perpétue aujourd’hui sous différentes formes, mais elle exprime toujours ce sentiment ancré au plus profond de l’être humain : sa nostalgie du paradis perdu. Notre culture hédoniste en est le témoin.
Cela peut aller d’un parc d’agrément au salon du bien-être, en passant par le confort de la voiture et de la maison luxueuse. Cela peut prendre la forme de plaisirs euphorisants.
Le croyant aussi peut profiter de certains avantages terrestres avec reconnaissance, mais il sait que son bonheur n’est pas là : il use du monde comme n’en usant pas à son gré. (1 Cor. 7. 31).
Tous ces efforts de l’homme pour trouver le bonheur sur la terre, sans Dieu, sont vains. Salomon lui-même l’exprime après toutes ses recherches : « Vanité des vanités, tout est vanité ».
Le croyant est aussi en danger de considérer ce monde avec un œil peu spirituel, comme le fit Lot qui estimait la plaine du Jourdain avec Sodome et Gomorrhe semblable au « jardin de l’Éternel » (Gen. 13. 10). C’en était loin, hélas ! A Lot peut s’appliquer cette expression étrange d’Ésaïe : « Vous rougirez des jardins (c’est-à-dire des sources de joie) que vous aurez choisis… car vous serez comme… un jardin qui n’a pas d’eau » (Es. 1. 29, 30). Oui, Lot eut à rougir de son choix qui n’a pas été pour le plaisir de Dieu.

Le jardin du Bien-aimé
« Tu es un jardin clos, ma sœur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée » (Cant. 4. 12).
Contrastant avec l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques a été appelé le jardin des parfums. Ici, le Bien-aimé évoque, d’une façon délicatement poétique, la virginité de sa fiancée. Ce premier sens est un appel à tous les jeunes gens pour qu’ils respectent ce « jardin clos », cette source fermée, cette source scellée jusqu’à l’union du mariage.
L’apôtre Paul a-t-il ce passage devant lui quand il écrit aux Corinthiens ? En tout cas, il le spiritualise : « Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11. 2), c’est-à-dire que les affections des croyants (comme le corps de la jeune fille) doivent être gardées pour le Seigneur. « Tous les fruits exquis, nouveaux et anciens : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi ! » (Cant. 7. 13).
Le jardin, une image aussi du cœur de la fiancée, est plein de fruits et de senteurs : « Tes plants sont un paradis de grenadiers et de fruits exquis, de henné et de nard, de nard et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens ; de myrrhe et d’aloès, avec tous les principaux aromates » (Cant. 4. 13-14).
Quelle joie pour le Bien-aimé de venir dans un tel jardin qu’il revendique comme étant le sien : « Mon jardin » (4. 16 ; 5. 1). Que nos cœurs soient sanctifiés pour Lui procurer de la joie. Il faut parfois pour cela l’âpre vent de l’épreuve qui vient du nord ou le souffle desséchant du midi pour faire exhaler ses parfums (Cant. 4. 16 ; voir aussi Job 37. 9).

Le jardin de Gethsémané
« Ayant dit ces paroles, Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent du Cédron, où était un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples » (Jean 18. 1).
Ce jardin leur était coutumier, « car Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples » (v. 2).
Mais cette fois, ce jardin est témoin d’une scène étrange : ce n’est plus, comme autrefois, « le premier homme » qui désobéit à Dieu sans combat, mais c’est « le second homme », le Fils de Dieu, qui se soumet à la volonté de son Père. Mais quel combat dans ce jardin, quelles ardentes prières, quels grands cris, quelles larmes, quelle sueur chez cet Homme prosterné ! Ce jardin de la souffrance – étrange association de mots – est aussi le jardin de l’obéissance du Fils de Dieu.
Encore ceci : Lors du procès de Jésus, un homme pose une question pénétrante à Pierre : « Ne t’ai-je pas vu, moi, dans le jardin avec lui ? » (Jean 18. 26). Cette question nous sonde aussi : Si nous pensons à la souffrance de notre Seigneur dans le jardin de Gethsémané, comment pourrions-nous rechercher ensuite la compagnie de ses ennemis ?

Le jardin de la mort
« Il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, dans lequel personne n’avait jamais été déposé. Il déposèrent donc Jésus là » (Jean 19. 41, 42).
« Dans le jardin, un sépulcre »… quelle étrange association de mots ! Là où tout devrait être charme, quiétude pour le corps et l’esprit, c’est la mort, un sépulcre, un corps mort dans un jardin ! C’est bien l’image de ce qu’est devenue la première création sortie belle des mains de Dieu.
Mais ce qui est extraordinaire, inouï, c’est que ce corps mort est celui du Fils de Dieu, devenu homme. Il a voulu prendre cette place où le péché avait mis l’homme, dans la mort. Mais ici, il ne sera pas dit : « Il sent déjà » (Jean 11. 39). S’il y a dysharmonie entre la pensée du jardin et la mort, il y a, dans le cas de Jésus, une corrélation merveilleuse : de ce jardin où le corps de Jésus repose inanimé, se dégage le parfum de la myrrhe et de l’aloès que Nicodème et Joseph ont apporté, le parfum du sacrifice total montant jusqu’à Dieu. Toutefois, la pierre est roulée devant le sépulcre, la défaite semble complète. Mais là encore la pensée du jardin est merveilleuse : « Grain de blé tombé en terre », qui a « la vie en lui-même », il est une semence divine semée « en déshonneur » et « en faiblesse », mais qui ressuscite en gloire et en puissance (Voir 1 Cor. 15. 43 et 2 Cor. 13. 4).
Très tôt le matin du premier jour de la semaine, comme le soleil se levait, ce jardin est témoin de la résurrection et du triomphe de Jésus. Le jardin de la mort est aussi celui de la résurrection !

Le jardin céleste et millénaire
« A celui qui vaincra, je lui donnerai de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu » (Apoc. 2. 7)
A la fin de sa révélation, Dieu nous montre qu’il n’a pas abandonné sa pensée première, celle d’un jardin, d’un paradis, d’un lieu de délices. Maintenant ce jardin est céleste, et c’est notre Seigneur Jésus Christ qui lui donne ce caractère : « Avec moi, dans le paradis » dit-il au brigand repentant. Paul a été enlevé dans ce paradis où il a entendu des paroles ineffables (2 Cor. 12. 4).
L’arbre de vie, c’est Jésus lui-même. Il sera la récompense de celui qui, maintenant, apprécie son amour. Ce jardin céleste a sa correspondance sur la terre durant le millenium. Ici, l’arbre de vie porte douze fruits, il donne son fruit chaque mois et ses feuilles sont pour la guérison des nations (Apoc. 22. 2). C’est une appréciation renouvelée de Jésus, un plaisir abondant pour Dieu, une guérison complète pour les nations si longtemps meurtries par Satan et le péché. Tout est maintenu en fraîcheur spirituelle par la puissance de l’Esprit de Dieu, ce « fleuve d’eau vive » qui y coule librement.
Tel est cet Eden céleste et millénaire, merveilleux, à jamais hors d’atteinte du mal. D’ailleurs, l’arbre de la connaissance du bien et du mal ne s’y trouve plus. Cette question a été entièrement résolue à la croix de Golgotha et pour la gloire de Dieu. Il n’y a plus que vie et fécondité.
Le plaisir de Dieu est enfin et à jamais établi par notre Seigneur Jésus Christ avec ceux qui Lui sont unis comme son épouse. L’image de cette union dans le premier couple humain en Eden a été gâtée. La réalité ne pourra plus l’être dans « le paradis de Dieu ».

 

LES TROIS SABBATS

1 septembre, 2015

http://www.richardlemay.com/LIV/FRA/REF/REFLesTroisSabbats.html

LES TROIS SABBATS

Ellet J. Waggoner

Quelqu’un peut en vérité parler de sabbats au pluriel seulement comme quelqu’un peut parler de plusieurs dieux. « Il n’y a qu’un seul Dieu. Car, s’il y a des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, comme il existe réellement plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, néanmoins pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes. » (1 Corinthiens 8.4-6). Ainsi, même s’il y a pour ainsi dire différents sabbats, il n’y a qu’un vrai sabbat, le Sabbat du Seigneur.

Le Sabbat du Seigneur
Le mot « sabbat » signifie repos. C’est un mot hébreu transposé en français. Lorsque les Hébreux utilisaient le mot « sabbat », ils y voyaient la même idée que nous voyons dans le mot « repos ». Le quatrième commandement nous dit donc en réalité : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. » (Exode 20.8-11 ).
Nous ne devons pas faire l’erreur de considérer le repos du Seigneur à partir de ce que les hommes sont accoutumés d’appeler un repos. Dieu n’est pas un homme. Nous devrions plutôt apprendre du repos de Dieu ce qu’est réellement le repos. Le repos de Dieu n’est pas un simple repos physique [consécutif à] de la fatigue. Nous le savons pour deux raisons : « Dieu est esprit » (Jean 4.24). Pas « un esprit » comme s’Il était un esprit parmi tant d’autres; mais Il est Esprit, tel que rendu dans la marge de la Version Révisée. Deuxièmement : « C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, qui a créé les extrémités de la terre; il ne se fatigue point, il ne se lasse point. » (Ésaïe 40.28). Le Seigneur ne S’est donc pas reposé parce qu’Il était fatigué, et Son repos n’est pas physique, mais spirituel, puisqu’Il est Esprit. « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. » (Jean 4.24 ).
Dieu S’est reposé, non parce qu’Il était fatigué, mais parce que Son oeuvre était terminée. Quand un travail est terminé et qu’il est bien fait, il ne reste que le repos. En six jours, Dieu a fini Son oeuvre et en l’examinant, Il a déclaré que tout était « très bon ». Il n’y avait aucun défaut en elle. Elle était sans faille devant Lui. Par conséquent, puisque l’oeuvre de Dieu était faite et bien faite à la fin du sixième jour, « Il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. » Il n’eut aucune pensée de tristesse ni regret. Son repos ne fut pas dérangé, comme dans ce que l’homme appelle si souvent le repos, par quelque pensée du genre : « Je dois aller travailler encore demain » ou « J’aurais souhaité faire cette portion un peu différemment » ou « si je pouvais la refaire, j’y ferais une amélioration » ou encore « le travail du dernier jour est si mauvais que je ne peux en supporter la vue; j’étais tellement fatigué que lorsque je m’y suis mis, je n’ai pu en faire même la moitié. » Non, rien de tel. Chaque partie de l’oeuvre, même l’homme, était aussi parfaite qu’il était possible de l’être et Dieu a pris plaisir à contempler l’oeuvre dont Il se reposait, parce qu’elle était complète et parfaite.
C’est le repos qu’Il nous offre. Ce n’est pas quelque chose qu’Il nous impose, mais qu’Il nous donne dans Son amour et Sa bonté éternelle. Le repos n’est pas une tâche assignée à quelqu’un. Ce n’est pas un fardeau. Ceux qui considèrent le sabbat comme un fardeau n’ont aucune idée de ce qu’est le sabbat du Seigneur. C’est un repos, un repos parfait, non dérangé.
Jésus-Christ est Celui par Lequel les mondes ont été faits « car en Lui ont été créées toutes choses dans les cieux et sur la terre », c’est pourquoi Il est celui qui nous offre ce repos. Il appelle chaque âme : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Matthieu 11.28) On trouve le repos en Lui parce qu’en Lui sont complétées les oeuvres de Dieu. En Lui est la nouvelle création et si un homme est en Lui, il est une nouvelle créature. Sur la croix Jésus a crié « C’est fini », montrant que c’est dans Sa croix que nous trouvons le repos parfait qui vient seulement de l’oeuvre finie du Seigneur.
Ce repos s’obtient par la foi. « Nous qui croyons entrons en repos. » Comment cela? Parce que nous entrons en possession, par la foi, de l’oeuvre finie et parfaite du Seigneur. « L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jean 6.29). Croire en Lui signifie Le recevoir; et puisqu’en Lui les oeuvres de Dieu sont complètes, il s’ensuit qu’en croyant en Lui, nous trouvons le repos.
Le repos que Jésus donne, c’est le repos par rapport au péché. Les fatigués et chargés qu’Il appelle à Lui sont ceux qui sont accablés par le poids de leurs péchés. Tous les hommes le sont, « car tous ont péché ». Nos meilleures oeuvres n’ont aucune valeur. Christ aura un peuple qui sera « zélé pour les bonnes oeuvres » (Tite 2.14-15) ; mais les bonnes oeuvres doivent être celles que Dieu Lui-même a accomplies pour nous en Christ. Seule Son oeuvre est durable. « Son oeuvre est honorable et glorieuse; et Sa justice dure à jamais. » (Psaumes 111.3) Par conséquent, « c’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (Éphésiens 2.8-10). Ce n’est pas « à cause des oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur. » (Tite 3.5-6). C’est donc par les oeuvres de Dieu que nous sommes sauvés et non par les nôtres. Les bonnes oeuvres sont abondantes, et elles sont aussi pour nous, mais non par des oeuvres de notre part, seulement par l’oeuvre parfaite de Dieu en Jésus-Christ. Si les oeuvres étaient les nôtres, alors le repos serait le nôtre; mais Dieu nous donne Son repos, non le nôtre, parce que seules Ses oeuvres peuvent donner un repos parfait. « Il a fait ses oeuvres merveilleuses pour qu’on s’en souvienne » (Psaumes 111.4) ou, littéralement : « Il a fait un mémorial pour Ses oeuvres merveilleuses. »
Ce mémorial est le septième jour, le jour où Il S’est reposé de toutes Ses oeuvres. Ce jour, Il l’a béni et l’a sanctifié, l’a fait saint. Sa sainteté ne l’a jamais quitté car « tout ce que Dieu fait dure à toujours ». Peu importe ce que fait l’homme, peu importe comment il considère ce jour, Sa sainteté demeure [inchangée].
« Il reste donc un repos pour le peuple de Dieu », et le septième jour, que Dieu a déclaré être Son repos pour toujours, est le moyen par lequel Il nous fait connaître la perfection de Son repos, parce qu’Il nous appelle à contempler une nouvelle création achevée et parfaite. Il nous révèle le Dieu éternel, le Créateur non fatigué, tout puissant, qui a accompli et montré Sa grande bonté pour ceux qui se confient en Lui devant les fils des hommes. (Psaumes 31.19). Il nous rappelle que nous sommes « parfaits en lui qui est le chef de toute principauté et puissance ». Il nous dit que même si nous avons péché et amené la malédiction sur la parfaite création de Dieu, la croix de Christ, qui porte la malédiction, restaure et perpétue l’oeuvre parfaite de Dieu de sorte que par elle, nous pouvons paraître sans faute devant le trône de Dieu, tout comme au commencement, lorsque l’homme fut créé. « Grâces soient à Dieu pour son don ineffable. »

Le sabbat juif
Il existe ce qu’on appelle « le sabbat juif » ou le sabbat des Juifs, mais c’est une chose bien différente du Sabbat du Seigneur. Beaucoup de gens s’imaginent que si quelqu’un observe le septième jour, il garde le sabbat juif; mais ce n’est pas du tout le cas. Personne ne garde le sabbat juif s’il garde le Sabbat « selon le commandement ». La même différence existe entre le sabbat juif et le Sabbat du Seigneur qu’entre un homme et Dieu. Laissez-moi vous expliquer :
« Le septième jour est le Sabbat du Seigneur », mais nous avons vu que le repos du Seigneur est un repos spirituel, commémoré par le septième jour. Un homme peut cesser de travailler le septième jour de la semaine et ne pas garder le Sabbat du Seigneur. Si un homme cesse de travailler le vendredi soir au coucher du soleil et s’abstient de tout travail jusqu’au jour suivant au coucher du soleil, comme une simple forme de culte et pour mieux se préparer physiquement à retourner travailler, ou avec la pensée qu’il se décharge ainsi d’un devoir, et se gagne la faveur de Dieu, mais ce n’est pas là garder le Sabbat du Seigneur. Garder le Sabbat du Seigneur, c’est de se plaire dans le Seigneur. Ceux qui ne prennent pas plaisir dans le Seigneur ne gardent pas Son Sabbat, peu importe qu’ils s’abstiennent de travailler.
Il est absolument impossible pour quelqu’un qui n’est pas chrétien de garder le Sabbat du Seigneur; car, comme nous l’avons vu, le repos de Dieu vient seulement de Son oeuvre parfaite que l’on trouve uniquement en Christ. « Nous qui croyons entrons dans son repos. » Par conséquent, aucun Juif de nom, qui ne croie pas en Christ, ne garde le Sabbat du Seigneur même si, en apparence, il se repose le septième jour de la semaine. Son repos est son propre repos et non le repos du Seigneur.
Voyez-vous la différence? Le sabbat juif tombe le même jour de la semaine que le Sabbat du Seigneur, mais ce n’est pas du tout la même chose. Il représente seulement l’homme lui-même et son oeuvre personnelle. Au lieu d’être le signe de la justification par la foi dans l’oeuvre du Seigneur, c’est le signe de sa propre justice, tel qu’indiqué par la question que les Juifs posèrent à Jésus : « Que devrons-nous faire pour faire les oeuvres de Dieu? » Ils considéraient leurs propres oeuvres comme équivalentes à celles de Dieu. Leur obéissance n’était pas l’obéissance de la foi mais seulement une obéissance formaliste. Que le Seigneur nous délivre d’un tel sabbat! C’est de cela que nous sommes délivrés dans le Sabbat du Seigneur, car nous sommes sauvés de nos propres oeuvres et recevons les oeuvres parfaites du Seigneur. « Le septième jour est le Sabbat du Seigneur », mais faisons attention à ne pas en faire une simple caricature du repos. Prenons-le pour ce qu’il est : le repos du Seigneur.

Le sabbat papal
Il y a une chose entièrement différente du sabbat des Juifs et infiniment différente du Sabbat du Seigneur. Le Sabbat du Seigneur est l’acceptation des oeuvres mêmes de Dieu et du repos qui les accompagne, elles seules, Lui permettant de produire en nous à la fois le vouloir et le faire selon Son bon plaisir; le sabbat juif représente la vaine tentative d’hommes zélés et sûrs d’eux de faire les oeuvres que Dieu Lui-même fait et que Lui seul peut faire; mais le sabbat du pape signifie la substitution de l’oeuvre de Dieu par l’oeuvre de l’homme comme étant non seulement aussi bonne mais même meilleure. Il dispense même de la forme du commandement du Seigneur. Voyons comment.
Le Sabbat du Seigneur a été suffisamment traité pour le moment. Nous savons ce qu’il est. Nous avons vu que le sabbat des Juifs est l’observation de la forme du Sabbat du Seigneur, sans la substance qui ne peut venir que par la foi. Il tombe le même jour, mais c’est le sabbat de l’homme et non celui du Seigneur. Le sabbat papal n’a rien de commun avec le Sabbat du Seigneur, pas même (au niveau de) la forme, mais il le répudie totalement. Ainsi, un livre catholique romain intitulé « Une manière sure de découvrir la vraie religion » déclare :
« La sanctification du dimanche est une chose absolument nécessaire au salut; cependant elle ne paraît nulle part dans la Bible; au contraire, la Bible dit : ‘Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier’ (Exode 20.8) , c’est-à-dire le samedi et non le dimanche; cela signifie donc que la Bible ne contient pas toutes les choses nécessaires à notre salut. »
Ce n’est qu’une des nombreuses citations semblables qui peuvent être données, mais c’est suffisant pour montrer que par l’observation du dimanche, l’Église Catholique répudie délibérément la Parole du Seigneur et se place au-dessus d’elle. Elle a placé son sabbat en un jour tout à fait différent du Sabbat du Seigneur un jour que Dieu Lui-même n’aurait pu choisir comme Son sabbat puisque c’est celui où Il a commencé Son oeuvre afin de souligner sa prétention d’être au-dessus de Dieu. On voudrait ainsi enseigner aux hommes qu’ils doivent obéir à l’Église plutôt qu’à Dieu.
Notez que la citation parle de la nécessité de « garder saint le dimanche » [de le sanctifier]. Mais Dieu n’a fait du dimanche un jour saint. En fait, la Bible ne dit rien d’un tel jour. Elle reconnaît le premier jour de la semaine qu’elle appelle un jour ouvrable, mais le dimanche, un jour composé des parties de deux jours, a été inventé à Rome. Le seul jour dont Dieu ait jamais parlé comme étant saint est le septième jour de la semaine. Ce jour, Il l’a Lui-même fait saint et tout ce qu’Il nous demande, c’est de le garder saint. Mais puisque Dieu n’a pas fait du dimanche un jour saint, il en découle que si l’homme doit le garder saint, l’homme lui-même doit le rendre saint. Tout caractère sacré que le dimanche peut avoir dans le monde lui vient de l’homme. Le sabbat du dimanche, par conséquent, représente le signe de la prétendue capacité de l’homme de rendre les choses saintes. Car si l’homme peut rendre une seule chose sainte, il est évident qu’il peut rendre sainte n’importe quelle chose. Si l’homme peut rendre et garder un jour saint, alors il peut aussi se rendre saint et se garder saint. Le sabbat papal est donc le signe de la prétention du pape à prendre la place du Seigneur comme sanctificateur des pécheurs.
Tandis que le septième jour est le signe de la puissance de Dieu pour sauver par Ses propres oeuvres, le dimanche est le signe de la supposée puissance de l’homme de se sauver par ses propres oeuvres, indépendamment et en dépit du Seigneur. Il répudie le Seigneur en répudiant Sa Parole. Prenez note que ceci est dit du dimanche papal et non de tous ceux qui le considèrent comme un jour saint. Il y a des milliers de gens qui gardent le jour papal, supposant avec honnêteté qu’il est le Sabbat du Seigneur. De telles personnes, bien sûr, croient en la justification par la foi, même si elles observent involontairement le signe de la justification par les oeuvres. C’est pour leur bénéfice que cet article a été écrit, afin qu’elles puissent être totalement consistantes avec leur profession de foi. Nous traitons ici de faits, sans considérer la réaction des hommes à leur égard; et les faits sont que le Sabbat du Seigneur est la justification par la foi; le sabbat papal signifie la justification par les oeuvres, les oeuvres mêmes de l’homme. Pour lequel prendrez-vous position?

UN ENFANT : LE SOURIRE DE DIEU

17 août, 2015

http://www.portstnicolas.org/phare/mini-commentaires/article/un-enfant-le-sourire-de-dieu

Mini-commentaires

UN ENFANT : LE SOURIRE DE DIEU

Le Seigneur apparut à Abraham aux chênes de Mamré alors qu’il était assis à l’entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour. Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. A leur vue il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre et dit : « Mon Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur. Qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds, et reposez-vous sous cet arbre. Je vais apporter un morceau de pain pour vous réconforter avant que vous alliez plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. » Abraham se hâta vers la tente pour dire à Sara : « Vite ! Pétris trois mesures de fleur de farine et fais des galettes ! » et il courut au troupeau en prendre un veau bien tendre. Il le donna au garçon qui se hâta de l’apprêter. Il prit du caillé, du lait et le veau préparé qu’il plaça devant eux ; il se tenait sous l’arbre, debout près d’eux.
Ils mangèrent et lui dirent : « Où est Sara ta femme ? » Il répondit : « Là, dans la tente. » Le Seigneur reprit : « Je dois revenir au temps du renouveau et voici que Sara ta femme aura un fils. » Or Sara écoutait à l’entrée de la tente, derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Sara se mit à rire en elle-même et dit : « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir ? Et mon maître est si vieux ! » Le Seigneur dit à Abraham : « Pourquoi ce rire de Sara ? Et cette question : Pourrais-je vraiment enfanter, moi qui suis si vieille ? Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils. » Sara nia en disant : « Je n’ai pas ri » car elle avait peur. « Si ! reprit-il, tu as bel et bien ri. » (Gn18,1-15)
Quelle belle histoire qui fleure bon l’hospitalité bédouine ! Elle est gorgée de lumière mais aussi d’ombres. Aussi pittoresque et exotique que mystérieuse et incompréhensible. Dans la lumière de midi il y a le Seigneur et ses deux compagnons (on saura par la suite que ce sont des anges). Il y a également Abraham qui donne des ordres à ses serviteurs et à sa femme pour que les visiteurs soient bien accueillis. Puis, à distance respectueuse, il se réfugie sous l’ombre d’un arbre et il écoute sans réaction l’incroyable annonce de la naissance d’un enfant. Sara est dans l’ombre. On ne la voit pas. Les visiteurs pourtant la connaissent car ils savent son nom. Sara observe la scène. Elle ne dit rien mais elle rit. Il y a de quoi. Elle perçoit toute l’incongruité de la situation. Pas de fausse pudeur. Elle pense à l’amour et à ses plaisirs, au bonheur d’être dans les bras de son mari et à sa jouissance amoureuse. Mais tout cela est de l’histoire ancienne. Comment cela pourrait-il recommencer et surtout comment cela pourrait-il déboucher sur une naissance ?
La réaction de Sara est intéressante. A première lecture elle semble être une femme soumise, effacée, insignifiante, qui parle de son mari comme de son maître et à laquelle personne ne demande son avis. La réalité est toute autre. Sara a de la personnalité. Elle se comporte selon les règles en usage dans la société de son temps mais son esprit est vif, prêt à réagir avec un sain réalisme. Elle ne se considère pas elle même. Elle n’est pas seulement un ventre stérile. Elle est une femme qui a trouvé du bonheur dans la relation amoureuse avec son mari.
La fin de l’épisode semble tourner à la confusion de Sara. Lisez cependant le chapitre précédent du livre de la Genèse où le Seigneur était déjà apparu à Abraham pour lui annoncer la naissance d’un fils. Et Abraham avait ri : « Un homme naîtrait-il à un homme de cent ans et Sara avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ? »
Sourions à notre tour en lisant ces histoires pleines de merveilleux. Partageons la foi du conteur de cette histoire pour qui il n’y a pas de choses trop prodigieuses pour Dieu. Et remarquons le nom de l’enfant qui naîtra au printemps prochain : Isaac, ce qui signifie « Que Dieu sourie. »

 »DIEU N’A PAS FAIT LA MORT » (SG 1-2)

26 juin, 2015

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/212.html

 »DIEU N’A PAS FAIT LA MORT » (SG 1-2)

Sagesse 1-2 fait entendre l’opposition de deux discours sur l’existence, de deux philosophies de la justice. Le discriminant, c’est la position par rapport à la mort.  La Sagesse de Salomon est un livre tardif : on le date généralement de la fin du 1er siècle avant l’ère chrétienne. Attribué fictivement à Salomon, il est écrit par un Juif d’Alexandrie, ville d’Égypte où se vivait un dialogue permanent avec la culture grecque. Sagesse 1-2 font entendre, d’entrée de jeu, l’opposition de deux discours sur l’existence, de deux philosophies de la justice. Le discriminant de ces deux discours, c’est la position que l’on prend par rapport à la mort. La thèse du livre de la Sagesse est la suivante :  »Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Car il a créé tous les êtres pour qu’ils subsistent et, dans le monde, les générations sont salutaires ; en elles il n’y a pas de poison funeste et la domination de l’Hadès ne s’exerce pas sur la terre. Car la justice est immortelle. » (1,13-15)

Le plaisir de Dieu La première phrase pose l’affirmation de base, qui se déploie ensuite en quatre temps. Tout d’abord, la mort ne relève pas du vouloir de Dieu. Ce premier déploiement de l’affirmation initiale est appuyé par la mise en évidence de l’intention divine : la finalité de l’acte de création est de poser toute réalité dans l’être, non de la destiner au néant. Ensuite, la mort n’est pas une fatalité inscrite dans les phénomènes de la génération, ni une nécessité originaire (un  »poison ») inscrite dans l’évolution des êtres. Les biologistes nous ont appris le lien qu’il y a entre la génération (sexuée) et la mort : ici, la génération est posée comme  »salutaire », c’est-à-dire comme possibilité d’être libérée de ce lien. De plus, la corruptibilité évidente de la vie n’est pas perçue comme provenant d’une cause initiale, inscrite originellement dans l’existence. Enfin, la mort n’a pas le pouvoir sur la terre. Ces trois déploiements de l’affirmation initiale sont appuyés par une dernière assertion : la justice est immortelle. En d’autres termes, nous sommes invités à comprendre la quête de la justice comme la racine du combat et de la victoire possible contre la fatalité de la mort. C’est précisément en contraste à cette invitation que va s’affirmer, dans la suite du texte, la position des impies.

La pensée dominante Le discours des impies (2,1-20) s’articule en trois moments, selon une logique parfaite. Le premier temps (v.1-5) pose une évidence : la vie humaine a une fin. Considérer sans faux-fuyant la mort fait de la vie quelque chose de peu d’importance, d’éphémère,  »qui se dissipe comme la brume matinale » : on reconnaît ici la  »vanité » du livre de Qohélet. Logiquement alors (v.6-9), il n’y a rien d’autre à faire que de  »profiter de la vie ».  »Jouissons des biens présents, profitons de la création » : c’est là une manière de  »prendre » la création, contre laquelle celle-ci se rebellera à la fin du chapitre 5. Enfin (v.10-20), le caractère logique – totalitaire ? – de cette philosophie s’achève dans l’élimination nécessaire de quiconque ne pense pas ainsi. La différence n’est pas tolérable :  »la vie du juste ne ressemble pas à celle des autres […] tuons-le ». L’élimination du juste ne vise pas autre chose qu’à museler toute opposition à la philosophie dominante. Cependant un doute s’infiltre en finale, la mise à mort étant posée comme une mise à l’épreuve de ses convictions :  »Voyons si ses paroles sont vraies… »

La mort n’est pas une fin Le chapitre 2 s’achève par un nouveau déploiement de la thèse qui ne répond pas au discours des impies mais progresse à partir de lui. Les impies considéraient la mort comme un événement totalitaire (une fin) dans l’expérience humaine ? Celle-ci peut échapper à l’emprise de la dégradation car l’homme est créé pour l’incorruptibilité ! Comment s’affranchir de la mort-dégradation ? Cela n’est pas encore dit. Enfin, il est avancé que la mort (mais laquelle : la mort-événement, ou la mort-dégradation ? les deux sans doute) est entrée dans le monde par la jalousie vis-à-vis de ce que  »Dieu possède en propre », et dont l’image se trouve en l’homme depuis la création. Qu’est-ce que Dieu possède en propre ? En tout cas, si la mort étend ses ravages dans le monde, c’est bien parce que certains appartiennent à son parti, et contribuent à sa domination, en particulier les impies. Sagesse 1-2 pose bien des questions qui restent ouvertes : il faut continuer à lire… Un seul point semble acquis. Si la mort règne sur notre existence, c’est parce qu’elle trouve des partisans parmi les hommes. Où se trouve alors la racine de l’immortalité, la capacité de lutter contre la corruption ? Il faudra bien, pour avancer, repenser la justice… et la sagesse.

Jean-Marie CARRIÈRE Article paru dans Le Monde la Bible n° 145  »Tombeaux et momies d’Égypte », (Bayard-Presse, sept-oct 2002) p. 72

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, 21 JUIN 2015 – LIVRE DE JOB 38, 1. 8 – 11

19 juin, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, 21 JUIN 2015

PREMIERE LECTURE – LIVRE DE JOB 38, 1. 8 – 11

1 Le SEIGNEUR s’adressa à Job du milieu de la tempête et dit :
8 « Qui donc a retenu la mer avec des portes,
quand elle jaillit du sein primordial ;
9 quand je lui mis pour vêtement la nuée,
en guise de langes le nuage sombre ;
10 quand je lui imposai ma limite,
et que je disposai verrous et portes ?
11 Et je dis : Tu viendras jusqu’ici !
Tu n’iras pas plus loin,
ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! »

LA CREATION TOUT ENTIERE EST DANS LA MAIN DE DIEU
Voilà un texte qui nous dit comment nos ancêtres imaginaient Dieu en train de créer le monde ! Il se trouve face à des masses d’eau mugissantes : d’un geste de la main, il les arrête « Tu viendras jusqu’ici ! Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! » Et, pour les contenir, il installe des portes avec des verrous ; enfin, il saisit une écharpe de nuages qui traînait dans le ciel et il en fait un lange pour la mer enfin calmée, devenue un nourrisson tout faible entre ses mains.
Dans une civilisation qui a gardé la mémoire d’un déluge meurtrier, mais qui connaît aussi la sécheresse et la soif, la maîtrise de Dieu sur les eaux est la meilleure manière de dire sa Toute-Puissance. Et si le livre de Job dit que Dieu parle « du milieu de la tempête », c’est également une manière de dire qu’il est bien le seul être au monde à maîtriser la tempête au point de s’en servir comme d’un porte-voix !
A elle toute seule, cette mise en scène est déjà une réponse aux problèmes de Job ; car, on le sait bien, il y a dans nos vies des tempêtes de toute sorte, et celles qui se déroulent dans notre tête sont autrement plus graves que celles des océans. Or Job est en pleine tempête intérieure, justement.
Vous savez bien que le livre de Job ne prétend pas raconter une histoire vraie, il est classé parmi les livres de Sagesse : c’est donc une réflexion qui nous est proposée sur les grands problèmes de l’humanité. Le problème dont il s’agit ici, c’est celui qui nous secoue tous, un jour ou l’autre, le plus terrible de nos vies : ce qu’on appelle couramment le problème du mal : affrontés à la maladie, la souffrance, la mort, l’échec de nos rêves et de nos projets, spontanément, nous demandons des comptes à Dieu, parce que, d’une manière ou d’une autre, nous pensons qu’il est le grand responsable de nos malheurs.
C’est toute l’histoire du livre de Job. Il ressemble à un conte : il pourrait commencer par « il était une fois » : il était une fois un homme qui s’appelait Job ; il avait commencé sa vie dans le bonheur, la richesse, la réussite ; mais soudain, tous les malheurs s’abattent sur lui : la mort tragique de tous ses enfants, la misère la plus noire, la maladie, la déchéance physique…
Pourtant, jusque-là, il était un homme juste, fidèle au Seigneur, et donc, comme il se doit, tout allait bien pour lui. Mais alors, que s’est-il passé ? Désormais, se pose la question : pourquoi cette souffrance ? Pourquoi le sort s’acharne-t-il sur moi, qui suis un innocent ? Si j’avais des choses à me reprocher, je m’estimerais puni et ce serait justice, mais j’ai beau chercher, je n’ai rien à me reprocher… Ces questions, Job les pose directement à Dieu, il les pose et repose sans cesse.
Et le passage que nous venons d’entendre est le début de la réponse de Dieu ; ce n’est pas une explication de tout ce qui vient d’arriver à Job, ce n’est pas non plus un reproche pour avoir osé poser des questions à Dieu, non, c’est une réponse, mais inattendue, c’est le moins qu’on puisse dire.
Cette réponse se présente sous la forme d’un long discours de Dieu :
la première phrase dit « Qui est celui qui dénigre la providence par des discours insensés ? » (littéralement : « Qui obscurcit le plan de Dieu par des propos dénués de sagesse ? »).
La suite est une véritable hymne à la Création.
Il faudrait la relire en entier, je vous lis seulement l’introduction (c’est Dieu qui parle) : « Où est-ce que tu étais quand je fondai la terre ? Dis-le-moi puisque tu es si savant. Qui en fixa les mesures, le saurais-tu ? Ou qui tendit sur elle le cordeau ? En quoi s’immergent ses piliers, et qui donc posa sa pierre d’angle, tandis que les étoiles du matin chantaient en choeur et tous les Fils de Dieu crièrent hourra ? »
Et Dieu, doucement, tranquillement, mais fermement, remet, comme on dit, Job à sa place sur le thème : tu n’as pas créé le monde, tu n’as pas maîtrisé la mer (c’est notre texte d’aujourd’hui), tu ne maîtrises pas davantage la lumière, ni la neige, ni la grêle, ni aucun des phénomènes naturels, ni la marche des étoiles ; tu n’es pas non plus le maître des animaux, que sais-tu de leur nourriture, et de leur reproduction ?

NOTRE VIE EGALEMENT EST DANS LA MAIN DE DIEU
Devant cette avalanche d’évocations de tout ce qui nous échappe, Job ne trouve plus rien à dire : « Je ne fais pas le poids… Je mets la main sur ma bouche. » (Jb 40, 4).
Il reprend même la phrase du début, (cette fois, c’est Job qui parle) :
« Qui est celui qui dénigre la providence sans y rien connaître ? Eh oui ! J’ai abordé, sans le savoir, des mystères qui me confondent. » (Jb 42, 3). Ce qui prouve qu’il a bien entendu la leçon.
Cette prise de conscience de Job ne résout pas son problème, me direz-vous ; il est tout aussi malade, ses enfants sont bel et bien morts, il est le pestiféré sur son tas de fumier… et on peut se demander si il est d’humeur à s’émerveiller devant les beautés du monde ? Quand on a les yeux pleins de larmes, on ne voit plus rien…
Alors que signifie cette hymne à la grandeur de Dieu ? On croirait presque que Dieu se vante… C’est le moment de nous rappeler ce que dit Saint Paul : « Tout ce qui a été écrit jadis (sous-entendu dans la Bible) l’a été pour notre instruction, afin que, par la persévérance apportée par les Ecritures, nous possédions l’espérance. » (Rm 15, 4) ; Dieu ne se vante pas de son pouvoir, Dieu n’a pas besoin de notre admiration ; quand nous nous émerveillons devant sa Création, c’est à nous que cela fait du bien !
Si Dieu rappelle à Job son pouvoir, c’est pour le rassurer… Bien plus que d’exalter la grandeur du Tout-Puissant, il s’agit d’inciter la créature impuissante à la confiance. Puisque Dieu maîtrise la mer et les flots, puisqu’il leur impose sa loi, c’est qu’il en est le maître. Ce que l’auteur du livre de Job veut nous faire entendre ici, c’est : Confiance, vous êtes impuissants, peut-être, mais vous êtes dans la main de Dieu ; quelles que soient les tempêtes de votre existence, il ne les laissera pas vous submerger. 

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