Archive pour la catégorie 'Biblique: Ancient Testament étude'

PREMIERE LECTURE – Isaïe 53, 10 – 11 – commentair

19 octobre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

PREMIERE LECTURE – Isaïe 53, 10 – 11

10 Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au SEIGNEUR.
 Mais s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, 
 il verra sa descendance, il prolongera ses jours : 
 par lui s’accomplira la volonté du SEIGNEUR.
11 A cause de ses souffrances, 
 il verra la lumière, il sera comblé.
 Parce qu’il a connu la souffrance, 
 le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, 
 il se chargera de leurs péchés.

Essayons d’abord de lire ce texte sans penser tout de suite à Jésus-Christ : le prophète Isaïe qui écrivait au sixième siècle av.J.C. parlait d’abord pour ses contemporains ; bien sûr, par la suite, on relit et on médite ses écrits et on y découvre de nouveaux sens, de nouvelles applications ; mais il y a un message adressé à ses contemporains pour leur vie présente ; s’il n’y en avait pas, qui l’écouterait ? Un prédicateur qui, aujourd’hui, nous parlerait pour l’an 3000 n’aurait guère d’auditeurs ! Il faut donc chercher ce qu’Isaïe voulait dire à ses contemporains, en quoi son message pouvait les stimuler. D’autre part, Isaïe, comme tous les prophètes, parle à partir de ce qu’il voit, à partir d’événements bien concrets ; il fait très souvent référence au passé, mais c’est pour éclairer le présent ; il parle aussi de l’avenir, mais pas pour l’annoncer (parce que l’avenir n’est pas programmé d’avance) ; il parle de l’avenir parce qu’il se joue dans le présent.
 La seule chose évidente dans les quelques lignes que nous lisons ici, c’est qu’on est dans un contexte de persécution : un « Serviteur » est « broyé par la souffrance » ; puisque ce passage est inséré dans le livre du deuxième Isaïe (c’est-à-dire les chapitres 40 à 55 d’Isaïe), on peut penser qu’il s’agit de l’Exil à Babylone. La souffrance est là pour ce peuple qui a tout perdu et qui peut aller jusqu’à se sentir abandonné de Dieu. Alors le prophète vient redonner des raisons de vivre et d’espérer, des raisons de tenir le coup, malgré tout. Il vient dire : votre souffrance n’est pas inutile, elle a un sens, vous pouvez lui donner un sens.
 Il cite l’exemple d’un Serviteur, mais sans le désigner précisément ; qui est ce « Serviteur » ? Ce même titre revient avec insistance dans les quatre textes qu’on appelle justement « les chants du Serviteur » chez le deuxième Isaïe. Il s’agit probablement du peuple lui-même exilé, ou ce qu’il en reste : le petit noyau qui essaie coûte que coûte de rester un serviteur de Dieu.
 Le message d’Isaïe tient en trois points : premièrement, dans votre souffrance, Dieu est à côté de vous ; deuxièmement, vous pouvez donner un sens à cette souffrance ; troisièmement, vous pouvez contribuer à l’œuvre de Dieu.
Premièrement, dans votre souffrance, Dieu est à côté de vous : c’est l’un des sens de la première phrase, « Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au SEIGNEUR. » Elle est peut-être la plus difficile de ce texte : l’horrible contresens à ne pas faire, ce serait de croire une seule seconde que Dieu peut prendre un quelconque plaisir à la souffrance d’un homme ; comment concilier cette manière de voir avec tout ce que nous savons par ailleurs, à savoir que Dieu est Amour… Même nous, qui ne sommes pas très bons, nous ne nous réjouissons pas des souffrances des autres ! Donc, ne faisons pas dire à ce texte ce qu’il ne dit pas !… Nulle part, il n’est dit que c’est Dieu qui s’est complu à broyer son Serviteur dans la souffrance… mais que lorsque son Serviteur est broyé par la souffrance, Dieu se penche sur lui avec un amour de prédilection.
 Curieusement, nous avons du mal à accepter cette vérité qui est pourtant dans la Bible depuis bien longtemps : le Dieu Père se penche sur toute souffrance. Déjà Moïse, dans l’épisode du buisson ardent, avait compris que Dieu entend le cri de ceux qui souffrent, qui sont opprimés. Pour Moïse, il s’agissait de l’esclavage en Egypte ; pour Isaïe, sept cents ans plus tard, il s’agit de l’Exil à Babylone ; mais Isaïe ne dit pas autre chose que Moïse ; bien au contraire, en sept cents ans, la foi au Dieu qui libère, qui veut sauver l’humanité de tous ses esclavages de toute sorte, n’a fait que s’approfondir. Ce qu’Isaïe dit ici c’est « Dans la souffrance qui le broyait, le Serviteur est l’objet de la prédilection du SEIGNEUR » : c’est bien le sens de notre mot français « miséricorde », un coeur attiré par la misère. Le message qu’Isaïe adresse aux exilés, c’est donc « dans votre souffrance, Dieu n’est pas contre vous, il n’est pas du côté de ceux qui vous humilient, il est près de vous, il se penche sur vous avec un amour de prédilection. » Sous-entendu, c’est en lui, dans la prière, dans la foi que vous trouverez la force de tenir le coup ; cherchez la force où elle se trouve.
Deuxièmement, vous pouvez donner un sens à cette souffrance : on n’a pas ici une explication du mystère de la souffrance ; elle reste un Mystère ; mais ce qui nous est dit ici, c’est que au sein même de la souffrance il y a un chemin de lumière : « à cause de ses souffrances, il verra la lumière » ; derrière l’expression « broyé par la souffrance », il y a l’image du « coeur brisé » d’Ezékiel ou du psaume 50/51: un coeur de pierre qui devient coeur de chair… dans la souffrance, et spécialement celle infligée par les hommes, la persécution, on peut réagir par le durcissement (haine pour haine), ou par l’amour et le pardon.
 Encore aujourd’hui, que ce soit dans des contextes de maladie, ou de violence, nous voyons des hommes, des femmes, des enfants qui savent faire de leur souffrance un chemin de lumière. On pourrait appeler cela le miracle du retournement ! De tout mal, Dieu peut nous aider à faire sortir un bien ! Voilà la merveille, la puissance de l’amour de Dieu.
Troisièmement, vous pouvez contribuer à l’œuvre de Dieu : vous pouvez en faire un « sacrifice d’expiation ». Malheureusement, ici, nous sommes gênés par la dérive du vocabulaire au cours des siècles, et toujours tentés d’imaginer un marchandage. Or, il n’est pas question de marchandage avec Dieu. Initialement, dans le livre du Lévitique, d’où nous vient cette expression, le « sacrifice d’expiation » a un sens très particulier. Comme tout sacrifice, c’est un geste accompli pour entrer en contact avec Dieu. L’expiation, c’est l’acte de Dieu (et non de l’homme) : c’est tout simplement son absolution. Lorsqu’on accomplissait un sacrifice d’expiation, on se savait pardonnés et on pouvait changer de vie.
 Isaïe dit donc à ses contemporains : Cette souffrance que les hommes vous ont infligée, vous pouvez en faire un moyen de salut pour eux ; Dieu accepte, agrée votre attitude intérieure d’offrande comme un sacrifice et il pardonne à tous, y compris vos bourreaux. Le verbe « plaire » employé dans la première phrase (Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au SEIGNEUR ; verset 10) a plusieurs sens, dont celui-là. On peut traduire « Dieu l’a agréé ». Alors, si vous vivez la persécution dans un esprit d’offrande, d’amour et de confiance en Dieu, elle deviendra un moyen de salut, car Dieu agrée votre attitude comme un sacrifice d’expiation. Il est vrai que vous n’êtes pas en train d’accomplir un sacrifice au Temple de Jérusalem selon les rites traditionnels, mais, dans sa miséricorde pour tous les hommes, Dieu accueille votre attitude intérieure d’offrande et de pardon comme un sacrifice d’expiation.
 C’est bien ce qui est dit ici par Isaïe au sujet du Serviteur : broyé par la haine des hommes, le Juste a répondu par le silence et le pardon. Dieu a permis que ce pardon soit le salut des bourreaux…! Que ce pardon convertisse le coeur des bourreaux parce qu’ils se sont ouverts à l’absolution offerte par Dieu.
 Alors Isaïe délivre le message le plus important de sa prophétie : « Par lui (par le serviteur), s’accomplira la volonté du Seigneur » ; c’est la phrase centrale de ce texte ; cette volonté de Dieu, Isaïe le sait bien, comme déjà Moïse le savait avant lui, c’est de sauver l’humanité, de la libérer de toutes ses chaînes ; et la pire de nos chaînes, c’est la haine, la violence, la jalousie qui rongent notre coeur. Cette volonté de Dieu, c’est donc tout simplement que l’humanité redécouvre la paix ; or cela peut se réaliser grâce aux serviteurs de Dieu. C’est ce que dit Isaïe ; « Si le Serviteur fait de sa vie un sacrifice d’expiation… par lui s’accomplira la volonté du Seigneur ». A partir de ce pardon accordé par Dieu, tous les pécheurs, délivrés de leur culpabilité, peuvent entamer une nouvelle vie. Devant l’attitude du Serviteur, le cœur des bourreaux s’attendrira. « Parce qu’il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. » Ce qu’Isaïe dit ici, c’est que le salut des bourreaux est dans les mains de leurs victimes. Car seul le pardon accordé par la victime peut convertir son bourreau.

 *********

 Complément

 Quelques siècles plus tard, le prophète Zacharie s’inscrivait dans la même ligne : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé… Ce jour-là, une source jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem en remède au péché et à la souillure. » (Za 12, 10 ; 13, 1).

LE DÉSERT (1/2)

16 octobre, 2012

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2002/sym_021210.htm

LE DÉSERT (1/2)

S’abandonner entre les mains de Dieu

« Faire un désert », « prendre quelques jours de désert ». Voilà de bien curieuses expressions pour qui connaît les collines dénudées ou les endroits secs et abandonnés. Pourtant, le désert, dans notre imaginaire, occupe une place de choix et ce, en grande partie grâce à la Bible. Qu’est-ce que le désert dans les Écritures? Quelle place occupe-t-il dans la vie spirituelle d’Israël?
Apparenté à celui de la terre, le symbole du désert a, dans la tradition biblique, une double portée. Il représente d’une part un lieu de désolation, sans vie, sans eau, que Dieu n’a pas béni. D’autre part, il évoque une étape dans l’histoire du salut : le passage d’lsraël sur ce territoire aride, avant d’arriver en terre promise. Le symbolisme du désert s’est développé, dans la Bible, surtout autour de cette deuxième perspective.
     En quittant tant l’Égypte, Israël prend le chemin indiqué par son Dieu. L’itinéraire n’est pas le plus court, mais le Seigneur veut être le guide de son peuple (Exode 13, 21). Le passage d’un état de dominé à celui d’une nation maîtresse de sa destinée se fait par la traversée du désert. C’est en ce lieu qu’Israël commence à adorer son Dieu. C’est là aussi que la Loi est donnée et l’Alliance conclue. Des expériences aussi marquantes ont laissé des traces dans l’imaginaire collectif du peuple choisi.
     Le temps du désert est aussi un temps d’épreuve. Ayant quitte l’Égypte, ou au moins il mangeait à sa faim, Israël se retrouve démuni, à la merci totale de son Dieu. Se laisser, guider dans sa marche, attendre chaque jour sa nourriture, il y a de quoi sonder en profondeur la foi d’un peuple. Celui-ci n’échappe d’ailleurs pas aux regrets et aux infidélités (Exode 14, 11). La domination égyptienne n’empêchait pas le menu d’être meilleur! Dieu a-t-il raison de traiter ainsi son peuple?
     Mais dans sa grande fidélité, Dieu n’oublie pas son peuple et lui fait voir sa miséricorde. Malgré les murmures de mécontentement, il donne de quoi survivre au désert : l’eau jaillissant du rocher, les cailles, la manne… Par contre, il fait périr ceux qui refusent de sortir de leur endurcissement (Nombres 14, 29). Mais au bout de la route, pour ceux et celles qui ont tenu le coup, la terre promise apparaît. A partir de ce moment, l’image du désert est aussi bien celle d’une terre d’épreuve que le lieu de la révélation de la gloire et de la sainteté divine.
     Après avoir conquis le territoire palestinien et s’y être installé, Israël se laisse rapidement séduire par les divinité des peuples qui l’entourent. Le désert est alors devenu le symbole d’une relation privilégiée entre Dieu et son peuple. La tradition a retenu l’époque de sa traversée comme celle d’une épuration de sa foi. Cela prend la forme de formidables appels à la conversion. Même si le désert est un lieu sans vie, où règne la mort, le peuple l’a traversé sans périr. Pourquoi? Parce qu’il se laissait guider par Dieu. L’avenir d’Israël ne se trouve-t-il pas alors en lui? Cela vaut-il la peine de s’en détourner? Nous reviendrons sur ces questions la prochaine fois.
     Lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne lui fit pas prendre la route du pays des Philistins, bien qu’elle fût plus proche, car Dieu s’était dit qu’à la vue des combats le peuple pourrait se repentir et retourner en Égypte. Dieu fit donc faire au peuple un détour par la route du désert de la mer des Roseaux (Exode 13, 17-18).

Jean Grou
Bibliste, Sainte-Foy

Pour lire la Bible sur le désert…

          • Adorer Dieu au désert : Exode 3, 16-20
          • Dieu guide le peuple : Exode 13, 17-22
          • Les murmures au désert : Nombres 14, 1-14

LE DÉSERT (2/2)

16 octobre, 2012

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2002/sym_021217.htm

LE DÉSERT (2/2)

Sous le signe de la conversion

Bien installé en terre sainte, Israël se remémore les jours passés au désert et essaie d’en comprendre la portée. Il fait des comparaisons avec sa situation actuelle et prend conscience du caractère simple et dénudé du culte à cette époque. En devenant sédentaire, le peuple s’adonne à des cérémonies de plus en plus élaborées, avec tous les excès que cela suppose. Le prophète Amos dénonce ces excès en ces termes : « Des sacrifices et des oblations, m’en avez-vous présentés au désert, pendant quarante ans, maison d’lsraël? » (5, 25). Le désert est devenu le symbole de la pureté cultuelle. Les prophètes l’intègrent à leurs appels à la conversion en rappelant le sens véritable du culte : celui-ci doit refléter la paix et la justice régnant dans la société.
     Un deuxième motif en lien avec le désert sert de base pour l’appel à la conversion. La désobéissance, le doute du peuple au désert doit servir d’exemple pour le présent. Le peuple a bien failli être anéanti en gardant la nuque raide et en se détournant de Dieu au profit d’idoles (Exode 32, 1-14). N’eut été de l’intervention de Moïse, qui sait ce qui serait advenu d’lsraël? Alors, pas question de recommencer et de se laisser aller à la tentation! Jésus, au désert, vivra une expérience semblable. Faisant une synthèse des récits de la traversé du désert, les évangélistes montrent le Messie repoussant les tentations pour les vaincre.
     Le souvenir de la relation privilégiée de Dieu avec son peuple au désert a engendré une idéalisation de cette époque. Le prophète Élie, craignant tomber dans le désespoir, se rend a l’Horeb, là même où la Loi fut donnée à Moïse. Comme le peuple, il reçoit de Dieu sa nourriture et marche quarante jours et quarante nuits, rappelant les quarante années de la traversée du désert. Il rencontre alors Yahvé qui le confirme dans sa mission (1 Rois 19, 1-18).
     Le prophète Osée va même plus loin et parle du désert comme du lieu des fiançailles de Dieu avec son peuple. L’infidélité de celui-ci est tellement profonde qu’il faudra le ramener au désert, seul endroit de parfaite intimité avec Dieu (Osée 2). Autre signe d’idéalisation, la manne, que les Israélites mangeaient en regrettant les bon mets égyptiens (Exode 11, 4-6), devient le « froment du ciel, le pain des Forts » (Psaume 78, 24-25) ou même « un pain capable de procurer tous les délices et de satisfaire tous les goût » (Sagesse 16, 20).
     Même si cette idéalisation a connu des excès, le symbole du désert a gardé dans une part de la tradition biblique une connotation positive. Le désert est un lieu réjouissant car il conduit à la terre promise. Le trajet menant de Babylone à Jérusalem lors du retour de l’Exil est parcouru sur un air de fête, car il sonne un nouveau départ pour Israël (Isaïe 43, 19-20). Il est même considéré comme un nouvel Exode (Isaïe 52, 12). Le salut attendu pour la fin des temps est parfois décrit comme un désert qui devient fertile (Isaïe 41, 18).

     Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, qu’il se couvre de fleur des champs, qu’il exulte et crie de joie! La gloire du Liban lui est donné, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu (Isaïe 35, 1-2).

Jean Grou
Bibliste, Sainte-Foy

Pour lire la Bible sur le désert…

          • Appel à la conversion : Actes 7, 35-54
          • Les tentations au désert : Exode 32, 1-14
          • Les leçons du passé: Deutéronome 8, 1-4
          • Le désert qui fleurit : Isaïe 35, 1
         • Le lieu des fiançailles : Osée 2, 4-22

Les dinosaures dans le livre de Job dans la Bible

4 octobre, 2012

http://www.croixsens.net/creation/job.php

Les dinosaures dans le livre de Job dans la Bible

- Salut les amis, lisez avec moi

Job 40:15-41:26
Version Bible du Semeur

15 Regarde donc : voici l’hippopotame.
Je l’ai créé tout aussi bien que toi.
Comme le boeuf, il se nourrit de l’herbe.
16 Vois quelle force réside dans sa croupe !
Quelle vigueur dans ses muscles des flancs !
17 Il plie sa queue, solide comme un cèdre.
Et les tendons sont tressés dans ses cuisses.
18 Ses os ressemblent à des barreaux de bronze,
son ossature à des tasseaux de fer.
19 C’est le chef-d’oeuvre de Dieu, son créateur
qui lui impose le respect par le glaive.
20 Des monts entiers produisent son fourrage,
là où s’ébattent les animaux sauvages.
21 Il dort à l’ombre caché dans les lotus,
sous le couvert des roseaux du marais.
22 Il est couvert par l’ombre des lotus,
les peupliers du torrent le protègent.
23 Si l’eau déborde, il ne s’en émeut pas.
Si le Jourdain se jette dans sa gueule,
il reste calme et en sécurité.
24 Va-t-on le prendre à face découverte
et l’entraver en lui perçant le mufle ?

25 Iras-tu prendre avec ton hameçon le crocodile ?
Pour le tirer de l’eau vas-tu lier sa langue avec ta ligne ?
26 Lui mettras-tu un jonc dans les naseaux ?
Perceras-tu d’un crochet sa mâchoire ?
27 Te fera-t-il de nombreuses prières ?
Te dira-t-il doucement des tendresses ?
28 Conclura-t-il une alliance avec toi ?
Le prendras-tu pour serviteur à vie ?
29 Ou pour jouet comme un petit oiseau ?
Le lieras-tu pour amuser tes filles ?
30 Des associés le mettront-ils en vente ?
Des commerçants le partageront-ils ?
31 Vas-tu cribler de dards sa carapace ?
Vas-tu barder sa tête de harpons ?
32 Attaque-le et tu te souviendras de ce combat,
tu n’y reviendras plus !

Chapitre 41
1 Vois, devant lui, tout espoir de le vaincre est illusoire.
A sa vue seule, on sera terrassé.
2 Nul n’osera exciter sa colère.
Qui donc alors pourrait me tenir tête ?
3 Qui m’a prêté pour que j’aie à lui rendre ?
Tout est à moi sous l’étendue des cieux.
4 Je ne veux pas me taire sur ses membres,
et je dirai sa force incomparable,
et la beauté de sa constitution.
5 Qui a ouvert par devant son habit ?
Qui a franchi les deux rangs de ses dents ?
6 Qui a forcé les battants de sa gueule ?
Ses crocs aigus font régner la terreur.
7 Majestueuses sont ses rangées d’écailles.
Bien assemblées comme des boucliers,
8 articulées les unes sur les autres,
et aucun souffle ne pourrait s’y glisser :
9 soudées ensemble, chacune à sa voisine,
elles se tiennent et sont inséparables.

10 Il éternue : c’est un jet de lumière.
Ses yeux ressemblent aux paupières de l’aube.
11 Des étincelles jaillissent de sa gueule,
ce sont des gerbes de flammes qui s’échappent.
12 De ses narines la fumée sort en jets
comme d’un pot ou d’un chaudron bouillant.
13 Son souffle embrase comme un charbon ardent
et, de sa gueule, une flamme jaillit.
14 C’est dans son cou que sa vigueur réside,
et la terreur danse au-devant de lui.
15 Qu’ils sont massifs, les replis de sa peau !
Soudés sur lui, ils sont inébranlables.
16 Son coeur est dur, figé comme une pierre
il est durci comme une meule à grain.

17 Quand il se dresse, les plus vaillants ont peur.
Ils se dérobent, saisis par l’épouvante.
18 L’épée l’atteint sans trouver nulle prise,
la lance même, la flèche et la cuirasse
ne servent pas à celui qui l’approche.
19 Pour lui, le fer est comme de la paille,
il prend le bronze pour du bois vermoulu.
20 Les traits de l’arc ne le font jamais fuir
et les cailloux qu’on lance avec la fronde
ne sont pour lui que des fétus de paille.
21 Oui, la massue est un brin de roseau,
et il se rit du sifflement des lances.
22 Son ventre, armé de tessons acérés,
est une herse qu’il traîne sur la vase.

23 Les eaux profondes,
il les fait bouillonner comme un chaudron.
Il transforme le lac,
lorsqu’il y entre, en un brûle-parfum.
24 Il fait briller après lui son sillage.
Les flots paraissent couverts de cheveux blancs.
25 Nul n’est son maître ici-bas sur la terre.
Il fut créé pour ne rien redouter.
26 Il voit sans peur les puissants mastodontes.
Il est le roi des plus fiers animaux.

Hippopotame: Behemoth en hébreu, la description ne correspond pas à celle d’un hippopotame car il plie sa queue comme un cèdre alors que celle de l’hippopotame a plus l’apparence un maigre roseau!, 40:17
Crocodile: Leviathan en hébreu, la description semble bien être celle d’un reptile mais ceux qui vivent aujourd’hui n’ont pas la capacité de cracher le feu, 41:10-13.

L’amour sans relâche de Dieu (pour Israël)

1 octobre, 2012

http://www.croixsens.net/israel/amoursansrelache.php

L’amour sans relâche de Dieu (pour Israël)

Es.62:1 Pour l’amour de Sion je ne me tairai point, pour l’amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos, jusqu’à ce que son salut paraisse, comme l’aurore, et sa délivrance, comme un flambeau qui s’allume.
2 Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire; et l’on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Eternel déterminera.
3 Tu seras une couronne éclatante dans la main de l’Eternel, un turban royal dans la main de ton Dieu.
4 On ne te nommera plus délaissée, on ne nommera plus ta terre désolation; mais on t’appellera mon plaisir en elle, et l’on appellera ta terre épouse; car l’Eternel met son plaisir en toi, et ta terre aura un époux.
5 Comme un jeune homme s’unit à une vierge, ainsi tes fils s’uniront à toi; et comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu.
Le passage de Es.62:1-5 m’a touché, cela m’a motivé à vous le partager et l’étudier avec vous.
Pour l’amour de Sion je ne me tairai point, pour l’amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos, jusqu’à ce que son salut paraisse, comme l’aurore, et sa délivrance, comme un flambeau qui s’allume. Es.62:1
Dans le contexte, Israël était malmené par les nations à cause de son infidélité à Dieu. Cela n’a rien d’étonnant, Dieu l’avait prédit par Moïse: Israël deviendrait esclave des nations, s’il se laissait séduire par leurs idoles. Les idoles qui servent à la satisfaction de la chair mais qui rendent aveugles spirituellement et éloignent de Dieu.
Ce qui m’a touché, c’est l’attitude de Dieu envers Israël. Il ne se renforgne pas dans un mutisme outré. Il ne les abandonne pas dans leur péché. Au contraire, son amour pour Sion le fait parler. Son amour le pousse à agir en faveur de son peuple, il n’aime pas seulement en paroles mais véritablement, car son amour se traduit par des actions.
La délivrance physique des ennemis d’Israël s’est effectivement produite par la suite au temps de Daniel, mais, comme à l’habitude, la délivrance physique est une métaphore de la délivrance de l’esclavage du péché, voir
Ga.4:22-5:1
C’est la délivrance qui rend réellement libre, comme Jésus le disait lui-même à ses compatriotes dans Jn. 8:31-36 À la lecture de ce texte, nous remarquons que ceux qui ont le plus besoin d’être délivrés sont parfois ceux qui s’en rendent le moins compte. Soyons lucides, il n’est pas impossible que ce soit notre cas ou que ce l’ait déjà été. Alors demandons humblement au Seigneur comme David:
Regarde si je suis sur un mauvais chemin, et conduis-moi sur le chemin de l’éternité! Ps.139:24
En reprenant Es.62:1 nous lisons que le salut paraît comme l’aurore; c’est le passage des ténèbres à la lumière
Ce peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière; et sur ceux qui étaient assis dans la région et l’ombre de la mort la lumière s’est levée. Mt.4:16
Le prophète compare ensuite la délivrance à un flambeau qui s’allume. Ce flambeau sert à nous éclairer le chemin.
Ta Parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentir. Ps.119:115
La Parole de Dieu est le flambeau qui nous montre sur quel chemin nous nous trouvons et nous indique comment aller sur le chemin qui mène à Dieu.
Qu’est-ce la parole de Dieu sinon Jésus-Christ lui-même, la Parole de Dieu venue sur terre faire paraître le salut de nos âmes, la délivrance de l’esclavage du péché?
Ta situation ressemble-t-elle à ces juifs décrits dans Es.62? C’est assurant désolant de s’être laissé berné par les idoles séduisantes mais prend courage, Dieu se ne tait pas, il ne prendra pas de repos jusqu’à ce que tu sois délivré de l’esclavage des idoles, PARCE QU’IL T’AIME !

Pour l’amour de Sion
Pour l’amour de Jérusalem
Pour l’amour de … (ton prénom)

Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire; et l’on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Eternel déterminera. Es.62:2
Les nations voient l’amour de Dieu pour le croyant quand celui-ci est libéré de l’esclavage du péché
Tu portes maintenant un nom nouveau; fils ! tu es un enfant de Dieu !
Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Ga.3:26-28
Les 3 versets qui suivent illustrent l’amour de Dieu pour nous, comme un homme désire s’unir pour la vie à la femme qu’il aime, ainsi le Seigneur Dieu fait de l’Église son épouse et met toute sa joie en elle.
3 Tu seras une couronne éclatante dans la main de l’Eternel, un turban royal dans la main de ton Dieu.
4 On ne te nommera plus délaissée, on ne nommera plus ta terre désolation; mais on t’appellera mon plaisir en elle, et l’on appellera ta terre épouse; car l’Eternel met son plaisir en toi, et ta terre aura un époux.
5 Comme un jeune homme s’unit à une vierge, ainsi tes fils s’uniront à toi; et comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu. Es.62:3-5
N’est-ce pas une pensée réjouissante que nous soyons une source de joie pour Dieu?

Ga.4:22 Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre.
23 Mais celui de l’esclave naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse.
24 Ces choses sont allégoriques; car ces femmes sont deux alliances. L’une du mont Sinaï, enfantant pour la servitude, c’est Agar, –
25 car Agar, c’est le mont Sinaï en Arabie, -et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est dans la servitude avec ses enfants.
26 Mais la Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère;
27 car il est écrit: Réjouis-toi, stérile, toi qui n’enfantes point! Eclate et pousse des cris, toi qui n’as pas éprouvé les douleurs de l’enfantement! Car les enfants de la délaissée seront plus nombreux Que les enfants de celle qui était mariée.
28 Pour vous, frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse;
29 et de même qu’alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’Esprit, ainsi en est-il encore maintenant.
30 Mais que dit l’Ecriture? Chasse l’esclave et son fils, car le fils de l’esclave n’héritera pas avec le fils de la femme libre.
31 C’est pourquoi, frères, nous ne sommes pas enfants de l’esclave, mais de la femme libre.
5:1 C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude.

Jn.8:30 Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui.
31 Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples;
32 vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
33 Ils lui répondirent: Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne; comment dis-tu: Vous deviendrez libres?
34 En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché.
35 Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison; le fils y demeure toujours.
36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.

Dimanche 30 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut – Premiere Lecture : – Nombres 11, 25-29

29 septembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 30 septembre : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Nombres 11, 25-29

25 Le SEIGNEUR descendit dans la nuée
pour s’entretenir avec Moïse.
Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci,
et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple.
Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser,
mais cela ne dura pas.
26 Or, deux hommes étaient restés dans le camp ;
l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad.
L’esprit reposa sur eux ;
bien que n’étant pas venus à la tente de la Rencontre,
ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis,
et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser.
27 Un jeune homme courut annoncer à Moïse :
« Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »
28 Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse,
prit la parole :
« Moïse, mon maître, arrête-les ! »
29 Mais Moïse lui dit :
« Serais-tu jaloux pour moi ?
Ah ! Si le SEIGNEUR pouvait mettre son esprit sur eux,
pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »

Nous sommes au chapitre 11 du livre des Nombres ; les dix premiers chapitres ont raconté l’organisation du peuple durant sa vie dans le désert du Sinaï ; ce chapitre 11 raconte deux choses : d’abord une crise énorme qui a secoué le peuple et puis la vague de découragement qui a bien failli submerger Moïse. La crise vient des difficultés de la vie au désert : on ne meurt pas de faim, puisque la manne tombe du ciel chaque matin ; mais on a vite fait d’oublier que cette manne est un cadeau du ciel, justement, et on trouve qu’elle manque d’originalité à la longue : « Nous nous rappelons le poisson que nous mangions pour rien en Egypte, les concombres, les pastèques, les poireaux, les oignons, l’ail. Tandis que, maintenant, notre vie s’étiole ; plus rien de tout cela ! Nous ne voyons plus que la manne. » (Nb 11, 5-6).
C’est de là que vient le découragement de Moïse ; en entendant le peuple faire la fine bouche, il est tenté de tout laisser tomber. Comment pourrait-il entraîner un peuple aussi récalcitrant sur la route pleine d’embûches de la Terre Promise ? Il a bien l’impression d’être le seul à y croire. « Moïse entendit le peuple qui pleurait, groupé par clans, chacun à l’entrée de sa tente. Le SEIGNEUR s’enflamma d’une vive colère et Moïse prit mal la chose… Pourquoi m’imposes-tu le fardeau de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Moi qui l’ai mis au monde ?… Tu veux que je porte ce peuple sur mon coeur, comme une nourrice porte un petit enfant ?… Où trouverais-je de la viande pour donner à tout ce peuple ? … Je ne peux plus, à moi seul, porter tout ce peuple ; il est trop lourd pour moi… Fais-moi plutôt mourir… Que je n’aie plus à subir mon triste sort. » (Nb 11, 10-15).
La réponse du Seigneur est double : premièrement, il dit à Moïse, si la tâche est trop lourde, il ne faut pas rester tout seul ; et il lui propose de lui donner des collaborateurs, c’est notre texte d’aujourd’hui ; deuxièmement, il lui promet de la viande pour tout le peuple. Mais Moïse était vraiment découragé, au point de douter que Dieu soit capable de nourrir autant de monde ! Ce à quoi Dieu répond « Crois-tu que j’aie le bras trop court ? Tu vas voir maintenant si ma parole se réalise ou non pour toi. » (Nb 11, 23). Le passage que nous lisons aujourd’hui est donc le moment où Dieu donne des collaborateurs à Moïse. Cela se passe en deux temps : c’est Moïse qui doit les choisir, puis Dieu leur donne son esprit pour les envoyer en mission. Dieu avait dit : « Rassemble-moi soixante-dix des anciens d’Israël, tu les amèneras à la tente de la rencontre, je prélèverai un peu de l’esprit qui est sur toi pour le mettre en eux… ». Ceux qu’on appelle les « anciens » du peuple, ce sont des hommes, des chefs de famille, parmi les plus âgés. Moïse fait donc une liste de soixante-dix anciens, et les convoque à la Tente de la Rencontre, c’est-à-dire la Tente qui abritait l’Arche d’Alliance. Désormais il sera donc entouré d’une sorte de sénat.
Sur les soixante-dix hommes choisis par Moïse, soixante-huit seulement répondent à l’appel et sortent du camp, pour aller à la Tente de la rencontre ; deux d’entre eux, Eldad et Medad restent dans le camp. Le texte ne dit pas si c’est par mauvaise volonté, et si cette désobéissance signifie une réticence par rapport à Moïse. Et Dieu fait comme il avait dit : il « prélève une part de l’esprit qui reposait sur Moïse, pour le donner aux soixante-dix anciens » : évidemment, cette expression nous surprend ; c’est simplement une manière imagée de dire que, désormais, les Anciens sont en mission autour de Moïse et donc que l’esprit de Dieu les accompagne. Au passage, n’oublions pas que c’est Moïse qui les a lui-même choisis ; Dieu respecte son choix, il le respecte même tellement que les deux réfractaires restés au camp reçoivent eux aussi l’esprit pour être à même de remplir leur mission.
Le nouveau comportement d’Eldad et Medad n’est pas du goût de tout le monde ; quelqu’un se précipite pour avertir Moïse : « Eldad et Medad sont en train de prophétiser dans le camp ! » Et là, on assiste à deux réactions diamétralement opposées : Josué, le fidèle serviteur de Moïse, veut défendre les prérogatives de son maître. Il trouve tout-à-fait anormal que ceux qui ont désobéi et fait preuve d’indépendance prétendent se conduire comme s’ils avaient reçu l’esprit. Il crie « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Il a un réflexe d’inquiétude : nous ne maîtrisons plus tout !
Moïse, au contraire, reste fidèle au choix qu’il avait fait : en choisissant de s’entourer de soixante-dix personnalités, il savait bien qu’il acceptait de ne plus tout maîtriser, il s’en réjouit au contraire, puisque l’esprit du Seigneur les accompagne. Sa réponse est extraordinaire : « Serais-tu jaloux pour moi ? Si seulement tout le peuple du SEIGNEUR devenait un peuple de prophètes sur qui le SEIGNEUR aurait mis son esprit ! » Quelques versets plus bas, le même livre des Nombres dira : « Moïse était un homme très humble, plus qu’aucun homme sur la terre. » (Nb 12, 3). Ici, nous en avons vraiment la preuve : puisqu’il se réjouit sincèrement de ne plus être seul à porter le poids de la charge du peuple, et de ne plus avoir le monopole de l’esprit.
Plus tard, relisant cette réponse de Moïse, on se dira qu’elle était prophétique : souhaiter que le peuple tout entier devienne prophète, c’est dire déjà le dernier mot du dessein de Dieu.1
Décidément, la Pentecôte se profilait déjà au Sinaï. ———————————————————————————————————————————-
Note
1 – Ce souhait de Moïse sera repris sous forme de prophétie par Joël : « Je répandrai mon esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront… Même sur les serviteurs et sur les servantes, en ce temps-là je répandrai mon esprit » (Jl 3, 1).

Complément
A une époque où, apparemment, l’idée même de démocratie n’effleurait personne, Moïse en avait déjà formulé le souhait. Ce peuple se conduit jusqu’ici comme une bande d’enfants jamais contents ; eh bien, Moïse voudrait qu’ils acquièrent assez de sagesse et de discernement pour prendre résolument le chemin de leur libération avec les risques que cela comporte.

Moïse : Le Dieu miséricordieux se révèle en libérant, faisant alliance et pardonnant à ses enfants. Livre de l’Exode

6 septembre, 2012

http://www.collevalenza.it/Francese/Art003.htm

Moïse : Le Dieu miséricordieux se révèle en libérant, faisant alliance et pardonnant à ses enfants.
Livre de l’Exode

Roberto Lanza

Dans la tradition biblique, le pardon est une des manifestations du mystère même de Dieu qui se révèle « miséricordieux ». Le livre de l’Exode, l’événement fondateur de la libération et de la foi du peuple d’Israël, met en évidence, de manière déterminant, cette miséricorde de Dieu : « J’ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer » (Ex 3, 7).
Pour le peuple de l’alliance, la miséricorde Dieu est tout d’abord le fruit d’une expérience ; tout au long de son histoire, il a pris conscience que Dieu est une présence vive et que son amour est gratuit, qu’en Lui tout est grâce. L’être miséricordieux devient, donc, un aspect privilégié de l’être même de Dieu. Dieu reste fidèle à son engagement ; Son amour est un amour fidèle parce qu’Il ne peut pas se renier lui-même. Il y a, en fait, un lien entre l’amour et la fidélité : la miséricorde est avant tout cette fidélité de Dieu envers lui-même, fidélité envers sa parole qui est promesse.
C’est dans ce contexte de miséricorde que la figure de Moïse acquiert une importance fondamentale. Il représente l’effort de Dieu pour nous libérer continuellement, pour remettre en jeu notre authenticité et identité d’enfants. Il est l’homme qui se bat pour une cause juste, affronte les puissant, et sait encourager son peuple craintif et désobéissant.
Son audace, son courage, son tempérament de guide du peuple ont un secret : Moïse sait parler avec Dieu au point de venir un instrument de miséricorde.
Sur la montagne, Moïse reçoit la révélation du cœur de Dieu : « Moïse proclama le nom de « Seigneur » et le Seigneur passa devant lui et proclama: « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, qui reste fidèle à des milliers de générations, qui supporte la faute … » (Ex 34, 6). Israël, opprimé par les fautes et ayant rompu l’Alliance, ne peut pas prétendre avoir droit à la miséricorde de Dieu ; néanmoins, malgré ses infidélités, les prophètes l’invitent toujours à garder la confiance et l’espérance parce que Dieu est fidèle à lui-même, responsable et cohérent avec son propre amour : « Ce n’est pas à cause de vous que j’agis, maison d’Israël, mais bien à cause de mon saint nom que vous avez profané » (Ez 36, 22). Mais Dieu aime et use de miséricorde surtout dans un sens maternel ; Il est lié à l’homme par le même rapport qui unit la mère et son enfant : une relation unique, forte ; un amour particulier ; une exigence du cœur même de Dieu ; une tendresse gratuite, faite de patience et de compréhension : « Sion disait: « Le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée !  » La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai jamais ! » (Is 49, 15).
Le Seigneur se présente comme Un en qui l’on peut avoir confiance : ici, sur la montagne, la libération est accomplie et la promesse réalisée : « Voici le signe que c’est moi qui t’ai envoyé: quand tu auras fait sortir le peuple d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne » (Ex 3, 12). C’est ce que Yhwh avait dit à Moïse dans le lieu du buisson ardent.
L’histoire même est Révélation : les événements et les expériences cèlent des enseignements et sont signes de l’intervention de Yhwh. « … Je vous ai faits venir jusqu’à moi » est le sens de tout l’effort de Dieu pour libérer les siens : c’est cette rencontre par lequel Il voulait se faire connaître et se lier à eux ; il s’agira, donc, d’écouter attentivement sa voix ; et, parce que cette voix parle d’« alliance », il faut « veiller » sur elle.
En fait, parfois on est porté à croire que l’expression « conclure l’alliance » indique un point d’arrivée, une situation définitive. Mais l’alliance est plutôt le début d’une histoire qui commence ; l’observer signifie la garder dans la vérité et dans la fidélité, en comprendre et vivre le sens, la valeur et la force, reconnaissant son épaisseur concrètement vitale pour l’existence de chacun de nous. Dans le cas de la relation entre Dieu et l’homme, la distance, la disparité est au maximum, mais cela n’empêche pas la constitution d’un rapport et encore moins l’amitié et la communion.
Dans le concept biblique de « berit » (alliance », l’initiateur (Dieu) est appelé à un engagement de fidélité absolue, irrévocable ; le destinataire, au contraire, reste plus libre, moins lié. En proposant ce genre d’alliance, Dieu révèle son choix de fidélité absolue qui ne vacille pas même quand l’homme trahit et livre à la partie adverse la liberté de le rendre.
L’alliance n’est donc pas un contrat mais bien une relation, un engagement, une manière de vivre ensemble, un rapport de personne à personne.
« … Si vous voulez écouter ma voix… » ce qui est demandé n’est pas un engagement forcé ; l’alliance s’accomplit dans la pleine liberté, elle est offerte à un peuple libre, et cette liberté se transforme en propriété de choix « … vous serez ma part personnelle parmi tous les peuples » (Ex 19, 5).
Pour le chrétien, la nouvelle alliance, conclue dans le sang du Christ, conduit à une nouvelle relation avec Dieu : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14, 23). La nouvelle alliance est devenue une relation intime, personnelle, non plus écrite sur des tables mais dans le cœur ; toutefois, le principe de la liberté reste valide. Le caractère qui donne son originalité à cette relation est l’amour : on connaît bien les images sponsales dont les prophètes, et Osée le premier, se servent pour la rencontre, les fuites et les retours d’Israël à son Dieu.
L’initiative d’amour ne pouvait venir que de Dieu, dans la mesure où elle constitue une révélation de sens possible uniquement pour le Seigneur de l’histoire ; en fait, définissant la nature du lien qui l’unit à Israël, Dieu révèle l’essence même du peuple : l’être c’est-à-dire constitué comme objet par son amour ; l’alliance part de l’Être de Dieu, « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous l’entendrons » (Ex 24, 7b). Il ne pourrait pas y avoir d’affirmation meilleure pour résumer l’attitude du peuple de Dieu dans la parfait fidélité à son Seigneur.

La danse érotique du roi David – Samuel 6, 12-23

6 septembre, 2012

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/insolite/2012/insolite_120217.html

La danse érotique du roi David – Samuel 6, 12-23

L’arche de l’alliance fait son entrée à Jérusalem dans la joie, la danse et… la nudité!

On vint dire au roi David : « Le Seigneur a béni la maison de Oved-Édom et tout ce qui lui appartient à cause de l’arche de Dieu. » David partit alors et fit monter l’arche de Dieu de la maison de Oved-Édom à la Cité de David, dans la joie. Or donc, lorsque les porteurs de l’arche du Seigneur eurent fait six pas, il offrit en sacrifice un taureau et un veau gras.
David tournoyait de toutes ses forces devant le Seigneur – David était ceint d’un éphod de lin. David et toute la maison d’Israël faisaient monter l’arche du Seigneur parmi les ovations et au son du cor.
Or quand l’arche du Seigneur entra dans la Cité de David, Mikal, fille de Saül, se pencha à la fenêtre : elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant le Seigneur et elle le méprisa dans son cœur.
On fit entrer l’arche du Seigneur et on l’exposa à l’endroit préparé pour elle au milieu de la tente que David lui avait dressée. Et David offrit des holocaustes devant le Seigneur et des sacrifices de paix. Quand David eut fini d’offrir l’holocauste et les sacrifices de paix, il bénit le peuple au nom du Seigneur, le tout-puissant.
Puis il fit distribuer à tout le peuple, à toute la foule d’Israël, hommes et femmes, une galette, un gâteau de dattes et un gâteau de raisins secs par personne, et tout le peuple s’en alla chacun chez soi.
David rentra pour bénir sa maison. Mikal, la fille de Saül, sortit au-devant de David et lui dit : « Il s’est fait honneur aujourd’hui, le roi d’Israël, en se dénudant devant les servantes de ses esclaves comme le ferait un homme de rien! »
David dit à Mikal : « C’est devant le Seigneur, qui m’a choisi et préféré à ton père et à toute sa maison pour m’instituer comme chef sur le peuple du Seigneur, sur Israël, c’est devant le Seigneur que je m’ébattrai.
Je m’abaisserai encore plus et je m’humilierai à mes propres yeux, mais, près des servantes dont tu parles, auprès d’elles, je serai honoré. » Et Mikal, fille de Saül, n’eut pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort. (2 Samuel 6,12-23)
Dans sa joie d’accueillir le Seigneur, David danse de toutes ses forces alors qu’il est vêtu d’un éphod de lin. Il s’agit d’un vêtement porté par les prêtres du Temple. Les opinions divergent quant à sa forme. Selon Flavius Josèphe, historien juif du Ier siècle, il s’agit d’une espèce de tunique courte, avec une ouverture au niveau de l’abdomen. On comprend que la façon de danser de David fait en sorte que le vêtement remonte un peu trop haut et que tout le monde peut voir sous sa tunique.
Comme le montrent certains des récits insolites de la Genèse, la nudité publique n’était pas bien vue dans les temps bibliques. C’était un déshonneur de montrer certaines parties de son corps.
La femme de David, Mikal, lui reproche une conduite qu’elle juge indigne du roi d’Israël. Mikal est à la fois la première de ses femmes et la fille du roi Saül, rival de David. Le narrateur du récit, la présente par son lien avec Saül plutôt que par son lien avec David. Elle est donc placée en opposition à David. Le récit se termine par la déclaration de la stérilité de Mikal, qui apparaît comme le symbole de la fin de la maison de Saül. La dynastie de David devient maintenant celle du Seigneur.
Cette façon de danser, susceptible de faire entrer en transe le danseur, se retrouve dans les pratiques de certains groupes de prophètes extatiques rencontrés dans la Bible (1 S 10,5; 2 R 3,15; 1 Ch 25,3).
Le récit a pour rôle de présenter David comme prêtre, prophète et roi. Il s’habille en prêtre, offre des sacrifices, et bénit le peuple. Il danse comme le faisaient certains prophètes. Il donne de la nourriture au peuple et il affirme que son élection provient de Dieu. Le texte n’est donc pas une simple anecdote sur la façon « libérale » de danser de David. Il vise plutôt à faire de David la personne qui, au sein du peuple, rassemble les trois pouvoirs. Lorsque ce récit est écrit, plusieurs siècles après sa mort, il sert à montrer toute l’importance de David dans l’histoire du peuple juif : le Seigneur soutient sa dynastie et pourrait même rétablir son règne d’une autre façon. C’est la forme que prendra l’espoir messianique, au retour de l’exil : Dieu suscitera un messie comme David.
La suite du second livre de Samuel raconte la fameuse prophétie de Nathan. Le prophète révèle à David que le Seigneur établira sa dynastie pour toujours : « Devant toi, ta maison et ta royauté seront à jamais stables, ton trône à jamais affermi. » (2 S 7,16) Notre récit insolite de la danse du roi prépare la prophétie qui redonnera espoir aux Juifs en exil, au VIe siècle av. J.-C. À partir de ce moment-là, ils attendront la venue d’un messie. Quelques siècles plus tard, des disciples de Jésus croiront que lui, le descendant de David, est le messie attendu.

La danse rituelle
Dans le judaïsme, la danse n’est pas mal vue. L’hommage à Dieu peut prendre la forme de l’expression corporelle. On s’accorde à trouver là l’origine du balancement des juifs, au moment de la prière.
Dans plusieurs traditions spirituelles, les danses religieuses vont de pair avec des états modifiés de conscience. La danse et la musique permettent d’entrer en contact avec l’altérité. Le battement du pied appelle les énergies et la gestuelle des bras oriente vers le ciel. L’être humain devient ainsi un pont entre le ciel et la terre.

Réflexions
La danse fait partie encore aujourd’hui de la manière de vivre la religion juive. Elle est toujours présente dans les célébrations de mariage et de bar-mitsvah, le rite de passage qui fait entrer le jeune garçon dans l’âge adulte.
Nous pouvons retenir de ce récit que la prière peut être corporelle et joyeuse. Nos messes catholiques n’ont pas à ressembler à des rencontres organisées par un club de l’Âge d’or. Plusieurs groupes chrétiens créent des musiques entraînantes qui vont du gospel au rock chrétien. Certains rassemblements de jeunes chrétiens évangéliques ressemblent presque à des concerts rock, où tout le monde chante et danse pendant des heures, dans un état d’ouverture à la Transcendance. Ces manifestations sont tout à l’opposée des célébrations monastiques, avec leur calme et leur silence. Il existe donc deux façons très différentes de s’ouvrir à Dieu et elles sont complémentaires. Une communauté ou une personne qui ne goûte pas l’expérience du silence passe à côté d’une source intarissable. Pourtant, si une communauté ou une personne n’exprime pas sa foi et ne la célèbre pas dans la joie, elle passe aussi à côté d’une fontaine abondante et bienfaisante.
Peu importe la façon d’exprimer sa prière, ce qui compte, c’est la qualité de la relation avec Dieu. La disposition intérieure reste fondamentale. Dans sa prière dansée, David était authentiquement plein de joie et il ne s’arrêtait pas à ce que les autres pouvaient penser de lui.

1...7891011