Archive pour la catégorie 'BIBLIE – A.T. – N.T.'

Actes 20,17 à 31 – Adieux de Paul aux anciens d’Ephèse

9 janvier, 2012

http://ichtus02-actes.blogspot.com/2008/10/actes-2017-31.html

Actes 20,17 à 31 – Adieux de Paul aux anciens d’Ephèse

Texte biblique

Cependant, de Milet Paul envoya chercher à Ephèse les anciens de l’Eglise. Lorsqu’ils furent arrivés vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, je me suis sans cesse conduit avec vous, servant le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs. Vous savez que je n’ai rien caché de ce qui vous était utile, et que je n’ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons, annonçant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus–Christ. Et maintenant voici, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m’y arrivera ; seulement, de ville en ville, l’Esprit–Saint m’avertit que des liens et des tribulations m’attendent. Mais je ne fais pour moi–même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher. Prenez donc garde à vous–mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint–Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous.

Réflexion

Adieux de Paul aux anciens d’Ephèse :

Conscient qu’il est sur la fin de son parcours, Paul profite de son passage à proximité d’Ephèse pour envoyer chercher les anciens de l’église de cette ville dans laquelle il demeura au moins deux ans pour leur faire ses adieux. Réuni avec eux, Paul leur ouvre son coeur et leur donne une triple vue sur le parcours commun que le Seigneur leur a permis de vivre ensemble :
1. Concernant le passé, Paul témoigne et rappelle quelle a été sa conduite devant eux depuis le premier jour où, dit-il, il a mis les pieds en Asie pour annoncer l’Evangile. Paul leur rappelle ainsi le modèle qu’il leur a donné. Il le fait pour plusieurs raisons : pour que les éphésiens se souviennent de quel moule ils sont sortis et n’oublient pas quel est le père duquel ils sont issus : cf Esaïe 51,1-2; Hébr 13,7. C’est ce modèle initial, veut dire Paul, qui doit rester dans leur esprit le modèle de référence pour leurs vies de ce qui doit être fait et vécu pour le nom de Jésus-Christ. Il leur rappelle par ce modèle les grandes vertus qui doivent caractériser la vie du témoin de Christ dans le monde : courage, ténacité, persévérance, humilité… mais aussi la méthode qui a été la sienne : l’annonce publique et dans les maisons à tous de l’Evangile… ainsi que le contenu du message qui a été le sien : repentance, conversion à Dieu, foi en Jésus-Christ.
2. Concernant le moment présent, il témoigne de ce que, esclave du Saint-Esprit, il sait et pressent de ce qui l’attend en faisant route vers Jérusalem. Là encore, Paul réaffirme, malgré le degré de menace plus important, sa volonté de ne changer en rien sa ligne de conduite. Une seule chose compte en effet à ses yeux : non la sécurité et l’avenir de sa personne, mais le fait d’achever sa course et de mener à terme le ministère que le Seigneur lui a confié : rendre témoignage de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.
3. Concernant l’avenir, Paul, conscient que c’est la dernière fois qu’il voit ses frères, leur donne sous forme de testament spirituel, ses dernières directives et avertissements :
- v 26-27 : il responsabilise les anciens en se déchargeant une fois pour toutes de sa propre responsabilité spirituelle quant à l’avenir de l’oeuvre de Dieu parmi eux. De son côté, c’est en toute bonne conscience et avec le sentiment du devoir accompli qu’il ôte le tablier de serviteur qu’il portait et quitte son service pour le confier à ceux qui en prendront la suite.
- v 28 à 31 : il les exhorte à veiller et prendre garde au troupeau que Dieu leur confie (ce qui est le devoir et la charge principale d’un berger) et les avertit du danger des prédateurs féroces qui, après son départ, ne manqueront pas de s’attaquer à lui. Indirectement, Paul souligne ici l’une des fonctions essentielles de l’apôtre ou du père fondateur d’une église, celle d’être un rempart donné par Dieu contre les ambitions humaines et charnelles de ceux qui ne songent qu’à une chose : utiliser le troupeau pour satisfaire leur désir de domination sur les âmes. C’est pourquoi Paul le rappelle : veiller est la mission permanente et première que doit se donner chaque berger, une mission qui oblige à être lucide et se garder de toute naïveté et sentimentalisme bon enfant. Une mission difficile qui requiert à la fois une attitude de détachement et de proximité, de recul et de vigilance, de patience et d’intervention, d’amour pour les hommes et d’obéissance prioritaire à Dieu. Paul, maintenant qu’il quitte sa charge, se cite de nouveau comme modèle à imiter pour ses frères, non en vue de s’enorgueillir de ce qu’il a fait au milieu d’eux, mais pour que chacun garde en son esprit l’exemple vivant de son vécu pour s’en inspirer.

Introduction au récit de Marc (année B)

8 janvier, 2012

http://www.bible-service.net/site/638.html

Introduction au récit de Marc (année B)

Lire Marc dans son site liturgique

Parce que tout son contenu narratif, ou presque, se retrouve chez les autres évangiles, le récit de Marc a été autrefois peu utilisé dans la liturgie. Il a suscité moins d’intérêt que ceux de Matthieu, Luc ou Jean de la part des Pères de l’Église, des docteurs du moyen âge, des prédicateurs de l’âge classique ou des artistes. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé.
D’une part, le Lectionnaire issu de la réforme liturgique voulue par le concile Vatican II et entré en vigueur en 1969 a choisi, pour les dimanches ordinaires de l’année B, une lecture  » semi-continue  » du second évangile. D’autre part, depuis le début du XXe siècle, les études tant historiques que sémiotiques ou narratives l’ont scruté avec attention. Enfin, à cause de sa brièveté, son rythme et sa nervosité, des comédiens n’ont pas hésité à le lire en public – pendant environ deux heures – procurant un réel bonheur à leurs auditeurs croyants ou non.
Ce Cahier n’a pas la prétention de proposer un commentaire exhaustif. Il se concentre sur les passages retenus dans la liturgie par le Lectionnaire catholique romain. Pour un approfondissement, des ouvrages plus complets sont nécessaires. Le présent Cahier a d’ailleurs abondamment puisé dans trois d’entre eux dus à Simon Légasse (1997), Élian Cuvillier (2002) et Camille Focant (2004).
La lecture  » semi-continue  ». Pour les dimanches de l’année B, les solennités et les fêtes, la liturgie a sélectionné seulement 39 passages. Dans l’année A, elle proposait 50 passages de l’évangile de Matthieu. Quasiment absent de l’Avent, de Noël, de Carême et de Pâques, Marc est privilégié par le temps ordinaire.
Le Lectionnaire a néanmoins omis des épisodes importants, par exemple l’institution des Douze (Mc 3, 13-19), la parabole du semeur et son explication (4, 1-20) ou les multiplications des pains (6, 30-44 et 8, 1-9 ; à la place, on lit le long récit de Jn 6). Des chapitres 11 à 13 seuls quelques brefs épisodes ont été retenus : entrée dans Jérusalem, controverse sur le premier commandement, mise en garde contre les scribes, louange d’une veuve, fin du discours apocalyptique. Ce dernier extrait, scindé en deux, forme d’ailleurs une curieuse inclusion : 13, 33-37 est proclamé au début de l’année (1er dimanche de l’Avent B) alors que 13, 24-32 qui le précède immédiatement est lu presque un an plus tard lors de l’avant-dernier dimanche du cycle liturgique (33e dimanche B) ! Notre travail devrait permettre de situer chacune des péricopes retenues dans la dynamique d’ensemble du récit.
La liturgie ne cherche pas à faire entendre un évangile pour lui-même. Elle l’éclaire par la rencontre d’autres passages bibliques, en particulier ceux de la première lecture et du psaume responsorial. Une rubrique intitulée Lectionnaire tentera, discrètement, de mettre au jour ces liens.
Un plan parmi d’autres. Dans les harmonies recherchées par la liturgie, le rapport direct entre l’Ancien Testament et la péricope évangélique ne vaut que pour le temps ordinaire. Dans les grandes périodes liturgiques (Avent-Noël, Carême-Temps pascal), le rapport entre l’Ancien Testament, le texte de l’Apôtre et l’évangile sont à redéfinir au cas par cas. Ce rappel est important parce que, faute de percevoir les règles que le lectionnaire s’est lui-même fixé, on risque parfois des rapprochements fort douteux entre les textes.
Un récit déconcertant. L’évangile de Marc est déroutant… à l’image de l’attitude de Jésus. Ainsi, pourquoi celui-ci impose-t-il le silence à ceux qu’il vient de guérir ? Pourquoi interdit-il à Pierre qui vient de reconnaître en lui le Christ d’en parler ?
Bien que choisis par Jésus et ayant tout laissé pour le suivre, les disciples ne sont pas présentés sous leur meilleur jour : plus le récit avance, plus leur inintelligence, leurs peurs, leurs manques de foi et leurs faiblesses sont mis en lumière. Au moment de l’arrestation de Jésus, ils l’abandonnent tous et s’enfuient. Dans la cour du Grand Prêtre, Pierre le renie.
Si la prédication de Jésus a pour thème principal la proximité du Règne de Dieu, si son enseignement manifeste son autorité, il doit faire face non seulement à l’incompréhension des disciples mais à l’hostilité et au rejet des autorités juives. L’itinéraire de Jésus qui prédit la venue du Fils de l’homme dans la gloire à la fin des temps passe paradoxalement par la souffrance et la mort. Sur la croix, abandonné des siens, moqué par tous, Jésus se dit abandonné même de Dieu (Mc 15, 34) ! Pourtant, n’est-il pas le  » Fils bien-aimé  » (1, 11 relayé par 9, 7) ?
Confessé comme  » Christ  » par Pierre au terme d’une première prédication en Galilée et en Décapole (8, 29), c’est par un païen, au pied de la croix, qu’il est reconnu dans sa vérité de  » Fils de Dieu  » (15, 39).
La dernière page qui raconte l’annonce pascale n’est pas la moins déconcertante par sa manière abrupte de clore le récit : les femmes s’enfuient du tombeau et ne disent rien  » car elles avaient peur  » (16, 8).
Du point vue de la forme, le récit se présente comme une succession rapide et hachée de petites unités ce qui a pour effet de dérouter le lecteur comme aussi bien de le tenir en haleine.
Un tel évangile ne peut laisser son lecteur indifférent. Il le provoque à s’interroger sur sa confession de foi. En même temps, il le rejoint dans ses peurs et ses incompréhensions devant le mystère de l’identité de Jésus. Invité à devenir disciple, le lecteur est confronté au portrait du disciple dessiné par Marc. Dans la mesure où il s’identifie à ce portrait, il est obligé, d’un côté, à une certaine lucidité sur lui-même et, de l’autre, il est encouragé à la fidélité : Jésus appelle des êtres limités et fragiles et, malgré leurs défaillances, il continue de leur faire confiance. Un échec dans la  » suivance  » n’est jamais définitif. La figure de Pierre, est, de ce point de vue, exemplaire depuis l’appel initial (1, 16) jusqu’au message de résurrection qui lui est transmis (16, 7).

Philippe Léonard Cahier Évangile n° 133 (septembre 2005) pages 4-6.

Sur les traces des mages d’Orient

2 janvier, 2012

http://bible.archeologie.free.fr/roismages.html

Sur les traces des mages d’Orient

Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à son lever et nous sommes venus lui rendre hommage. » (Mt. 2. 1-2)
Des voyageurs que l’évangile appelle des mages se seraient déplacés depuis leur pays situé à l’est de la Palestine pour s’incliner devant un enfant de Bethléem. D’où venaient-ils ? Quel était leur statut ? Quel astre auraient-ils vu ? Aujourd’hui, leur identité et leur histoire se révèlent peu à peu.
L’évangile de Matthieu n’est pas le seul document de l’époque à relater la visite de ces mages en Judée. Un témoignage moins connu nous vient de l’historien Flavius Josèphe (Ier siècle), qui rapporte dans son ouvrage « La guerre des Juifs » un récit très proche du texte de Matthieu. Cette version en langue slavonne fut trouvée il y a cent ans et diffère du texte classique [1] :
« Des sages venus de Perse visitent Hérode. « Nous venons de Perse, nos ancêtres ont recueilli des Chaldéens l’astronomie qui est notre science et notre art… » L’étoile leur est apparue et signifie la naissance d’un roi qui dominera sur l’Univers. L’étoile les conduit à Jérusalem mais disparaît. Hérode leur recommande de lui indiquer qui est la personne désignée par l’étoile, mais les Perses ne reviennent pas et Hérode fait massacrer 63 000 enfants de moins de trois ans. »
Josèphe confirmerait ainsi la réalité du massacre des enfants, avançant même un nombre de victimes. Il précise également que le pays d’origine des mages était la Perse.
Il est important de remarquer que la Perse était le berceau d’une autre religion monothéiste : le zoroastrisme. Cette croyance qui fut prêchée cinq cents ans avant notre ère par son fondateur Zarathoustra, fut la religion officielle de la Perse jusqu’à l’arrivée de l’islam au VIIème siècle. Elle partageait quelques points communs avec le christianisme. Son dieu appelé Ahura Mazda aurait créé l’Univers, et adopté le feu comme symbole. Le zoroastrisme était fondé sur un combat entre le bien et le mal, et annonçait la venue prochaine d’une sorte de messie, le « Saoshyant », qui devait naître d’une vierge et rétablir la justice en régénérant le monde. La démarche des mages de la crèche s’inscrit de manière cohérente dans la pensée zoroastrienne.
D’autres sources documentaires d’origine orientale se font l’écho de la mémoire de ces personnages. Au Moyen-âge, le marchand vénitien Marco Polo (1254-1323) se rendit en Chine par la route de la soie. En chemin il s’arrêta dans une ville de Perse appelée Saba (ou Saveh), où étaient vénérées les tombes traditionnelles des trois mages.
Le carnet de voyages de Marco Polo, connu sous le titre de « Livre des merveilles du monde », précise que l’un des trois mages aurait été roi de Saveh, le second de Diaveh et le troisième de Chiz. Saveh aurait été leur point de départ pour la Terre sainte, mais aussi leur lieu de leur sépulture. Marco Polo affirme y avoir visité leurs tombeaux en explorant le pays :
« En Perse est la ville de Saba (Saveh), de laquelle les trois rois mages sont partis [...] et dans cette ville ils sont enterrés, dans trois grands et beaux monuments. Et parmi ceux-là existe un bâtiment carré, magnifiquement conservé. Les corps sont toujours entiers, avec leurs cheveux et leurs barbes » [2].
Saveh est aujourd’hui une ville moderne, implantée à 130 km au sud-ouest de Téhéran. L’antique cité fut un centre urbain important à partir de l’empire mède (env. VIIIème siècle av. J.-C.). Les fouilles les plus récentes de ses ruines ont été effectuées en 2009 à l’initiative d’une équipe du centre iranien de recherches archéologiques dirigé par Pouriya Khadish. Entre autres vestiges, on dégagea les ruines de longs aqueducs et de plusieurs forteresses et relais caravaniers datant des dynasties parthe et sassanide (IIIe siècle av. J.-C. – VIIIe s. ap. J.-C.). Saveh posséda en outre l’une des plus importantes bibliothèques de Perse, qui fut détruite par les Mongols au XIIIème siècle. A ce jour, personne n’a retrouvé la trace des sépultures décrites par Marco Polo. Mais nous savons par l’étude du terrain que la cité était prospère au tournant de l’ère chrétienne.
Le voyageur vénitien recueillit sur place une curieuse légende, qui circulait dans le pays et qui évoque inévitablement l’évangile de la Nativité. Trois rois partirent un jour de Saveh pour voir un prophète nouveau-né en Palestine, à qui ils offrirent des présents. Celui-ci leur donna en échange une boîte à ne pas ouvrir. Sur le chemin du retour cependant, les mages ouvrirent le coffre malgré l’interdiction, et trouvèrent à l’intérieur une simple pierre. Déçus, ils la jetèrent dans un puits, mais voilà qu’il en surgit miraculeusement une grande flamme. Ils en prélevèrent une partie et la rapportèrent à Saveh pour la placer dans un sanctuaire appelé le « château des adorateurs du feu ». Dès lors les habitants de Saba vénérèrent ce feu qui ne devait jamais s’éteindre [3].
Ce conte fabuleux qui existe en plusieurs variantes, semble étrangement illustrer certaines données de terrain. A 400 km au nord-ouest de Téhéran, un site étonnant pourrait correspondre à la forteresse que Marco Polo appelle le « château des adorateurs du feu » : le Takht e Suleiman. Au milieu d’une grande plaine fertile, une colline de faible hauteur est entourée par une enceinte fortifiée ayant un vaste lac en son centre. Ce lieu particulier et riche en vestiges fut fouillé dans les années 1970 par Rudolf Naumann et Dietrich Huff, de l’Institut allemand d’archéologie. Les chercheurs dégagèrent un vaste complexe architectural, comprenant plusieurs temples antiques, dont l’un était visiblement dédié à l’eau et l’autre au feu. Une « salle du feu » bâtie en forme de croix présente en son centre un foyer de forme carrée. Tout autour se trouvent d’autres constructions, dont une salle carrée avec un dôme et des salles à colonnes.
Takht e Suleiman fut l’un des lieux les plus sacrés de l’ancienne Perse, car il passe pour avoir été le lieu de naissance de Zarathoustra. Il fut occupé dès le Ier millénaire av. J.-C., et jusqu’à sa destruction en 624 par l’empereur byzantin Héraclius. Des documents arabes ont permis d’établir que ce site n’était autre que l’ancienne ville de Chiz à laquelle Marco Polo fait référence. Par la suite son histoire s’est enrichie de diverses légendes, mettant en scène des personnages fameux comme Crésus et Salomon, avec des histoires de monstres lacustres et de trésors engloutis.
Si l’on se dirige davantage vers le nord-ouest de l’Iran, on atteint le lac d’Urmia près duquel est implanté un autre lieu associé aux rois mages. Au sein de la ville d’Urmia, l’église byzantine Sainte Marie (Mart Maryam) est réputée très ancienne, et sensée être bâtie sur la tombe de l’un d’eux. Elle date du IVème siècle et serait la seconde plus ancienne église du monde après celle de Bethléem. Certaines sources disent même qu’elle fut érigée « juste après l’Ascension du Christ ». Ce petit bâtiment carré fait de pierres et de briques, détruit et reconstruit plusieurs fois de suite, abrite plusieurs galeries et tombes souterraines. La possibilité qu’elle cache celle de l’un des mages de la crêche n’est pas inconcevable, à moins qu’elle ne commémore plus vraisemblablement qu’une étape de leur voyage.
En 1987, le jeune historien britannique William Dalrymple fit un voyage en Asie sur les traces de Marco Polo, suivi d’une recherche documentaire sur le pays des mages. Dans son livre intitulé In Xanadu, il relève quelques traits caractéristiques que l’on retrouve de manière frappante dans l’évangile de la Nativité. Ainsi, les mages constituaient une classe de prêtres zoroastriens pratiquant l’astronomie et l’interprétation des rêves. Le terme de mage (magos) est d’origine perse, et il apparaît non traduit dans l’évangile en grec de Matthieu. De plus, les trois présents offerts à l’enfant Jésus (or, myrrhe, encens) étaient des offrandes fréquemment associées dans les rites perses. Quant au site de Saveh, il fut l’un des plus importants observatoires astronomiques d’Asie.
Les éléments précédents nous éclairent de manière significative sur la civilisation persane d’où les rois mages seraient issus. Cependant, le mystère de l’absence de leur sépulture dans leur pays d’origine peut partiellement s’expliquer par l’existence d’une autre piste, digne du plus grand intérêt.
La filière en question nous ramène en Occident, au cœur de la vieille Europe. Il s’agit rien moins que des reliques supposées des rois mages, trois squelettes quasiment complets qui auraient été retrouvés à l’époque byzantine et rapportés en Europe. Dans son « Histoire des rois mages », le religieux Jean de Hildesheim (env. 1315-1375) écrit en effet que les trois corps auraient été exhumés en Orient vers l’an 330 par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin.
« La reine Hélène (…) commença à penser aux corps de ces trois rois. Elle s’équipa elle-même et, accompagnée de quelques gardes, partit pour le pays d’Ind(…). Après avoir trouvé les corps de Melchior, Balthasar et Gaspar, la reine Hélène les plaça dans un coffre, qu’elle décora richement et qu’elle transporta à Constantinople (…), où elle le déposa dans une église appelée Sainte Sophie ».
Les archives historiques permettent de suivre à la trace depuis le IVème siècle le parcours de ces reliques. Au XIIème siècle, les précieux ossements furent déplacés de Constantinople à Milan, offerts à la ville par le souverain byzantin Manuel Ier Comnène. Et lorsqu’en 1162 l’empereur germanique Frédéric Barberousse assiégea et prit Milan, il y trouva les reliques des rois mages et les offrit à la ville de Cologne. Dans cette ville d’Allemagne fut alors construite une somptueuse cathédrale gothique, où elles se trouvent encore aujourd’hui.
Une châsse d’or exposée dans le choeur de la cathédrale contient les ossements de trois hommes, enveloppés dans une pièce de tissu. Le reliquaire fut ouvert une première fois en 1863 et révéla un ensemble d’ossements mélangés, qui permirent de reconstituer trois squelettes masculins. L’observation des sutures osseuses de leurs crânes trahissaient trois âges différents, conformément aux représentations traditionnelles des mages.
Des examens plus approfondis furent menés au siècle suivant. En 1981, l’évéché de Cologne s’adressa à un spécialiste des tissus antiques, le professeur Daniel de Jonghe, du musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles. On lui confia l’examen détaillé de la toile qui entourait les reliques. Cette analyse s’avéra fort instructive.
L’étoffe est composée de fils de soie de Chine croisés avec des fils d’or. Elle est teinte avec de la pourpre, un colorant hautement précieux extrait de coquillages, et en l’occurence cette pourpre provient de la région de Tyr. Par analogie avec un autre tissu rigoureusement identique trouvé à Palmyre dans un édifice occupé entre 103 et 272, on a pu conclure qu’elle fut confectionnée entre le Ier et le IIIème siècles de notre ère.
Des lambeaux de vêtements trouvés sur les ossements furent également analysés. Ce sont des étoffes précieuses qui relèvent de trois fabrications différentes : deux sont en tissu damassé et un en taffetas. Toutes viennent du Proche-Orient et datent aussi de l’Antiquité tardive. Ces résultats sont cohérents avec ce que l’on sait de l’histoire de ces objets, s’il est exact qu’ils remontent à l’époque romaine.
L’histoire des rois mages occupe une grande place dans la tradition chrétienne occidentale. Dans les premiers siècles de notre ère, la piété et la spiritualité occidentales n’ont pas attendu les analyses scientifiques pour compléter le thème des mages. L’écrivain Tertullien (160-225) leur a donné pour la première fois le titre de rois. Le théologien Origène (185-252) estima leur nombre à trois, pour qu’il corresponde aux trois présents offerts à l’Enfant-Jésus (Mt. 2, 11). Plus tard, à partir du VIème siècle, apparaissent les noms propres qui leur furent attribués : Gaspar, Balthazar, Melchior.
La manière dont les premiers chrétiens se représentaient physiquement les rois mages se traduit dans l’iconographie. L’une des plus anciennes représentations des rois mages est la célèbre mosaïque de l’église Saint-Apollinaire de Ravenne (VIème siècle). On peut y voir les trois hommes avançant à grands pas pour apporter des plats à la Vierge et à l’Enfant. Le détail le plus révélateur est le vêtement qu’ils portent, typique des habits perses de l’époque antique : pantalon, tunique courte avec ceinture, et bonnet phrygien caractéristique des prêtres du dieu Mithra.
D’autres images de ce type sont même encore antérieures à la mosaïque de Ravenne et lui ressemblent beaucoup. La plus ancienne, préservée depuis le IIIème siècle dans la catacombe Sainte Priscille de Rome, est une peinture murale ébauchée en hauteur sur l’arcade d’une voûte. Elle figure trois silhouettes humaines, toujours dans la même position et dans des tons différents. Ces images émouvantes, oeuvres sans doute clandestines réalisées au temps des persécutions contre les chrétiens, nous montrent comment la mémoire des rois mages se transmettait deux cents ans seulement après leur venue à Bethléem.

La résurrection dans l’Ancien Testament

19 novembre, 2011

du site:

http://vivrecestlechrist.hautetfort.com/archive/2011/02/08/la-resurrection-dans-l-ancien-testament.html

La résurrection dans l’Ancien Testament

Les plus anciennes, et les seules preuves incontestées en faveur de la résurrection des morts dans tout l’Ancien Testament de langue hébraïque datent du 2 ème siècle (environ 165-164 av. J.-C.) de l’époque de la résistance à l’hellénisation, que le Séleucide Antiochius IV Epiphane essayait d’imposer aux Juifs (interdiction du culte juif, adoration du dieu de l’Empire, Zeus Olympien, et même de l’Empereur dans le Temple). On sait que cette rigoureuse politique d’hellénisation d’Antochius provoqua bientôt, sous la conduite des Maccabées, la révolte du peuple qui finalement s’acheva par la victoire du judaïsme.
Dans cette crise de l’époque des Maccabées, l’auteur d’apocalypse avait, pour mettre en garde et pour interpréter les signes des temps, pris la place des prophètes des VIII eme – VI eme siècles, époque de la crise également. Tel fut le livre de Daniel, dans lequel la prédication apocalyptique, après plusieurs essais chez les prophètes, atteignit sa pleine dimension. De nos jours, on ne devrait plus mettre en doute que le Livre de Daniel, vu sa langue, sa théologie (angéologie tardive) et sa composition sans unité , n’est en aucune façon le fait d’un visionnaire à la cour babylonienne du VI ème siècle, mais plutôt celui d’un auteur du II ème siècle, justement du temps d’Antochius IV Epiphane. En ce qui concerne la résurrection, il se [123] trouve au dernier chapitre de ce Livre de Daniel (originellement de caractère apocalyptique) un passage qui a été vraisemblablement influencé par des idées perses :  » En ce temps se lèvera Michel, le grand prince qui se tient auprès des enfants de ton peuple. Ce sera un temps d’angoisse tel qu’il n’y en aura pas eu jusqu’alors depuis que nation existe. En ce temps-là ton peuple échappera : tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les,  autres pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. Les doctes resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui ont enseigné la justice à un grand nombre, comme les étoiles, pour toute l’éternité.  » (Dan 12, 1-3)
Il ne fait pas de doute que, en ces temps de persécution – pour l’auteur du Livre de Daniel justement, temps de détresse avant la fin des temps, où hommes, femmes et enfants ont été cruellement persécutés en raison de leur attachement à la Loi -, le vieux problème de la juste rétribution se soit posé avec beaucoup plus d’acuité que pour les générations antérieures, du temps des Ptolémées et de Qohélet. Devant la fidélité de tant de martyrs à leur foi – placés devant l’alternative du reniement ou de la mort -, on devait à plus forte raison se demander : l’injustice se répare t-elle seulement en cette vie ? Quel peut être le sens de la mort des martyrs, quand ceux qui sont fidèles à leur foi n’obtiennent plus de récompense ni en cette vie-ci (ils sont déjà morts), ni dans une autre vie (qui n’est qu’une existence fantomatique) ? Où donc est Dieu avec sa justice ? La réponse de l’auteur d’apocalypse est la suivante : à ce temps de détresse succèdera le temps de la fin, où Israël sera sauvé, et – voilà la nouveauté – où les morts ressusciteront : les témoins de leur foi et leurs persécuteurs. Car les morts, qui ont dormi au « pays de la poussière » , se réveilleront et reviendront à la vie en tant que personnes humaines complètes (et non pas seulement en tant qu’âmes) dans cette vie d’ici-bas qui désormais durera éternellement, sans fin : pour les sages, sous forme d’une vie éternelle ; pour les autres, sous forme d’un éternel opprobre – même si cela n’est pas précisé.
Hors de la Bible hébraïque, dans l’ Ancien Testament grec (des Septante), on trouve d’autres témoignages de cette espérance en la [224] résurrection si tardivement apparue, en particulier dans le  Second Livre des Martyrs d’Israël qui contient les plus anciens récits de martyres juifs, modèles des Actes de martyres dans l’Eglise. Et précisément dans le célèbre septième chapitre (…)
A la différence du Livre de Daniel, il n’est manifestement pas question d’une résurrection « eschatologique », d’une [125] résurrection terrestre à la fin des temps, mais – peut-être parce que l’attente prochaine de Daniel n’avait pas été comblée par le récent passé – d’une résurrection transcendante, d’une résurrection céleste d’avant le temps : on pense là à une admission ou à une élévation au ciel après la mort – idée qui, beaucoup plus tard, devait avoir une importance capitale dans la foi en Jésus de Nazareth et en sa résurrection.   (…)
Cependant, l’argumentation en faveur de la résurrection atteint son point culminant avec les deux discours de la mère qui est présentée davantage comme philosophe que comme mère (…) [126] A la différence de ce qui se passe chez les Egyptiens, où la momie doit rester absolument intacte pour la vie éternelle, la mutilation corporelle et l’anéantissement physique eux-mêmes ne constituent pas des limites pour le Dieu d’Israël. Ces textes de l’Ancien Testament le montrent : la croyance à la résurrection des morts est une conséquence de la foi au Créateur. (…) Pour l’Ancien Testament, en effet, ce n’est pas en raison de son essence spirituelle et de son caractère divin qu’une âme humaine survit, mais c’est plutôt l’homme tout entier qui est ressuscité par l’action de Dieu : par le miracle d’une nouvelle création dont la raison est la fidélité de Dieu à sa créature. (…)
[128] Nous ne pouvons oublier qu’une part non négligeable des Juifs, fidèles à la Loi, n’acceptaient pas alors la croyance en la résurrection et ne l’acceptent pas encore aujourd’hui. Contrairement au second Livre des Martyrs d’Israël, le premier ne dit mot d’une résurrection des morts ; les héros, que sont les Maccabées, ne récoltent de leur mort prématurée que la gloire et l’honneur et ils continuent de « vivre » uniquement dans le souvenir du peuple. Au temps de Jésus de Nazareth encore, un siècle et demi plus tard, et tout à fait dans le même sens, le groupe des Sadducéens refuse l’idée de résurrection.

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 9 NOVEMBRE 2011: PRIER LE PS 119

10 novembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29422?l=french

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 9 NOVEMBRE 2011: PRIER LE PS 119

Texte intégral de la catéchèse de Benoît XVI

ROME, mercredi 9 novembre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions  ci-dessous le texte intégral de la catéchèse de Benoît XVI sur la prière du Psaume 119, donnée lors de l’audience générale de ce mercredi matin, place Saint-Pierre.

Chers frères et sœurs,

Dans les catéchèses passées, nous avons médité sur certains psaumes qui sont des exemples des genres typiques de la prière: lamentation, confiance, louange. Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur le Psaume 119 selon la tradition hébraïque, 118 selon la tradition gréco-latine: un psaume très particulier, unique dans son genre.
Il l’est tout d’abord en raison de sa longueur: il est en effet composé de 176 versets répartis en 22 strophes de huit versets chacune. Il a ensuite la particularité  d’être un «acrostiche alphabétique»: c’est-à-dire qu’il est construit selon l’alphabet hébraïque, qui est composé de 22 lettres. Chaque strophe correspond à une lettre de cet alphabet, et c’est avec cette lettre que commence la première parole des huit versets de la strophe. Il s’agit d’une construction littéraire originale et très difficile, dans laquelle l’auteur du Psaume a dû déployer toute sa bravoure.
Mais ce qui pour nous est le plus important, c’est la thématique centrale de ce psaume: il s’agit en effet d’un chant imposant et solennel sur la Torah du Seigneur, c’est-à-dire sur sa Loi, un terme qui, dans son acception la plus ample et la plus complète, doit être compris comme enseignement, instruction, directive de vie; la  Torah est révélation, elle est Parole de Dieu qui interpelle l’homme et provoque sa réponse d’obéissance confiante et d’amour généreux. Et ce psaume est entièrement parcouru par l’amour pour la Parole de Dieu, célébrant sa beauté, sa force salvifique, sa capacité de donner la joie et la vie.
Parce que la Loi divine n’est pas un lourd joug d’esclavage, mais un don de la grâce qui rend libre et conduit au bonheur: «Je trouve en tes volontés mes délices, je n’oublie pas ta parole», affirme le Psalmiste (v. 16); et ensuite: «Guide-moi au chemin de tes commandements, car j’ai là mon plaisir» (v. 35); et encore: «Que j’aime ta loi! tout le jour, je la médite» (v. 97). La Loi du Seigneur, sa Parole, est le centre de la vie de l’orant; dans celle-ci, il trouve le réconfort, il en fait l’objet de sa méditation, il la conserve dans son cœur: «Dans mon cœur, j’ai conservé tes promesses pour ne point faillir envers toi» (v. 11), tel est le secret du bonheur du psalmiste; et il ajoute ensuite encore: «Les superbes m’engluent de mensonge, moi, de tout mon cœur, je garde tes préceptes» (v. 69).
La fidélité du psalmiste naît de l’écoute de la Parole, qu’il faut conserver dans son cœur, en la méditant et en l’aimant, précisément comme Marie, qui «conservait, en les méditant dans son cœur» les paroles qui lui avaient été adressées et les événements merveilleux dans lesquels Dieu se révélait, demandant son assentiment de foi (cf. Lc 2, 19.51). Et si notre psaume commence les premiers versets en proclamant «heureux» «ceux qui marchent dans la loi du Seigneur» (v. 1b)  «gardant son témoignage» (v. 2a), c’est encore la Vierge Marie qui porte à son accomplissement la figure parfaite du croyant décrite par le psalmiste. En effet, c’est Elle la véritable «bienheureuse», proclamée telle par Elisabeth, car elle «a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!» (Lc 1, 45), et c’est à Elle et à sa foi que Jésus lui-même rend témoignage quand, à la femme qui s’était écrié: «Heureuses les entrailles qui t’ont porté», il répond: «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent!» (Lc 11, 27-28). Marie est assurément bienheureuse car elle a porté le Sauveur en son sein, mais surtout parce qu’elle a accueilli l’annonce de Dieu, parce qu’elle a été une gardienne attentive et pleine d’amour de sa Parole. 
Le psaume 119 se développe donc entièrement autour de cette Parole de vie et de béatitude. Si son thème central est la «Parole» et la «Loi» du Seigneur, à côté de ces termes reviennent dans presque tous les versets des synonymes tels que «préceptes», «volontés»,  «commandements», «témoignage», «promesses», «jugements»; puis de nombreux verbes se rapportant à eux, comme observer, garder, comprendre, connaître, aimer, méditer, vivre. 
Tout l’alphabet défile à travers les 22 strophes de ce Psaume, et également tout le vocabulaire du rapport confiant du croyant avec Dieu; nous y trouvons la louange, l’action de grâce, la confiance, mais également la supplique et la lamentation, mais toujours animées par la certitude de la grâce divine et de la puissance de la Parole de Dieu. Les versets les plus marqués par la douleur et par le sens d’obscurité demeurent eux aussi ouverts à l’espérance et sont empreints de foi. «Mon âme est collée à la poussière, vivifie-moi selon ta parole» (v. 25), prie le psalmiste avec confiance; «Rendu pareil à une outre qu’on enfume, je n’oublie pas tes volontés» (v. 83), est le cri du croyant. Même si elle est mise à l’épreuve, sa fidélité trouve sa force dans la Parole du Seigneur: «Que je réponde à l’insulte par la parole, car je compte sur ta parole» (v. 42), affirme-t-il avec fermeté; et même face à la perspective angoissante de la mort, les commandements du Seigneur sont son point de référence et son espérance de victoire: «On viendrait à bout de moi sur terre, sans que je laisse tes préceptes» (v. 87).
La loi divine, objet de l’amour passionné du psalmiste et de tout croyant, est source de vie. Le désir de la comprendre, de l’observer, d’orienter vers elle tout son être est la caractéristique de l’homme juste et fidèle au Seigneur, qui «murmure sa loi jour et nuit» comme le dit le Psaume 1 (v. 2): la loi de Dieu est une loi qu’il faut garder «sur le cœur», comme le dit le célèbre texte du « Shema » dans le Deutéronome: «Ecoute, Israël… Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton cœur!  Tu les répèteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout» (6, 4.6-7).
Centre de l’existence, la Loi de Dieu, exige l’écoute du cœur, une écoute faite d’une obéissance non pas servile, mais filiale, confiante, consciente. L’écoute de la Parole est une rencontre personnelle avec le Seigneur de la vie, une rencontre qui doit se traduire en choix concrets et devenir un chemin et une « sequela ». Lorsqu’on lui demande ce qu’il faut faire pour avoir la vie éternelle, Jésus indique la voie de l’observation de la Loi, mais en indiquant comment faire pour la porter à sa plénitude: «Une seule chose te manque: va, ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis, viens, suis-moi» (Mc 10, 21 et par.). L’accomplissement de la Loi est de suivre Jésus, d’aller sur le chemin de Jésus, en compagnie de Jésus.
Le Psaume 119 nous conduit donc à la rencontre avec le Seigneur et nous oriente vers l’Evangile. Il comporte un verset sur lequel je voudrais à présent m’arrêter; c’est le v. 57: «Ma part, ai-je dit, Seigneur, c’est d’observer tes paroles». Dans d’autres psaumes également, l’orant affirme que le Seigneur est sa «part», son héritage: «Seigneur, ma part d’héritage et ma coupe», dit le Psaume 16 (v. 5a), «roc de mon cœur, ma part, Dieu à jamais», telle est la proclamation du fidèle dans le psaume 73 (v. 26) et encore, dans le Psaume 142, le psalmiste crie au Seigneur: «Toi, mon abri, ma part dans la terre des vivants» (v. 6b).
Ce terme de «part» évoque l’événement de la répartition de la terre promise entre les tribus d’Israël, lorsqu’aux Lévites ne fut assignée aucune portion du territoire, parce que leur «part» était le Seigneur lui-même. Deux textes du Pentateuque sont explicites à cet égard, et utilisent le terme en question: «Le Seigneur dit à Aaron: “Tu n’auras point d’héritage dans leur pays, il n’y aura pas de part pour toi au milieu d’eux. C’est moi qui serai ta part et ton héritage au milieu des Israélites”», déclare le Livre des Nombres (18, 20), et le Deutéronome répète: «Aussi n’y eut-il pas pour Lévi de part ni d’héritage avec ses frères: c’est le Seigneur qui est son héritage comme le Seigneur ton Dieu le lui a dit» (Dt 10, 9; cf. Dt 18, 2; Jos 13, 33; Ez 44, 28).
Les prêtres, qui appartiennent à la tribu de Lévi, ne pouvaient  pas être propriétaires de terres dans le pays que Dieu donnait en héritage à son peuple en réalisant la promesse faite à Abraham (cf. Gn 12, 1-7). La possession de la terre, élément fondamental de stabilité et de possibilité de survie, était un signe de bénédiction, parce qu’elle impliquait la possibilité de construire une maison, d’y faire grandir des enfants, de cultiver les champs et de vivre des fruits de la terre. Or les Lévites, médiateurs du sacré et de la bénédiction divine, ne peuvent pas posséder, comme les autres israélites, ce signe extérieur de la bénédiction et cette source de subsistance. Entièrement donnés au Seigneur, ils doivent vivre uniquement de Lui, abandonnés à son amour providentiel et à la générosité des frères, sans avoir droit à l’héritage parce que Dieu est leur  part d’héritage, Dieu est leur terre, qui les fait vivre en plénitude.
Et à présent, l’orant du Psaume 119 applique à lui-même cette réalité: «Le Seigneur est ma part». Son amour pour Dieu et pour sa Parole le conduit au choix radical d’avoir le Seigneur comme unique bien, ainsi que de conserver ses paroles comme un don précieux, plus précieux que tout héritage, et que toute possession terrestre. Notre verset peut, en effet, être traduit de deux façons et pourrait être rendu également de la manière suivante: «Ma part, Seigneur, je l’ai dit, c’est d’observer tes paroles». Les deux traductions ne sont pas contradictoires, mais se complètent même l’une l’autre: le psalmiste affirme que le Seigneur est sa part mais qu’observer, conserver les paroles aussi est son héritage, comme il le dira ensuite au v. 111: «Tes exigences resteront mon héritage, la joie de mon cœur». Tel est le bonheur du psalmiste: à lui, comme aux Lévites, a été donnée comme part d’héritage la Parole de Dieu.
Très chers frères et sœurs, ces versets sont d’une grande importance aujourd’hui aussi pour nous tous. Tout d’abord pour les prêtres, appelés à vivre uniquement du Seigneur et de sa Parole, sans autre sécurité, en L’ayant comme unique bien et seule source de vraie vie. Dans cette lumière, on comprend le libre choix du célibat pour le Royaume des cieux à redécouvrir dans sa beauté et sa force. Mais ces versets sont importants aussi pour tous les fidèles, peuple de Dieu appartenant à Lui seul, «royaume de prêtres» pour le Seigneur (cf. 1P 2, 9; Ap 1, 6; 5,10), appelés à la radicalité de l’Evangile, témoins de la vie portée par le Christ, nouveau et définitif «Souverain prêtre» qui s’est offert en sacrifice pour le salut du monde (cf. He 2, 17; 4, 14-16; 5, 5-10; 9, 11 suiv.). Le Seigneur et sa Parole: ce sont notre «terre», où vivre dans la communion et dans la joie.
Laissons donc le Seigneur placer dans notre cœur cet amour pour sa Parole, et nous donner d’avoir toujours au centre de notre existence Lui et sa sainte volonté. Demandons que notre prière et toute notre vie soient éclairées par la Parole de Dieu, lampe pour nos pas et lumière pour notre chemin, comme le dit le Psaume 119 (cf. v. 105), afin que notre voyage soit sûr, dans la terre des hommes. Et que Marie, qui a accueilli et enfanté la Parole, soit pour nous un guide et un réconfort, étoile polaire qui indique la voix du bonheur.
Alors, nous pourrons nous aussi jouir dans notre prière, comme l’orant du Psaume 16, des dons inattendus du Seigneur et de l’héritage immérité qui est notre sort:
Seigneur, ma part et ma coupe…
La part qui me revient fait mes délices ;
j’ai même le plus bel héritage! (Ps 16, 5.6).

A l’issue de sa catéchèse en italien, le pape a résumé sa catéchèse et salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Chers frères et sœurs,
Lle Psaume 118 est un chef d’œuvre littéraire par sa construction originale. Il est un long et solennel cantique sur la Torah, la Loi du Seigneur. Elle est révélation et Parole de Dieu qui interpelle l’homme. Au long des versets, le psalmiste chante l’amour de cette Parole qui donne vie. Il en célèbre tour à tour la beauté, la force salvifique et la joie qu’elle procure à celui qui la médite tout le jour. Bienheureux celui qui marche dans la loi du Seigneur! Même au sein de l’épreuve, le croyant fait confiance et reste ouvert à l’espérance. Il puise le courage de la fidélité dans les commandements du Seigneur qui sont le point de référence de son existence. La loi divine est source de vie. Lui obéir et la faire sienne, c’est rencontrer personnellement le Dieu vivant, c’est suivre Jésus qui est venu l’accomplir. Dans l’Ancien Testament, les Lévites ont été choisis pour être les médiateurs de la bénédiction divine, et ils n’avaient pas d’autre trésor que de garder la Parole. Ce psaume est de grande importance pour chacun de nous, et particulièrement pour les prêtres, appelés à vivre seulement du Seigneur et de sa Parole, sans d’autre sécurité, trouvant en Lui l’unique bien et la source de la vraie vie. A cette lumière se comprend le libre choix du célibat pour le Royaume de Dieu. Le Seigneur et sa Parole, voilà notre «terre» où vivre dans la joie et en communion avec nos frères!
Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, particulièrement l’Hospitalité bordelaise Notre-Dame de Lourdes, les Frères de Saint-Jean ainsi que les pèlerins venus de France et du Canada. Que le Seigneur mette dans vos cœurs l’amour de sa Parole pour qu’elle soit la lampe de vos pas et la lumière de votre route! Bon séjour à tous!

Traduction  française : Zenit

Le chemin d’Abraham : un itinéraire symbolique

9 novembre, 2011

du site:

http://www.bible-service.net/site/047.html

Le chemin d’Abraham : un itinéraire symbolique

Au début de son histoire (qui couvre les chapitres 12 à 26 de la Genèse), le patriarche Abraham (encore appelé Abram) effectue en quelques phrases un bien curieux itinéraire.
Il quitte d’abord la ville de Ur pour celle de Harân puis il part au pays de Canaan, campant à Sichem et dans une montagne près de Béthel. De là, via le désert du Néguev, il descend jusqu’en Égypte (Gn 11,31 à 12,10). À suivre une carte, on s’aperçoit que l’ancêtre du peuple d’Israël parcourt exactement l’ensemble de ce qu’il est convenu d’appeler le « Croissant fertile » et qui se trouve être l’espace historique du peuple d’Israël, esclave en Égypte, installé en Canaan, déporté en Babylonie.
C’es trop beau pour être vrai ? Oui, sans doute. La vérité des récits concernant Abraham ne se tient pas dans le détail des aventures qu’il traverse mais dans le lien que ses descendants entretiennent avec lui. Les récits ont du être composés après l’exil, au 6e siècle av. J.-C. Le peuple d’Israël alors ne possède plus de terre, conséquence, disent certains, de la rupture de l’alliance du Sinaï. En racontant Abraham à partir de bribes d’une mémoire en sommeil (il en est rarement question dans les textes pré-exiliques, en particulier prophétiques), ils mettent au jour une espérance : avant l’alliance du Sinaï, il y a eu celle passée avec Abraham où Dieu s’engageait sans contrepartie. Cette bonté ne pouvait, pense-t-on, que susciter la foi du patriarche et donc, désormais, celle de ses descendants.
Le « Croissant fertile » est le décor de cette histoire. Le terme a été forgé au début du 20e siècle pour désigner une zone d’échanges entre l’Asie et l’Afrique, la Méditerranée et la Mer Rouge, délimitée par des fleuves : la vallée du Nil et son Delta sont en effet reliés aux plaines alluviales du Tigre et de l’Euphrate par le littoral de la Méditerranée. Sur la carte, cela forme un demi cercle, un croissant. Or, au milieu, se situe ce que la Bible appelle « la terre du lait et du miel ».

Carte du Croissant fertile (sur le site)

C’est sans doute pendant l’Exil à Babylone (587-538 av. J.-C.) qu’ont été mis en forme les récits sur Moïse et le don de la terre promise mais aussi les récits sur Abraham. L’ancêtre du peuple d’Israël, disait-on, était parti de Mésopotamie (Babylone est non loin de Ur). Sur la seule parole de Dieu.
Le prophète que l’on appelle le « second » Isaïe écrit au creux de l’exil et de la détresse. Il appelle à l’espérance en tournant le regard vers Abraham et Sara (Isaïe 51,1) :

Écoutez-moi, vous qui êtes en quête de justice, vous qui cherchez le Seigneur :
Regardez le rocher d’où vous avez été taillés,
et le fond de tranchée d’où vous avez été tirés ;
regardez Abraham votre père, et Sara qui vous a mis au monde ;
il était seul en effet, quand je l’ai appelé ;
or je l’ai béni, je l’ai multiplié !

Plus tard, après l’exil, à partir de sources diverses, on a mis en récit l’histoire d’Abraham. En allant de la carte au texte, on mesurera tout ce que cet itinéraire a de symbolique.

Carte de l’itinéraire d’Abraham  (sur le site)

Début de Gn 11,31-12,9 :

Tèrah prit son fils Abram, son peti-fils Loth, fils de Harân, et sa brue Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d’Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harân où ils habitèrent. Tèrah vécut deux cent cinq ans et il mourut à Harân.
Le Seigneur dit à Abram : « Va-t’en de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et qui te bafouera, je le maudirai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, selon ce que lui avait dit Le Seigneur, et Loth s’en alla avec lui.
Abram était âgé de soixante-quinze ans quand il sortit de Harân. Abram prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis et les êtres qu’ils entretenaient à Harân. Ils sortirent pour aller au pays de Canaan et ils arrivèrent au pays de Canaan.
Abram traversa le pays jusqu’au lieu dit Sichem, jusqu’au chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. Le Seigneur apparut à Abram et dit : « C’est à ta descendance que je donnerai ce pays. » ; là, celui-ci éleva un autel pour le Seigneur qui lui était apparu. De là, il gagna la montagne à l’est de Béthel. Il dressa sa tente entre Béthel à l’ouest et Aï à l’est, il y éleva un autel pour le Seigneur et invoqua le Seigneur par son nom. Puis, d’étape en étape, Abram se déplaça vers le Néguev.
Il y eut une famine dans le pays et Abram descendit en Égypte pour y séjourner car la famine sévissait sur le pays.

DIRE « SEIGNEUR » EN VÉRITÉ

8 novembre, 2011

du site:

http://www.moinesdiocesains-aix.cef.fr/homelies/lectio-divina/themes/priere/7480-dire-qseigneurq-en-verite.html

DIRE « SEIGNEUR » EN VÉRITÉ  

Juges 4, 17-24 ; Matthieu 7, 21-29

Homélie du Frère Jean-François NOEL


Il y a tant d’obstacles entre nous et la Parole de Dieu, tant de faiblesse cachée en chaque homme, même tant d’inventions, d’évitements, de petites méthodes d’évitements, de petites stratégies d’évite­ments pou être confronté à la simplicité, à la limpi­dité, à la beauté de la Parole et donc à la présence de Dieu. Nous n’aurons jamais fait le tour de toutes les prédications pour dénoncer, pour désamorcer pour ouvrir ces stratégies internes, sournoises, mesquines, qui nous font éviter la confrontation avec notre deve­nir. Mais évidemment, la pire, celle qui est dénoncée aujourd’hui dans l’évangile, est le désaccord qu’il y a entre un comportement de surface, et d’ailleurs telle­ment de surface qu’on finit par se convaincre soi-même qu’on a raison, en disant : Seigneur, Seigneur, avec l’air convaincu, d’autant plus qu’on n’entend rien en fait, et puis, une sorte d’indifférence douce entrete­nue comme cela, à l’intérieur.
Quand Jésus parle, Il dit : « n’invoquez pas mon nom comme si vous le possédiez, ne me tenez pas en otage de vos faiblesses ». Nous avons souvent une manière à nous de vouloir nous attribuer la com­plicité, l’amitié des grands, du grand, considérant que ce grand est complice de ma petitesse. « Moi je connais un tel », dit-on souvent, comme si d’approcher le grand suffisait à devenir grand soi-même, cela ne change pas grand-chose, d’ailleurs la différence s’ac­cuse plutôt. Ce n’est pas en disant : j’ai le Seigneur dans la poche, ou je l’ai dans la peau ou je l’ai ren­contré à tel cocktail, pour que je sois le disciple. Il y a une façon de tenir Dieu en otage de nos faiblesses. Il y a une façon de comprendre l’amour et le pardon qui n’incite pas à un chemin, qui au fond devient un peu complicité de mon inaction, de mon endormissement spirituel. Ce n’est pas pour accuser une sorte de culpabilité, mais il y a une belle exigence évangéli­que, une sorte de ressort que nous devons maintenir intact, une insatisfaction qui fait de moi un homme en marche. Je vais vers un endroit parce qu’il me manque quelque chose ici, je suis dans un mouvement, qui est toujours un mouvement de renoncement de soi, pas un mouvement de destruction de soi, mais un mou­vement de renoncement qui n’est pas la même chose. On n’a pas à se détruire, on a à s’aimer suffisamment pour offrir quelque chose de bien à Dieu, on a à s’es­timer soi-même, offrir l’amabilité à Dieu, être aima­ble, être aimé, et il faut bien qu’on amorce cette ama­bilité par une estime de soi-même, une petite ou une grande estime, mais qui dit : je reconnais que cette humanité imparfaite a de quoi être aimée, parce que Dieu l’aime. C’est le point de départ d’un mouvement que je cherche et que je quête dans ma vie des traces de l’amour de Dieu. C’est comme à l’avance, une sorte de décision que je vaux mieux, non pas je suis plus grand, mais je vaux mieux en profondeur, en intério­rité que ce que les apparences laissent à voir, mais cela dépend de ma rencontre avec Lui.
Une façon de prononcer le nom de Dieu qui serait comme la pluie sur les plumes d’un canard, qui glisse sans pénétrer, et puis il y a une façon qui est ce véritable aveu qui nous honore et qui est comme une beauté intérieure, de reconnaître l’attente, le besoin, le désir que nous avons de Dieu, une autre façon de dire son nom qui est de le faire habiter en nous. 

AMEN

De l’Ancien au Nouveau Testament

7 novembre, 2011

du site:

http://www.portstnicolas.org/le-phare/Etudes-generales/De-l-Ancien-au-Nouveau-Testament

De l’Ancien au Nouveau Testament

Les chrétiens et l’Ancien Testament
Dès les premiers temps de l’Eglise, certains ont voulu opposer le dieu méchant et vengeur de l’Ancien Testament au Dieu plein de bonté révélé par le Nouveau Testament. C’était mal connaître l’Ancien Testament et toute la tendresse de Dieu qui s’y exprime dans nombre de pages… C’était surtout ignorer l’enseignement fondamental de l’Eglise : il n’y a qu’un seul et même Dieu dont témoigne toute l’Ecriture.
« Rappelez-vous que c’est une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Ecritures, que c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a pas besoin de syllabes parce qu’il n’y est pas soumis au temps. » (St Augustin : Psal. 103,4,1)
Est-ce Dieu qui change ? N’est-ce pas plutôt l’image que s’en font les hommes ?
« Autant Dieu est toujours le même, autant l’homme se trouvant en Dieu progressera toujours vers Dieu » (St Irénée , évêque de Lyon au 2ème siècle)
Voici ce que rappelait le dernier concile Vatican II :
Les livres de l’Ancien Testament, « bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine.
C’est pourquoi les chrétiens doivent les accepter avec vénération : en eux s’exprime un vif sens de Dieu; en eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine, d’admirables trésors de prières; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut.
Inspirateur et auteur des livres de l’un et l’autre Testament, Dieu les a en effet sagement disposés de telle sorte que le Nouveau soit caché dans l’Ancien et que, dans le Nouveau, l’Ancien soit dévoilé. Car, encore que le Christ ait fondé dans son sang la nouvelle Alliance (cf. Lc 22:20;1 Co 11:25), néanmoins les livres de l’Ancien Testament, intégralement repris dans le message évangélique, atteignent et montrent leur complète signification dans le Nouveau Testament (cf. Mt 5:17; Lc 24:27; Rm 16:25-26; 2 Co 3:14-16), auquel ils apportent en retour lumière et explication. » (Constitution Dei Verbum no. 15 et 16)

Une « véritable pédagogie divine »
Les 46 livres qui forment « l’Ancien Testament » des chrétiens (40 seulement pour les chrétiens de tradition protestante) ont été écrits à des époques très différentes : près de 10 siècles séparent les plus anciens (qui se font eux-mêmes l’écho de traditions orales antérieures !) du plus récent (le livre de la Sagesse, écrit quelques dizaines d’années seulement avant la naissance de Jésus !).
Il s’en est passé des choses durant tout ce laps de temps ! Conquête de la Terre Promise, installation de la royauté, schisme politico-religieux à la mort du roi Salomon, guerres et dominations étrangères, destruction du Temple de Jérusalem et déportation, exil à Babylone, retour et difficile reconstruction du temple… etc. A travers tout cela, on peut supposer que Dieu n’est pas resté inactif ! Peu à peu, des caricatures de Dieu tombaient, des événements anciens étaient relus différemment, les traits du messie attendu se précisaient, les exigences morales s’affinaient…

Des caricatures de Dieu tombaient…
Quel chemin parcouru entre les images guerrières du dieu national d’Israël (« Yahvé Sabaoth »=« Dieu des Armées ») qui combat pour son peuple en exterminant ses ennemis, et celles, évoquées par un disciple d’Isaïe, d’un Dieu qui, à travers Israël, offre son salut et sa paix à tous les peuples !
Il aura sans doute fallu la destruction et le pillage du temple saint de Jérusalem pour que le peuple comprenne que Dieu n’était pas enfermé dans un temple et qu’il pouvait donc rejoindre les exilés à Babylone (cf. la prédication d’Ezéchiel) !
Il aura fallu la continuelle protestation des prophètes pour qu’Israël renonce à sa vaine prétention d’emprisonner Dieu dans les nuages, dans le culte, dans la force des armes ou encore dans les formules d’un catéchisme en questions-réponses !

Des événements anciens étaient relus différemment…
Au 3ème siècle avant J.C. (cf. 1 Ch 21:1) par exemple, il n’était plus possible d’évoquer le recensement qui avait marqué la fin du règne de David comme on le racontait du temps de Salomon, 7 siècles plus tôt (cf. 2 Sm 24:1) : même si Dieu restait le maître de l’histoire, on ne pouvait plus dire que c’était Lui qui avait poussé David à commettre ce péché… d’où la nécessité d’introduire un autre personnage : « Satan » ! Peu de temps après, l’auteur du Siracide précisera d’ailleurs : « Ne dis pas : C’est le Seigneur qui m’a fait pécher, car il ne fait pas ce qu’il a en horreur. » (Si 15/11)

Les traits du messie attendu se précisaient…
Le messie royal descendant de David se confondait peu à peu avec le vrai Berger évoqué par Ezéchiel ainsi qu’avec la figure du prêtre au retour de l’exil. Mais ce sont surtout les poèmes du Serviteur souffrant (Es 44; Es 49; Es 50; Es 52) qui préparèrent les disciples à reconnaître en Jésus celui que l’Ecriture annonçait.

Les exigences morales s’affinaient…
Par rapport au péché, la responsabilité personnelle se précise au fil des siècles (d’Ex 20:5 à Ez 18:2-4 en passant par Jr 31:29-30)…
Quant à la violence, elle est peu à peu canalisée. De ce point de vue, la célébre loi du talion (« oeil pour oeil, dent pour dent » Ex 21:24) constituait déjà un progrès moral non négligeable, puisqu’elle interdisait la « vendetta » illimitée des temps barbares (cf. Gn 4:15-24).
Les nombreux appels à la vengeance divine contenus dans les psaumes sont une étape ultérieure : on parle d’autant plus de vengeance, qu’on s’interdit d’y avoir reours soi-même : A Dieu seul appartient la vengeance ! (cf. Dt 32:35)
Au retour d’exil, la Loi de sainteté atteint le désir de vengeance à sa racine : « Tu n’auras pas dans ton cœur de haine pour ton frère… Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19:17ss).
Il restera à Jésus à montrer qui est mon prochain (cf. Lc 10:29-37) : pas seulement un compatriote ou un coreligionnaire !
Dès l’Ancien Testament, la progressive révélation de Dieu avait conduit le prophète Osée à entrevoir que Dieu, même lorsque son amour est bafoué et méprisé, ne se venge pas… précisément parce qu’Il ne ressemble pas aux hommes : « Je ne donnerai pas cours à l’ardeur de ma colère… car je suis Dieu, moi, et non pas homme » (Os 11:9). Inutile donc de vouloir reporter sur Dieu nos désirs de vengeance, même dans le louable souci de n’y pas recourir nous-mêmes !
Jésus ne dira pas autre chose lorsqu’il nous dira d’aimer nos ennemis « afin d’être vraiment les fils de notre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5:45).

La Genèse : l’exploitation de la terre ou le développement durable?

25 octobre, 2011

du site:

http://www.interbible.org/interBible/source/lampe/2008/lampe_081024.html

La Genèse : l’exploitation de la terre ou le développement durable?

« Dominez la terre, soumettez les animaux. » Est-ce que la Bible invite les humains à polluer et exploiter les ressources de la terre?  (Vincent)
Cette question reprend le texte de la création du livre de la Genèse. Est-ce qu’il incite à l’exploitation ou au développement durable? Tout dépend de la traduction et de l’interprétation de deux verbes hébreux : kabash (dominer) et radah (soumettre).
« Dieu les bénit (Adam et Ève) en leur disant : Soyez féconds et prolifiques remplissez la terre et dominez-la ; soumettez les poissons dans la mer, des oiseaux dans le ciel et de tous les animaux qui se meuvent sur la terre. » (Gn 1,28)
     Ce texte décrit la mission que le Créateur donne aux premiers humain : avoir des enfants, dominer la terre et être maître des animaux. Est-ce que Dieu justifie l’exploitation de la terre par les humains comme le sous-entend la question de Vincent?

Dominer la terre
     Le verbe kabash (dominer) est employé 14 fois dans la Bible. On le retrouve dans un contexte de violence ou de lutte comme lors de la conquête de la terre promise (Jos 18,1). Dans ce contexte, ce mot ne signifie pas la destruction, mais plutôt enlever les obstacles pour que le peuple puisse vivre paisiblement sur cette terre. De la même façon, son usage dans le récit de création n’implique pas la destruction, mais demande aux humains de faire de cette création un endroit paisible pour l’humanité. Le verbe kabash (dominer) décrit aussi la responsabilité du roi envers les nations qu’il domine (2 S 8,11). Or la fonction du roi décrite dans la Bible demande une attitude de service et de respect des autres.

Soumettre les animaux
     Le verbe radah (soumettre) apparaît 22 fois dans la Bible. Dans notre cas, il fait référence à la relation entre les humains et les animaux, mais les autres fois, il est employé pour décrire les relations entre humains. La plupart du temps, c’est le roi qui est désigné comme maître par ce verbe (1 R 5,4 ou Ps 72,8). Le roi ne devait pas exploiter les autres et abuser de son autorité. Je crois qu’il faudrait trouver un autre mot pour mieux traduire radah que les mots français « soumettre », « commander » ou « être le maître de ». En anglais, certains biblistes vont traduire ce passage par le mot « steward » (intendant, gardien) qui se dit d’une personne responsable d’un service. Ainsi traduit, on met l’emphase sur la responsabilité que Dieu donne aux humains de s’occuper de la terre et des animaux, et non sur un pouvoir d’exploiter. Nous sommes donc appelés à devenir des gardiens de la création.
     Les premiers chapitres de la Genèse montrent bien comment l’humain a pris la mission de Dieu de dominer la terre et les animaux au sérieux. Rapidement, ils se déplacent, prennent possession de la terre et développent ces ressources. Déjà, les enfants d’Adam et Ève cultivaient le sol (Caïn) et élevaient des animaux (Abel). Ce développement ne se fera pas sans problèmes. Si bien que quelques chapitres plus loin, Dieu doit tout effacer avec le déluge.

Quel sorte de maître sommes-nous?
     Dans notre relation à la terre et aux animaux, est-ce qu’on se comporte comme des dictateurs égocentriques où seul le profit compte? Ou, pouvons-nous devenir des intendants responsables de la création que Dieu nous donne? Chacun doit répondre par ces actes à cette question.
     Lorsqu’il crée, Dieu vit que cela était très bon. Pourtant, aujourd’hui lorsqu’on regarde l’état de la pollution causé par les humains, plusieurs pourrait dire qu’il est de moins en moins bon.
     Le récit de la Genèse affirme que nous sommes à l’image de Dieu. C’est donc à nous de poursuivre son action créatrice pour que le monde soit beau et bon. Notre mission est de s’occuper du développement durable de la terre et non dans être les exploiteurs. Nous devons devenir les gardiens de la création.

Exode 14, 24-30: L’eau de vie et de mort

7 août, 2011

du site:

http://moinesdiocesains-aix.cef.fr/homelies/lectio-divina/ancien-testament/pentateuque/exode/876-passage-de-la-mer-rouge.html

Exode 14, 24-30

Homélie du Frère Jean-François NOEL

L’eau de vie et de  mort

Vous avez entendu, dans le livre de l’Exode, le récit central du passage de la mer Rouge et ce récit fonde Israël comme peuple, comme peuple choisi par Dieu qui l’a sauvé. Ce récit est à la base de la foi d’Israël. Israël ne reconnaît plus simplement Dieu comme son Créateur mais il l’entend et le vénère comme son Sauveur. Demain nous entendrons le long cantique de Myriam, la sœur de Moïse, qui célèbre la victoire de Dieu sur les égyptiens. Il s’agit donc d’un événement fondateur pour la vie d’Israël et pour notre vie de foi. Il s’agit donc d’un miracle.
       Lorsque nous prononçons ce mot de miracle, nous avons envie de le comparer à des événements naturels en précisant qu’il ne s’agit pas là d’un événement naturel. Il est difficile de retrouver la trace exacte de ce qui s’est passé réellement, historiquement, au moment du passage de la mer Rouge. En tout cas c’est une fausse piste pour comprendre ce qu’est le miracle dans la Bible, que ce soit dans l’Ancien Testament ou dans le Nouveau Testament. Je vous propose deux caractéristiques qui peuvent nous permettre de discerner ce qu’est vraiment un miracle tel que Moïse et le peuple l’ont vécu.
       Premièrement, il s’agit d’un événement, un événement qui s’inscrit dans l’histoire de quelqu’un ou d’un peuple. Cet événement suscite dans ces gens un étonnement, un étonnement impossible à abolir. Le mot « étonnement » est un mot de base dans la philosophie puisqu’il distingue l’homme philosophe de l’homme non philosophe. L’homme philosophe est celui qui s’étonne de ce qui l’entoure et qui pose la question de la réalité de ce qui se vit autour de lui. En ce sens, Moïse et le peuple font preuve d’un esprit qui guette la présence de Dieu dans leur vie, et guettant cette présence, ils découvrent avec étonnement la façon dont Dieu agit.
       Dans notre vie aussi, nous avons à maintenir ouvert l’étonnement de l’activité de Dieu dans notre vie. C’est en cela que nous pourrions découvrir, lors d’événements parfois humains et tout à fait explicables sur un plan naturel, comment Dieu a fait des miracles dans notre vie et, en ce sens, comment Il est intervenu. Cela suppose donc dans notre cœur une attente, une acceptation que nous puissions rester étonnés, sans réponse à l’étonnement, par rapport à un miracle, à un événement qui trouve dans notre cœur un écho.
       La seconde caractéristique du miracle tel que celui du passage de la mer Rouge est le fait que se déploie, dans cet événement, une puissance de vie, et se déploie gratuitement cette puissance de vie.
       Si nous sommes étonnés, si nous acceptons d’être étonnés par rapport à un événement, quel qu’il soit, aussi naturel soit-il, si en plus nous découvrons à l’intérieur de cet événement qu’une puissance vitale se déploie et qu’elle est pour nous source de vie, source de renversement, source d’une nouvelle vie, alors nous pouvons qualifier l’ensemble de cet événement comme un miracle.
       Vous vous rendez bien compte qu’on est là loin de tenter d’expliquer le miracle par un événement surnaturel en opposition avec un événement naturel. L’intention des auteurs des livres de la Bible n’est pas de nous décrire et de nous faire croire des événements surnaturels – peut-être – mais c’est de nous faire part de l’expérience d’étonnement et de découverte de la puissance vitale de Dieu qui s’est déployée dans l’événement. 
       Nous avons là la façon dont Dieu a commencé, dans l’Ancien Testament, à se révéler par l’histoire, par l’évènement. C’est le début de la révélation de Dieu. Il se fait découvrir, Il se fait sentir à la façon dont Il se rend présent dans l’événement. C’est une leçon pour nous aujourd’hui que d’entendre comment les événements sont secrètement animés de la présence de Dieu. Et la condition nécessaire pour que nous le ressentions et que nous le recevions c’est que nous sachions être étonnés, au sens profond du terme. On pourrait dire, en d’autres termes, que l’histoire d’Israël est le réceptacle des miracles de Dieu, ce qui veut dire pour nous, que notre histoire personnelle est incessamment le réceptacle de miracles de Dieu. Cela nous mène sur ce qu’est la grâce. La grâce ne s’ajoute pas à ce que nous sommes, mais transforme ce que nous sommes. Il s’agit donc bien là d’une façon dont Dieu intervient dans notre vie, sans pour autant bousculer la météorologie ou les phénomènes naturels de notre vie, mais ce n’est pas moins Dieu qui agit réellement.
      Nous avons entendu le texte fondateur de la foi d’Israël. Cherchons, dans notre vie à renouer avec la façon dont Dieu « a fait irruption », cherchons à retrouver la trace de notre étonnement qui nous permet, aujourd’hui encore, d’être le croyant qui cherche et qui confesse que Dieu est pour lui source de vie nouvelle, en Jésus-Christ.        AMEN

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