Archive pour la catégorie 'Approfondissement'

P. Cantalamessa : Le remède contre la peur et l’angoisse est la confiance en Dieu

11 mai, 2007

du site:

http://www.zenit.org/french/

2007-05-11

P. Cantalamessa : Le remède contre la peur et l’angoisse est la confiance en Dieu

Evangile du Dimanche 13 mai

ROME, Vendredi 11 mai 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du Dimanche 13 mai, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 14, 23-29

Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.

© AELF

« C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ». De quelle paix Jésus parle-t-il dans ce passage de l’Evangile ? Il ne parle pas de la paix extérieure dans le sens de l’absence de guerre et de conflits entre personnes ou nations diverses. En d’autres occasions il parle également de cette paix-là ; par exemple lorsqu’il dit : « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu ». Ici, il parle d’une autre paix, la paix intérieure, du cœur, de la personne avec elle-même et avec Dieu. On le comprend en lisant ce qu’il ajoute immédiatement après : « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés ». Ceci est la paix fondamentale, sans laquelle aucune autre paix ne peut exister. Des milliards de gouttes d’eau sale ne font pas une mer propre et des milliards de cœurs inquiets ne font pas une humanité en paix.

La parole utilisée par Jésus est shalom. C’est celle qu’utilisaient – et qu’utilisent toujours – les Juifs pour se saluer ; c’est la parole avec laquelle il a lui-même salué les disciples le soir de Pâques et avec laquelle il ordonne de saluer les personnes : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison’ ». (Lc 10, 5-6).

Nous devons partir de la Bible pour comprendre le sens de la paix que donne le Christ. Dans la Bible, le mot shalom signifie davantage qu’une simple absence de guerre et de troubles. Il indique de manière positive le bien-être, le repos, la sécurité, le succès, la gloire. L’Ecriture parle même de la « paix de Dieu » (Ph 4, 7) et du « Dieu de la paix » (Rm 15, 32). Le mot Paix n’indique donc pas seulement ce que Dieu donne, mais également ce que Dieu est. Dans l’un de ses hymnes, l’Eglise appelle la Trinité « océan de paix ».

Ceci signifie que l’on ne peut jamais obtenir totalement et de manière stable cette paix du cœur que nous désirons tous, sans Dieu, en dehors de lui. Dante Alighieri a synthétisé tout cela dans un vers que certains considèrent comme le plus beau de toute la « Divine Comédie » : « Dans sa volonté, notre paix ».

Jésus fait comprendre ce qui s’oppose à cette paix : l’inquiétude, l’angoisse, la peur : « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés ». Facile à dire ! rétorqueront certains. Comment calmer l’angoisse, l’inquiétude, la nervosité qui nous dévorent tous et nous empêchent de jouir d’un peu de paix ? Certaines personnes sont plus exposées que d’autres à cela. S’il existe un danger, elles lui donnent des proportions gigantesques, s’il y a une difficulté, elles la multiplient par cent. Tout devient motif d’angoisse.

L’Evangile ne promet pas de panacée pour ces maux ; dans une certaine mesure ils font partie de notre condition humaine, exposés comme nous le sommes à des forces et des menaces qui nous dépassent. Mais il indique un remède. Le chapitre d’où est tiré le passage de l’Evangile d’aujourd’hui commence ainsi : « Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14, 1). Le remède est la confiance en Dieu.

Après la dernière guerre, un ouvrage intitulé Dernières lettres de Stalingrad a été publié. Il s’agissait de lettres de soldats allemands faits prisonniers lors du sac de Stalingrad, parties dans le dernier convoi avant l’assaut final de l’armée russe au cours duquel tous les soldats périrent. Dans l’une de ces lettres retrouvées à la fin de la guerre, un jeune soldat écrivait ceci à ses parents : « Je n’ai pas peur de la mort. Ma foi me donne cette belle sécurité ! »

Maintenant, nous savons ce que nous nous souhaitons les uns les autres, lorsqu’en nous serrant la main, au cours de la messe, nous échangeons un vœu de paix. Nous nous souhaitons les uns les autres le bien-être, la santé, de bonnes relations avec Dieu, avec nous-mêmes et notre prochain. Nous nous souhaitons en somme d’avoir le cœur rempli de la « paix du Christ qui dépasse toute intelligence ».

Amérique latine : Pour relever le défi des sectes, une Eglise plus « accueillante »

11 mai, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/french/

2007-05-10

Amérique latine : Pour relever le défi des sectes, une Eglise plus « accueillante »

Analyse du cardinal Bertone

ROME, Jeudi 10 mai 2007 (ZENIT.org) – Le cardinal Bertone recommande une Eglise « plus accueillante et plus proche des gens » comme réponse au développement des sectes en Amérique latine. Il annonce la préparation d’un accord fondamental entre l’Eglise et l’Etat au Brésil.

Benoît XVI a célébré la messe en privé ce jeudi matin, à Sao Paulo, dans la chapelle du monastère Saint-Benoît, assiégé par les foules qui guettent ses déplacements pour pouvoir le saluer.

Le pape s’est ensuite rendu au « Palacio dos Bandeirantes » où il a rencontré le président Luis Ignacio Lula da Silva, qui a attendu le départ de la voiture du pape avant de rentrer au palais

Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat a fait le point sur les premières heures du voyage au micro de Radio Vatican.

« On respire un climat très positif de la part des évêques, comme de la part de la conférence épiscopale du Brésil et du Saint-Siège, a constaté le cardinal Bertone. Le nonce apostolique, Mgr Baldisseri, est un témoin et aussi protagoniste et acteur de ces rapports positifs entre l’Eglise et le grand Etat brésilien. On est aussi en train d’élaborer un accord, une sorte d’accord global et fondamental que l’on espère pouvoir conclure cette année, et que tous désirent, pour pouvoir orienter l’Eglise et l’Etat, l’Eglise et la communauté politique à l’intérieur de ce que le concile appelle ‘une saine collaboration’ pour le bien de chaque personne et aussi pour la résolution des problèmes qui peuvent encore être à l’ordre du jour ».

Pour ce qui est du message du pape aux jeunes, le cardinal Bertone disait : « Rappelons que statistiquement, le continent latino-américain et le Brésil en particulier a une grande majorité de jeunes et est donc le continent des jeunes. Le pape a voulu, également bien sûr à la demande des évêques du Brésil, et d’Ampérique latine, rencontrer les jeunes, ces jeunes enthousiastes des Journées mondiales de la jeunesse, les jeunes enthousiastes des rencontres et des activités des associations ecclésiales, mais aussi les jeunes marqués par une histoire personnelle tragique comme la dépendance de la drogue. Le pape demande aux jeunes d’être des protagonistes de la transformation du continent, protagonistes de leur histoire, d’être des acteurs, naturellement sans débrancher la prise des traditions des pères, des traditions chrétiennes, et donc, de l’exemple des pères. Donc, un rapport entre générations qui est positif, un rapport qui est demandé aux familles, aux adultes, aux personnes âgées, avec les jeunes : les adultes pour les jeunes, parce que les jeunes sont l’avenir de la société, l’avenir de l’Eglise. Mais en même temps, le pape lancera aussi le grand message qu’il a déjà lancé aux jeunes à Cologne : être eux-mêmes des apôtres des jeunes, être des êtres pleins de joie et apporter et transmettre une joie contagieuse, la joie d’être des mis de Dieu, et des amis de Jésus, la joie de reconnaître une Dieu ami, un Dieu proche ».

Pour ce qui concerne la réponse à apporter au phénomène des sectes, le cardinal Bertone disait : « Hélas, le phénomène des sectes représente un phénompène qui afflige non seulement le continent latino-américain, mais aussi le Nord de l’Amérique, et nos pays aussi. L’Eglise est appelée, comme l’a dit le Seigneur et comme nous l’entendons répéter par l’Evangile, à un processus continu de conversion à son Seigneur, c’est un processus de purification et de renouvellement. L’abandon d’une portion notable du Peuple de Dieu, l’abandon de l’Eglise catholique de la part de personnes qui vont chercher d’autres communautés dans lesquelles elles espèrent satisfaire leur recherche religieuse et aussi un peu pour une soif d’esprit de famille, d’esprit de communauté, pose de sérieuses questions à l’Eglise, pose l’obligation d’une vérification de la qualité de son œuvre d’évangélisation, de l’éducation à la foi, et de l’édification de ses communautés. Cela pose le problème – cela je le répète toujours aux évêques et aux prêtres – de la capacité d’accueil et d’écoute des personnes de la part des évêques, de la part des prêtres. Les grands évêques nous ont enseigné cela : être proches des personnes, être accueillants. C’est ce que le pape Jean-Paul II a tracé aussi dans son autobiographie lorsqu’il dit : « J’ai cherché et je cherche à être accueillant, à être proche des personnes », et ce que le pape Benoît XVI nous enseigne par sa capacité d’écoute, de proximité, et spontanéité. Les gens qu’il rencontre même seulement « à vol d’oiseau » durant les audiences se sentent transfigurés parce qu’ils ont presque la sensation d’être traités comme des amis, comme s’il s’agissait d’une rencontre entre vieux amis. C’est vraiment une chose très belle, c’est un enseignement. Il me semble que c’est aussi un moyen simple, mais efficace pour empêcher cet exode de nos chrétiens catholiques ».

la théologie de la libération par Wikipedia

10 mai, 2007

un des problèmes qui le Pape devra affronter est celui de la théologie de la libération, aujourd’hui, ici en Europe maintenant se retiene fermée la réflexion de cette théologie née en sud Amérique, n’a pas été acceptée, peut-être a été humainement comprise, dans le sens qui on pouvait comprendre l’état d’esprit des prêtres et les théologien qu’on trouvait en situations ainsi difficiles et extrêmes, je ne me sens pas de reparcourir tout le long chemin de la théologie de la libération, j’ai choisi pour une relecture, le teste de Wikipedia qui fait à des analyse historique théologique claire, il est possible approfondir – je mets le lien au site – sur chaque mot en bleu, il se peut clikkare pour savoir de plus sur question pour le comprenons mieux , c’est bien cercher la page sur Google parce que l’addresse ne prend pas la page:

http://www.google.it/search?hl=it&sa=X&oi=spell&resnum=0&ct=result&cd=1&q=Wikipedia++%2B+th%C3%A9ologie+de+la+liberation&spell=1 

Théologie de la libération

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Aller à : Navigation, Rechercher

La théologie de la libération est un mouvement de pensée politique et religieux issu de l’Église Catholique né en Amérique latine en 1972 et inspiré par le communisme pour certains (plutôt marxiste), mais qui trouve sa source dans les textes prophétiques de la bible et la révélation évangélique (la victime innocente). Ce courant prône la libération des peuples et entend ainsi renouer avec la tradition chrétienne de solidarité.Il est li

é à l’apparition de militants politiques des pays du Tiers-monde dont l’action partage un fondement politique et religieux : politiquement, proche du socialisme, qui insuffle à la religion chrétienne une valeur intrinsèque de mission libératrice du peuple de leur point de vue.

Cette conception de la religion, dont le rôle est central dans beaucoup de pays du Tiers-monde ayant adopté les religions autrefois imposées par les pays colonisateurs, est à l’opposé des conceptions condamnant la religion comme instrument univoque d’oppression ééé[réf. nécessaire], lié notamment a l’idéologie communiste.

Desmond Tutu a été un militant actif de la théologie de la libération.

En France, ce courant théologique fut représenté par les mouvements ouvriers d’action catholique, principalement la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC).

Sommaire

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  • 1 Histoire 
  • 2 Principes 
  • 3 Critiques 
  • 4 Figures de la théologie de la libération 
  • 5 Bibliographie 
  • 6 Source 
  • 7 Liens externes

 

Histoire [modifier]

Le mouvement a été théorisé en 1972 par le théologien péruvien Gustavo Gutiérrez, dans son essai Théologie de la libération. Il trouve notament sa source dans l’ouvrage de Paul Gauthier Les Pauvres, Jésus et l’Église publié en 1963, résultat des travaux préliminaires au Concile Vatican II et qui est considéré comme un précurseur du mouvement.

Le mouvement, voix du peuple opprimé, eut immédiatement une grande popularité en Amérique latine pour cause d’innombrables injustices perpétrées par les groupes militaires au pouvoir.En ao

ût 1975 se tient le congrès théologique de Mexico, auquel participent plus de 700 personnes sur le thème Libération et captivité.

En 1976, le théologien Leonardo Boff publie Teologia do Cativeiro e da Libertação (Lisbonne : Multinova).En

1979 lors de la IIIe conférence générale de l’épiscopat Sud-américain,(Conférence de Puebla), les évêques définissent le concept d’option préférentielle pour les pauvres.

Lors d’un voyage à Mexico en janvier 1979, le pape Jean-Paul II déclare que « cette conception du Christ comme une figure politique, un révolutionnaire (…) est incompatible avec les enseignements de l’Église ».La th

éologie de la libération a fait l’objet de deux condamnations du Vatican en 1984 et 1986. Tout en reconnaissant la légitimité d’un combat contre la misère, la Congrégation pour la doctrine de la foi condamnait les emprunts faits à la philosophie marxiste et tentait de recadrer les aspirations des peuples sud-américains dans la doctrine sociale de l’Église.

 

Principes [modifier]

Dans la tradition chrétienne, les pauvres ont tenu depuis les origines une place particulière : ils sont à la fois des modèles (« Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous » Lc 6, 20) et des sujets de compassion et de charité. La théologie de la libération dépasse ce point de vue, et propose non seulement de libérer les pauvres de leur pauvreté, mais en plus d’en faire les acteurs de leur propre libération.
Elle d
énonce dans le capitalisme la cause de l’aliénation à la pauvreté de millions d’individus. Aujourd’hui, les thèses soutenues par les théologiens de la libération font de moins en moins appel au marxisme, et rejoignent les mouvements altermondialistes dans leurs actions contre la mise en place d’un ordre néolibéral mondial.

 

Critiques [modifier]

Le pape Jean-Paul II et le courant de l’Opus Dei, très influent au Vatican, se sont montrés défavorables à ce mouvement, à cause de ses théories reprenant des concepts marxistes comme la lutte des classes. La théologie de la libération était ressentie comme une menace pour l’unicité et l’impact public de l’Église catholique. En outre, affirmer la lutte des classes pouvait dans une certaine mesure encourager la participation à des actions violentes comme la guérilla, ce que refusait le Vatican.

Toutefois Jean-Paul II a finalement reconnu que la théologie de la libération pouvait être « bonne, utile et même nécessaire », dans une lettre à la Conférence des évêques du Brésil[1].Dans le document

Interprétation de la Bible dans l’Église de la Commission Biblique Pontificale 1993, qui a été présenté à Jean-Paul II par le cardinal Ratzinger, la théologie de la libération est reconnue comme une approche possible (paragraphe 1.E.1). Les critiques du Vatican se concrétisent le 15 mars 2007, lorsque la Congrégation pour la doctrine de la foi fait état, à propos des écrits du jésuite Jon Sobrino, de « notables divergences avec la doctrine de l’Église »[2], faisant notamment remarquer que Jon Sobrino accorde une place trop importante à l’aspect humain de Jésus, au détriment de son aspect divin. Le théologien est alors interdit d’enseignement et de publication par l’archevêque de San Salvador, Fernando Saenz Lacalle, membre de l’Opus Dei. Le père Jose Vera, porte-parole du Conseil général des Jésuites, a annoncé que l’Ordre ne prendra pas de sanctions contre Jean Sobrino[3], qui est cependant interdit de publication et d’enseignement en Mai 2007[4].

 

Figures de la théologie de la libération [modifier]

  • Carlos Felipe Ximenes Belo
  • Samuel Ruiz
  • Leonardo Boff
  • Paul Gauthier
  • Jose Miguez Bonino
  • Hélder Câmara
  • Ernesto Cardenal
  • Gustavo Gutiérrez
  • Erwin Kräutler
  • Oscar Romero
  • Juan Luis Segundo
  • Jon Sobrino
  • Camilo Torres
  • Ignacio Ellacuría
  • Luis Felipe Zegarra

Bibliographie [modifier]

  • Une expérience colombienne de la fatalité – une parole habitée par le destin interpelle une théologie de la liberté, Ignacio Madera Vargas, 1995, in Destin, prédestination, destinée sous la direction d’Adolphe Gesché, Cerf, ISBN 2-204051098 
  • Les Pauvres, Jésus et l’Église, Paul Gauthier, 1963, Editions Universitaires, Chrétienté Nouvelle, 141p, ISBN B0000DV4DF 
  • Le discours homilétique de Mgr Oscar Romero, Yves Carrier, Québec, Éditions l’Harmattan, 2003, 324 p. 

     

Source [modifier] José-Maria Mayrink, « Retour annoncé de la théologie de la libération », dans Courrier international, 2005, n° 754, p. 15.

  1. Un pape au double visage: article tiré de Politis
  2. Le Monde, 16 mars 2007, p. 5
  3. Apic, Agence de presse internationale catholique, 16 mars 2007 [1]
  4. Le Monde, 8 mai 2007

Liens externes [modifier]

  • Un article sur l’action de l’Opus Dei au Chili, son soutien à Pinochet et à la tentative de coup d’état contre Hugo Chavez
  • Un article sur les liens entre la théologie de la libération et le marxisme, par Michael Löwy
  • [2] Articles de Leonardo Boff, François Houtart, Augusto Zamora R., etc. publiés par RISAL
  • Le Mouvement des Sans Terre Brésilien, ou la théologie de la libération en pratique

Article présentant la théologie de la liberation par François Houtart

 

Benoît XVI : Pour les religieuses, priorité de l’intimité avec le Christ-Epoux

8 mai, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/french/

2007-05-07

Benoît XVI : Pour les religieuses, priorité de l’intimité avec le Christ-Epoux

Message à l’Union internationale des supérieures générales

ROME, Lundi 7 mai 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI recommande aux religieuses de conserver la priorité de l’intimité avec le Christ-Epoux. Le pape a également encouragé la qualité de la formation et la fidélité au charisme des instituts.

Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican, dans la salle des bénédictions, les 794 Supérieures générales venant de différents continents et 80 nations, réunies à Rome pour l’assemblée Plénière de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), du 6 au 10 mai, sur le thème : « Appelées à tisser une spiritualité nouvelle d’où jaillissent espérance et vie pour l’humanité ».

« Ne cédez jamais à la tentation de vous éloigner de l’intimité avec votre Epoux céleste, en vous laissant prendre excessivement par les intérêts et par les problèmes de la vie quotidienne », recommandait le pape.

« Certes, ils sont nombreux les défis, économiques, sociaux, et religieux que la vie consacrée doit affronter actuellement : il s’agit souvent de parcourir des chemins missionnaires et spirituels inexplorés, en maintenant toujours bien solide la relation intérieure avec le Christ ».

« Grâce à cette union avec Dieu jaillit en effet et est alimenté le rôle ‘prophétique’ de la mission d’une personne consacrée », précisait le pape.

Il invitait à promouvoir pour notre époque une « spiritualité renouvelée de la vie consacrée » et une approche apostolique qui réponde « aux aspirations des gens ».

Benoît XVI a encouragé les religieuses à continuer d’incarner l’Evangile « dans la réalité contemporaine, spécialement là où la pauvreté humaine et spirituelle est plus grande ».

Le pape invite chaque supérieure générale à promouvoir une vie consacrée « mystique et prophétique » engagée pour la réalisation du Royaume de Dieu.

« Ne vous lassez pas, disait-il, de mettre tous vos soins à la formation humaine, culturelle et spirituelle des personnes qui vous sont confiées, afin qu’elles soient en mesure de répondre aux défis culturels et sociaux d’aujourd’hui. Soyez les premières à donner l’exemple de renoncer aux commodités, aux aises, aux facilités pour porter votre mission à son accomplissement. Partagez les richesses de vos charismes avec ceux qui sont engagés dans l’unique mission de l’Eglise qui est la construction du Royaume ».

Se référant au thème de l’assemblée, le pape recommandait en outre de « communiquer l’amour de Dieu par des paroles et par des gestes concrets, à travers le don total de vous-mêmes, en tenant toujours le regard et le cœur fixés sur Lui ».

Le site Vidimus Dominum rappelle que l’UISG est une organisation mondiale, canoniquement approuvée, des supérieures générales des instituts des religieuses catholiques. Fondée en 1965, l’union a son siège à Rome et elle est approuvée canoniquement.

Le but de l’UISG est de « promouvoir la compréhension de la vie religieuse des religieuses catholiques dans le monde entier et de favoriser son développement dans l’Eglise et la société ».

Actuellement, l’UISG est particulièrement engagée dans la lutte contre le trafic des êtres humains et pour la formation des religieuses dans le monde.

Selon Sr Maria Victoria de Castejó, religieuse du Sacré Cœur de Jésus (RSCJ), secrétaire générale de l’UISG, les supérieures générales représentent plus de 700.000 religieuses engagées dans les différents ministères de l’Eglise en Asie, Afrique, Europe, Amérique et Océanie.

 

Cardinal Jean-Marie Lustiger – « Artistes recherchent peuple désespérément »

24 avril, 2007

du site:

http://catholique-paris.cef.fr/diocese/pretres/cardinal/J-M-Lustiger/index.php

Cardinal Jean-Marie Lustiger – « Artistes recherchent peuple désespérément »
(Texte paru à la cré
ation d’Art Culture et Foi)

Lart ? Cest devenu un marché ; et les objets dart, un placement. Et la culture ? Tout autant. Elle se gère et se digère au gré des choix politiques. Pour exporter, il faut exposer. Et réciproquement. Désormais, les foires artistiques ou culturelles son plus réputées que jadis, les foires aux bestiaux. Et le chiffre daffaire plus élevé.
Mais il est des cr
éateurs qui refusent de vendre, même sils ont besoin de manger pour vivre. Des hommes pour qui il est vital de faire retentir le langage du beau, tragique ou serein ; et ils savent que personne ne peut leur acheter ce don quils ont reç
u. On les appelle des artistes.
Aujourd
hui, les artistes sont peut-être plus solitaires quen aucun autre temps. Les modes et leur commercialisation dépouillent brutalement les peuples et les cultures de leurs sens de la beauté si lentement affiné et si fragile. Ils oublient la sagesse , les paroles et les gestes, le savoir-faire et les signes acquis par des apprentissages immémoriaux. Ils perdent le chiffre de leur message secret qui exprime la gratuité du jeu, la profondeur de la tristesse, la joie et la vie. Et surtout, l’énigmatique beauté de ce mystère qui donne sens à la vie : ce qui dans lhomme est sacré. Nous savons, nous chrétiens , quil est limage de Dieu. Et les créateurs, sans langue commune, ont le sentiment de parler dans le vide. Il n
y a plus de peuple, mais des publics.
L
Eglise catholique en notre pays- et sans doute dans la plupart des pays du monde na pas les moyens financiers pour entrer en compétition dans la foire aux objets, dans les enchères aux « productions ». Mais les croyants devraient à nouveau devenir le « peuple » nécessaire à lexpérience esthétique qui rejoint si souvent lexpérience spirituelle. Dans le chemin toujours obscur de la création, les croyants peuvent, en écoutant une parole encore inconnue, aider celui qui la prononce à en déchiffrer le sens, à recevoir un message et à trouver par leur foi l’énoncé de la parole qui retentit. Ils devraient, surtout et avant tout, devenir des interlocuteurs désintéressés et capables du respect dont la source est en Dieu, respect sans lequel lartiste quel que soit son art, et même sil récuse ce titre- mourrait plus sû
rement de faim.J

ai été parfois émerveillé par les initiatives de telle paroisse, par les intuitions de tel groupe de fidèles. Quelle joie et quel élan naissent de la rencontre- souvent exigeante ou éprouvante- entre un peintre, un musicien, un poèteet la ferveur des croyants ! Mais comment les soutenir ?
C
est le but du Comité « Art , Culture et Foi » qui vient d’être créé à ma demande. Faire converger et mettre en harmonie les diverses initiatives, permettre quelles soient mieux connues et reconnues, favoriser laccueil mutuel, encourager les cré
ations.
Les m
écènes ne manquent pas. Le véritable enjeu est la naissance dun art vraiment « populaire ». Cet art dont tous caressent le rêve ne récuse ni le savoir ni le savoir-faire des plus compétents et des plus doués. Il est fondé, non sur le snobisme ou le tourisme, mais sur une existence communautaire qui a besoin de signes ; nourri dune expérience spirituelle qui donne à des hommes et des femmes « ordinaires » une autre sensibilité, une autre finesse de perception, alors même quelle est moins armée que celle des critiques et des savants. Cest un pari et cest aussi un risque. Ce peut être une contribution des catholiques à lapparition dune esthétique digne de notre univers technique. Cest une chance pour les non-chrétiens. Merci à ceux et celles qui voudront bien la saisir »
.

Jean Marie cardinal Lustiger, 30 mars 1989

Benoît XVI présente saint Augustin comme un modèle de conversion

23 avril, 2007

du Zenith.org:

2007-04-22

Benoît XVI présente saint Augustin comme un modèle de conversion

Il célèbre la messe à Pavie, où se trouve la tombe du saint

ROME, Vendredi 20 avril 2007 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a présenté ce dimanche saint Augustin d’Hippone comme un modèle de conversion à notre époque. Le pape était en visite pastorale à Pavie (Lombardie), dans le nord de l’Italie, où se trouve la tombe du saint.

C’est à saint Augustin, évêque et docteur de l’Eglise (354-430) que le pape a consacré son homélie au cours de la messe qu’il a présidée dans les Jardins du Collège Borromée à Pavie. Benoît XVI connaît bien saint Augustin à qui il a consacré sa thèse de doctorat et qu’il considère comme un maître.

« Jésus, le Ressuscité, vit aujourd’hui encore », a déclaré le pape.

« Conversion » et « pardon des péchés », sont « des mots clés de la catéchèse de Pierre », a-t-il ajouté, en faisant référence à la première lecture de la messe de ce dimanche.

« Le chemin que nous devons faire, le chemin que Jésus nous indique s’appelle ‘conversion’. Mais de quoi s’agit-il ? Que faut-il faire ? » s’est interrogé le pape, devant une foule de quelque 20.000 personnes.

Le pape a présenté le chemin de conversion de saint Augustin en expliquant ses « trois conversions » qui « en réalité ont été une unique grande conversion à la recherche du Visage du Christ puis en cheminant avec Lui ».

« La première conversion fondamentale a été le cheminement intérieur vers le christianisme, vers le ‘oui’ de la foi et du Baptême », a-t-il expliqué. Selon certains historiens, cette première conversion aurait eu lieu à Pâques, en l’an 387.

Saint Augustin « était toujours tourmenté par la question de la vérité. Il voulait trouver la vérité », a-t-il poursuivi.

« Il avait toujours cru – parfois vaguement, parfois plus clairement – que Dieu existait et qu’Il prenait soin de nous. Mais le grand combat intérieur de ses années de jeunesse avait été de connaître vraiment ce Dieu, de se familiariser vraiment avec ce Jésus Christ et d’arriver à Lui dire ‘oui’ avec toutes les conséquences », a expliqué le pape.

« Il nous raconte que, à travers la philosophique platonique il avait appris et reconnu que ‘au commencement était le Verbe’ – le Logos, la raison créatrice. Mais la philosophie ne lui indiquait aucune voie pour l’atteindre ; ce Logos demeurait lointain et intangible », a poursuivi Benoît XVI.

« C’est seulement dans la foi de l’Eglise qu’il a ensuite trouvé la deuxième vérité essentielle : le Verbe s’est fait chair. Et ainsi le Verbe nous touche, nous le touchons », a expliqué le pape.

La « deuxième conversion » de saint Augustin a eu lieu après son baptême, à Hippone, en Afrique alors qu’il avait fondé un petit monastère et fut consacré prêtre, de force, à la demande populaire.

« Le beau rêve de la vie contemplative s’était évanoui, la vie d’Augustin s’en trouvait fondamentalement changée. Il devait maintenant vivre avec le Christ pour tous », a expliqué Benoît XVI.

« Il devait traduire ses connaissances et ses pensées sublimes dans la pensée et le langage des gens simples de sa ville », a-t-il ajouté.

« La grande œuvre philosophique de toute une vie, dont il avait rêvé, demeura non écrite. Une chose plus précieuse nous fut donnée à la place : l’Evangile traduit dans le langage de la vie quotidienne », a poursuivi le pape.

« Voilà la deuxième conversion que cet homme, luttant et souffrant, dût réaliser continuellement : être toujours à nouveau là pour tous ; donner sa vie, sans cesse à nouveau, avec le Christ, afin que les autres puissent Le trouver, puissent trouver la vraie Vie », a-t-il expliqué.

Enfin, la troisième conversion de saint Augustin a eu lieu lorsqu’il découvrit que « un seul est vraiment parfait et que les paroles du Discours de la montagne sont entièrement réalisées en un seul : en Jésus Christ lui-même ».

« Toute l’Eglise en revanche – nous tous, y compris les Apôtres – doit prier chaque jour : ‘pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés’ » écrivait saint Augustin (cf. Retract. I 19, 1-3).

« Augustin avait appris un dernier degré d’humilité – non seulement l’humilité d’insérer sa grande pensée dans la foi de l’Eglise, non seulement l’humilité de traduire ses grandes connaissances dans la simplicité de l’annonce, mais également l’humilité de reconnaître qu’il avait lui-même, ainsi que toute l’Eglise pèlerine, continuellement besoin de la bonté miséricordieuse d’un Dieu qui pardonne ».

« Et nous – ajoutait-il – nous nous rendons semblables au Christ, le Parfait, dans la mesure la plus grande possible, lorsque nous devenons comme Lui des personnes de miséricorde », a-t-il précisé.

Le pape a conclu par cette exhortation : « Remercions Dieu pour la grande lumière qui rayonne de la sagesse et de l’humilité de saint Augustin et prions le Seigneur afin qu’il donne à chacun de nous, jour après jour, la conversion nécessaire, et nous conduise ainsi vers la vraie vie ».

 

Benoît XVI conclut sa messe en promouvant son livre

22 avril, 2007
du site:

http://www.cyberpresse.ca/article/20070422/CPMONDE/70422009/1014/CPMONDE

Benoît XVI
Photo Reuters

Benoît XVI conclut sa messe en promouvant son livre

Agence France-Presse

PavieLe pape Benoît XVI a conclu dimanche la messe qu’il a célébrée dans la ville lombarde de Pavie (nord de l’Italie) par un appel aux jeunes à étudier son livre «Jésus de Nazareth».

La lecture de ce livre est «un peu astreignante pour les plus jeunes» a-t-il reconnu, mais il est fait pour «accompagner le chemin de foi des nouvelles générations», a-t-il souligné.

Le livre de Benoît XVI sur Jésus, sorti en librairie le 16 avril en italien, allemand et polonais, a été vendu en Italie à 50 000 exemplaires dès le premier jour de sa sortie et la maison d’édition Rizzoli qui l’a tiré à 350 000 exemplaires a déjà décidé d’en faire un nouveau tirage.

Le pape a été accueilli chaleureusement par les habitants de Pavie, où il est venu faire une visite pastorale et se recueillir sur la tombe du «père de l’Eglise» saint Augustin.


Il a proposé en exemple aux jeunes d’aujourd’hui ce saint du Vème siècle né à Hippone (Afrique du nord) qui a commencé par vivre comme les hommes de son époque, «profondément conditionné par les habitudes et les passions alors dominantes», avant d’entrer dans un long «chemin de conversion».

Benoît XVI, devenu pape le 19 avril 2005 à 78 ans après avoir consacré sa vie à la théologie, a aussi longuement évoqué le moment où Augustin dût abandonner l’étude pour se faire prédicateur et évêque et «traduire ses connaissances et ses pensées sublimes dans le mode de pensée et le langage des gens simples de sa cité».

«La grande oeuvre philosophique de toute une vie dont il avait rêvé est restée non écrite», mais «à la place, il y a eu quelque chose de plus précieux, l’Evangile traduit dans le langage de la vie quotidienne», a commenté le pape, semblant établir un parallèle entre la vie du saint et la sienne.

Avant d’écrire «Jésus de Nazareth», Benoît XVI avait travaillé à une version grand public du catéchisme de l’Eglise catholique dont il recommande fréquemment la lecture à son public.

Le livre des Louanges

20 avril, 2007

du site: 

http://www.abbaye-tamie.com/la_communaute/la_liturgie/la-priere-des-psaumes/vue

Le livre des Louanges

La prière des psaumes n’est pas réservée aux moines et aux moniales, c’est l’élément de base de la prière chrétienne, en tout cas de l’Église en prière.
Il faut reconnaître pourtant que les moines et moniales, plus que d’autres, ont mis la prière des psaumes au rang des observances privilégiées, célébrant sept fois le jour les louanges de Dieu. De même que la matrone romaine donnait à sa servante au début de la journée son pensum, c’est-à-dire une certaine quantité de laine à filer, de même saint Benoît donne-t-il à la communauté monastique un certain nombre de psaumes à dire, nuit et jour.
Mais comment la communauté se construit-elle en se tenant ainsi à la psalmodie ? La vie fraternelle «en présence des anges» serait-elle aussi angélique qu’elle en a l’air ? Ou est-ce que se tenir à la psalmodie ne maintiendrait pas plutôt la communauté dans une solidarité vraie avec le monde ?
Pour ne pas rester à une réflexion seulement théorique, j’ai choisi de faire appel à un pratiquant qui n’est pas pour nous un modèle mais un frère et un témoin crédible, Frère Christophe, moine de Tibhirine en Algérie, mort égorgé avec 6 de ses Frères le 21 mai 1996, dont je citerai plusieurs fois le Journal.

Psalmodier ensembleL’introduction de la psalmodie en deux choeurs alternés dans les diverses Églises d’Orient et d’Occident est un fait important dans les annales de la liturgie. Il confirme que la liturgie est la prière «à l’état social», une prière qui correspond à la nature visible du Corps de l’Église. Ce n’est pas un exercice de piété individuel. La psalmodie donne à voir un espace organisé selon un dispositif qui peut varier selon les monastères, mais qui toujours sépare et réunit deux choeurs qui se renvoient alternativement les versets des psaumes. Le choeur décrit un espace qui est là mais qui n’est pas de là. Car, au milieu de la communauté qui prie, se tient «Quelqu’un» et entre elle et Lui, il y a du jeu ! La psalmodie donne à entendre une manifestation vocale la plus proche possible de la récitation parlée, entièrement régie par la parole poétique, dont l’unité de base et de sens est le verset ; par la bonne diction, sur une formule mélodique toujours répétée, des syllabes et des mots ; par le balancement des membres parallèles, l’harmonieuse succession des versets ou des strophes. La psalmodie est un exercice avant d’être un chant, une «discipline», c’est une manière de dire ensemble le psaume, c’est l’acte d’un corps priant d’une seule voix portée par un même souffle, selon le jeu d’une alternance à la fois régulière, alerte et calme. Dans la psalmodie, ce qui relève du rythme est premier. Rythme verbal fondé sur un parlé non routinier, qui mâche et goûte les mots sans avaler les syllabes, sans précipitation mais aussi sans lenteur ni mollesse qui engluent la parole. Une telle psalmodie est évidemment la manifestation vocale d’une manière de vivre, d’une vie régulière et commune, menée à un rythme soutenu et sur un mode qui articule trois pôles : chacun, tous ensemble et les uns et les autres. Déjà au XIIème siècle, en voyant une communauté psalmodier à l’unisson, Guillaume de Saint-Thierry ne pouvait retenir cette exclamation : «Les frères semblent offrir et consacrer à Dieu, pour une semblable consonance, une mélodie de vies, de mœurs, de bonnes affections, composées non point d’après les règles de la musique mais d’après celles de la charité». Nous savons bien ce que cette mélodie de vies exige de chacun au quotidien. Quand nous nous tenons debout pour psalmodier, il ne s’agit pas seulement de faire en sorte que notre esprit concorde avec notre voix, mais aussi de nous établir dans un juste rapport les uns aux autres. C’est cette vérité qui s’exprime à plusieurs reprises dans le Journal de Frère Christophe :
• « Impatience et agressivité non contenues à l’office. On me dira : c’est pas le lieu ni le moment. Plutôt : profiter du dire des psaumes et me laisser aller plus loin… jusqu’à cette force reçue de pouvoir dire ensemble Notre Père ».
• « Turbulences dans le choeur. Tenir bon : voix posée. On m’a demandé de servir à cette place. Ne pas me dérober trop vite… »
• « Hier soir, gros orage dans le chœur à Vêpres ! J’aspire, tu le sais, au Chant nouveau. Et personne n’a pu apprendre ce chant sinon les 144 000 rachetés du monde ».
On le voit, il faut parfois beaucoup de courage pour tenir bon, pour tenir ensemble à la psalmodie. Car même à l’office peuvent se manifester les turbulences, impatiences et agressivités qui existent dans la communauté. Le choeur est un lieu de conversion et Frère Christophe le note avec lucidité : « Je vois pour ma part que les lieux où la violence s’exprime au préjudice de l’un ou de l’autre, et de la communauté, sont aussi ceux où elle peut se convertir peu à peu : dans la liturgie, en chants et paroles priants, dans le travail en force dépensée, donnée dans la vie fraternelle en charité».
Psalmodier avec sagesse

Pratique communautaire, la psalmodie laisse à chacun la liberté de faire une expérience originale que l’on pourrait qualifier à la fois de psychosomatique, de spirituelle et de mystique. Si le Psautier a été si cher à la tradition chrétienne, c’est justement à cause de son extraordinaire pouvoir de modeler celui qui psalmodie à l’image du seul vrai Psalmiste, le Christ. « Psalmodiez avec sagesse » comme dit la Règle de saint Benoît, c’est psalmodier non seulement avec art, avec intelligence, avec zèle, avec goût, mais aussi avec profit ; « en profitant du dire des psaumes », comme l’écrit si bien Frère Christophe, pour se laisser travailler, guérir, transformer. Selon saint Athanase, évêque d’Alexandrie au IVème siècle, « celui qui psalmodie correctement règle son âme ». De fait, comme production vive, la psalmodie a un pouvoir stimulant et régulateur. C’est un exercice qui, en associant les mots au rythme et au chant, apaise et met de l’ordre dans l’âme. Les anciens ont été très sensibles à ce pouvoir qu’a la musique d’introduire de l’ordre, par la médiation du temps, de la respiration, du souffle; de « troubler l’être intérieur s’il est trop sec et de l’apaiser si l’émotion le submerge ». Mais la grâce propre au livre des Psaumes c’est surtout de révéler à chacun les mouvements de son âme. En effet, le Psautier possède en propre cette aptitude merveilleuse : les mouvements de chaque âme, les changements et redressements de celle-ci y sont enregistrés et décrits. Les psaumes permettent au coeur humain d’exprimer devant Dieu en toutes circonstances ce qui l’habite : désirs, plaintes, questions, peurs et même violence. Ils nous donnent le droit de parler à Dieu de notre existence concrète, à partir d’un corps désirant et fragile, c’est-à-dire comme Jésus parle dans son humanité. C’est en cela qu’ils exercent, selon saint Athanase, une fonction thérapeutique, si bien que l’on peut parler de la psalmodie comme d’une « psalmothérapie » ! « Les psaumes permettent au lecteur de saisir en chacun d’eux ses propres passions et sa psychologie et sur chaque problème la règle et la doctrine à suivre… il apprend ce qu’il lui faut dire et faire pour guérir son mal. Profiter du dire des psaumes, c’est, finalement, pour saint Athanase, se laisser travailler et traverser par le souffle qui les a inspirés et qui est l’Esprit même de Jésus priant filialement le Père. » En nous permettant d’avoir en nous les sentiments qui furent en lui aux jours de sa chair, la psalmodie nous rend littéralement conformes au Christ.
C’est en donnant maintenant la parole à Frère Christophe que je voudrais montrer à partir d’exemples concrets comment la psalmodie façonne jour après jour une existence conforme au Christ.
En la fête des Saints Innocents, le 28 décembre 1993 – quelques jours après la première incursion dans le monastère des hommes du GIA, la nuit de Noël, Frère Christophe écrit : « Au commun des martyrs… cette nuit, nous avons chanté le psaume 32. Le verset 11 m’a réveillé : Le plan du Seigneur demeure pour toujours, les projets de son coeur subsistent d’âge en âge. Et je lis la suite avec délice : Heureux (en marche) le peuple dont tu es le Seigneur.
En marche les humiliés du souffle. Oui, tu nous fais courir au chemin de tes ordres… Pas si facile à entendre bien. Nous sommes un corps à l’écoute ».
Un an après, le 29 décembre 1994, le lendemain de l’assassinat de quatre Pères Blancs à Tizi-Ouzou : « À Vigiles, j’ai chanté et j’ai reconnu ton chant, ta force sur mes lèvres (mon corps finira-t-il par s’accorder en toute justesse et beauté ?) : Guerrier valeureux, porte l’épée de noblesse et d’honneur. Ton honneur, c’est de courir au combat pour la justice, la clémence et la vérité ».
Au début de l’année 1995, alors que l’armée entoure le monastère pour le protéger « de son bras musclé , frère Christophe, continue de méditer sur la mort d’Alain, Jean, Charlie, Christian, tes disciples assassinés : J’ai à prier en ami pour vos assassins. Laudes : Face à mes ennemis s’ouvre ma bouche. Demander cette grâce de parole désarmée, nue, droite ».
Frère Christophe trouve dans les Psaumes chantés en situation liturgique les mots qui expriment et éclairent ce qu’il est en train de vivre dans la situation de violence en Algérie. Il en est impressionné – dirait saint Athanase – comme s’il parlait lui-même de lui-même. Il prononce des paroles qui semblent avoir été écrites pour lui et qui le concernent. Pour lui, psalmodier avec sagesse, c’est se laisser réveiller par un verset de psaumes qui prend tout à coup saveur d’Évangile et qu’il goûte avec délice ; c’est y reconnaître le chant du Christ sur ses propres lèvres et y accorder son cœur ; c’est le faire sien et en recevoir la grâce d’une parole désarmée, face à ses ennemis.
Une psalmodie solidaire

Je voudrais poursuivre en évoquant une autre expérience de la psalmodie comme acte lié à l’identité même de la communauté monastique. « Je vois bien, écrit Frère Christophe, que notre mode particulier d’existence – moines en communauté – eh bien, ça résiste, ça tient et ça vous maintient. Ainsi, pour détailler un peu, l’office : les mots des psaumes résistent, font corps avec la situation de violence, d’angoisse, de mensonge et d’injustice. Oui, il y a des ennemis. On ne peut pas nous contraindre à dire trop vite qu’on les aime, sans faire injure à la mémoire des victimes dont chaque jour le nombre s’accroît. Dieu saint, Dieu fort, viens à notre aide. Vite, au secours ! » Oui, les mots des psaumes résistent et c’est pour cela que la communauté monastique se tient au coeur de l’actualité la plus brûlante, celle dont parlent les journaux et la télévision. Plus profondément, dans le coeur du Christ, elle se tient dans une solidarité qui donne la parole aux humiliés, aux opprimés, aux pauvres.
C’est en moine psalmodiant que Frère Christian, prieur de Tibhrine, s’exprime dans le journal «La Croix» du 24 février 1994, peu après le massacre des douze techniciens croates égorgés à l’arme blanche près du monastère : « C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en bétail d’abattoir. Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu Seigneur ? C’est ce psaume 43 qui accompagnait notre office, ce mercredi-là, comme les autres mercredis. Mais il prenait une actualité bouleversante. Nous venions tout juste d’apprendre le massacre de la veille au soir. Ignorant alors ce qui allait se passer, nous avions chanté, sans doute machinalement, un autre verset de psaume qui prenait sens tragiquement, là, à notre porte : Ne laisse pas la Bête égorger la Tourterelle, n’oublie pas sans fin la vie de tes pauvres ».
Frère Christophe, quelques jours plus tard dans son Journal, fait appel au même psaume pour inscrire l’actualité de la violence dans le monde et au plus près du monastère. Il le fait de telle manière qu’on saisit sur le vif le rapport fécond entre psalmodie au choeur et rumination des psaumes dans la prière continuelle, en lien avec les événements : « Jour après jour il faut continuer d’encaisser les coups de l’Adversaire. Dans la mosquée d’Hébron, l’ennemi a tout saccagé, il a rugi dans une assemblée de maronites au Liban, et autour de nous, la demeure de ton Nom – l’homme vivant – est profanée. On coupe les têtes, on égorge. Prier. À Jérusalem, au Liban, en Algérie, à Sarajevo… partout, c’est dangereux. Le priant est vulnérable, désarmé. » Voilà comment les mots d’un psaume, proférés de bouche durant l’office, font leur chemin dans le coeur du moine. Il s’est laissé gagner par ce qu’il a dit, et comme dans le coeur de Marie, la parole a pris chair.
Elle a pris ce jour-là, l’épaisseur de l’histoire tragique vécue par des hommes et des femmes à Jérusalem, au Liban, en Algérie, à Sarajevo, cette histoire humaine assumée par Jésus, l’Agneau égorgé – la Tourterelle du psaume 73 – désarmé et cependant pour toujours vainqueur de la Bête.
Et pour conclure ces quelques réflexions, je laisserai encore résonner les mots du psaume sur lesquels s’achève le Journal de frère Christophe, le 19 mars 1996, huit jours avant l’arrestation des sept Frères: « Saint Joseph. J’ai été heureux de présider l’Eucharistie. J’ai comme entendu la voix de Joseph m’invitant à chanter, avec lui et l’Enfant, le psaume 100 : Je chanterai justice et bontéJ’irai par le chemin le plus parfait. Quand viendras-tu jusqu’à moi… Je marcherai d’un coeur parfait ». La psalmodie fait entrer dans une longue lignée de priants, d’obscurs témoins d’une espérance. Invités à chanter avec eux et « l’Enfant », la communauté monastique et chacun de ses membres y puisent l’élan pour se hâter vers la partie céleste et y parvenir tous ensemble.

Soeur Étienne Reynaud
Moniale bénédictine de Pradines

Une circulaire de Pie XII aux religieux : Accueillez les juifs persécutés !

20 avril, 2007

du site:

http://www.zenit.org/french/

2007-04-19

Une circulaire de Pie XII aux religieux : Accueillez les juifs persécutés !

Révélation du cardinal Bertone

ROME, Jeudi 19 avril 2007 (ZENIT.org) – Une circulaire de Pie XII aux instituts religieux, en date du 25 octobre 1943, a demandé explicitement aux religieux d’accueillir dans leurs maisons les juifs persécutés, a révélé mardi dernier le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone.

Le pape Eugenio Pacelli, disait-il, a en effet adressé cette « circulaire de la secrétairerie d’Etat » dans laquelle il demandait d’offrir « l’hospitalité aux juifs persécutés par les nazis dans tous les instituts religieux et d’ouvrir les instituts et aussi les catacombes ».

C’est à l’occasion de la présentation du livre de Maria Franca Mellano intitulé « L’œuvre salésienne de Pie XI sur l’Appio Tusculano à Rome », à l’institut Pie XI, que le cardinal salésien a commenté la crise suscitée à Jérusalem par une légende placée sous une photo de Pie XII au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem. La légende évoque son prétendu « silence » et son absence de directives pour dénoncer la Shoah.

Le livre de Maria Franca Mellano mentionne les centaines de réfugiés juifs accueillis par cette institution pendant la seconde guerre mondiale : une « histoire lumineuse de générosité et d’attention », a commenté le cardinal Bertone.

« Mais, ajoutait-il, cette œuvre a été rendue possible, non seulement ici mais partout, par une circulaire de la secrétairerie d’Etat avec le sceau de Pie XII ».

« Il est impossible, précisait le secrétaire d’Etat, que Pie XII, qui a signé cette circulaire, n’ait pas approuvé une telle décision ».

A la suite de la protestation du nonce en Israël, Mgr Antonio Franco, le président du Mémorial, M. Avner Shalev, a promis de reconsidérer la façon dont le pape Pie XII y est présenté.

« Il servait la vérité scientifique de manière exemplaire » : Mgr Schooyans salue la mémoire du prof. Lejeune

16 avril, 2007

du site Zenith:

http://www.zenit.org/french/

2007-04-15

« Il servait la vérité scientifique de manière exemplaire » : Mgr Schooyans salue la mémoire du prof. Lejeune

Homélie de la Messe pour la Vie

ROME, Dimanche 15 avril 2007 (ZENIT.org) « En même temps quil servait la vérité scientifique de manière exemplaire, Jérôme a mis en lumière les périls auxquels le savant est exposé », explique Mgr Schooyans qui saluait le 3 avril la mémoire du prof. Lejeune (cf. www.fondationlejeune.org). Voici le texte intégral de lhomélie prononcée par Mgr Michel Schooyans lors de la Messe pour la Vie célébrée le 3 avril 2007, à 19 h à Paris, en l’église Saint-Pierre du Gros-Caillou, à loccasion du XIIIème anniversaire de la mort du Professeur Jérôme Lejeune.Mgr Michel Schooyans est professeur ordinaire émérite de Philosophie politique et dIdéologies contemporaines à lUniversité catholique de Louvain. Il est membre de lAcadémie pontificale pour la Vie, de lAcadémie pontificale pour les Sciences sociales et de lAcadémie mexicaine de Bioé

thique. Il est consulteur du Conseil pontifical pour la Famille.

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Chers Frè
res et Soeurs,Nous voici réunis au coeur de la Semaine Sainte pour célébrer les souffrances rédemptrices du Seigneur et pour le suivre dans sa Passion. Mais l’évocation et la célébration de ces souffrances ne sauraient nous faire oublier que la Messe est toujours célébration du Christ Ressuscité, de Celui que les disciples dEmmaüs vont bientôt reconnaître à la fraction du Pain (Lc 24, 13-35). Cest le Jésus vainqueur du mal, du mensonge et de la mort qui nous rassemble autour de trois grands serviteurs de la vie : le Docteur John Billings, décédé à Melbourne samedi dernier, 31 mars 2007, Michel Raoult, décédé le 27 mars 2002, et Jérô

me Lejeune. Madressant dabord à vous, chère Madame Raoult, ainsi qu’à vos enfants, je voudrais vous dire combien la mort tragique de votre mari a bouleversé la grande famille internationale de ceux qui luttent pour la défense de la vie. Nous savons que votre mari a fait preuve dhéroïsme en sinterposant face à un injuste agresseur. Nous savons aussi et surtout, que votre mari, votre père, notre ami est mort en témoin vivant du précepte dont Jésus va nous donner lexemple durant toute cette semaine : « Il ny a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux quon aime. » (Jn, 15, 13).Mais si nous ne sommes pas rassemblés autour du Michel transpercé par les balles, nous ne sommes pas non plus réunis autour du John ou du Jérôme accablés par la maladie. Rassemblés, oui, nous le sommes, mais autour de John, de Michel et de Jérôme, transfigurés et invités à partager sans autre délai la vie du Ressuscité

. Cette rencontre éblouissante, Frères et Soeurs, Jérôme la préparée tout au long de sa vie. Il la préparée avec une cohérence et une constance surprenante. Fidèle à la prestigieuse tradition de l’École française de Médecine, Jérôme a tôt appris à consentir à la vérité scientifique. Il a observé, il a constaté la présence dun individu humain, porteur dune carte didentité génétique ; il a offert ce petit être humain à la reconnaissance de tous. Il ne sest pas demandé si ce petit être répondait aux directives de lUnion Européenne, toujours prompte à suspecter que le réel ne se conforme pas aux normes consensuelles de la Communauté. Jérôme a eu le toupet de penser, et de dire, que la carte didentité génétique avait plus de valeur que la carte didentité civile ! Dans ce domaine, la Méthode Lejeune avait déjà été testée avec succès par le Samaritain de la parabole (Lc, 10, 29-37), plus pressé de soigner le blessé que de se demander si lobjet souffrant non identifié répondait à la définition politiquement correcte du prochain.Cette soumission au réel jaillissait, chez Jérôme, de son coeur de poète. Vous souvenez-vous du bleu de son regard ? Chère Birthe, vous ne vous y êtes pas trompée, le jour béni où un jeune étudiant en médecine, dune imprévoyance préméditée, sest approché de vous dans une salle de bibliothèque, sous prétexte de vous demander de lencre ! Les événements ultérieurs autorisent à penser que l

effet du regard bleu fut fulgurant et durable. Jérôme je parle du poète– était fasciné par le mystère ; il le guettait. Et là où dautres murmuraient contre la morosité de la vie, Jérôme s’émerveillait face à une fleur ou face à laffolement de la pupille des amoureux. Cette avidité de se soumettre au réel, cette disposition à sen étonner amenaient Jérôme à ne jamais se séparer de sa loupe de poche. Cest que voyez-vous ?- la paume dune main regorge de précieuses informations sur lhistoire génétique dun sujet.Jérôme Lejeune a conservé jusquau bout son regard denfant. Dans son domaine de recherche et daction, la connaissance a progressé dans la jubilation face au mystère qui cède peu à peu au chercheur alors quil feint de lui ré

sister. Le respect du mystère a mis Jérôme à labri de la tentation de scientisme. Il na pas demandé à la discipline quil a somptueusement honorée de résoudre des problèmes qui ressortissent à la philosophie ou à la théologie. Il savait que le champ dexercice de la raison humaine ne se cantonnait pas au niveau du comment, mais que le comment lui-même propulsait au niveau du pourquoi. A la différence de certains de ses confrères, et néanmoins ennemis, Jérôme Lejeune ne rejetait pas dun revers de main les questions essentielles, relatives au sens de lexistence au sens de la vie et de la mort. Il eût contribué généreusement, si telle eût été sa vocation, au renouveau de lanthropologie philosophique, quil a mise en action tout au long de son activité au service de la vie. Je suis en outre convaincu quil aurait pu développer une théologie de la Création décantée des nébulosités teilhardiennes.En même temps quil servait la vérité scientifique de manière exemplaire, Jérôme a mis en lumière les périls auxquels le savant est exposé. Le principal de ces périls, cest le refus de voir ; pire encore : le refus de regarder le réel. Durant toute sa carrière, Jérôme a honoré une conception de la science mettant le savant à labri de la tentation du pouvoir et de la tutelle du pouvoir. Par là Jérôme est un maître pour nous et pour les générations futures. Clairvoyance étonnante, à une époque où prolifèrent toutes sortes didéologies obscurantistes réduites à invoquer lautorité de certains savants, plutôt que celle de la science, pour « valider » des programmes de sélection, deugénisme, d’éradication, d’élimination, ainsi que le Professeur Didier Sicard la récemment rappelé avec force et courage (cf. Le Monde du 4 fé

vrier 2007). John Billings voulait, par ses recherches, bannir lavortement de la face de la Terre. Jérôme, lui, sest trouvé au coeur des débats concernant la légalisation de lavortement ; cest dailleurs dans ce cadre que nous nous sommes rencontrés. Ce qui ma toujours frappé dans ces débats, et déjà dans les publications antérieures à ces débats, cest quon nexplique jamais en quoi consiste exactement un avortement. Le seul paramètre pris en compte cest la réalité de la femme. Victime de la langue de bois, un pan entier du réel est passé sous silence : à savoir, la réalité de lenfant. Et comme la réalité de cet être humain est occultée, volontairement ignorée, le législateur estime avoir les coudées franches pour légiférer au bénéfice supposé de la femme et delle seule. Tel est le paradoxe : en légalisant lavortement, le législateur entérine la non-protection, la non-existence juridiques de lenfant. Le langage lui-même est truqué : on interrompt ce que lon présente comme un processus, à savoir la grossesse, alors que le manteau euphémique dissimule la suppression dun individu humain réel, et en pleine croissance. La magie du langage intervient donc pour opérer une double mystification : occulter la présence dun individu humain, et occulter en conséquence la nature homicide du geste qui le supprime.Nous sommes ici au coeur dune attitude de mauvaise foi, car lon demande au personnel biomédical de taire volontairement une réalité humaine vivante qui est, par ailleurs, lobjet même de ses recherches et éventuellement de ses soins. La non-reconnaissance de la réalité de lenfant est la condition préalable pour que soit proclamé le « droit » de la femme à disposer librement de son corps. Lenfant est perçu comme un obstacle à laffirmation de la liberté de sa mère ; dès lors, la mise à mort de lenfant est présentée comme le prix de la liberté de la femme. Cette mort est dabord une mort juridique voulue par le législateur, puis exécutée par du personnel mé

dical. Cette situation est non seulement violente mais mensongère. Elle repose sur lexaltation unilatérale dun seul aspect de la réalité. Dans le binôme mère-enfant, la femme est discriminée positivement. Elle seule émerge comme sujet de droit et quel « droit » ! Lenfant est tout au plus un objet, lobjet dun processus, la grossesse ; lobjet dun acte criminel, lavortement. Comment pourrions-nous, Frères et Soeurs, ne pas réagir publiquement, et politiquement, face à cette nouvelle révolution culturelle ? Loccultation délibérée de la réalité, opérée par le langage, est validée, si lon ose dire, par le législateur, qui na plus à reconnaître ni à défendre la réalité de lenfant puisque celui-ci est volontairement escamoté. Ainsi, à partir dun problème qui semble circonscrit, à savoir le lien vital liant lenfant à celle qui le porte, tout le processus législatif des sociétés démocratiques est mis en question.Le droit na plus comme objet la justice ; il a comme objet la loi. Et, dans lesprit de Kelsen, la loi est lexpression de la volonté de celui qui peut imposer sa loi. Les lois libéralisant lavortement nous ont ainsi fourgué une conception purement positiviste du droit. Ce volontarisme juridique est confirmé et illustré par les projets parlementaires concernant, entre autres, leugénisme, lexpérimentation sur le vivant, l

euthanasie. Frères et Soeurs, Il y a des négationnistes qui nient Auschwitz. Il y a des négationnistes qui nient les racines chrétiennes de lEurope. Il y a aussi des négationnistes qui nient les réalités naturelles les plus évidentes. Dans la foulée, il y a encore les négationnistes qui nient quune société qui avorte ses enfants est une société qui avorte son avenir. Nous ne remercierons jamais assez le Seigneur de nous avoir donné des créateurs de beauté, comme Mozart ou le Bienheureux Fra Angelico. Mais plus que jamais nous avons besoin dintercesseurs, comme la Bienheureuse Thérèse de Calcutta, comme John Billings, comme Michel Raoult et comme Jérôme Lejeune.Or en ce jour où nous célébrons plus particulièrement lanniversaire de la mort de Jérôme, je vous invite, Frères et Soeurs, à remercier le Seigneur de nous lavoir donné, parce que, dans un monde aux prises avec un tsunami relativiste, dans une Europe cédant au vertige de lapostasie, ce grand savant nous fait redécouvrir la beauté de la vérité. Cette leçon essentielle que Jérôme nous a laissée se module, certes, suivant les différents états de vie où nous nous trouvons. Lejeune a suscité des vocations dhommes politiques au service de la vie, comme celle de Michel Raoult. Le Professeur Lejeune a en outre invité ses confrères médecins à se désolidariser des camelots de la mort et à être fidèles à leur vocation de pasteurs de la vie. Lejeune a également pressé ses collègues juristes de sauver le droit de lindignité dans laquelle il sombre lorsquil se laisse instrumentaliser pour légaliser nimporte quelle pratique. Aux femmes, l’époux et le père exemplaire que fut Jérôme rappelle que le vrai féminisme, cest celui qui réactive lavantage comparatif de la femme : avoir un coeur gros comme ça, faire prévaloir les relations damour sur les relations de force –être en somme licô

ne de la tendresse de Dieu. Témoin de la vérité, Jérôme la été jusquau bout. Il était devenu à jamais enfant de Dieu par le baptême. Ce jour-là Jérôme a reçu dans son coeur la lumière de lEsprit Saint. Dans les Saints Innocents que soignait le médecin, Jérôme, le croyant, reconnaissait des enfants chéris de Dieu. On raconte qu’à lapproche de sa mort, le Seigneur apparut à Saint Thomas dAquin et lui dit : « Tu as bien parlé de moi, Thomas. Que veux-tu comme récompense ? » « Seigneur, répondit Thomas, je ne veux dautre récompense que Toi-même ! ». Bienheureux es-tu, Frère Jérôme, davoir gardé toute ta vie un coeur de pauvre ! Bienheureux es-tu davoir eu faim et soif de justice ! Bienheureux es-tu davoir été persécuté pour la justice, comme le furent et comme le sont tous les prophètes ! Bienheureux es-tu, car le Royaume des cieux est à ceux qui te ressemblent ! Bienheureux es-tu, Jérôme, davoir reconnu dans ntes malades les petits frères et les petites soeurs de Jésus ! Cest eux tous qui tattendaient, il y a treize ans, au sommet de ta montée douloureuse vers Celui qui est ta récompense : le Vainqueur de la mort, le Seigneur de la Vie !

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