Archive pour la catégorie 'Approfondissement'

Père Manns: Formation au dialogue

8 mars, 2007

je mets encore un article de Père Manns dont j’ai déjà mis quelque chose,  du site:

http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/dialogue/index.html

16.11.2006 @ 17:15
Formation au dialogue

SBF Dialogue
Les nouvelles des journaux ne sont pas toujours réjouissantes. C’est avec un grand plaisir que j’ai trouvé deux informations positives. La première annonce que la technique tchèque d’animation de marionnettes a accepté de se mettre au service de l’histoire des trois religions monothéistes pour les raconter aux enfants. “Le Temps des Fondations” est le titre de cette série qui sort en novembre en trois DVD.
L’idée a pris forme après les attentats du 11 septembre 2001, lorsque l’urgence d’une meilleure connaissance réciproque des uns et des autres a semblé de plus en plus nécessaire. Mais elle était déjà née lors de plusieurs rencontres d’experts sur le thème des Routes de la foi à Rabat.
Il est important de donner des informations non seulement sur le récit mais aussi sur l’esprit des fondations des religions. Au départ il n’y avait aucune idée belliqueuse dans les religions. Les fondateurs étaient souvent de gens exclus, comme les Hébreux en Egypte, Jésus de Nazareth rejeté par les prêtres, ou le prophète Muhamad chassé à Médine”.
La série raconte les débuts du judaïsme, du christianisme et de l’islam vus à travers les yeux d’enfants, héros de neuf épisodes de sept minutes chacun consacrés à chacune des trois religions.
Les responsables religieux tchèques ont approuvé le scénario : le grand rabbin de Prague, un pasteur protestant et le chef du Centre islamique de Prague.
Le dialogue des religions est devenu incontournable dans la société postmoderne. Les trois monothéismes restent trop souvent rivés au passé: le judaïsme orthodoxe avec son étroit système halachique ; le catholicisme avec son droit canon; l’islam avec sa charia. Lorsque ces religions accepteront le paradigme de l’âge moderne, beaucoup de problèmes seront résolus. Les grandes réconciliations de l’histoire qui ont marqué le siècle dernier – France et Allemagne, Afrique du Sud – doivent se poursuivre au niveau des religions. Des esprits ouverts, comme celui de Ghandi, de Jean XXIII et de Desmond Tutu, ont fait craquer de l’intérieur des systèmes clos.
Une autre nouvelle réjouissante s’ajoute à la première. L’Espagne de Cordoue, et la Turquie d’Istanbul, pont naturel entre deux cultures, viennent de soutenir l’alliance des civilisations, initiative des Nations Unies née en 2004 pour rapprocher les cultures.
Mais pour arriver à ce but, de grandes déclarations d’intention sur l’éducation ou la jeunesse ne suffisent pas. La dimension politique du problème n’échapppe à personne. Le caractère urgent d’une solution au conflit du Proche-Orient crève les yeux. Et les armées occidentales n’ont pas pour vocation de s’installer définitivement dans les pays musulmans pour assurer l’acheminement du pétrole vers les pays riches.

Frédéric Manns

Un nouveau chef pour les évêques d’Italie: Angelo Bagnasco

8 mars, 2007

encore un article du Sandro Magister sur Angelo Bagnasco, du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=125361&fr=y

Un nouveau chef pour les évêques dItalie: Angelo Bagnasco


Il n
y a que quelques mois quil est évêque de Gênes, mais Benoit XVI a voulu quil soit également président de la conférence épiscopale. Il succède au cardinal Ruini dont il est lun des grands fidèles. Sa nomination confirme le projet dune Eglise gagnante par Sandro Magister

ROME, 8 mars 2007
Depuis hier, la conférence épiscopale italienne a un nouveau président. Cest Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, plus jeune de douze ans que son prédécesseur Camillo Ruini, qui a quitté ce poste à 76 ans révolus.

Le règne du cardinal Ruini à la CEI a duré vingt et un ans, cinq en tant que secrétaire et seize en tant que président. Et cela tourne maintenant à la dynastie. Mgr Bagnasco, son héritier, a lui aussi le visage effilé et le verbe tranchant, il est lui aussi passionné de philosophie, matière quil a enseignée pendant de nombreuses années. Mais il a surtout la même vision de la « mission » de lEglise en Italie et dans le monde. Cette « mission », cest celle que Benoît XVI a dictée aux états généraux de lEglise italienne réunis à Vérone en octobre dernier: « rendre pleinement droit de cité à la foi chrétienne », « rendre visible le grand oui de Dieu à lhomme et à

la vie ».

Cest Benoît XVI en personne qui a intronisé le nouveau président de la CEI. Cette nomination qui dépend dans tous les autres pays du vote des évêques, est en Italie du ressort du pape. En 1991 Jean-Paul II avait même été plus loin: il avait place à la tête de la CEI son propre vicaire, celui à qui il avait déjà confié le gouvernement de son diocèse de Rome. La symbiose entre Karol Wojtyla et Camillo Ruini était très grande. La révolution lancée par le pape polonais en 1985, à Lorette, devant un parterre hostile d’évêques, de prêtres et de laïcs c’est-à-dire la reconquête de lespace public pour lEglise a trouvé, année après anné

e, dans le cardinal Ruini son artisan victorieux.

Victorieux au point de ne pas sortir de la scène, alors même quil nest plus le président. Sa dernière année à la tête de la CEI a été un crescendo continu, jusqu’à sa dernière sortie officielle, les deux jours du Forum « du projet culturel », son projet le plus cher, qui sest tenu à Rome les 2 et 3 mars. Dans son discours dintroduction, en présence dun parterre dintellectuels, de théologiens, de savants, de physiciens, de mathématiciens, Ruini na pas consacré un seul mot aux propos polémiques des catholiques critiques, à ceux qui comme Giuseppe Alberigo et Alberto Melloni ont écrit et signé un manifeste contre le « malheur » d’une Église dirigée par lui. Son discours a volé très haut. Il a discuté les position du philosophe allemand Jürgen Habermas, le dernier grand représentant de l’école de Francfort, athée déclaré et pourtant promoteur dune alliance entre la raison laïque et la religion, contre le « défaitisme » que le scientisme moderne abrite en lui-mê

me.

Habermas avait apprécié mais aussi critiqué la leçon de Benoît XVI à Ratisbonne. Et Ruini est entré comme troisième acteur dans cette confrontation de géants, critiquant à son tour Habermas. La vocation première de Ruini a toujours été la philosophie appliquée à la théologie, toutes deux confrontées à la culture daujourdhui. Maintenant quil est « redescendu de la chaire au parterre » ce sont ses mots cest cet enseignement quil continuera à assurer, sans concessions. Avec les effets politiques explosifs qui donnent tant de fil à retordre à ses opposants, en dehors et dans lEglise. Mgr Bagnasco étant président, mais pas vicaire du pape, la CEI sort de la période dexception incarnée par le cardinal Ruini et rentre dans la normalité. Bientôt, peut-être en juin, il sera nommé cardinal, mais il restera en tous les cas à Gênes comme archevêque. Son rapport avec le pape sera moins étroit et la politique italienne ne se focalisera plus seulement sur ce que dit et fait la CEI, mais aussi sur la secrétairerie d’état du Vatican. Curieusement, cette dernière est dirigée aujourdhui par le cardinal Tarcisio Bertone, prédécesseur de Mgr Bagnasco à Gê

nes.

Mgr Bertone aurait préféré pour la CEI un président de moindre envergure. Il a cherché à convaincre Benoît XVI de choisir le titulaire dun diocèse dimportance moyenne et son candidat était Mgr Benigno Papa, de Tarente. Mais il ny est pas arrivé. Lhypothèse, longtemps considérée comme certaine, dune nomination à la présidence de la CEI du cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, a aussi été invalidée. La « manœuvre » de Bertone avait été interprétée comme hostile au cardinal Ruini. Mais sa conclusion le dément: Mgr Bagnasco est un ruiniste pur et dur, plus encore que le cardinal Scola, et sa nomination a été conseillée au pape aussi par le cardinal Bertone. Cet épilogue aurait été difficile à imaginer il y encore quelques mois. Le nom de Mgr Bagnasco napparaissait même pas dans un sondage lancé auprès des évêques italiens par celui qui était alors secrétaire d’é

tat, le cardinal Angelo Sodano, et par le nonce en Italie Mgr Paolo Romeo pour savoir qui ils souhaitaient comme successeur du cardinal Ruini.

A côté de Mgr Bagnasco, Mgr Betori conserve le poste névralgique de secrétaire général de la CEI. Il a été confirmé dans cette charge par le pape il y a un an pour un autre quinquennat. Mgr Betori est également un homme de confiance du cardinal Ruini, il a une solide formation de bibliste. Dernièrement il sest beaucoup employé à combattre les courants dexégèse qui séparent le « Jésus de la foi » du « Jésus de lhistoire », faisant simplement de ce dernier un homme, un juif de son temps auquel seuls les disciples auraient ensuite attribué la marque de la divinité

.

Avec Mgr Bagnasco et Mgr Betori aux deux postes-clé, la CEI nabandonnera aucune des initiatives lancées durant l’ère Ruini. La session de printemps du conseil permanent l’élite des trente cardinaux et évêques les plus importants est au programme le 26 mars prochain. Cest à cette date exactement que la note de la CEI pour la défense de la famille et contre la légalisation des unions de fait, hétérosexuelles ou homosexuelles, sera rendue publique. Le cardinal Ruini lavait annoncée le 12 février comme « contraignante pour ceux qui suivent le magistère de lEglise et éclairante pour tous », provoquant un déchaînement de polémiques. Au Vatican, la congrégation pour la doctrine de la foi a déjà fourni à la CEI un aide-mémoire rappelant les lignes directrices en la matiè

re.

En suivant le sillon creusé par Ruini, Mgr Bagnasco semble nouveau uniquement parce quil est inconnu du plus grand nombre. Il est en cela un exemple parfait du formidable potentiel dascension hiérarchique quun organisme comme lEglise assure même à ses fils les plus humbles. Angelo Bagnasco est né en 1943 à Pontevico, dans la région de Brescia, de parents génois réfugiés à cause de la guerre. Son père travaillait dans une usine de patisserie. De retour à Gênes, le jeune homme entre au séminaire. Ordonné prêtre par le cardinal Giuseppe Siri, il obtient ensuite sa maîtrise de philosophie à luniversité de Gê

nes.

Pendant près de vingt ans, jusquen 1988, il donné des cours sur la métaphysique et lathéisme contemporain à la faculté de théologie de lItalie du Nord. En même temps, il travaille en paroisse, à la curie diocésaine et au séminaire, est assistant des etudiants universitaires catholiques et soccupe de la catéchèse et de la liturgie. Le tournant arrive il y a neuf ans, lorsquil est nommé évêque de Pesaro. Le cardinal Ruini le remarque, lapprécie et, en 2001, le nomme également président du conseil dadministration du quotidien de la CEI, « Avvenire ». En 2002, il devient secrétaire de la commission de la CEI pour l’école et luniversité. En 2003, il est nommé archevêque aux armées pour lItalie et il ny a pas un point du globe où

il ne se soit rendu pour rencontrer les soldats italiens en « mission de paix ».

Dans une lettre adressée aux aumôniers militaires, il écrit: « Nous sommes très souvent surpris en rencontrant des trésors de bonté, de propreté morale, dhéroïsme simple, dans des situations qui sembleraient impossibles ». Après le massacre des soldats italiens à Nassyrie, en Irak, en novembre 2003, il adhère avec élan au mémorable « nous ne fuirons pas », que le cardinal Ruini avait prononcé lors de lhomélie funèbre. Il donne à cette expression le même sens que le cardinal: « Aimer aussi nos ennemis: cest cela le grand trésor que nous ne devons pas laisser arracher de nos consciences et de nos cœurs, même par des terroristes assassins. Nous ne fuirons pas devant eux, au contraire, nous leur ferons face avec tout le courage, l’énergie et la détermination dont nous sommes capables. Mais nous ne les haïrons pas, au contraire nous nous efforcerons à leur faire comprendre que tout lengagement de lItalie, y compris militaire, est tourné vers la sauvegarde et la promotion dune vie commune où il y ait de la place et de la dignité

pour chaque peuple, chaque culture et chaque religion ».

Aux soldats italiens du monde entier, il offre lEvangile et le Catéchisme, il donne la confirmation et la communion. Les pacifistes ne lapprécient guère. Dans la lettre aux aumôniers militaires mentionnée ci-dessus, Mgr.Bagnasco sonne aussi lalarme sur les menaces contre « la dignité de la vie humaine depuis la conception jusqu’à sa fin naturelle, sur la sainteté du mariage, sur lunité et la fécondité de la famille ». Mais sans victimisation, car « notre expérience de pasteurs qui ont accès à lintimité des âmes preuve que le bien, en profondeur, est immensé

ment plus grand que le mal ».

C’était en 2004 et lEglise italienne était encore peu active sur ces sujets. Pourtant le pape, le cardinal Ruini et quelques rares autres voix étaient à la pointe du combat et Mgr Bagnasco en faisait partie. Mgr Bagnasco sest retrouvé encore plus en accord avec le nouveau pape Benoît XVI. Il a été parmi les plus acharnés à le défendre après la leçon contesté

e de Ratisbonne.

Promu archevêque de Gênes il y a six mois, il a consacré sa première lettre pastorale à la prière. Elle a été distribuée au début de ce Carême, au même moment où Benoît XVI prêchait, lors de lAngélus du dimanche 4 mars, que « la prière nest pas un accessoire, mais une question de vie ou de mort ». Car « seul celui qui prie, cest-à-dire celui qui se confie à Dieu avec un amour filial, peut entrer dans le vie éternelle, qui est Dieu lui-même ».

Habermas écrit à Ratzinger, Ruini répond. Alliés contre le « défaitisme » de la raison moderne

7 mars, 2007

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=125081

Habermas écrit à Ratzinger, Ruini répond. Alliés contre le « défaitisme » de la raison moderne

Le célèbre philosophe athée invoque une nouvelle alliance entre foi et raison, mais sous une forme différente de celle qua proposée Benoît XVI à Ratisbonne. Le cardinal Ruini met en évidence les points daccord et de désaccord et insiste sur la « meilleure hypothèse »: vivre comme si Dieu existait

par Sandro Magister
ROME, le 7 mars 2007 Cest son dernier discours en tant que président de la conférence épiscopale italienne. Mais pour le cardinal Camillo Ruini, il sagit plutôt dun nouveau début, dun retour complet à sa vocation première: celle de professeur de théologie et de philosophie qui se confronte à la culture daujourdhui.

Ce discours, le cardinal Ruini la lu au matin du vendredi 2 mars devant plus d’une centaine dintellectuels et de savants catholiques, qui sefforcent de donner un contenu au programme le plus ambitieux de la CEI depuis dix ans: « le projet culturel ». Le titre général de la rencontre était: « La raison, les sciences et lavenir de la civilisation ». Le cardinal Ruini la présenté en entrant comme troisième intervenant dans le dialogue sur la foi et la raison, qui était déjà en cours entre Benoît XVI et le philosophe Jü

rgen Habermas.

Habermas, qui se définit comme un « athée méthodique », est le dernier grand représentant de la célèbre école philosophique de Francfort. Il a affronté celui qui était alors le cardinal Josef Ratzinger dans un débat public mémorable qui a eu lieu à Munich le 19 janvier 2004. Le débat qui est devenu ensuite un livre, publié en plusieurs langues portait sur les fondements des états libéraux modernes et il sappuyait sur la thèse dun autre penseur allemand, Ernst-Wolfgang Böckenförde, selon lequel « l’état libéral sécularisé vit de présupposés quil ne peut pas garantir ». Habermas et Ratzinger comme avant eux Böckenförde se demandaient ce que la religion peut offrir de spécifique à cette insuffisance de l’état moderne. Tous les deux proposaient, de manière différente, une alliance renouvelée entre foi et raison. Comme on le sait, cest justement à relier la foi et la raison que Benoît XVI a consacré la leçon quil a donnée le 12 septembre à luniversité de Ratisbonne: leçon que le cardinal Ruini a plusieurs fois citée comme l

axe du pontificat actuel.

On pouvait donc sattendre à ce que Habermas réponde à cette leçon. Cest ce quil a fait dans un long article publié samedi 10 février dans le principal quotidien de Suisse allemande, le « Neue Zürcher Zeitung ». Dans son discours, que lon trouve ci-dessous, le cardinal Ruini résume précisément les positions de Habermas et ses critiques de la leç

on de Ratisbonne, avant de les analyser et de les contester.

On peut se contenter dajouter que Habermas définit de la manière suivante le ressort qui la poussé à étudier un nouveau rapport entre raison et foi: « le désir de mobiliser la raison moderne contre le défaitisme quelle abrite ». Ce défaitisme de la raison, Habermas le voit à l’œuvre à la fois dans le « scientisme positiviste », et dans ces « tendances dune modernisation déréglée qui paraissent gêner plutôt que favoriser les impératifs de sa morale de justice ». Une leçon laïque qui a beaucoup à apprendre aux catholiques fasciné

s par le rationalisme moderne.

Voici donc, légèrement abrégé et avec des titres de rédaction, le discours du 2 mars 2007 dans lequel le cardinal Ruini critique les critiques quadresse Habermas à Benoît XVI. Bonne lecture! La raison, les sciences et l

avenir de la civilisation

par Camillo Ruini [] Le discours prononcé par Benoît XVI à Ratisbonne a été suivi de polémiques à propos de lislam et de ses rapports avec la raison et la violence en plus de ceux quil entretient avec le christianisme. On a beaucoup moins parlé du vrai sujet de ce discours, qui est centré sur laffirmation selon laquelle « ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu » et débouche sur une volonté de donner plus de place au rationnel, proposant ainsi un dialogue ou, pour mieux dire, une nouvelle rencontre, de la foi chré

tienne avec la raison de notre temps.

Il y a quelques jours, Jürgen Habermas, dernier des grands représentants de l’école philosophique de Francfort et interlocuteur compétent de celui qui était alors le cardinal Ratzinger lors du débat qui a eu lieu le 19 janvier 2004 à Munich, a relancé la proposition dune alliance entre la raison éclairée, autrement dit « la conscience lucide de la modernité » et « la conscience théologique des religions mondiales », afin de « mobiliser la raison moderne contre le défaitisme quelle abrite en elle-même » et qui se manifeste « à la fois dans la déclinaison postmoderne de la dialectique de lilluminisme et dans le scientisme positiviste » [] L

ALLIANCE PROPOSEE PAR HABERMAS

De quel type est lalliance que propose Habermas? Non pas « des compromis ambigus entre ce qui reste inconciliable », cest-à-dire la perspective anthropocentrique de la raison moderne et celle qui résulte de la pensée géocentrique et cosmocentrique. Si les deux raisons ou les deux consciences veulent vraiment parler lune avec lautre (et pas seulement lune de lautre), les religions doivent reconnaître lautorité de la raison « naturelle » (les guillemets sont de Habermas), c’est-à-dire les résultats faillibles des sciences et les principes universalistes de l’égalitarisme juridique, tandis que la raison séculière ne doit pas s’ériger en juge des vérités religieuses, même sil est vrai que « pour finir, elle ne considère comme raisonnable que ce qui peut être exprimé dans ses propres discours », qui doivent être, au moins en principe, accessibles à tous. Concrètement, il sagit dune raison que la science moderne a obligée à se débarrasser pour toujours de la métaphysique, limitant la philosophie « aux seules compétences générales des sujets de connaissance, de langage et d

action ».

Selon Habermas, la synthèse de la foi et de la raison, construite depuis saint Augustin jusqu’à saint Thomas dAquin, a donc été brisée. La philosophie moderne a su sapproprier de manière critique lhéritage de la pensée grecque, mais elle a drastiquement écarté delle la connaissance judéo-chrétienne du salut, c’est-à-dire la révélation et la religion. Il ne sagit pas de colmater maintenant cette brèche, mais de comprendre que la raison séculière surmonterait lactuelle opacité de son rapport avec la religion si elle prenait au sérieux cette origine commune de la philosophie et de la religion qui renvoie à la révolution concernant la vision du monde qui a eu lieu au milieu du premier millénaire avant Jé

sus-Christ.Ce nest quen considérant les traditions qui remontent à Athènes et à Jérusalem comme des éléments essentiels de sa propre genèse historique que la raison séculière pourra se comprendre pleinement elle-même; et ses enfants (Habermas entend par là les croyants comme les non-croyants) pourront saccorder sur leur identité et leur position dans le monde.

SA CRITIQUE DE LA LECON DE RATISBONNE

Sur ces bases, dans la dernière partie de son article, Habermas critique le discours de Ratisbonne par lequel Benoît XVI aurait donné un ton curieusement antimoderne au débat sur lhellénisation ou la déshellénisation du christianisme et, de cette façon, aurait répondu par la négative à la question de savoir si les théologiens chrétiens doivent sefforcer de répondre aux défis créés par une raison moderne et donc post-métaphysique. En se réclamant de la synthèse de la métaphysique grecque et de la foi biblique qui a été élaborée depuis saint Augustin jusqu’à saint Thomas dAquin, Benoît XVI nierait la valeur des raisons qui ont produit dans lEurope moderne une polarisation entre foi et savoir. Même sil affirme ne pas vouloir « revenir à lilluminisme et se dégager des sciences modernes », il montre en tout cas « quil veut repousser la force des arguments contre lesquels cette synthèse mé

taphysique a fini par se briser ».Habermas conclut quil ne lui paraît pas avantageux de « mettre entre parenthèses en les excluant de la généalogie dune raison commune de croyants, non-croyants et croyants autrement ces trois poussées de déshellénisation (cf. le discours de Ratisbonne) qui ont contribué à faire naître lidée moderne de la raison séculière ».

DEUX POINTS DE DESACCORD AVEC HABERMAS

Je me suis longuement attardé sur cette intervention dHabermas parce quelle nous permet de repérer avec précision les véritables éléments clés du dialogue-confrontation-nouvelle rencontre entre foi chrétienne et rationalité contemporaine auxquels Josef Ratzinger-Benoît XVI sest attaché dernièrement dans son discours de Ratisbonne mais également dès sa leçon inaugurale de 1959 à lUniversité de Bonn, consacrée au Dieu de la foi et au Dieu des philosophes, puis tout au long de son travail théologique []. On ne peut pas ne pas noter dans le discours de Habermas deux « présupposés » assez datés et, si jose dire, anachroniques, qui montrent comment même un penseur de haut niveau et qui recherche une alliance avec la pensée chrétienne reste malgré tout conditionné dans sa dé

marche.

Le premier présupposé est de rattacher la foi et la théologie chrétienne des perspectives qui résultent de la pensée géocentrique et cosmocentrique. Il suffit de rappeler, à ce sujet, lencyclique « Dives in misericordia », n.1, où Jean-Paul II affirmait au contraire que la perspective du christianisme est simultanément et indissociablement anthropocentrique et théocentrique, et formulait ce diagnostic précis: « Tandis que les différents courants de la pensée humaine, dans le passé et aujourdhui, ont eu et continuent à avoir tendance à séparer et parfois à opposer le théocentrisme et lanthropocentrisme, lEglise au contraire, à la suite du Christ, cherche à les réunir dans lhistoire de lhomme, de manière organique et approfondie. Cest également lun des principes fondamentaux, peut être le plus important, de lenseignement du dernier concile œcumé

nique ».

Le second présupposé de Habermas consiste à considérer que la synthèse entre métaphysique grecque et foi biblique a été élaborée à partir de saint Augustin jusqu’à saint Thomas dAquin. Au contraire, dans son discours de Ratisbonne, Benoît XVI nous a dit que, avec laffirmation « Au commencement était le logos », saint Jean lEvangéliste « nous a donné le mot de la fin sur le concept biblique de Dieu », dans lequel « tous les chemins souvent compliqués et tortueux de la foi biblique atteignent leur but et réalisent leur synthèse », et que, par conséquent, la rencontre entre le message biblique et la pensée grecque « n’était pas un simple hasard », mais relevait au contraire dune « nécessité intrinsè

que ».A Ratisbonne, le pape a présenté en quelques mots les phases de développement de ce processus, depuis le « Je suis » par lequel Dieu se révèle à Moïse dans le buisson ardent. Mais Josef Ratzinger a consacré, à plusieurs reprises, de nombreuses pages de ses ouvrages à présenter et à justifier tout cela. En vertu de cette synthèse, le premier concile œcuménique, celui de Nicée, en 325, assez longtemps avant la naissance de saint Augustin, pouvait déjà affirmer solennellement que le Fils est « consubstantiel » (homoousios) au Père, cette profession de foi devant être adoptée par tous ceux qui croient au Christ. [].

LA NOUVEAUTE RADICALE DE LA REVELATION BIBLIQUE

Je voudrais répondre ici à une question, formulée principalement dans les milieux catholiques, sur la manière de concilier laffirmation selon laquelle « Au commencement était le logos » est « le mot de la fin du concept biblique de Dieu », avec cette autre affirmation, qui sert de titre à lencyclique « Deus caritas est » de Benoît XVI, que Dieu est agapè (1 Jn 4, 8.16) et que, concrètement, « à lorigine de l’être chrétien, il ny a pas une décision éthique ou une grande idée, mais bien la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et, grâce à cela, la direction décisive » (« Deus caritas est », 1). Bien sûr, on peut et surtout on doit préciser que, en Dieu, logos et agapè, raison-parole et amour, sidentifient lun à lautre, mais Josef Ratzinger-Benoît XVI ne se limite pas à

cela.

Pour lui, le lien intrinsèque entre la foi biblique et linterrogation grecque nest quune moitié du discours: lautre moitié est constituée par la nouveauté radicale et par la différence profonde de la révélation biblique par rapport à la rationalité grecque, surtout en ce qui concerne le thème central de la religion, qui est Dieu. En effet, le Dieu de la Bible dépasse radicalement ce que les philosophes avaient pensé de lui, non seulement parce quIl est, en tant que Créateur suprêmement libre, distinct de la nature dune manière bien plus décisive que ce qui pouvait apparaître dans la philosophie grecque, mais surtout parce que ce Dieu nest pas une réalité inaccessible pour nous, que nous ne pouvons pas rencontrer et vers qui il serait inutile de se tourner par la priè

re, comme le pensaient les philosophes.

Au contraire, le Dieu de la Bible aime lhomme. Cest pour cela quil entre dans notre histoire, quil donne vie à une authentique histoire damour avec Israël, son peuple, puis, en Jésus-Christ, non seulement il étend cette histoire damour et de salut à lhumanité toute entière, mais il la porte à son point extrême, cest à dire au point de « se retourner contre lui-même », dans la croix de son propre Fils, pour relever lhomme et le sauver ou plutôt pour lappeler à une intime union damour avec Lui. Cest en ce sens que le Dieu de la Bible est agapè, amour qui se donne gratuitement, mais aussi eros, amour qui veut unir intimement lhomme à

lui (cf. « Deus caritas est », 9-15).

La foi biblique rapproche ainsi entre elles ces deux dimensions de la religion qui initialement étaient séparées lune de lautre, c’est-à-dire le Dieu éternel dont parlaient les philosophes et le besoin de salut que lhomme porte en lui et que les religions païennes tentaient de satisfaire comme elles le pouvaient. Le Dieu de la foi chrétienne est donc bien le Dieu de la métaphysique, mais cest aussi, de la même manière, le Dieu de lhistoire, c’est-à-dire le Dieu qui entre dans l

histoire et dans le rapport le plus intime avec nous.

Voilà, selon Josef Ratzinger, la seule bonne réponse à la question du Dieu de la foi et du Dieu des philosophes. CONTRE UNE RAISON ENFERMÉE DANS UNE « É

TRANGE PENOMBRE »

Revenons maintenant à larticle de Habermas pour examiner le point central de son désaccord avec le discours de Ratisbonne et, plus largement, avec lorganisation générale de la pensée et de lenseignement de Benoît XVI. Habermas recherche avec beaucoup de sincérité personnelle et intellectuelle une convergence entre la raison séculière et « éclairée » et la raison théologique mais, en réalité, il conçoit cette convergence sur des bases nettement déséquilibré

es.

En effet, alors que la raison théologique devrait accepter lautorité de la raison séculière post-métaphysique, cette dernière, sans pour autant s’ériger en juge des vérités religieuses, naccepte « en dernier ressort » comme « raisonnable » que ce qui peut être exprimé dans ses propos et refuse donc, en fin de compte, les vérités religieuses dans leur principe transcendant (le Dieu qui se révèle) et dans leur contenu substantiel et décisif. De même, « Jérusalem » est considérée comme faisant partie, à côté d« Athènes », de la genèse historique de la raison séculière, mais pas comme étant effectivement raisonnable. En derniè

re analyse, Habermas ne sort pas de cet « enfermement » sur elle en quoi Josef Ratzinger voit la limite de la raison quand elle est seulement empirique et calculatrice.

La perspective de Josef Ratzinger-Benoît XVI est bien autrement ouverte. En effet, à Ratisbonne et plus largement dans dautres textes, il soutient avec énergie que, à lorigine de lunivers, il y a le Logos créateur. Il se base sur lexamen des structures et des présupposés de la connaissance scientifique et en particulier sur la correspondance intangible entre les mathématiques qui sont une création de notre intelligence et les structures réelles de lunivers. En effet, si cette correspondance nexistait pas, nos prévisions mathématiques et nos technologies ne pourraient pas fonctionner. Cette correspondance implique que lunivers lui-même soit structuré de manière rationnelle et elle pose la grande question de savoir sil ne doit pas y avoir une intelligence originelle, source commune de cette réalité « rationnelle » et de notre rationalité. [] Cependant il est pleinement conscient du fait que non seulement ce genre de considérations et darguments va au-delà du domaine de la connaissance scientifique et se placent au niveau de lenquête philosophique, mais que même sur le plan philosophique, le Logos créateur nest pas lobjet dune démonstration apodictique, mais reste « la meilleure hypothèse », une hypothèse qui demande à lhomme et à sa raison « de renoncer à une position de domination et de risquer celle de lhumble é

coute ».

Concrètement, en particulier dans le climat culturel actuel, lhomme ne parvient pas à sapproprier complètement, par ses seules forces, cette « meilleure hypothèse ». Il reste en effet prisonnier dune « étrange pénombre » et des incitations à vivre selon ses propres intérêts, sans tenir compte de Dieu et de l’éthique .Seule la révélation linitiative de Dieu qui se manifeste à lhomme dans le Christ et qui lappelle à sapprocher de Lui nous rend vraiment capables de sortir de cette pénombre. Cest justement la perception de cette « étrange pénombre » qui fait que lattitude la plus répandue parmi les non-croyants daujourdhui ne soit pas lathéisme perçu comme quelque chose qui dépasse les limites de notre raison autant que la foi en Dieu mais lagnosticisme, qui suspend le jugement à propos de Dieu dans la mesure où on ne peut pas connaî

tre celui-ci rationnellement.

LHYPOTHÈSE LA MEILLEURE: VIVRE COMME SI DIEU EXISTAIT La réponse de Josef Ratzinger à ce problème nous renvoie à la réalité de la vie. En effet, selon lui, lagnosticisme nest pas vivable concrètement, cest un programme irréalisable pour la vie humaine. Le motif en est que la question de Dieu nest pas seulement théorique, mais éminemment pratique, c’est-à-dire quelle a des consé

quences dans tous les domaines de la vie.

En effet, dans la pratique, je suis contrains de choisir entre deux possibilités, déjà identifiées par Pascal: ou bien vivre comme si Dieu nexistait pas, ou bien vivre comme sil existait et était la réalité essentielle de mon existence. En effet, Dieu, sil existe, ne peut pas être un appendice que lon enlève ou que lon ajoute sans que rien ne change, mais il est au contraire lorigine, le sens et la fin de lunivers et de lhomme dans lunivers. Si jagis selon la première possibilité, jadopte de fait une position athée et pas seulement agnostique. Si je choisis la seconde, jadopte une position croyante: la question de Dieu est alors impossible à éluder. Il est intéressant de noter la profonde analogie qui existe, de ce point de vue, entre la question de lhomme et la question de Dieu. Toutes les deux, en raison de leur très grande importance, doivent être traitées avec toute la rigueur et lengagement de notre intelligence, mais toutes les deux restent aussi des questions éminemment pratiques, inévitablement liées à

nos choix de vie concrets.

Cest justement quand il envisage la perspective croyante comme une hypothèse, fût-elle la meilleure, qui en tant que telle implique un libre choix et nexclut pas la possibilité rationnelle dhypothèses différentes, que Josef Ratzinger-Benoît XVI se montre sensiblement plus ouvert que Jürgen Habermas et la « raison séculière » dont Habermas se fait linterprète, puisque celle-ci naccepte comme « raisonnable » que ce qui peut être traduit dans ses propos. Cette « absolutisation » de la raison séculière constitue dune certaine façon le pendant, au niveau théorique, de cette « dictature » ou absolutisation du relativisme qui se manifeste lorsque la liberté individuelle, pour laquelle, en fin de compte, tout se rattache au sujet, est érigée en critère ultime auquel toute autre position doit être subordonné

e.

REPARTIR DE KANT POUR SINTERROGER SUR DIEU Jajoute une réflexion personnelle. Apparemment elle ne regarde quun point spécifique du débat philosophique, mais, selon moi, elle constitue une clé que lon peut difficilement négliger pour cette nouvelle rencontre entre la foi et la raison de notre temps qui est le grand objectif du pontificat de Benoît XVI et aussi du projet culturel auquel nous travaillons en tant quEglise dItalie. Je pense aussi que cette réflexion nous permettra de clarifier encore plus le point décisif de la réflexion qui à partir de la compréhension de lunivers veut remonter jusqu’à

Dieu.

Concrètement je me réfère à la question des conditions de possibilité de la connaissance scientifique à laquelle Benoît XVI se réfère largement pour rouvrir la discussion rationnelle sur le Logos créateur mais qui, il y a très longtemps, a été au cœur de la réflexion du penseur qui a peut-être été le plus important et le plus décisif pour le parcours de la modernité, I. Kant. En effet, celui-ci a accompli sa « révolution copernicienne » selon laquelle ce nest pas notre connaissance qui doit se régler sur les objets, mais au contraire les objets sur la connaissance et donc la réalité en tant que telle ne peut pas être connue par la « raison pure » justement pour assurer les conditions de possibilité non seulement des mathématiques mais aussi de la physique. Cest la raison de fond du chemin que Kant a parcouru depuis la « Dissertation » de 1770, jusqu’à

la « Critique de la raison pure » de 1781.

Personnellement, je considère que réfléchir sur les conditions de possibilité du savoir scientifique est, encore aujourdhui, une mission fondamentale de la philosophie (à ce sujet, le livre « Insight » de B. Lonergan reste très intéressant). Mais cest justement à ce niveau que doit être substantiellement corrigé le choix effectué par Kant, pour la raison de fond, aussi simple que solide, qua indiquée Benoît XVI, en reprenant et reformulant une façon de penser souvent proposée dans la critique de la « Critique » de Kant. Le cœur de cette raison est justement la correspondance entre les mathématiques, création de notre intelligence, et les structures réelles du monde physique, correspondance qui est sans cesse vérifiée par les succès des sciences et des technologies et qui implique que notre intelligence puisse acquérir une connaissance de fond du réel même si elle est imparfaite et toujours en progrè

s.

On renverse ainsi le point central de la position de Kant et on repose inévitablement en raison même du dynamisme de lintelligence humaine qui ne sarrête devant aucun problème qui lui est posé la question sur lorigine de cette correspondance et donc sur « lhypothèse » de lIntelligence créatrice, c’est-à-dire de Dieu. A ce point, apparaît spontanément une objection: de cette façon, on en revient à la situation avant Kant, et on a tendance à rejeter les développements de la culture depuis deux siècles. Personnellement je considère que ce retour en arrière et ce refus ne sont pas liés inévitablement à la contestation de ce point de la pensée de Kant, même s

il est central.

Il sagit en effet de prendre tout à fait au sérieux sa question de départ sur les conditions de possibilité des sciences et de lui donner une réponse différente qui outre quelle tient compte des grandes transformations intervenues dans les sciences elles-mêmes depuis Kant nimplique pas une « révolution » ou une rupture par rapport à la grande tradition précédente, mais qui soit également capable de sapproprier les développements positifs de la raison moderne et postmoderne. A mon humble avis cette réponse différente pourrait bien se révéler plus apte à favoriser le parcours que nous avons encore à

franchir.

En dautres termes, je pense quon peut rappeler ici ce qua dit Benoît XVI à Vérone, le 19 octobre 2006, sur la « rupture courageuse qui devient maturation et guérison », qui est typique du rapport entre la foi chrétienne et les cultures et formes de rationalité de toutes les époques et qui, loin de les exclure, garantit et favorise laccueil et le développent de leurs valeurs authentiques. Il ne sagit là, bien sûr, que dun postulat ou dune espérance qui aurait besoin d’être déclinée et reconnue comme vraie dans les aspects concrets de la culture et de l

histoire.

En tout cas, le point de départ que Josef Ratzinger-Benoît XVI a mis à la base de cette espérance, et des cheminements qui pourraient en résulter, me paraît solide.

Pourquoi le Mal, si Dieu est amour ?

6 mars, 2007

Du site : 

http://chemins.eklesia.fr/acpc/mal.php 


 Pourquoi le Mal, si Dieu est amour ? 

Rien ne peut justifier la souffrance causée par la maladie d’un enfant, la mort qui frappe les victimes d’un cataclysme. Rien ne peut réparer les massacres commis par les hommes, au nom d’un Dieu qu’ils n’ont pas compris, au nom d’une idéologie ou d’une violence intérieure qui les aveugle… Que fait Dieu… Pourquoi ne se manifeste-t-il pas ? Face à cette question fondamentale, et suite à la shoah, ce massacre sans nom, le philosophe juif Hans Jonas a développé une thèse intéressante : Dieu ne se manifeste pas, car il se rétracte en lui-même pour laisser l’homme, sa créature vivre pleinement sa liberté. 

Les chrétiens, à la suite de théologien comme F. Varillon ajoute que devant ce mal, Dieu souffre, comme le Christ sur la Croix à souffert par la faute du mal. Par cette souffrance, Dieu affirme sa présence aimante et donne, sans mettre en cause notre liberté, un message d’espérance. Dieu est en devenir, parce que l’Amour est en devenir. Croire en Dieu, c’est partager sa souffrance avec celle des autres hommes, c’est croire, comme l’affirme le Cantique des Cantiques, que l’Amour est plus fort que la mort (cf. Cant 8,6).  La mort du Christ et sa résurrection est le dernier signe manifeste de cette espérance avant le retrait de Dieu, l’aboutissement d’une révélation faite à l’homme et à laquelle il est libre d’adhérer… Ce « cadeau de Dieu », cette souffrance du Père comme du Fils, acceptée et donnée librement par Jésus et où Dieu apparaît respectueux du chemin du Fils est en effet un aboutissement. En acceptant la condition humaine, en se faisant serviteur jusqu’au bout, Jésus avec l’entier soutien du Père nous trace un chemin pour convertir notre propre souffrance et en faire un chemin d’amour. Mais en aucun cas, notre liberté de croire n’est mise en cause dans cet « abaissement de Dieu ». La mort d’amour est image du Dieu Amour…     Pourquoi les chrétiens font-ils le mal ? 

Inquisition, guerre de religion, massacre des juifs, évangélisation forcée, ignorance du prochain…* Les chrétiens, comme tous les hommes portent leur part de responsabilité dans le maintien du mal « de faute ». Moi-même, nous-mêmes « ne faisons pas le bien que nous voulons et faisons le bien que nous ne voulons pas » comme l’exprimait déjà Saint-Paul dans Romains 7 (15,18-19). Je fais le mal, parce que je n’ai pas été assez loin dans mon « humanisation », parce que loin de me laisser aller à l’abandon de mon moi tout-puissant j’ignore ce Dieu qui m’invite à l’amour, je refuse de suivre ce Christ qui loin de faire le mal s’est donné entièrement pour me montrer le chemin… Il est « le chemin, la vérité et la vie… » (Jn 14,6). 

* Toutes ces fautes pour lesquelles le Pape Jean Paul II a demandé pardon, à l’occasion du Jubilé   Chrétiens, quelle différence ?  A priori aucune. Dieu n’habite pas que les chrétiens, l’amour n’est pas le monopole de la foi catholique. Et pourtant, les chrétiens trouvent dans leur foi, un chemin, une écoute, qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Le pourquoi du croire, le pourquoi de la pratique ne se justifie pas autrement… 

  

L’INVENTION DE SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR

6 mars, 2007

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/113.htm

L’INVENTION DE SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR

L’invention du corps du premier martyr saint Étienne est rapportée: à lannée 447, la septième du règne d’Honorius. On distingué son invention, sa translation* Cf. la relation de cette invention au septième tome dés Oeuvres de saint Augustin. Appendice.

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et sa réunion. Son invention eut lieu comme il suit *: Un prêtre du territoire de Jérusalem, appelé Lucien, cité par Gennade (ch. XLVI) au nombre des hommes illustrés, écrit lui-même qu’un vendredi, comme il reposait à moitié endormi dans son lit, lui apparut un vieillard, haut de taille, beau de visage, avec une longue barbe, revêtu d’un manteau blanc semé de petites pierres précieuses enchâssées dans lor en formé de croix, portant une chaussure recouverte d’or à la surface. Il tenait à la main une baguette d’or dont il toucha Lucien en disant: « Hâte-toi de découvrir nos tombeaux, car nous avons été renfermés dans un endroit fort indécent. Va dire à Jean, évêque de Jérusalem; qu’il nous place dans un lieu honorable; car, puisque la sécheresse et la tribulation désolent la terre, Dieu, touché de nos prières a décidé de pardonner au monde. » Le prêtre Lucien lui dit : « Seigneur qui êtes-vous ? » « Je suis, dit-il, Gamaliel qui ai nourri saint Paul; et qui lui ai enseigné la loi à mes pieds. A mon côté repose saint Étienne, qui a été lapidé par les Juifs, hors de la ville, afin que son corps fut dévoré par les bêtes féroces et les oiseaux. Mais celui. pour la foi duquel ce saint martyr a versé son sang ne la pas permis; je lai recueilli alors avec grand respect et lai enseveli dans un tombeau neuf que j’avais fait creuser pour moi. L’autre qui est avec moi, c’est Nicodème, mon neveu; qui alla une nuit. trouver Jésus, et reçut le baptême sacré des mains de saint Pierre et de saint Jean. Les princes des prêtres; indignés de * Bréviaire romain.

son action lauraient tué, si les égards qu’ils avaient pour nous ne les eussent retenus. Cependant ils lui ravirent tous ses biens le dépouillèrent de sa principauté du sacerdoce et le laissèrent, à demi mort des coups dont ils laccablèrent. Alors je le menai dans ma maison où il survécut quelques jours et quand il fut mort, je le fis ensevelir; aux pieds de saint Étienne. Il y en a encore un troisième avec moi ; c’est Abibas, mon propre fils, qui, à l’âge de 20 ans, reçut le baptême en même temps que moi, il vécut dans la virginité, et se livra à l’étude de la loi avec Paul, mon disciple. Quant à ma, femme Athéa et à mon fils Sélémias qui ne voulurent pas croire en J.-C. ils n’ont pas été dignes de partager notre sépulture; mais vous les trouverez ensevelis autre part, et leurs tombeaux sont vides et nus. » A ces mots, Gamaliel disparut. Alors Lucien s’éveillant pria le Seigneur que si cette vision avait un fondement de vérité, elle se renouvelât une seconde et une troisième fois. Or, le vendredi suivant, Gamaliel lui apparut comme la première fois, et lui demanda pourquoi il avait négligé de faire ce qu’il lui avait recommandé: « Non, seigneur, répondit-il, je ne lai pas négligé, mais j’ai prié le Seigneur que si cette vision venait de Dieu, elle se renouvelât : trois fois. » Et Gamaliel lui dit: : « Puisque vous avez réfléchi à quel signe, si vous nous trouviez, vous pourriez distinguer les reliques de chacun et particulier, je vais, vous donner un emblème au moyen duquel vous reconnaîtrez nos cercueils et nos reliques. » Et il lui montra trois corbeilles d’or et une quatrième d’argent, dont lune était pleine de roses rouges et deux autres (341) de roses blanches. Il lui montra aussi la quatrième pleine de safran. Alors Gamaliel ajouta : Ces corbeilles sont nos cercueils- et ces rasés sont nos reliques. La corbeille pleine de roses rouges est le cercueil de saint Étienne qui, seul d’entre nous, a mérité la couronne du martyre; les deux autres pleines de roses blanches sont les cercueils de Nicodème et de moi, comme ayant persévéré d’un coeur sincère dans la confession de J.-C. Pour la quatrième d’argent qui est pleine de safran, c’est le cercueil d’Abibas, mon fils, dont la virginité fut éclatante et qui sortit pur de ce monde. » Ayant dit ces paroles, il disparut de nouveau. Le vendredi de la semaine suivante, Gamaliel lui apparut avec un visage irrité et le réprimanda gravement de ses délais et de sa négligence. Aussitôt Lucien alla à Jérusalem et raconta à l’évêque Jean lensemble de tout ce qu’il, avait vu. On fit, venir d’autres évêques et on se dirigea vers lendroit indiqué à Lucien ; et dès qu’on se fut mis en train de fouiller, la terre trembla et lon ressentit une odeur très suave, dont ladmirable parfum guérit, par les mérites des saints, soixante et dix hommes affligés de diverses maladies. Or, ce fut ainsi que lon porta en l’église de Sion de Jérusalem, et où saints Etienne avait exercé ses fonctions d’archidiacre; les reliques de ces saints au milieu de la joie publique, et qu’on les ensevelit avec les plus grands honneurs. A cette heure-là même, il tomba une grande pluie. Bède, en sa chronique, fait mention de cette vision et de cette invention. Cette invention de saint  Étienne eut lieu le jour même qu’on célèbre son martyre et lon dit que ce martyre arriva aujourd’hui. Mais ces fêtes furent (342) chantées de jour par lEglise, pour deux motifs. Le premier, parce que J.-C. naquit ici-bas, afin que lhomme naquit au. ciel. Or, il était convenable que la nativité de J.-C. fût suivie du natalice de saint Étienne qui le premier souffrit le martyre pour J.-C., ce qui n’est autre chose que, naître au ciel, afin de montrer par là que lun était la conséquence de lautre : aussi c’est la raison pour laquelle l’Église chante dans loffice de ce jour *: «Hier le Christ est né sur la terre, afin qu’aujourd’hui Étienne naquît dans le ciel. » Le, second motif est que le jour de lInvention -se fêtait plus solennellement que celui de son martyre, et cela par respect pour le jour de Noël, et à cause des miracles nombreux que le Seigneur opéra lors de lInvention, Mais parce que le martyre lemporte sur lInvention, et qui doit être célébré plus solennellement, c’est pour, cela que lEglise a transféré la fête du martyre à cette époque où lon pourrait lui rendre de plus grands honneurs. Saint Augustin rapporte que sa translation eut lieu comme il suit. Alexandre, sénateur de Constantinople, alla avec sa femme, à Jérusalem et fit construire un oratoire magnifique en lhonneur de saint Étienne, premier martyr ; il voulut y être enterré auprès du corps de ce saint. Sept ans après sa mort, Julienne, sa femme, ayant résolu de revenir dans sa patrie à cause de certaines injures qu’elle endurait des princes, voulut remporter le corps de son mari; Après bien des instances auprès de l’évêque, celui-ci lui montrai deux cercueils d’argent et lui dit : «Je ne * Leçons du 2ème nocturne.

343

sais quel est celui de votre mari.

» « Je le sais, répondit-elle. » Et elle se jeta pour lembrasser, mais elle embrassa le corps de saint Étienne, qu’elle prit pour celui de son mari. Lorsqu’elle se fut embarquée avec le corps, les anges font entendre des cantiques, une odeur suave se répand, les démons crient et suscitent une tempête affreuse en disant : «Malheur à nous, car le premier martyr Étienne passe et nous fait endurer un feu cruel! » Or, comme les matelots craignaient un naufrage, on invoqua saint Étienne qui apparut et dit : « C’est moi, ne craignez point. » A linstant, un grand calmé s’ensuivit. Alors on entendit les voix des démons qui criaient: «Prince impie, monte sur ce vaisseau, parce que notre adversaire Étienne y est.» Alors le prince des démons envoyai cinq démons pour mettre le feu au vaisseau; mais lange du Seigneur les engloutit au fond de la mer. Quand on fut arrivé à Chalcédoine les démons se mirent à crier : « Il arrive le serviteur de Dieu, qui a été lapidé par les méchants Juifs. » On arriva sain et sauf à Constantinople, et on ensevelit avec grand respect le corps de saint Etienne dans une église. (Saint Augustin.) * La réunion du corps de saint Étienne avec celui .de saint Laurent se fit comme il suit : Eudoxie, fille de lempereur,Théodose, fut cruellement tourmentée par le démon. Or, ce malheur fut annoncé à son père comme il était à Constantinople, et il s’y fit amener sa fille, afin qu’on la touchât aux reliques du très saint Étienne, premier martyr. Mais le démon criait en elle : « Si Étienne ne

* Martyrologe romain; au 7 mai.

344

vient à Rome, je ne sortirai pas, car telle est la volonté de lapôtre. » Quand lempereur apprit cela, il obtint du clergé et du peuple de C. P. qu’ils donneraient aux Romains le corps de saint Étienne et qu’ils recevraient eux-mêmes le corps de saint Laurent. Alors lempereur écrivit à ce sujet au pape Pélage, qui, de lavis des cardinaux, consentit à la demande de l’empereur. On envoya donc des cardinaux à C. P. pour y porter le corps de saint Étienne, et des Grecs vinrent à Rome pour recevoir celui de saint Laurent. Le corps de saint Étienne arriva à Capoue, et sur les pieuses prières des Capouans, on leur donna le bras droit du saint en lhonneur, duquel on bâtit l’église métropolitaine. Quand on, fut arrivé à Rome, et qu’on voulut porter le saint corps à l’église de Saint-Pierre-aux-liens, les porteurs s’arrêtent et ne peuvent avancer plus loin ; alors le démon se mit à crier dans la jeune fille : «Vous avez beau faire, ce n’est pas là, mais c’est auprès de son frère Laurent qu’il a choisi sa placé. » On y porta donc le corps ; et quand Eudoxie leut touché, elle fut délivrée du démon. Mais saint Laurent, comme s’il se fut félicité de larrivée de son frère, lui sourit et se retira de lautre côté du tombeau dont il laissa le milieu vide pour faire place à son frère. Quand les Grecs se furent approchés pour emporter saint Laurent, ils tombèrent par terre comme s’ils eussent été privés de vie : alors le pape, le clergé et le peuple prièrent pour eux, et ce ne fut qu’à peine si le soir, ils revinrent à eux-mêmes, tous cependant moururent dans les dix jours suivants. Les Latins eux mêmes, qui avaient consenti à cela, tombèrent en (345) frénésie et ne purent être guéris qu’après que les corps des saints eussent été ensevelis ensemble. Alors cette voix du ciel se fit entendre : « O bienheureuse Rome, qui possèdes, dans un même mausolée, ces précieux restes, les corps de saint Laurent lEspagnol, et de saint Étienne de Jérusalem. » Cette réunion se fit aux nones de mai, vers lan du Seigneur

 425.

Saint Augustin, au livre XXII de la Cité de Dieu, rapporte la résurrection de six morts due à linvocation de saint. Étienne. C’est d’abord un homme gisant mort, on lui avait déjà, lié les pouces : on invoque sur lui le nom de saint Étienne, et à linstant il ressuscite. C’est encore un enfant écrasé par un char : sa mère le porte à l’église de saint Étienne et elle le reçoit vivant et sans trace de blessure. C’est une religieuse qui étant à lextrémité avait été portée à l’église de saint Étienne; elle y rendit le dernier soupir; et voici qu’aux yeux de tout le monde effrayé; elle ressuscite guérie. A Nippone,: c’est une jeune fille dont le père avait apporté la robe à l’église de saint Étienne ; quelques instants après il jette cette robe sur le corps de cette jeune fille qui était morte; et tout à coup elle est rendue à la vie. C’est un jeune homme, dont le corps, après avoir été oint dans de lhuile de saint Étienne, ressuscite aussitôt. Cest un enfant qui fut porté mort à l’église de saint Étienne et quand on,.eut invoqué le saint, à linstant il est rendu à la vie. Voici comment s’exprime saint Augustin au sujet de ce saint: « Gamaliel, à la brillante étole, révéla le corps de ce martyr; Saul converti le loua, J.-C. enveloppé de langes lenrichit et lui mit une couronne de pierres précieuses. »

346

Il dit ailleurs : « Dans Étienne brilla la beauté du corps, la fleur de l’âge, l’éloquence de lorateur, la sagesse éclatante de lesprit et lopération divine. » Il dit encore : « Cet homme de Dieu fort comme une colonne, alors qu’il était retenu comme avec des tenailles au milieu de ceux qui le lapidaient de leurs mains, était fortifié par la foi; et brûlait pour elle; on le frappait et il s’élevait ; on l’étreignait, et il grandissait ; on le meurtrissait et ne se laissait pas vaincre. » Sur ces paroles Dura cervice (Actes) : « Il ne flatte pas, mais il invective; il ne touche pas, il provoque ; il ne tremble pas, mais il excite », c’est encore saint Augustin qui élit : «Considérez saint Étienne serviteur de Dieu au même titre que vous : c’était un homme comme vous : il était de la race des pécheurs comme vous ; il fut racheté au même prix que vous ; et quand il fut diacre et qu’il lisait l’Évangile, le même que vous lisez ou que vous écoutez il y trouva, ces mots : « Aimez vos ennemis » maxime que l’étude lui apprit et que lobéissance lui fit pratiquer. »

L’amour du Christ, « secret » de l’action pastorale de Paul VI

6 mars, 2007

du site Zenith: 

2007-03-05

L’amour du Christ, « secret » de l’action pastorale de Paul VI

Benoît XVI reçoit des membres de l’Institut Paul VI

ROME, Lundi 5 mars 2007 (ZENIT.org) Lamour du Christ a été le « secret » de laction pastorale de Paul VI, a souligné Benoît XVI en recevant, samedi 2 mars, au Vatican, des représentants de lInstitut Paul VI de Brescia, un centre international de recherche fondé en 1979 pour favoriser l’étude et la connaissance de la pensée et de laction de ce pape.

Benoît XVI a souligné limportance de ce « pontife inoubliable » qui a nommé autrefois Joseph Ratzinger archevêque de Munich et Freising, avant de le créer cardinal. « Il a été appelé par la Providence divine à guider la barque de Pierre à une époque historique marquée par de nombreux défis », a fait observer Benoît XVI, en saluant la sagesse et la prudence du pape Montini.Le pape évoquait chez son prédécesseur « lardeur missionnaire », qui la poussé « à entreprendre des voyages apostoliques exigeants même vers des nations lointaines, à accomplir des gestes prophétiques dune haute valeur ecclésiale, missionnaire et œcuménique »

.

Il fut le premier pape à se rendre en Terre Sainte, indiquant ainsi à lEglise, soulignait Benoît XVI, « que le chemin de sa mission est de mettre ses pas dans ceux du Christ ».« En effet, a-t-il dit, le secret de laction pastorale que Paul VI a accomplie avec un dévouement inlassable, en prenant parfois des décisions difficiles et impopulaires, réside justement dans son amour du Christ : un amour qui vibre dans les expressions touchantes de tous ses enseignements. Son esprit de pasteur était tout saisi par cette tension missionnaire nourrie par un désir sincère de dialogue avec lhumanité. Son invitation prophétique lancée à plusieurs reprises de renouveler le monde tourmenté par des inquiétudes et des violences, grâce à la civilisation de lamour naissait du don total de lui-même au Christ, Rédempteur de lhomme »

.

Le pape rappelait les paroles prononcée par Paul VI à louverture de la Seconde session du Concile Vatican II, le 29 septembre 1963, quil entendit lui-même alors, en tant quexpert : « Le Christ, notre principe, le Christ notre vie et notre guide ! Le Christ, notre espérance, et notre terme (). Et jusqu’à son dernier soupir, sa pensée, ses énergies, son action furent pour le Christ et pour lEglise ».« Le nom de ce pontife dont lopinion publique mondiale a compris la grandeur à loccasion de sa mort, reste surtout lié au Concile Vatican II » a souligné Benoî

t XVI.

« Si en effet lindiction a été due à Jean XXIII, ce fut à lui, son successeur, de le mener à bonne fin, dune main experte, délicate et ferme. Il ne fut pas moins ardu, pour le pape Montini de guider lEglise dans la période post-conciliaire. Il ne sest pas laissé conditionner par les incompréhensions et les critiques, même sil dû en supporter la souffrance et les attaques parfois violentes, mais il resta en toute circonstance un timonier ferme et prudent de la barque de Pierre ».

« Au fil des ans, ajoutait Benoît XVI, limportance (de son pontificat) apparaît de plus en plus évidente, pour lEglise et pour le monde », ainsi que « la valeur de son haut magistère qui a inspiré ses successeurs ».

je désire mettre encore quelque chose sur les catacombes…

5 mars, 2007

il s’agit ici de la correspondance entre Rome et Carthage entre le 250 et le 258 pour lire les témoignages des chrétiens de ces temps:

CORRESPONDANCE ENTRE LES EGLISES DE ROME ET DE CARTHAGE

Dans l’histoire des catacombes de Saint-Callixte, on rencontre des protagonistes et des personnalités de premier plan: les papes martyrs Fabien, Corneille, Sixte II, comme aussi l’évêque de Carthage Saint Cyprien. Les Eglises de Rome et de Carthage communiquaient fréquemment entre elles. Il est intéressant de connaître le contenu de certaines lettres et de savoir ce que se disaient ces grands pasteurs et comment ils jugeaient leur époque si peu tranquille.

1. L’Eglise de Rome à l’Eglise de Carthage

L’Eglise de Rome, à l’époque de la persécution de l’empereur Dèce, envoyait à l’Eglise de Carthage ce témoignage de sa fidélité au Christ: Rome, début 250 » … L’Eglise résiste fermement dans la foi. Quelques-uns, il est vrai, soit parce qu’ils étaient impressionnés par le retentissement qu’ils auraient pu causer de par leur position sociale, soit par fragilité humaine, ont cédé. Toutefois, bien qu’ils soient désormais séparés de nous, nous ne les avons pas abandonnés dans leur défection, mais nous les avons aidént et nous leur sommes encore proches pour qu’ils se réhabilitent par la pénitence et qu’ils reçoivent le pardon de Celui qui peut le concéder. Si en effet nous les laissions livrés à eux-mêmes, leur chute deviendrait irréparable. Cherchez vous aussi à faire de même, frères très chers, en tendant la main à ceux qui sont tombés, afin qu’ils se relèvent. Ainsi, s’ils devaient encore être arrêtés, ils se sentiront forts pour confesser cette fois-ci leur foi et remédier ainsi à leur erreur antérieure. Permettez-nous de vous rappeler aussi la ligne à suivre quant à un autre problème. Ceux qui ont cédé dans l’épreuve, s’ils sont infirmes et à condition qu’ils se repentent et sont désireux d’être en communion avec l’Eglise, doivent être secourus. Les veuves et les autres personnes qui sont empêchées de se présenter spontanément, come aussi ceux qui se trouvent en prison ou éloignés de leurs maisons, doivent trouver des personnes qui pourvoient à leurs besoins.. Et même les catéchumènes qui sont malades ne peuvent rester déçus dans leur attente d’une aide. Les frères qui sont en prison vous saluent, ainsi que les prêtres et toute l’Eglise, qui veille avec une grande sollicitude à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. Mais nous aussi nous vous demandons en échange votre souvenir.  » (Lettre 8, 2-3)

2. L’évêque de Carthage à l’Eglise de Rome

Lorsque Cyprien fut informé de la mort du pape Fabien, il écrivit aux prêtres et aux diacres de Rome cette lettre: Carthage, début 250  »

Très chers frères,

La nouvelle de la mort de mon Saint confrère dans l’épiscopat était encore incertaine chez nous, et nos informations étaient encore douteuses, lorsque je reçus votre lettre, qui m’a été envoyée par le sous-diacre Crémence et qui m’informait de façon complète quant à sa mort glorieuse. Alors je rendis grâce, car à l’intégrité de son gouvernement avait fait suite une noble fin. A cet égard, je me réjouis beaucoup avec vous, parce que vous honorez sa mémoire par un témoignage solennel et splendide, en nous faisant connaître, à nous aussi, le souvenir remarquable que vous gardez de votre évêque et en nous offrant un exemple de foi et de courage. En effet, autant est néfaste pour ses sujets la chute d’un chef, autant est au contraire utile et salutaire un évêque qui se donne à ses frères en exemple de fermeté dans la foi… Je vous souhaite, frères très chers, d’être toujours dans le bien.  » (Lettre 9, 1).

3. Cyprien, évêque de Carthage, au pape Corneille

Cyprien rend hommage au témoignage de courage et de fidélité rendu par le pape Corneille et par l’Eglise de Rome:  » un exemple lumineux d’unité et de constance pour tous les chrétiens « . Prévoyant l’imminence de l’épreuve qui toucherait aussi l’Eglise de Carthage, Cyprien demande l’aide fraternelle de la prière et de la charité.

Carthage, automne 253

 » Cyprien à Corneille, frère dans l’épiscopat. Nous avons eu connaissance, frère très cher, de ta foi, de ta force et de ton franc témoignage. Tout cela est un grand honneur pour toi et m’apporte une telle joie que je me considère participant et associé à tes mérites et à tes exploits. En effet, tout comme l’Eglise est une, un et inséparable l’amour, une et indissociable l’harmonie des cœurs, ainsi quel prêtre célébrant les louanges d’un autre prêtre ne s’en réjouirait pas comme de sa propre gloire ? Et quel frère ne se sentirait heureux de la joie de son propre frère ? Vraiment il est impossible d’imaginer l’exultation et la grande joie qu’il y a eu parmi nous lorsque nous avons appris ces belles choses et les preuves de courage que vous nous avez données. Tu as été un guide pour tes frères dans la confession de la foi, et la confession qu’a donné le guide a été fortifiée encore par celle des frères. Ainsi, en précédant les autres sur le chemin de la gloire et en te montrant prompt à confesser la foi en premier lieu et au nom de tous, tu as persuadé aussi ton peuple de confesser sa foi. C’est pourquoi il nous est impossible de définir ce que nous devons le plus louer en vous, si c’est ta foi prompte et inébranlable ou la charité inséparable des frères. A été manifesté dans toute sa splendeur le courage de l’évêque, guide de son peuple, et est apparue de façon lumineuse et grandiose la fidélité du peuple entièrement solidaire de son évêque. Par vous tous, l’Eglise de Rome a donné un magnifique témoignage, toute unie en un seul esprit et en une seule voix.

Ainsi a brillé, frère très cher, la foi que l’Apôtre avait constaté dans votre communauté et pour laquelle il vous avait loué. Alors déjà il prévoyait et célébrait quasi prophétiquement votre courage et votre force indomptable. Alors déjà il reconnaissait les mérites dont vous obtiendriez la gloire. Il exaltait les exploits des pères, en prévision de ceux de leurs fils. Par votre pleine entente et votre endurance, vous avez donné à tous les habitants de la ville un brillant exemple d’union et de constance.

Frère très cher, le Seigneur dans sa Providence nous avertit que l’heure de l’épreuve est imminente. Dieu, dans sa bonté et son souci empressé pour notre salut nous donne ses conseils suggestifs en vue de notre proche combat. Aussi au nom de la charité qui nous unit, aidons-nous, en persévérant avec tout le peuple dans le jeûne, la veille et la prière. Nous avons là les armes célestes qui nous aider à rester solides et persévérants. Nous avons là les armes spirituelles et les flèches divines qui nous protègent. Souvenons-nous les uns des autres dans la concorde et la fraternité spirituelle. Prions sans cesse et en tout lieu les uns pour les autres et cherchons à alléger nos souffrances par une charité mutuelle.  » (Lettre 60, 1-2)

4. Cyprien annonce la mort du pape Sixte II

L’Eglise de Carthage avait envoyé à Rome quelques ecclésiastiques pour obtenir des nouvelles à propos du décret de persécution de l’empereur Valérien. Ceux-ci revinrent en apportant la douloureuse nouvelle de la mort du pape Sixte II. L’évêque Saint Cyprien se préoccupa immédiatement de mettre l’Eglise d’Afrique au courant de ces événements en envoyant à l’évêque Successo la lettre suivante.

Carthage, août 258

 » Mon cher frère,

Je n’ai pas pu t’envoyer tout de suite un écrit, car aucun des clercs de cette Eglise ne pouvait se déplacer: tous se trouvent pris dans la tempête de la persécution, qui cependant, grâce à Dieu, les a trouvés intérieurement tout disposés à passer en un instant au ciel. Je te communique à présent les nouvelles qui sont en ma possession. Sont revenus les délégués que j’avais envoyés à Rome pour vérifier et rapporter la décision prise par les autorités à mon égard, quel que soit le genre de décision que cela pouvait être, et pour mettre fin ainsi à toutes les inférences et hypothèses incontrôlées qui circulaient. Et voici la vérité dûment vérifiée.

L’empereur Valérien a envoyé au Sénat un rescrit par lequel il décide que les évêques, les prêtres et les diacres seront immédiatement mis à mort. Les sénateurs, les notables et ceux qui portent le titre de cavaliers romains, seront privés de toute marque de dignité et même de leurs biens. Si ensuite, aussi par suite de la confiscation de leurs biens, ils devaient s’entêter dans leur profession de foi chrétienne, ils devront être condamnés à la peine capitale. Les matrones chrétiennes subiront la saisie de tous leurs biens et seront ensuite envoyées en exil. A tous les fonctionnaires impériaux qui ont déjà confessé la foi chrétienne ou qui devraient la confesser à présent, on confisquera également tous leurs biens. Ils seront ensuite arrêtés et enrôlés parmi les préposés aux propriétés impériales (travaux forcés).

A ce rescrit Valérien a également ajouté copie de la lettre qu’il a envoyée aux gouverneurs de province et qui concerne ma personne. J’attends cette lettre de jour en jour et j’espère la recevoir rapidement en me gardant ferme et fort dans la foi. Ma décision par rapport au martyre est claire. Je l’attends, plein de confiance à l’idée de recevoir la couronne de vie éternelle de la bonté et de la générosité de Dieu.

Je vous communique que Sixte a subi le martyre avec quatre diacres le 6 août, alors qu’il se trouvait dans la zone du Cimetière (les catacombes de Saint-Callixte). Les autorités de Rome ont reçu comme norme que tous ceux qui sont dénoncés comme chrétiens devront être exécutés et devront subir la confiscation de leurs biens au bénéfice du trésor impérial. Je te demande de porter également à la connaissance de nos autres collègues dans l’épiscopat tout ce que je t’ai rapporté, afin que leurs exhortations puissent encourager notre communauté et la préparer toujours mieux au combat spirituel. Il sera plus stimulant de considérer davantage le bien de l’immortalité plutôt que la mort elle-même, de se consacrer au Seigneur avec une foi ardente et une vigueur héroïque, et de se réjouir plutôt que de craindre à la pensée d’avoir à confesser sa propre foi. Les soldats de Dieu et du Christ savent très bien que leur immolation n’est pas tant une mort qu’une couronne de gloire. A toi, frère très cher, mes salutations dans le Seigneur.  » (Lettre 80)

5. Le martyre de Saint Cyprien

Il aurait été très utile et édifiant de connaître les procès-verbaux du procès des martyrs Pontien, Fabien, Corneille, Sixte II, Eusèbe, Cécile… Malheureusement, durant la terrible persécution de Dioclétien, les archives de l’Eglise de Rome furent détruites. Nous ont cependant été transmis les procès-verbaux du procès de Saint Cyprien. Ces  » Actes  » ont été lus dans les communautés chrétiennes pour glorifier le martyr et pour qu’on y puise force au moment de l’épreuve. On peut retenir que les procès-verbaux du procès des martyrs cités ci-dessus ont été écrits plus ou moins de la même manière.

Carthage, 14 septembre 258

Le matin du 14 septembre, une grande foule s’était rassemblée a Sesti, selon ce qu’avait ordonné le proconsul Galero Massimo. Ce même proconsul ordonna également qu’on lui amène Cyprien pour l’audience qu’il tenait ce même jour dans l’atrium Sauciolo. Quand Cyprien fut devant lui, le proconsul Galerio Massimo dit à l’évêque:
- Es-tu Tascius Cyprien?
L’
évêque lui répondit:
- Oui, je le suis.
Le proconsul Vario Massimo lui dit:
- Est-ce toi qui t’es pr
ésenté comme le chef d’une secte sacrilè
ge?
L’
évêque Cyprien ré
pondit:
- C’est bien moi.
Galerio Massimo dit:
- Les Saints empereurs t’ordonnent de sacrifier.
L’
évêque ré
pondit:
- Je ne le ferai pas.
Le proconsul Galerio Massimo dit:
- R
éflé
chis bien.
L’
évê
que Cyprien dit:
- Fais ce qui t’a
été ordonné. Dans une matière aussi juste, il n’y a pas à réflé
chir. Galerio Massimo, apr
ès s’être entretenu avec le collège des magistrats, prononça avec peine et à contrecœur cette sentence: ‘Tu as vécu longuement de manière sacrilège et tu as attiré beaucoup de personnes dans ta secte criminelle, tu t’es constitué en ennemi des dieux romains et de leurs rites sacrés. Les Saints empereurs Valérien et Gallien n’ont pas réussi à te ramener à l’observance de leurs cérémonies religieuses. C’est pourquoi, parce qu’il résulte que tu es l’auteur et l’instigateur des pires délits, tu seras toi-même un exemple pour ceux que tu as associé à tes actes criminels. Par ton sang sera sanctionné le respect des lois.’ Après ces mots, il lut à haute voix le décret mis sur tablette: ‘J’ordonne que Tascius Cyprien soit puni par la décapitation.’

Après cette sentence, la foule des frères (les chrétiens) disait: ‘Nous aussi nous voulons être décapités avec lui.’ Une grande agitation surgit donc parmi les frères et une grande foule le suivit. Cyprien fut ainsi conduit dans la campagne de Sesti, et là il se dépouilla de son manteau, s’agenouilla par terre et se prosterna pour prier le Seigneur. Il enleva ensuite sa dalmatique et la remit aux diacres, conservant son seul vêtement de lin, dans l’attente du bourreau. Lorsque celui-ci arriva, l’évêque donna ordre aux siens de lui remettre vingt-cinq pièces de monnaies d’or. Entretemps les frères étendaient devant lui des pièces d’étoffe et des mouchoirs (pour recueillir le sang en relique). Alors, de ses propres mains, Cyprien, majestueux, se banda les yeux, mais, comme il ne réussissait pas à nouer les coins du mouchoir, le prêtre Julien et le sous-diacre Julien vinrent l’aider. C’est ainsi que l’évêque Cyprien subit le martyre. Son corps, à cause de la curiosité des païens, fut déposé dans un lieu proche où il pouvait être enlevé au regard indiscret des païens. De là, plus tard, durant la nuit, il fut emporté et accompagné, avec des flambeaux et des torches allumées, jusqu’au cimetière du procurateur Macrobio Candidiano, sur le chemin des Cabanes près de la piscine. Quelques jours plus tard mourut le proconsul Galerio Massimo. Le Saint évêque Cyprien subit le martyre le 14 septembre sous les empereurs Valérien et Gallien, mais sous le règne de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire dans les siècles des siècles. Amen!  » (extrait des Actes Proconsulaires, 3-6)

L’Empire céleste veut plus d’ »harmonie », même avec l’Eglise

3 mars, 2007

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=124421&fr=y

LEmpire céleste veut plus d« harmonie », même avec l’Eglise


C
est la nouvelle ligne de conduite du gouvernement chinois, en réaction à l’échec du projet de création dune Eglise « patriotique » indépendante de Rome. Une lettre de Benoît XVI consacrera bientôt le retour à l’unité des tous les catholiques de Chine et proposera un accord à Pékin

par Sandro MagisterROME, 2 mars 2007 La lettre que Benoît XVI prépare actuellement pour les catholiques de Chine sera prête avant Pâques. Lannonce en a été faite le 20 janvier dernier, au terme dune réunion au Vatican consacrée précisément à la situation de lEglise en Chine, avec la participation, entre autres, des évê

ques de Hong Kong, Macao et Taiwan.

Cette lettre abordera en particulier la question cruciale de lunité de lEglise., En effet, depuis plusieurs décennies cohabitent en Chine une Eglise officielle, étroitement contrôlée par lAssociation Patriotique, créée délibérément dans les années Cinquante par les autorités chinoises en opposition à Rome, et une Eglise non reconnue officiellement et fidèle au pape.Une séparation analogue entre officiels et clandestins touche aussi les communautés chrétiennes protestantes, qui ont en Chine un nombre de fidèles et un taux de conversions encore plus considé

rables.

Cependant, dans les deux cas, il ny a pas dopposition nette entre les officiels et les clandestins. Et lobjectif premier de lEglise de Rome est de colmater les brèches. Depuis longtemps, au sein des communautés catholiques officiellement reconnues par le gouvernement une évolution est en cours, qui les conduit à rechercher toujours davantage la communion avec le pape et à lobtenir. Inversement, les groupes de catholiques clandestins qui refusent de reconnaître les officiels, accusés de trahir la foi, sont de moins en moins nombreux.La plus grande difficulté pour les catholiques officiels consiste à obéir simultanément à lEglise universelle et à la politique séparatiste et anti-pontificale des autorités communistes. Mais cette politique est également en voie d’é

volution.

Des nouvelles très intéressantes ont circulé ces derniers jours à Rome, concernant la situation actuelle de lEglise en Chine et les nouveautés politiques en cours, mais aussi sur les changements qui ont eu lieu au cours des vingt dernières années dans lEglise chinoise et dans la politique du Vatican envers la Chine.En ce qui concerne la situation présente, les informations viennent principalement du père Bernard Cervellera, de lInstitut Pontifical des Missions Etrangères, directeur de l

agence de presse en ligne « Asia News ».

En ce qui concerne le passé, des révélations intéressantes sont fournies par un article de Gianni Valente, paru dans le dernier numéro de la revue internationale « 30 Jours », dirigée par Giulio Andreotti.

* * *

En commençent par le passé, « 30 Jours » cite une lettre du 12 décembre 1981, écrite par celui qui était alors le préfet de la congrégation vaticane pour la propagation de la foi, le cardinal Agnelo Rossi, au chargé daffaires à la nonciature de Taiwan, Paolo Giglio. Elle autorisait les évêques chinois « légitimes et fidèles au Saint Siège », à ordonner clandestinement dautres évêques, sans en informer Rome au préalable si nécessaire.

Daprès « 30 Jours », cette autorisation marque le début du développement rapide, sur tout le territoire chinois, dune Eglise clandestine forte de lapprobation canonique et sopposant avec fierté à lEglise officielle. Certains dirigeants de lEglise clandestine interdisent à leurs fidèles de recevoir les sacrements ou de participer aux messes célébrées par des prêtres inscrits à lAssociation Patriotique.En 1985, la congrégation pour la doctrine de la foi établit que les ordinations des évêques nommés par le régime sont illégitimes mais valides. Mais deux années plus tard, en 1987, Jean-Paul II invite à nouveau les catholiques chinois fidèles au Saint-Siège à ne pas participer aux messes des prêtres officiels et à ne pas recevoir deux les sacrements, qui ont une validité seulement « présumée ». Le partisan le plus tenace de cette ligne de conduite au Vatican est le cardinal Jozef Tomko, le nouveau pré

fet « de Propaganda Fide ».

Mais les évêques de lEglise officielle ne se soumettent pas tous passivement au régime. En nombre croissant, ils recherchent et obtiennent lapprobation de Rome, sans rompre pour autant avec lAssociation Patriotique.Le 26 septembre 1993, se tient au Vatican un sommet semblable à celui qui aura lieu les 19 et 20 janvier 2007. « 30 Jours » en donne de larges extraits. Décision est prise de mettre un frein à lordination de nouveaux évêques clandestins, qui sarrêtera définitivement quelques années plus tard. En ce qui concerne les évêques désignés selon les procédures de lAssociation Patriotique, ils sont invités à demander et à obtenir lautorisation du Vatican avant leur ordination, ou au moins à régulariser leur position après coup, toujours en rendant « public laccord intervenu avec le Saint -Siè

ge ».

Au Vatican, le cardinal Tomko continue à se montrer le plus rigide. En revanche, depuis Hong Kong, celui qui était alors le directeur du centre des études du Saint-Siège, Fernando Filoni, aujourdhui nonce aux Philippines, plaide pour que linterdiction de participer aux messes célébrées par les prêtres de lAssociation patriotique soit supprimée. Mgr Filoni sexprime ainsi dans une lettre adressée en mars 1994 au cardinal Tomko:« La foi en Chine est celle de lEglise universelle, même si actuellement elle se manifeste à des degrés différents dexpression, et il ny a pas de doutes sur la validité des sacrements. Dans leffort pour reconstruire step by step les relations entre lEglise chinoise et lEglise universelle, nous devons accomplir des gestes daccueil plutôt que de sé

paration ».

Cest ce qui va en effet se passer, au cours des années suivantes. LAssociation Patriotique persiste à ordonner des évêques illégitimes. Mais les ordinations résultant dun accord de fait avec le Saint-Siège augmentent en nombre. A tel point que le Vatican a pu déclarer le 20 janvier dernier, que « aujourdhui la quasi-totalité des évêques et des prêtres chinois est en communion avec le souverain pontife ».

Venons-en maintenant à lactualité. Le chemin est encore semé dembûches. Cest le père Cervellera qui décrit ce qui se passe aujourdhui et ce qui risque de se produire demain.

* * *

« Le fait inédit est que le gouvernement chinois semble lui aussi prendre toujours plus ses distances par rapport à l’action de l’Association Patriotique »: c’est ainsi que commence une analyse du père Cervellera publiée par l’agence de presse « Asia News » et sur le quotidien « Avvenire ».

Le 13 février dernier, Jia Qinglin, membre du bureau politique du parti communiste et président de la conférence politique consultative du peuple chinois a rencontré les dirigeants des Associations Patriotiques des religions officiellement reconnues: catholique, protestante, musulmane, bouddhiste, taoïste. A tous, il a affirmé que « les religions peuvent jouer un rôle positif » dans la construction d »une société harmonieuse », le slogan lancé par le président Hu Jintao. « L’harmonie sociale a-t-il ajouté doit être défendue chez les fidèles et leurs demandes et exigences doivent être entendues ».Peu de jours auparavant, une enquête officielle avait démontré que la Chine compte au bas mot 300 millions de croyants. Le pè

re Cervellera fait la remarque suivante:

« Cela signifie quau moins 200 millions de chinois ne se trouvent pas à lintérieur des structures officielle contrôlées par les Associations Patriotiques. La raison en est claire: personne naccepte de subir le contrôle des AP en matière de foi. Cest pourquoi le gouvernement, soucieux de préserver lordre social, perçoit la nécessité de traiter directement avec les communautés, mêmes clandestines, quelles soient catholiques ou protestantes. Il ne faut pas non plus oublier que, selon un document interne du parti communiste, un tiers de ses membres adhèrent à une religion. Puisque le parti leur interdit de participer aux cultes officiels, ils viennent augmenter les effectifs précisément vers les communautés clandestines ».De plus, les Associations Patriotiques sont détestées même par les fidèles qui y adhèrent. La quasi-totalité de biens des diocèses catholiques sont confisqués par les dirigeants de l’AP, qui encaissent les revenus des terrains et des maisons quils vendent et louent, au lieu de les reverser aux diocèses. En novembre 2005, à Xian, 16 religieuses ont été frappées parce quelles défendaient une école diocésaine, que les autorités locales avaient vendue après se l’être appropriée. Toute la communauté catholique sest révoltée. Un mois plus tard, dans le Shanxi, il en a été de même pour la vente de bâtiments des diocè

ses de Taiyuan et de Yuci.

Dans ce contexte, les dirigeants du gouvernement chinois voudraient réduire le pouvoir de lAssociation Patriotique. Daprès des sources de « Asia News », le ministère des affaires étrangères serait même favorable à l’établissement des pleins rapports diplomatiques avec le Vatican. Après la mort du Jean-Paul II, la diplomatie de Pékin adresse des messages de détente au Saint-Siège: les condoléances pour la mort de Jean-Paul II, une proposition aux religieuses de Mère Teresa douvrir une maison en Chine Autant de signaux auxquels soppose lAssociation Patriotique, en empêchant larrivée des religieuses, en faisant arrêter les prêtres clandestins, en orchestrant des campagnes de presse et surtout en organisant des ordinations épiscopales illégitimes.Le leader le plus acharné de lAssociation Patriotique qui contrôle lEglise catholique officielle est Antonio Liu Bainian, que lon surnomme le « pape laïc chinois ». En novembre dernier, il na pas hésité, pour effectuer ses dernières ordinations illégitimes, à utiliser la violence, les manœuvres, les enlèvements et le mensonge à l’égard des candidats eux mêmes. Naturellement le père Cervellera remarques « cibles préférées sont les Eglises clandestines, qui nobéissent pas à ses ordres, et le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hong kong, champion de la liberté de l

Eglise en Chine ».

__________

Quelques chiffres concernant la Chine

Catholiques 12.000.000
Dioc
è
ses 138
Bapt
ê
mes d’adultes en 2004 150.000

EGLISE OFFICIELLE

Evêques 67
Pr
ê
tres 1.740
S
é
minaires 14
S
é
minaristes 580
Religieuses 3.500
Noviciats 40
Novices 800

EGLISE CLANDESTINE

Evêques 44
Pr
ê
tres 1.100
S
é
minaires 10
S
é
minaristes 800
Religieuses 1.700
Noviciats 20
Novices 800

Evêques emprisonnés ou portés disparus 17
Pr
êtres emprisonné
s 20

Sources: Holy Spirit Study Center de Hong Kong, Asia News.

LE MARTYRE DE SAINT ÉPIPODE ET DE SAINT ALEXANDRE

1 mars, 2007

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/martyrs/martyrs0001.htm#_Toc90633663

LE MARTYRE DE SAINT ÉPIPODE ET DE SAINT ALEXANDRE 

Lucius Verus et Marc-Aurèle régnaient depuis dix-sept ans, lorsque la fureur des gentils se répandit dans toutes les provinces, particulièrement dans la ville de Lyon, et les traces qu’elle y laissa furent d’autant plus sanglantes et plus nombreuses, que cette Cité comptait un plus grand nombre de fidèles. Les noms de quelques-uns des martyrs ont été conservés avec les circonstances de leur mort ; mais il y en a beaucoup plus qui, pour avoir fini leurs jours dans l’obscurité, ne sont écrits que dans le Livre de la vie bienheureuse. Car après cet horrible carnage des chrétiens dont le sang remplit la ville de Lyon, et fit changer de couleur les eaux du Rhône, les païens crurent avoir entièrement éteint le nom et la religion de Jésus-Christ. Ce fut alors qu’Épipode et Alexandre, qui en faisaient profession secrètement, furent dénoncés au gouverneur. Ce magistrat donna des ordres très précis pour les faire arrêter, s’imaginant pouvoir enfin achever d’abolir en leur personne une religion qui lui était si odieuse. 

Mais avant d’en venir aux particularités de la mort de ces saints, il faut dire un mot de leur vie. Alexandre était Grec, mais Épipode était natif de Lyon; tous deux unis par les mêmes études, mais plus unis encore dans la suite par les liens d’une véritable charité. 

216 

Ils étaient dans la fleur de leur jeunesse et n’étaient pas mariés. Dès qu’ils virent la persécution, ils songèrent à suivre le conseil de l’Évangile; mais ne pouvant pas fuir d’une ville à une autre, ils se contentèrent de chercher une retraite où ils pussent demeurer cachés et servir Dieu en secret. Ils la trouvèrent dans un faubourg de Lyon, près de Pierre-Encise, et ce fut la maisonnette d’une veuve chrétienne qui les cacha. Ils y furent quelque temps inconnus , par la fidélité que leur garda leur sainte hôtesse, et par le peu d’apparence qu’avait leur asile, mais enfin ils furent découverts. Ils furent arrêtés au passage étroit d’une petite chambre, au moment où ils s’échappaient; ils étaient si éperdus lorsqu’ils virent les gardes, qu’Epipode oublia un de ses souliers que sa charitable hôtesse retrouva, et qu’elle conserva comme un riche trésor. 

Ils furent mis en prison préventive, le nom seul de chrétien portant avec soi la conviction manifeste des plus grands crimes. Trois jours après, ils furent conduits, ayant les mains attachées derrière le dos, au pied du tribunal du gouverneur, qui leur demanda leur nom et leur profession. Une multitude innombrable de peuple remplissait l’audience, et l’on voyait sur le visage de chacun l’expression d’une haine farouche. Les accusés dirent leur nom, et se confessèrent chrétiens. A cet aveu, le juge et l’assemblée se récrient, s’emportent, frémissent. « Quoi! deux téméraires oseront braver les immortels 1 les saintes ordonnances de nos princes seront foulées aux pieds ! Mais de crainte qu’ils ne s’encouragent l’un l’autre, et qu’ils ne s’animent à souffrir par paroles ou par signes, qu’on les sépare; qu’on fasse retirer Alexandre, qui paraît le plus vigoureux, et qu’on torture Epipode. » 

Suivant les traces de l’ancien serpent, le gouverneur commença par employer la persuasion. « Tu es jeune, et il est fâcheux que tu périsses pour la défense d’une mauvaise cause. Nous avons une religion et des dieux à qui nous et nos augustes princes sommes les premiers à rendre hommage. » 

Épipode répondit : « La grâce de Jésus-Christ mon maître, et la foi catholique que je professe, ne me laisseront jamais prendre à la douceur empoisonnée de tes paroles. Tu feins d’être sensible aux maux que je me prépare; mais sache-le bien, je ne regarde cette fausse compassion que comme une 

217 

véritable cruauté. La vie que tu me proposes est pour moi une éternelle mort ; et la mort dont tu me menaces n’est qu’un passage à une vie qui ne finira jamais. » 

Le gouverneur commanda qu’on frappât à coups de poing la bouche d’Épipode. La douleur du saint martyr ne fit qu’affermir sa constance; et malgré le sang qui sortait de sa bouche avec ses dents, il ne laissa pas de proférer ces paroles : « Je confesse que Jésus-Christ est un seul Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, et il est juste que je lui rende mon âme, à lui, Mon Créateur et mon Rédempteur. Ainsi la vie ne m’est point ôtée, elle n’est que changée en une plus heureuse ; et il m’importe peu de quelle manière mon corps cesse de vivre, pourvu que l’esprit qui l’anime retourne à Celui qui lui a donné l’être. » A peine le bienheureux Épipode eut-il fini ces derniers mots, que le juge le fit élever sur le chevalet, et placer des bourreaux à droite et à gauche, qui lui déchirèrent les côtes avec des ongles de fer. Mais tout à coup on entend un bruit formidable : tout le peuple demande le martyr; il veut qu’on le lui abandonne. Les uns ramassent des pierres pour l’en accabler; les autres, plus furieux, s’offrent à le mettre en pièces, tous enfin trouvent la cruauté du gouverneur trop lente à leur gré; il n’est plus lui-même en sûreté. Surpris de cette violence inopinée, et craignant qu’on ne viole le respect dû à son caractère, il supprime l’objet de l’émeute; il fait enlever le martyr et le fait tuer d’un coup d’épée. 

Le gouverneur était impatient de tremper dans le sang d’Alexandre ses mains encore fumantes de celui d’Épipode. Il l’avait laissé un jour en prison, et remettant son interrogatoire au jour suivant, il se le fit amener. 

« Tu es encore, lui dit-il, maître de ta destinée, profite du délai qu’on te donne, et de l’exemple de ceux qu’un fol entêtement a fait périr. Nous axons fait une si bonne guerre aux sectateurs du Christ, que tu es presque le seul qui soit resté de ces misérables ; car ton compagnon d’impiété ne vit plus. Ainsi réfléchis et sacrifie. » 

« — C’est à mon Dieu que je dois toute ma reconnaissance, que son nom adorable soit béni à jamais. » 

Ces paroles irritèrent le gouverneur, qui fit étendre le saint martyr les jambes écartées, et trois bourreaux le frappaient 

218 

sans relâche. Mais ce tourment ne l’ébranla pas, il ne s’adressa jamais qu’à Dieu pour implorer le secours. Comme son courage ne se démentait pas, et qu’il commençait à lasser les bourreaux qui s’étaient déjà relayés plusieurs fois, le gouverneur lui demanda s’il persistait dans sa première confession : 

« — Oui, car tes dieux ne sont que de mauvais démons ; Dieu tout-puissant, éternel et invisible me gardera dans ma foi. » Le gouverneur dit alors : « La fureur des chrétiens est montée à un tel point, qu’ils mettent toute leur gloire dans la durée de leurs souffrances ; et ils croient par là avoir remporté une victoire signalée .sur ceux qu’ils nomment leurs persécuteurs. » Puis il prononça cette sentence : « Cet entétement étant d’un fâcheux exemple, Alexandre sera mis en croix jus-qu’à ce que mort s’ensuive. » Les bourreaux prirent aussitôt le saint, et le lièrent à ce bois qui est devenu le signe de notre salut. Il n’y demeura pas longtemps sans expirer ; car son corps avait été si fort déchiré dans cette cruelle flagellation, que les côtes décharnées laissaient voir à découvert les entrailles. Ayant donc son âme unie au Christ, il la lui rendit en invoquant son saint nom. 

Écoles catholiques en Jordanie

26 février, 2007

du site:

http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=12460

Écoles catholiques en Jordanie
De petits miracles sur les bancs de l’école

Voyage dans les écoles catholiques du Royaume hachémite. Histoire et actualité d’une forme de présence chrétienne qui a toujours joui, même auprès de la majorité musulmane, du consensus social

par Gianni Valente

Écoles catholiques en Jordanie dans Approfondissement shim
1171632080075 dans Pape Benoit
shim

      À huit heures du matin, comme tous les jours de la semaine, les élèves du “Terre Sainte” College, après avoir longtemps flâné en attendant la sonnerie, se rangent par classe, en files silencieuses, dans la cour de l’école, sous le regard sévère du directeur, Abouna Rachid. Pendant que le petit Khalid hisse les couleurs sous la forme d’un mini-drapeau de la Jordanie, tous les autres, chrétiens et musulmans, invoquent ensemble l’unique Dieu, Père de tous («Seigneur, bénis-nous ainsi que notre pays et notre école. Éclaire nos esprits et donne-nous la paix»). Puis la musique démarre et, en braves citoyens – qui avec ardeur, qui plus mollement –, ils entonnent ensemble l’hymne national («Vive le roi, vive le roi! Haute est sa réputation, sublime est son rang. Haut son drapeau!»). Puis ils s’égaillent gaiement et bruyamment dans les couloirs et les classes où, à côté des crucifix et des portraits du roi Abdullah II, ont aussi fait leur apparition ces dernières semaines les crèches, les saints Nicolas et autres décorations du temps de Noël. Aucune maman portant le voile, aucun papa fréquentant la mosquée voisine n’ont rien trouvé à redire à cela.
     
Sur ce qui est aujourd’hui une entrée latérale apparaît l’inscription “1948”, année de fondation de l’école. À cette date, le Royaume hachémite de Jordanie faisait ses premiers pas – encore incertains – dans le domaine miné du Moyen-Orient et les Pères de la Custodie de Terre Sainte, sur la colline de Habdale, venaient à peine de construire leur école, aujourd’hui encore l’une des plus prestigieuses du pays et du Moyen-Orient. Leur fondateur saint François, avait dès sa première règle, en 1221, parlé de façon claire: que les frères qui vont parmi les musulmans «n’entrent pas dans des litiges ou des disputes», mais qu’ils soient au service de tous. Consigne respectée. À leur manière, les photos d’époque accrochées au mur – avec le tout jeune roi Hussein entouré des frères, puis avec le prince Hassan et d’autres membres de la maison royale en visite aux cérémonies officielles de la communauté scolaire – expriment la gratitude ininterrompue du jeune pays musulman dirigé par des rois qui se déclarent descendants de Mahomet, pour l’œuvre accomplie par le collège franciscain et toutes les autres écoles chrétiennes au profit de la jeunesse arabe d’Outre-Jourdain. «Nous sommes fiers de nos écoles chrétiennes en raison de la contribution irremplaçable qu’elles apportent au bien de notre société. Il n’y a jamais de problèmes avec elles. Elles sont toujours respectueuses des règles ministérielles concernant le nombre d’élèves par classe, les programmes scolaires, les livres de texte», confie, satisfait et reconnaissant Abd al-Majid al-Abbady, haut fonctionnaire du Département pour les écoles privées du Ministère de l’Éducation.
     
Si, dans de nombreuses sociétés du Moyen-Orient, la présence active des chrétiens risque d’apparaître comme un corps étranger en lente mais inexorable extinction, la vitalité et l’enracinement social des écoles chrétiennes en Jordanie deviennent
ipso facto un “cas” intéressant.
     

      Quelque chose de bon pour tous

      À Karak, 130 kilomètres au sud d’Amman, on voit se dresser de loin la silhouette du château des croisés dans un paysage désertique, privé de toute ressource sur et sous terre. De la forteresse où se déchaînait le prince sanguinaire Renaud de Châtillon, symbole funeste de la chrétienté en armes, ne reste qu’un tas de ruines. En revanche, la petite école du Patriarcat latin est pleine de vie et de voix d’enfants. Elle est restée exactement à l’endroit où l’a fondée, en 1876, don Alessandro Macagno, le mythique Abouna Skandar qui prêchait l’Évangile aux tribus de Bédouins chrétiens perdus au-delà du Jourdain, vivant comme eux sous la tente et transportant avec lui un autel portatif pour célébrer l’eucharistie. À cette époque, le gouverneur ottoman ne voulait pas lui donner l’autorisation de célébrer. Ce sont les habitants du lieu, chrétiens et musulmans ensemble, qui ont réussi à venir à bout des résistances du gouverneur. Les Bédouins musulmans, qui ne connaissaient que la brutale soif de prébendes et de pots-de-vin des fonctionnaires locaux de l’appareil civil ottoman, avaient compris eux aussi qu’ils ne pouvaient attendre que du bien de cet homme humble et pieux qui leur apprenait à lire et à écrire.

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De la forteresse où se déchaînait le prince sanguinaire Renaud de Châtillon, symbole funeste de la chrétienté en armes, ne reste qu’un tas de ruines. En revanche, la petite école du Patriarcat latin est pleine de vie et de voix d’enfants. Elle est restée exactement à l’endroit où l’a fondée, en 1876, don Alessandro Macagno, le mythique Abouna Skandar qui prêchait l’Évangile aux tribus de Bédouins, transportant avec lui un autel portatif pour célébrer l’eucharistie

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      Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les écoles fondées au-delà du Jourdain par les prêtres du Patriarcat latin de Jérusalem qui venait d’être érigé, furent les premières écoles ouvertes dans un monde clos et marginal, régi par les mesquines lois sociales du tribalisme. Enseigner aux ignorants est une œuvre de miséricorde spirituelle. Et l’enseignement offert à tous – chrétiens et musulmans, pauvres et riches, tribus du nord et tribus du sud – fut le passe-partout qui permit au témoignage apostolique de s’enraciner en terre aride, dans les zones rurales ou désertiques qui n’avaient jamais vu aucune initiative pastorale catholique. Aujourd’hui encore, à Karak comme à Salt, à Hoson comme à Ajlun, à Ader comme à Anjara, les bâtiments des écoles paroissiales forment un tout avec l’église et toute l’activité d’éducation se déroule sous la responsabilité dernière du curé de la paroisse locale.

      Du fait de leur très ancienne implantation dans le pays, les écoles catholiques de la Jordanie ont acquis depuis longtemps un plein droit de cité dans le pays. Quand fut créé le Royaume hachémite de Jordanie, le réseau scolaire du Patriarcat latin – auquel vinrent rapidement se joindre les grands collèges ouverts à Amman par des congrégations religieuses catholiques – représentait le seul système éducatif “autochtone” existant.

      Aujourd’hui, dans la Jordanie où sont en cours d’indéchiffrables processus socio-économiques nés, en partie, des conflits voisins, l’éducation est elle aussi devenue un business. La concurrence est de plus en plus asphyxiante. Dans les banlieues chic de la capitale poussent à la vitesse grand V de nouvelles écoles commerciales privées, dotées de noms ronflants et agressifs: Modern American School, Cambridge School, Islamic College, al-Shweifat School… Pour les professeurs et le staff des écoles catholiques, la qualité de l’enseignement qu’ils diffusent – but sans prétention de leur témoignage chrétien – devient la garantie de leur survie économique.
     
Dans le village chrétien de Fuheis, dans l’entrée de l’école qui a été construite à côté de la paroisse dédiée au Cœur immaculé de Marie, un portrait de la Vierge accueille ceux qui entrent. Marie semble regarder, à côté d’elle, avec une maternelle curiosité, un tableau portant la liste, classe par classe, des élèves qui ont obtenu les meilleures notes aux contrôles de fin d’année. La surveillance permanente que, dans les écoles jordaniennes, les pouvoirs publics exercent sur le rendement scolaire de chaque élève peut apparaître, de l’extérieur, comme un syndrome d’efficience calqué sur des modèles importés de l’étranger. Une course frénétique aux bons résultats qui peut provoquer chez les étudiants un féroce esprit de compétition et des frustrations décourageantes. Mais ce n’est qu’en participant à ce jeu que les écoles chrétiennes peuvent prouver, aujourd’hui encore, le haut niveau de leur enseignement. Un ingrédient essentiel pour continuer à attirer les familles musulmanes. À la fin de chaque année, le Ministère de l’Éducation dresse la liste des dix meilleurs élèves dans les différentes disciplines et, chaque année, figurent à ce tableau d’honneur des élèves des écoles chrétiennes, ce qui, naturellement, donne lustre et réputation à l’école à laquelle ils appartiennent. À Fuheis, le nom de ces petits génies nationaux est même gravé, tous les ans, sur une plaque de marbre exposée, sans fausse modestie, comme une relique, à l’extérieur, près de la porte d’entrée de l’école.
     
      Adeste
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      Abouna Bachir passe en courant, soutane ondulante, dans les couloirs pleins de soleil de l’école paroissiale d’Ader. Il plaisante avec les enfants, montre les photos des excursions et le local où est installée l’école de couture, entrouvre la porte d’une classe où une maîtresse portant le voile a rassemblé des enfants musulmans pour la leçon de Coran. «Ils suivent leur cours de catéchisme…», dit en souriant le jeune curé. «Nous savons ici, depuis des siècles, que, pour ne pas nous disputer avec les musulmans, il vaut mieux ne pas parler de doctrine et de religion. Les parents musulmans tiennent à envoyer leurs enfants dans nos écoles. Ils savent qu’ils trouvent là un milieu différent où leurs enfants grandissent comme il faut et où personne ne veut rien imposer à personne». Une vieille habitude que tout le monde ne comprend pas: «Il y a longtemps», ajoute le curé, «un missionnaire protestant américain voulait savoir combien de musulmans j’avais baptisés durant l’année. Je lui ai dit que mon problème n’était pas de convertir les musulmans. Il m’a alors demandé quels étaient mes problèmes. Je lui ai répondu que j’espérais aider les chrétiens à être contents d’être chrétiens. Point, c’est tout».

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La paroisse du Christ-Roi à Misdar, dans le centre d’Amman
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      Les statistiques les plus récentes révèlent que, durant l’année scolaire 2005-2006, presque la moitié des vingt-trois mille élèves des écoles catholiques en Jordanie appartenaient à des familles musulmanes. Plus d’un quart du personnel – presque mille neuf cents personnes entre les enseignants et les autres employés – des écoles chrétiennes était lui aussi disciple du Prophète. La règle tacite qui demande d’éviter toute controverse religieuse est pour les écoles une donnée désormais inscrite dans leur ADN, l’héritage de siècles de coexistence, difficile, peut-être, mais ininterrompue, entre les tribus musulmanes et les tribus chrétiennes d’Outre-Jourdain. Mais on ne cherche pas, pour éviter tout conflit confessionnel, à créer des milieux religieusement “stérilisés”. On s’en remet plutôt à des habitudes pratiques, fruit de décennies d’expérience, dictées par le bon sens chrétien: mise au ban de tout prosélytisme, direct ou détourné, enseignement religieux séparé pour les chrétiens et les musulmans, prières communes dans lesquelles tous les élèves peuvent invoquer la miséricorde d’Allah, Seigneur de tous les hommes. Un dispositif de discrétion et de délicatesse étudié pour favoriser la coexistence quotidienne, pour désamorcer tous les soupçons qui peuvent naître dans la vie ordinaire, dans l’espoir de diffuser des antidotes à l’intolérance dans les salles de classe mais aussi à l’extérieur. «Nous avons pour devise: amis à l’école, amis dans la société», dit avec hardiesse Abouna Rifat Bader, qui a créé sur Internet un site, très fréquenté, d’informations en arabe sur la vie de l’Église (www.abouna.org) et qui est responsable de l’école de Wassieh, la plus jeune des écoles du Patriarcat latin. «Si un élève a fait ses études chez nous et qu’il a été content, il est peu probable qu’il aille dire du mal des chrétiens autour de lui». Un pari que viennent confirmer les nombreux petits miracles qu’il voit se produire quotidiennement dans les salles de classe, dans la cour et dans les couloirs de sa belle école, laquelle est sortie de terre dans le désert, il y a six ans, durant l’année du Jubilé. Pendant qu’il parle, le chœur de l’école répète le spectacle de Noël, révisant les scènes, les comptines et les chants de Noël en arabe, en anglais, en italien. Les enfants font aussi allusion à l’histoire d’un enfant né, il y a deux mille ans, par une nuit froide, dans une mangeoire, non loin d’ici. Les petits choristes sont une trentaine. Presque la moitié d’entre eux sont musulmans.
     

      L’hymne de frère Émile

      Dans l’entrée du prestigieux “De La Salle” College des Frères des Écoles chrétiennes, le portrait de Benoît XVI trône entouré de ceux du roi Hussein et du roi Abdullah. Frère Émile, le créatif directeur du collège, a même mis en musique un hymne à l’honneur du monarque hachémite. Le religieux d’origine libanaise exalte les effets stimulants que, selon lui, la coexistence entre chrétiens et musulmans produit, entre autres du point de vue éducatif («frottez votre cerveau à celui d’un autre et la flamme jaillira». Et il explique aussi sans réticence sa profonde déférence pour les autorités civiles: «Nous menons une vie tranquille parce que le roi, la famille royale et aussi le gouvernement sont avec nous. L’ancien premier ministre et beaucoup de ministres ont été nos élèves. L’actuel premier ministre a mis ses enfants dans notre école. Tant qu’il y a le roi, nous n’avons pas peur». Sœur Émilie énumère elle aussi les noms des princesses Alia, Aisha et Zayn, filles du roi Hussein, qui ont grandi sur les bancs de l’école des sœurs du Rosaire qu’elle dirige aujourd’hui. Elle vit, sans regrets ni protestations, sa vocation chrétienne qu’elle a mise au service des jeunes musulmanes de Jordanie. Elle étale avec satisfaction les articles et les photos qui racontent ou montrent la présence des membres de la famille royale et des plus hautes autorités du pays aux
graduation days de l’école. Et elle hoche la tête en pensant à ces occidentaux bornés qui ne voient pas les facteurs en jeu dans le délicat rapport entre majorité islamique et minorités chrétiennes arabes au Moyen-Orient. «Les problèmes», dit-elle, «nous sont venus de l’extérieur. Et, de toute façon, la maison royale sait comment les affronter au mieux».

      La bienveillance fortuite et providentielle des hachémites à l’égard de toutes les écoles chrétiennes du Royaume ne s’exprime pas seulement dans la généreuse disponibilité de la famille royale à assister aux inaugurations et aux galas de fin d’année. Lorsque, à partir du milieu des années Soixante-dix, les Frères musulmans – qui, en Jordanie, ont toujours joui d’une totale liberté d’action –, voyant dans l’éducation un instrument pour l’islamisation militante de la société, ont cherché à conquérir l’hégémonie dans ce domaine, la maison royale n’a pas hésité à jouer son rôle et à rétablir l’équilibre par des mesures concrètes. Ainsi, à la fin des années Quatre-vingt-dix, quand, dans les universités, les professeurs liés aux Frères musulmans choisirent à dessein comme date pour les examens le 25 décembre, le roi Abdullah répondit immédiatement aux protestations des chrétiens en transformant Noël et le Jour de l’An en jours fériés pour tout le pays. Dans le calendrier hebdomadaire, les activités des écoles chrétiennes sont suspendues le vendredi et le dimanche et chaque école a droit à un jour de fête pour célébrer son saint patron.
      L’autre face de cette grande prédilection royale est la soumission absolue des écoles chrétiennes aux programmes scolaires ministériels. Jadoun Salameh, professeur d’arabe dans les écoles chrétiennes depuis 28 ans, est l’image vivante de ce respect tranquille des consignes données. Il a enseigné toute sa vie et sans problèmes une matière essentielle pour toutes les sections scolaires, matière fondée en grande partie sur le Coran et sur les écrits des prophètes, les racines religieuses de la civilisation islamique, dans laquelle il est plongé en même temps que tous les chrétiens arabes. La familiarité respectueuse qu’il a acquise avec les écrits sacrés et les conceptions religieuses musulmanes («il y en avait qui avaient du mal à croire que j’étais chrétien») l’ont aidé à y voir clair dans la complexe partie d’échecs qui se joue encore autour de l’inspiration coranique des livres et des programmes scolaires.

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Laboratoire de sciences du Terre Sainte College
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      La stratégie des Frères musulmans concernant les écoles connut son apogée lorsque, entre 1989 et 1990, même si ce n’était que pour quelques mois, les militants du “réveil” islamique en Jordanie obtinrent le contrôle du Ministère de l’Éducation. L’introduction de doses massives de Coran dans les textes scolaires, l’exaltation de la “conquête islamique” dont on rebattait les oreilles des élèves ainsi que les nombreux appels au djihad contre les mécréants, éléments correspondant tous à la propagande islamiste, remontaient en fait à un temps déjà ancien. Mais ces dernières années, depuis l’accord de paix avec Israël (1994) et plus encore après le 11 septembre, la dérive islamiste des programmes scolaires semble avoir subi un coup d’arrêt. Un revirement ouvertement inspiré par la maison royale.
      En novembre 2004, un an avant les attentats dans la capitale jordanienne, le roi Abdullah avait lancé le fameux “Message d’Amman” dans le but «d’éclaircir pour le monde ce qu’est et ce que n’est pas l’islam». Une initiative par laquelle la dynastie hachémite visait à réaffirmer sa fonction d’interprète et de garant de la «juste compréhension» de la foi islamique. Celle-ci était présentée comme «un message de fraternité et d’humanité qui soutient ce qui est bon, interdit ce qui est erroné et accepte les autres en honorant chaque être humain». L’application de ces indications dans le domaine scolaire entraîna la disparition progressive, dans les livres de texte, des poésies, de la propagande historique et des citations coraniques que les fondamentalistes risquaient d’exploiter à leur fins. «Maintenant», raconte Jadoun Salameh, «on ne trouve plus dans les livres que des versets coraniques conciliants, dans lesquels on exalte la beauté de la création et de la coexistence pacifique entre les peuples. Aucune trace de guerre sainte, aucun appel à soumettre à l’islam les mécréants…».
     
     
Une aide discrète
      Si, dans les écoles chrétiennes, la coexistence effective entre chrétiens et musulmans est une pratique ancienne rôdée par des siècles de vie commune, dans la vie quotidienne du Royaume, de telles expériences risquent d’apparaître toujours plus comme des îlots de bonheur, des enclaves résiduelles d’un passé qu’il n’y a plus qu’à regretter. On sait bien – il n’est même pas besoin de le dire – que là aussi, ces dernières décennies, il y a eu des gens pour empoisonner progressivement les sources de relative tolérance qui arrosaient une coexistence plus que millénaire. Rien n’est plus comme avant. Les anciens rites d’“accoutumance” réciproque qui réglaient les rapports entre les tribus chrétiennes et musulmanes au-delà du Jourdain se sont affaiblis. Les élèves des écoles chrétiennes eux-mêmes, subissent, lorsqu’ils passent à l’Université d’État, l’assaut et les intimidations de professeurs et de collègues zélés, blindés dans leurs certitudes, qui se sentent appelés à endoctriner les “pauvres sots”, enfants de la nation jordanienne, qui croient vraiment que Jésus est le fils de Dieu. L’activisme islamiste, le militantisme religieux qui envahit la vie publique, deviennent pour beaucoup d’entre eux un harcèlement spirituel asphyxiant.

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Les écoles catholiques exercent ainsi leur mission la plus intime et la moins visible. Il s’agit pour elles de rendre faciles, sereins, sans complexe, les premiers pas dans la vie sociale de nombreux enfants et adolescents chrétiens. Sans construire de fortins de défense

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      C’est précisément pour répondre à cette évolution que les écoles catholiques exercent, et elles en ont conscience, leur mission la plus intime et la moins visible. Il s’agit pour elles de rendre faciles, sereins, sans complexe, les premiers pas dans la vie sociale de nombreux enfants et adolescents chrétiens. Sans construire de fortins de défense, dans une atmosphère ouverte, en les faisant grandir côte à côte avec les musulmans de leur âge. En leur permettant de jouir, sans même qu’ils s’en aperçoivent, des fruits de la constante gratuité que la charité chrétienne fait briller dans le domaine ordinaire des occupations les plus habituelles. Avant que n’arrivent les difficultés et les temps de l’épreuve.
      Pour le père Hanna Kildani, responsable des écoles du Patriarcat latin d’Outre-Jourdain, tout cela veut dire aussi combattre quotidiennement avec des comptes en rouge, toujours plus en rouge. Parmi les conséquences économiques de la situation chaotique du Moyen-Orient figure aussi la diminution des salaires de la classe moyenne, à laquelle appartenait une bonne partie des familles chrétiennes qui considéraient les écoles du Patriarcat comme “ses” écoles. Ils sont toujours plus nombreux à demander l’exemption partielle ou totale du paiement des frais de scolarité, déjà largement insuffisants pour couvrir les coûts de la gestion ordinaire. Le généreux soutien économique assuré par les Chevaliers du Saint Sépulcre dispersés dans le monde entier ne réussit pas à boucher les trous du budget. «Le déficit annuel des écoles patriarcales augmente de façon vertigineuse. Il a atteint pour la seule Jordanie deux millions de dollars. Mais pour notre patriarche Michel Sabbah, pourvoir à l’éducation des jeunes de toutes les confessions chrétiennes est une priorité absolue en soi mais également si l’on veut freiner l’émigration des chrétiens de cette terre. «Nous voulons éviter par tous les moyens que les familles chrétiennes abandonnent nos écoles parce qu’elles n’on pas assez d’argent», explique Nader Twal, responsable de la communication pour le Département de l’éducation du Patriarcat latin. Il y a des parents qui en profitent. D’autres font ce qu’ils peuvent et reviennent éventuellement à la vieille méthode du paiement en nature à base d’onces d’huile d’olive. Mais le père Hanna et ses collaborateurs abordent la crise sans trop dramatiser. Comme leurs ancêtres, habitués à la vie précaire des tentes bédouines, ils savent bien que les choses finissent par s’arranger. Si Allah le veut.

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