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Entrer dans l’espérance sans nous laisser fasciner par le mal

16 mars, 2007

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1789

Entrer dans l’espérance sans nous laisser fasciner par le mal

P. Jacky Marsaux, Séminaire Saint-Sulpice, Issy-les-MoulineauxEx 3, 115 – Ps 102 – 1 Co 10, 112 – Lc 13, 1-9

, p. 35-36.

Dans le récit que nous venons d’entendre, Jésus combat une croyance qui n’a pas totalement disparu aujourd’hui : les massacres et les catastrophes seraient une punition divine. De fait, l’homme n’aime pas rester sans explication devant l’inconnu et surtout devant les manifestations du mal. Pourquoi la mort par violence ou par accident ? Pourquoi la mort frappe-t-elle certains et pas d’autres ? Dans le cas présent, des Galiléens sont massacrés pendant qu’ils offraient un sacrifice. Un raisonnement simpliste consiste à dire : le massacre est une punition alors, s’ils sont punis, c’est qu’ils ont beaucoup péché. En première réponse, on pourrait dire : heureusement que Dieu ne punit pas immédiatement tous les pécheurs ! L’Évangile n’ose pas lancer une telle repartie mais il parvient à une idée voisine avec la parabole du vigneron implorant la patience de son maître. Tous les hommes sont pécheurs et ne donnent pas les fruits attendus. Mais le figuier, avec de nouveaux soins, devrait donner du fruit à l’avenir. Du même coup, cette parabole nous aidera à interpréter les deux faits divers un peu choquants. La Parole de Dieu nous d

éroute parce qu’elle vient d’ailleurs

Reconnaissons-le : l’Évangile est parfois déroutant et nous sommes tentés, comme les interlocuteurs de Jésus, de nous en sortir par quelques-unes de nos inventions pour l’expliquer à notre façon. Le mal nous révolte et nous cherchons des explications. Or nous avons à recevoir, à travers des événements étranges, précisément un message étranger. « Ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme » (1 Co 2, 9), voilà ce que Dieu nous fait connaître progressivement. Le Christ n’est pas venu pour exprimer des évidences ou même une simple sagesse du monde mais il est venu pour annoncer le Royaume de Dieu. Une réalité nouvelle déjà présente au milieu de nous mais qui dépasse tellement ce que nous pourrions imaginer. Si souvent, la Parole de Dieu nous déroute et c’est très bien ainsi. Aujourd’hui, accueillons la Parole qui nous advient par l’épisode de Moïse à l’Horeb, la montagne de Dieu. Une rencontre d

écisive qui ouvre un chemin de libération

Dans un paysage familier, Moïse aperçoit un phénomène étrange : un buisson qui brûle sans se consumer. Rappelons brièvement le contexte : les Hébreux sont en Égypte où ils subissent de mauvais traitements. Un jour, Moïse réagit par la violence et tue un Égyptien qui rouait de coups l’un de ses frères hébreux. Le fait étant connu, Moïse s’enfuit, seul, au pays de Madian. C’est alors que le Seigneur s’adresse à lui par le signe du buisson qui brûle sans se consumer. Moïse accepte de faire un détour, il accepte de changer de chemin. Il s’était conduit selon ses propres idées par un acte de violence puis par la fuite loin de son peuple. Alors le Seigneur se révèle à lui comme celui qui prend soin de son peuple parce qu’il en connaît les souffrances : « Je suis descendu pour délivrer mon peuple de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselant de lait et de miel, vers le pays de Canaan. » (première lecture.) Désormais, Moïse est envoyé vers Pharaon, vers celui que, précisément, il cherchait à fuir. Il devient, bien malgré lui, l’envoyé de Dieu auprès de son peuple. Moïse alors n’agit plus selon ses idées mais selon la foi. La foi est vraie lorsqu’elle provoque ce changement de vie qui s’appelle

« conversion ». La foi se vérifie lorsque l’homme ajuste sa vie à la présence du Seigneur. La lettre aux Hébreux souligne par ces mots la grandeur de Moïse : « Par la foi, il quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi : comme s’il voyait l’Invisible, il tint ferme. » (He 11, 27.) La foi est bien cette capacité à suivre le chemin indiqué par le Seigneur. Moïse connaît ses faiblesses et aussi les dangers qui peuvent le menacer, lui et tout le peuple. Mais la rencontre avec celui qui déclare « Je suis celui qui suis » produit un changement profond, un véritable retournement. Il en est de même pour nous chrétiens : en ce temps de carême, le Seigneur nous fait signe, il nous attire à lui pour que nous puissions le rencontrer en vérité et que notre vie en soit transformée. Ce changement opère une libération profonde. Il est figuré par l’épisode historique de la libération du peuple esclave en Égypte.

Une libération toujours en marche La sortie d’

Égypte reste une figure déterminante de la foi chrétienne. Saint Paul en rappelle l’actualité auprès de fidèles négligents : « Nos ancêtres ont tous été sous la protection de la colonne de nuée, et tous ils ont passé la mer Rouge. » (deuxième lecture.) La colonne de nuée est signe de la présence divine, de la présence du Seigneur qui libère son peuple et l’achemine d’étape en étape vers une terre nouvelle. Cette histoire ancienne est relue comme une annonce des sacrements de l’Église : « Tous, ils ont été pour ainsi dire baptisés en Moïse, dans la nuée et la mer. » On peut reconnaître là une figure du baptême qui est une plongée dans l’Esprit Saint et dans l’eau. Cette plongée crée des êtres nouveaux qui bénéficient d’une même nourriture spirituelle et d’une même source spirituelle. « Ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c’était déjà le Christ. » Saint Paul parle de l’eucharistie au moyen d’une figure qui peut nous sembler étrange. Tout comme, au désert, le rocher que Moïse frappa laissa jaillir une eau abondante (voir Ex 17, 6), de même, sur la croix, du côté du Christ transpercé sortit une boisson spirituelle, l’eucharistie. Ce don extraordinaire sollicite de notre part une réponse convenable, c’est-à-dire une vie qui plaise au Seigneur. Par l’eucharistie, nous avons bien davantage qu’un signe comme le buisson ardent : c’est le Seigneur lui-même qui vient vivre en nous. Il serait grave de mépriser la présence divine. C’est pourtant ce qui est arrivé au désert lorsque certains se sont révoltés contre Dieu et ont été exterminés. Saint Paul indique ce fait comme un avertissement pour nous.

Invités à nous convertir aujourd’hui Des Galil

éens massacrés et des personnes écrasées par la chute d’une tour : Jésus n’entre pas dans la discussion sur le pourquoi de ces malheurs mais il invite ses auditeurs à reconnaître dans ces événements déroutants un signe et un avertissement. Un signe de la fragilité de l’existence humaine. Les victimes ne sont pas davantage coupables de péchés que les autres. Leur mort brutale doit nous rappeler nos propres limites. Nos jours sont comptés et, pour cette raison, il ne faut pas remettre à plus tard notre conversion. Un avertissement nous est lancé : demain, il sera peut-être trop tard. « C’est aujourd’hui le moment favorable, c’est aujourd’hui le jour du salut » (2 Co 6, 2) si nous revenons au Seigneur de tout notre cœur. Lui-même fait tout son possible pour que nous portions vraiment du fruit. Il nous aime d’un amour qui insiste et se met en peine pour notre bien. L’Évangile d’aujourd’hui n’apporte pas de réponse à nos « pourquoi ? » ou à nos révoltes contre le mal. Ce n’est pas son objectif. Le mal reste une énigme. Il risque toujours de nous fasciner au point de nous plonger dans une sorte de désespoir car il est le plus souvent insensé. Moïse ne s’est pas enfermé dans le cercle des explications possibles au malheur qui frappait son peuple. Sa vie a changé lorsqu’il a détourné son regard de l’Égypte qu’il fuyait pour s’attacher fermement à l’Invisible qui se manifesta dans le buisson ardent. Il a quitté le « lieu de la méchanceté » (Origène) pour s’attacher au Dieu vivant. De même, notre vie est changée lorsque nous nous détournons du mal sous toutes ses formes pour suivre résolument la voie de notre Sauveur. En effet, le Christ n’est pas venu pour expliquer le mal mais pour nous en libérer. À quoi bon expliquer le mal si nous en sommes toujours accablés et parfois écrasés ? Le Seigneur se révèle à nous comme celui qui vient nous en libérer et nous conduire pas à pas vers le monde nouveau. La Terre promise est devant nous, toute proche. Nos pères dans la foi, Moïse notamment, nous en montrent le chemin. Voilà ce qui vient aujourd’hui donner un nouvel élan à notre carême. Il est temps d’entrer vraiment dans l’espérance que le Seigneur nous offre.

L’EXEMPLE des JUSTES

16 mars, 2007

Du site du Journal italien « Avvenire » : 

L’EXEMPLE des JUSTES 

l’amour pousse à agir mais la simple générosité ne suffit toute seule pas. Ainsi il enseignait à un des hommes que dans le siècle passé a témoigné avec majeur courage l’attention à dernier « Moi, adopté de Raoul Follereau je poursuis son école de charité » l’actualité de l’ « apôtre de lépreux » dans les mots d’Andrè Récipon son fils adoptif et héritier spirituel de Laura Badaracchi 

 

Raoul Follereau il le choisit en 1968 comme son fils spirituel. Et à trente ans des mortes de son « père adoptif » Andrè Récipon, de classe 1925, il a laissé dans les mains de son fils Michel l’Association française « Raoul Follereau » de Paris, pendant qu’il continue à promouvoir en Europe et Afrique l’Union internationale des associations Raoul Follereau, présent même en Italie. « Follereau – il explique – a été un des plus grands oratoires de son temps. Ère doué d’un talent phénoménal et savait auto convaincre ceux qu’ils venaient à écouter. Il n’aimait pas qu’il se définissait ainsi ; il disait : « Je ne suis pas l’apôtre des lépreux, je ne suis pas que leur porte-parole, leur haut-parleur pour faire connaître leur souffrance »". Que les a transmises à niveau spirituel ? « Surtout, la compréhension de la charité : la charité n’est pas l’aumône, est l’amour de Dieu et de nos frères. Cet amour des autres on ne doit pas seulement exprimer à des mots, mais avec les actions : « Amères il est agir », il répétait, et ajoutait : « En ne pouvant pas être juste, nous sommes simplement bon ». Quand Follereau a-t-il décidé « de l’adopter », en n’ayant eu des fils ? « À l’instant de mes fiançailles. Je ne connaissais pas encore Raoul ; je l’avais senti parler cinq ans d’abord à Lion et il m’avait enthousiasmé. Mon grand-Père Michel Rameaud avait garanti le secrétariat de l’oeuvre de 1940 à 1943 ; après ses mortes, de 1943 à 1945, elle avait été sa fille, mon fiancé, qui portait la poste à Follereau dans sa cachette à Vénissieux. Il y avait donc entre eux beaucoup plus qu’amitié : une affection immense, née dans ces heures difficiles et dangereuses vécues ensemble. Le vendredi saint de 1947 je me cachais derrière Jane- Mary pour la laisser entrer ; je crois que lorsque Raoul vit ainsi tant de bonheur dans yeux de mon fiancé, il m’adopta même. Mais officiellement passées le 14 février 1968, lorsque il me déclara devant le notaire son fils spirituel, le sien héritier, en me donnant la charge de continuer son oeuvre « . Sa vie a été marquée de l’engagement pour les autres. Combien et comme la foi a-t-il joué un rôle dans son choix ? « Follereau s’est battu toute sa vie contre toutes le lèpre. Le lépreux ère le symbole d’exclu, à refuser parce que frappé d’une maladie à l’époque incurable, aujourd’hui parce qu’inoccupée ou étranger. À partir de 1947 (j’avais 22 ans), ai combattu la même bataille. Mais sans la foi, cette bataille ne serait pas qu’altruisme, pendant qu’avec la foi il s’élève et devient « caritatif », c’est-à-dire plein de amour ». Auprès des malades et aux pauvres a-t-il rencontré des témoins de l’Évangile, souvent cachés et peu remarques le grand public ? « J’ai rencontré naturellement des témoins connus, comme les abbé Pierre en 1958 et Mère Teresa en 1973. Mais en 1996 j’ai porté à Rome de l’Asie et de l’Afrique une centaine religieuse, religieuse et laïque totalement méconnue – pourtant ils avaient déjà passé cinquante ans de leur vie au service des lépreux – pour de présenter de le Pape, que les eux a entretenus pour plus qu’et a maintenant embrassé un à un « . « Il n’y a pas paix sans justice, et il n’y a pas justice sans pardonne », affirmait Jean Paul II dans le Message pour la Journée mondiale de la paix 2002. Dans quelle mode ces mots se sont réalisés dans sa vie ? « Nous avons beaucoup aidé les Liban dans les derniers vingt ans. Entre ceux qui ils ont bénéficié de notre aide il y a monsignor Mansour Labaky, vicaire épiscopal de la diocèse maronite de Beirut, qui a écrit une réflexion intitulée « la paix à travers pardonne ». Dans le teste exprime, très mieux de ce que je saurais me faire, cette vérité : il n’y aura jamais paix sans pardonne « . 

TRAITÉ DE TERTULLIEN SUR LA PRIÈRE – L’offrande spirituelle

15 mars, 2007

la deuxième lecture de ce matin était de Tertulliano, sur la prière, elle m’a émue beaucoup parce qu’il semble toujours de savoir prier – c’est-à-dire quelque  tourne non – toutefois lorsque te rencontres avec ceux qui ils connaissent la prière pour la « avoir fréquenté souvent » avec un Maître et Père de l’Église, est toujours d’aide à la conversion et reposant:

TRAITÉ DE TERTULLIEN SUR LA PRIÈRE

 (Editeur : Langage des hommes/Parole de Dieu)
L’offrande spirituelle.

La prière est le sacrifice spirituel qui a supprimé les anciens sacrifices. A quoi bon, dit le Seigneur, m’offrir tant de sacrifices? Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus. Qui donc vous a demandé de m’apporter tout cela?
Ce que Dieu réclame, l’Evangile nous l’enseigne. L’heure vient, dit Jésus, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. En effet, Dieu est Esprit, et c’est pourquoi il cherche de tels adorateurs.

Nous sommes les vrais adorateurs et les vrais sacrificateurs. En priant dans l’Esprit, c’est par l’Esprit que nous offrons en sacrifice la prière, victime qui revient à Dieu, qui lui plaît, qu’il a recherchée, qu’ il s’est destinée.

C’est elle, offerte de tout coeur, nourrie de la foi, guérie par la vérité, gardée parfaite par l’innocence, purifiée par la chasteté, couronnée par l’amour, c’est elle, la prière, que nous devons conduire jusqu’à l’autel de Dieu, avec la procession des bonnes oeuvres, parmi les psaumes et les hymnes; c’est elle qui obtiendra tout de Dieu en notre faveur.

En effet, qu’est-ce que Dieu peut refuser à la prière qui procède de l’esprit et de la vérité, lui qui l’exige? Les grandes preuves de son efficacité, nous les lisons, nous les entendons, nous les croyons!

La prière de jadis délivrait du feu, des bêtes, de la famine, et pourtant elle n’avait pas reçu du Christ sa perfection.

D’ailleurs combien la prière chrétienne est plus amplement efficace! Elle ne place pas au milieu de la fournaise un ange porteur de rosée ; elle ne ferme pas les gueules des lions; elle n’apporte pas aux affamés le repas des moissonneurs. Elle n’écarte aucune souffrance par un bienfait particulier: elle forme par la patience ceux qui pâtissent, qui souffrent et qui s’affligent, elle développe la grâce par son efficacité pour que la foi sache ce qu’elle peut obtenir du Seigneur, en comprenant qu’elle souffre pour le nom de Dieu.

Autrefois la prière infligeait des calamités, mettait en déroute les armées ennemies, arrêtait les bienfaits de la pluie, mais maintenant la prière de justice détourne toute colère divine, monte la garde en faveur des ennemis, supplie pour les persécuteurs. Est-il étonnant qu’elle ait su obtenir de force les eaux du ciel, puisqu’elle a pu en faire tomber le feu? C’est la prière seule qui triomphe de Dieu; mais le Christ n’a pas voulu qu’elle produise aucun mal, toute la vertu qu’il lui a conférée est pour le bien.

Aussi tout ce qu’elle sait faire, c’est rappeler les âmes des défunts du chemin qui conduit droit à la mort, fortifier les faibles, guérir les malades, délivrer les possédés, ouvrir les prisons, défaire les chaînes des innocents. C’est elle encore qui lave les fautes, repousse les tentations, arrête les persécutions, réconforte les timides, adoucit les magnanimes, guide les voyageurs, apaise les flots, paralyse les bandits, nourrit les pauvres, modère les riches, relève ceux qui sont tombés, retient ceux qui trébuchent, raffermit ceux qui restent debout.

Tous les anges prient, toutes les créatures prient; les bêtes domestiques et les bêtes sauvages fléchissent les genoux, et, lorsqu’elles sortent de leurs étables ou de leurs repaires, elles regardent vers le ciel, non sans motif, en faisant frémir leur souffle, chacune à sa manière. Quant aux oiseaux, lorsqu’ils se lèvent, ils se dirigent vers le ciel et ils étendent leurs ailes, comme nous étendons les mains, en forme de croix, et ils font entendre ce qui apparaît comme une prière.

Que dire encore sur la fonction de la prière? Le Seigneur lui-même a prié, à qui soient honneur et puissance pour les siècles des siècles.

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« Sacramentum caritatis »: tous à la messe le dimanche

15 mars, 2007

 du site « La Chiesa.it, l’Espresso »

« Sacramentum caritatis »: tous à la messe le dimanche


Un chr
étien ne peut vivre sans lEucharistie, écrit Benoît XVI. En elle, « le Seigneur se fait nourriture pour lhomme assoiffé de vérité et de liberté« . Doù le devoir qui en découle aussi dans le champ politique: « donner un témoignage public de sa propre foi »

par Sandro Magister

ROME, le 15 mars 2007
Benoît XVI a rendu publique lexhortation apostolique « Sacramentum caritatis » il y a deux jours, en conclusion du synode des évêques qui s’était déroulé à Rome en octobre 2005 sur le thème de lEucharistie.

Le document a limportance dune encyclique. Il a dailleurs beaucoup en commun avec lencyclique « Deus caritas est », à commencer par le mot-clé du titre. Benoît XVI lui-même l’écrit en introduction: « J’entends mettre la présente exhortation en relation avec ma première encyclique Deus caritas est ».

Lexhortation apostolique « Sacramentum caritatis » doit être lue dans son intégralité. Dune part parce quelle reprend les sujets abordés au cours du synode, dautre part parce quelle porte lempreinte fédératrice de la vision de Benoît XVI. Une vision où « la célébration eucharistique apparaît ici, dans toute sa force, en tant que source et sommet de l’existence chrétienne ».

Au lecteur de savourer cette vision fédératrice, appréciable uniquement par une lecture ininterrompue et complète:

> « Sacrement de l’amour, la sainte Eucharistie… »

Voici en revanche un abrégé plus modeste regroupant les nombreuses questions, approfondies ou à peine évoquées page après page par Benoît XVI dans son exhortation apostolique:

* * *

MISSEL DE SAINT PIE V

Benoît XVI le cite au paragraphe 3, rappelant avec admiration et gratitude « le développement, ordonné dans le temps, des formes rituelles » selon lesquelles la messe a été et est célébrée, jusqu’à la réforme liturgique du Concile de Vatican II et ses « richesses qui n’ont pas été pleinement explorées ». Il ajoute: « Concrètement, il s’agit de lire les changements voulus par le Concile à l’intérieur de l’unité qui caractérise le développement historique du rite lui-même, sans introduire de ruptures artificielles ».

Le refus des « ruptures artificielles » avait été évoqué par le pape dans son discours cité en note à la curie du 22 décembre 2005 au sujet de la juste interprétation du Concile. Cest lune des raisons qui justifient selon Joseph Ratzinger la pratique du rite tridentin encore à lheure actuelle.

LA DERNIÈRE CÈNE

Au paragraphe 11, après avoir retracé le dernier repas partagé par Jésus avec les apôtres selon le rite juif de l’époque, Benoît XVI prévient: « Pour nous chrétiens, il n’est plus nécessaire de répéter ce repas », car lEucharistie marque un changement radical par rapport à ce repas, et cest à ce changement que Jésus fait référence lorsquil dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi ».

Lavertissement du pape sadresse à ces communautés par exemple les néocatéchumènes qui persistent à célébrer la messe comme un banquet, imitant le dernier repas.

TRANSSUBSTANCIATION

Le terme apparaît au paragraphe 13, accompagné dun appel aux fidèles à avoir « une conscience plus claire » de la richesse des mots prononcés lors de la consécration et de « l’épiclèse », à savoir linvocation « au Père pour qu’il fasse descendre le don de l’Esprit afin que le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus-Christ ».

ORTHODOXES ET PROTESTANTS

Au paragraphe 14, Benoît XVI souligne que cest lEucharistie qui bâtit lEglise. Et dailleurs, au paragraphe suivant, il appelle « Eglises » lEglise catholique et les Eglises orthodoxes du fait quelles « ont conservé la nature authentique et entière du mystère de l’Eucharistie », à la différence des simples « Communautés » nées de la Réforme protestante, avec lesquelles le « caractère ecclésial de l’Eucharistie  » est davantage matière à un dialogue œcuménique.

CONFIRMATION ET PREMIÈRE COMMUNION

Au paragraphe 18, le pape explique quil faut faire attention à lordre dans lequel il convient dadministrer les sacrements de linitiation: baptême, confirmation, Eucharistie. En effet, dans de nombreuses paroisses et de nombreux diocèses du monde entier, la confirmation est donnée en dernier. Pour Benoît XVI, cette pratique est à « vérifier », car elle risque de faire perdre à lEucharistie la place qui lui revient, « comme réalité vers laquelle tend toute l’initiation ».

COMMUNION ET CONFESSION

Au paragraphe 20, ainsi quau paragraphe 55, Benoît XVI met en garde contre une communion systématique, par automatisme, « comme si par le seul fait de se trouver dans une église durant la liturgie on avait le droit ou peut-être même le devoir de s’approcher de la table eucharistique ». Ce « comportement superficiel », écrit-il, sexplique notamment par un sens du péché de plus en plus en perte de vitesse. Pour communier, il faut être « dans la grâce de Dieu ». Dans le paragraphe suivant, le pape encourage les fidèles à se confesser régulièrement et rappelle que la confession individuelle doit prévaloir en temps normal, « en réservant la pratique de l’absolution générale exclusivement aux cas prévus ».

VIATIQUE

Au paragraphe 22, le pape recommande dapporter lEucharistie aux infirmes: une pratique qui risque de tomber en désuétude dans de nombreux endroits.

ORDINATION SACERDOTALE

Au paragraphe 23, Benoît XVI condamne sévèrement ceux qui considèrent quil suffit d’être baptisé pour pouvoir célébrer la messe et agissent en conséquence en se passant de prêtre: La doctrine de l’Eglise fait de l’ordination sacerdotale la condition indispensable pour la célébration valide de l’Eucharistie ».

Tout de suite après, le pape met cependant en garde les prêtres à ne pas se substituer à Jésus. Il les exhorte à célébrer avec humilité, « en évitant tout ce qui pourrait donner l’impression d’une initiative personnelle inopportune ».

CÉLIBAT DES PRÊTRES

« Il n’est pas suffisant de comprendre le célibat sacerdotal en termes purement fonctionnels », écrit Benoît XVI au paragraphe 24. « Le fait que le Christ lui-même, prêtre pour l’éternité, ait vécu sa mission jusqu’au sacrifice de la croix dans l’état de virginité constitue le point de référence sûr pour recueillir le sens de la tradition de l’Eglise latine sur cette question ».

« Tout en respectant les pratiques différentes et la tradition orientale », le pape confirme donc « le caractère obligatoire pour la tradition latine » du célibat des prêtres, « comme signe exprimant le don de soi total et exclusif au Christ, à l’Eglise et au Règne de Dieu ».

Pour attirer de vraies vocations, déclare le pape dans le paragraphe suivant, « il faut surtout avoir le courage de proposer aux jeunes la radicalité de la vie à la suite du Christ, en en montrant l’attrait ».

POLYGAMIE

Au paragraphe 28, Benoît XVI évoque brièvement le problème posé par les hommes qui, « provenant de cultures où se pratique la polygamie », deviennent chrétiens Pour eux, la communion eucharistique sera autorisée uniquement quand ils seront arrivés « à la pleine vérité de l’amour » avec une seule femme, « passant à travers les renoncements nécessaires ».

DIVORCÉS REMARIÉS

Benoît XVI écrit au paragraphe 29: « Il s’agit d’un problème pastoral épineux et complexe, une vraie plaie du contexte social actuel, qui touche de manière croissante les milieux catholiques eux-mêmes. Par amour de la vérité, les pasteurs sont obligés de bien discerner les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus appropriée les fidèles concernés. Le synode des évêques a confirmé la pratique de l’Eglise, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l’union d’amour entre le Christ et l’Eglise, qui est signifiée et mise en œuvre dans l’Eucharistie. Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d’appartenir à l’Eglise, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu’ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la messe, mais sans recevoir la communion, par l’écoute de la Parole de Dieu, par l’adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l’engagement dans l’éducation de leurs enfants.

« Là où surgissent des doutes légitimes sur la validité du Mariage sacramentel qui a été contracté, il convient d’entreprendre ce qui est nécessaire pour en vérifier le bien-fondé. Il faut aussi s’assurer, dans le plein respect du droit canonique, de la présence sur le territoire de tribunaux ecclésiastiques, de leur caractère pastoral, de leur fonctionnement correct et rapide. Il importe qu’il y ait, dans chaque diocèse, un nombre suffisant de personnes préparées pour le bon fonctionnement des tribunaux ecclésiastiques. Je rappelle que c’est une obligation grave que le travail institutionnel de l’Eglise réalisé dans les tribunaux soit rendu toujours plus proche des fidèles. Il est cependant nécessaire d’éviter de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec le droit. On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de rencontre entre le droit et la pastorale est l’amour de la vérité: cette dernière en effet n’est jamais abstraite, mais elle s’intègre dans l’itinéraire humain et chrétien de tout fidèle. Enfin, là où la nullité du lien matrimonial n’est pas reconnue et où des conditions objectives rendent de fait la vie commune irréversible, l’Eglise encourage ces fidèles à s’engager à vivre leur relation selon les exigences de la loi de Dieu, comme amis, comme frère et sœur; ils pourront ainsi s’approcher de la table eucharistique, avec les attentions prévues par la pratique éprouvée de l’Eglise. Un tel chemin, pour qu’il soit possible et qu’il porte du fruit, doit être soutenu par l’aide des pasteurs et par des initiatives ecclésiales appropriées, en évitant, dans tous les cas, de bénir ces relations, pour que ne surgissent pas chez les fidèles des confusions autour de la valeur du mariage.

« Vu la complexité du contexte culturel dans lequel vit l’Eglise dans beaucoup de pays, le synode a aussi recommandé d’avoir le plus grand soin pastoral pour la formation des fiancés et pour la vérification attentive de leurs convictions concernant les engagements prescrits pour la validité du sacrement de mariage. Un sérieux discernement à ce sujet pourra éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent les deux jeunes à assumer des responsabilités qu’ils ne sauront ensuite honorer. Le bien que l’Eglise et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu’on ne s’engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle ».

BEAUTÉ

Le paragraphe 35 est consacré à la beauté de la célébration et de lart liturgique: « Ce nest pas de lesthétisme pur, mais un moyen à travers lequel la vérité de lamour de Dieu dans le Christ nous parvient, nous fascine et nous transporte ». Et encore: « Ce nest pas un élément décoratif de laction liturgique; il sagit plutôt dun élément constitutif, parce quil est lattribut de Dieu lui-même et de sa révélation. Tout cela doit nous rendre conscients de lattention quil faut porter pour que laction liturgique resplendisse selon sa nature propre ».

ART SACRÉ

Au paragraphe 35, après avoir invité au respect des livres liturgiques en vigueur, le pape souligne contre les abus fréquents que « la simplicité des gestes et la sobriété des signes, effectués dans l’ordre et dans les moments prévus, communiquent et impliquent plus que le caractère artificiel d’ajouts inopportuns ».

Il ajoute au paragraphe suivant: « Une connaissance approfondie des formes que l’art sacré a produit tout au long des siècles peut être d’une grande aide pour les personnes qui, face aux architectes et aux artistes, ont la responsabilité de la commande d’œuvres artistiques liées à l’action liturgique. Il est donc indispensable que dans la formation des séminaristes et des prêtres soit incluse, comme discipline importante, l’histoire de l’art, avec une référence spéciale aux édifices du culte à la lumière des normes liturgiques. En définitive, il est nécessaire qu’en tout ce qui concerne l’Eucharistie, on ait le goût de la beauté« .

MUSIQUE SACRÉE

Au paragraphe 42, Benoît XVI met en garde contre la mauvaise musique qui a envahi trop de célébrations et défend le chant grégorien:

« L’Eglise, dans son histoire bimillénaire, a créé et continue de créer des musiques et des chants qui constituent un patrimoine de foi et d’amour qui ne doit pas être perdu. En réalité, dans la liturgie nous ne pouvons pas dire qu’un cantique équivaut à un autre. À ce sujet, il convient d’éviter l’improvisation générale ou l’introduction de genres musicaux qui ne sont pas respectueux du sens de la liturgie. En tant qu’élément liturgique, le chant doit s’intégrer dans la forme propre de la célébration. Par conséquent, tout dans le texte, dans la mélodie, dans l’exécution doit correspondre au sens du mystère célébré, aux différents moments du rite et aux temps liturgiques. Enfin, tout en tenant compte des diverses orientations et des diverses traditions très louables, je désire que, comme les pères synodaux l’ont demandé, le chant grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, soit valorisé de manière appropriée ».

LITURGIE DE LA PAROLE ET HOMÉLIE

Au paragraphe 45, le pape exhorte à ce « que dans les liturgies, on porte une grande attention à la proclamation de la Parole de Dieu par des lecteurs bien préparés » et que les fidèles soient formés pour « apprécier les trésors de la Sainte Écriture » en la lisant et en priant avec elle.

Dans le paragraphe suivant, il demande aux prêtres de préparer soigneusement les homélies, en évitant quelles soient « générales et abstraites ». Et pour sexprimer sur les fondements de la doctrine catholique il leur suggère le Catéchisme de lEglise Catholique comme référence.

OFFERTOIRE

Le geste de loffre des dons sur lautel, écrit le pape au paragraphe 47, « pour être vécu dans sa signification authentique, n’a pas besoin d’être amplifié par des complications inopportunes ». On pense à certaines formes théâtrales et folks du rite, en vogue au cours des voyages de Jean-Paul II.

ÉCHANGE DE LA PAIX

Au paragraphe 49, Benoît XVI rappelle que « durant le synode des évêques, il a paru toutefois opportun de modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion ». Dans une note en pied de page, le pape ajoute avoir « demandé aux dicastères compétents d’étudier la possibilité de placer le geste de paix à un autre moment, par exemple avant la présentation des dons à l’autel »: ce qui est déjà le cas, par exemple, dans la messe célébrée selon le rite ambroisien, dans larchidiocèse de Milan.

PAS DE COMMUNION POUR TOUS

Au paragraphe 50, Benoît XVI retient lattention sur la présence répétée à la messe de non-pratiquants, de visiteurs étrangers, de non-catholiques, de personnes appartenant à dautres religions, mais aussi de personnes « qui peut-être se trouvent dans une situation de vie qui ne permet pas l’accès aux sacrements ». Dans ces cas, il encourage à trouver « des moyens brefs et incisifs pour rappeler à tous le sens de la communion sacramentelle et les conditions de sa réception ». Au cas où il ne serait pas possible de garantir « une clarté nécessaire sur la signification de lEucharistie », le pape suggère de substituer à la messe « une célébration de la Parole de Dieu ».

ITE, MISSA EST

Au paragraphe 51, en sappuyant sur la formule finale de la messe en latin, Benoît XVI encourage à en extraire un appel aux chrétiens à être des missionnaires du monde, avec de nouveaux textes « dûment approuvés » pour loraison et la bénédiction finale, qui en expliciteraient le sens.

INTERCOMMUNION

Avec les chrétiens appartenant à des Eglises et des communautés non-catholiques, Benoît XVI réitère au paragraphe 56 linterdiction de célébrer ensemble lEucharistie. « Il reste vrai toutefois qu’en vue du salut éternel, il est possible d’admettre des chrétiens non catholiques individuellement à l’Eucharistie, au sacrement de la pénitence et à l’onction des malades. Cela suppose cependant de vérifier qu’il s’agit de situations déterminées et exceptionnelles selon des conditions précises. Elles sont clairement indiquées dans le Catéchisme de l’Eglise catholique ».

LANGUE LATINE

Au paragraphe 62, Benoît XVI écrit que lorsque des fidèles appartiennent à des nations différentes, il ne faut pas hésiter à célébrer la messe en latin avec des chants grégoriens. Il ajoute: « De façon plus générale, je demande que les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu’à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien; on ne négligera pas la possibilité d’éduquer les fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin, ainsi qu’au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie ».

MESSE EN GROUPE

Au paragraphe 63, le pape met en garde contre les risques des célébrations en groupes restreints, comme il en est en particulier pour le Chemin Néocatécuménal: « Tout en reconnaissant la valeur formatrice sous-jacente à ces choix, il est nécessaire de préciser qu’ils doivent être harmonisés avec l’ensemble de la proposition pastorale du diocèse. En effet, ces expériences perdraient leur caractère pédagogique si elles donnaient l’impression d’être en opposition ou en parallèle avec la vie de l’Eglise ».

ADORATION EUCHARISTIQUE

Benoît XVI consacre quatre paragraphes de 66 à 69 à ladoration de lhostie consacrée. Il rappelle que dans les premiers jours suivant le concile, certains objectaient à ladoration que « le pain eucharistique ne nous serait pas donné pour être contemplé, mais pour être mangé« . Une critique infondée selon le pape. En effet, à plusieurs reprises, Benoît XVI a manifesté sa volonté de redonner un rôle central à ladoration eucharistique. Il demande aussi à ce que le tabernacle soit disposé dans un endroit de l’église bien visible et digne, « en évitant que le siège du célébrant ne soit placé devant ».

PRÉCEPTE DOMINICAL

Du paragraphe 72 au paragraphe 74, le pape réaffirme lobligation daller à la messe le dimanche. Déjà, au premier siècle, Ignace dAntioche définissait les chrétiens « iuxta dominicam viventes », ceux qui vivent selon le dimanche. Ne pas sanctifier ce jour « est le symptôme d’une perte du sens authentique de la liberté chrétienne, la liberté des fils de Dieu ».

ABSENCE DU PRÊTRE

Dans les contrées où la messe dominicale ne peut pas être célébrée faute dun nombre suffisant de prêtres, Benoît XVI exhorte malgré tout dans le paragraphe 75 les communautés chrétiennes à se réunir, pour lire les Ecritures et pour prier: « Cela devra cependant se réaliser dans le cadre d’une instruction appropriée sur la différence entre la messe et les assemblées dominicales en absence de prêtre ».

COHÉRENCE ENTRE EUCHARISTIE ET POLITIQUE

Au paragraphe 83, le pape écrit: « Il est important de relever ce que les pères synodaux ont appelé cohérence eucharistique, à laquelle notre existence est objectivement appelée. En effet, le culte agréable à Dieu n’est jamais un acte purement privé, sans conséquence sur nos relations sociales: il requiert un témoignage public de notre foi. Évidemment, cela vaut pour tous les baptisés, mais s’impose avec une exigence particulière pour ceux qui, par la position sociale ou politique qu’ils occupent, doivent prendre des décisions concernant les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, comme la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d’éducation des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes. Ces valeurs ne sont pas négociables. Par conséquent, les hommes politiques et les législateurs catholiques, conscients de leur grave responsabilité sociale, doivent se sentir particulièrement interpellés par leur conscience, justement formée, pour présenter et soutenir des lois inspirées par les valeurs fondées sur la nature humaine. Cela a, entre autres, un lien objectif avec l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 27-29). Les évêques sont tenus de rappeler constamment ces valeurs; cela fait partie de leur responsabilité à l’égard du troupeau qui leur est confié« .

AU PRIX DE LA VIE

Au paragraphe 87, Benoît XVI écrit que dans certains pays, aller à la messe exige beaucoup de courage: « Les régions du monde dans lesquelles célébrer ou se rendre à l’Eglise constitue un témoignage héroïque, qui expose la vie de celui qui le fait à l’exclusion et à la violence, ne manquent pas. A ce propos, je veux aussi réaffirmer la solidarité de toute l’Eglise avec ceux qui souffrent de l’absence de liberté de culte. Là où manque la liberté religieuse, nous le savons, manque en définitive la liberté la plus significative, puisque dans la foi l’homme exprime son intime décision quant au sens ultime de son existence ».

« SINE DOMINICO NON POSSUMUS »

En conclusion, au paragraphe 95, Benoît XVI revient sur limportance vitale daller à la messe. Il rappelle: « Au commencement du quatrième siècle, le culte chrétien était encore interdit par les autorités impériales. Certains chrétiens d’Afrique du Nord, qui se sentaient poussés à célébrer le Jour du Seigneur, défièrent l’interdiction. Ils furent martyrisés alors qu’ils déclaraient qu’il ne leur était pas possible de vivre sans l’Eucharistie, nourriture du Seigneur: Sine dominico non possumus ».

Il poursuit: « Nous non plus, nous ne pouvons pas vivre sans participer au Sacrement de notre salut et nous désirons être iuxta dominicam viventes, c’est-à-dire traduire dans notre vie ce que nous célébrons dans le Jour du Seigneur. Ce jour, en effet, est le jour de notre libération définitive. Faut-il s’étonner si nous désirons que chaque jour soit vécu selon la nouveauté introduite par le Christ dans le mystère de l’Eucharistie? ».

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suivi de l’articule précédent

12 mars, 2007

suivi de l’articule précédent, je mets un approfondissements, il est un « extrait » du catechisme de l’Église catholique, il y à, aussi, une catéchèse du Pape Jean Paul II que, toutefois, il est seulement en italien et en espagnol, malheureusement:

CATÉCHISME DE L’ ÉGLISE CATHOLIQUE

CHAPITRE TROISIEME

JE CROIS EN L’ESPRIT SAINT

683  » Nul ne peut appeler Jésus Seigneur sinon dans lEsprit Saint  » (1 Co 12, 3).  » Dieu a envoyé dans nos cœurs lEsprit de son Fils qui crie : Abba, Père !  » (Ga 4, 6). Cette connaissance de foi nest possible que dans lEsprit Saint. Pour être en contact avec le Christ, il faut dabord avoir été touché par lEsprit Saint. Cest lui qui vient au devant de nous, et suscite en nous la foi. De par notre Baptême, premier sacrement de la foi, la Vie, qui a sa source dans le Père et nous est offerte dans le Fils, nous est communiquée intimement et personnellement par lEsprit Saint dans l’Église :

Le Baptême nous accorde la grâce de la nouvelle naissance en Dieu le Père par le moyen de son Fils dans lEsprit Saint. Car ceux qui portent lEsprit de Dieu sont conduits au Verbe, cest-à-dire au Fils ; mais le Fils les présente au Père, et le Père leur procure lincorruptibilité. Donc, sans lEsprit, il nest pas possible de voir le Fils de Dieu, et, sans le Fils, personne ne peut approcher du Père, car la connaissance du Père, cest le Fils, et la connaissance du Fils de Dieu se fait par lEsprit Saint (S. Irénée, dem. 7).684

LEsprit Saint par sa grâce, est premier dans l’éveil de notre foi et dans la vie nouvelle qui est de  » connaître le Père et celui quil a envoyé, Jésus-Christ  » (Jn 17, 3). Cependant il est dernier dans la révélation des Personnes de la Trinité Sainte. S. Grégoire de Nazianze,  » le Théologien « , explique cette progression par la pédagogie de la  » condescendance  » divine :

LAncien Testament proclamait manifestement le Père, le Fils plus obscurément. Le Nouveau a manifesté le Fils, a fait entrevoir la divinité de lEsprit. Maintenant lEsprit a droit de cité parmi nous et nous accorde une vision plus claire de lui-même. En effet il n’était pas prudent, quand on ne confessait pas encore la divinité du Père, de proclamer ouvertement le Fils et, quand la divinité du Fils n’était pas encore admise, dajouter lEsprit Saint comme un fardeau supplémentaire, pour employer une expression un peu hardie… Cest par des avances et des progressions  » de gloire en gloire  » que la lumière de la Trinité éclatera en plus brillantes clartés (S. Grégoire de Naz., or. theol. 5, 26 : PG 36, 161C).685

Croire en lEsprit Saint cest donc professer que lEsprit Saint est lune des Personnes de la Trinité Sainte, consubstantielle au Père et au Fils,  » adoré et glorifié avec le Père et le Fils  » (Symbole de Nicée-Constantinople). Cest pourquoi il a été question du mystère divin de lEsprit Saint dans la  » théologie  » trinitaire. Ici il ne sagira donc de lEsprit Saint que dans  » l’économie  » divine.

686 LEsprit Saint est à l’œuvre avec le Père et le Fils du commencement à la consommation du dessein de notre salut. Mais cest dans les  » derniers temps « , inaugurés avec lIncarnation rédemptrice du Fils, quIl est révélé et donné, reconnu et accueilli comme Personne. Alors ce dessein divin, achevé dans le Christ,  » Premier-Né  » et Tête de la nouvelle création, pourra prendre corps dans lhumanité par lEsprit répandu : l’Église, lArticle 8

 » JE CROIS EN L’ESPRIT SAINT « 

687  » Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon lEsprit de Dieu  » (1 Co 2, 11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui  » a parlé par les prophètes  » nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne lentendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à Laccueillir dans la foi. LEsprit de Vérité qui nous  » dévoile  » le Christ  » ne parle pas de lui-même  » (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement divin, explique pourquoi  » le monde ne peut pas le recevoir, parce quil ne le voit pas ni ne le connaît « , tandis que ceux qui croient au Christ le connaissent parce quil demeure avec eux (Jn 14, 17).

688 L’Église, communion vivante dans la foi des apôtres quelle transmet, est le lieu de notre connaissance de lEsprit Saint :

dans les Écritures quIl a inspirées ;

dans la Tradition, dont les Pères de l’Église sont les témoins toujours actuels ;

dans le Magistère de l’Église quIl assiste ;

dans la liturgie sacramentelle, à travers ses paroles et ses symboles, où lEsprit Saint nous met en communion avec le Christ ;

dans la prière dans laquelle Il intercède pour nous ;

dans les charismes et les ministères par lesquels l’Église est édifiée ;

dans les signes de vie apostolique et missionnaire ;

dans le témoignage des saints où Il manifeste sa sainteté et continue l’œuvre du salut.a communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle.

I. La mission conjointe du Fils et de lEsprit689

Celui que le Père a envoyé dans nos cœurs, lEsprit de son Fils (cf. Ga 4, 6) est réellement Dieu. Consubstantiel au Père et au Fils, il en est inséparable, tant dans la Vie intime de la Trinité que dans son don damour pour le monde. Mais en adorant la Trinité Sainte, vivifiante, consubstantielle et indivisible, la foi de l’Église professe aussi la distinction des Personnes. Quand le Père envoie son Verbe, Il envoie toujours son Souffle : mission conjointe où le Fils et lEsprit Saint sont distincts mais inséparables. Certes, cest le Christ qui paraît, Lui, lImage visible du Dieu invisible, mais cest lEsprit Saint qui Le révèle.

690 Jésus est Christ,  » oint « , parce que lEsprit en est lOnction et tout ce qui advient à partir de lIncarnation découle de cette plénitude (cf. Jn 3, 34). Quand enfin le Christ est glorifié (cf. Jn 7, 39), il peut à son tour, dauprès du Père, envoyer lEsprit à ceux qui croient en lui : il leur communique sa Gloire (cf. Jn 17, 22), cest-à-dire lEsprit Saint qui le glorifie (cf. Jn 16, 14). La mission conjointe se déploiera dès lors dans les enfants adoptés par le Père dans le Corps de son Fils : la mission de lEsprit dadoption sera de les unir au Christ et de les faire vivre en lui :La notion de l

onction suggère (…) quil ny a aucune distance entre le Fils et lEsprit. En effet de même quentre la surface du corps et lonction de lhuile ni la raison ni la sensation ne connaissent aucun intermédiaire, ainsi est immédiat le contact du Fils avec lEsprit, si bien que pour celui qui va prendre contact avec le Fils par la foi, il est nécessaire de rencontrer dabord lhuile par le contact. En effet il ny a aucune partie qui soit nue de lEsprit Saint. Cest pourquoi la confession de la Seigneurie du Fils se fait dans lEsprit Saint pour ceux qui la reçoivent, lEsprit venant de toutes parts au devant de ceux qui sapprochent par la foi (S. Grégoire de Nysse, Spir. 3, 1 : PG 45, 1321A-B).

II. Le nom, les appellations et les symboles de lEsprit Saint

Le nom propre de l’Esprit Saint

691  » Saint-Esprit « , tel est le nom propre de Celui que nous adorons et glorifions avec le Père et le Fils. L’Église la reçu du Seigneur et le professe dans le Baptême de ses nouveaux enfants (cf. Mt 28, 19).

Le terme  » Esprit  » traduit le terme hébreu Ruah qui, dans son sens premier, signifie souffle, air, vent. Jésus utilise justement limage sensible du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté transcendante de Celui qui est personnellement le Souffle de Dieu, lEsprit divin (Jn 3, 5-8). Dautre part, Esprit et Saint sont des attributs divins communs aux Trois Personnes divines. Mais en joignant les deux termes, l’Écriture, la liturgie et le langage théologique désignent la Personne ineffable de lEsprit Saint, sans équivoque possible avec les autres emplois des termes  » esprit  » et  » saint « .

Les appellations de l’Esprit Saint

692 Jésus, lorsquil annonce et promet la venue de lEsprit Saint, le nomme le  » Paraclet « , littéralement :  » celui qui est appelé auprès « , ad-vocatus (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7).  » Paraclet  » est traduit habituellement par  » Consolateur « , Jésus étant le premier consolateur (cf. 1 Jn 2, 1). Le Seigneur lui-même appelle lEsprit Saint  » lEsprit de Vérité  » (Jn 16, 13).

693 Outre son nom propre, qui est le plus employé dans les Actes des apôtres et les Épîtres, on trouve chez S. Paul les appellations : lEsprit de la promesse (Ga 3, 14 ; Ep 1, 13), lEsprit dadoption (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6), lEsprit du Christ (Rm 8, 11), lEsprit du Seigneur (2 Co 3, 17), lEsprit de Dieu (Rm 8, 9. 14 ; 15, 19 ; 1 Co 6, 11 ; 7, 40), et chez S. Pierre, lEsprit de gloire (1 P 4, 14).

Les symboles de l’Esprit Saint

694 L’eau. Le symbolisme de leau est significatif de laction de lEsprit Saint dans le Baptême, puisque, après linvocation de lEsprit Saint, elle devient le signe sacramentel efficace de la nouvelle naissance : de même que la gestation de notre première naissance sest opérée dans leau, de même leau baptismale signifie réellement que notre naissance à la vie divine nous est donnée dans lEsprit Saint. Mais  » baptisés dans un seul Esprit « , nous sommes aussi  » abreuvés dun seul Esprit  » (1 Co 12, 13) : lEsprit est donc aussi personnellement lEau vive qui jaillit du Christ crucifié (cf. Jn 19, 34 ; 1 Jn 5, 8) comme de sa source et qui en nous jaillit en Vie éternelle (cf. Jn 4, 10-14 ; 7, 38 ; Ex 17, 1-6 ; Is 55, 1 ; Za 14, 8 ; 1 Co 10, 4 ; Ap 21, 6 ; 22, 17).

695 L’onction. Le symbolisme de lonction dhuile est aussi significatif de lEsprit Saint, jusqu’à en devenir le synonyme (cf. 1 Jn 2, 20. 27 ; 2 Co 1, 21). Dans linitiation chrétienne, elle est le signe sacramentel de la Confirmation, appelée justement dans les Églises dOrient  » Chrismation « . Mais pour en saisir toute la force, il faut revenir à lOnction première accomplie par lEsprit Saint : celle de Jésus. Christ [ « Messie  » à partir de lhébreu] signifie  » Oint  » de lEsprit de Dieu. Il y a eu des  » oints  » du Seigneur dans lAncienne Alliance (cf. Ex 30, 22-32), le roi David éminemment (cf. 1 S 16, 13). Mais Jésus est lOint de Dieu dune manière unique : lhumanité que le Fils assume est totalement  » ointe de lEsprit Saint « . Jésus est constitué  » Christ  » par lEsprit Saint (cf. Lc 4, 18-19 ; Is 61, 1). La Vierge Marie conçoit le Christ de lEsprit Saint qui par lange lannonce comme Christ lors de sa naissance (cf. Lc 2, 11) et pousse Siméon à venir au Temple voir le Christ du Seigneur (cf. Lc 2, 26-27) ; cest lui qui emplit le Christ (cf. Lc 4, 1) et dont la puissance sort du Christ dans ses actes de guérison et de salut (cf. Lc 6, 19 ; 8, 46). Cest lui enfin qui ressuscite Jésus dentre les morts (cf. Rm 1, 4 ; 8, 11). Alors, constitué pleinement  » Christ  » dans son Humanité victorieuse de la mort (cf. Ac 2, 36), Jésus répand à profusion lEsprit Saint jusqu’à ce que  » les saints  » constituent, dans leur union à lHumanité du Fils de Dieu,  » cet Homme parfait (…) qui réalise la plénitude du Christ  » (Ep 4, 13) :  » le Christ total « , selon lexpression de S. Augustin (serm. 341, 1, 1 ; ibid., 9, 11).696

Le feu. Alors que leau signifiait la naissance et la fécondité de la Vie donnée dans lEsprit Saint, le feu symbolise l’énergie transformante des actes de lEsprit Saint. Le prophète Elie, qui  » se leva comme un feu et dont la parole brûlait comme une torche  » (Si 48, 1), par sa prière attire le feu du ciel sur le sacrifice du mont Carmel (cf. 1 R 18, 38-39), figure du feu de lEsprit Saint qui transforme ce quil touche. Jean-Baptiste,  » qui marche devant le Seigneur avec lesprit et la puissance dElie  » (Lc 1, 17) annonce le Christ comme celui qui  » baptisera dans lEsprit Saint et le feu  » (Lc 3, 16), cet Esprit dont Jésus dira :  » Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je voudrais quil fût déjà allumé  » (Lc 12, 49). Cest sous la forme de langues  » quon eût dites de feu  » que lEsprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et les remplit de lui (Ac 2, 3-4). La tradition spirituelle retiendra ce symbolisme du feu comme lun des plus expressifs de laction de lEsprit Saint (cf. S. Jean de la Croix, llama).  » N’éteignez pas lEsprit  » (1 Th 5, 19).

697 La nuée et la lumière. Ces deux symboles sont inséparables dans les manifestations de lEsprit Saint. Dès les théophanies de lAncien Testament, la Nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse, révèle le Dieu vivant et sauveur, en voilant la transcendance de sa Gloire : avec Moïse sur la montagne du Sinaï (cf. Ex 24, 15-18), à la Tente de Réunion (cf. Ex 33, 9-10) et durant la marche au désert (cf. Ex 40, 36-38 ; 1 Co 10, 1-2) ; avec Salomon lors de la dédicace du Temple (cf. 1 R 8, 10-12). Or ces figures sont accomplies par le Christ dans lEsprit Saint. Cest Celui-ci qui vient sur la Vierge Marie et la prend  » sous son ombre  » pour quelle conçoive et enfante Jésus (Lc 1, 35). Sur la montagne de la Transfiguration, cest lui qui  » survient dans la nuée qui prend sous son ombre  » Jésus, Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, et  » de la nuée sort une voix qui dit : Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le  » (Lc 9, 34-35). Cest enfin la même Nuée qui  » dérobe Jésus aux yeux  » des disciples le jour de lAscension (Ac 1, 9) et qui le révélera Fils de lhomme dans sa Gloire au Jour de son Avènement (cf. Lc 21, 27).698

Le sceau est un symbole proche de celui de lOnction. Cest en effet le Christ que  » Dieu a marqué de son sceau  » (Jn 6, 27) et cest en lui que le Père nous marque aussi de son sceau (2 Co 1, 22 ; Ep 1, 13 ; 4, 30). Parce quelle indique leffet indélébile de lOnction de lEsprit Saint dans les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de lOrdre, limage du sceau (sphragis) a été utilisée dans certaines traditions théologiques pour exprimer le  » caractère  » ineffaçable imprimé par ces trois sacrements qui ne peuvent être réitérés.

699 La main . Cest en imposant les mains que Jésus guérit les malades (cf. Mc 6, 5 ; 8, 23) et bénit les petits enfants (cf. Mc 10, 16). En son nom, les apôtres feront de même (cf. Mc 16, 18 ; Ac 5, 12 ; 14, 3). Mieux encore, cest par limposition des mains des apôtres que lEsprit Saint est donné (cf. Ac 8, 17-19 ; 13, 3 ; 19, 6). L’Épître aux Hébreux met limposition des mains au nombre des  » articles fondamentaux  » de son enseignement (cf. He 6, 2). Ce signe de leffusion toute-puissante de lEsprit Saint, l’Église la gardé dans ses épiclèses sacramentelles.700

Le doigt.  » Cest par le doigt de Dieu que [Jésus] expulse les démons  » (Lc 11, 20). Si la Loi de Dieu a été écrite sur des tables de pierre  » par le doigt de Dieu  » (Ex 31, 18),  » la lettre du Christ « , remise aux soins des apôtres,  » est écrite avec lEsprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs  » (2 Co 3, 3). Lhymne  » Veni, Creator Spiritus  » invoque lEsprit Saint comme  » le doigt de la droite du Père  » (In Dominica Pentecostes, Hymnus ad I et II Vesperas).

701 La colombe. A la fin du déluge (dont le symbolisme concerne le Baptême), la colombe lâchée par Noé revient, un rameau tout frais dolivier dans le bec, signe que la terre est de nouveau habitable (cf. Gn 8, 8-12). Quand le Christ remonte de leau de son baptême, lEsprit Saint, sous forme dune colombe, descend sur lui et y demeure (cf. Mt 3, 16 par.). LEsprit descend et repose dans le cœur purifié des baptisés. Dans certaines églises, la sainte Réserve eucharistique est conservée dans un réceptacle métallique en forme de colombe (le columbarium) suspendu au-dessus de lautel. Le symbole de la colombe pour suggérer lEsprit Saint est traditionnel dans liconographie chrétienne.III. L

Esprit et la Parole de Dieu dans le temps des promesses 702 Du commencement jusqu’à  » la Plénitude du temps  » (Ga 4, 4), la mission conjointe du Verbe et de lEsprit du Père demeure cachée, mais elle est à l’œuvre. LEsprit de Dieu y prépare le temps du Messie, et lun et lautre, sans être encore pleinement révélés, y sont déjà promis afin d’être attendus et accueillis lors de leur manifestation. Cest pourquoi lorsque l’Église lit lAncien Testament (cf. 2 Co 3, 14), elle y scrute (cf. Jn 5, 39. 46) ce que lEsprit,  » qui a parlé par les prophètes « , veut nous dire du Christ.

Par  » prophètes « , la foi de l’Église entend ici tous ceux que lEsprit Saint a inspirés dans la vivante annonce et dans la rédaction des livres saints, tant de lAncien que du Nouveau Testament. La tradition juive distingue la Loi (les cinq premiers livres ou Pentateuque), les Prophètes (nos livres dits historiques et prophétiques) et les Écrits (surtout sapientiels, en particulier les Psaumes) (cf. Lc 24, 44).

Dans la création

703 La Parole de Dieu et son Souffle sont à lorigine de l’être et de la vie de toute créature (cf. Ps 33, 6 ; 104, 30 ; Gn 1, 2 ; 2, 7 ; Qo 3, 20-21 ; Ez 37, 10) : Au Saint-Esprit il convient de régner, de sanctifier et danimer la création, car il est Dieu consubstantiel au Père et au Fils (…). A Lui revient le pouvoir sur la vie, car étant Dieu il garde la création dans le Père par le Fils (Liturgie byzantine, Tropaire des matines des dimanches du second mode).

704  » Quant à lhomme, cest de ses propres mains [cest-à-dire le Fils et lEsprit Saint] que Dieu le façonna (…) et Il dessina sur la chair façonnée sa propre forme, de façon que même ce qui serait visible portât la forme divine  » (S. Irénée, dem. 11).

L’Esprit de la promesse

705 Défiguré par le péché et par la mort, lhomme demeure  » à limage de Dieu « , à limage du Fils, mais il est  » privé de la Gloire de Dieu  » (Rm 3, 23), privé de la  » ressemblance « . La promesse faite à Abraham inaugure l’économie du salut au terme de laquelle le Fils lui-même assumera  » limage  » (cf. Jn 1, 14 ; Ph 2, 7) et la restaurera dans  » la ressemblance  » avec le Père en lui redonnant la Gloire, lEsprit  » qui donne la Vie « .

706 Contre toute espérance humaine, Dieu promet à Abraham une descendance, comme fruit de la foi et de la puissance de lEsprit Saint (cf. Gn 18, 1-15 ; Lc 1, 26-38. 54-55 ; Jn 1, 12-13 ; Rm 4, 16-21). En elle seront bénies toutes les nations de la terre (cf. Gn 12, 3). Cette descendance sera le Christ (cf. Ga 3, 16) en qui leffusion de lEsprit Saint fera  » lunité des enfants de Dieu dispersés  » (cf. Jn 11, 52). En sengageant par serment (cf. Lc 1, 73), Dieu sengage déjà au don de son Fils Bien-aimé (cf. Gn 22, 17-19 ; Rm 8, 32 ; Jn 3, 16) et au don de  » lEsprit de la Promesse (…) qui (…) prépare la rédemption du Peuple que Dieu sest acquis  » (Ep 1, 13-14 ; cf. Ga 3, 14).

Dans les Théophanies et la Loi

707 Les Théophanies (manifestations de Dieu) illuminent le chemin de la promesse, des patriarches à Moïse et de Josué jusquaux visions qui inaugurent la mission des grands prophètes. La tradition chrétienne a toujours reconnu que dans ces Théophanies le Verbe de Dieu se laissait voir et entendre, à la fois révélé et  » ombré  » dans la Nuée de lEsprit Saint.

708 Cette pédagogie de Dieu apparaît spécialement dans le don de la Loi (cf. Ex 19-20 ; Dt 1-11 ; 29-30). La Loi a été donnée comme un  » pédagogue  » pour conduire le Peuple vers le Christ (Ga 3, 24). Mais son impuissance à sauver lhomme privé de la  » ressemblance  » divine et la connaissance accrue quelle donne du péché (cf. Rm 3, 20) suscitent le désir de lEsprit Saint. Les gémissements des Psaumes en témoignent.

Dans le Royaume et l’Exil

709 La Loi, signe de la promesse et de lalliance, aurait dû régir le cœur et les institutions du Peuple issu de la foi dAbraham.  » Si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, pour une nation sainte  » (Ex 19, 5-6 ; cf. 1 P 2, 9). Mais, après David, Israël succombe à la tentation de devenir un royaume comme les autres nations. Or le Royaume, objet de la promesse faite à David (cf. 2 S 7 ; Ps 89 ; Lc 1, 32-33) sera l’œuvre de lEsprit Saint ; il appartiendra aux pauvres selon lEsprit.

710 Loubli de la Loi et linfidélité à lalliance aboutissent à la mort : cest lExil, apparemment échec des promesses, en fait fidélité mystérieuse du Dieu sauveur et début dune restauration promise, mais selon lEsprit. Il fallait que le Peuple de Dieu souffrît cette purification (cf. Lc 24, 26) ; lExil porte déjà lombre de la Croix dans le dessein de Dieu, et le Reste des pauvres qui en revient est lune des figures les plus transparentes de l’Église.

L’attente du Messie et de son Esprit

711  » Voici que je vais faire du nouveau  » (Is 43, 19) : Deux lignes prophétiques vont se dessiner, portant lune sur lattente du Messie, lautre sur lannonce dun Esprit nouveau, et elles convergent dans le petit Reste, le peuple des Pauvres (cf. So 2, 3), qui attend dans lespérance la  » consolation dIsraël  » et  » la délivrance de Jérusalem  » (cf. Lc 2, 25. 38).

On a vu plus haut comment Jésus accomplit les prophéties qui le concernent. On se limite ici à celles où apparaît davantage la relation du Messie et de son Esprit.712

Les traits du visage du Messie attendu commencent à apparaître dans le Livre de lEmmanuel (cf. Is 6-12) ( » quand Isaïe eut la vision de la Gloire  » du Christ : Jn 12, 41), en particulier en Is 11, 1-2 :Un rejeton sort de la souche de Jessé,

un surgeon pousse de ses racines :

sur lui repose lEsprit du Seigneur,esprit de sagesse et d

intelligence,

esprit de conseil et de force,

esprit de science et de crainte du Seigneur.

713 Les traits du Messie sont révélés surtout dans les chants du Serviteur (cf. Is 42, 1-9 ; cf. Mt 12, 18-21 ; Jn 1, 32-34, puis Is 49, 16 ; cf. Mt 3, 17 ; Lc 2, 32, enfin Is 50, 4-10 et 52, 13 53, 12). Ces chants annoncent le sens de la passion de Jésus, et indiquent ainsi la manière dont Il répandra lEsprit Saint pour vivifier la multitude : non pas de lextérieur, mais en épousant notre  » condition desclave  » (Ph 2, 7). Prenant sur lui notre mort, il peut nous communiquer son propre Esprit de vie.

714 Cest pourquoi le Christ inaugure lannonce de la bonne Nouvelle en faisant sien ce passage dIsaïe (Lc 4, 18-19 ; cf. Is 61, 1-2) :L

Esprit du Seigneur est sur moi,

car le Seigneur ma oint.Il m

a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,

panser les cœurs meurtris ;annoncer aux captifs l

amnistie

et aux prisonniers la liberté,annoncer une ann

ée de grâce de la part du Seigneur.

715 Les textes prophétiques concernant directement lenvoi de lEsprit Saint sont des oracles où Dieu parle au cœur de son Peuple dans le langage de la promesse, avec les accents de  » lamour et de la fidélité  » (cf. Ez 11, 19 ; 36, 25-28 ; 37, 1-14 ; Jr 31, 31-34 ; et Jl 3, 1-5) dont S. Pierre proclamera laccomplissement le matin de la Pentecôte (cf. Ac 2, 17-21). Selon ces promesses, dans les  » derniers temps « , lEsprit du Seigneur renouvellera le cœur des hommes en gravant en eux une Loi nouvelle ; il rassemblera et réconciliera les peuples dispersés et divisés ; il transformera la création première et Dieu y habitera avec les hommes dans la paix.716

Le Peuple des  » pauvres  » (cf. So 2, 3 ; Ps 22, 27 ; 34, 3 ; Is 49, 13 ; 61, 1 ; etc.), les humbles et les doux, tout abandonnés aux desseins mystérieux de leur Dieu, ceux qui attendent la justice, non des hommes mais du Messie, est finalement la grande œuvre de la mission cachée de lEsprit Saint durant le temps des promesses pour préparer la venue du Christ. Cest leur qualité de cœur, purifié et éclairé par lEsprit, qui sexprime dans les Psaumes. En ces pauvres, lEsprit prépare au Seigneur  » un peuple bien disposé  » (cf. Lc 1, 17).

IV. LEsprit du Christ dans la plénitude du temps

Jean, Précurseur, Prophète et Baptiste

717  » Parut un homme envoyé de Dieu. Il se nommait Jean  » (Jn 1, 6). Jean est  » rempli de lEsprit Saint, dès le sein de sa mère  » (Lc 1, 15. 41) par le Christ lui-même que la Vierge Marie venait de concevoir de lEsprit Saint. La  » visitation  » de Marie à Élisabeth est ainsi devenue  » visite de Dieu à son peuple  » (Lc 1, 68).

718 Jean est  » Elie qui doit venir  » (Mt 17, 10-13) : Le Feu de lEsprit lhabite et le fait  » courir devant  » [en  » précurseur « ] le Seigneur qui vient. En Jean le Précurseur, lEsprit Saint achève de  » préparer au Seigneur un peuple bien disposé  » (Lc 1, 17).719

Jean est  » plus quun prophète  » (Lc 7, 26). En lui lEsprit Saint accomplit de  » parler par les prophètes « . Jean achève le cycle des prophètes inauguré par Elie (cf. Mt 11, 13-14). Il annonce limminence de la Consolation dIsraël, il est la  » voix  » du consolateur qui vient (Jn 1, 23 ; cf. Is 40, 1-3). Comme le fera lEsprit de Vérité,  » il vient comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière  » (Jn 1, 7 ; cf. Jn 15, 26 ; 5, 33). Au regard de Jean, lEsprit accomplit ainsi les  » recherches des prophètes  » et la  » convoitise  » des anges (1 P 1, 10-12) :  » Celui sur qui tu verras lEsprit descendre et demeurer, cest lui qui baptise dans lEsprit (…). Oui, jai vu et jatteste que cest Lui, le Fils de Dieu. (…) Voici lAgneau de Dieu  » (Jn 1, 33-36). 720 Enfin, avec Jean le Baptiste, lEsprit Saint inaugure, en le préfigurant, ce quil réalisera avec et dans le Christ : redonner à lhomme  » la ressemblance  » divine. Le baptême de Jean était pour le repentir, celui dans leau et dans lEsprit sera une nouvelle naissance (cf. Jn 3, 5).

 » Réjouis-toi, comblée de grâce « 

721 Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le chef-d’œuvre de la mission du Fils et de lEsprit dans la plénitude du temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce que son Esprit la préparée, le Père trouve la Demeure où son Fils et son Esprit peuvent habiter parmi les hommes. Cest en ce sens que la Tradition de l’Église a souvent lu en relation à Marie les plus beaux textes sur la Sagesse (cf. Pr 8, 1 9, 6 ; Si 24) : Marie est chantée et représentée dans la liturgie comme le  » Trône de la Sagesse « .

En elle commencent à se manifester les  » merveilles de Dieu « , que lEsprit va accomplir dans le Christ et dans l’Église :722

LEsprit Saint a préparé Marie par sa grâce. Il convenait que fût  » pleine de grâce  » la mère de Celui en qui  » habite corporellement la Plénitude de la Divinité  » (Col 2, 9). Elle a été, par pure grâce, conçue sans péché comme la plus humble des créatures, la plus capable daccueil au Don ineffable du Tout-Puissant. Cest à juste titre que lange Gabriel la salue comme la  » Fille de Sion  » :  » Réjouis-toi  » (cf. So 3, 14 ; Za 2, 14). Cest laction de grâce de tout le Peuple de Dieu, et donc de l’Église, quelle fait monter vers le Père dans lEsprit Saint en son cantique (cf. Lc 1, 46-55) alors quelle porte en elle le Fils éternel.

723 En Marie, lEsprit Saint réalise le dessein bienveillant du Père. Cest par lEsprit Saint que la Vierge conçoit et enfante le Fils de Dieu. Sa virginité devient fécondité unique par la puissance de lEsprit et de la foi (cf. Lc 1, 26-38 ; Rm 4, 18-21 ; Ga 4, 26-28).724

En Marie, lEsprit Saint manifeste le Fils du Père devenu Fils de la Vierge. Elle est le Buisson ardent de la Théophanie définitive : comblée de lEsprit Saint, elle montre le Verbe dans lhumilité de sa chair et cest aux Pauvres (cf. Lc 1, 15-19) et aux prémices des nations (cf. Mt 2, 11) quelle Le fait connaître. 725 Enfin, par Marie, lEsprit Saint commence à mettre en communion avec le Christ les hommes  » objets de lamour bienveillant de Dieu  » (cf. Lc 2, 14), et les humbles sont toujours les premiers à le recevoir : les bergers, les mages, Siméon et Anne, les époux de Cana et les premiers disciples.

726 Au terme de cette mission de lEsprit, Marie devient la  » Femme « , nouvelle Eve  » mère des vivants « , Mère du  » Christ total  » (cf. Jn 19, 25-27). Cest comme telle quelle est présente avec les Douze,  » dun même cœur, assidus à la prière  » (Ac 1, 14), à laube des  » derniers temps  » que lEsprit va inaugurer le matin de la Pentecôte avec la manifestation de l’Église.

Le Christ Jésus

727 Toute la Mission du Fils et de lEsprit Saint dans la plénitude du temps est contenue en ce que le Fils est loint de lEsprit du Père depuis son Incarnation : Jésus est Christ, le Messie.

Tout le deuxième chapitre du Symbole de la foi est à lire à cette lumière. Toute l’œuvre du Christ est mission conjointe du Fils et de lEsprit Saint. Ici, on mentionnera seulement ce qui concerne la promesse de lEsprit Saint par Jésus et son don par le Seigneur glorifié.728

Jésus ne révèle pas pleinement lEsprit Saint tant que lui-même na pas été glorifié par sa Mort et sa Résurrection. Pourtant, Il le suggère peu à peu, même dans son enseignement aux foules, lorsquIl révèle que sa Chair sera nourriture pour la vie du monde (cf. Jn 6, 27. 51. 62-63). Il le suggère aussi à Nicodème (cf. Jn 3, 5-8), à la Samaritaine (cf. Jn 4, 10. 14. 23-24) et à ceux qui participent à la fête des Tabernacles (cf. Jn 7, 37-39). A ses disciples, Il en parle ouvertement à propos de la prière (cf. Lc 11, 13) et du témoignage quils auront à rendre (cf. Mt 10, 19-20).

729 Cest seulement quand lHeure est venue où Il va être glorifié que Jésus promet la venue de lEsprit Saint, puisque sa Mort et sa Résurrection seront laccomplissement de la promesse faite aux Pères (cf. Jn 14, 16-17. 26 ; 15, 26 ; 16, 7-15 ; 17, 26) : lEsprit de Vérité, lautre Paraclet, sera donné par le Père à la prière de Jésus ; il sera envoyé par le Père au nom de Jésus ; Jésus lenverra dauprès du Père car il est issu du Père. LEsprit Saint viendra, nous le connaîtrons, Il sera avec nous à jamais, Il demeurera avec nous ; Il nous enseignera tout et nous rappellera tout ce que le Christ nous a dit et lui rendra témoignage ; Il nous conduira vers la vérité tout entière et glorifiera le Christ. Quant au monde, Il le confondra en matière de péché, de justice et de jugement.730

Enfin vient lHeure de Jésus (cf. Jn 13, 1 ; 17, 1) : Jésus remet son esprit entre les mains du Père (cf. Lc 23, 46 ; Jn 19, 30) au moment où par sa Mort il est vainqueur de la mort, de sorte que,  » ressuscité des morts par la Gloire du Père  » (Rm 6, 4), il donne aussitôt lEsprit Saint en  » soufflant  » sur ses disciples (cf. Jn 20, 22). A partir de cette Heure, la mission du Christ et de lEsprit devient la mission de l’Église :  » Comme le Père ma envoyé, moi aussi je vous envoie  » (Jn 20, 21 ; cf. Mt 28, 19 ; Lc 24, 47-48 ; Ac 1, 8).

V. LEsprit et l’Église dans les derniers temps

La Pentecôte

731 Le jour de la Pentecôte (au terme des sept semaines Pascales), la Pâque du Christ saccomplit dans leffusion de lEsprit Saint qui est manifesté, donné et communiqué comme Personne divine : de sa Plénitude, le Christ, Seigneur, répand à profusion lEsprit (cf. Ac 2, 33-36). 732 En ce jour est pleinement révélée la Trinité Sainte. Depuis ce jour, le Royaume annoncé par le Christ est ouvert à ceux qui croient en Lui : dans lhumilité de la chair et dans la foi, ils participent déjà à la communion de la Trinité Sainte. Par sa venue, et elle ne cesse pas, lEsprit Saint fait entrer le monde dans les  » derniers temps « , le temps de l’Église, le Royaume déjà hérité, mais pas encore consommé :

Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu lEsprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi : nous adorons la Trinité indivisible car cest elle qui nous a sauvés (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte ; il est repris dans les liturgies eucharistiques après la communion).

L’Esprit Saint – le Don de Dieu

733  » Dieu est Amour  » (1 Jn 4, 8. 16) et lAmour est le premier don, il contient tous les autres. Cet amour,  » Dieu la répandu dans nos cœurs par lEsprit qui nous fut donné  » (Rm 5, 5).

734 Parce que nous sommes morts, ou, au moins, blessés par le péché, le premier effet du don de lAmour est la rémission de nos péchés. Cest la communion de lEsprit Saint (2 Co 13, 13) qui, dans l’Église, redonne aux baptisés la ressemblance divine perdue par le péché.735

Il donne alors les  » arrhes  » ou les  » prémices  » de notre Héritage (cf. Rm 8, 23 ; 2 Co 1, 21) : la Vie même de la Trinité Sainte qui est daimer  » comme il nous a aimés  » (cf. 1 Jn 4, 11-12). Cet amour (la charité de 1 Co 13) est le principe de la vie nouvelle dans le Christ, rendue possible puisque nous avons  » reçu une force, celle de lEsprit Saint  » (Ac 1, 8). 736 Cest par cette puissance de lEsprit que les enfants de Dieu peuvent porter du fruit. Celui qui nous a greffés sur la vraie Vigne, nous fera porter  » le fruit de lEsprit qui est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi  » (Ga 5, 22-23).  » LEsprit est notre Vie  » : plus nous renonçons à nous-mêmes (cf. Mt 16, 24-26), plus  » lEsprit nous fait aussi agir  » (Ga 5, 25) :

Par communion avec lui, lEsprit Saint rend spirituels, rétablit au Paradis, ramène au Royaume des cieux et à ladoption filiale, donne la confiance dappeler Dieu Père et de participer à la grâce du Christ, d’être appelé enfant de lumière et davoir part à la gloire éternelle (S. Basile, Spir. 15, 36 : PG 32, 132).

L’Esprit Saint et l’Église

737 La mission du Christ et de lEsprit Saint saccomplit dans l’Église, Corps du Christ et Temple de lEsprit Saint. Cette mission conjointe associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père dans lEsprit Saint : LEsprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et leur ouvre lesprit à lintelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ, éminemment dans lEucharistie, afin de les réconcilier, de les mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter  » beaucoup de fruit  » (Jn 15, 5. 8. 16).

738 Ainsi la mission de l’Église ne sajoute pas à celle du Christ et de lEsprit Saint, mais elle en est le sacrement : par tout sont être et dans tous ses membres elle est envoyée pour annoncer et témoigner, actualiser et répandre le mystère de la communion de la Sainte Trinité (ce sera lobjet du prochain article) :Nous tous qui avons re

çu lunique et même esprit, à savoir, lEsprit Saint, nous nous sommes fondus entre nous et avec Dieu. Car bien que nous soyons nombreux séparément et que le Christ fasse que lEsprit du Père et le sien habite en chacun de nous, cet Esprit unique et indivisible ramène par lui-même à lunité ceux qui sont distincts entre eux (…) et fait que tous apparaissent comme une seule chose en lui-même. Et de même que la puissance de la sainte humanité du Christ fait que tous ceux-là en qui elle se trouve forment un seul corps, je pense que de la même manière lEsprit de Dieu qui habite en tous, unique et indivisible, les ramène tous à lunité spirituelle (S. Cyrille dAlexandrie, Jo. 12 : PG 74, 560-561).

739 Parce que lEsprit Saint est lOnction du Christ, cest le Christ, la Tête du Corps, qui le répand dans ses membres pour les nourrir, les guérir, les organiser dans leurs fonctions mutuelles, les vivifier, les envoyer témoigner, les associer à son offrande au Père et à son intercession pour le monde entier. Cest par les sacrements de l’Église que le Christ communique aux membres de son Corps son Esprit Saint et Sanctificateur (ce sera lobjet de la deuxième partie du Catéchisme).740

Ces  » merveilles de Dieu « , offertes aux croyants dans les sacrements de l’Église, portent leurs fruits dans la vie nouvelle, dans le Christ, selon lEsprit (ce sera lobjet de la troisième partie du Catéchisme).

741  » LEsprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais lEsprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables  » (Rm 8, 26). LEsprit Saint, artisan des œuvres de Dieu, est le Maître de la prière (ce sera lobjet de la quatrième partie du Catéchisme).

EN BREF

742  » La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père  » (Ga 4, 6).

743 Du commencement à la consommation du temps, quand Dieu envoie son Fils, il envoie toujours son Esprit : leur mission est conjointe et inséparable.

744 Dans la plénitude du temps, l’Esprit Saint accomplit en Marie toutes les préparations à la venue du Christ dans le Peuple de Dieu. Par l’action de l’Esprit Saint en elle, le Père donne au monde l’Emmanuel,  » Dieu-avec-nous  » (Mt 1, 23).

745 Le Fils de Dieu est consacré Christ (Messie) par l’Onction de l’Esprit Saint dans son Incarnation (cf. Ps 2, 6-7).

746 Par sa Mort et sa Résurrection, Jésus est constitué Seigneur et Christ dans la gloire (Ac 2, 36). De sa Plénitude, Il répand l’Esprit Saint sur les apôtres et l’Église.

747 L’Esprit Saint que le Christ, Tête, répand dans ses membres, bâtit, anime et sanctifie l’Église. Elle est le sacrement de la communion de la Trinité Sainte et des hommes.

Je reponde à une commente-question d’un ami

12 mars, 2007

il m’est arrivé un « commente – question » de l’ami « Ta bi » et, pour l’importance de l’argue réponds avec ce articule : La question qui m’a été faite : « ce qu’il est le Baptême en Esprit Saint », en ce qui concerne l’Église Catholique il renvoie à l’action – que conjointement au Père et au Fils – l’Esprit Saint oeuvre : dans le Baptême, dans les Confirmation dans l’Eucharistie et dans tous les sacrements ; Pour l’Église Catholique il n’y peut pas y avoir communion avec Dieu en plénitude sans l’action des sacrements, le « Baptême en Esprit Saint » distingue le baptême de Jésus dans le Jordan qui est un baptême de pénitence (qu’à Lui il ne servait pas) de ce qui le Christ René offre ses disciples qui, de croyants dans Lui, deviennent, pour oeuvre du Esprit Saint – qui actionne sacramentalement – Fils de Dieu et comme des Fils sont régénérés du péché et ils peuvent être des témoins (martyres) de Christ ; pour les chrétiens catholiques il est un seul Baptême, dans ce baptême que nous recevons une seule fois dans la vie, descendons en eaux des mortes, et pour de l’oeuvre de très sainte Trinité – donc, Père, Fils et Esprit Saint, nous renaissons à vie nouvelle ; il ne est pas autre baptême si pas sacramentale ; elle ne est pas oeuvre de l’Esprit Saint si dans l’Église – nous devons se rappeler, naturellement, de l’oeuvre de l’Esprit dans l’Ancien Testament, mais même dans ce cas l’Esprit actionne dans peuple d’Lui appelé et élu ; Dieu est le principe de chaque oeuvre de la création et des rédemption, Dieu Trinité – pour oeuvre de l’Esprit – se trouve au debout de chaque prière « parce que nous ne savons quoi demander » (Rm 8) ; l’Esprit Saint n’agit pas tout seul, mais toujours uniment aux Personnes de la Trinité : le Père et le Fils ; il peut être invoqué, mais même les invocation à l’Esprit Saint il se déroule dans l’Église et pas hors d’elle, comme, même n’importe quel acte chrétien, même si nous faisons une oeuvre de charité dans une place, n’importe quel du monde, nous sommes unis à l’Église de Christ qui dépasse les frontières des murs du périmètre de l’Édifice Église ; l’ Esprit Saint ne doit pas provoquer dans l’homme, nécessairement, charisme extraordinaires, la premier charisme, le premier don, comme il dit San Paul (1Cor 13) est la charité ; qui parle de « Baptême dans l’Esprit » séparément des enseignements de l’Église Catholique – voir le Catéchisme de l’Eglise Catholique – que je rapporte en une partie – n’est pas catholique, il peut être de l’Église réformée, et celle-ci est oeuvre bonne, ils sont dans les Seigneur, il sont cependant groupes qui parlent de « Baptême dans l’Esprit Saint » sans être des legs à aucune Église chrétienne, ni catholique, ni réformée, ni orthodoxe, et ces groupes ne sont pas – justement – chrétiens ;

après mon intervention – et il sera écrit avant ce articule – je mets deux « approfondissements » du site Vatican – un peu longs, mais qu’il vaut il peine de lire;

L’évangéliste Luc et son animal symbolique

11 mars, 2007

un article pour se rappeller de Luc, du site: 

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2007/clb_070309.html

L’évangéliste Luc et son animal symbolique

Jai entrepris une recherche sur saint Luc, dont lanimal symbolique est tantôt le taureau (voir Ap, Éz) et tantôt le bœuf, voire même le veau… Quen est-il exactement du tétramorphe dans lhistoire et dans l’évolution de liconographie chrétienne au cours des âges? Est-ce une question de mots dans les différentes traductions ou a-t-on vu se produire à un moment donné une sorte de « castration » de lanimal symbolique qui était probablement dorigine mésopotamienne? (Jean-René) Les évangélistes nont aucun animal symbolique dans la Bible. Il sagit là dune interprétation chrétienne extra-biblique. Ce quil y a dans les apocalypses bibliques, ce sont des visions dans lesquelles Dieu est servi par quatre vivants, ou animaux : un bœuf, un aigle, un lion et un homme (Éz 1,5-10 ; Ap 4,6-8). Dans le texte d’Ézékiel, le parallèle avec les serviteurs des divinités mésopotamiennes quon pourrait rapprocher des « kerubim » de la Bible, paraît évident. En effet, on a retrouvé plusieurs représentations de ces êtres étranges à tête humaine, corps de lion, pattes de taureau et ailes daigle. Ces êtres représentent ce quon considérait de plus noble dans la création, de plus fort, de plus sage et de plus agile. Ils semble que ces êtres fantastiques gardaient les seuils des palais et des temples. Ézékiel en fait des serviteurs du seul Dieu, attelés à son char divin. Dans le livre de lApocalypse, ces quatre vivants, qui reprennent ceux d’Ézékiel, semblent les quatre anges qui président au gouvernement du monde physique. Leurs yeux symbolisent la science divine et sa providence. Voilà ce quil y a dans la Bible. Quant au taureau, cest évidemment la meilleure traduction puisque cest lanimal qui évoque le mieux la force, voire la virilité (voir le « veau » dor dans Ex 32 ou les corridas en Espagne). Traduire le mot par « bœuf » nest pas mauvais, mais le mot « veau » est à éviter parce quil transmet mal le concept. À ce sujet, il nest pas question de « castration ». Un veau nest pas un taureau castré! cest un jeune taureau, point.

Puisque ces êtres fantastiques sont quatre, comme les évangélistes, ils sont associés depuis saint Irénée de Lyon (mort vers 202). Il y a peut-être un caractère personnel à chaque évangéliste qui a joué (Matthieu = homme ; Marc = lion ; Luc = bœuf ; Jean = aigle), mais il faudrait voir jusquoù cela est vrai. Dans les églises, on a aimé les représenter sculpté dans la chaire, où on annonce l’évangile. En conclusion, il faut bien distinguer le niveau biblique (vision d’Ézékiel reprise dans lApocalypse) du niveau de la tradition chrétienne. Maintenant, lorigine de ces vivants est peut-être mésopotamienne, mais ça ne change absolument rien à la question de linterprétation chrétienne qui lignorait. Ce qui importe, ce nest pas lorigine dun concept, mais lusage quon en fait ou le sens quon lui donne.

L’évangéliste Luc et son animal symbolique dans Approfondissement 43346_FORM_A

du site:

http://www.culturacampania2.rai.it/site/it-IT/Patrimonio_Culturale/Chiese/Scheda/Opere_Principali/opere/capua_basilica sant

Jean-Marie Lustiger – La Promesse. « Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse »

9 mars, 2007

pour écouter de nouveaux Père Lustiger, du site Esprit & Vie Fevrier 2003:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=275

Jean-Marie Lustiger

La Promesse. « Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse »

Sr Cécile Rastoin, o.c.d.

Paris, Éd. Parole et silence, coll. « Essais de l’école cathédrale », 2002. – (14×21), 220 p., 18 €.

Esprit & Vie n°75 / février 2003 – 1e quinzaine, p. 7-9.

La promesse : « Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse (Ps 119, 148) ». Reprenant les mots du psalmiste, l’auteur s’adresse au Dieu d’Israël pour lui confier son espérance. C’est en lui seul que l’on peut trouver le courage d’aborder le mystère d’Israël : « Je sais le risque que je prends en mettant ces propos à la disposition de tous. Certains passages pourront paraître excessifs ou parfois déconcertants à des lecteurs juifs, et d’autres, déconcertants ou parfois excessifs à des lecteurs catholiques. Que les uns et les autres m’accordent le crédit de la bonne foi, dans le service de la Parole de Dieu livrée aux hommes pour le bonheur et le salut de tous » (Introduction, p. 9-10). 1. Mystère d’Israël au cœur de la réalité chrétienne

La première partie de l’ouvrage est une méditation prêchée à des moniales, où le P. Jean-Marie LUSTIGER, alors jeune prêtre du diocèse de Paris, prie à haute voix l’évangile de saint Matthieu. Nous sommes en 1979 et les moines du Bec- Hellouin viennent de commencer la fondation d’Abu Gosh. Il s’agit de conduire les moniales, qui les soutiennent par leur prière, à pénétrer l’enjeu de l’événement et approfondir le mystère d’Israël. Le choix de l’évangile de Matthieu n’est pas un hasard : le plus visiblement pétri des Écritures [d'Israël !], il manifeste aussi que l’Église est « le peuple de l’Alliance destiné à ouvrir aux païens la richesse d’Israël en attendant sa venue [du Messie] dans la gloire » (p. 106). À travers les pages d’évangile se déploie le grand midrash sur l’appel lancé aux juifs et aux païens à suivre Jésus, le Messie. Les bergers et les mages dans leur consentement, les scribes et Hérode en leur opposition manifestent que les deux grandes catégories de l’histoire du salut (p. 119) que sont les juifs et les païens semblent éclater en présence de Jésus de Nazareth…

« Dieu n’est pas adultère en ce sens qu’il est absolument fidèle à son Alliance » (p. 36). L’Alliance avec Israël est irrévocable ; en douter est blasphématoire car cela reviendrait à mettre en doute la fidélité de Dieu. « La réponse de Jésus [sur l'indissolubilité du mariage] vise l’Alliance de Dieu et de son peuple : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Elle s’applique donc à Israël et à l’indissolubilité de la promesse » (p. 19). Cette reconnaissance de la permanence de l’Alliance d’Israël est donc la première condition exigée des païens pour pouvoir être greffés sur la promesse. Et « les païens n’entreront dans l’histoire du salut que s’ils font de cette histoire [d'Israël] leur propre histoire » (p. 48). Ils ont alors accès aux « richesses d’Israël » : l’histoire sainte, la Loi de Dieu, la Parole inspirée, la prière d’Israël, la terre, le règne, la rédemption, la repentance… Chasser les marchands du Temple, du parvis des païens, c’est d’abord pour le Christ une manière d’annoncer que le parvis des païens est désormais soumis aux mêmes exigences de sainteté que le parvis des juifs, c’est annoncer par un geste prophétique l’entrée des païens dans l’Alliance (p. 149).

Il n’y a pas rejet d’Israël de la part de Dieu, ni substitution de l’Église de Jésus au peuple d’Israël (voir p. 131). « Il n’y a pas substitution mais agrégation » (p. 132). Tel est le signe de Jonas proposé aux juifs : voir les païens entrer dans l’Alliance. Que ce signe n’ait pas été « lu » par tout le peuple juif, mais seulement par une partie, les juifs devenus disciples de Jésus, donne à réfléchir et conduit à un sérieux examen de conscience de la part des « pagano-chrétiens ». 2. Une histoire qui fait pleurer Rachel

La méditation du P. J.-M. LUSTIGER rejoint ici l’histoire en ce qu’elle a de plus douloureux. La grande fracture, au-delà des polémiques initiales, est sans doute l’extinction de l’Église de Jérusalem, qui représentait justement l’Église issue de la circoncision. L’Église, en devenant quasi exclusivement pagano-chrétienne (et qui plus est religion d’État !), devenait plus vulnérable encore à la tentation de rejeter Israël et de s’accaparer par la violence ce qui lui était offert dans la gratuité de la miséricorde de Dieu. « L’Église, là où elle s’est pratiquement identifiée à un pagano-christianisme, voit celui-ci s’effondrer sous ses propres critiques et perd de vue sa propre identité chrétienne. La raison qui l’explique en partie est qu’elle s’est coupée de ses racines juives… » (p. 80). On retrouve déjà ici la pensée du futur cardinal sur l’évolution de la civilisation occidentale et de la philosophie des Lumières [1].

Le midrash de Matthieu nous propose son éclairage cru et dense sur cette histoire douloureuse : la mort des enfants de Bethléem et les pleurs de Rachel. « Si Rachel refuse le Consolateur, c’est à cause du péché des païens, sa douleur est trop grande. Elle masque jusqu’à son espérance et elle ne peut reconnaître, dans le massacre de ses fils qu’elle pleure, l’espérance du Consolateur qui cependant lui est donné » (p. 53). Méditant sur l’histoire à la suite de Matthieu, l’auteur explicite comment l’hostilité des pagano-chrétiens a empêché une grande partie d’Israël de reconnaître son Messie, et que ce refus par les seconds a exacerbé l’hostilité des premiers. Boucle mortelle de haine et d’incompréhension dont la Shoah fut, sans doute, comme le paroxysme, mais aussi peut-être la fin en réveillant la conscience chrétienne.

Le P. Jean-Marie LUSTIGER, s’aventurant dans la prière aux frontières de l’indicible, trouve des accents proprement juifs pour marquer les limites de la parole, quand le respect impose silence : « Nous ne pouvons méditer sur Israël à la place de celui-ci ; nous devons méditer sur nous-mêmes, à notre place » (p. 127). « Même pour Israël, sa propre souffrance est une énigme. Le chrétien ne peut la lui expliquer ; il ne peut que faire comme le Christ qui entre dans le silence de sa Passion. Le Christ n’explique pas sa Passion ; il l’annonce et il y entre en se taisant » (p. 75). Le chrétien est alors acculé à prier au pied de la croix, « prier à la fois pour que les péchés soient pardonnés et pour que cette Passion trouve son sens. C’est un immense secret, qui ne peut être partagé que par ceux qui acceptent de porter le même poids. Mais il ne faut pas chercher à consoler Rachel » (p. 64). Le P. LUSTIGER retrouve ici presque littéralement les mots d’une fille d’Israël disciple de Jésus, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, qui, devenue carmélite, mourut à Auschwitz en 1942 [2]. 3. Une promesse plus grande que le cœur de l’homme

Paradoxalement, c’est dans la souffrance d’Israël, persécuté au nom de son rejet de Jésus, que transparaît le visage du serviteur souffrant, indissociablement figure d’un peuple-serviteur et d’un homme-serviteur. Le peuple juif en son histoire dit à la conscience chrétienne quelque chose du Christ humilié et souffrant pour nos péchés : « Si l’on a osé parler de déicide à propos d’Israël et du Christ, il faudrait parler de déicide à propos des peuples dits chrétiens d’Occident et du sort qu’ils ont réservé au peuple juif » (p. 76). « Les pagano-chrétiens ont tué les juifs sous le prétexte que ceux-ci ont tué le Christ ; ce qui est blasphème manifeste, révélation claire que c’est l’esprit du monde et non pas l’esprit du Christ qui les animait » (p. 76). On pourrait aussi mentionner la contagion d’aveuglement qui a saisi aussi de nombreux juifs devenus chrétiens, et antisémites, au cours de l’histoire, même si l’auteur ne s’étend pas sur ce point.

La conclusion, toute paulinienne, reprend l’épître aux Romains (voir p. 157) : nous avons tous besoin d’un salut offert en toute gratuité. Tous, le fils aîné comme le fils prodigue. Le fils aîné peut accueillir le salut dans la mesure où il accepte ce cadet pécheur, gracié sans mérite de sa part ; et le cadet peut entrer dans la joie de son Père par son humilité, en reconnaissant que seul l’aîné avait encore le droit d’être appelé fils (voir p. 139). N’est-ce pas la promesse, cette joie partagée des fils enfin réunis dans la maison de leur Père prodigue ? Et l’espérance partagée d’une terre nouvelle, sans pleurs ni souffrances, n’est-elle pas déjà promesse ?

La repentance de la conscience pagano-chrétienne face aux juifs, que Jean-Marie LUSTIGER appelle de ses vœux, en 1979, a commencé à s’accomplir en acte sous l’impulsion du pape, dans la grâce jubilaire. Mais il faut encore qu’elle pénètre tout le corps de l’Église, qu’elle évangélise en profondeur les cœurs. L’Église prend conscience qu’elle ne saurait être vraiment « catholique » si elle se coupe de ses racines juives, qu’elle défigure le Christ et l’outrage quand elle dénie le droit d’exister au peuple juif. Les textes de la deuxième partie du livre ont été prononcés en 2002 devant des interlocuteurs juifs, à Tel-Aviv, Paris, Bruxelles et Washington. Les lieux ne sont pas sans importance. La reconnaissance de l’État d’Israël par le Vatican, dont le P. LUSTIGER parle en 1979, s’est produite, non sans manifester d’une manière toute nouvelle la complexité de la condition juive, l’enchevêtrement humainement inextricable des conflits, des droits et des torts. Le cardinal LUSTIGER peut en parler ouvertement à Washington devant le Congrès juif mondial, pour la simple raison qu’il peut dire « nous » : « Nous sommes un peuple différent des Nations, parce que formé par Dieu pour le servir ; et nous sommes une Nation semblable aux autres, lorsqu’elle réclame roi et pouvoir comme les autres nations du monde » (p. 211). Chacun est renvoyé à sa propre responsabilité, et non pas à celle de l’autre ! Il y a deux paraboles : la parabole des talents et celle du jugement entre brebis et boucs. Selon la parabole des talents, qui concerne Israël, ce dernier sera jugé sur la manière dont il aura géré les dons irrévocables de son Maître, apparemment absent de la scène de l’histoire ; et viendra aussi le jugement des nations païennes, quand elles découvriront Dieu au dernier jour et seront jugées sur leur relation à autrui.

Mais ces deux catégories de l’histoire du salut, juifs et païens, ont justement éclaté depuis la mort de Jésus de Nazareth : les chrétiens forment l’assemblée messianique composée de juifs et de païens, qui ont reçu la mission de suivre le Christ jusqu’au bout (voir p. 66-67).

Ce livre, qui explore une déchirure énigmatique, porte aussi une espérance immense : si la résurrection de l’Église de Jérusalem porte déjà de tels fruits, que sera-ce à la fin des temps lorsque ceux, qui furent mis à l’écart, seront admis et à nouveau greffés sur leur propre olivier ?… Ô abîme de la sagesse et de la science de Dieu ! À lui soit la gloire éternellement [3] !

[1] Voir, entre autres, Osez croire, osez vivre, Paris, Éd. du Centurion, 1985, et Le choix de Dieu, Paris, Éd. de Fallois, 1987.

[2] Edith Stein écrit en 1933 :« Je parlais avec le Sauveur et lui dis que je savais que c’était sa croix dont était maintenant chargé le peuple juif. La plupart ne le comprendraient pas ; mais ceux qui le comprendraient devaient la prendre sur eux de plein gré au nom de tous » (Vie d’une famille juive, Éd. du Cerf-Ad Solem, 2001, p. 492). Le P. Lustiger conclut de même sa méditation douloureuse : « La vocation chrétienne, au sens le plus fondamental et le plus rigoureux du mot, trouve là une signification d’une force extrême : prendre part à la Passion du Christ qui porte la souffrance de son peuple et travaille à la rédemption du monde » (p. 79).

[3] Voir Rm 11.

France : Les mourants ont besoin des soins palliatifs, pas d’une nouvelle loi

9 mars, 2007

encore un important reflexion, du site Zenith:

2007-03-08

France : Les mourants ont besoin des soins palliatifs, pas d’une nouvelle loi

ROME, Jeudi 8 mars 2007 (ZENIT.org) En France, les mourants ont besoin des soins palliatifs, pas dune nouvelle loi, affirme Marie de Hennezel, alors que des candidats à l’élection présidentielle se prononcent pour une nouvelle loi et que des médecins et infirmiers déclarent : « Nous avons aidé des patients à mourir… ». Explications dans la synthèse de presse de la fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org).

Accusées d’empoisonnement pour avoir donné la mort à une patiente atteinte d’un cancer en phase terminale, le Dr Laurence Tramois et l’infirmière Chantal Chanez seront jugées du 12 au 16 mars par les assises de la Dordogne (cf revue de presse 19/05/06). Elles risquent 30 ans de réclusion criminelle.Avant ce procès et en pleine campagne présidentielle, 2 314 médecins et infirmières affirment dans « Le Nouvel Observateur » et « Ouest France » avoir aidé des patients à mourir avec décence. « Parce que, de façon certaine, la maladie lemportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence »

, affirment les signataires du manifeste.
Jugeant
« insuffisantes » les améliorations apportées par la loi sur la fin de vie d’avril 2005 (dite loi Leonetti), les signataires relèvent que « les récentes mises en examen de médecins et dinfirmières ayant aidé leurs patients à mourir prouvent que la loi est toujours aussi répressive et injuste car en décalage avec la réalité médicale »
.

La majorité des soignants qui « assistent régulièrement leurs patients jusqu’à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle », ajoutent les signataires.Ils demandent « l’arrêt immédiat des poursuites à l’encontre des soignants mis en accusation », « une révision de la loi » et « des moyens adaptés permettant d’accompagner les patients en fin de vie »

.

Ce « manifeste des 2 000 soignants » rappelle celui des « 343 salopes ». En 1971, ces femmes y affirmaient avoir pratiqué des avortements clandestins ce qui avait ouvert la voie au débat sur l’avortement et abouti à sa dépénalisation.Fadek Beloucif, anesthésiste-réanimateur, qui a participé à un avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur « la fin de vie, l’arrêt de vie et l’euthanasie » tempère : « La loi Leonetti est l’une des 2 seules lois votées au XXème siècle à l’unanimité. Elle règle les choses de manière humaine ». Elle offre une solution à toutes les situations « pour des patients qui souffrent »

, ajoute-t-il.

Pour Marie de Hennezel, psychologue, ce n’est pas d’une nouvelle loi dont les mourants ont besoin mais d’un véritable effort en faveur des soins palliatifs, qui sont encore absents de près de la moitié des départements français. Il n’existe que 700 lits pouvant accueillir les patients en soins palliatifs alors qu’au moins 10 000 personnes devraient en bénéficier, ajoute-t-elle.Bernard Debré, professeur de médecine et auteur de « Nous t’avons tant aimé. L’euthanasie, l’impossible loi », explique dans « La Vie » que les « médecins disposent de l’arsenal thérapeutique nécessaire pour soulager la majeure partie des douleurs [...] mais qu’il est évident que nous manquons d’unités de fin de vie et d’équipes mobiles de soins palliatifs ». Il précise que « tuer doit rester une transgression pour la société »

.

L’acharnement thérapeutique est « inconvenant », explique-t-il. Au cours de sa carrière, il a appris que « pour beaucoup, la dignité est rendue par le regard de l’autre ». « Dans les unités de soins palliatifs, les patients n’ont plus envie de demander la mort », souligne-t-il. Revenant sur l’affaire Humbert, il explique que l’important est que la transgression ait été reconnue : « la transgression doit être jugée. Je ne dis pas qu’elle doit être condamnée ». Enfin, il craint que le recours à l’euthanasie soit lié aux intérêts économiques car « la maladie, la vieillesse, le handicap coûtent cher ».Par ailleurs, dans le cadre de la mort de Piergiogio Welby, cet italien qui demandait à être euthanasié (cf revue de presse du 22/12/06), les procureurs n’ont retenu aucune charge contre le médecin qui l’a aidé à mourir. Ils ont estimé que l’anesthésiste avait agi dans l’esprit des droits constitutionnels de son patient. En Italie, l’euthanasie est illé

gale.

La synthèse de presse permet de retrouver en ligne, le manifeste en faveur de la dépénalisation de l’euthanasie et la liste des signataires.

Sources : Le Nouvel Observateur (Isabelle Monnin) 8-14/03/07 – Ouest France 08/03/07 – Libération (Julie Lestrade) 08/03/07 – La Croix 08/03/07 – 20 minutes 08/03/07 – La Vie 08/03/07 – 7sur7.be

13 – LES MOINES DE GAZA (480-590)

8 mars, 2007

ils continuent mes recherches sur les Pères du désert, du site:

http://users.skynet.be/am012324/studium/bresard/Gaza13.htm

13 – LES MOINES DE GAZA (480-590)

I. LE DÉSERT DE GAZA.

L’Egypte avait été le haut lieu de la vie anachorétique et cénobitique durant presque deux siècles : début d’Antoine en 271, de Pacôme en 320 ; mort d’Arsène en 449.

Au nord de l’Egypte, au sud de la Palestine, le désert de Gaza avait été très tôt habité par des moines : Hilarion, après s’être formé auprès d’Antoine, était venu s’y établir vers 308. Plusieurs monastères se fondèrent autour de lui. Nous avons vu que dans ce sud de la Palestine, avait fleuri le système de la Laure : on se formait dans un monastère, mais on n’y restait pas forcément toute sa vie. On pouvait mener une vie plus solitaire, revenant au monastère chaque samedi ; ou même rester dans la solitude. Quelques-uns vivaient dans une réclusion totale. C’est ce mélange de cénobitisme et d’anachorétisme que nous trouvons chez ces moines de Gaza, à l’époque qui nous intéresse, au sixième siècle, au temps de saint Benoît. Ces moines se situent alors plus d’un siècle après les Pères du désert étudiés dans les apophtegmes.Donc,

à la fin du cinquième siècle, un monastère est fondé après quelques autres, dans cette région par un moine nommé Séridos qui en est le premier supérieur. Ce monastère devient célèbre, car de saints moines y vivent. Beaucoup nous sont restés inconnus, mais certains ont laissé des textes qui nous permettent des les connaître de façon très précise, et de plus nous donnent les noms de quelques autres. Ces écrits sont des lettres de direction de deux reclus : Barsanuphe et Jean, et des écrits spirituels d’un cénobite, Dorothée : instructions aux moines, lettres et aussi la vie d’un de ses disciples : Dosithée.

Ces textes nous livrent une spiritualité imprégnée de l’Evangile, humaine, riche d’expérience, remarquable de mesure et d’équilibre, où l’accent est toujours mis sur l’essentiel.

II. DES MAÎTRES SPIRITUELS.

Séridos

Bien que le fondateur du monastère, c’est pourtant un personnage humble et effacé dont nous ne savons pas grand-chose. Il avait été formé par Barsanuphe qui n’hésitait pas à le traiter à la dure. Cette formation rude et forte qui le forcera à pratiquer une soumission complète à son maître et une obéissance héroïque, le mènera à une haute perfection. Barsanuphe l’appelle son « vrai et bien-aimé fils ».

Pourtant le même Barsanuphe qui avait formé de façon si rude Séridos, rappelle celui-ci à la discrétion, lorsque devenu abba, il se montre trop exigeant pour ses moines. Barsanuphe lui cite alors ce texte du livre des Proverbes : « Trais du lait, il y aura du beurre ; mais si tu serres la main autour de la mamelle, il en sortira du sang ». Aussi Séridos sera-t-il pour ses moines un père plein de condescendance.

Barsanuphe

Sa prééminence en sagesse, doctrine et sainteté, le fait surnommer : « Le grand Vieillard ». Il était né en Egypte vers 460. Il y avait d’abord embrassé la vie anachorétique, puis était venu se fixer comme reclus auprès du monastère de l’abbé Séridos. Reclus, il garde farouchement sa cellule, chargeant Séridos d’écrire sous sa dictée les lettres qu’il adressait à des personnes de l’extérieur. C’est au point que certains moines doutaient de son existence, pensant que Séridos avait imaginé ce personnage mystérieux et invisible pour asseoir plus solidement son autorité.

Derrière les réponses un peu dures de Barsanuphe, on devine une grande humilité et une sensibilité défiante d’elle-même, ainsi qu’une grande charité. On voit aussi quelquefois, dans ses écrits, à quelle hauteur de contemplation, à quelle familiarité avec Dieu il était parvenu.A la mort de S

éridos, suivie peu après de celle de Jean, sa réclusion devient totale : il cesse toute correspondance et on n’entend plus parler de lui. Vivant, on l’avait cru inexistant ; mort, on le croit encore vivant à la fin du sixième siècle.

Jean

Comme Séridos, il est disciple de Barsanuphe et reclus comme lui ; il a des liens étroits avec le « Grand Vieillard ». Dans les lettres, Barsanuphe le désigne : « L’autre Vieillard ». On l’appelle aussi : « Le Prophète ». C’est la doublure de Barsanuphe, son « autre lui-même » (Texte 1). On a là un exemple d’amitié spirituelle assez remarquable : Dieu leur faisait mutuellement connaître leurs pensées.

Jean vit en reclus durant 18 ans dans une autre cellule que celle de Barsanuphe. Lui aussi faisait écrire par d’autres les lettres destinées à ceux qui désiraient ses conseils. Ce fut d’abord Séridos, puis Dorothée. Jean semblait jouir d’une paix inaltérable. Son humilité se manifestait par un effacement constant devant « le Grand Vieillard ». Nous avons le récit de sa mort qui nous donne un dernier exemple de sa charité (Texte 2).

Dorothée

Par ses oeuvres de lecture facile et riches de doctrine, Dorothée est le plus important de ces moines de Gaza, et le plus proche de nous autres cénobites. Il est né au début de ce cinquième siècle, à Antioche. Sa famille est chrétienne. Il reçoit une bonne éducation et une solide formation humaine dont témoignent ses oeuvres. Entré au monastère de l’abbé Séridos, il se met dès le début sous la direction de Barsanuphe et Jean.

Grâce aux lettres de ceux-ci, nous pouvons assister à la formation d’un jeune moine qui allait devenir un des plus grands noms de la spiritualité. C’est un cas unique dans la tradition monastique ! Nous voyons dans cette correspondance que, dès son entrée au monastère, épreuves et tentations ne furent pas épargnées au novice. Sa grande force dans ces luttes sera l’ouverture de coeur à ses anciens (Texte 3). Le fruit de cette humble ouverture est alors une telle paix que Dorothée s’inquiète de ne plus avoir d’épreuves (Texte 4).De bonne heure Doroth

ée eut des charges importantes dans son monastère. On lui confie d’abord l’accueil, puis le voilà aussi infirmier, et directeur spirituel, notamment de Dosithée. Pour quelqu’un qui aspirait à une vie de silence, humble et cachée, ces occupations multiples furent une épreuve : comment garder la pensée de Dieu alors qu’on est tiraillé de tous côtés ? Survient alors la tentation de la vie érémitique. Là encore, l’ouverture de coeur en triomphe : Dorothée s’ouvre à ses deux Vieillards de ce tiraillement entre l’action et la contemplation. L’abbé Jean lui répond : (Texte 5). La vie purement contemplative est bonne, mais seulement pour les parfaits. Ce qui convient à Dorothée, c’est une vie mixte qui unit la contemplation à la pratique de la charité fraternelle. Dans les conseils de Barsanuphe on retrouve la même doctrine de Basile sur la prière continuelle : le souvenir de Dieu n’est pas loin de la garde du commandement (Texte 6).

Séridos, meurt vers 560. Jean le suit à trois semaines plus tard. Barsanuphe garde une réclusion complète. A cette époque, Dorothée quitte le monastère. Pour quelle raison ? Est-ce parce qu’il aurait été soumis aux critiques des autres moines, champions d’une ascèse exigeante, en face de la voie tempérée de Dorothée ? Aurait-il voulu alors mener la vie anachorétique ? On ne le sait. Toujours est-il que même si cette dernière raison fut déterminante, Dorothée ne put rester longtemps dans la solitude. Sa réputation se répand, des disciples viennent près de lui et le voilà obligé de fonder un monastère cénobitique. De ce monast

ère, de la vie que Dorothée y mena, de sa mort, nous ne savons rien. Mais nous avons le précieux trésor que sont les instructions qu’il donna alors à ses moines et qui nous révèlent son expérience.

Dosithée

Barsanuphe, Jean, Séridos, Dorothée, réalisent chacun à leur manière l’idéal du père spirituel. La petite vie simple et pure de Dosithée, telle que nous l’a tracée Dorothée, nous montre par contre l’idéal du disciple, le modèle du novice.

Dosithée est page d’un général, et sans doute se destinait-il au métier des armes. Mais il se convertit au cours d’un voyage en Palestine, à la suite d’une vision de la Vierge, à Gethsémani. Il entre alors au monastère de l’abbé Séridos qui le confie à Dorothée. Le novice n’avait pas une santé très solide. Dorothée, avec sagesse, fait consister son ascèse à retrancher sa volonté propre dans les moindres occasions, à se détacher des objets mis à son usage (Texte 7), à pratiquer en toutes circonstances l’humilité (Texte 8), l’obéissance, la douceur, la patience, la charité fraternelle (Texte 9). Cette constante fidélité aux petites choses qui annonce déjà la doctrine de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, était unie dans la formation donnée par Dorothée à son novice, à un souci de garder le souvenir de Dieu (Texte 10). Par cette sage et solide formation, Dosithée parvint bientôt à la sainteté. Il quitta ce monde après avoir reçu de Barsanuphe l’assurance de la rémission totale de ses péchés et un congé qui faisait de sa mort un acte d’obéissance : « Pars en paix ! Prends place auprès du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint et sois notre ambassadeur auprès de Dieu ».La vie de Dosith

ée se termine par ces mots : « Dosithée est devenu un ami de Dieu, et en peu de temps ! Oui ! Dieu l’a jugé digne d’un si grand honneur parce qu’il a su obéir et dire non à sa volonté propre ».

III. LA DOCTRINE.

1) Les lettres des reclus

Par les lettres de Jean et Barsanuphe, nous voyons par écrit ce que devait être la formation du jeune par l’ancien en climat anachorétique, le jeune étant Dorothée. Cet échange épistolaire entre maître et disciple nous montre comment fonctionnait cette relation maître-disciple dont nous avons parlé : maître animé par l’Esprit ; disciple, homme de désir. Nous y lisons au concret les combats livrés par le disciple, ses tentations, et la victoire due à l’humble ouverture de coeur. Nous voyons aussi comment les maîtres savaient s’adapter au disciple et le faire croître, nous constatons l’équilibre de la formation donnée et le sens exact des valeurs.

Très proche de l’enseignement des apophtegmes, on peut dire ici aussi que ces lettres ne disent pas tout, bien qu’elles fassent peut-être plus de confidences personnelles que les paroles des vieillards, plus impersonnelles. Comme les apophtegmes, elles sont écrites en fonction des besoins d’un homme déjà avancé dans les voies spirituelles, donc adaptées aux conditions de vie et à l’état d’âme du destinataire. Leur enseignement n’est pas à systématiser ou à appliquer sans discernement. Ainsi Jean dit à Dorothée : « Tu dois obéir en tout à l’abbé, même si la chose te semble impliquer un péché » (288). C’était aussi l’enseignement des apophtegmes. Ce n’était pas celui de Basile.

La doctrine de Barsanuphe est bien la m

ême que celle de Jean « qui ne fait qu’un » avec lui. Pour tous deux, l’essence de la perfection consiste dans la charité. C’est le toit de la maison spirituelle que nous édifions (208). Mais cette charité doit passer dans les actes : aimer, c’est observer les commandements, renoncer à sa propre volonté et faire la volonté de Dieu (Texte 11). Le retranchement de sa volonté propre est bien le point central de cette spiritualité. Tout découle de là : l’humilité fait qu’on ne se compte pour rien ; ce qui facilite l’obéissance. Ce qui importe avant tout c’est l’humilité et l’obéissance (Texte 12).

Quand on a retranché sa volonté propre, on est tout disponible à la volonté de Dieu (Texte 13). C’est l’amérimna qui maintient l’âme unie à Dieu en toutes circonstances (Texte 14). D’où l’insistance dans ces lettres sur la soumission, sur la direction spirituelle pour conserver cette liberté intérieure donnée par l’amérimna (Texte 15).
Les P

ères de Gaza nous permettent donc de mieux comprendre ce qu’était l’amérimna que recommandaient les apophtegmes et qu’ils présentaient comme une étape vers l’hésychia et la prière continuelle. C’est cet abandon à la divine Providence, à base d’humilité, que de nos jours ont recommandé le Père De Caussade ou dom Léhodey. C’est cet abandon d’enfant qui est le coeur de la doctrine de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Pour les moines de Gaza, cet abandon qu’est l’amérimna est la préparation à l’hésychia. Au degré suprême de cette amérimna, c’est l’hésychia, le repos de la contemplation (Texte 16). On voit par ce texte que Barsanuphe avait l’expérience de la haute contemplation. Pour lui l’hésychia n’est guère possible hors de la réclusion. Pourtant il reconnaît que la contemplation est possible au milieu du tracas de la vie au monastère (Texte 17).

La doctrine sur la prière qui est abondante dans les lettres des deux reclus, comporte les mêmes notes. Si comme Cassien, ils mettent la charité au sommet de leur édifice de la perfection, c’est parce qu’ils savent qu’elle coïncide avec les formes les plus élevées de contemplation et d’oraison. Mais ils nous montrent le chemin pour y parvenir.A la base, il y a d’abord l’humilit

é et la purification des passions (Texte 18). Ce texte montre qu’on ne doit jamais abandonner complètement le Pater, comme aussi, disent-ils ailleurs, le Kyrie eleison et la psalmodie. Le Pater convient aux parfaits comme aux pécheurs. Tous les deux proposent à leurs correspondants la prière continuelle sous la forme du « souvenir de Dieu », une union à Dieu maintenue habituellement au milieu des occupations extérieures, des lectures, des conversations. Dorothée, surchargé de travail, demande à Barsanuphe s’il est possible de garder le souvenir de Dieu. Voici la réponse (Texte 19). A un laïc, Barsanuphe explique comment s’y exercer progressivement (Texte 20). Il recommande pour cela l’exercice de la prière de Jésus : « Ne cessons pas d’invoquer le Nom de Dieu pour obtenir du secours, car c’est cela la prière » (425). C’est du reste un remède qui anéantit les passions et nous garde dans l’humilité (424).

2) Les Instructions de Dorothée

Dans les oeuvres du disciple de ces deux vieillards, Doroth
ée, on retrouve évidemment le même enseignement, mais plus systématique. Dorothée le présente à ses moines sous une forme plus générale et plus méthodique ; il reste pourtant concret et pratique. Ses

Instructions sont probablement des notes fragmentaires prises par un disciple au cours des causeries de Dorothée à ses moines, dans un style simple, sans apprêts. C’est en cela un cas très rare dans les écrits monastiques anciens : il n’y a pas de fiction littéraire comme chez Cassien. On retrouve la simplicité des apophtegmes. Mais sous cette simplicité, il y a des trésors de finesse et de profondeur psychologique : Dorothée est un bon connaisseur du coeur humain, de ses ressources, mais aussi de sa fragilité devant les pièges du démon. Il connaît bien aussi l’Ecriture et les Pères et sait les employer pour faire passer, avec art, douceur et sourire, un message émaillé d’anecdotes et de souvenirs.

L’Instruction 1 est assez remarquable à plus d’un titre. Elle donne un aperçu général de la doctrine spirituelle de Dorothée. Pour expliquer la n

écessité de l’ascèse chrétienne et monastique, Dorothée qui s’inspire ici des plus grands parmi les Pères grecs : Irénée, Origène, Athanase et les Cappadociens, la situe au coeur du mystère du salut. Il remonte d’abord jusqu’aux origines de l’humanité, à la chute et à ses conséquences (Texte 21). Puis il montre l’oeuvre libératrice du Christ (Texte 22). Cette libération va plus profond que la Loi. Celle-ci nous disait ce qu’il ne fallait pas faire. Les commandements du Christ s’attaquent à la cause du mal : (Texte 23). Ce n’est donc pas tant le mal qu’il nous est demandé d’éviter, mais les passions qui sont la cause du mal.

Dorothée discerne que le Christ va encore plus loin en nous montrant que la cause de tout mal est l’orgueil et en nous recommandant l’exemple de son humilité (Texte 24). Dorothée va donc conclure : « Que celui qui veut trouver le vrai repos pour son âme apprenne donc l’humilité ! Puisse-t-il voir qu’en elle se trouvent toute la joie, toute la gloire et tout le repos, alors que dans l’orgueil, c’est tout le contraire ». Telle est la voie de tout chrétien. Tout chrétien est tenu d’observer ces commandements.A partir de cela, Doroth

ée développe ce qui est propre aux moines (Texte 25). Donc d’abord le thème du renoncement, vu comme chez Cassien, comme un renoncement au monde (13-14). Comme l’avaient fait Évagre et Cassien, Dorothée montre d’abord la signification de l’habit du moine. Puis il en vient au renoncement proprement dit. De ses maîtres, Barsanuphe et Jean, Dorothée a surtout retenu la grande leçon du retranchement de la volonté propre (Texte 26). Ce détachement, dû au renoncement à la volonté propre, c’est l’amérimna dont parlaient Barsanuphe et Jean.

Toute la doctrine de Dorothée se trouve résumée dans cette première instruction.
D’autres notes compl

émentaires se rencontrent ailleurs : la nécessité d’un guide pour discerner nos passions et pour être sûr de ne pas faire notre volonté propre (Texte 27). Evidemment aussi la charité envers le prochain. Dorothée emploie une comparaison pour montrer le lien qui existe entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain (Texte 28). On retrouve ici la même doctrine qu’Athanase a voulu faire passer dans la « Vie d’Antoine ».

Dorothée souligne aussi la nécessité de la vigilance, la nepsis des apophtegmes, en reprenant une image que nous avons vue chez Cassien et Basile (Texte 29).Sur la pri

ère, les Instructions de Dorothée sont moins riches que les Lettres des deux reclus. Dorothée en montre la nécessité : l’homme doit prier pour demander à Dieu de l’aider. Il la présente comme un remède à la rancune. Barsanuphe lui avait appris à rendre grâce en toutes circonstances. On retrouve la même leçon en bien des passages des Instructions.

IV. CONCLUSION : LE REPOS

Le terme de l’hésychia, pour les deux reclus, était le repos de la contemplation. Attiré lui aussi, au début de sa vie religieuse par l’hésychia, les deux maîtres spirituels de Dorothée lui ont fait comprendre qu’il n’était pas fait pour la vie érémitique. Après avoir été tiraillé entre son désir de solitude et les embarras de la vie active, Dorothée avait appris à trouver le repos au sein d’une vie d’obéissance et de dévouement au prochain. Son idéal est un idéal cénobitique. Il ne parle dans ses oeuvres que deux fois d’hésychia, et encore est-ce en passant. C’est à ce repos que Dorothée ne cesse d’inviter ses moines, en leur indiquant le chemin qui y conduit. Il s’agit d’un repos, non du corps, mais de l’âme. Ce n’est pas le repos apparent de l’âme privée de tentations et qui s’en croit délivrée (Texte 30). C’est au contraire un repos lié à l’amérimna, à l’abandon, dont nous avons parlé plus haut, repos qui est le fruit du combat spirituel (Texte 31).

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La doctrine cénobitique de Dorothée ne concerne pourtant pas que les cénobites. De son vivant, Dorothée s’adressait à des laïcs de Gaza qui venait le visiter et il les instruisait. Il fut lu par tous les milieux, car sa doctrine est avant tout une doctrine chrétienne, et de plus son caractère « social » le fait estimer des chrétiens soucieux de mener au milieu du monde une vie de perfection. C’est pourquoi les oeuvres de Doroth

ée ont été abondamment traduites et lues par les moines comme par les laïcs. Lues aussi bien des moines du Sinaï que de ceux du Mont-Athos ou de Russie. En Occident, des traductions partielles se trouvaient au Mont-Cassin. Par la suite, ses oeuvres furent traduites par plusieurs bénédictins. Mabillon en recommande la lecture. Hors des cloîtres, Dominicains et Jésuites en font autant. Son enseignement est toujours actuel, car il repose sur la doctrine de l’Evangile expliquée de façon imagée, avec des exemples pris à la vie courante.

BIBLIOGRAPHIE

* Maitres spirituels au désert de Gaza – Solesmes, 1967.

* Barsanuphe et Jean. Correspondance – Solesmes, 1972.* Doroth

ée de Gaza, Vie de Dosithée – Témoins du Christ, N°2.* Dorothée de Gaza, Oeuvres spirituelles – SC 92, 1961

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