Archive pour la catégorie 'Psaumes'

BIBLE SERVICE

10 octobre, 2011

du site:

 http://www.bible-service.net/site/548.html

BIBLE SERVICE

Ps 104 (103) : le soleil des eaux

Ps 104,1 Bénis le Seigneur, ô mon âme !
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Vêtu de splendeur et d’éclat,
2 drapé de lumière comme d’un manteau,
tu déploies les cieux comme une tenture.

3 Il étage ses demeures au-dessus des eaux
des nuages il fait son char ;
il marche sur les ailes du vent.
4 Des vents il fait ses messagers,
et des flammes, ses ministres.

5 Il a fondé la terre sur ses bases,
elle est à tout jamais inébranlable.
6 Tu l’as couverte de l’Océan comme d’un habit ;
les eaux restaient sur les montagnes.
7 A ta menace elles ont fui,
affolées par tes coups de tonnerre :
8 escaladant les montagnes, descendant les vallées
vers le lieu que tu leur avais fixé.
9 Tu leur as imposé une limite à ne pas franchir ;
elles ne reviendront plus couvrir la terre.

10 Il envoie l’eau des sources dans les ravins :
elle s’en va entre les montagnes ;
11 elle abreuve toutes les bêtes des champs,
les ânes sauvages étanchent leur soif.
12 Près d’elle s’abritent les oiseaux du ciel
qui chantent dans le feuillage.

13 Depuis ses demeures il abreuve les montagnes,
la terre se rassasie du fruit de ton travail :
14 tu fais pousser l’herbe pour le bétail,
les plantes que cultive l’homme,
tirant son pain de la terre.
15 Le vin réjouit le coeur des humains
en faisant briller les visages plus que l’huile.
Le pain réconforte le coeur des humains.

16 Les arbres du Seigneur se rassasient,
et les cèdres du Liban qu’il a plantés.
17 C’est là que nichent les oiseaux,
la cigogne a son logis dans les cyprès.
18 Les hautes montagnes sont pour les bouquetins,
les rochers sont le refuge des damans.

19 Il a fait la lune pour fixer les fêtes,
et le soleil qui sait l’heure de son coucher.
20 Tu poses les ténèbres, et c’est la nuit
où remuent toutes les bêtes des bois.
21 Les lions rugissent après leur proie
et réclament à Dieu leur nourriture.
22 Au lever du soleil ils se retirent,
se couchent dans leurs tanières,
23 et l’homme s’en va à son travail,
à ses cultures jusqu’au soir.

24 Que tes oeuvres sont nombreuses, Seigneur !
Tu les a toutes faites avec sagesse,
la terre est remplie de tes créatures.

25 Voici la mer, grande et vaste de tous côtés,
où remuent, innombrables, des animaux petits et grands.
26 Là, vont et viennent les bateaux,
et le Léviatan que tu as formé pour jouer avec lui.

27 Tous comptent sur toi
pour leur donner en temps voulu la nourriture :
28 tu donnes, ils ramassent ;
tu ouvres ta main, ils se rassasient.
29 Tu caches ta face, ils sont épouvantés ;
tu leur reprends le souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés,
et tu renouvelles la surface du sol.

31 Que la gloire du Seigneur dure toujours,
que le Seigneur se réjouisse de ses œuvres !
32 Il regarde la terre, et elle tremble ;
il touche les montagnes, et elles fument.

33 Toute ma vie je chanterai le Seigneur,
le reste de mes jours je jouerai pour mon Dieu.
34 Que mon poème lui soit agréable !
Et que le Seigneur fasse ma joie !
35 Que les pécheurs disparaissent de la terre,
et que les infidèles n’existent plus !
Bénis le Seigneur, ô mon âme !

Alléluia !

Le psaume 126. Merveilles de Dieu et joie des courageux

9 septembre, 2011

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page-1502.php

LE PSALMISTE

Décembre 2006 

Le psaume 126. Merveilles de Dieu et joie des courageux

Christian Eeckhout

Voici un psaume mixte où la libération de l’homme est chantée à la fois comme une action de grâce et une prière de supplication. Pour que Dieu mène à bonne fin l’œuvre qu’Il a commencée. Dans la création, dans l’Exode et le retour d’exil, comme dans la résurrection.
1 Cantique des montées.
Quand le Seigneur ramena les captifs de Sion
nous étions comme en rêve ;
2 alors notre bouche s’emplit de rire
et nos lèvres de chansons.

Alors on disait chez les païens : Merveilles
que fit pour eux le Seigneur !
3 Merveilles que fit pour nous le Seigneur,
nous étions dans la joie.

4 Ramène, Seigneur, nos captifs
comme torrents au Négeb !
5 Ceux qui sèment dans les larmes
moissonnent en chantant.

6 On s’en va, on s’en va en pleurant,
on porte la semence ;
on s’en vient, on s’en vient en chantant,
on rapporte ses gerbes.
(D’après la traduction de la Bible de Jérusalem ©)
Pour bien situer le contexte, commençons par décoder trois termes particuliers. Tout d’abord le titre « Cantique des montées ». Il introduit le 7e des quinze chants (Ps 120-134) qui accompagnent les pèlerins montant vers Jérusalem. Il a une destination processionnelle : c’est un chant qui soutient la marche et la démarche des pèlerins, leur sentiment de joie et de libération de tout ce qu’ils ont quitté lorsqu’ils parviennent au terme du chemin. Il s’agit de montées, au sens topographique, car en venant de Jéricho à l’est, du Négeb au sud, ou de Jaffa à l’ouest, l’accès à la ville sainte se faisait en montant jusqu’à une altitude d’au moins 700 m. Mais il s’agit bien plus de montées spirituelles dans le désir de revenir à Jérusalem, dans le sens de retrouver Dieu. Les cantique des montées sont caractérisées par un rythme graduel : les mêmes mots ou expressions sont repris en écho d’un vers à l’autre. Comme ici aux versets 2 et 3 : « Merveilles que fit le Seigneur » ou 5 et 6 : « en chantant ».
L’appellation « Sion » a d’abord désigné la forteresse cananéenne prise par David. Ensuite ce fut le nom de sa cité, puis le nom pour désigner le mont du Temple de Jérusalem.
Le « Négeb », c’est le nom hébreu du territoire situé au sud de la Judée. Il signifie le sol sec, la zone aride qui ne connaît que quelques cm de précipitations par an. Mais lorsqu’il pleut, alors oui, l’eau coule à flots des parties élevées du terrain vers les vallées. Chacun des oueds collecte les eaux de ruissellement et cela forme des rivières temporaires, qui peuvent grossir en réels torrents en un rien de temps.
Alors qu’en été, ces des lits de rivières ne reçoivent d’eau qu’une très légère rosée matinale.
Pour qui lit ce psaume pour la première fois, le constat après lecture est celui d’un sentiment de réconfort et d’une thématique d’allégresse pour une action qui s’est accomplie ou qui va l’être. Le temps est fortement pris en compte : celui du retour, du rire, des chants de joie, des actions de Dieu et de la vie agricole. La plupart des verbes sont au yiqtôl, qui exprime l’action durative. Le psaume a d’ailleurs été choisi comme une prière pour la venue des temps messianiques.
L’accent principal est placé sur le rappel d’un retour d’exil de la population de Jérusalem. Exil qui a eu lieu à Babylone entre 586 et 538 avant Jésus-Christ. C’est une merveille, au même titre que la création, l’exode d’Egypte ou le don de la Loi. Ces « merveilles » sont les œuvres que seul Dieu peut accomplir. Elles manifestent la présence réelle de Dieu au milieu de son peuple. « Ces œuvres sont pour Israël chargées de sens, tandis que pour d’autres, ces mêmes œuvres n’ont aucune signification¹ ». L’usage du pluriel (« nous ») montre qu’il s’agit d’une prière collective.
Un Psaume en deux parties
La thématique d’allégresse donne la cohérence à ce psaume. Il est structuré en deux parties : soit on considère la construction en diptyque avec deux strophes successives (les versets 1-3 et 4-6). La première, avec ses formes verbales au passé, dit le souvenir de la libération des captifs ; la seconde fait la supplication de salut à venir.
Soit on prend un diptyque en chiasme (versets 1-2 et 4-3) auquel on adjoint un diptyque ordinaire (versets 5 et 6) qui met en parallèle les semences et les larmes (5a, 6ab) et puis la récolte avec les chants (5b, 6cd). Mais rien n’oblige à préférer une de ces deux structures lorsqu’il y a le rythme graduel qui rattache les versets les uns aux autres par des mots crochets, dans une progression logique.
Le v. 1 En effet le psalmiste se réfère d’abord au passé qui lui est donné comme un rêve, comme s’il était en extase. La joie fut d’autant plus grande qu’il était imprévu. Par trois fois le psalmiste redira ce chant ou cri joyeux (« rinnâ » aux vv. 2b, 5b et 6c).
Le v. 2 Le rire apparaît en conséquence de l’action surprenante de Dieu. Le récit du dialogue entre Bildad et Job place cette même expression comme une promesse de bonheur (Jb 8,21).
Les païens (de Babylone) s’exclament à propos de l’action de Dieu : ces grandes choses qu’Il a faites pour les croyants de l’Israël ancien.
Le v. 3 Et ceux-ci acclament Dieu tout autant, la joie, les réjouissances en plus. On peut deviner une alternance de deux chœurs qui chantent la délivrance au terme du long exil.
Le v. 4 est une prière de demande, suppliant Dieu que le retour des captifs se fasse par l’action divine « comme torrents au Négeb » c’est-à-dire rapidement, globalement, avec une puissance qui dépasse l’homme. Rien ne pourrait arrêter l’eau qui déferle sur le sol sec et aride.
Le v. 5 exprime l’ensemble du travail de l’homme et de la terre : semer et moissonner, mais aussi ses états profonds : larmes de tristesse et cris ou chants de joie. Ce sont là des termes concrets pour signifier l’expérience humaine et divine : l’épreuve et la libération.
Le v. 6 reprend graduellement les mêmes images associant pleurs et portement de semence suivies du chant de joie et portement des gerbes. Mais il agit comme une reprise du thème de base en évoquant par deux fois le départ : « on s’en va », puis par deux fois également le retour « on s’en vient ». L’abondance des gerbes en finale du psaume montre la performance accomplie par rapport aux petites semences du début, reflétant l’expérience de l’exil et du retour, ce qui préfigura pour les rapatriés de Babylone, l’avènement de l’ère messianique.
Dans ce psaume de libération, la finale marque très concrètement la confiance en la production du fruit de la nature ensemencée. Ce qui peut correspondre à un oracle qui annonce l’intervention divine de salut pour l’humanité captive.
Prier le psaume 126
Le psalmiste est témoin que Dieu intervient. Il proclame son admiration. Il veut que son acclamation soit partagée au plus grand nombre et en tout temps. « C’est pourquoi la louange est profondément communautaire et missionnaire². »
Le priant d’aujourd’hui peut doublement s’approprier le psaume 126. Qu’il soit devant une nouvelle situation de détresse ou d’épreuve, le Ps 126 est un stimulant et une belle espérance.
Qu’il soit arrivé au bout de sa période d’effort ou de témoignage, le Ps 126 offre une expression de louange et d’action de grâce. Tout comme Bildad de Shuah l’exprime pour Job : « Ta condition ancienne te paraîtra comme rien, si grand sera ton avenir » (Jb 8,7). La finale du récit décrit de fait combien Dieu restaura Job dans ses biens (cf. Jb 42,10.12).
La fragilité de la condition humaine est mise ici en rapport avec la puissance de Dieu. La semence de la foi et l’eau des larmes se dirigent vers un fruit de grâce et un état de joie.
Une application chrétienne
A l’approche de Noël, nous pourrions prier ce psaume dans un sentiment d’attente patiente, sinon fébrile, d’une nouvelle action de Dieu, d’autant que la liturgie de la Parole le propose pour le 2e Dimanche de l’Avent de cette année (C). Tous, nous avons besoin d’être libérés, rapatriés ou sauvés.
Puisque Jésus-Christ a changé notre sort, rétablissant notre destinée pour la Vie divine, ne doutons pas que la semence de charité, de sainteté, vécue parfois dans les larmes sur la terre, sera moissonnée, avec le Christ, dans la joie du Ciel. Rappelons-nous l’exhortation de Jésus à ses disciples : « Vous pleurerez …et le monde se réjouira, …mais votre tristesse se changera en joie » (Jn 16,20). Pour lui aussi la passion a précédé la résurrection !
Saint Paul ira dans le même sens que le psalmiste : « Ce que l’on sème, on le récolte … Ne nous lassons pas de faire le bien ; si nous ne perdons pas courage, nous moissonnerons en temps voulu » (Ga 6, 7b.9).
Avec la Vierge Marie, finalement, nous pouvons reprendre le cantique du « Magnificat » où elle dit : « …le Tout-Puissant a fait pour moi des merveilles. Saint est son nom ; et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,49-50). Gardons alors l’élan enthousiaste du psalmiste, car à Noël comme à Pâques, Dieu ne cesse de se surpasser pour nous libérer, pour que notre joie soit complète (cf. Jn 15,11; 17,13).
Seigneur, tu as fait merveille pour ton Christ quand tu l’as ramené de la mort à la Vie.
Renouvelle cette merveille pour ton Eglise, en lui permettant de témoigner de ta présence.
Qu’après avoir été à labour avec Jésus, elle connaisse avec lui la joie de la moisson.
fr. Christian Eeckhout, o.p.

Notes :
¹ Gilles-Dominique Mailhiot, Les Psaumes. Prier Dieu avec les paroles de Dieu, Médiaspaul, Montréal 2003, p. 92
² Idem, p. 95

Psaumes 37/7: « Garde le silence devant l’Eternel »

23 août, 2011

du site:

http://www.blog-catholique.com/post/Psaumes-37/7:-%22Garde-le-silence-devant-l%E2%80%99Eternel%22

Psaumes 37/7: « Garde le silence devant l’Eternel »

Sciences bibliques –

1- Introduction: Avez-vous déjà participé à une minute de silence? Une minute de silence est un moment de recueillement en hommage aux victimes d’une catastrophe ou pour se remémorer le souvenir d’une personne qui a disparu. La minute de silence tient son nom de sa durée qui est traditionnellement d’une minute. Mais vous êtes-vous posé la question de savoir pourquoi on a mis en place la minute de silence? La minute de silence a été créée par la volonté de remplacer la prière qui pouvait être traditionnelle dans des sociétés religieuses par une formule plus « anodine » et « compatible » avec des religions diverses aussi bien qu’avec l’athéisme.
N’est-il pas intéressant de découvrir que la minute de silence est en réalité un palliatif à la prière!
En face de telles choses, je ne peux m’empêcher de penser au sens premier de la minute de silence: La prière! En effet, si la prière est à la base de la création de la « minute de silence », ne serait-il pas souhaitable de revenir à cette pratique qui s’est quelque peu dénaturée avec le temps?! Je ne préconise pas ici une nouvelle pratique spirituelle consistant à établir une minute de prière pour entretenir la mémoire de certains évènements ou pour intercéder pour des personnes qui nous ont quitté et pour lesquelles nous ne pouvons assurément plus rien! Par contre je pense qu’il serait souhaitable d’établir dans nos vies « une minute de silence » pour les vivants!
2- Une minute de silence pour les vivants! Pourquoi ne pas remettre alors en pratique la « minute de silence » ou plus précisément « la minute de prière » au cœur de votre vie? Consacrer une minute de prière par jour pour une personne vivante et ainsi demander à Dieu sa protection et son soutien pour elle, est bien plus sensé que de proclamer un temps de commémoration silencieuse après coup.
1 Timothée 2 / 1 à 4: « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. »
3- La prière un exercice difficile! Il est étonnant pourtant de remarquer combien nous nous décourageons vite dans la pratique de la prière. Nous finissons même parfois par oublier de prier! N’avez-vous pas constaté que très souvent la 1ère chose qu’on supprime dans notre emploi du temps, quand nous manquons de temps, c’est la prière!
La prière doit pourtant être une nécessité puisque sa pratique doit nous permettre de mener une vie paisible et tranquille.
Malheureusement on constate souvent que lorsqu’on veut s’y consacrer, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose pour nous déranger. Un rendez-vous inopportun, un coup de téléphone, quelqu’un qui frappe à notre porte…Sans compter les bruits du dehors et les soucis qui viennent perturber nos idées.
C’est pourtant si simple de prier!
Il suffit d’ouvrir la bouche et de répandre son cœur devant le Seigneur. Alors pourquoi est-ce si difficile de pouvoir passer un temps de prière de qualité avec notre Seigneur? Pourquoi entrer en contact avec lui et y demeurer est-il si compliqué alors que de passer une heure au téléphone ou « Tchater sur le net » avec quelqu’un est si facile et passe si vite? Matthieu 26 / 40-41: « Et il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis, et il dit à Pierre: Vous n’avez donc pu veiller une heure avec moi! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. »
Dieu nous a pourtant créés pour être en contact avec lui. Il a mis en nous un esprit capable de recevoir et de transmettre, de communiquer avec lui.
Alors pourquoi est-ce si dur de prier? Simplement parce que la prière est un véritable combat dont les enjeux sont importants puisqu’elle met Dieu en action. Jacques 5/16: « La prière agissante du juste a une grande efficacité. »
Matthieu 21/22: « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez. »
Dieu est non seulement notre confident mais il est aussi celui qui peut faire changer les choses. La prière dans votre vie a bien plus d’influence que vous ne pouvez le supposer et même l’espérer. C’est pourquoi il est de l’intérêt de l’ennemi de votre âme de placer toutes sortes d’entraves à votre pratique de la prière.
4- La prière qui nous ouvre le sanctuaire. Nous devrions toujours prier jusqu’à ce que nous parvenions à entrer dans la présence de Dieu pour nous permettre d’entendre sa voix. La prière doit être un dialogue, une véritable discussion, un véritable échange entre nous et Dieu. En priant nous allons au contact de Dieu et le contact de Dieu ne peut nous laisser inchangé! Tous ceux et celles qui connaissent la proximité de Dieu dans la prière savent quels bénéfices ils en ont retiré et quels changements cela a produit dans leur vie.
Jésus lui-même nous a montré l’exemple de la prière. Au travers de sa vie, il a ouvert et parcouru la voie qui mène jusqu’au sanctuaire de Dieu. Ainsi il allait souvent dans un endroit désert pour parler à son père nous montrant ainsi la nécessité de se retrouver à l’écart de toutes les préoccupations de la vie qui sont bien souvent des entraves dans la pratique de la prière.
C’est difficile de trouver un endroit désert, un lieu où règne le calme, de pouvoir fermer nos oreilles aux bruits de ce monde, aux soucis qui nous entourent, à la vie trépidante et stressante qui nous oppresse. Mais il est important et essentiel de trouver un moment et un lieu au cours de notre journée pour faire cette « minute de prière » pour chaque personne ou besoin pour lesquels nous souhaitons l’intervention de Dieu.
5- Conclusion: Savez-vous qu’en réalité le « forfait prière » avec Dieu est un forfait illimité?! Quel privilège nous avons de pouvoir communiquer sans avoir le souci d’être coupé par défaut d’unité. Le prix de ce forfait a été payé à la croix du calvaire et votre abonnement est à vie. Sans compter que votre interlocuteur est toujours disponible peu importe le moment et le lieu où vous êtes, en tout endroit, il captera votre message et interviendra en votre faveur. Alors pourquoi se passer d’un tel privilège? N’économisez pas votre forfait!
Chaque jour pensez à appeler le Seigneur pour lui faire part de tous vos besoins, de toutes vos craintes, de tous vos soucis mais aussi de toutes vos joies et de votre amour pour lui.

PSAUME 22 ( Commentaire juifs – première partie)

19 juillet, 2011

du site:

http://www.hebrascriptur.com/Ps/F22.html

PSAUME 22

( Commentaire juifs – première partie)

Pour l’excellence vers la biche de l’aurore. Psaume de David.
Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ils sont loin de mon salut les mots de mon rugissement.
Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas !
et la nuit, pas de repos pour moi !
Pourtant, toi qui es saint,
toi qui habites les louanges d’Israël,
en toi nos pères se confiaient.
Ils se confiaient et tu les libérais,
ils criaient vers toi et ils étaient délivrés :
ils se confiaient en toi et n’étaient pas confondus.
Mais moi…? une cochenille ! même plus un homme !
une réprobation de l’espèce humaine, un rebut de peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi ;
les langues se délient, ils hochent la tête :
« Il faut s’en remettre à . Il va le sortir de là,
il va le délivrer puisqu’il se complaît en lui. »
Oui, c’est toi qui m’as tiré du ventre maternel,
me confiant aux seins de ma mère ;
c’est à toi que j’ai été remis sitôt sorti des entrailles :
dès le ventre de ma mère, mon dieu c’est toi.
Ne t’éloigne pas de moi car l’angoisse est proche
et personne ne m’aide.
Des taureaux nombreux sont autour de moi,
de puissantes bêtes de Bashan m’ont encerclé ;
leurs bouches béent vers moi,
lion qui déchire et qui rugit.
Je me répands comme les eaux, tous mes os se disloquent, mon cœur est comme cire,
il fond dans mon corps ;
ma vigueur est desséchée comme un tesson, et ma langue collée à mes mâchoires.
Tu me réduis en poussière de la mort.
Car des chiens m’ont cerné, meute de malfaisants ! Ils m’ont ligoté,
comme le Lion, mes mains et mes pieds :
je vais compter tous mes os !
Eux me regardent ; ils se repaissent à ma vue.
Ils répartissent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi  ne t’éloigne pas,
toi ma force première à m’aider, hâte-toi !
Arrache mon âme à la désolation,
et mon unique à la mainmise du chien ;
préserve-moi de la gueule du lion !
Et, du front de la licorne, tu m’as répondu.
Je veux raconter ton nom pour mes frères,
en pleine assemblée je vais te louer !
Vous qui craignez  célébrez-le ; toute la descendance de Jacob glorifiez-le !
restez avec lui, toute la descendance d’Israël.
Car il ne méprise ni ne déteste l’humilité du pauvre, il ne nous cache pas son visage,
et quand on l’appelle, il écoute.
C’est de toi que vient ma prière en pleine assemblée.
J’accomplirai mes vœux en présence de ceux qui le craignent.
Les humbles mangeront et seront rassasiés ; ils loueront  ceux qui le cherchent.
Votre cœur vivra éternellement.
Toutes les extrémités de la terre feront mémoire de lui et se convertiront à .
Toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face.
Car le règne est à  ;
c’est lui qui gouverne les peuples.
Ils mangeront et se prosterneront, tous les opulents du monde ;
devant sa face s’inclineront tous ceux qui adorent jusqu’à terre,
et sans que son souffle ait rien suscité.
Une descendance le servira ;
on parlera du Seigneur de cette génération.
Ils viendront, ils manifesteront sa justice
envers le peuple en train de naître, car c’est lui qui agit.
—————————

David, messie

Une exégèse du Psaume 22

Le Psaume 22 est au dénouement d’un long processus. Après l’introduction des Psaumes 1 & 2 qui annoncent la Torah du « Père invisible », après la longue suite d’épreuves jalonnée par la prière de David en psaumes de plainte ou de louange, le parcours mystique du chercheur de Dieu parvient ici au terme de sa nuit.
En abordant ce psaume, nous savons que l’aurore est proche. Celui qui a veillé toute la nuit, celui dont l’âme attend le Seigneur plus que les gardes n’attendent le matin, celui-là, mystérieusement averti, sait que la lumière va jaillir, que son lever est sûr : voici l’époux qui vient ! Il est urgent de s’y préparer, car il faut encore affronter le dernier combat de la nuit, le combat des terreurs et des doutes qui jetteront dans le désespoir et la fuite l’homme dont la foi est incertaine. Ce psaume est la prière de la dernière heure, le chant de David dans l’ultime épreuve jusqu’à la victoire. Prière avant l’affrontement, pour s’y préparer ; prière pendant le combat spirituel, jusqu’au lever du matin : “ tu m’as répondu ! ” ; prière dans la lumière du jour, enfin, alors que le roi marche en présence du Seigneur dont il devient le prophète et le témoin.
Le psaume est construit comme le seront plus tard les basiliques chrétiennes, en trois parties inégales, destinées à être parcourues de la même manière. La première, la plus petite, le verset 1 seul, c’est le narthex. Bien qu’il fasse partie de l’édifice, il est à l’extérieur ; son contenu est une catéchèse qui précède et prépare la liturgie. Ce verset correspond à la lettre aleph, première lettre muette d’un alphabet hébreu qui va dérouler ses 22 lettres de aleph à taw, du verset 1 au verset 22. Et ce sont les versets 2 à 22 inclus qui constituent la seconde partie, la plus vaste, le corps de l’édifice. David y pénètre très éloigné de Dieu ; il en sortira victorieux à l’issue de son combat spirituel, au terme d’un parcours initiatique jalonné par les 22 signes qui servent à écrire aussi bien qu’à compter, comme une litanie, symbole de tout ce qui est à faire, à vivre, à endurer dans la nuit mystique, avant la rencontre au matin. Puis, en passant du verset 22 au verset 23, on quitte la grande nef de l’édifice qui vient d’être parcourue en procession de pénitents, pour entrer dans le chœur, dans le saint des saints, dans la tente de la rencontre avec Yhwh. C’est là que Moïse parlait face à face avec Dieu, et que Dieu répondait à Moïse. Après s’être longuement adressé à Dieu sans obtenir de réponse, dans cette troisième et dernière partie du psaume, David va maintenant parler avec Dieu face à face.
Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné  ?
Le psaume s’ouvre avec cette question apparemment blasphématoire, une sorte de provocation. En effet, Yhwh l’a promis, il marchera lui-même avec toi, il ne te délaissera pas, « il ne t’abandonnera pas » (Dt 31, 6). Poser cette question c’est donc accuser Dieu de ne pas tenir sa promesse : c’est une faute grave. Comment David, même désespéré, peut-il à ce point pécher par manque de foi ? et nous laisser un écrit aussi scandaleux en tête de sa prière ?
En toute rigueur, pour qu’il y ait blasphème, il faudrait que le mot éli, « mon dieu », soit remplacé par le Nom, « Yhwh ». Mais David, même pour une raison pédagogique (les psaumes sont un enseignement par la prière), ne prononce pas en vain le nom divin. Il emploie ici le mot él qui signifie plutôt « force première », ou « puissance ». Cette force est distincte de Dieu ; elle est un don de Dieu, un attribut divin que David connaît bien :
Yhwh mon roc et ma forteresse, ma délivrance, « mon puissant » (éli), mon rocher, en toi je me confie. (Ps 18, 3)
Ce que David exprime ici pourrait se traduire en langage contemporain : « Yhwh est mon idole, mon dieu ! ». Il est vrai que ce mot él, issu d’une racine qui signifie « être fort, être le premier », se confond facilement avec Él qui est le nom abrégé de Dieu, Élohim. Mais ce nom abrégé, en dépit de son orthographe identique (quoique de prononciation légèrement différente), vient d’une autre racine qui signifie « adorer », et ne peut donc pas avoir le même sens. On observera en outre que si le mot éli, « mon dieu », est assez commun dans la Bible, le mot Éli, « mon Dieu », ne s’y trouve nulle part, car le nom abrégé Él apparaît exclusivement comme composante de certains noms. On peut donc être sûr que David ne confond pas ces deux mots, et que le sens de la question qu’il pose est bien : « Ma force, mon puissant, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Ayant ainsi écarté l’interprétation fautive du blasphème, nous nous trouvons devant un autre problème : au lieu de s’adresser à Yhwh, comme les Hébreux ont appris à le faire depuis l’enseignement de Moïse, David invoque la puissance que lui donne Yhwh. L’erreur est peut-être moins grave ; elle est surtout très commune : quand nous entrons dans la prière, au lieu de chercher Dieu, nous recherchons les bienfaits qui viennent de lui. C’est lui qu’il faut prier. Invoquer une force, même reconnue comme venant de Dieu, c’est la prendre pour idole, tel cet insensé que dénonce Isaïe : il fait une idole (él) de sa sculpture, s’incline, se prosterne, prie devant elle et dit : “ sauve-moi car tu es mon dieu (éli) ” (Is 44, 17).
D’autre part, la question de David sonne comme une revendication. S’il n’accuse pas Dieu de l’avoir abandonné, il lui réclame des explications, sur cette force qui l’a quitté : « Pourquoi m’as-tu retiré ce bienfait ? » Ainsi, quel que soit le sens qu’il donne à sa question, il exprime, en la posant, une attitude qui ne peut que déplaire à Dieu et le faire fuir.
C’est pourquoi David commente : “ Loin de mon salut, les mots de mon rugissement ”.
Mon rugissement
Voici une forte aspérité du texte. Pourquoi David parle-t-il de son « rugissement », comme s’il était un lion ? Mais précisément parce que David est lion : il est le Lion de Juda. David est le premier roi de la tribu de Juda. Il est l’héritier du testament spirituel d’Israël (voir l’étude “ Comme le Lion ”), héritier de la bénédiction de Jacob à son fils Juda (Gn 49, 9) :
Lionceau de Lion, Juda. La proie, mon fils, t’a exalté.
Il s’abaisse, il se couche comme un lion. Et comme un léopard, qui le fera lever ?
Ce verset de la Genèse contient le secret qui conduira la descendance d’Abraham jusqu’à l’accomplissement de la Promesse. Dieu attend de l’homme cette attitude spirituelle symbolisée par le lion qui se couche dans la contemplation sereine, comblé par ce qu’il a reçu. Cette attitude s’oppose à celle du léopard qui se lève pour menacer, gronder, rugir, signes chez l’homme d’une revendication qui déplaît à Dieu. En exigeant des explications sur sa puissance qui l’abandonne, David n’est plus le Lion de Juda, mais le léopard qui rugit. Yhwh s’enfuit. Il ne va pas se révéler à qui revendique ainsi. David comprend. C’est pourquoi il nous dit que les mots de son rugissement éloignent le salut, car le salut ne vient que de Dieu.
En entrant dans ce psaume avec David, nous comprenons que notre propre entrée dans la prière nous trouve toujours très éloigné de Dieu. Nos préoccupations vont vers ce qui nous manque, vers les biens naguère reçus et aujourd’hui retirés. Nous devrions alors prier, comme Job, Yhwh a donné, Yhwh a ôté, béni soit le nom de Yhwh. Mais nous oublions même d’invoquer Dieu, de lui dire notre détresse. Comme nous et avec nous, David va vivre dans la prière notre éloignement du Dieu révélé. Il reproche maintenant à Dieu de ne pas répondre à ses appels (v. 3). Encore un rugissement ! Mais surtout, il ne dit pas « je t’appelle tout le jour », mais « j’appelle ». Qui David appelle-t-il ? Frappe-t-il à la bonne porte ? Au verset 2, il appelait « sa force » ; au verset 3, il dit « mon Dieu », avec le mot Élohim, qui veut bien dire « Dieu » mais qui n’est pas encore le Nom révélé à Moïse pour être invoqué par son peuple. Et tout ce que dit David, ensuite — toi qui habites les louanges d’Israël, toi qui libérais nos pères qui se confiaient à toi —, tout cela est vrai de Yhwh, mais non de l’élohim auquel il adresse ses plaintes. Qui oserait espérer séduire quelqu’un, ou l’émouvoir, en l’appelant d’un nom qui n’est pas le sien ? David a beau se plaindre de n’être pas écouté, d’être moins bien traité qu’un homme, il a beau déplorer la rebuffade qui le rend confus et cramoisi comme une cochenille, Yhwh ne répondra pas. Ce n’est pas à lui qu’on parle.
Pourtant Yhwh entend. Et il va lancer une bouée de sauvetage en donnant malgré tout une première réponse. Oh, très discrète, sous la forme d’une perche à saisir, une sorte de rappel à l’ordre sans frais. Ce n’est pas encore une réponse directe, car David est trop loin de Dieu pour comprendre son langage ; mais Yhwh va faire parvenir à son bien-aimé, assiégé par l’adversité, un message codé, à travers les lignes ennemies.
Il faut s’en remettre à Yhwh
David vient d’orienter sa récrimination vers ceux qui l’entourent. Ceux-ci le voient en difficulté, rouge de confusion devant le silence du Dieu qu’il invoque sans être entendu, et au lieu de lui venir en aide, ils l’enfoncent, se moquent de lui, bientôt se réjouiront de son malheur (v. 18). Pire, pour ne pas avoir à lui venir en aide, ils prétendent « s’en remettre à Dieu », au moment où David souffre précisément du silence de ce Dieu auquel il essaye maladroitement de se confier. Ils ironisent sur son nom, David, le « chéri » : Il va le délivrer puisque c’est son « bien-aimé ».
Pourtant, à travers ces frères qui nous apparaissent très coupables, Dieu parle à David, sans même que cette assemblée de détracteurs s’en aperçoive. Ne les jugeons pas ; ce n’est pas d’eux qu’il s’agit, mais de David. Quelles que soient leurs intentions, même mauvaises, ils viennent de citer la Parole, qui deviendra plus tard l’Écriture (Pr 16, 3), et cette parole est celle que Yhwh adresse à David, en cet instant précis. Elle lui dit qu’il faut s’en remettre à Yhwh, ce qu’il peut comprendre : « Pas à Élohim, ni à él ». Mais cette parole dit plus encore, car la forme verbale employée ici est un signe pour celui qui attend le Seigneur, et qui écoute. En effet, derrière cet infinitif impersonnel « il faut s’en remettre », David peut entendre la deuxième personne de l’impératif, « tu dois t’en remettre », dont la forme en hébreu, gol, est identique à l’infinitif. La suite de la phrase, dans laquelle on parle de lui à la troisième personne — une insolence de plus devant celui qui attend une aide —, confirme à David que cette deuxième personne de l’impératif n’est pas dans le propos de ses détracteurs. Mais c’est elle qui signe la Parole divine en réponse à celui qui cherche Dieu.

PSAUME 22 (Commentaire juifs – deuxième partie)

19 juillet, 2011

PSAUME 22

(Commentaire juifs – deuxième partie)

Le lait de ma mère
Ce neuvième verset contient une précieuse leçon spirituelle.
Il nous rappelle d’abord que ce Dieu, qui est toujours avec son peuple en dépit des apparences, nous devons l’invoquer par son nom, le nom qu’il nous a lui-même révélé à cet effet. Depuis les origines jusqu’à nos jours, en passant par David, l’homme ne peut accéder au salut qu’en invoquant le nom du Dieu qui se révèle à sa génération, pas un autre. Pour Abraham, Isaac et Jacob, Dieu se révèle sous le nom El Saddaï ; sous la conduite de Moïse, pour le peuple, ce Nom est Yhwh ; pour le chrétien, le nom du Dieu révélé est Jésus-Christ. Chacun doit invoquer le nom du Seigneur de sa génération, comme il est dit plus loin, au verset 31 de ce psaume. Toujours, et pour tous, c’est le seul nom par qui nous puissions être sauvés.
Ce verset nous rappelle ensuite que la Parole est toujours transmise par nos frères. Le juif est nourri de la Torah au sein de la grande assemblée, celle-là même à laquelle David va parler plus tard dans sa rencontre avec le Seigneur (vv. 23 et 24) ; le chrétien, lui aussi, se nourrit de la Parole au sein de l’Église. Et ce verset nous dit encore que l’assemblée des frères, cette ecclésia, même au plus noir de son péché, nourrit toujours ses fils de la véritable nourriture divine, quelles que soient ses intentions. Car elle ne parle pas d’elle-même mais sous l’inspiration divine, et le plus souvent, comme ici, à son insu. C’est pourquoi, si David appelle Sion « ma mère », le chrétien nomme aussi l’Église « ma mère », car c’est toujours au sein de cette mère, même indigne, que Dieu nourrit son peuple du lait de sa Parole.
Les deux versets qui suivent viennent le confirmer. En première lecture, nous comprenons que David y remercie Yhwh de l’avoir aimé dès sa naissance, d’avoir toujours été pour lui un Dieu attentif et tendre. Le changement de ton est spectaculaire : on est passé de la récrimination à la reconnaissance, du rugissement à la contemplation. Nous comprenons que David a fait son profit de la leçon reçue au verset 9. Le revirement n’est pas explicité, mais il se découvre dans la place étrange du petit mot qui ouvre le verset 10, le mot « car », qui introduit généralement, comme en français, une explication destinée à éclairer le sens de ce qui précède ; or la gratitude exprimée par David à l’égard de sa mère est sans rapport avec ce que viennent de dire ceux qui se moquent de lui. À moins, précisément, de voir dans leur propos la Parole qui vient de lui être rappelée, parole qui provoque un retournement dans son esprit et entraîne sa conversion, son retour à Dieu.
Malgré les apparences, ce n’est pas le lait de sa mère physique que célèbre David, mais le lait de sa mère spirituelle, dont il fait mémoire et pour lequel il rend grâce. « Heureuses les mamelles qui t’ont allaité » dira-t-on à Jésus ; « heureux plutôt, répondra le fils de David, celui qui entend la Parole de Dieu et qui la garde ».
Après avoir été nourri de la Parole, le psalmiste a changé de ton. Les trois versets 10, 11 et 12 deviennent une prière beaucoup plus juste. David a entendu le nom de Yhwh prononcé par la bouche de l’assemblée, si bien que le « toi » du verset 10 ou l’imploration du verset 12 ne s’adressent plus à la même divinité que les plaintes du verset 4. Cependant, malgré cette réorientation vers le Nom qui sauve les fils d’Israël, ce Nom n’est pas encore prononcé par la bouche même de David. Quelque chose le retient encore de reconnaître que tout vient de Dieu, quelque chose qu’il croit lui appartenir en propre, mais qu’il va devoir abandonner dans le combat spirituel qui s’ouvre maintenant.

Le combat spirituel
Des taureaux nombreux sont autour de moi…
En première lecture, nous voici ramenés vers ceux qui font cercle autour de David ; ils sont présentés comme des ennemis, symbolisés par un bestiaire hostile allant du taureau au chien et au lion, meute que nous voyons sur les sept versets qui décrivent cette mise à mort, faire endurer les pires tourments à leur prisonnier. Cependant, au centre du passage, les seuls mots adressés à Dieu, « tu me réduis en poussière de la mort », témoignent de ce que David n’accuse nullement ceux qui l’entourent, mais au contraire, comprend que Yhwh lui-même est à l’origine de cette épreuve à laquelle il est soumis. Comme autrefois son père Jacob, David traverse le gué du combat spirituel ; c’est le lieu de purification, où Dieu paraît affronter l’homme sous les traits de l’ennemi, semble vouloir noyer l’âme et broyer le corps de celui qu’il va bénir. On en ressort brisé, en effet, boitant peut-être comme Jacob, mais trempé d’une force nouvelle, la force du « lutteur de Dieu », Israël. C’est pourquoi David, qui connaît le sens de cette adversité, bénit déjà celui qui réduit en lui le « vieil homme » en poussière de la mort, comme autrefois Jacob bénissait l’Envoyé qui l’avait délivré de tout mal (Gn 48, 16).
Mais il faut approfondir cette lecture, y pénétrer pour découvrir en quoi le combat que Dieu paraît imposer à David ne relève nullement de l’arbitraire divin, mais bien de l’indispensable purification qui arrache l’homme déchu à l’emprise du mal. Il faut pour cela nous laisser guider par les bizarreries du texte.
Ce qui surprend en premier lieu, c’est la manière dont ces taureaux « menacent » David. On doit certes se méfier de ces animaux puissants, surtout s’ils sont nombreux, mais que peut-on bien redouter de leur bouche béante ? et pourquoi les comparer à la gueule du lion ? Les taureaux sont des herbivores ; il faut craindre leur charge, leur front, leurs cornes ; mais leur bouche est inoffensive. À qui fera-t-on croire que David craint la bouche d’un taureau ? Par ailleurs, on sait que le Bashan était une région fertile, propice à l’élevage (Dt 32, 14 ; Éz 39, 18 ; Mi 7, 14), et que les taureaux venus de cette région étaient les plus beaux. On connaît également le rôle important du taureau dans le sacrifice offert par Israël à Yhwh (Ex 24, 5 ; 29, 1 etc). Alors, comment ne pas voir que ces superbes animaux, choisis parmi les plus puissants de la plus belle race, sont les offrandes sacrificielles que le roi David a fait monter en holocauste pour Yhwh ? et comment ne pas comprendre que ces offrandes, autour du roi, lui font une ceinture prétendant au mérite ! Ces bouches grandes ouvertes, loin de menacer qui que ce soit, réclament leur récompense. Voilà pourquoi elles sont comparées à la gueule du lion : ce sont elles qui rugissent la revendication du Lion de Juda, pour soi-disant « services rendus à la divinité ».
Mais on n’offre pas de sacrifice à Dieu pour acheter ses faveurs. C’est la miséricorde qui plaît à Dieu, et non le sacrifice. David comprend tout cela en disant ces deux versets, et il découvre en même temps l’œuvre salutaire du Seigneur en lui. « Je me répands comme les eaux » dit le sens étymologique du mot Yabboq, nom de ce gué où Jacob combattit l’Envoyé de Dieu ; « tous mes os se disloquent » évoque, bien sûr, la hanche luxée de Jacob, mais traduit plus généralement l’élimination, toujours douloureuse en raison de notre résistance, des obstacles que nous dressons inconsciemment entre Dieu et nous. Quand au cœur qui fond comme cire, c’est le cœur brisé, la miséricorde qui plaît à Dieu, au lieu du sacrifice. David nous explique ensuite que si Yhwh fait mourir en lui (v. 16b) ce « vieil homme », c’est à cause de tous ces sacrifices qui formaient autour de lui une meute de chiens malfaisants (v. 17), lesquels, comme de bons chiens de garde, aboient pour empêcher quiconque d’approcher leur maître et roi, interdisant l’entrée à Dieu lui-même. Car Dieu ne viole pas les consciences : devant celui qui refuse, il attend. Mais le « roi » enfermé à l’intérieur de cette barrière cesse d’être roi. Il est ligoté, les pieds et les mains, impuissant à rien faire. Il n’est plus le Lion, mais une chose inerte, privée de vie. Et tout autour de lui on se repaît de le voir (v. 18).
Il faut abandonner nos prétentions. Mes sacrifices ne me sont d’aucun mérite car, nous le constaterons bientôt, c’est toujours Dieu qui agit, qui fait tout. Alors David abandonne ses prétentions, il renonce à se prévaloir de ses sacrifices offerts. Il compte tous ses os, c’est-à-dire qu’il découvre, l’un après l’autre, tous les obstacles qu’il avait mis entre Yhwh et lui. Si l’on ne craint pas l’image un peu facile, on dira qu’il jette tous ces os aux chiens… Et la scène s’achève sur la vision d’un homme nu, donc vrai et libre, ayant renoncé à ces vêtements qui n’étaient pas lui-même. Alors, alors seulement, la prière de David devient celle du juste.

La prière
Cette prière en trois versets (vv. 20 à 22) suit le combat spirituel ; elle répond en chiasme
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Chiasme
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 Le chiasme est une figure de style dans laquelle les mots sont disposés symétriquement autour d’un centre en deux groupes qui s’opposent. Exemple: Brave comme un lion au dehors, chez lui doux comme un mouton.
La Bible hébraïque utilise fréquemment le chiasme. Les symétries entre les mots, de part et d’autre du centre, déterminent des correspondances appariées qui sont des guides pour comprendre le sens du texte.
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à la prière de trois versets (vv. 10 à 12) qui précédait le combat spirituel. Mais quelle transformation !

David maintenant, pour la première fois dans le psaume, invoque le Nom en le prononçant de ses lèvres, et il reconnaît que c’est bien lui, Yhwh, qui est cette « force première » dont il déplorait l’absence. C’est maintenant à Yhwh qu’il demande de ne pas s’éloigner, et non plus à « sa force » ou à « son dieu » comme avant le combat. Remarquons encore que s’il constatait alors avec amertume que personne ne l’aidait, maintenant il demande l’aide de Yhwh. Invoque-moi au jour de détresse, dit Yhwh dans un autre psaume, je te délivrerai, et tu me rendras gloire (Ps 50, 15). Alors David invoque Yhwh ; il demande à être délivré de la mainmise de ce « chien », que par erreur il avait pris pour défenseur de ses intérêts. Il appelle : Préserve-moi de la gueule du Lion, c’est-à-dire préserve-moi d’être ce Lion qui rugit.
Et du front de la licorne tu m’as répondu !
Quel magnifique témoignage ! qui soudain éclaire le texte entièrement, et transforme le psaume en action de grâce. Ce qui jusqu’alors pouvait passer pour un enchevêtrement de plaintes et de désespoirs, difficile à comprendre ou à suivre, tout à coup s’illumine : David vient de nous raconter comment son Seigneur, dont il s’était éloigné dans un bourbier d’orgueil ou de prétentions, l’a délivré de tout mal et l’a conduit jusqu’en sa présence. Mais quelle présence ? Où donc était Yhwh quand il a permis à David de le rejoindre ? — Dans “ le front de la licorne ”. L’image, encore, est issue du bestiaire ; mais c’est l’image d’un animal dont la corne, loin de menacer, une et profonde, symbolise la pureté morale, la force et la vérité de l’esprit libre. Libre de cette liberté nue et sans défense qui s’oppose à l’esclavage des chiens, et forte de cette innocence de l’amour qui désarme la puissance des taureaux.

Le témoin
Je vais raconter ton nom à mes frères…
C’est exactement ce que David vient de faire. Dans ces vingt-deux premiers versets, il nous a raconté comment l’invocation du nom du Seigneur l’a conduit jusqu’en sa présence. Dans la dernière partie du psaume, il témoigne maintenant de sa rencontre face à face avec son Seigneur qui lui « a répondu » (verset 22). Il ne dévoilera pas le contenu de la rencontre, car ce contenu n’a de sens que pour lui : c’est le secret du roi. Ce que nous allons maintenant recevoir de David, c’est le trop-plein, le débordement, les miettes du festin qui tombent de la table de la rencontre, cette table — il nous le dira au psaume suivant, le Psaume 23 — que pour lui le Seigneur a dressée face à ses adversaires (Ps 23 verset 5). Pas davantage David n’agit-il sur ordre du Seigneur. Son témoignage n’est pas une mission de commande ; c’est un débordement de vie, qui non seulement ne lui coûte rien d’un devoir, mais au contraire exprime toute la joie de ce qu’il vit ; c’est une explosion impossible à contenir : « Écoutez mes amis, je vais tout vous raconter… » Ce témoignage n’est même pas une action de David, c’est une action de Dieu, comme il nous le dira au début du verset 26 ainsi que dans le dernier mot du psaume : c’est Dieu « qui agit ». Enfin, après avoir débordé dans l’espace, du sein de l’assemblée des frères jusqu’aux extrémités du monde, ce témoignage va aussi déborder dans le temps, et devenir, sous l’ivresse de l’Esprit qui l’inspire, la prophétie de David sur le peuple qui vient, sur le peuple qui va naître de cette rencontre entre l’homme messie et son Seigneur, ce Dieu qui le choisit.
Au sein de l’assemblée qui entoure David chacun va recevoir (au verset 24) une parole selon ses besoins, comme autrefois chacun reçut son nécessaire de la manne, pain du ciel tombé en miettes de la table divine.
— Vous qui craignez Yhwh, célébrez-le ! C’est la moindre louange au Seigneur, demandée à ceux qui ont peu reçu mais qui, de bonne volonté, craignent son Nom.
— Descendants de Jacob, glorifiez-le ! car vous êtes héritiers de ces hommes que guide et que protège le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; vous savez tout ce qu’il a fait, pour eux, pour Abraham et sa descendance, pour vous ; vous savez le poids de son action, la gloire à lui rendre, alors glorifiez-le.
— Et vous descendance d’Israël, vous qui avez connu, comme votre ancêtre Jacob à la traversée du Yabboq, l’affrontement du combat spirituel ; vous qui en avez reçu comme Jacob la force du lutteur de Dieu-Élohim, isra-Ël, restez avec Yhwh, persévérez à tout recevoir de Yhwh.
Le poids de cette recommandation est à la mesure de l’expérience que David vient de nous raconter : le Dieu qu’il faut célébrer, glorifier, invoquer sans jamais le quitter, c’est Yhwh, c’est-à-dire le Nom de Dieu tel qu’il s’est lui-même révélé à vos pères. Ne cherchez pas ailleurs.
Et David met en garde l’assemblée contre des apparences toujours défavorables (v. 25). Même si Yhwh paraît faire la sourde oreille, il n’en est rien. Il écoute, il ne cache pas son visage, car il ne méprise ni ne déteste l’humilité du pauvre (v. 25). Gardons-nous de voir ici la moindre litote : Dieu ne « préfère » pas les pauvres, puisqu’il ne fait pas acception des personnes ; en effet, ils mangeront tous, les opulents du monde qui s’inclinent devant sa face (v. 30) aussi bien que les pauvres, du moment qu’ils sont humbles (v. 27). Nous apprenons ainsi que David n’a pas été exaucé par préférence accordée au roi, même « chéri de Dieu », mais pour son humilité. Et ce que dit le roi nous confirme que si sa prière initiale n’était pas entendue, c’est bien parce qu’elle était dépourvue de cette humilité indispensable à la rencontre avec Dieu.

Le prophète
Le verset 23 nous met en présence de trois « personnes » : David, Yhwh (le Seigneur), l’assemblée. Certes, ce ne sont pas trois personnes de même nature, mais cependant trois « personnes » qui par leur dialogue, par les noms et les pronoms employés, et bien sûr par le contenu de ce qui se dit, vont nous révéler une part de leur mystère.
David. C’est le même David qui parle dans ce psaume, non seulement dans les dix versets qui viennent, mais aussi dans les vingt-deux versets écoulés. Pourtant, il change de lieu et d’identité. Avant, il était l’homme pécheur, séparé de Dieu par l’aveuglement de sa prétention, et séparé aussi de l’assemblée des frères qui loin de l’entourer de leur communion le cernent de leurs moqueries. Maintenant, grâce à la conversion opérée dans son combat spirituel, il est en présence de Dieu. David est maintenant couronné roi et messie, face à son Seigneur avec qui il parle comme un homme à un autre homme, dans ce « Je — Tu » des versets 23 et 26a et dans le « Toi » du verset 28b. En même temps, il est redevenu le roi pour l’assemblée qu’il appelle maintenant « mes frères » (v. 23), et dont il est solidaire puisqu’il leur dit « nous » (v. 25) sans pour autant se confondre avec eux (qui ne sont pas en présence de Dieu) lorsqu’il leur dit « vous » (vv. 24 & 27). À la fois avec eux comme l’un d’eux, mais distinct d’eux puisqu’auprès de Dieu, il est leur médiateur, celui qui prépare la rencontre du peuple avec Dieu.
L’assemblée. Avant le verset 22, l’assemblée était réduite — aux yeux de David et aux yeux du monde — à quelques passants hostiles ; maintenant, elle est devenue « mes frères » (v. 23a) et très vite s’élargit à « la pleine assemblée » (v. 23b), c’est-à-dire, au delà de la descendance de Jacob et d’Israël, à tous ceux qui craignent Yhwh (vv. 24a & 26b), à ceux qui le cherchent (v. 27a), et même à tous les peuples (v. 29b) des extrémités de la terre (v. 28a), à toutes les familles des nations (v. 28b). Pour accompagner cet élargissement, la voix de David va s’adapter. S’il s’adresse d’abord à la communauté proche avec le « nous » du verset 25, inclus de façon sémitique entre les deux « vous » des versets 24 et 27, son adresse s’élargit bientôt au monde lointain, « ils », « eux », « ceux qui », sans pour autant rien perdre du face à face avec Yhwh, comme en témoigne ce « ta face » du verset 28 (et non « sa face ») après mention de toutes les extrémités de la terre. Alors, David n’est plus seulement le roi, et le médiateur, il est le prophète de Dieu pour toutes les nations.
Yhwh, le Seigneur. Le Seigneur Dieu est la « personne » référence par rapport à laquelle les deux « personnes » précédentes évoluent, avancent dans l’Histoire. On notera que le Seigneur est resté impassible d’un bout à l’autre du psaume, invisible et silencieux ; et pourtant, d’un bout à l’autre, c’est lui qui agit. Quand l’homme est loin de Dieu, c’est son Esprit qui inspire à l’assemblée, à l’ecclésia, la Parole qu’il faut souffler à l’homme égaré (verset 9). Il agit là en tant que Paraclet, comme le fera plus tard le paraqlita de la liturgie synagogale chargé de réciter les Écritures. Pendant le combat spirituel, c’est encore l’action divine qui transforme et purifie David. Et maintenant que le roi est entré dans la contemplation du mystère divin, sa prière vient encore de Dieu (v. 26). Ce n’est donc pas David qui parle mais bien Yhwh lui-même, par la bouche de son messie devenu prophète de Dieu pour la communauté des hommes.
Le roi médiateur et prophète nous dit alors tout ce que son Seigneur fait pour les hommes qui invoquent son nom : il écoute (v. 25) et nourrit les humbles, les rassasie (v. 27), et lui seul règne et gouverne les peuples (v. 29). Ceci ne concerne pas uniquement la génération de David mais aussi la génération qui vient, le peuple qui va naître. Quelle que soit leur génération, ceux qui cherchent le Seigneur auront sujet de le louer (v. 27), pour sa justice, car c’est toujours lui qui agit (v. 32).

Psaume 39

16 juin, 2011

Je ne suis pas sûr mais je pense que ce commentaire n’est pas catholique, mais il est bon:

http://www.levangile.com/Bible-Annotee-Psaumes-39.htm

PSAUME

Chapitre 39

1 Au maître chantre, à Jéduthun. Psaume de David.
2 J’avais dit : Je prendrai garde à mes voies, De peur de pécher par ma langue ; Je garderai sur ma bouche un baillon, Tant que le méchant sera en ma présence.
3 Je restai muet, dans le silence ; Je me tus, sans m’en trouver bien, Et ma douleur ne fit que s’irriter.
4 Mon cœur s’échauffa au-dedans de moi ; De ma méditation jaillit un feu, Et la parole vint sur ma langue…
5 Eternel ! fais-moi connaître ma fin Et quelle est la mesure de mes jours. Que je sache combien je suis fragile !
6 Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main, Et ma durée est comme néant devant toi ; Oui, tout homme, si bien affermi qu’il soit, n’est qu’un souffle.
(Jeu d’instruments.)
7 Oui, l’homme se promène comme une ombre, Tout le bruit qu’il fait n’est qu’un souffle. Il amasse, et il ne sait qui recueillera.
8 Et maintenant, que puis-je espérer, Seigneur ? Mon attente est en toi !
9 Délivre-moi de toutes mes transgressions, Ne m’expose pas à l’outrage de l’insensé.
10 Je suis muet, je n’ouvrirai pas la bouche, Car c’est toi qui agis.
11 Détourne de moi tes coups ! Sous la rigueur de ta main, c’en est fait de moi.
12 Quand tu reprends un homme pour son iniquité, Tu détruis comme la teigne ce qu’il a de plus précieux. Oui ! tout homme n’est qu’un souffle.
(Jeu d’instruments.)
13 Ecoute ma prière, Eternel, et prête l’oreille à mon cri, Ne reste pas sans rien dire, en présence de mes larmes ; Car je suis en passage chez toi, En séjour, comme tous mes pères.
14 Détourne ton regard de moi, et que je reprenne ma sérénité, Avant que je m’en aille et que je ne sois plus.

Tout homme n’est qu’un souffle.
Qui a raison sur la terre ? Le juste ou le méchant ? Cette question, qui est en définitive le grand problème de l’existence humaine, a déjà fait le sujet du Psaume 37. Mais c’était alors un vieillard qui déclarait, instruit par l’expérience, combien est courte la prospérité des impies, durable au contraire celle des gens de bien. Ici, comme au Psaume 73 nous sommes au fort de la crise, alors que la lumière de l’expérience fait encore défaut. En face du méchant, dont la présence seule est une négation du gouvernement divin, un croyant dans l’affliction s’efforce en vain de refouler le doute et le murmure ; le feu intérieur éclate (versets 2 à 4). Mais bientôt, revenant à l’Éternel, il médite sur la brièveté de la vie, ce qui le pousse à chercher son refuge en ce Dieu même dont la main s’appesantit sur lui (versets 5 à 12). Ainsi l’agitation s’apaise, et si le ton de la prière finale est encore celui de la tristesse, c’est pourtant celui d’une tristesse résignée (versets 13 et 14).
Ce psaume est un exemple remarquable de la foi israélite qui, en face du voile qui recouvre l’avenir, n’ayant d’autre perspective que le Schéol, après une vie très courte, remplie de maux, n’en persiste pas moins à espérer en l’Éternel. Une étroite parenté de pensée rapproche notre psaume du Psaume 72, qui, en outre, est aussi dédié au chantre Jéduthun. On ne peut rnéconnaître non plus une grande ressemblance de pensée et d’expression avec le livre de Job. Toutefois la distinction entre souffrance et culpabilité, si importante dans le livre de Job, n’est point accentuée, ni même indiquée dans ce psaume.

Verset 1
Jéduthun était, avec Héman et Asaph, un des principaux directeurs des chœurs de Lévites (lChroniques 16.41-42 ; 2 Chroniques 5.12).
Verset 2
2 à 4
La révolte du juste en présence du méchant.
De peur de pécher… Je m’étais décidé au silence, dans la crainte de murmurer contre Dieu ou de récriminer amèrement contre les hommes.
Tant que le méchant… La pensée qui vient naturellement au fidèle, en face du mal, est que l’impie ne saurait subsister longtemps en présence de Dieu. L’épreuve de la foi grandit, à mesure que le jugement tarde.
Verset 3
Je restai muet : la résolution prise fut tenue un certain temps.
Sans m’en trouver bien, hébreu : je me suis tu loin du bien.
Verset 5
5 à 12
Le néant de la vie humaine.
On a eu tort de chercher dans les versets 5 à 7 l’expression de l’impatience et du bouillonnement intérieur dont il vient d’être parlé. Nous y voyons plutôt la prière apaisée par laquelle le psalmiste redevient maître de lui-même. Il demande que l’Éternel l’élève à son propre point de vue, pour considérer toutes choses. Là se trouve, pour le croyant, le secret de la sérénité dans l’épreuve.
Fais-moi connaître ma fin. Comparez Psaumes 90.12. Quand la vie est si courte vaut-il la peine de s’irriter en face du méchant ?
Verset 6
Devant toi : à tes yeux et comparativement à toi. Comparez Esaïe 40.17.
Verset 7
Il amasse… Ces richesses, qui provoquent tant de jalousies et de querelles, échappent comme tout le reste à celui qui les possède.
Verset 8
Que puis-je espérer ?… Dans le néant de toutes choses, une ressource reste au croyant : Dieu est son souverain bien. Cette pensée est développée dans les Psaumes 16 et 73.
Verset 9
Délivre-moi de mes transgressions : du poids du péché, en même temps que de la ruine complète qu’il attire sur le coupable. L’insensé trouverait dans cette ruine une occasion d’outrager le fidèle et par là même l’Éternel.
Verset 10
Je suis muet. Par la foi, le juste a retrouvé la vraie soumission ; il sait voir, dans les événements qui l’irritaient, la main de Dieu au-dessus de celle de l’homme (c’est toi qui agis). Il demande seulement de ne pas succomber sous le châtiment qu’il reconnaît avoir mérité.
Verset 12
Comme la teigne : image d’une destruction graduelle (Esaïe 50.9).
Bien que Dieu ne foudroie pas ouvertement du ciel les coupables, toutefois sa malédiction secrète ne laisse pas de les miner, ainsi que la teigne, sans qu’on l’aperçoive, consume un drap ou un bois par sa morsure cachée (Calvin).
Ce qu’il a de plus précieux : de plus agréable et désirable. Le psalmiste semble faire allusion à une maladie qui enlève force, santé et beauté.
Verset 13
13 et 14

Requête finale.
En passage, en séjour, littéralement : je suis étranger, habitant (et non citoyen). Le psalmiste rappelle qu’il ne possède rien en propre sur la terre et qu’il ne vit que de ce que l’Éternel veut bien lui accorder. Comparez Genèse 23.4 ; 1Pierre 2.11.

Verset 14
Détourne ton regard. Comparez Job 7.19. Il s’agit d’un regard irrité.

Sion, ma mère : le Psaume 87(86)

21 février, 2011

du site:

http://www.interbible.org/interBible/cithare/psaumes/2004/psa_040604.htm

Sion, ma mère : le Psaume 87(86)

Voici un Psaume qui parle de la maternité et de la joie de naître avec un aspect de mystère dans son lyrisme. Ce psaume, c’est le Psaume 87, que nous donnons ici selon la version de la liturgie des heures (le bréviaire) :

Elle est fondée sur les montagnes saintes.
Le Seigneur aime les portes de Sion
Plus que toutes les demeures de Jacob.
Pour ta gloire on parle de toi,
Ville de Dieu!
« Je cite l’Égypte et Babylone
Entre ce lles qui me connaissent. »
Voyez Tyr, la Philistie, l’Éthiopie:
Chacune est née là-bas.
Mais on appelle Sion: « Ma mère! »
Car en elle tout homme est né.
C’est lui, le Très-Haut, qui la maintient.
Au registre des peuples, le Seigneur écrit:
« Chacun est né là-bas. »
Tous ensemble ils dansent, et ils chantent :
« En toi, toutes nos sources! »

     On trouve deux images étonnantes par leur originalité dans ce poème. La première fait de Jérusalem (Sion) une mère. La ville sainte est une mère universelle « car en elle tout homme est né ». La deuxième concerne Dieu lui-même. Il est un constructeur très compétent puisque c’est lui qui a bâti Jérusalem en cité bien solide : « Elle est fondée sur les montagnes saintes. » De plus, Dieu veille sur la ville à la façon d’un administrateur très sage. Il sait qui habite là car il tient un registre. Serait-il comme un curé qui maintient en bon ordre le registre des baptêmes?
     Le poème n’a rien d’étroit comme vision du monde. Il n’ignore pas les grandes c ivilisations. Sans doute, le prophète qui l’a écrit connaît-il la grandeur de Babylone et de l’Égypte! Il parle d’elles comme de cultures qui connaissent Dieu : « Je cite l’Égypte et Babylone entre celles qui me connaissent. » Il fait allusion aux croyants qui vivent dans ces pays étrangers et qui font connaître le Dieu d’Abraham: on anticipe le jour où les masses croiront au vrai Dieu. Le poète français Paul Claudel parlait de la foi comme un co-naître. Il y aura un grand pèlerinage des nations à Sion. La foi leur fera prendre part à une belle liturgie:« Tous ensemble ils dansent, et ils chantent!» À Jérusalem, tous les peuples se sentiront renaître car Jérusalem est mère.
     Nos communautés chrétiennes d’aujourd’hui reproduisent le mythe de ce psaume. Elles réunissent des nations nombreuses pour l’eucharistie. Les grands lieux de pèlerinage catholiques encore mieux! Les prophètes avaient décidément de belles intuitions qui vont s’accomplir pleinement dans la Jérusalem céleste.
     Sur un plan plus terre à terre , les mamans peuvent tirer une leçon de vie de ce psaume. Il faut créer la joie dans la famille: la foi est un moyen privilégié pour le faire. Il faut reconnaître les talents de chacun des enfants même de ceux qui sont moins doués. La clé du bonheur est dans le rassemblement. La saveur du pain partagé n’ a pas d’égal, disait Saint-Exupéry. Personne n’a le droit d’être heureux tout seul, ajoutait Raoul Follereau. Le Psaume 87 nous l’enseigne de merveilleuse façon.

Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal

Psaumes : cris d’hommes et voix de Dieu

4 février, 2011

du site: 

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=261

Psaumes : cris d’hommes et voix de Dieu

P. Édouard Cothenet

Esprit & Vie n°74 / janvier 2003 – 2e quinzaine, p. 30.

Dominicain, le P. Jean-Luc VESCO fut directeur de l’École biblique de Jérusalem pendant de nombreuses années. Soucieux d’allier la recherche savante à la lecture fructueuse de l’Écriture par les fidèles, il publia une série d’articles sur les Psaumes dans plusieurs revues dominicaines. À la demande de lecteurs, il les regroupe en ce livre de consultation aisée. Le titre choisi invite à suivre un itinéraire partant du cri des opprimés pour arriver à la révélation du Dieu de tendresse.
Une trop brève introduction présente le projet : fournir des clefs de lecture, spécialement à ceux qui sont déroutés par le style des Psaumes. On aurait aimé trouver ici une bibliographie élémentaire et des indications plus fournies sur les différents genres littéraires du psautier, avant de voir comment ils sont représentés dans les psaumes commentés ensuite. Dans plusieurs cas, l’auteur développe largement le thème biblique sous-jacent, par exemple la notion de justice dans l’Ancien Testament ou la mission du roi, chargé par Dieu de faire régner le droit et la justice. D’ordinaire, est présentée la situation à laquelle répond le psaume, par exemple de détresse nationale ou d’interrogation douloureuse sur le bonheur insolent des méchants. Suit un commentaire assez ample, avec quelques notes plus techniques quand l’état défectueux du texte oblige à des corrections. D’ordinaire, un aperçu sur l’utilisation du psaume dans le Nouveau Testament conclut le développement. Un dernier chapitre s’intitule : « Les Psaumes, prière du Christ ». Le recueil comporte ainsi le commentaire suivi de douze psaumes, bien représentatifs de la diversité du psautier. Chemin faisant, ne manquent pas les citations et explications de psaumes voisins. N’aurait-il pas fallu prévoir un index pour faciliter la consultation ?
Ce livre permettra une appropriation fructueuse des psaumes ainsi présentés avec compétence par quelqu’un qui, manifestement, les vit de l’intérieur. Un ouvrage à lire chapitre par chapitre, selon que la liturgie ou l’attrait personnel nous invite à prendre tel ou tel psaume comme base de notre lectio divina.

La crainte de Dieu d’après le Psaume 128(127)

28 janvier, 2011

du site:

http://www.interbible.org/interBible/cithare/psaumes/2005/psa_050311.htm

La crainte de Dieu d’après le Psaume 128(127)

1 Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
2 Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !
3 Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier.
4 Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur.
5 De Sion, que le Seigneur te bénisse !
Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie,
6 et tu verras les fils de tes fils.
Paix sur Israël !

Le Psaume 128 (127) commence par les mots : « Heureux tous ceux qui craignent le Seigneur. » On s’interroge sur le sens de la crainte de Dieu. Toutes les fois que l’on parle de la crainte du Seigneur dans les Écritures, il faut remarquer qu’elle n’est jamais présentée seule, comme si elle suffisait à la perfection de notre foi; on lui préfère ou on lui substitue quantité de choses qui font comprendre quelle est la nature et la perfection de cette crainte du Seigneur. Nous connaissons par-là ce que dit Salomon dans les Proverbes : « Si tu demandes la sagesse, si tu appelles l’intelligence, si tu la recherches comme l’argent et si tu creuses comme un chercheur de trésor, alors tu comprendras la crainte du Seigneur. »
     Nous voyons ainsi à travers quelles étapes on parvient à la crainte du Seigneur. D’abord, il faut demander la sagesse, consacrer tous ses efforts à comprendre la parole de Dieu, rechercher et approfondir dans la sagesse; et c’est alors que l’on comprendra la crainte du Seigneur. Or, dans l’opinion commune des hommes, on ne comprend pas ainsi la crainte.
     La crainte est l’appréhension de la faiblesse humaine qui redoute de souffrir des accidents dont elle ne veut pas. Elle naît et elle se développe en nous du fait de la cu lpabilité de notre conscience, du droit d’un plus puissant, de l’assaut d’un ennemi mieux armé, d’une cause de maladie, de la rencontre d’une bête sauvage, bref la crainte naît de tout ce qui peut nous apporter de la souffrance. Une telle crainte ne s’enseigne donc pas; elle naît naturellement de notre faiblesse. Nous n’apprenons pas quels sont les maux à craindre, mais eux-mêmes ces maux nous inspirent de la crainte.
     Au contraire, au sujet de la crainte du Seigneur, il est écrit ceci : « Venez, mes fils, écoutez-moi : la crainte du Seigneur, je vous l’enseignerai. » Il faut donc apprendre la crainte de Dieu puisqu’elle est enseignée. En effet, elle n’est pas dans la terreur, elle est dans la logique de l’enseignement. Elle ne vient pas du tremblement de la nature, mais de l’observance du précepte; elle doit commencer par l’activité d’une vie innocente et par la connaissance de la vérité .
     Pour nous, la crainte de Dieu est tout entière dans l’amour, et la charité parfaite mène à son achèvement la peur qui est en elle. La fonction propre de notre amour envers lui est de se soumettre aux avertissements, d’obéir aux décisions, de se fier aux promesses. Écoutons donc l’Écriture, qui nous dit : « Et maintenant, Israël, qu’est-ce que le Seigneur te demande? Sinon que tu craignes le Seigneur ton Dieu, que tu marches sur tous ses chemins, que tu l’aimes et que tu observes de tout ton cœur et de toute ton âme, les commandements qu’il t’a donnés pour ton bonheur. »
     La crainte du Seigneur ne se comprend bien qu’en rapport étroit avec l’amour de Dieu.
    
Pierre Bougie, PSS

(d’après un texte de saint Hilaire)
professeur au Grand séminaire de Montréal

Ps 104 (103) : le soleil des eaux

20 décembre, 2010

du site:

http://www.bible-service.net/site/549.html

Ps 104 (103) : le soleil des eaux

Ps 104,1 Bénis le Seigneur, ô mon âme !
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Vêtu de splendeur et d’éclat,
2 drapé de lumière comme d’un manteau,
tu déploies les cieux comme une tenture.

3 Il étage ses demeures au-dessus des eaux
des nuages il fait son char ;
il marche sur les ailes du vent.
4 Des vents il fait ses messagers,
et des flammes, ses ministres.

5 Il a fondé la terre sur ses bases,
elle est à tout jamais inébranlable.
6 Tu l’as couverte de l’Océan comme d’un habit ;
les eaux restaient sur les montagnes.
7 A ta menace elles ont fui,
affolées par tes coups de tonnerre :
8 escaladant les montagnes, descendant les vallées
vers le lieu que tu leur avais fixé.
9 Tu leur as imposé une limite à ne pas franchir ;
elles ne reviendront plus couvrir la terre.

10 Il envoie l’eau des sources dans les ravins :
elle s’en va entre les montagnes ;
11 elle abreuve toutes les bêtes des champs,
les ânes sauvages étanchent leur soif.
12 Près d’elle s’abritent les oiseaux du ciel
qui chantent dans le feuillage.

13 Depuis ses demeures il abreuve les montagnes,
la terre se rassasie du fruit de ton travail :
14 tu fais pousser l’herbe pour le bétail,
les plantes que cultive l’homme,
tirant son pain de la terre.
15 Le vin réjouit le coeur des humains
en faisant briller les visages plus que l’huile.
Le pain réconforte le coeur des humains.

16 Les arbres du Seigneur se rassasient,
et les cèdres du Liban qu’il a plantés.
17 C’est là que nichent les oiseaux,
la cigogne a son logis dans les cyprès.
18 Les hautes montagnes sont pour les bouquetins,
les rochers sont le refuge des damans.

19 Il a fait la lune pour fixer les fêtes,
et le soleil qui sait l’heure de son coucher.
20 Tu poses les ténèbres, et c’est la nuit
où remuent toutes les bêtes des bois.
21 Les lions rugissent après leur proie
et réclament à Dieu leur nourriture.
22 Au lever du soleil ils se retirent,
se couchent dans leurs tanières,
23 et l’homme s’en va à son travail,
à ses cultures jusqu’au soir.

24 Que tes oeuvres sont nombreuses, Seigneur !
Tu les a toutes faites avec sagesse,
la terre est remplie de tes créatures.

25 Voici la mer, grande et vaste de tous côtés,
où remuent, innombrables, des animaux petits et grands.
26 Là, vont et viennent les bateaux,
et le Léviatan que tu as formé pour jouer avec lui.

27 Tous comptent sur toi
pour leur donner en temps voulu la nourriture :
28 tu donnes, ils ramassent ;
tu ouvres ta main, ils se rassasient.
29 Tu caches ta face, ils sont épouvantés ;
tu leur reprends le souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés,
et tu renouvelles la surface du sol.

31 Que la gloire du Seigneur dure toujours,
que le Seigneur se réjouisse de ses œuvres !
32 Il regarde la terre, et elle tremble ;
il touche les montagnes, et elles fument.

33 Toute ma vie je chanterai le Seigneur,
le reste de mes jours je jouerai pour mon Dieu.
34 Que mon poème lui soit agréable !
Et que le Seigneur fasse ma joie !
35 Que les pécheurs disparaissent de la terre,
et que les infidèles n’existent plus !
Bénis le Seigneur, ô mon âme !

Alléluia !

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Ps 104 : Harmonie du monde, splendeur de Dieu
 »Béni le Seigneur, ô mon âme ! » L’exclamation encadre le psaume 104, l’un des plus somptueux de la Bible, description de l’harmonie du monde. Comme dans certains hymnes égyptiens, l’eau y ruisselle pour le bonheur des êtres vivants.
Les amoureux de l’Ancien Orient ont parfois rapproché le psaume 104 de l’hymne composé par le pharaon Aménophis IV, dit Akhenaton, en l’honneur du disque solaire Aton (vers 1350 av. J.-C.). Il n’est pas sûr que l’œuvre égyptienne ait inspiré l’hébraïque. La parenté du langage poétique est néanmoins une chance pour saisir la différence des théologies.
 
Splendeur de Dieu
Ainsi les deux poèmes commencent par s’adresser à la divinité :  »Tu apparais, parfait, à l’horizon du ciel / Disque vivant qui est à l’origine de la vie… / Tu es beau, grand, étincelant… » (hymne à Aton) ou  »Seigneur mon Dieu, tu es si grand, revêtu de splendeur et d’éclat, / drapé de lumière comme d’un manteau… » (Ps 104, v. 1-2).
Même admiration pour un dieu unique, mais éclat inégal : dans le premier cas, le dieu-soleil est origine de tout et agit par ses rayons, alors que dans le second, la lumière (distincte du soleil, cf. v. 19-22) n’est qu’un magnifique vêtement, annonciateur de bien d’autres merveilles.
 
Mouvement incessant 
Le Seigneur est drapé de lumière mais la terre, elle, est – ou plutôt a été – vêtue de  »l’abîme des mers ». La première page de la Genèse raconte la séparation des eaux  »d’en haut » et des eaux  »d’en bas » (deuxième jour, Gn 1, 6-8) puis l’émergence de la terre hors des eaux d’en bas, et l’apparition des végétaux (troisième jour, Gn 1, 9-13). Il y a ici un écho de l’origine, mais d’une origine toujours recommencée, effet d’une parole divine toujours neuve et formidable :  »les eaux recouvraient les montagnes / à ta menace, elles prennent la fuite, à la voix de ton tonnerre elles se précipitent » (v. 6-7).
Toute une partie du poème vibre et frémit de ce mouvement des eaux auprès desquelles et vers lesquelles vont et viennent les êtres vivants, hommes ou bêtes (v. 8-14). L’œil du poète embrasse les sommets et les ravins, saisit ici le jaillissement des sources, s’attarde là sur la lenteur des rivières (l’eau  »chemine », v. 10), et prend le temps de voir les animaux s’abreuver, à commencer par les plus farouches, ceux que l’on n’observe qu’avec patience : âne sauvage ou volatiles (v. 11-12). Selon la cosmologie d’alors, les  »eaux d’en haut » – si près des demeures de la divinité –, orages et pluies, dévalent des monts et, de là, irriguent prairies et champs (v. 13-14).
Rien, dans le psaume, n’est particulier à Israël. Tout est universel. L’hymne à Aton est plus ethnocentrique. La partie consacrée au fleuve de l’Égypte y distingue un Nil  »dans le ciel » (autre manière d’évoquer orages et pluies) et un autre sur la terre. Celui du ciel a certes été placé par le Disque solaire pour faire vivre tous les pays :  »le Nil qui est dans le ciel, c’est le don que tu as fait aux peuples étrangers / et à toutes les bêtes du désert ». Mais  »le vrai Nil, il vient du monde inférieur pour l’Égypte » ! Et c’est autour de celui-ci, que, fécondés par les rayons du soleil, s’étendent les champs et passent les saisons.
 
Dissonance 
Le psaume 104, sauf en ses derniers versets, n’évoque particulièrement ni le pays ni le destin d’Israël. La vie de tous s’y organise après la domestication des eaux par la Parole divine. La suite du poème, la plus longue, s’attache aux activités humaines, dans l’alternance des nuits et des jours. Elle donnerait à penser que le mal n’existe pas, que toute violence est évitée (les fauves gagnent leurs repaires quand les hommes sortent travailler, v. 22-23) si la conclusion ne mentionnait les  »pécheurs » et les  »impies » comme une atteinte à l’harmonie du monde (v. 35), une harmonie à laquelle participent même les monstres marins, fugitivement aperçus sur la mer à côté des bateaux (v. 25-26) !
Une ombre ternit ce qui était jusqu’alors lumière, mouvement et vie.  »Alleluia » (=  »Gloire à Dieu ») a beau s’élancer en finale du psaume 104, revenir dans le psaume 105 et encadrer le psaume 106, l’ombre grandira : après les splendeurs de la création (Ps 104), après les hauts-faits de l’alliance (Ps 105), seront énumérées les fautes d’Israël (Ps 106). Chanter le psaume en vérité, c’est donc affronter la dissonance finale et reprendre à son compte le souhait de la disparition du péché. L’aujourd’hui touche ici l’origine (la beauté) et la fin (victoire sur le mal), à Dieu remises. L’hymne à Aton ne parle d’aucun combat. Le psaume serait-il plus réaliste ? Et plus ouvert à l’espérance ? Car, à le suivre, nous apprenons que la Parole divine,  »menace » et  »tonnerre », peut canaliser et transformer les eaux dangereuses. Cette puissance, comment ne pas l’invoquer pour d’autres dangers ?
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Gérard BILLON. Article paru dans Le Monde la Bible n° 138  »Le Nil, fleuve sacré d’Egypte » (Bayard-Presse, nov. 2001), p. 80
Nota Bene : Une traduction complète de l’hymne égyptien d’Akhénaton par André Baruch est donnée dans  »Prières de l’Ancien Orient », Supplément au Cahier Évangile n°27 (Éd. SBEV-Le Cerf, 1979) p. 68-72.

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