Archive pour la catégorie 'Ancien Testament'

DIMANCHE 29 SEPTEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – AMOS 6, 1…7

27 septembre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 29 SEPTEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE - AMOS 6, 1…7

1 Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem,
 et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie.
4 Couchés sur des lits d’ivoire,
 vautrés sur leurs divans,
 ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau,
 les veaux les plus tendres ;
5 ils improvisent au son de la harpe,
 ils inventent, comme David, des instruments de musique ;
6 ils boivent le vin à même les amphores,
 ils se frottent avec des parfums de luxe,
 mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël !
7 C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés,
 ils seront les premiers des déportés ;
 et la bande des vautrés n’existera plus.

Dans la Bible, Amos est le premier prophète « écrivain », comme on dit, c’est-à-dire qu’il est le premier dont il nous reste un livre. D’autres grands prophètes antérieurs sont restés très célèbres : Elie par exemple ou Elisée, ou Natan… mais on ne possède pas leurs prédications par écrit. On a seulement des souvenirs de leur entourage. Amos a prêché vers 780–750 av. J.C. Combien de temps ? On ne le sait pas. Il a certainement été amené à dire des choses qui n’ont pas plu à tout le monde puisqu’il a fini par être expulsé sur dénonciation au roi. Vous vous rappelez que, originaire du Sud, il a prêché dans le Nord à un moment de grande prospérité économique. La semaine dernière, nous avions lu, déjà, un texte de lui, reprochant à certains riches de faire leur richesse au détriment des pauvres. Il suffit de lire le passage d’aujourd’hui pour imaginer le luxe qui régnait en Samarie : « Couchés sur des lits d’ivoire, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres ; ils improvisent au son de la harpe… ils se frottent avec des parfums de luxe… ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël »… la politique de l’autruche, en somme. Les gouvernants ne savent pas ou ne veulent pas savoir qu’une terrible menace pèse sur eux. « Ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ».
Il est vrai que, a posteriori, l’histoire nous apprend que cette confortable inconscience a été durement secouée quelques années plus tard. « Ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus. » C’est très exactement ce qui s’est passé. On n’a pas écouté ce prophète de malheur qui essayait d’alerter le pouvoir et la classe dirigeante, et même on l’a fait taire en se débarrassant de lui. Mais ce qu’il craignait est arrivé.
 C’est donc aux riches et aux puissants, aux responsables que le prophète Amos s’adresse ici. Que leur reproche-t-il au juste ? C’est la première phrase qui nous donne la clé : « Malheur à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. » Manière de dire : vous êtes bien au chaud, tout contents dans votre confort et même votre luxe… eh bien moi, je ne partage pas votre inconscience, je vous plains. Je vous plains parce que vous n’avez rien compris : vous êtes comme des gens qui se mettraient sous leur couette pour ne pas voir le cyclone arriver. Le cyclone, ce sera l’écroulement de toute cette société, quelques années plus tard, l’écrasement par les Assyriens, la mort de beaucoup d’entre vous et la déportation de ceux qui restent… « Je vous plains », dit sur ce ton-là, c’est quelque chose qu’on n’aime pas entendre !
 « Malheur à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie »… Mais, où est le mal ? Le mal, c’est de fonder sa sécurité sur ce qui passe : quelques succès militaires passagers, la prospérité économique, et les apparences de la piété… pour ne pas déplaire à Dieu et à son prophète. Ils se vantent même de leurs réussites, ils croient en avoir quelque mérite, alors que tout leur vient de Dieu. Or la seule sécurité d’Israël, c’est la fidélité à l’Alliance… C’est la grande insistance de tous les prophètes : rappelez-vous Michée (qui prêchera quelques années plus tard à Jérusalem) « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien… rien d’autre que de pratiquer le droit, rechercher la justice et marcher humblement avec ton Dieu ». C’est juste le contraire à Samarie ; pire encore, ils sont hypocrites : quand ils offrent des sacrifices, ils transforment le repas qui suit en beuverie… car les repas que Amos décrit sont probablement des repas sacrés, comme il y en avait après certains sacrifices. Maintenant, ces repas sont sacrilèges, et n’ont plus grand chose à voir avec l’Alliance.
 Ce qui fait la difficulté de ce passage, c’est sa concision : car, pour comprendre ces quelques lignes, il faut avoir en tête la prédication prophétique dans son ensemble ; la logique d’Amos, comme celle de tous les prophètes est la suivante : le bonheur des hommes et des peuples passe inévitablement par la fidélité à l’Alliance avec Dieu ; et fidélité à l’Alliance veut dire justice sociale et confiance en Dieu. Dès que vous vous écartez de cette ligne de conduite, tôt ou tard, vous êtes perdus.
 C’est précisément sur ces deux points que Amos a des choses à redire : la justice sociale, on sait ce qu’il en pense, il suffit de relire le chapitre de la semaine dernière où il reprochait à certains riches de faire leur fortune sur le dos des pauvres ; et dans le texte d’aujourd’hui, les repas de luxe qu’on nous décrit ne profitent évidemment pas à tout le monde ; quant à Dieu, on n’a plus besoin de lui… croit-on ; pire, on fait des simulacres de cérémonie ; comme le dit Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi » (Is 29, 13). Il est probable qu’Amos, ce prophète venu d’ailleurs, puisqu’il venait du Sud, avait le regard d’autant plus aiguisé sur les faiblesses du royaume du Nord ; car au Sud, on ne connaissait pas encore une période aussi faste, et on conservait encore le style de vie des origines d’Israël ; tandis qu’au Nord, nous avons vu la semaine dernière que le règne de Jéroboam II était une période plus brillante. Mais la croissance économique exigeait une grande vigilance dans la transformation de la société. Malheureusement on s’éloignait de plus en plus de l’idéal des origines : au début, la Loi défendait l’égalité entre tous les citoyens et prévoyait donc la distribution égale de la terre entre tous. Or Samarie se couvrait de palais luxueux, construits par certains aux dépens des autres ; quand on s’était bien enrichi, grâce au commerce florissant, par exemple, on avait vite fait d’exproprier un petit propriétaire ; et nous avons vu que certains plus pauvres en étaient réduits à l’esclavage ; c’était notre texte de dimanche dernier.
 L’archéologie apporte d’ailleurs sur ce point des précisions très intéressantes : alors qu’au dixième siècle, les maisons étaient toutes sur le même modèle et représentaient des trains de vie tout-à-fait identiques, au huitième siècle, au contraire, on distingue très bien des quartiers riches et des quartiers pauvres. Fini le bel idéal de la Terre Sainte, avec une société sans classes.
 A bon entendeur, salut : si nous voulons être fidèles aujourd’hui à ce que représentait pour les hommes de la Bible l’idéal de la terre sainte, il nous est bon de relire le prophète Amos. 

DIMANCHE 9 JUIN : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – 1 Rois 17, 17-24

7 juin, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 9 JUIN : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – 1 Rois 17, 17-24
17 Le prophète Elie habitait chez une femme 
 dont le fils tomba malade ;
 le mal fut si violent que l’enfant expira.
18 Alors la femme dit à Elie :
 « Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? 
 Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes 
 et faire mourir mon fils ! »
19 Elie répondit :
 « Donne-moi ton fils ! » 
 Il le prit des bras de sa mère, 
 le porta dans sa chambre en haut de la maison 
 et l’étendit sur son lit.
20 Puis il invoqua le SEIGNEUR : 
 « SEIGNEUR, mon Dieu, 
 cette veuve chez qui je loge, 
 lui veux-tu du mal jusqu’à faire mourir son fils ? »
21 Par trois fois, il s’étendit sur l’enfant 
 en invoquant le SEIGNEUR : 
 « SEIGNEUR, mon Dieu, je t’en supplie, 
 rends la vie à cet enfant ! »
22 Le SEIGNEUR entendit la prière d’Elie ; 
 le souffle de l’enfant revint en lui : 
 il était vivant !
23 Elie prit alors l’enfant, 
 de sa chambre il le descendit dans la maison, 
 le remit à sa mère et dit : 
 « Regarde, ton fils est vivant ! »
24 La femme lui répondit : 
 « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, 
 et que, dans ta bouche, la parole du SEIGNEUR 
 est véridique. »

Ceci se passe à Sarepta, sur la côte méditerranéenne, là où à l’occasion d’une grande sécheresse qui sévissait en Israël, Elie a trouvé refuge auprès d’une veuve pauvre ; il avait déjà, rappelez-vous, accompli pour elle et son fils un premier miracle : tout au long de la période de famine, les maigres réserves de farine et d’huile de la famille n’avaient pas baissé et la femme avait pu se nourrir ainsi que son fils et le prophète étranger qu’elle avait accepté d’accueillir sous son toit. Mais à quoi bon multiplier la nourriture si c’est pour mourir tout de même ? Pendant que le prophète habitait chez la veuve de Sarepta, voici que son fils tombe malade et meurt. Or, dans la mentalité de l’époque, une mort prématurée était forcément considérée comme un châtiment. Si la veuve avait perdu son mari, déjà, sans nul doute, elle était coupable, même sans le savoir ; la mort de son fils venait confirmer le verdict. C’est donc tout naturellement qu’elle dit à Elie : « Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! »
 Dans sa douleur, elle emploie même une formule particulièrement dure : littéralement « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » Petite phrase que nous connaissons bien, puisque Jésus lui-même l’a adressée à sa mère lors des noces de Cana. La traduction donnée dans notre lecture « Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? » rend assez bien la révolte de la femme qui attribue à la présence d’Elie la mort de l’enfant. Cette idée que Dieu pourrait en vouloir à notre vie nous effleure parfois, peut-être ; la suite du texte prouve au contraire, que l’oeuvre de Dieu est une oeuvre de vie et de guérison. Aussi, en rendant la vie au fils de la veuve, Elie accomplit-il beaucoup plus qu’une guérison physique : il ouvre la femme à la vérité. Désormais elle saura que la mort n’est pas un châtiment ; elle saura aussi que Dieu est le Dieu de la vie. Cette païenne vient d’être libérée de ses fausses idées sur Dieu !
 L’auteur du livre des Rois, quant à lui, poursuit un projet bien précis quand, des siècles après les événements, il donne cette histoire à méditer à ses contemporains : car la veuve de Sarepta est une païenne, par hypothèse ; or elle sait reconnaître l’envoyé de Dieu et elle sait reconnaître Dieu à l’oeuvre à travers lui.
 Pendant ce temps, le peuple élu, bénéficiaire de tant de prédication prophétique depuis si longtemps, oublie son Dieu et méconnaît Elie, son prophète. Car ceci se passe, rappelez-vous, sur fond d’idolâtrie : la reine Jézabel a entraîné le peuple dans le culte des Baals ; c’est bien le monde à l’envers : le peuple élu abandonnant l’Alliance et des païens devenus capables de reconnaître le vrai Dieu. A bon entendeur salut, semble nous dire l’auteur. Il en profite pour délivrer également un autre message qui devient de plus en plus insistant au fur et à mesure que progresse la découverte des hommes de la Bible : Dieu ne réserve pas ses bienfaits au seul peuple d’Israël, toute l’humanité est appelée à en bénéficier. « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » avait dit Dieu à Abraham (Gn 12, 3). Et depuis la révélation du buisson ardent, on sait que, partout sur toute la terre, Dieu entend les cris, Dieu voit les larmes des veuves et des orphelins ; et il envoie ses prophètes pour les soulager.
 Quelques siècles plus tard, Jésus aura encore besoin de rappeler cette leçon à ses contemporains : un matin de shabbat à la synagogue de Nazareth, ils l’ont entendu affirmer : « Oui, je vous le déclare, aucun prophète ne trouve accueil dans sa patrie. En toute vérité, je vous le déclare, il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d’Elie, quand le ciel fut fermé (il ne plut pas) trois ans et six mois et que survint une grande famine sur tout le pays ; pourtant ce ne fut à aucune d’entre elles qu’Elie fut envoyé, mais bien dans le pays de Sidon, à une veuve de Sarepta. » Les lecteurs du livre des Rois, les auditeurs de Jésus avaient, il faut le croire, du mal à l’admettre ! Ils ont peut-être d’autant plus de mal que cette pauvre veuve, bien humble, qui n’a bénéficié d’aucun catéchisme, se permet de leur donner la véritable définition du prophète : « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique. » A un moment, précisément, où les prophètes n’avaient guère d’audience, le livre du Deutéronome avait justement insisté sur la gravité de ce refus d’écouter : « C’est un prophète comme toi (Moïse) que je leur susciterai du milieu de leurs frères ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles, celles que le prophète aura dites en mon nom, alors moi-même je lui en demanderai compte. » (Dt 18, 18-19). La méconnaissance des contemporains d’Elie, celle des contemporains de Jésus n’en apparaissent que plus clairement : Dieu parle par ses prophètes et personne ne les écoute.
 Refrain connu : Elie lui-même, dans un de ses moments de découragement, s’en plaignait à Dieu : « Je suis passionné pour le Seigneur, le Dieu des puissances : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul et l’on cherche à m’enlever la vie. » (1 R 19, 10).  Mais n’oublions pas qu’à cette plainte d’Elie, Dieu a répondu en lui faisant remarquer une présence qu’il avait peut-être tendance à sous-estimer : celle d’une multitude de croyants anonymes dont la foi n’avait pas chancelé. Réponse valable en tous temps : à plusieurs reprises, Jésus s’est émerveillé de la foi de ses interlocuteurs : à notre tour, il nous suffit peut-être d’ouvrir les yeux, nous ne sommes pas seuls, des croyants nous entourent.

Abandonné de Dieu – Au début du Psaume 22…

5 février, 2013

http://www.bibleenligne.com/Lectures_bibliques/Mensuel/ME/02/Abandonne%20de%20Dieu.htm

Abandonné de Dieu

Au début du Psaume 22, se trouve une expression particulièrement émouvante et d’une importance incomparable. C’est la question: «Mon Dieu! Mon Dieu! Pourquoi m’as-tu abandonné?» (Psaumes 22: 1, voir aussi Matthieu 27: 46).

Qui posait cette question à Dieu? Comme le prouve le passage de Matthieu, c’était le Fils de Dieu, qui était dans le sein du Père déjà avant la fondation du monde, l’objet des délices de Dieu, le créateur et le conservateur de l’univers, le Christ qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement. En même temps, il était l’homme sans tache, saint, parfait, n’ayant jamais commis un seul péché, ne pouvant pas en commettre, un véritable homme, né de femme, semblable à nous en toutes choses, à part le péché. Depuis la crèche de Bethléhem jusqu’à la croix de Golgotha, sa vie était en parfaite harmonie avec la volonté de Dieu. Il vivait pour glorifier Dieu. Toutes ses paroles et tous ses actes, tous ses regards et ses mouvements dégageaient un parfum agréable à Dieu dont ils rafraîchissaient le cœur. A deux reprises, les cieux s’ouvrirent sur Jésus et la voix du Père lui rendit témoignage: «Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j’ai trouvé mon plaisir».
C’est donc cette personne merveilleuse qui adresse ces paroles émouvantes à Dieu. Nos cœurs se demandent aussitôt: est-ce possible qu’il ait pu être abandonné de Dieu? Dieu a-t-il vraiment caché sa face de devant le seul homme juste et parfait ayant jamais vécu sur cette terre souillée? A-t-il fermé son oreille au cri de celui dont la nourriture était de faire la volonté de Dieu et de glorifier son nom? Oui, si étrange et incroyable que cela puisse paraître, Dieu l’a fait. Ce même Dieu qui ne détourne pas ses yeux du juste, dont les oreilles sont ouvertes pour entendre la supplication du pauvre, dont la main est toujours étendue pour secourir celui qui est faible et délaissé – ce même Dieu détourne sa face quand son Fils crie à lui et ne répond pas à sa prière instante.
Nous sommes en présence d’un événement mystérieux. Qui peut mesurer sa portée? Il contient en quelque sorte la substance de l’évangile, et constitue le fondement du christianisme. C’est dans la mesure où nous serons occupés des gloires de Celui qui prononçait ces paroles, où nous méditerons sur ce que cette personne est en elle-même, et pour Dieu, que nous prendrons conscience de la profondeur infinie de cette question. Et plus nous considérerons ce Dieu à qui cette question a été posée — plus nous apprendrons à connaître se caractère et ce qu’il a fait —, plus aussi nous comprendrons la valeur et la force de sa réponse.
Mais pour quelle raison Dieu abandonna-t-il son bien-aimé? Pourquoi? Le savons-nous pour nous-mêmes personnellement? Pouvons-nous dire de tout cœur: «Nous savons, je sais, pourquoi Dieu a abandonné le Seigneur de gloire. C’est parce qu’il se tenait à notre place, prenant sur lui tous nos péchés, oui, il a été fait péché pour nous. Toute notre culpabilité a été placée sur lui, et Dieu a jugé notre cas dans la personne de notre substitut».
Le Saint Esprit nous a-t-il appris ces choses? Avons-nous accepté avec une foi simple ces vérités consignées dans la parole de Dieu? S’il en est ainsi, une paix inébranlable, qui ne peut plus être troublée par aucune puissance ennemie, remplit notre cœur. Dans le cas contraire, l’âme ne pourra connaître et goûter cette paix aussi longtemps qu’elle ne sait pas que Dieu lui-même a réglé à la croix toute la question du péché et des péchés. Dieu savait à l’avance ce qui était nécessaire, et il y a pourvu.
Dieu et le péché se sont rencontrés à la croix. Le péché a été jugé et ôté. Les vagues et les flots de la colère de Dieu ont atteint celui qui portait les péchés; il a été mis dans la poussière de la mort. Dieu a traité le péché selon les exigences inflexibles de sa nature et de son trône, et maintenant, celui qui avait été fait péché et qui a été jugé à notre place est assis à la droite de la majesté de Dieu, couronné de gloire et d’honneur. Sa séance à cette place et la couronne qu’il porte, sont précisément la preuve que le péché est à jamais ôté.
Mais dans la réponse au «pourquoi» du Seigneur abandonné à la croix, nous pouvons aussi trouver une douce pensée: l’amour merveilleux de Dieu envers des pécheurs misérables. Non seulement cet amour le poussa à donner son Fils bien-aimé, mais aussi à le meurtrir à Golgotha: «Il plut à l’Éternel de le meurtrir; il l’a soumis à la souffrance» (Ésaïe 53: 10). Pourquoi? Parce que Dieu voulait nous épargner. Il n’y avait que deux possibilités pour nous: soit nous subissions les peines éternelles (le ver qui ne meurt pas, le feu qui ne s’éteint pas), soit notre substitut devait vider la coupe de la colère de Dieu contre le péché. Dieu soit béni, le Fils de Dieu a accompli l’œuvre de la rédemption et occupe maintenant la place suprême dans la gloire. Une place avec lui est prête pour tous ceux qui croient en lui dans leur cœur.

Traduit de l’allemand

LE DÉSERT, LIEU DE LA RENCONTRE: GN 21, 14-20

4 février, 2013

http://www.eleves.ens.fr/aumonerie/numeros_en_ligne/careme99/sebastien.html

LE DÉSERT, LIEU DE LA RENCONTRE

GN 21, 14-20

SÉBASTIEN FAGART

Le désert1 apparaît bien des fois dans la Bible. Ses symboles sont variés : lieu de l’épreuve2, du refuge3, de la providence divine4, de l’alliance5, il est peut-être d’abord et à travers tout cela le lieu de la Rencontre. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette terre de solitude absolue est expérimentée par le peuple juif comme la terre des deux grandes rencontres, indissolubles : celle que l’on fait avec soi-même et celle que l’on fait avec Dieu.
J’ai été touché en relisant la rencontre d’Agar avec l’ange de Dieu, au chapitre 21 de la Genèse. Dans l’Ecriture, il y a la terre promise et il y a le désert. Il y a Sarah et il y a Agar. On se met toujours du côté de Sarah : c’est elle qui a donné la vie à Isaac et par lui à Israël. C’est elle, dira saint Paul, qui incarne la promesse, la Jérusalem d’en haut6. Mais le Seigneur laisse aussi une place à Agar dans l’histoire qui l’unit au peuple hébreu. Agar, à mon sens, est une bonne guide pour entrer dans le désert, car elle figure ce moment aride qu’a connu Abraham avant de recevoir par Sarah la plénitude de la promesse.
Isaac est né : Agar n’a plus rien à faire auprès d’Abraham et de Sarah. La promesse est réalisée : elle et son fils Ismaël ne peuvent que menacer son accomplissement. Abraham la chasse, avec pour seuls vivres du pain et une outre d’eau. Le désert est toujours un arrachement. Agar a connu l’abondance de la maison d’Abraham, elle va à présent connaître le jeûne. Elle vit son exil, son « Exode ». Qui d’entre nous n’a pas connu ce détachement, cette séparation qui est le prélude à toute grande découverte ? Quitter son pays, ses préjugés, le terrain ferme et solide qui nous rassure, notre famille, nos amis peut-être ? Il faut souvent cela, à un moment ou à un autre, pour grandir. Mais qui de nous l’a fait de lui-même ? Agar est chassée par Abraham. Pour vivre cette expérience difficile du désert, il faut bien souvent être poussé, contraint. Le désert, comme les souffrances qui précèdent l’accouchement, rend indispensable la présence de sages-femmes. Ces personnes qui nous aiment vraiment, parce qu’elles ne souhaitent pas nous éviter les difficultés de la vie, nous « rassurer » avec la mièvrerie que revêt souvent l’indifférence, mais qui veulent d’abord nous faire grandir, que ce soit dans l’épreuve ou dans le plaisir. On peut douter des intentions d’Abraham vis-à-vis d’Agar7. Mais ce qui est sûr, c’est que Dieu en a fait bon gré mal gré l’auxiliaire de son dessein.
Agar s’en va errer au désert de Bersabéee. Elle est renvoyée devant elle-même, son histoire, son péché. Qu’elle a dû regretter à ce moment d’avoir irrité Sarah par son mépris ! Chacun de nous a besoin de ce temps difficile pour prendre conscience de son péché. Cela ne veut pas dire que Dieu nous punit. Mais le fruit de nos propres actions nous ouvre les yeux. Il a fallu l’exil de 587 avant Jésus-Christ pour que les derniers rédacteurs du Pentateuque, de tradition sacerdotale8, puissent relire dans le passé d’Israël ses infidélités.
L’outre que tient Agar, et dont l’eau s’épuise bien vite, ce sont les provisions qu’elle a faites pour son départ. Agar croit encore pouvoir s’en sortir par elle-même, par ce qu’elle possède. Mais il est un moment où tout lâche, même ce sur quoi on pensait pouvoir toujours s’appuyer. L’enfant d’Agar, c’est peut-être l’avenir qu’elle rêvait, son ambition : Ismaël succéderait à Abraham, héritant de toutes ses richesses. Elle, d’esclave qu’elle était, deviendrait une femme honorée, supplanterait sa maîtresse Sarah… Bon nombre de péchés, de jalousies, d’ambitions mal placées trouvent leur source dans une humiliation première. Saül lui-même ne pourchasse-t-il pas David parce qu’il entend dire : « Saül a tué ses milliers, et David ses myriades »9 ? Son enfant, Agar le jette sous un buisson et se met à crier et à pleurer : elle se résout à vivre à l’abandon. Elle remet son avenir entre les mains de Dieu. Dans tout cri, dans tout pleur, il y a un espoir, celui d’être entendu. Un bébé crierait-il s’il n’espérait la consolation maternelle ? Il en est de même pour nous. Je me souviens avoir pleuré il y a quatre ans, pour la première fois depuis mon enfance. C’était le moment où je croyais avoir le moins d’espoir, où je me croyais le plus abandonné (je vivais de gros doutes, une grande solitude), et en réalité l’un de ceux où la grâce a le plus opéré en moi. Il ne s’agit pas de devenir pleurnichardŠ, mais accepter parfois de pleurer, quel merveilleux chemin de paix et d’humilité ! Ce n’est pas pour rien que saint Ignace parle du « don des larmes ». Et dire qu’il y a des gens qui ne pleurent jamais ! Ils ne savent pas que, quand nous pleurons, le Seigneur pleure avec nous.
Dieu a entendu les cris. Comme il entend les pleurs de son peuple opprimé en Egypte10, il entend ceux d’Agar et son enfant. « Qu’as-tu, Agar ? », demande le Seigneur par la voix de son ange. Dieu commence toujours par interroger l’homme. On voudrait d’un dieu qui réponde à nos questions, un Jupiter qui vous explique le pourquoi de la foudre. Un dieu qui bouche vos lacunes, et qu’on pourrait cantonner dans l’avant-Big Bang. Un dieu qui se désintéresse des hommes, et les laisse vivre un tiède épicurisme. Mais l’Unique, le Saint d’Israël n’est pas de ceux-là : il interroge l’homme. C’est lui qui pose les questions. Il nous appelle à dire en vérité le point où nous en sommes, nos faiblesses, nos doutes, nos angoisses : à rentrer en nous-mêmes. Marie et Joseph cherchent Jésus longtemps avant de le retrouver dans le temple, discutant avec les docteurs11. Catherine de Sienne explique que ce temple est la cellule de notre coeur, et c’est en elle que, nous éloignant du brouhaha du monde, nous trouverons la dicrète présence de Dieu. C’est dans ce désert intérieur et extérieur que la mère d’Ismaël entend le Seigneur lui dire : « Qu’as-tu, Agar ? » Mais il ne se contente pas d’interroger, d’écouter ce que nous sommes : il nous console. « Ne crains pas » : il s’agit de l’expression la plus fréquemment employée dans la Bible. Dieu appelle l’homme à la confiance. Encore faut-il que l’homme reconnaisse sa peur, rentre en lui-même au lieu de se rassurer lui-même vainement avec les moyens qu’offre le monde. Encore faut-il avoir le « Courage d’avoir peur »12. C’est alors qu’on peut se laisser consoler, envelopper de la paix qui vient du Ciel, plus douce que toute paix humaine parce qu’elle ne nie pas, mais vient féconder notre angoisse. Quand Dieu nous dit « Ne crains pas », nous pouvons, comme Pierre, marcher sur les eaux13 !
Car la paix d’en haut a cela de particulier, qu’elle ne nous renferme pas sur nous-mêmes, sur une quelconque ataraxie, une fausse extase qui nous retirerait du monde de l’action. Au contraire, elle nous pousse en avant, nous propulse dans le réel. « Debout ! » dit le Seigneur à Agar. « Soulève le petit et tiens-le ferme, car j’en ferai une grande nation ». Lorsque nous avons accepté de nous mettre à genoux devant lui, il nous relève. C’est toute l’Histoire Sainte : celle d’une humanité qui apprend peu à peu à adorer son Dieu pour se laisser relever, restaurer, diviniser une fois pour toutes dans le Christ. « Dieu veut l’homme debout », dit saint Irénée. La paix de Dieu nous engage parce qu’elle s’ouvre toujours sur une promesse. Dans l’Ancien Testament, toujours concret, la promesse s’incarne dans la postérité – ici, celle d’Ismaël. Mais Dieu nous promet bien plus : la vie éternelle, le bonheur, la vocation à laquelle il nous appelle et que nous découvrons jour après jour. Agar a entendu cet appel : le Seigneur « dessille » ses yeux et elle aperçoit un puits. A la différence d’une quelconque idéologie ou système clos de pensée, la foi ne pose pas une grille d’interprétation sur le monde. Elle ne cache pas ce qui gêne pour ne laisser en lumière que ce qui plaît. La foi nous ouvre au contraire les yeux : elle nous permet de regarder sans crainte ce qui est. Ecouter Dieu, ce n’est pas obstruer le mystère, mais accepter de s’ouvrir à ce mystère avec la certitude que Quelqu’un nous y attend. Lorsque nous fixons les yeux sur nous-mêmes, sur nos peurs, nos révoltes, nos plaisirs, nous ne pouvons pas voir, dans le désert, ce puits qui se cache. Mais lorsque nous sommes à l’écoute de Dieu, nous pouvons constater le mal qui sévit sur terre et y voir surgir la Source de Vie. Mère Teresa n’est pas de celles qui se ferment les yeux pour inventer un monde où « tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil » : elle a quitté toute sécurité matérielle ou spirituelle pour le désert de la pauvreté et de la maladie. Et c’est dans ce désert de Calcutta, dans le visage de ses frères souffrants, qu’elle a trouvé la source de la vraie joie. Les pauvres, ce sont le Christ dont nous avons une si grande soif. « Nos voisins sont toujours visibles, et nous pouvons faire pour eux ce que, si le Christ était visible, nous aimerions faire pour lui14 « .
Et Dieu fut avec eux… Quand l’Esprit nous mène au désert15, ce n’est pas pour nous « couper les vivres », mais pour que nous rencontrions Celui qui nous appelle sans cesse. Le désert n’est pas pour toute la vie : il est un passage béni de la vie spirituelle. Dieu permet l’hiver pour nous faire connaître la joie du printemps. Il nous émonde pour nous faire fructifier, nous désencombre pour mieux nous combler. De temps à autre, il nous rencontre seul à seul pour que nous puissions, à chaque instant, le rencontrer dans le monde qui nous entoure.

S.F.

SANG DE LA VIGNE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

19 janvier, 2013

http://www.musee-virtuel-vin.fr/pages/Vinetreligion.aspx

(très belles photos sur le site)

SANG DE LA VIGNE DANS L’ANCIEN TESTAMENT 

LE VIN ET LA RELIGION DANS L’ANCIEN TESTAMENT 
Les principales références au vin et à la vigne vont, dans l’Ancien Testament, de l’ivresse et la nudité de Noé à la célébration du vin dans le Cantique des cantiques, en passant par la grappe gigantesque rapportée du pays de Canan, le double inceste de Loth ennivré par ses filles et le festin du roi Balthazar. Si, dès la Genèse (XLI, 11), le vin est salué comme le « le sang de la vigne », il n’en reste pas moins un breuvage redoutable. Le Livre des Proverbes est là pour rappeler : « Le vin bu modérément est la joie du cœur et de l’âme », « Le vin bu jusqu’à l’ivresse découvre le cœur des superbes », « Le vin bu avec sobriété est une seconde vie », « Le vin bu avec excès est l’amertume de l’âme ».

LE VIN ET LA RELIGION DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
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L’ivresse et la nudité de Noé – Accès aux oeuvres

L’IVRESSE ET LA NUDITÉ DE NOÉ 
L’ivresse de Noé lui fit découvrir sa nudité devant ses fils : « Noé commença à cultiver la terre, et planta de la vigne.Il but du vin, s’enivra, et se découvrit au milieu de sa tente. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères. Alors Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent sur leurs épaules, marchèrent à reculons, et couvrirent la nudité de leur père; comme leur visage était détourné, ils ne virent point la nudité de leur père. Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet. Et il dit: Maudit soit Canaan! qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères !  » (Genèse IX, 20-25).
Quelques textes apocryphes expliquent que la chute du patriarche a été due à l’intervention de Lucifer, l’ange déchu. Fort naïvement, Noé aurait accepté l’aide du diable pour planter sa vigne après le Déluge. Celui-ci, selon la tradition, commença par faire un sacrifice en immolant un mouton, un lion, un singe et un cochon. Tout se gâta quand il en aspergea le plantier. Face à la surprise du patriarche, Satan expliqua alors : « Au premier verre de vin, l’homme deviendra doux et humble comme un mouton, au second, il se sentira fort comme un lion et ne cessera de s’en vanter, au troisième il imitera le singe, dansant tout en disant des sottises, au quatrième, il se vautrera tel un cochon dans la fange et les immondices ».
Pour les chrétiens, il faudra la venue du Christ pour effacer la soûlerie du premier patriarche de l’humanité. Jésus de Nazareth se présenta en disant à ses disciples : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron » et il poursuivit « Je suis la vigne et vous êtes les sarments » (Jean, XV, 1-5).

LE DOUBLE INCESTE DE LOTH ENIVRÉ PAR SES FILLES 
« Lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine (NDLR. Sodome et Gomorrhe), il se souvint d’Abraham; et il fit échapper Lot du milieu du désastre, par lequel il bouleversa les villes où Lot avait établi sa demeure. Lot quitta Tsoar pour la hauteur, et se fixa sur la montagne, avec ses deux filles, car il craignait de rester à Tsoar. Il habita dans une caverne, lui et ses deux filles. L’aînée dit à la plus jeune: Notre père est vieux; et il n’y a point d’homme dans la contrée, pour venir vers nous, selon l’usage de tous les pays. Viens, faisons boire du vin à notre père, et couchons avec lui, afin que nous conservions la race de notre père. Elles firent donc boire du vin à leur père cette nuit-là; et l’aînée alla coucher avec son père: il ne s’aperçut ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. Le lendemain, l’aînée dit à la plus jeune: Voici, j’ai couché la nuit dernière avec mon père; faisons-lui boire du vin encore cette nuit, et va coucher avec lui, afin que nous conservions la race de notre père. Elles firent boire du vin à leur père encore cette nuit-là; et la cadette alla coucher avec lui: il ne s’aperçut ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. Les deux filles de Lot devinrent enceintes de leur père. L’aînée enfanta un fils, qu’elle appela du nom de Moab: c’est le père des Moabites, jusqu’à ce jour. La plus jeune enfanta aussi un fils, qu’elle appela du nom de Ben Ammi: c’est le père des Ammonites, jusqu’à ce jour » (Genèse XIX, 29-38).

LA GRAPPE DE CANAAN
« L’Éternel parla à Moïse, et dit: Envoie des hommes pour explorer le pays de Canaan, que je donne aux enfants d’Israël. Tu enverras un homme de chacune des tribus de leurs pères; tous seront des principaux d’entre eux » (Nombres, XIII, 1-2)… « Moïse les envoya pour explorer le pays de Canaan. Il leur dit: Montez ici, par le midi; et vous monterez sur la montagne. Vous verrez le pays, ce qu’il est, et le peuple qui l’habite, s’il est fort ou faible, s’il est en petit ou en grand nombre ; ce qu’est le pays où il habite, s’il est bon ou mauvais; ce que sont les villes où il habite, si elles sont ouvertes ou fortifiées ; ce qu’est le terrain, s’il est gras ou maigre, s’il y a des arbres ou s’il n’y en a point. Ayez bon courage, et prenez des fruits du pays. C’était le temps des premiers raisins. Ils montèrent, et ils explorèrent le pays, depuis le désert de Tsin jusqu’à Rehob, sur le chemin de Hamath. Ils montèrent, par le midi, et ils allèrent jusqu’à Hébron, où étaient Ahiman, Schéschaï et Talmaï, enfants d’Anak. Hébron avait été bâtie sept ans avant Tsoan en Égypte. Ils arrivèrent jusqu’à la vallée d’Eschcol, où ils coupèrent une branche de vigne avec une grappe de raisin, qu’ils portèrent à deux au moyen d’une perche; ils prirent aussi des grenades et des figues. On donna à ce lieu le nom de vallée d’Eschcol, à cause de la grappe que les enfants d’Israël y coupèrent. Ils furent de retour de l’exploration du pays au bout de quarante jours. A leur arrivée, ils se rendirent auprès de Moïse et d’Aaron, et de toute l’assemblée des enfants d’Israël, à Kadès dans le désert de Paran. Ils leur firent un rapport, ainsi qu’à toute l’assemblée, et ils leur montrèrent les fruits du pays. Voici ce qu’ils racontèrent à Moïse: Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés. A la vérité, c’est un pays où coulent le lait et le miel, et en voici les fruits » (17-27). 

LE FESTIN DE BALTHAZAR 
« Le roi Belschatsar donna un grand festin à ses grands au nombre de mille, et il but du vin en leur présence. Belschatsar, quand il eut goûté au vin, fit apporter les vases d’or et d’argent que son père Nebucadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, s’en servissent pour boire. Alors on apporta les vases d’or qui avaient été enlevés du temple, de la maison de Dieu à Jérusalem; et le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, s’en servirent pour boire. Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or, d’argent, d’airain, de fer, de bois et de pierre. En ce moment, apparurent les doigts d’une main d’homme, et ils écrivirent, en face du chandelier, sur la chaux de la muraille du palais royal. Le roi vit cette extrémité de main qui écrivait. Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent; les jointures de ses reins se relâchèrent, et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre. Le roi cria avec force qu’on fît venir les astrologues, les Chaldéens et les devins; et le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone: Quiconque lira cette écriture et m’en donnera l’explication sera revêtu de pourpre, portera un collier d’or à son cou, et aura la troisième place dans le gouvernement du royaume. Tous les sages du roi entrèrent; mais ils ne purent pas lire l’écriture et en donner au roi l’explication. Sur quoi le roi Belschatsar, fut très effrayé, il changea de couleur, et ses grands furent consternés. La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la salle du festin, et prit ainsi la parole: O roi, vis éternellement! Que tes pensées ne te troublent pas, et que ton visage ne change pas de couleur ! Il y a dans ton royaume un homme qui a en lui l’esprit des dieux saints; et du temps de ton père, on trouva chez lui des lumières, de l’intelligence, et une sagesse semblable à la sagesse des dieux. Aussi le roi Nebucadnetsar, ton père, le roi, ton père, l’établit chef des magiciens, des astrologues, des Chaldéens, des devins, parce qu’on trouva chez lui, chez Daniel, nommé par le roi Beltschatsar, un esprit supérieur, de la science et de l’intelligence, la faculté d’interpréter les songes, d’expliquer les énigmes, et de résoudre les questions difficiles. Que Daniel soit donc appelé, et il donnera l’explication. Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Es-tu ce Daniel, l’un des captifs de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda ? J’ai appris sur ton compte que tu as en toi l’esprit des dieux, et qu’on trouve chez toi des lumières, de l’intelligence, et une sagesse extraordinaire. On vient d’amener devant moi les sages et les astrologues, afin qu’ils lussent cette écriture et m’en donnassent l’explication; mais ils n’ont pas pu donner l’explication des mots. J’ai appris que tu peux donner des explications et résoudre des questions difficiles; maintenant, si tu peux lire cette écriture et m’en donner l’explication, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras un collier d’or à ton cou, et tu auras la troisième place dans le gouvernement du royaume. Daniel répondit en présence du roi: Garde tes dons, et accorde à un autre tes présents; je lirai néanmoins l’écriture au roi, et je lui en donnerai l’explication. O roi, le Dieu suprême avait donné à Nebucadnetsar, ton père, l’empire, la grandeur, la gloire et la magnificence ; et à cause de la grandeur qu’il lui avait donnée, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues étaient dans la crainte et tremblaient devant lui. Le roi faisait mourir ceux qu’il voulait, et il laissait la vie à ceux qu’il voulait; il élevait ceux qu’il voulait, et il abaissait ceux qu’il voulait. Mais lorsque son coeur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire ; il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son coeur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages; on lui donna comme aux boeufs de l’herbe à manger, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Dieu suprême domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. Et toi, Belschatsar, son fils, tu n’as pas humilié ton coeur, quoique tu susses toutes ces choses. Tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux; les vases de sa maison ont été apportés devant toi, et vous vous en êtes servis pour boire du vin, toi et tes grands, tes femmes et tes concubines; tu as loué les dieux d’argent, d’or, d’airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient point, qui n’entendent point, et qui ne savent rien, et tu n’as pas glorifié le Dieu qui a dans sa main ton souffle et toutes tes voies. C’est pourquoi il a envoyé cette extrémité de main qui a tracé cette écriture. Voici l’écriture qui a été tracée: Compté, compté, pesé, et divisé. Et voici l’explication de ces mots. Compté: Dieu a compté ton règne, et y a mis fin. Pesé: Tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé léger. Divisé: Ton royaume sera divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses. Aussitôt Belschatsar donna des ordres, et l’on revêtit Daniel de pourpre, on lui mit au cou un collier d’or, et on publia qu’il aurait la troisième place dans le gouvernement du royaume. Cette même nuit, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué. Et Darius, le Mède, s’empara du royaume, étant âgé de soixante-deux ans  » (Daniel V, 1-31). 

LE CANTIQUE DES CANTIQUES    
« Qu’il me baise des baisers de sa bouche! Car ton amour vaut mieux que le vin, Tes parfums ont une odeur suave; Ton nom est un parfum qui se répand; C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment. Entraîne-moi après toi! Nous courrons! Le roi m’introduit dans ses appartements… Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi; Nous célébrerons ton amour plus que le vin. C’est avec raison que l’on t’aime » (Cantique, I, 2-4)… « Il m’a fait entrer dans la maison du vin; Et la bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour » (II, 4)… « Que de charmes dans ton amour, ma soeur, ma fiancée ! Comme ton amour vaut mieux que le vin, Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates ! (IV, 10)… « J’entre dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée; Je cueille ma myrrhe avec mes aromates, Je mange mon rayon de miel avec mon miel, Je bois mon vin avec mon lait… -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d’amour ! - » (V, 1)… « Ton sein est une coupe arrondie, Où le vin parfumé ne manque pas; Ton corps est un tas de froment, Entouré de lis  » (VII, 2)… « Ta taille ressemble au palmier, Et tes seins à des grappes. Je me dis: Je monterai sur le palmier, J’en saisirai les rameaux! Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, Le parfum de ton souffle comme celui des pommes, Et ta bouche comme un vin excellent,… Qui coule aisément pour mon bien-aimé, Et glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment ! (VII, 7-10).                             

Psaume 24 commentaire

30 novembre, 2012

http://www.bibleenligne.com/Commentaire_biblique/Commentaire_simple/AT/Psaumes/Ps%2024.htm

Psaume 24

Commentaire

De David. Psaume.
1 . À l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient¹, le monde et ceux qui l’habitent;
— ¹ litt.: sa plénitude.
2 . Car lui l’a fondée sur les mers, et l’a établie sur les fleuves.
3 . Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel? et qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté?
4 . Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n’élève pas son âme à la vanité, et ne jure pas avec fausseté.
5 . Il recevra bénédiction de l’Éternel, et justice du Dieu de son salut.
6 . Telle est la génération de ceux qui le cherchent, de ceux qui recherchent ta face, ô Jacob. Sélah.
*
7 . Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
8 . Qui est ce roi de gloire? L’Éternel fort et puissant, l’Éternel puissant dans la bataille.
9 . Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
10 . Qui est-il, ce roi de gloire? L’Éternel des armées, lui, est le roi de gloire. Sélah.
———————————————

Au Ps. 22 nous trouvons un Sauveur. C’est le passé, la croix où tout commence. Le Ps. 23 correspond au présent: c’est d’un Berger que nous faisons l’expérience. Le Ps. 24, enfin, nous ouvre l’avenir: nous y admirons le Roi de gloire.
Tous ces psaumes sont de David, homme qui connut le rejet et la souffrance, mais qui fut aussi berger d’Israël (2 Sam. 5. 2  ) et roi glorieux en Sion. Le Psaume 24 commence par l’affirmation des droits de l’Éternel sur la terre. La croix y fut dressée (Ps. 22). Elle est présentement une sombre vallée (Ps. 23). Mais bientôt l’Éternel y établira son trône. «Le monde et ceux qui l’habitent» devront alors reconnaître Celui à qui ils appartiennent et se soumettre à sa domination. Certains ne s’y décideront que sous l’effet de la contrainte, «en dissimulant», comme l’annonce le Ps. 18. 44  . En ce qui nous concerne, puissions-nous rendre dès aujourd’hui au Seigneur Jésus l’obéissance de l’amour. Pour avoir part au Royaume, les citoyens doivent en posséder les caractères (v. 3 à 6). Jésus les a promulgués dès le début de son ministère (comp. v. 4 avec Matth. 5. 8 ). Il était le Roi, le Messie d’Israël. Mais son peuple l’a rejeté, aussi est-il sorti, portant sa croix (Jean 19. 5 et 17  ). Contemplons-le maintenant entrant comme l’Éternel lui-même, le Roi de gloire, dans son règne de bénédiction.

Dimanche 2 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut sur Jérémie 33, 14 – 16

30 novembre, 2012

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 2 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Jérémie 33, 14 – 16

14 Parole du SEIGNEUR.
 Voici venir des jours
 où j’accomplirai la promesse de bonheur
 que j’ai adressée à la maison d’Israël
 et à la maison de Juda :
15 En ces jours-là, en ce temps-là,
 je ferai naître chez David un Germe de justice,
 et il exercera dans le pays le droit et la justice.
16 En ces jours-là, Juda sera délivré,
 Jérusalem habitera en sécurité,
 et voici le nom qu’on lui donnera :
 « Le SEIGNEUR est notre Justice. »

« Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. » Le prédicateur qui parle ici n’est pas le prophète Jérémie. Il est son fils spirituel, et parce qu’il est son fils spirituel, ses prédications ont été conservées dans le livre de Jérémie lui-même. En un moment où ses contemporains sont tentés de désespérer de l’avenir, il leur rappelle les propos de Jérémie quelques siècles plus tôt. Il leur dit « Vous vous souvenez de la promesse que vous a transmise Jérémie de la part de Dieu, eh bien, gardez confiance, elle va bientôt se réaliser. » Et qu’avait dit Jérémie ? « Je ferai naître chez David un Germe de justice ». En langage biblique, cela voulait dire « un nouveau roi, descendant de David, va naître et régner à Jérusalem ».
 Déjà, au temps de Jérémie, il était bien difficile d’y croire. Et au temps de son fils spirituel, plus encore. Parlons d’abord de l’époque de Jérémie. Le roi David était mort depuis bien longtemps et sa dynastie (on l’appelait l’arbre de Jessé) semblait définitivement éteinte. Car le roi Nabuchodonosor avait déporté successivement à Babylone les deux derniers rois de Jérusalem (vers 600 av.J.C). Désormais, la ville était occupée, le Temple détruit, le pays dévasté, la population décimée. La plupart des survivants avaient été faits prisonniers et emmenés en exil à Babylone : après la longue marche forcée entre Jérusalem et Babylone, la petite colonie juive semblait condamnée à mourir là-bas, loin du pays. Et l’on pouvait se poser bien des questions : Israël serait-il bientôt rayé de la carte ? Qu’étaient donc devenues les belles promesses des prophètes ? Depuis Natan qui avait annoncé à David et à sa descendance une royauté éternelle, on rêvait du roi idéal qui instaurerait la sécurité, la paix, la justice pour tous. Devait-on, à tout jamais, s’interdire de rêver ?
 C’est alors que l’Esprit-Saint avait soufflé à Jérémie le langage de l’espoir ; il commençait par cette formule bien connue : « Parole du SEIGNEUR ». Je m’y arrête un instant : lorsque la prédication d’un prophète commence par la formule « Parole du SEIGNEUR », il faut être particulièrement attentif. Cela veut dire que ce qui suit est difficile à croire ou à comprendre pour les auditeurs. Si un prophète prend la peine de préciser qu’il s’agit bien d’une parole du Seigneur, et non pas seulement de lui-même, c’est parce que ses contemporains sont découragés. Et toute parole d’espoir leur paraît un pieux mensonge ! Pourquoi sont-ils découragés ? Parce que la période est rude, parce que le bonheur promis par Dieu à son peuple depuis Abraham semble s’éloigner tous les jours davantage, parce que le trône de Jérusalem est désespérément vacant…
 Jérémie continuait : « Voici venir des jours où je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda (c’est la région autour de Jérusalem) sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : Le SEIGNEUR est notre Justice. »
 C’est donc justement à ce moment précis où le peuple juif était privé de roi, et où la royauté (et la Promesse qui s’y attache depuis David) semblait définitivement éteinte que le prophète osait proclamer : contre toute apparence, la promesse faite par Dieu à David se réalisera. Un nouveau roi viendra qui fera régner la justice. Et alors Jérusalem, dont le nom signifie « Ville de la Paix » remplira sa vocation. Notre prophète allait même encore plus loin puisqu’il disait « la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda » comme si ces deux royaumes ne faisaient qu’un ; or, à l’époque de Jérémie, il y avait bien longtemps que le royaume de Salomon avait été divisé en deux royaumes distincts, plus souvent ennemis que frères, Israël et Juda ; et depuis les conquêtes assyriennes le royaume d’Israël dont la capitale était Samarie a été rayé de la carte. Et notre prophète osait parler de réunification ! C’est un pur défi au bon sens, mais c’est cela la foi ! Belle leçon d’espérance et bel exemple de ce qu’est une parole prophétique : celle qui, dans les jours sombres, annonce la lumière.
 Le fils spirituel de Jérémie, celui que nous lisons aujourd’hui, prêche en un temps tout aussi troublé. Les siècles ont passé, mais le Messie n’a toujours pas vu le jour. A vrai dire, on ne sait pas très bien quand ces lignes ont été écrites, mais on pense qu’il s’agit de la prédication d’un auteur très tardif de l’Ancien Testament, probablement au deuxième siècle av.J.C. (Plus tard, son discours a été inséré dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 33).1
 Il commence par la formule dont je parlais en commençant : « Parole du Seigneur » et on comprend maintenant mieux la suite ; il dit : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. » Cette promesse de bonheur, c’est celle que son illustre prédécesseur, le prophète Jérémie a prononcée à Jérusalem quelques siècles auparavant, dans un autre moment de découragement.
 Nous ne connaissons donc pas le nom de ce prédicateur qui reprend les propos de Jérémie plusieurs siècles après lui. Ce qui est admirable, c’est que dans une nouvelle période morose, ce prophète anonyme rappelle à ses contemporains les promesses de Dieu annoncées quelques siècles auparavant par Jérémie. « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël… » Le secret de l’espérance invincible des croyants tient en ces quelques mots : notre attente n’est pas du domaine du rêve, mais de la promesse de Dieu. Lui, le fidèle, saura faire naître un nouveau germe sur l’arbre de Jessé.
 A vrai dire, il nous arrive à nous aussi, de connaître le découragement. Depuis des siècles et des siècles, c’est toujours la même question : pourquoi la paix, l’harmonie, la fraternité dont nous rêvons, semblent-elles inaccessibles, en un mot pourquoi le Royaume de Dieu tarde-t-il tant à s’installer ? Il est bien vrai que le retard dans la venue du royaume de Dieu est un défi pour notre foi et pour la foi de tous les croyants de tous les temps.
 Rassurons-nous : notre foi s’appuie sur deux raisons absolument invincibles : la première c’est que Dieu ne peut pas manquer à une promesse… Mais surtout : et c’est le dernier mot de ce texte : « Le SEIGNEUR est notre justice. » Cela, c’est la meilleure raison de ne jamais perdre l’espoir. Si nous comptions sur nos propres forces pour transformer le monde, l’entreprise semble bien perdue d’avance… Mais justement, la merveilleuse nouvelle de ce texte, c’est que la justice qui règnera à Jérusalem et sur toute la terre ne sera pas au bout de nos efforts : elle viendra de Dieu lui-même !

 —————————
 Note
 1 – Pourquoi suppose-t-on que ces versets (Jr 33, 14-16) ne sont pas du prophète Jérémie ? Parce qu’ils figurent bien dans la Bible en hébreu, mais pas dans la traduction grecque dite des « Septante » réalisée vers 250 av.J.C. (à l’intention des très nombreux Juifs présents à Alexandrie qui ne comprenaient plus l’hébreu).
 Bien évidemment, on peut être certain que les traducteurs ont religieusement respecté le texte original et n’en ont certainement pas supprimé une ligne! Donc si un passage n’existe pas dans la Bible grecque, c’est qu’il ne figurait pas encore dans la Bible en hébreu au moment de la traduction. Or, la presque totalité du livre de Jérémie a été traduite, mais pas ces versets précis que nous lisons ici ; on en déduit que ce passage ne figurait pas encore dans la Bible hébraïque en 250 av.JC. et donc qu’il ne peut pas être de Jérémie lui-même qui est mort quelque part en Egypte trois cents ans auparavant. Ces versets auront été insérés dans le livre de Jérémie par un lointain fils spirituel. Ils n’en ont que plus de force : à une époque où la promesse semble peut-être irrémédiablement caduque, un prophète anonyme reprend un vieil oracle de Jérémie pour maintenir vivante la foi et l’espérance de ses frères.

 Compléments
 - On sait comment Saint Pierre répondait à des Chrétiens complètement découragés qui lui tenaient ce genre de discours : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience… » (2 Pi 3, 8 – 9). Eh bien, ce passage du livre de Jérémie est exactement de la même veine !
 - Les Juifs posaient donc la même question que les Chrétiens de Pierre, et que les Chrétiens que nous sommes. Une question du genre : « Vous y croyez encore, vous, que le monde est en marche vers le royaume ? » C’est la question que nous entendons souvent. Que répond Pierre ? Que répond le prophète ? Que devons-nous répondre, nous aujourd’hui ? Oui, c’est vrai, certaines apparences sont contraires, mais Dieu est Dieu, il est fidèle, donc c’est justement le moment de croire. C’est quand il fait nuit qu’il faut s’accrocher à sa foi. Et si Dieu a fait une promesse, nous sommes certains qu’il l’accomplira !
 - « Le SEIGNEUR est notre justice » : c’était le nom même du dernier roi de Jérusalem avant l’Exil, un nom qu’il n’avait guère honoré.

La Genèse, Chapitre 18 : 1 L’Eternel lui apparut dans la chênaie de Mamré…

6 novembre, 2012

http://www.levangile.com/Bible-Annotee-Genese-18.htm

La Bible annotée

La Genèse

Chapitre 18

1 L’Eternel lui apparut dans la chênaie de Mamré. Comme il était assis à l’entrée de la tente pendant la chaleur du jour,
2 il leva les yeux et aperçut trois hommes se tenant devant lui ; et dès qu’il les vit, il courut à eux de l’entrée de la tente, et il se prosterna en terre
3 et dit : Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas devant ton serviteur.
4 Permets qu’on aille chercher un peu d’eau, et vous laverez vos pieds. Asseyez-vous sous l’arbre ;
5 j’apporterai un morceau de pain, vous prendrez des forces, puis vous continuerez votre chemin ; car c’est pour cela que vous avez passé devant votre serviteur. Ils répondirent : Fais comme tu l’as dit.
6 Et Abraham s’empressa d’entrer dans la tente vers Sara, et il lui dit : Prends vite trois mesures de fleur de farine, pétris et fais des gâteaux.
7 Puis Abraham courut au bétail et prit une bête tendre et bonne et la donna au valet, qui se hâta de l’apprêter.
8 Et il prit du beurre et du lait et la bête qu’il avait apprêtée, et il les mit devant eux ; et lui se tenait debout auprès d’eux sous l’arbre, et ils mangèrent.
9 Puis ils lui dirent : Où est Sara, ta femme ? Il répondit : Elle est là dans la tente.
10 Et il dit : Certainement je reviendrai chez toi l’an prochain, et voici Sara ta femme aura un fils. Et Sara entendait cela à l’entrée de la tente, derrière lui.
11 Or Abraham et Sara étaient des vieillards, fort avancés dans la vie ; Sara était hors d’âge.
12 Et Sara rit en elle-même en se disant : Vieille comme je suis, aurais-je encore du plaisir ? Et mon seigneur est vieux.
13 Et l’Éternel dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri en se disant : Est-ce que vraiment j’enfanterai, vieille comme je suis ?
14 Y a-t-il rien qui soit trop merveilleux pour l’Éternel ? A cette saison je reviendrai vers toi l’an prochain, et Sara aura un fils.
15 Et Sara nia disant : Je n’ai pas ri ; car elle eut peur. Mais il lui dit : Non, car tu as ri.
16 Et ces hommes se levèrent de là et se tournèrent du côté de Sodome. Abraham allait avec eux pour les accompagner.
17 Or l’Éternel dit : Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ?
18 Abraham doit devenir une nation grande et forte, et toutes les nations de la terre seront bénies en lui.
19 Car je l’ai choisi afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, en faisant ce qui est juste et droit, pour que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il lui a promis.
20 Et l’Éternel dit : Le cri qui s’élève de Sodome et Gomorrhe est bien fort et leur iniquité bien énorme.
21 Je veux descendre et voir si, comme le bruit en est venu jusqu’à moi, leur crime est arrivé au comble ; ou si cela n’est pas, je veux le savoir.
22 Et ces hommes partirent et s’en allèrent à Sodome ; et Abraham se tenait encore devant l’Éternel.
23 Et Abraham s’approcha et dit : Est-ce que vraiment tu ferais périr le juste avec le coupable ?
24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ; les ferais-tu donc périr et ne pardonnerais-tu pas à ce lieu à cause de ces cinquante justes qui s’y trouveraient ?
25 Loin de toi d’agir de la sorte, de faire mourir le juste avec le coupable ! Ainsi il en serait du juste comme du coupable ! Loin de toi ! Celui qui juge toute la terre ne rendrait-il pas justice ?
26 Et l’Éternel dit : Si je trouve à Sodome cinquante justes, au milieu de la ville, je pardonnerai à tout le lieu pour l’amour d’eux.
27 Et Abraham reprit : Voilà que j’en suis venu à parler au Seigneur, moi qui suis poudre et cendre.
28 Peut-être que des cinquante justes il en manquera cinq. Détruiras-tu pour cinq hommes toute la ville ? Et il dit : Je ne la détruirai pas si j’en trouve quarante-cinq.
29 Et Abraham continua encore à lui parler ; il lui dit : Peut-être s’en trouvera-t-il là quarante. Et il dit : Je ne le ferai pas pour l’amour des quarante.
30 Et Abraham dit : Que le Seigneur veuille ne pas s’irriter si je parle ! Peut-être s’en trouvera-t-il trente. Et il dit : Je ne le ferai pas si j’y en trouve trente.
31 Et Abraham dit : Voilà que j’en suis venu à parler au Seigneur. Peut-être s’en trouvera-t-il vingt. Et il dit : Je ne la détruirai pas pour l’amour des vingt.
32 Et Abraham dit : Que le Seigneur veuille ne pas s’irriter, et je parlerai encore cette seule fois : Peut-être s’en trouvera-t-il dix. Et il dit : Je ne la détruirai pas pour l’amour des dix.
33 Et l’Éternel s’en alla quand il eut achevé de parler à Abraham, et Abraham retourna chez lui.

Notes
18 et 19
Les anges chez Abraham et à Sodome.
Destruction des villes de la Plaine
Ce récit d’une fraîcheur et d’une beauté littéraire remarquables appartient au document jéhoviste. Nous y admirons l’intimité dans laquelle Abraham vit avec l’Éternel. Il intercède hardiment auprès de lui en faveur des villes du pays menacées de ruine ; et l’Éternel le renseigne sur le jugement qu’il va accomplir. Ce sont ces rapports familiers avec l’Éternel qui ont valu à Abraham le titre d’ami de Dieu (Esaïe 46.8 ; Jacques 2.23).

Verset 1,1-8
Trois êtres célestes acceptent l’hospitalité d’Abraham. Cette visite de l’Éternel a eu lieu dans le même temps que la révélation du chapitre 17, c’est-à-dire un an avant la naissance d’Isaac. Comparez 17.21 et 17.10. Après treize ans de silence (entre les chapitres 16 et 17), les communications divines se multiplient, car l’accomplissement est proche.
La première partie du verset 1 est le sommaire de tout le récit. De là vient que l’auteur nomme déjà l’Éternel, tandis que dans le récit même il ne le désigne comme tel que dès le moment où Abraham le reconnaît.
Dans la chênaie de Mamré : près d’Hébron ; c’était son domicile habituel depuis son retour d’Egypte (13.18 ; 14.13).

Verset 2
Se tenant devant lui. S’arrêter à quelque distance de l’entrée de la tente est encore aujourd’hui chez les Arabes une manière de demander l’hospitalité.
Se prosterna en terre. Forme ordinaire de la salutation orientale.

Verset 3
Abraham reconnaît immédiatement la prééminence de l’un des trois hommes sur ses deux compagnons, et c’est à lui qu’il s’adresse.
Seigneur. Les copistes du texte hébreu, estimant qu’Abraham a dès l’abord reconnu l’Éternel, ont écrit ce mot avec l’orthographe spéciale qui convient au nom d’Adonaï, le Seigneur. Mais Abraham n’a point encore reconnu son hôte ; car il continue à le traiter comme un simple homme.

Verset 4
Ici Abraham s’adresse à tous les trois : ils ont tous besoin de repos et de nourriture.
Vous laverez vos pieds. Comme on ne, portait que des sandales, laver les pieds des voyageurs était le premier devoir de l’hospitalité.

Verset 5
Un morceau de pain. Manière délicate d’offrir un repas complet.
C’est pour cela… : C’est Dieu qui a dirigé ainsi votre marche, afin que j’eusse le privilège de vous héberger.

Verset 6
L’offre acceptée, Abraham se hâte. Le pain, la viande, le beurre et le lait sont encore aujourd’hui les aliments habituels des bédouins du désert. Abraham veille à l’excellence et à l’abondance des mets.
Trois mesures : en hébreu, séim. Le séa valait un tiers d’épha. C’est à dessein qu’Araham ne dit pas un épha, mais trois séas : un pour chaque voyageur. D’après les indications des rabbins, l’épha était à peu près l’équivalent de vingt de nos litres.
Des gâteaux : de petits gâteaux ronds, cuits sur des pierres plates chauffées, comme on les fabrique encore aujourd’hui chez les Arabes.

Verset 7
Au bétail. Le terme employé désigne le gros bétail.

Verset 8
Lui se tenait debout. Encore à cette heure, quand le scheik arabe reçoit un hôte de distinction, il se tient debout près de lui pour le servir.

Verset 9
9-15
Renouvellement de la promesse relative à la naissance d’un fils de Sara.

Verset 10
Il dit. L’Eternel seul parle ; il s’agit d’une promesse que lui seul peut faire. Il réitère, mais cette fois en présence de Sara, la promesse faite précédemment à Abraham seul (chapitre 17).                                                                                                            

Verset 11
Notice introduite pour expliquer le rire de Sara.

Verset 13
L’Eternel. Dès le verset 10, Abraham devait avoir pressenti la nature supérieure de son hôte. Mais maintenant la toute science dont il fait preuve ne peut plus lui laisser aucun doute. Sara en effet se tenait derrière l’Éternel (verset 10), et c’était en elle-même seulement qu’elle avait ri (verset 12). L’Eternel sait cependant qu’elle a ri.                          
L’Eternel dit à Abraham : non à Sara, car, selon la coutume de l’Orient, Sara était restée dans la tente. Le rire de Sara est blâmé parce que c’est un symptôme d’incrédulité.

Verset 14
Le commencement de ce verset est comme la paraphrase du nom de El-Schaddaï. Dieu répète la promesse avec une précision qui exclut toute objection.

Verset 15
Sara n’avait ri qu’intérieurement ; de là sa dénégation. L’Eternel coupe court à toute discussion par une parole brève et énergique, propre à la faire rentrer en elle-même.

Verset 16
16-21
L’Eternel instruit Abraham de son intention à l’égard des villes de la Plaine.
Pour les accompagner. Le scheik arabe accompagne encore aujourd’hui les hôtes auxquels il vient de donner l’hospitalité. Tous quatre partent d’Hébron, se dirigeant à l’Est vers les plateaux du haut desquels on contemple toute la plaine où se trouvaient Sodome et Gomorrhe.

Verset 17
17-19
Ces trois versets interrompent le fil du récit ; ils expriment la réflexion qui a déterminé l’Éternel à faire à Abraham la communication contenue dans les versets qui suivront (20 et 21).

Cacherai-je à Abraham… ? Amos dit (Amos 3.7) : Le Seigneur ne fait rien qu’il n’ait révélé son conseil à ses serviteurs les prophètes. Abraham est traité ici en prophète ; et dans les versets suivants nous le voyons agir comme tel.

Verset 18
Comparez 12.2-3. L’idée principale est renfermée dans le verset suivant : Si je m’ouvre ainsi à lui sur l’œuvre que je vais faire, c’est qu’il aura la mission d’instruire la postérité promise dont il doit être le père.

Verset 19
Je l’ai choisi, littéralement connu : Je suis entré dans une relation intime avec lui, afin que ses descendants, instruits par lui à marcher dans la bonne voie, puissent me servir d’instruments pour accomplir mon plan de reconquérir le monde rebelle.
Pour réaliser ce plan, il faut que le peuple élu soit fidèle, et pour qu’il le soit, il lui faut l’intelligence des jugements divins qu’Abraham ne manquera pas de lui transmettre. Voilà pourquoi Dieu trouve bon de lui faire connaître la sentence de condamnation qu’il vient de prononcer, afin qu’il discerne, dans le bouleversement des éléments qui va se produire, autre chose qu’un simple phénomène naturel, qu’il y reconnaisse la main du juge de toute la terre.
La destruction de Sodome et de Gomorrhe est restée pour Israël le type des jugements de Dieu. Comparez Deutéronome 29.23 ; Esaïe 1.9 ; Osée 11.8 ; Amos 4.11, etc.

Verset 20
Le cri. Tout crime commis sur la terre crie vers le ciel jusqu’à ce qu’il soit vengé. Comparez 4.10.

Verset 21
Je veux descendre. Ce mot ne doit pas se prendre ici dans le même sens que 11.5, 7 (descendre du ciel). Il s’agit de descendre de la montagne dans la plaine où sont les villes criminelles.
Arrivé au comble. L’Eternel punit quand la mesure déborde, c’est-à-dire quand il n’y a plus d’espoir d’amélioration. Comparez 15.46.
Ou si cela n’est pas… Dieu veut éviter toute apparence de partialité ou de précipitation ; se soumettant aux règles de la procédure humaine, il consent à faire une enquête pour constater le crime. Cette enquête aura lieu par le fait même de l’entrée de ses deux envoyés dans Sodome et de la conduite des habitants de la ville à leur égard.

Verset 22
22-33
L’intercession d’Abraham.
L’Eternel descend à Sodome, mais seulement en la personne de ses envoyés. Lui-même reste avec Abraham, qui profite de ce moment pour lui adresser sa requête.

Verset 23
Abraham, sachant que les villes de la Plaine vont être détruites, pense à Lot, déjà délivré une fois (chapitre 14), et aux justes qui pourraient se trouver avec lui dans ces villes.
Il existe entre les membres d’un même peuple une solidarité en vertu de laquelle ou bien les justes doivent périr à cause des méchants, ou bien les méchants être préservés à cause des justes.

Verset 25
Celui qui juge toute la terre… Le juge suprême et sans appel doit être aussi le juge le plus équitable.

Verset 26
Tant qu’il y a encore un certain nombre de justes dans une ville, fussent-ils une infime minorité, ils détournent les jugements de Dieu, car l’Éternel, pour l’amour d’eux, épargne les pécheurs au milieu desquels ils vivent.

Verset 27
27-32
,. Chaque exaucement enhardit Abraham à présenter une nouvelle requête. On se demande pourquoi il s’arrête à dix. Peut-être parce que moins de dix personnes ne peuvent plus être envisagés comme une fraction de la nation ; elles ne forment plus qu’une famille qui, si elle existe, pourra être sauvée seule, sans que la nation en bénéficie. Il faut remarquer dans cette intercession, à côté d’une sainte hardiesse, un sentiment d’humilité qui devient de plus en plus profond à chaque acte nouveau de la condescendance divine.
Ce récit présente un intérêt tout particulier en ce qu’il nous montre Abraham agissant comme protecteur de ce pays qui lui avait été promis. Ce qu’il avait fait en remportant la victoire sur les rois ennemis lors de l’invasion de Kédorlaomer, il essaie de le faire de nouveau en intercédant auprès de Dieu.

Les dinosaures dans le livre de Job dans la Bible

4 octobre, 2012

http://www.croixsens.net/creation/job.php

Les dinosaures dans le livre de Job dans la Bible

- Salut les amis, lisez avec moi

Job 40:15-41:26
Version Bible du Semeur

15 Regarde donc : voici l’hippopotame.
Je l’ai créé tout aussi bien que toi.
Comme le boeuf, il se nourrit de l’herbe.
16 Vois quelle force réside dans sa croupe !
Quelle vigueur dans ses muscles des flancs !
17 Il plie sa queue, solide comme un cèdre.
Et les tendons sont tressés dans ses cuisses.
18 Ses os ressemblent à des barreaux de bronze,
son ossature à des tasseaux de fer.
19 C’est le chef-d’oeuvre de Dieu, son créateur
qui lui impose le respect par le glaive.
20 Des monts entiers produisent son fourrage,
là où s’ébattent les animaux sauvages.
21 Il dort à l’ombre caché dans les lotus,
sous le couvert des roseaux du marais.
22 Il est couvert par l’ombre des lotus,
les peupliers du torrent le protègent.
23 Si l’eau déborde, il ne s’en émeut pas.
Si le Jourdain se jette dans sa gueule,
il reste calme et en sécurité.
24 Va-t-on le prendre à face découverte
et l’entraver en lui perçant le mufle ?

25 Iras-tu prendre avec ton hameçon le crocodile ?
Pour le tirer de l’eau vas-tu lier sa langue avec ta ligne ?
26 Lui mettras-tu un jonc dans les naseaux ?
Perceras-tu d’un crochet sa mâchoire ?
27 Te fera-t-il de nombreuses prières ?
Te dira-t-il doucement des tendresses ?
28 Conclura-t-il une alliance avec toi ?
Le prendras-tu pour serviteur à vie ?
29 Ou pour jouet comme un petit oiseau ?
Le lieras-tu pour amuser tes filles ?
30 Des associés le mettront-ils en vente ?
Des commerçants le partageront-ils ?
31 Vas-tu cribler de dards sa carapace ?
Vas-tu barder sa tête de harpons ?
32 Attaque-le et tu te souviendras de ce combat,
tu n’y reviendras plus !

Chapitre 41
1 Vois, devant lui, tout espoir de le vaincre est illusoire.
A sa vue seule, on sera terrassé.
2 Nul n’osera exciter sa colère.
Qui donc alors pourrait me tenir tête ?
3 Qui m’a prêté pour que j’aie à lui rendre ?
Tout est à moi sous l’étendue des cieux.
4 Je ne veux pas me taire sur ses membres,
et je dirai sa force incomparable,
et la beauté de sa constitution.
5 Qui a ouvert par devant son habit ?
Qui a franchi les deux rangs de ses dents ?
6 Qui a forcé les battants de sa gueule ?
Ses crocs aigus font régner la terreur.
7 Majestueuses sont ses rangées d’écailles.
Bien assemblées comme des boucliers,
8 articulées les unes sur les autres,
et aucun souffle ne pourrait s’y glisser :
9 soudées ensemble, chacune à sa voisine,
elles se tiennent et sont inséparables.

10 Il éternue : c’est un jet de lumière.
Ses yeux ressemblent aux paupières de l’aube.
11 Des étincelles jaillissent de sa gueule,
ce sont des gerbes de flammes qui s’échappent.
12 De ses narines la fumée sort en jets
comme d’un pot ou d’un chaudron bouillant.
13 Son souffle embrase comme un charbon ardent
et, de sa gueule, une flamme jaillit.
14 C’est dans son cou que sa vigueur réside,
et la terreur danse au-devant de lui.
15 Qu’ils sont massifs, les replis de sa peau !
Soudés sur lui, ils sont inébranlables.
16 Son coeur est dur, figé comme une pierre
il est durci comme une meule à grain.

17 Quand il se dresse, les plus vaillants ont peur.
Ils se dérobent, saisis par l’épouvante.
18 L’épée l’atteint sans trouver nulle prise,
la lance même, la flèche et la cuirasse
ne servent pas à celui qui l’approche.
19 Pour lui, le fer est comme de la paille,
il prend le bronze pour du bois vermoulu.
20 Les traits de l’arc ne le font jamais fuir
et les cailloux qu’on lance avec la fronde
ne sont pour lui que des fétus de paille.
21 Oui, la massue est un brin de roseau,
et il se rit du sifflement des lances.
22 Son ventre, armé de tessons acérés,
est une herse qu’il traîne sur la vase.

23 Les eaux profondes,
il les fait bouillonner comme un chaudron.
Il transforme le lac,
lorsqu’il y entre, en un brûle-parfum.
24 Il fait briller après lui son sillage.
Les flots paraissent couverts de cheveux blancs.
25 Nul n’est son maître ici-bas sur la terre.
Il fut créé pour ne rien redouter.
26 Il voit sans peur les puissants mastodontes.
Il est le roi des plus fiers animaux.

Hippopotame: Behemoth en hébreu, la description ne correspond pas à celle d’un hippopotame car il plie sa queue comme un cèdre alors que celle de l’hippopotame a plus l’apparence un maigre roseau!, 40:17
Crocodile: Leviathan en hébreu, la description semble bien être celle d’un reptile mais ceux qui vivent aujourd’hui n’ont pas la capacité de cracher le feu, 41:10-13.

LE ROI SALOMON (texte d’un livre)

28 août, 2012

http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=924

LE ROI SALOMON (texte d’un livre)

Le roi Salomon, le plus sage de tous les hommes, a construit le Temple de Jérusalem et a régné pendant l’âge d’or d’Israël.

Juste avant de mourir, David désigne pour lui succéder son fils Salomon, alors âgé de douze ans, avec les recommandations suivantes :
Je m’en vais par le chemin de toute la terre. Tu seras fort et te montreras un homme, et tu prendras garde à Dieu, ton Dieu, en marchant dans Ses voies, en gardant Ses statuts, Ses commandements et Ses ordonnances, comme il est écrit dans la loi de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce que tu feras et où que tu te tourneras (I Rois 2, 2 et 3).
Cette bénédiction classique est celle que le jeune garçon reçoit aujourd’hui le jour de sa Bar mitswa. Elle répète la règle fondamentale qui a guidé le peuple juif depuis l’époque du don de la Tora au Mont Sinaï : il suffit pour prospérer d’observer la Tora.
-A l’âge de douze ans, le roi Salomon est gratifié par Dieu d’une grande sagesse.
Peu de temps après que Salomon a reçu l’onction royale, Dieu lui apparaît dans un rêve où Il l’invite à présenter une requête pour lui même. Salomon répond :
Je ne suis qu’un petit enfant… Donne donc à Ton serviteur un cœur de compréhension pour juger Ton peuple…
Sa requête plaît à Dieu qui lui annonce :
Parce que tu n’as pas demandé richesses et honneurs mais seulement ce qui bénéficiera à tout le peuple, Je te donnerai non seulement un cœur de compréhension comme à personne avant ou après toi… mais aussi des richesses et des honneurs comme aucun autre roi dans tes jours (I Rois 3, 7 à 13).
Né en 848 avant l’ère commune, Salomon est mort à 52 ans en 796, après avoir régné pendant quarante ans, les plus belles années de toute l’histoire d’Israël. Il est connu comme ‘hakham mikol haadam (« le plus sage de tous les hommes. »). La Bible raconte que des rois, accourus de partout dans le monde, venaient écouter sa sagesse, qui incluait non seulement celle de la Tora, mais aussi celle dans les connaissances profanes et les sciences.
Sa gloire se propagea auprès de toutes les nations voisines. Il composa 3 000 paraboles, et 1 005 poèmes. Il discourait sur les arbres, depuis les cèdres de Liban jusqu’à l’hysope qui croît sur les murs. Il discourait aussi sur les animaux, les oiseaux, les créatures rampantes et les poissons. Les gens de toutes les nations venaient entendre la sagesse de Salomon, comme le faisaient tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse (I Rois 5, 11 à 14).

Le Temple
L’accomplissement qui a consacré le règne de Salomon a été la construction du Temple, celui que son père, le roi David, avait rêvé de bâtir.
Comme nous l’avons appris au chapitre précédent, le roi David avait fait transporter l’Arche de l’Alliance jusqu’au Mont Moria « la porte du ciel » à Jérusalem. Mais parce qu’il avait été un guerrier et qu’il avait du sang sur les mains, Dieu ne lui avait pas permis d’édifier le Temple. La mission en a incombé à son fils, et celui-ci l’a accomplie.
-Il a fallu sept ans pour construire le magnifique Temple de Salomon.
La Bible consacre plusieurs chapitres à la construction de cet édifice, si important pour Israël l’endroit de la communion entre le peuple juif et Dieu. Elle précise que le Temple tout entier, à la fois au-dedans et au dehors, y compris les planchers et les portes, étaient plaqués d’or. Il comportait en outre des structures en bronze comme des colonnes, des cuves pour des immersions, et des vases. Il a fallu sept ans pour réaliser cette magnifique structure.
Quand elle fut achevée, Salomon consacra le Temple :
Voici, les cieux, et les cieux des cieux, ne peuvent Te contenir ; combien moins cette maison que j’ai bâtie !
Cependant, Dieu, aie égard à la prière de Ton serviteur et à sa supplication, pour écouter le cri et la prière que Ton serviteur t’adresse aujourd’hui, pour que Tes yeux soient ouverts nuit et jour sur cette maison, sur le lieu dont Tu as dit : Mon nom sera là ! pour écouter la prière que Ton serviteur t’adressera en se tournant vers ce lieu-ci (I Rois 8, 27 à 29)

L’apogée de l’histoire juive
Nous sommes à l’apogée de l’histoire juive. Tout le peuple est uni. Ses voisins se sont rapprochés de lui ; ils viennent même s’instruire chez lui. C’est la paix et la prospérité.
Cette époque est aussi bonne qu’il est possible pour Israël. Il est au faîte de sa puissance. Pourquoi alors cet âge d’or ne durera-t-il pas ?
Salomon a commis une grande erreur. Il a pris beaucoup trop de femmes : 700 épouses et 300 concubines.
Si nous relisons le livre du Deutéronome où, pour la première fois, est envisagée l’idée de la monarchie chez les Juifs, Moïse y avertit que le roi ne devra pas avoir trop de chevaux ni trop de femmes (Deutéronome 17, 17). Rachi, le grand commentateur de la Tora, nous apprend que cela signifie pas plus de dix-huit épouses, et que le roi David n’en avait que six. Nous voyons ainsi que Salomon a quelque peu dépassé ces limitations…
Cela est arrivé parce que, à cette époque de l’histoire, il n’existait que deux raisons pour se marier dans les rangs de la noblesse : s’assurer une progéniture et conclure des alliances politiques.
-Les femmes étrangères apportent leurs idoles avec elles en Israël.
Le Moyen-Orient à l’époque de Salomon était composé de beaucoup de villes-Etats, et tous les rois de ces villes-Etats voulaient faire épouser leurs filles par le roi Salomon et contracter ainsi alliance avec lui.
Cela semble avoir été une bonne chose, mais en quoi cela a-t-il été un mal ?
La Bible nous donne la réponse :
Et il arriva, au temps de la vieillesse de Salomon, que ses femmes détournèrent son cœur auprès d’autres dieux
(I Rois 11, 4 et 5).
Cela ne signifie pas, bien sûr, que le roi Salomon est devenu un idolâtre, mais la Bible s’exprime ici avec sévérité parce qu’il n’a pas empêché ses femmes de continuer leurs pratiques païennes. En tant que roi, il a été tenu pour responsable des actions de ceux et de celles sur lesquels ils exerçait une influence.
En tant qu’il a été l’un des plus grands dirigeants du peuple juif, un homme d’un niveau spirituel tel qu’il a écrit le Cantique des Cantiques, le livre de l’Ecclésiaste et celui des Proverbes, il est certainement, là-haut, empli de douleur sachant ce qui a été écrit sur lui dans la Bible.
Le récit biblique sur le règne de Salomon s’achève sur la colère de Dieu à son encontre :
Parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas gardé mon alliance et mes statuts, que Je t’ai commandés, Je t’arracherai le royaume… Seulement, Je ne le ferai pas dans tes jours, à cause de David, ton père. Mais Je l’arracherai de la main de ton fils… Je donnerai une tribu à ton fils, à cause de David, Mon serviteur, et à cause de Jérusalem, que J’ai choisie (I Rois 11, 9 à 13).
Ces versets font clairement apparaître l’intensité de l’amour porté par Dieu à David et le pardon complet qu’Il a accordé à ses fautes. Ils annoncent clairement aussi que le peuple juif va connaître des lendemains difficiles, puisque le royaume d’Israël va être coupé en deux.

Traduction et adaptation de Jacques KOHN

A PROPOS DE L’AUTEUR
Le rabbin Ken SPIRO, originaire de New Rochelle, NY (Etats-Unis), a obtenu au Vasser College un BA de langue et de littérature russe, et il a poursuivi ses études à l’Institut Pouchkine à Moscou. Il a été ordonné rabbin à la Yeshiva Aish HaTorah à Jérusalem, et il est titulaire d’une maîtrise d’histoire conférée par le Vermont College de l’Université de Norwich. Il habite à Jérusalem avec sa femme et ses cinq enfants, et il travaille comme conférencier et comme chercheur sur les programmes éducatifs d’Aish HaTorah

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