Archive pour la catégorie 'Ancien Testament'

La joie du pardon. Une lecture du Psaume 31 (32)

2 novembre, 2009

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page-1852.php

La joie du pardon. Une lecture du Psaume 31 (32)

Jean Duhaime

Nos relations avec les autres et avec Dieu nous conduisent parfois dans des situations qui nous paraissent sans issue. En proie au désespoir, nous cherchons quelqu’un ou quelque chose à qui nous raccrocher. Le Psaume 31 (32) nous fait entrer dans une expérience semblable.

LE THÈME DU PSAUME ET SA STRUCTURE

La personne mise en scène dans ce psaume manifeste publiquement sa joie d’être délivrée d’une grande souffrance. L’épreuve dont elle est sortie a été pour elle une occasion de s’interroger sur sa propre conduite et de faire une démarche de réconciliation avec Dieu. Dans la première partie du psaume (v. 1-5), le fidèle proclame d’abord le bonheur des personnes délivrées de leurs fautes. Puis il décrit son propre malheur et l’expérience qu’il a faite du pardon de Dieu. Dans la deuxième partie (v. 6-11), il affirme sa certitude que Dieu le conduit sur la bonne voie et il invite les cœurs droits à se réjouir avec lui.

L’EXPÉRIENCE DE SOUFFRANCE

Pour parler de sa souffrance, le psalmiste dit que ses os « se consumaient à rugir tout le jour » (traduction de la Bible de Jérusalem) et que son cœur était comme un champ brûlé par le soleil et la chaleur torride de l’été (v. 3-4). Ces expressions suggèrent un mal d’une forte intensité, une sorte de feu intérieur qui épuise les forces, ne laisse aucun répit et arrache des plaintes d’animal blessé. Rien ne permet de savoir s’il s’agit d’une douleur physique ou d’une souffrance psychologique. Le psaume résiste à tout diagnostic médical précis ; chacun de nous, dans ses moments de souffrance ou d’angoisse, peut s’y reconnaître.

LE SENS DONNÉ À LA SOUFFRANCE

Comme n’importe qui le ferait dans pareille situation, le psalmiste cherche la cause de son mal afin d’en sortir. Dans la mentalité et la culture de son temps, le bonheur comme le malheur viennent de Dieu. Pour employer les mots du psaume, la « main » de Dieu pèse sur lui « le jour et la nuit ». Pourquoi ? Le psalmiste évoque une faute, un tort, un péché qu’il aurait commis et qu’il aurait tenté de dissimuler, espérant peut-être que Dieu ne s’en apercevrait pas. Cette attitude fait penser à la réaction du premier couple humain après sa désobéissance (Genèse 3, 8-10). Le psaume ne donne pas d’autre détail qui permettrait d’identifier la nature des péchés ; il pourrait s’agir des miens ou des vôtres, aussi bien que de ceux du psalmiste. Pour Dieu, la maladie et la souffrance ne sont pas des façons de punir un coupable, même si le psaume dit plus loin : « Pour le méchant, douleurs sans nombre. » (v. 10) Pour qui sait la décoder, la souffrance peut être une invitation à la réconciliation, à faire le point sur sa relation avec Dieu et, en quelque sorte, à la purifier.

RÉACTION DEVANT LA SOUFFRANCE

Ayant ainsi compris son malheur, le psalmiste se décide à « jouer franc jeu » avec Dieu. Plutôt que de s’enfoncer indéfiniment dans la souffrance, il préfère courir le risque de reconnaître ses torts. Il fait alors une autre expérience, celle du pardon libérateur accordé par Dieu. Dieu peut acquitter et tourner la page définitivement. Il tient des comptes mais efface les dettes dans ses rapports avec les humains. Comme le fils perdu et retrouvé de la parabole de Jésus (Luc 15, 11-32), le psalmiste découvre la tendresse et l’affection de Dieu qui sera désormais son refuge au milieu de l’angoisse (v. 6). Dieu lui montre un chemin vers le bonheur (v. 8).

POUR AUJOURD’HUI

Encore aujourd’hui, beaucoup de gens interprètent la maladie ou la souffrance à la manière du psalmiste, comme un avertissement de Dieu ou une punition pour les péchés. Jésus, lui, refusait cette interprétation. Quand on lui demande : « Pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? », il répond sans hésiter : « Ni lui, ni ses parents. » (Jean 9, 2-3)

Le langage du Psaume 31 n’a cependant rien perdu de sa pertinence car il peut rejoindre des situations que nous vivons régulièrement dans nos relations avec Dieu ou avec les êtres qui nous entourent. Il nous arrive parfois de prononcer des paroles ou de poser des gestes qui peuvent faire très mal à l’autre, sans toujours le vouloir. La tentation est forte, alors, de nous enfermer dans le silence et de couper les ponts. Les situations ambiguës, qui n’ont pas été réglées, peuvent devenir des boulets à traîner jour et nuit, comme un cancer qui ronge les os. L’exemple du psalmiste nous invite, dans une telle situation, à oser faire le premier pas vers l’autre, à tenter une démarche de clarification et de réconciliation.

Et s’il nous arrive d’être en position de victime – ce qui est ici paradoxalement la position de Dieu –, ce psaume nous propose, chaque fois que cela est possible, de mettre tout en œuvre pour que la vérité soit faite et que les torts soient réparés. Mais pas de vérité sans pardon : un pardon sincère, qui libère, qui ouvre des chemins d’humanité et qui rende la joie à nouveau possible. Dans le « Notre Père », nous demandons à Dieu de nous pardonner nos offenses « comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Ce psaume nous invite à apprendre de Dieu lui-même ce qu’est un pardon authentique : un pardon qui délivre vraiment du mal aussi bien la victime que l’offenseur.

Pape Benoît: Ps 129, 1-6 « Des profondeurs je crie vers Toi » (19 octobre 2005)

1 novembre, 2009

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2005/documents/hf_ben-xvi_aud_20051019_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 19 octobre 2005

Lecture:  Ps 129, 1-6

« Des profondeurs je crie vers Toi »
 
1. L’un des Psaumes les plus célèbres et aimés de la tradition chrétienne vient d’être proclamé:  le De profundis, ainsi appelé à partir des premiers mots de sa version latine. Avec le Miserere, celui-ci est devenu l’un des Psaumes pénitentiels préférés de la dévotion populaire.

Au-delà de son application funèbre, le texte est avant tout un chant à la miséricorde divine et à la réconciliation entre le pécheur et le Seigneur, un Dieu juste, mais toujours prêt à se révéler comme le « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité; qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché » (Ex 34, 6-7). C’est précisément pour cette raison que notre Psaume se trouve inséré dans la liturgie vespérale de Noël et de tout l’octave de Noël, ainsi que dans celle du IV dimanche de Pâques et de la solennité de l’Annonciation du Seigneur.

2. Le Psaume 129 s’ouvre par une voix qui monte des profondeurs du mal et de la faute (cf. vv 1-2). Le moi de l’orant s’adresse au Seigneur en disant:  « Je crie vers toi, Yahvé ». Le Psaume se développe  ensuite  en  trois moments consacrés au thème du péché et du pardon. On s’y adresse avant tout à Dieu, interpellé directement par un tutoiement:  « Si  tu  retiens  les  fautes, Yahvé, Seigneur, qui subsistera? Mais le pardon est près de toi, pour que demeure ta crainte » (vv. 3-4).

Il est significatif que ce qui engendre la crainte, attitude de respect mêlée d’amour, ne soit pas le châtiment, mais le pardon. Plus que la colère de Dieu, c’est sa magnanimité et sa générosité désarmante qui doivent provoquer  en  nous  une sainte crainte. En effet,  Dieu  n’est  pas  un  souverain inexorable qui condamne le coupable, mais un père aimant, que nous devons aimer non par crainte d’une punition, mais pour sa bonté prête à pardonner.

3. Au centre du deuxième moment, se trouve le « moi » de l’orant qui ne s’adresse plus au Seigneur, mais qui parle de lui:  « J’espère, Yahvé, elle espère,  mon  âme en ta parole; mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs de l’aurore » (vv. 5-6). A présent, dans le coeur du Psalmiste repenti fleurissent l’attente, l’espérance, la certitude que Dieu prononcera une parole libératrice et effacera le péché.

La troisième et dernière étape, dans le déroulement du Psaume, s’étend à tout Israël, au peuple souvent pécheur et conscient de la nécessité de la grâce salvifique de Dieu:  « Qu’Israël attende Yahvé! Car près de Yahvé est la grâce, près de lui, l’abondance du rachat; c’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes » (vv. 7-8).

Le salut personnel, auparavant imploré par l’orant, est à présent étendu à toute la communauté. La foi du Psalmiste se greffe sur la foi historique du peuple de l’alliance, « racheté » par le Seigneur non seulement des angoisses de l’oppression égyptienne, mais également de « toutes les fautes ». Nous pensons que le peuple élu, le peuple de Dieu, c’est à présent nous. Notre foi aussi nous greffe sur la foi commune de l’Eglise. Et précisément ainsi, cela nous donne la certitude que Dieu est bon avec nous et nous libère de nos fautes.

En partant du gouffre ténébreux du péché, la supplique du De profundis parvient à l’horizon lumineux de Dieu; où dominent « la miséricorde et la rédemption », deux grandes caractéristiques du Dieu qui est amour.

4. Suivons à présent la méditation que la tradition chrétienne a élaborée sur ce Psaume. Nous choisissons la phrase de saint Ambroise:  dans ses écrits, il rappelle souvent les motifs qui poussent à invoquer le pardon de Dieu.

« Nous avons un Seigneur bon qui veut pardonner à tous », rappelle-t-il dans le traité sur La pénitence, et il ajoute:  « Si tu veux être justifié, confesse ton méfait:  une humble confession des péchés libère du lien des fautes… Vois avec quelle espérance de pardon il te  pousse  à confesser » (2, 6, 40-41:  Sancti Ambrosii Episcopi Mediolanensis Opera – SAEMO, XVII, Milan-Rome 1982, p. 253).

Dans le Discours sur l’Evangile selon Luc, répétant la même invitation, l’Evêque de Milan exprime l’émerveillement pour les dons que Dieu ajoute à son pardon:  « Vois combien Dieu est bon, et disposé à pardonner les péchés:  non seulement il redonne ce qu’il avait enlevé, mais il accorde également des dons inespérés ». Zaccharie, père de Jean-Baptiste, était devenu muet car il n’avait pas cru l’ange, mais ensuite, le pardonnant, Dieu lui avait accordé le don de prophétiser dans le chant du « Benedictus »:  « Celui qui peu auparavant était muet, à présent il prophétise déjà », observe saint Ambroise, « c’est l’une des plus grandes grâces du Seigneur, que précisément ceux qui l’ont renié le confessent. Que personne ne se décourage donc, que personne ne désespère de recevoir les récompenses divines, même si d’anciens péchés le tourmentent, Dieu sait changer d’avis, si tu sais corriger la faute » (2, 33:  SAEMO, XI, Milan-Rome 1978, p. 175).

***

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les élèves du Groupe scolaire Sainte Marie – Saint Justin, de Nanterre, et les élèves de l’école Notre-Dame de France, de Marseille. Que le Christ, qui appelle tous ses disciples à grandir dans la sainteté, vous donne de répondre généreusement à ses appels! À tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.

Pape Benoît: Devant « l’énigme humaine de la mort », la sérénité et l’espérance du croyant – Psaume 111, 1-6 (2 novembre 2005)

1 novembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-11408?l=french

Devant « l’énigme humaine de la mort », la sérénité et l’espérance du croyant

Catéchèse du mercredi

ROME, Mercredi 2 Novembre 2005 (ZENIT.org) – Benoît XVI a évoqué « la sérénité et l’espérance » du croyant devant « l’énigme humaine de la mort », lors de l’audience de ce mercredi. Il a également commenté le psaume 111.

Lecture: Ps 111, 1-6

1. Alléluia !
Heureux qui craint le Seigneur,
qui aime entièrement sa volonté !

2. Sa lignée sera puissante sur la terre ;
la race des justes est bénie.

3. Les richesses affluent dans sa maison :
à jamais se maintiendra sa justice.

4. Lumière des coeurs droits, il s’est levé dans les ténèbres,
homme de justice, de tendresse et de pitié.

5. L’homme de bien a pitié, il partage ;
il mène ses affaires avec droiture.

6. Cet homme jamais ne tombera ;
toujours on fera mémoire du juste.

7. Il ne craint pas l’annonce d’un malheur :
le coeur ferme, il s’appuie sur le Seigneur.

8. Son coeur est confiant, il ne craint pas :
il verra ce que valaient ses oppresseurs.

9. A pleines mains, il donne au pauvre ;
à jamais se maintiendra sa justice,
sa puissance grandira, et sa gloire !

10. L’impie le voit et s’irrite ;
il grince des dents et se détruit.
L’ambition des impies se perdra.

© AELF

Voici la traduction de la catéchèse de Benoît XVI en italien.

1. Après avoir célébré hier la fête solennelle de tous les Saints du ciel, nous rappelons aujourd’hui la mémoire de tous les fidèles défunts. La liturgie nous invite à prier pour nos chers disparus, en tournant notre pensée vers le mystère de la mort, héritage commun de tous les hommes.

Eclairés par la foi, nous regardons l’énigme humaine de la mort avec sérénité et espérance. Selon l’Ecriture, en effet, celle-ci est une nouvelle naissance plus qu’une fin, elle est le passage obligatoire à travers lequel peuvent atteindre la vie en plénitude ceux qui modèlent leur existence terrestre sur les indications de la Parole de Dieu.

Le Psaume 111, une composition de type sapientiel, nous présente la figure de ces justes, qui craignent le Seigneur, en reconnaissent la transcendance et adhèrent avec confiance et amour à sa volonté dans l’attente de le rencontrer après la mort.

Une «béatitude» est réservée à ces fidèles: «Heureux qui craint le Seigneur» (v. 1). Le psalmiste précise immédiatement en quoi consiste cette crainte: elle se manifeste à travers la docilité aux commandements de Dieu. Est proclamé bienheureux celui qui «aime entièrement» observer ses commandements, trouvant en eux la joie et la paix.

2. La docilité à Dieu est, donc, une source d’espérance et d’harmonie intérieure et extérieure. L’observance de la loi morale est source de profonde paix de la conscience. Plus encore, selon la vision biblique de la «rétribution», le manteau de la bénédiction divine s’étend même sur le juste, imprimant stabilité et succès à ses œuvres et à celles de ses descendants: «Sa lignée sera puissante sur la terre ; la race des justes est bénie. Les richesses affluent dans sa maison» (vv. 2-3; cf. v. 9). A cette vision optimiste s’opposent cependant les observations amères du juste Job, qui fait l’expérience du mystère de la douleur, se sent injustement puni et soumis à des épreuves apparemment insensées. Job représente de nombreuses personnes justes qui souffrent profondément dans le monde. Il faudra donc lire ce Psaume dans le contexte global de l’Ecriture Sainte, jusqu’à la Croix et à la Résurrection du Seigneur. La Révélation embrasse la réalité de la vie humaine sous tous ses aspects.

La confiance que le Psalmiste veut transmettre et qu’il veut faire ressentir à celui qui a choisi de suivre la voie d’une conduite moralement irréprochable, contre toute alternative d’un succès illusoire obtenu à travers l’injustice et l’immoralité, demeure toutefois présente.

3. Le cœur de cette fidélité à la Parole divine consiste en un choix fondamental, c’est-à-dire la charité envers les pauvres et les indigents: «L’homme de bien a pitié, il partage… A pleines mains, il donne au pauvre» (vv. 5.9). Le fidèle est donc généreux; respectant la règle biblique, il accorde des prêts à ses frères dans le besoin, sans intérêt (cf. Dt 15, 7-11) et sans tomber dans l’infamie de l’usure, qui anéantit la vie des pauvres.

Le juste, en tenant compte de l’avertissement constant des prophètes, se range du côté des laissés-pour-compte, et les soutient par des aides abondantes. «A pleines mains, il donne au pauvre», dit-on dans le verset 9, démontrant ainsi une extrême générosité, complètement désintéressée.

4. Le Psaume 111, aux côtés du portrait de l’homme fidèle et charitable, «bon, miséricordieux et juste», présente également à la fin, en un seul verset (cf. v. 10), le profil du mauvais. Cet individu assiste au succès de la personne juste en brûlant de rage et d’envie. C’est le tourment de celui qui a mauvaise conscience, à la différence de l’homme généreux dont le cœur est «ferme» et «confiant» (vv. 7-8).

Nous tournons notre regard sur le visage serein de l’homme fidèle qui «à pleines mains » «donne au pauvre» et nous nous confions, pour notre réflexion de conclusion, aux paroles de Clément d’Alexandrie, le Père de l’Eglise du IIIe siècle qui a commenté une affirmation difficile du Seigneur. Dans la parabole sur l’administrateur injuste apparaît l’expression selon laquelle nous devons faire le bien avec l’«argent injuste». De là naît la question: l’argent, la richesse, sont-ils eux-mêmes injustes, ou que veut dire le Seigneur? Clément d’Alexandrie explique très bien ce mot dans son homélie: «Quel riche se sauvera?» et dit: Jésus «déclare injuste par nature toute possession que quelqu’un possède pour lui même comme un bien propre et ne met pas en commun pour ceux qui en ont besoin; mais il déclare également que, de cette injustice, il est possible d’accomplir une œuvre juste et salutaire, en donnant le repos à l’un de ces petits qui ont une demeure éternelle auprès du Père (cf. Mt 10, 42; 18, 10)» (31, 6: Collection, de textes patristiques, CXLVIII, Rome 1999, pp. 56-57).

Et, s’adressant aux lecteurs, Clément avertit: «Tout d’abord, sache qu’il ne t’a pas commandé de te faire prier ni d’attendre d’être supplié, mais il faut que tu cherches toi-même ceux qui sont dignes d’être écoutés, en tant que disciples du Sauveur» (3, 7: ibid., p. 57).

Puis, ayant recours à un autre texte biblique, il commente: «Ce que dit l’Apôtre est donc beau: «Dieu aime qui donne avec joie» (2 Co 9, 7), celui qui se réjouit de donner et qui ne sème pas maigrement, pour ne pas recueillir de la même façon, mais qui partage sans regrets ni distinctions ou douleur; c’est là une manière de faire du bien authentique» (31, 8: ibid.).

En ce jour de la commémoration des défunts, comme je l’ai dit au début de notre rencontre, nous sommes tous appelés à nous confronter à l’énigme de la mort et donc à la question de comment vivre bien, comment trouver le bonheur. A cela, le Psaume répond: heureux l’homme qui donne; heureux l’homme qui n’utilise pas sa vie pour lui-même, mais qui la donne; heureux l’homme qui est miséricordieux, bon et juste; heureux l’homme qui vit dans l’amour de Dieu et du prochain. Ainsi nous vivons bien et ainsi nous ne devons pas avoir peur de la mort, car nous sommes dans le bonheur qui vient de Dieu et qui ne connaît pas de fin.

Saint Bernard : Au milieu de la nuit

26 août, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090827

Le jeudi de la 21e semaine du temps ordinaire : Mt 24,42-51
Commentaire du jour
Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 1 pour l’Avent (trad. cf. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 6, p. 137)

Au milieu de la nuit

      Quand le Sauveur est-il venu ? Il n’est pas venu au commencement du temps, ni au milieu, mais à la fin. Et cela, il ne l’a pas fait sans raison. Mais très sagement, la Sagesse divine, qui n’ignorait pas que les fils d’Adam sont portés à l’ingratitude, a disposé qu’elle ne leur apporterait ses premiers secours que lorsqu’ils seraient dans le plus grand besoin.

      Déjà, en vérité, « le soir tombait et le jour baissait », « le soleil de la justice » avait à peu près disparu (Lc 24,29; Ml 3,20) ; il ne répandait plus sur terre qu’une lueur incertaine et une faible chaleur. De fait, la lumière de la connaissance de Dieu s’était bien amoindrie et la chaleur de la charité refroidie, par suite de l’iniquité croissante (Mt 24,12). Il n’y avait plus d’apparition d’anges, plus d’oracles de prophètes ; ils avaient pris fin, comme vaincus par le désespoir devant l’extrême endurcissement des hommes et leur obstination. C’est alors que le Fils affirma : « Maintenant je dis : Voici que je viens » (Ps 39,8). Oui, à l’heure où tout reposait en silence et que la nuit était au milieu de sa course, ta Parole toute-puissante, Seigneur, est descendue du ciel, de son trône royal (Sg 18,14). Comme le dit l’apôtre Paul : « Quand est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils » (Ga 4,4).

Les Prophètes (une présentation)

11 décembre, 2007

du site:

http://www.aelf.org:591/bibledelaliturgie/intro/FMPro?-db=at.fm5&-lay=base&-format=Is.html&-view

Ancien Testament

Les Prophètes

Au long des « livres historiques », spécialement dans Samuel et les Rois (voir p. 87), nous avons rencontré des figures prestigieuses de prophètes. Voici maintenant ceux qu’on appelle parfois les « prophètes écrivains » : en fait, ce sont plutôt leurs disciples qui ont recueilli leurs oracles pour en composer des livres.

Les prophètes d’Israël sont avant tout des hommes appelés pour dire à leur peuple les exigences et les promesses de Dieu. On devient prophète par vocation, par cette certitude qui s’impose un jour à un homme d’être saisi par la main de Dieu et envoyé. Dès lors, et parfois comme malgré lui, le prophète témoigne par ses paroles, par ses gestes, par toute sa vie. Il affronte les rois, dénonce le péché du peuple et de ses chefs, appelle à la conversion et au repentir. Ce qu’il exige au nom du Seigneur, c’est d’une part la fidélité au Dieu unique malgré la séduction de toutes les idoles, et d’autre part le respect de l’homme, et particulièrement la défense des plus pauvres et des plus démunis. Ces valeurs centrales de respect de Dieu et de respect des hommes s’approfondissent à travers la prédication des prophètes ; Israël découvre ainsi des dimensions nouvelles de sa foi traditionnelle et se prépare à accueillir l’approfondissement bien plus grand encore qu’apportera le Christ.

Témoin passionné des exigences du Seigneur, le prophète proclame qu’il faut changer son coeur pour éviter le châtiment divin. Mais quand, malgré ses avertissements, la colère de Dieu a sévi sur le peuple « à la nuque raide », il appelle de nouveau à l’espérance et affirme que Dieu ne saurait renoncer à son Alliance, même si le peuple, lui, y a manqué. C’est ainsi que les prophètes annoncent l’avenir prestigieux du peuple enfin sauvé, et parfois évoquent la figure du Messie, le roi descendant de David, qui viendra donner la justice et la paix sans limite à Israël, voire à l’univers entier.

La vocation prophétique s’est exprimée de façon très diverse suivant la personnalité des différents prophètes. Certains ont été prophètes pendant une longue existence mouvementée, d’autres durant une période très courte, parfois même à l’occasion d’un seul événement. Certains livres prophétiques sont tout entiers du même auteur ; d’autres ont eu une histoire plus complexe, des oracles d’auteurs plus tardifs étant venus se regrouper autour du noyau primitif.

Quand la Bible s’est constituée, les livres prophétiques y ont été regroupés d’une manière assez artificielle : d’abord les « grands », ceux dont les livres sont les plus longs : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel (auxquels la bible grecque et latine ajoute Daniel, qui n’est pas prophète – voir p. 301), puis les « douze petits » dont les livres sont plus courts. En outre, deux livres assez différents figurent à la suite de Jérémie : les Lamentations et Baruc. Cet ordre, on le voit, n’a pas grand chose à voir avec l’ordre chronologique. On pourra retrouver celui-ci en consultant le tableau chronologique, à la fin du volume. Isaïe

Isaïe vit à Jérusalem au VIIIe siècle, dans le royaume du Sud gouverné par des rois souvent médiocres et peu ardents au service du Seigneur, au moment où le royaume du Nord divisé, sans force, miné par l’idolâtrie, s’écroule sous les coups des Assyriens (voir 2 Rois 17 Õ 118). Il est hanté par les menaces qui pèsent sur son peuple. Au jour de sa vocation, Dieu s’est révélé à lui comme le Saint, le Tout-Puissant, l’inégalable Dieu de l’univers (ch. 6 Õ 219). Tout au long de sa vie, Isaïe sera inspiré par ce souvenir.

Prophète de la sainteté de Dieu, il dénonce avec vigueur toutes les infidélités et les injustices qui sont un scandale pour sa foi et qui attirent la colère divine. Cependant, prophète de la fidélité du Seigneur, il annonce qu’un « reste » subsistera, et qu’un jour le Messie régnera dans la paix et dans la justice sur un Israël transformé qui rassemblera autour de lui toutes les nations.

Vers la fin de sa vie, sous Ézékias, Isaïe voit grandir la menace assyrienne : Jérusalem est assiégée ; mais le jour de la colère de Dieu n’est pas encore venu, et Dieu, cette fois encore, sauve son peuple (voir 2 Rois 19 Õ 119).

L’admiration universelle pour le grand prophète du VIIIe siècle amena les Juifs (beaucoup moins préoccupés que nous de garder intact le texte des grands auteurs) à mettre sous son nom et sous son patronage un grand nombre d’oracles ou de poèmes écrits bien après lui.

On en trouve quelques-uns dispersés au long du livre, par exemple ceux de l’« Apocalypse d’Isaïe » (ch. 24 à 26) et ceux du chapitre 35, qui décrivent un monde de bonheur, où Dieu libérera les siens de toute oppression et les introduira dans la joie définitive. D’autres oracles ajoutés occupent les chapitres 40 à 66, qu’on appelle souvent le « deuxième Isaïe » (40 à 55) et le « troisième Isaïe » (56 à 66).

Dans le « deuxième Isaïe » ou « livre de la Consolation d’Israël », un auteur inconnu, vivant à la fin de l’exil, médite sur la victoire de Cyrus, roi de Perse, qui est en train d’anéantir l’empire babylonien. Sans le savoir, le conquérant est l’instrument de la puissance du Seigneur et de son amour pour Israël : le Dieu du monde entier a choisi un peuple et reste fidèle à son Alliance ; le « Saint d’Israël » rachète son peuple esclave et lui rend la liberté ; il prépare, pour le ramener sur la terre qu’il lui a jadis donnée, un nouvel exode plus beau que celui du temps de Moïse ; une ère de bonheur va commencer.

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