HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B : « VOULEZ-VOUS PARTIR, VOUS AUSSI ? » TEXTES : JOSUÉ 24, 1-2A.15-17.18B, ÉPHÉSIENS 5, 21-32 ET JEAN 6, 60-69.

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HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B : « VOULEZ-VOUS PARTIR,
VOUS AUSSI ? » TEXTES : JOSUÉ 24, 1-2A.15-17.18B, ÉPHÉSIENS 5, 21-32 ET JEAN 6, 60-69.

Excursus : Sur le texte d’Éphésiens « Soyez soumis les uns aux autres : les femmes à leur mari etc ». Est-ce que saint Paul utiliserait aujourd’hui les mêmes formules qu’il emploie dans cette lettre à l’Église d’Éphèse?Je ne le pense pas. Il utiliserait d’autres formules. Ce qui est important de retenir c’est l’idée que le Christ a aimé l’Église et qu’il s’est livré pour elle et que sans le Christ l’Église est une institution purement humaine et vide. Il y a un lien unique, étroit, entre le Christ et l’Église comme celui qu’il y a entre les époux.
Revenons à l’évangile maintenant
Ce dimanche nous avons la conclusion de ces quatre dimanches qui ont précédés sur le pain de vie où la foi des apôtres – et la nôtre – est mise à l’épreuve.Aujourd’hui, il me semble qu’il y a trois choses à retenir du texte de l’évangile qui vient d’être lu.
Premièrement : avoir la foi ce n’est pas tout comprendre
Regardez en effet. Jésus n’explique pas comment il se fera chair et sang, loin de là, il en rajoute même en annonçant sa résurrection : « Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant? ». Il met ses disciples au pied du mur. Les autres qui l’écoutent s’en vont : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter. ». Et Jésus demande aux douze apôtres : « Voulez-vous partir, vous aussi? »C’est une question claire un peu comme celle d’un époux qui demande à sa conjointe ou d’une épouse qui demande à son conjoint : « M’aimes-tu? » avec en sous-entendu « M’aimes-tu moi tel, telle que je suis, as-tu confiance en moi? » On n’attend pas des explications, ni une longue discussion, mais une réponse claire : un oui ou un non qui se manifeste par une parole, un geste ou un regard – peu importe – ce qui compte c’est qu’il y a une réponse claire. Le « oui » c’est la confiance en une personne.
Ainsi saint Pierre et les apôtres restent avec Jésus parce qu’ils ont foi en lui, ils ont une confiance totale en lui. Tout comprendre n’est pas une exigence de la foi, mais faire confiance à Jésus l’envoyé de Dieu qui ne peut me tromper voilà la foi que Jésus demande.
Deuxièmement : croire c’est aussi rester avec Jésus
Rester avec Jésus parce qu’on le veut. Dieu nous laisse libres. On peut partir comme le Juifs… Ne pas croire, c’est cela, c’est partir.
Rester avec Jésus qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu’on désire le fréquenter, que notre foi va cheminer, va s’approfondir, va changer même. On ne fait pas confiance à quelqu’un de la même façon à 8 ans, à 15 ans, à 40 ans, à 60 ans.
Et c’est ici qu’’il y a pour nous baptisés croyants en Jésus tout un cheminement à faire à mesure que l’on vieillit. Si on continue de rester avec Jésus, il y a peut-être des choses à changer ou encore à améliorer. Il y a même certains risques, car suivre quelqu’un peut nous réserver des surprises, nous engager sur des chemins inconnus. Tout au cours de la vie, il y a des choix à refaire. On recommence tous les jours comme dans le mariage où on doit se marier tous les jours.
Premièrement: croire, avoir la foi, ce n’est pas tout comprendre et deuxièmement c’est rester avec Jésus même quand on est surpris. C’est cheminer avec Lui car il a les paroles de la vie éternelle.Troisièmement : croire c’est changer petit à petit notre vision des choses
En effet, le chrétien croyant cherche à découvrir le côté caché, invisible de l’existence. Il est comme les apôtres qui voient, par la foi, en Jésus qu’ils touchent et avec qui ils mangent « le Saint, le Saint de Dieu » comme il est dit à la fin de notre évangile. Dans son conte célèbre, Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry fait dire au Renard : « Adieu, voici mon secret, on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Ainsi, dans la foi on arrive à l’essentiel qui est spirituel, invisible, caché bien souvent, que si on y met tout notre cœur.
Masi ce n’est pas facile, on le voit dans notre évangile où plusieurs refuse les paroles de Jésus. Ils ne veulent pas entrer en relation avec lui. « Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas… À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner ». Il n’est pas question pour eux de servir ce Maître.
Les autres disciples, même s’ils n’ont pas encore tout compris, font confiance. Ils s’ouvrent à l’invisible, à ce qu’ils ne comprennent pas. Ils ne se regardent pas eux-mêmes. Leurs regards, leurs pensées et leurs actions se laissent inspirer par les paroles de Jésus. « Tu as les paroles de la vie éternelle ».

Conclusion
Que cette participation à l’Eucharistie, au Corps et au Sang du Christ, nous aide à découvrir, comme les apôtres, cet essentiel, invisible pour les yeux, qui est la personne même de Jésus qui a les paroles de la vie éternelle. « Croire et rester avec Jésus, ne pas croire et partir, C’est le point tournant du dialogue entre Dieu et nous » (Ghislaine Salvail)
En nous levant et en utilisant la profession de foi contenue dans le « Je crois en Dieu », redisons à Jésus qu’il est l’essentiel de notre vie.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

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