Archive pour le 8 janvier, 2021

HOMÉLIE POUR LE BAPTÊME DU SEIGNEUR ANNÉE B « UNE INAUGURATION À NULLE AUTRE PAREILLE » TEXTES : ISAÏE 55, 1-11, 1 JEAN 5, 1-9 ET MARC 1, 7-11.

8 janvier, 2021

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HOMÉLIE POUR LE BAPTÊME DU SEIGNEUR ANNÉE B « UNE INAUGURATION À NULLE AUTRE PAREILLE » TEXTES : ISAÏE 55, 1-11, 1 JEAN 5, 1-9 ET MARC 1, 7-11.

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Vous avez probablement participé à une inauguration d’un monument, d’un édifice ou du mandat de quelqu’un pour une nouvelle fonction : député, maire etc. Tous ces événements ont en commun un format particulier, à quelques exceptions près. En premier lieu, on rappelle le chemin qui a mené là, en deuxième lieu, on présente l’événement en l’entourant soit d’un décorum particulier soit d’éléments d’animation comme une vidéo par exemple, enfin, en troisième lieu, une inauguration nous projette en avant dans un avenir en partie inconnu.
Ce format s’applique admirablement au Baptême du Seigneur, le Baptême de Jésus dans le Jourdain, que nous fêtons aujourd’hui. Cet événement est un événement inaugural, l’inauguration du ministère de Jésus. C’est ainsi que le voit l’évangéliste saint Marc qui le place au tout début de son évangile Reprenons, si vous le voulez bien, les trois aspects d’une inauguration signalés il y a un instant.

I- Le Baptême de Jésus : un événement attendu
Le premier aspect : quel est le chemin qui a mené jusque-là ?
Le Baptême de Jésus s’est préparé depuis longtemps. En effet, les prophètes et le dernier de ceux-ci, Jean-Baptiste, qui précède Jésus sur les bords du Jourdain espéraient et annonçaient la venue d’un Sauveur. Leur foi ne se laissait pas ébranler même lorsque tout paraissait perdu. Isaïe en témoigne ici dans la première lecture. « Consolez mon peuple…Voici votre Dieu… Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. »
Jean-Baptiste, lui, reconnaît que les temps sont venus où Dieu va manifester de façon éclatante son amour pour ses enfants en leur envoyant son Fils lui-même. C’est le grand mérite de Jean-Baptiste d’avoir su reconnaître en Jésus l’Envoyé du Père, celui qu’on attendait. « Moi, je vous baptise avec de l’eau : mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » lit-on dans l’évangile qui vient d’être proclamé.
Liturgiquement, cette solennité du Baptême du Seigneur arrive à la fin du temps de Noël et dans le sillage de l’Épiphanie, la manifestation du Christ aux nations. Elle est, elle aussi, une manifestation de la mission de Jésus pour le salut du monde dont elle marque l’inauguration publique de façon percutante.

II- Le Baptême de Jésus : une scène puissante et resplendissante
Comment se passe cette inauguration du ministère de Jésus? C’est le deuxième aspect que je voudrais développer maintenant en suivant le texte de saint Marc..
Regardons le récit de saint Marc. Jésus arrive de Nazareth. Il vient vers Jean-Baptiste pour se faire baptiser. Jean-Baptiste, textuellement « Jean le Baptiseur », donne depuis quelque temps, dans l’eau du Jourdain, un baptême de conversion qui invite les gens à changer leur cœur et à se tourner résolument vers Dieu, « à préparer à travers le désert le chemin du Seigneur… une route aplanie pour Dieu » comme le souhaitait Isaïe.
Pour Jean-Baptiste, Jésus est le Sauveur promis « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ». Pour lui Jésus n’a pas besoin de ce genre de conversion. Cependant, en se mêlant à tout le peuple, Jésus fait comprendre à Jean-Baptiste qu’il désire être baptisé lui aussi, non parce qu’il a besoin de se convertir, mais parce qu’il porte les péchés et le poids des souffrances de ses frères et sœurs qu’il est venu libérer et sauver. Jésus en entrant dans le Jourdain assume cette mission extraordinaire qui sera la sienne : donner sa vie pour la multitude. Il sera ce Serviteur souffrant dont a parlé le prophète Isaïe (Isaïe 53, 1-12). Il ira jusqu’au bout et mourra sur une croix pour le salut du monde.
La scène du Baptême de Jésus telle que racontée par saint Marc prend une allure théophanique. Elle revêt un éclat particulier. Des symboles l’accompagnent : les cieux se déchirent, l’Esprit descend sous la forme d’une colombe et une voix se fait entendre. Ces trois symboles viennent confirmer à Jean-Baptiste qu’il a vu juste.

Voilà comment se passe l’inauguration du ministère de Jésus. Venons-en maintenant au troisième aspect d’une inauguration que nous retrouvons dans la scène du Baptême de Jésus.

III- Le Baptême de Jésus : un commencement
Le troisième aspect d’une inauguration, comme on l’a dit au début, ouvre sur un avenir qu’on espère, mais qui n’est pas exempt d’inconnu. Il en est ainsi du Baptême de Jésus. Jésus en descendant dans l’eau du Jourdain s’engage à suivre le chemin que Dieu son Père lui a tracé. Il dit déjà dans son cœur de qu’il dira au Jardin des Oliviers lors de son agonie : « Père que ta volonté se fasse et non la mienne ». (Luc 22,42).
Jésus sait que la route ne sera pas toujours facile, mais il accepte de la prendre avec générosité et sans regarder en arrière. Il gardera ses oreilles attentives aux paroles entendues « C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Soutenu par cette conviction et par cette assurance, il ira de l’avant dans la voie d’un amour fou pour ses frères et sœurs. Il rétablira la créature blessée dans sa beauté originelle et, comme l’explique saint Paul aux Romains, par le baptême il fera de toute personne qui le suit une créature nouvelle « vivant pour Dieu ». « Car [le Christ] qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (Romains 6, 10-11).

Conclusion
Quelle belle fête que cette solennité du Baptême du Seigneur. Elle fixe notre regard sur Jésus quittant sa vie tranquille d’humble artisan à Nazareth pour celle du prédicateur, du messager de l’amour de Dieu pour l’humanité toute entière. Nous le voyons répondre avec confiance à cette vocation qui est la sienne et qu’il suivra sans faillir même dans les pires souffrances. Et ainsi il deviendra par sa mort et sa résurrection le Premier-né d’une multitude de frères et de sœurs. Demandons-lui de nous garder, comme Lui, confiants en Dieu qui dit aujourd’hui à chacun et à chacune de nous : « Tu es mon fils bien-aimé, ma fille bien-aimée et je t’aime ».
Redisons, en terminant, les mots que nous avions dans la Prière d’ouverture : « Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l’Esprit Saint reposa sur lui, tu l’as désigné comme ton Fils bien-aimé, accorde à tes fils et filles adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. »

Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec