HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « L’ANNONCIATION À MARIE » TEXTES : II SAMUEL 7, 1-5.8B-12.14-16, ROMAINS 16, 25-27 ET LUC, 1, 26-38.
18 décembre, 2020HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « L’ANNONCIATION À MARIE »
TEXTES : II SAMUEL 7, 1-5.8B-12.14-16, ROMAINS 16, 25-27 ET LUC, 1, 26-38.
Annunciazione, Guido Reni
Les lectures de ce dimanche mettent devant nos yeux deux personnages majeurs de l’histoire du salut : David et Marie. Le premier désire construire une demeure pour son Dieu et l’autre est elle-même la demeure que choisit son Dieu.
I – Marie et l’ange de l’Annonciation
Commençons par Marie. La scène de l’Annonciation qui nous est décrite dans le texte de saint Luc a été représentée de multiples façons dans l’art. En général on voit l’ange dans une position debout et Marie agenouillée dans une attitude de prière. Il y a cependant une autre tradition qui inverse les positions. Marie est assise ou même agenouillée, mais l’ange s’approche en mettant un ou deux genoux à terre dans une attitude de vénération pour cette jeune fille devant lui. C’est le cas de la représentation de l’Annonciation par Simone Martini qui accompagne ce texte sur internet.
J’aime beaucoup ce dernier type de représentation de l’Annonciation faite à Marie. Elle tourne nos yeux vers Marie plutôt que vers le messager. Elle met en évidence le mystère d’une présence en elle : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. »
Marie, annonce l’ange, devient la demeure du Fils de Dieu qui prend chair en elle. Elle le sera éternellement. C’est un rôle unique. Elle devient Mère de Dieu comme le proclamera le Concile d’Éphèse en 431.
Noël n’est rien d’autre que l’apparition à la lumière de Celui qui est la Lumière du monde. Porté par Marie pendant neuf mois, il est offert au monde, mais il continuera de demeurer spirituellement en elle jusqu’à la fin de sa vie et même jusque dans la gloire du ciel. Une mère porte toujours son enfant en elle quelque que soit les péripéties de la vie. Marie ne fait pas exception. Elle se retrouvera au pied de la croix, Mère des douleurs qui devient alors notre mère puisque Jésus la donne à toute l’Église en disant à l’apôtre Jean qui nous représente « Voici ta mère » (Jean 19, 27).
II – Une autre demeure
Pour comprendre le caractère unique de ce rôle de Marie, nous pouvons réécouter la première lecture. Dans ce passage du livre de Samuel, on entend Dieu qui parle à David par le prophète Nathan. Il se cherche une demeure chez les humains. David dans un premier temps pense à une demeure de pierre, solide et à l’épreuve du temps. Mais Dieu lui indique qu’il habitera plutôt dans la famille de David. Il veut se bâtir une maison humaine et non une maison de pierre. C’est ce qui est affirmé dans les dernières phrases qui disent : « Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. »
Qui rendra stable le trône de David ? L’enfant que porte Marie. « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père » dit l’ange à Marie. C’est lui qui siégera sur le trône de David. Il est l’Envoyé promis et le Messie attendu.
Au fil des âges, c’est cette continuité de l’amour de Dieu qui se déploie en Jésus. Saint Paul le proclame en disant aux Romains que l’Évangile qu’il proclame c’est Jésus-Christ, mystère maintenant manifesté et « porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi » comme il est dit dans la deuxième lecture. La célébration de la Nativité de Jésus est l’occasion de le dire avec force aujourd’hui en reprenant le chant des bergers « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » (Luc 2, 14)
III – Application
Le temps de l’Avent nous aide à nous préparer à fêter Noël. Depuis le début du temps de l’Avent nous avons partagé les attentes de Jean-Baptiste, le Précurseur, et, ce matin, nous nous tenons tout près de Marie. Nous sommes nous aussi visités par l’ange qui vient de la part de Dieu nous annoncer que désormais nous sommes choisis comme demeures de Dieu. « Tu es toi-même la demeure où il habite, la retraite où il se cache… » écrit saint Jean de la Croix dans son poème Cantique spirituel. « La seule difficulté, continue-t-il, c’est que tout en résidant en toi, il y demeure caché. » C’est ce qui arrive dans le mystère de Noël : Dieu se cache sous les traits d’un enfant. Dieu se fait petit.
Lorsque nous nous retrouverons à Noël autour de la crèche nous ne ferons pas autre chose que de nous agenouiller devant un enfant qui est le Sauveur du monde, le Fils de Dieu qui établit sa demeure parmi nous : « Emmanuel » Dieu avec nous. Sa faiblesse nous montre comment notre Dieu se penche avec amour sur notre humanité. Il se fait présent dans nos vies sans coups d’éclats, simplement. Il demeure en nous comme dans la crèche et il nous attend comme il a attendu les bergers et les mages à Bethléem.
Le mystère de Noël exprime dans la simplicité d’une naissance la grandeur et la beauté d’un Dieu qui demeure chez nous, avec nous et en nous.
Conclusion
Vous voyez que les lectures de ce matin sont une belle préparation à la fête de Noël. Elles nous ont permis de dégager comme piste de méditation le thème de la demeure de Dieu parmi nous.
Cette demeure a pris un visage humain dans David et dans Marie. Elle peut aussi prendre ton visage ou le mien. Tu es toi-même appelé à être une demeure pour l’enfant qui naitra et ainsi le mystère de Noël sera pour toi celui d’une nouvelle naissance du Verbe de Dieu dans ta vie et dans celles des personnes qui te côtoieront durant le temps des Fêtes. C’est ce que je nous souhaite comme cadeau de Noël cette année!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec