HOMÉLIE POUR LA SOLENNITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS ANNÉE A « …C’EST À MOI QUE VOUS L’AVEZ FAIT » TEXTES : ÉZÉKIEL 34, 11-12.15-17, 1 CORINTHIENS 15, 20-26.28 ET MATHIEU 25, 31-46.
HOMÉLIE POUR LA SOLENNITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS ANNÉE A « …C’EST À MOI QUE VOUS L’AVEZ FAIT » TEXTES : ÉZÉKIEL 34, 11-12.15-17, 1 CORINTHIENS 15, 20-26.28 ET MATHIEU 25, 31-46.
Les évangiles donnent à Jésus plusieurs titres. Le plus fréquent est celui de Christ qui veut dire l’Envoyé de Dieu, le Messie. On dit donc couramment Jésus-Christ en parlant de Jésus.
D’autres noms sont aussi utilisés comme Berger, Maître, Serviteur, Fils de l’homme, Fils de Dieu, Agneau de Dieu etc. Aujourd’hui, nous fêtons Jésus sous son titre de Roi. Ce titre il se l’est attribué lui-même lorsque durant sa passion Pilate lui a demandé « Es-tu le roi des Juifs ? » et qu’il lui a répondu : « C’est toi-même qui le dis. » (Marc 15, 2)
La fête du Christ-Roi est donc pour nous une occasion d’entrer plus à fond dans le mystère de Jésus dont nous voulons être des disciples fidèles et sincères.
I – Le sens du titre de Roi dans l’Écriture Sainte
Pour bien recevoir et comprendre le titre de « Roi de l’Univers » appliqué à Jésus, il faut remonter dans le temps et revenir aux rois que le Peuple juif a eus avant Jésus. David et Salomon en sont les plus connus. Jésus se situe dans cette lignée. Il est de la lignée de David dira saint Mathieu au début de son évangile (Mathieu 1, 1 et ss.) C’est dire qu’il en perpétue l’héritage et la mission. Il est le Roi attendu et annoncé par les prophètes.
Dans l’Israël ancien, le Roi est avant tout l’Élu de Dieu. Son pouvoir ne vient pas de lui-même et il ne doit pas l’exercer pour son bénéfice personnel. Le psaume 71 (72) le décrit avec poésie et avec justesse : « Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux… qu’il sauve les pauvres gens, qu’il écrase l’oppresseur ! Qu’il dure sous le soleil et la lune de génération en génération ! Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. » (versets 4-5 et 12-13)
Ce portrait s’applique parfaitement à la royauté du Christ. Jésus est le Roi parfait. Élu de Dieu, par sa mort et sa résurrection il donne corps au nouveau Peuple de Dieu. Il y établit son Règne et il en fait son Royaume. « Tout sera sous le pouvoir du Fils, comme dit saint Paul dans la deuxième lecture, lui-même se mettra sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.»
II – L’évangile d’aujourd’hui
Ceci étant dit, l’évangile choisi pour cette fête du Christ-Roi en cette année liturgique A nous présente notre Roi sous un jour particulier. Dans son Royaume les « grands » et les « nobles » sont les pauvres et les marginaux, ce que nous illustrent les paroles très connues de l’évangile qui vient d’être lu. « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mathieu 25, 35-36)
Ces paroles mettent au premier rang du Royaume de Jésus les gens dans le besoin, les pauvres, les marginaux etc. Elles retentissent toujours avec force dans nos assemblées. Elles ne peuvent nous laisser indifférents. C’est elles qui ont inspiré des gens comme saint François d’Assise qui a épousé Dame Pauvreté, comme sainte Mère Teresa qui a donné sa vie pour les mourants et les personnes abandonnées.
Les paroles de l’évangile selon saint Mathieu s’adressent à l’Église et à nous tous et toutes. Elles retentissent en cette fête du Christ Roi comme une invitation à ouvrir la porte pour que le Christ entre dans nos vies de chaque jour à travers des gestes simples et à la portée de toutes et de tous : moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète…en sorte que la célébration de la Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers se révèle encore plus authentique, selon les mots du pape François.
III – Application
Le message à retenir aujourd’hui en cette fête du Christ, Roi de l’Univers, c’est que nous ne pouvons pas célébrer la Royauté du Christ et son Royaume sans mettre devant nos yeux ceux et celles qui sont sa présence réelle dans le monde.
Nous sommes invités à faire l’effort de les reconnaître autour de nous. Pour ce faire, il nous est donné ce matin un critère que l’Église a reconnu comme étant le signe indissociable de la sainteté des disciples de Jésus lorsqu’il s’agit de procéder à une béatification et à une canonisation : reconnaître la présence de Jésus dans l’autre, en particulier dans le plus démuni et le plus pauvre, en d’autres mots, dans le service du prochain. Il nous est peut-être arrivé d’avoir été sourds à ces invitations et même de ne pas avoir voulu reconnaître Jésus dans cette personne importune, ce visiteur non-désiré, ce jeune délaissé, qui sais-je encore ? C’est l’occasion aujourd’hui d’en demander pardon et de nous relancer sur le chemin de l’accueil inconditionnel que nous propose Jésus.
Le pape François reprend souvent ces invitations avec ardeur. Sa préoccupation pour les réfugiés, les pauvres, les gens des périphéries, les laissés pour compte en fait un modèle à suivre dans nos choix personnels comme disciples-missionnaires.
Conclusion
Le passage de l’évangile qui accompagne la Fête du Christ, Roi de l’Univers cette année nous a permis de découvrir une facette parfois ignorée de la Royauté de Jésus. Le titre de Roi qu’on attribue à Jésus ne le place pas au-dessus de ses frères et sœurs, bien au contraire, il indique une proximité à nulle autre pareille.
Que cette Eucharistie en nous unissant au Christ glorieux toujours vivant pour nous sauver nous aide à reconnaître la présence de Jésus dans les personnes que nous rencontrons, dans celles qui s’adressent à nous, dans celles qui dépendent de nous, dans toute personne dans le besoin : enfants, parents âgés, grands-parents, pauvres, handicapés, malades etc.
Chaque fois que nous le ferons, nous entendrons alors le Roi nous dire : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.