HOMÉLIE POUR LE 19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « JÉSUS ÉTENDIT LA MAIN, LE SAISIT »
8 août, 2020HOMÉLIE POUR LE 19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « JÉSUS ÉTENDIT LA MAIN, LE SAISIT »
TEXTES : I ROIS 19, 9A.11-13A, ROMAINS 9, 1-5 ET MATHIEU 14, 22-33.
Cette semaine en préparant mon homélie, j’avais un heureux problème. Je trouvais tellement de choses à dire que je me demandais laquelle choisir. Je me suis arrêté à la réaction de saint Pierre qui se lance à l’eau pour rejoindre Jésus.
I – La marche sur les eaux
En effet, cet épisode de la vie de Jésus qu’on vient de proclamer est comme une image de ce qui se passe dans nos vies et dans la vie de tout être humain. Il est question de nos peurs, des fantômes qui hantent nos vies, de nos tempêtes, mais aussi de confiance, de vent qui se calme, de foi.
Que se passe-t-il ? Les apôtres et saint Pierre ont ramé toute la nuit. Ils croient voir un fantôme. Saint Pierre se lance à l’eau et il cale. Et c’est lorsque Jésus lui tend la main qu’il trouve un appui qui le secourt et lui donnee la paix. Sa foi en Jésus lui permet d’avancer malgré le péril où il s’enfonçait et elle le fait grandir.
II – Des réactions sans fondment
On est tous un peu comme les apôtres et saint Pierre, n’est-ce pas ? On est souvent pris de peurs, bouleversés. Dans la tête de beaucoup de gens, de personnes croyantes comme nous, lorsque ça ne va pas, ou si ça va mal dans leur vie, c’est que Dieu n’est pas là.
Je pense à quelqu’un qui me disait : « J’ai prié pour avoir un emploi pendant un bon bout de temps, puis je me suis rendu compte que ça ne donnait rien, alors j’ai arrêté de prier et même d’aller à la messe le dimanche ».
Je pense encore à ce que j’ai entendu un jour aux nouvelles lors d’une tragédie dans une résidence de personnes âgées où 20 personnes de l’âge d’or sont mortes. Quelqu’un qu’on interrogeait dans un vox pop disait alors au journaliste: « On en veut un peu à Dieu d’avoir fait cela » comme si le bon Dieu les avait fait mourir par exprès. On entend parfois aussi quelque chose de semblable sur la pandémie du Covid-19 qui nous est arrivé par surprise. Certaines personnes ont tendance à y voir comme une punition de Dieu.
Vous voyez, souvent on agit et on pense comme si Dieu était obligé à nous. On fait comme saint Pierre ici. On dit à Dieu ce que saint Pierre dit à Jésus : « Si c’est bien toi, ordonne que je vienne vers toi ». On considère Dieu comme une sorte de négociant, d’homme d’affaires. On marchande avec lui « Tu me donnes cela et moi je te donne cela ». Et si ça ne va pas dans le sens qu’on veut on perd confiance, comme saint Pierre. On perd la foi. On se laisse « caler ».
III- Une présence mystérieuse
Pourtant, les textes d’aujourd’hui le disent bien, leur message est clair et direct : Dieu est présent même quand ça va mal.Vous connaissez peut-être cette histoire des traces de pas dans le sable dont on a fait un beau poster. On voit sur la grève les pas de deux personnes qui marchent l’une à côté de l’autre. Plus loin les traces continuent, mais il n’y a que les traces des pas d’une personne. Ce poster exprime ce que Jésus disait un jour à sainte Catherine de Sienne qui se plaignait en le priant qu’il l’avait abandonnée dans ses peines et ses souffrances. Et Jésus alors lui fait voir cette image. Elle lui dit « Tu vois bien que tu étais avec moi » en remarquant les traces des pas des deux personnes, mais elle ajoute en ne voyant qu’une trace de pas « Maintenant regarde il n’y a que les traces de mes pas ». Jésus lui répond alors « Tu te trompes, ce ne sont pas les traces de tes pas, mais les miennes, car quand ça allait mal, je te portais dans mes bras ».
Chers sœurs et frères, nous sommes invités aujourd’hui à saisir la main tendue de la tendresse de Dieu, celle de Jésus qui nous aime. « Il n’est de salut que pour les personnes qui savent saisir la main de l’Autre quand cet autre est Jésus » a-t-on écrit avec justesse.
C’est ce que saint Pierre a fait et ce que nous sommes invités à faire lorsque qu’on se dit que la religion a bien changée, que la société est remplie de problèmes et quand nous rencontrons nos difficultés de couples, de parents ou encore de personnes retraitées. La main tendue de Jésus est la présence de Dieu auprès de nous. Celle-ci se fait souvent sentir comme celle de la brise légère qui annonçait au prophète Élie la venue de Dieu comme le raconte la première lecture. À nous de la reconnaître et de saisir cette présence de Dieu dans nos vies, une présence continuelle et proche.
Conclusion
Je termine avec cette belle phrase que j’ai lue et qui résume bien le message d’aujourd’hui : « Qu’est ce qui me reste quand il ne reste rien ? demande Maurice Bellet…. un auteur jésuite de renom… Alors, il arrive répond-il qu’un presque rien, la lumière d’un visage, la musique d’un nom, le geste offert d’une main, tout d’un coup disent tout »
Faisons, si vous le voulez bien cette prière :
Seigneur,
Quand le vent souffle en tempête,
Donne-moi de te reconnaître
Dans la main que tu me tends,
J’ai parfois l’impression que tu m’abandonnes,
Que tu n’es plus présent dans ma vie,
Alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour saisir la tienne et me laisser relever,
Je saisis ta main Seigneur, guide-moi et merci d’être toujours avec moi.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec