HOMÉLIE POUR LE 12E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « SOYEZ DONC SANS CRAINTE » TEXTES : JÉRÉMIE 20, 10-13, ROMAINS 5, 12-15 ET MATHIEU 10, 26-33.
19 juin, 2020N’ai pas peur
HOMÉLIE POUR LE 12E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « SOYEZ DONC SANS CRAINTE »
TEXTES : JÉRÉMIE 20, 10-13, ROMAINS 5, 12-15 ET MATHIEU 10, 26-33.
Dans les évangiles qui sont des écrits qui veulent nous résumer l’activité et le message de Jésus, on suit un certain plan et on vise aussi certaines clientèles. L’évangile de saint Mathieu a eu plusieurs versions, semble-t-il, et celle qui nous est restée s’adresse avant tout aux juifs convertis à la foi chrétienne.
Dans le texte qui nous est présenté aujourd’hui par la liturgie nous reprenons une lecture suivie de cet évangile pour les prochains dimanches. Nous sommes arrivés dans le plan de saint Mathieu à ce que les experts appellent le « Discours aux disciples ». On y a rassemblé dans un discours – un long entretien – plusieurs observations prononcées en diverses circonstances concernant l’attitude des disciples dans leur mission de porter la Bonne Nouvelle aux extrémités du monde.
L’évangile d’aujourd’hui met ensemble des conseils que Jésus a donnés en diverses occasions. Ces conseils pourraient avoir comme thème « Ne craignez pas, soyez sans crainte ». Les paroles de Jésus nous projettent dans des situations inédites qui attendent ses disciples. Il les a envoyés proclamer la Bonne nouvelle du Salut, mais il tient à les avertir des difficultés et des murs qu’ils rencontreront. « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ». (Luc 6, 40)
I – Ce qui ne se voit pas
En ce qui concerne les disciples, les paroles de Jésus invitent à faire confiance à ce qui est en eux comme don de Dieu. « Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière » avons-nous entendu il y a un instant. En d’autres termes, ce qui est là n’est pas toujours visible au grand jour. Les débuts d’une semence sont modestes, cachés. Combien de Mozart, de futurs ingénieurs, d’hommes d’affaires talentueux dans ces jeunes qui sont ici ? Ce qu’il y a en eux n’est pas encore révélé, et pourtant la semence est là. Il en est ainsi de la Bonne nouvelle lorsqu’elle a été accueillie comme une semence. On n’en voit pas toujours les fruits. Parfois même, elle semble écrasée. Elle suscite les oppositions. Elle provoque. Mais elle est bien présente. Elle est là.
Ce qui est là dans le secret, même si on ne le voit pas, est présent. C’est souvent là que se vit la vraie vie. Le secret de nos cœurs, de notre générosité, de notre amour sera révélé un jour. « Ne craignez pas, dit Jésus d’aimer, de semer de belles choses, ayez confiance. La confiance, la foi, chasse la crainte. Cela sera révélé autour de vous. Cela se verra un jour ou l’autre ».
On pourrait en témoigner pour plusieurs d’entre nous par rapport à nos parents. Leur amour de couple a été une inspiration, leur dévouement pour leur famille aussi. Et combien d’autres personnes de divers horizons, de diverses conditions, d’époques différentes. La Vierge Marie en est un bel exemple. Elle a simplement été elle-même. Une jeune fille choisie par Dieu pour être la mère de son Fils, une épouse attentive, une mère présente jusqu’à la fin.
II– Pas de crainte de notre Dieu
Dans cet univers changeant et instable, il y a un roc solide. Le Seigneur notre Dieu est le rocher sur lequel on peut s’appuyer en tout temps. Comme le prophète Jérémie persécuté dont fait était la première lecture nous pouvons dire : « le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable ». Après nous avoir permis de regarder ce qu’il y a en nous avec confiance, le « N’ayez pas peur » de Jésus nous tourne maintenant vers Dieu lui-même. « Ne craignez pas, nous répète Jésus ce matin, votre Dieu, celui en qui vous croyez, est un Dieu de bonté et de miséricorde. Vous pouvez vous fier à lui en tout temps et lui faire confiance ».
Notre Dieu n’est pas seulement un Dieu de majesté, un Dieu grand, qui sait juger ce qu’il y a en nous, qui rétribue nos bons coups et qui est juste, mais il est aussi un Père, proche et familier. Il nous soutient. Il croit en nous. Il veut notre bien. Il ne cherche pas à nous écraser, au contraire, il s’intéresse à tout…même à nos cheveux…nos plus petits soucis ne lui sont pas étrangers. « Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». (Mathieu 10, 30-31)
Les paroles de Jésus ici respirent la confiance et l’abandon sans crainte.
III – Application : les disciples
ans la troisième partie de l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous fait une promesse. « Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes moi aussi je prononcerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ».
En d’autres mots, Jésus nous dit : « Ne craignez pas de vous prononcer pour moi dans vos milieux de vies, au travail, dans vos familles, à la maison. Ne craignez pas de témoigner de votre foi, de vos valeurs, de ce qui est beau et grand pour vous. Dites-le, même si parfois ce n’est pas entendu ». C’est cela « confesser Jésus-Christ ».
« Bien sûr, écrit un auteur spirituel, décédé il y a quelques années, l’abbé Jules Beaulac, nous ne subirons sans doute pas le martyre pour le simple fait que nous sommes baptisés, mais il peut nous arriver d’éprouver toutes sortes d’ennuis à cause de notre foi à la face du monde. Ainsi venir à la messe le dimanche, faire baptiser ses enfants, participer à la préparation de leur première communion etc. peut en faire sourire quelques-uns qui ne croient pas à ces démarches… Sans verser dans l’ostentation spectaculaire, n’ayons pas peur de montrer que nous sommes chrétiens et heureux de l’être ».
Conclusion
C’est mon souhait le plus cher. Que cette messe nous rende plus forts, plus accueillants et plus heureux d’être disciples de Jésus.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec