HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR : UNE LUMIÈRE DIVINE À L’OEUVRE »
6 mars, 2020HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE A « LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR : UNE LUMIÈRE DIVINE À L’OEUVRE »
Textes: Genèse 12, 1-4a, 2 Timothée 1, 8b-10 et Mathieu 17, 1-9.
I – Le terme « transfiguration »
Que veut dire le mot « transfiguration » qui n’est pas un mot de tous le jours dans nos conversations?
Pour y comprendre quelque chose partons d’un exemple qui nous permettra d’aller plus loin.
Vous avez certainement vu un de ces programmes à la télévision où l’on invite une personne à se laisser transformer dans son look ou à permettre à une équipe de remodeler sa résidence. Puis à la fin, on nous présente le résultat : une dame transformée, transfigurée. On nous montre l’avant et l’après. La même chose pour la résidence. Et toutes les personnes présentes s’exclament « C’est incroyable, c’est formidable ». Certaines personnes se mettent à pleurer. Elles n’en attendaient pas tant.
C’est un pauvre exemple qui peut nous aider à comprendre les réactions des apôtres qui sont témoins de la Transfiguration de Jésus. C’est extraordinaire. Il a complètement changé.
Mais, il y a ici chez Jésus quelque chose de plus qu’un remodelage de la personne. Il faut se rappeler que, si les apôtres ont gardé si vivant le souvenir de cette Transfiguration de Jésus, c’est que non seulement ils ont été témoins, mais qu’eux aussi ont été transformés.
II – L’expérience des apôtres
Par cette scène de la Transfiguration, saint Mathieu veut nous faire comprendre que les apôtres ont expérimenté dans leur chair la face divine de cet homme avec qui ils voyageaient, ils mangeaient. Ils ont senti qu’il y avait en lui plus que ce qu’ils voyaient tous les jours : une lumière divine, une source, une beauté à nulles autres pareilles, un quelque chose qu’aucun autre homme n’avait. Et ça, ils l’ont expérimenté, ils l’ont comme touché du doigt et ils ne peuvent pas l’oublier. C’est ce que veut exprimer ce récit de la Transfiguration de Jésus sur le Thabor.
Pour Pierre, Jacques et Jean qui représentent tous les autres apôtres et les disciples de Jésus qui suivront au cours des âges, Jésus n’est pas seulement un homme, mais il est aussi divin, rempli de la lumière divine, de la beauté divine qui resplendit en lui. Il achève la révélation de Dieu à l’humanité commencée avec Abraham ce que la première lecture rappelle en le désignant par son nom sémite Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai ». C’est cette révélation qui se continue avec Moïse et se poursuit avec les prophètes. La présence de Moïse et d’Élie avec qui Jésus s’entretient dans le récit de la Transfiguration veut ainsi marquer la continuité du Dessein de Salut de Dieu sur l’humanité que Jésus accomplit totalement et définitivement, car il est la Parole de Dieu faite chair. Il est la révélation parfaite de Dieu à l’humanité.
Cette révélation de Dieu, cette lumière de Dieu, cette beauté de Dieu qui l’habite, Jésus ne veut pas les garder pour lui. Il veut les communiquer, les partager. Voilà la mission qu’il accomplit en prêchant, en guérissant, en allant jusqu’à mourir sur une croix. Jésus, la Lumière du monde, veut que celle-ci se répande et il la répand sur ceux et celles qui l’accueillent, qui le reconnaissent dans la foi comme l’envoyé du Père.
III- Application
Nous sommes de ceux-là et de celles-là. Par le baptême nous sommes devenus participants de la nature divine (II Pierre 1,4) frères et sœurs de Jésus par adoption. La lumière de Jésus est en nous, Elle est là et elle se répand autour de nous. « Vous êtes vous aussi la lumière du monde » nous dit Jésus dans le Discours sur la montagne de l’évangile de saint Mathieu (Mathieu 5, 14).
Comment « être la lumière du monde » ? En laissant la lumière de Dieu en nous passer à travers nos gestes, nos préoccupations, nos engagements. Si nous la reconnaissons en nous par la foi, elle nous transfigurera à notre tour, à notre insu même. Nous serons surpris d’entendre les gens dire : « Il ou elle a quelque chose de spécial. Quand je l’approche, elle ou lui, je me sens bien, je me sens meilleur. »
Hé oui! La lumière de Dieu passe de diverses façons. Elle peut resplendir comme un soleil qui envahit tout comme à la Transfiguration de Jésus, mais elle peut aussi transparaître dans des rayons plus minces et par intermittence. C’est toujours la même source lumineuse qui est à l’œuvre, Dieu lui-même par son Esprit et par ses dons.
Conclusion
Que cette Eucharistie nous aide de plus en plus à resplendir à notre façon comme Jésus qui n’a eu d’autre souci que d’aller vers les autres, d’aimer ses frères et sœurs en se donnant totalement, comme il le fait encore aujourd’hui dans cette Eucharistie où nous partageons son Corps et son Sang.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec