Archive pour janvier, 2020

PAPE FRANÇOIS -17 janvier 2019 -Vaincre la dureté des cœurs

8 janvier, 2020

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2019/documents/papa-francesco-cotidie_20190117_durete-coeurs.html

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Murillo, La Sainte Famille

PAPE FRANÇOIS -17 janvier 2019 -Vaincre la dureté des cœurs

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°004 du 22 janvier 2019)

C’est contre les fermetures pusillanimes et craintives, l’idéologie têtue obstinée et rebelle et la double vie de compromis entre tentation et séduction que le Pape a mis en garde, en relançant l’engagement à «ne pas glisser vers un cœur pervers». Mais à «croître» avec la parole de Dieu, ouverts «à l’activité de l’Esprit Saint».
Le point de départ de la méditation est venu de la «première lecture: l’auteur de la lettre aux Hébreux (3, 7-14) nous envoie un message: c’est un avertissement très clair: “Attention, mes frères, que l’on ne trouve en aucun d’entre vous un cœur pervers et sans foi qui s’éloigne du Dieu vivant”».
«Il y a trois mots qui peuvent nous aider à comprendre ce que veut dire ce théologien». «Le premier mot» est «“dur”, dureté de cœur; le second mot qu’il utilise est “obstination”, c’est précisément “obstination”». Et «le troisième mot est “séduction”». Donc, «trois mots qui peuvent nous aider à voir si mon cœur glisse vers ce qu’il appelle le cœur pervers».
Le Pape a affronté avant tout la question de la «dureté du cœur», en constatant que «Jésus avait trouvé partout des gens qui étaient fermés à son message». En réalité, «la dureté du cœur peut avoir lieu dans notre vie pour de nombreuses raisons, de nombreux motifs: par exemple une forte douleur, pensons aux disciples d’Emmaüs: ils étaient fermés». Et «la douleur rend dur, les coups durcissent la peau». Mais «Thomas aussi, l’apôtre, ne voulait pas entendre d’histoires: “Nous avons vu le Seigneur! — “Oui, oui, mais je ne touche pas je ne crois pas, je n’y crois pas”». Un discours «clair» d’un «cœur dur à cause de la souffrance». A ce propos, «nous pouvons nous demander: est-ce que j’ai le cœur dur, est-ce que j’ai le cœur fermé?». François a rappelé que «l’on grandit toujours avec les épreuves, avec les difficultés, on grandit comme nous grandissons tous enfants: nous apprenons à marcher en tombant». Voilà la signification du mot «dureté». Et la même chose vaut pour la «fermeture», qui est l’attitude des «pusillanimes». Et «la pusillanimité est une attitude mauvaise chez un croyant, il lui manque le courage de vivre, il se ferme, il est pusillanime».
«Le second mot est “obstination”», «obstination et être rebelle vont de pair» et sont les attitudes propres de «ceux qui» disent «non, je crois cela et je pense cela». C’est précisément «l’accusation qu’Etienne lance à ceux qui le lapideront: “obstinés”». En pratique, «ce sont ceux qui ne veulent rien entendre de différent de ce qu’ils pensent, ils sont fermés mais dans leur propre pensée et ne sont pas ouverts à l’Esprit Saint: ce sont les idéologues». Du reste, «l’idéologie est une obstination». Et «la parole de Dieu, la grâce de l’Esprit Saint n’est pas une idéologie: c’est la vie qui te fait croître, aller de l’avant». En revanche, «l’obstination est également orgueil, prétention». «Mais est-ce que j’ai un cœur têtu?». « Est-ce que je suis capable d’écouter les autres personnes et si je ne suis pas de leur avis, dire “moi je pense ceci”? Est-ce que je suis capable de dialoguer?».
«Le troisième mot est “séduction”». «Le cœur faible doit s’apercevoir qu’il y a quelqu’un qui veut entrer et dominer son cœur». «C’est notre lutte quotidienne contre les tentations, contre les séductions». Mais «le diable n’est pas stupide, il est très intelligent, plus que tous les théologiens: c’est un grand théologien le diable, mais sans foi, avec la haine». Et «lui sait comment entrer dans le cœur des gens et comment proposer les choses». Précisément «comme il l’a fait avec Eve». Il «le sait: c’est un grand séducteur».
Et nos tentations viennent de là: le cœur pervers est celui qui se laisse aller à la séduction et la séduction le conduit à l’obstination, à la fermeture et à tant d’autres choses». Et «que peut-il arriver quand on est séduits par le diable? Avec les durs, la pusillanimité; avec les obstinés et les rebelles, l’idéologie; et avec la séduction, ou bien tu te convertis et tu changes de vie, ou tu essaies de faire des compromis».
En conclusion, ont été reproposées les paroles et le contenu du passage de la lettre aux Hébreux: «Veillez, frères, à ce qu’en aucun de vous ne se trouve un cœur pervers, un cœur durci, qui te conduit à la pusillanimité; un cœur obstiné qui te conduit à la rébellion, qui te conduit à l’idéologie; un cœur séduit, esclave de la séduction, qui te conduit à un christianisme de compromis». Pour cette raison, «demandons à l’Esprit Saint qu’il nous illumine pour ne pas avoir un cœur pervers».

 

HOMÉLIE POUR L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR OU FÊTE DES ROIS 2020 ANNÉE A « LES NATIONS MARCHERONT VERS TA LUMIÈRE »

3 janvier, 2020

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Mantegna, Épiphanie

HOMÉLIE POUR L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR OU FÊTE DES ROIS 2020 ANNÉE A « LES NATIONS MARCHERONT VERS TA LUMIÈRE »

Textes: Isaïe 60-1-6, Éphésiens 3, 2-3a.5-6 et Mathieu 2, 1-12

C’est un très beau récit que celui de la visite des Mages au paied de Jésus, l’enfant nouveau-né de Marie. Les chameaux, les cadeaux, l’étoile, la rencontre avec Hérode, l’adoration devant l’Enfant Jésus puis le retour chez eux scandent le récit avec brio.
On s’est demandé avec raison si l’étoile était un phénomène astral comme le passage d’une comète. Ce qui n’est pas impossible. On a fait des Mages des rois, ce qui fait qu’on parle couramment de la Fête des Rois au Québec. On a même construit une châsse exceptionnelle pour leurs présumées reliques à Cologne en Allemagne.
Je pourrais continuer sur cette lancée et reprendre chacun de ces éléments pour en faire ressortir le sens. Plutôt que de m’arrêter à chaque élément, je me suis contenté de dégager, pour nous ici ce matin, l’enseignement fondamental à retenir en m’inspirant non seulement du récit de la visite des Mages à Bethléem racontée par l’évangile mais aussi de la première lecture et de la deuxième lecture.

I – Une annonce et une visite
Le choix de la première lecture veut nous sensibiliser au déploiement universel du salut que Dieu offre à son peuple et à tous les peuples. Le prophète Isaïe le fait en utilisant l’image de Jérusalem qui n’est plus vue seulement comme une localité de la Terre Sainte, mais bien comme un point de ralliement pour l’univers entier sur lequel elle fait briller la lumière du Seigneur et de ses dons.
Ce message de l’universalité du salut reprend sous une forme symbolique la promesse faite à Abraham et à ses descendants qui couvriront l’ensemble de l’univers. Écoutons le prophète Isaïe : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore » proclame-t-il. Et le prophète continue avec des images : les trésors, les chameaux, l’or et l’encens : « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur ».
Le récit des Mages en saint Mathieu emprunte les mêmes images. « Ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ».
Avec ce récit de saint Mathieu, nous passons de la promesse à la réalité. Le salut de Dieu est arrivé dans son Fils né de la Vierge Marie. Ce salut n’est pas réservé à une catégorie de personnes. Il n’a pas de frontières. Ce que ces trois Mages venus de loin illustrent parfaitement.

II – Une retombée dans la communauté chrétienne
Passons à la seconde lecture. Saint Paul, Inspiré par la prédication de Jésus et le témoignage de ceux et celles qui l’avait connu ainsi que par sa rencontre personnelle avec lui sur le chemin de Damas, dans cette admirable lettre à l’Église d’Éphèse (en Turquie aujourd’hui) déclare sans ambages que le salut qu’il proclame est offert à toute personne qui accepte de reconnaître Jésus comme celui qui est l’Envoyé du Père et qui est le Sauveur promis.
Comme il était annoncé par l’image de la Jérusalem nouvelle, le salut apporté par Jésus Ressuscité n’a pas de frontières. C’est le mystère de l’amour inconditionnel de Dieu pour l’humanité. « Ce mystère, écrit-il, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile ».
Nous célébrons aujourd’hui ce mystère du « partage de la même promesse » sous le nom d’« épiphanie » qui veut dire « manifestation » ou « apparition ». Cette manifestation de l’amour de Dieu prend place dans le sillage de la fête de Noël qui célébrait le même mystère en rappelant la naissance de Jésus à Bethléem.

III – Application
Voilà! L’Épiphanie ou la Fête des Rois est une fête « sans frontières » parce que l’amour de Dieu que l’Alliance Nouvelle apporte est un amour universel qui ne fait jamais acception de personnes, qui s’étend à toutes et tous sans distinction. Elle est, comme le dit si bien un de mes confrères dans un texte écrit pour cette fête, « la fête du dévoilement de la bienveillance sans frontières de Dieu pour notre humanité ».
Dans le Royaume que Jésus instaure et dont nous sommes participantes et participants, il n’y a pas de distinction de classe, de préférence pour des groupes ou des personnes. C’est un royaume sans frontières, un royaume qui n’est pas de ce monde et qui ouvre sur tout ce qui est beau et bon, sur toutes les personnes qui acceptent comme les Mages de reconnaître en Jésus l’Envoyé du Père et qui décident de le suivre en vivant leur vie de tous les jours dans le sillage de leur choix et de leur découverte.
C’est ce que firent les Mages en retournant dans leur pays. Et c’est ce que nous sommes invités à faire après cette célébration en retournant à la maison, au travail, sur les places pour y témoigner de la rencontre que nous avons faite de Jésus et le dire autour de nous de diverses façons. Comment ? À chacune et à chacun de se mettre à l’écoute de l’Esprit car celles-ci nous seront inspirées par le souffle de l’Esprit Saint qui est l’Esprit de Jésus.

Conclusion
Cette belle fête de l’Épiphanie est encore aujourd’hui bien actuelle. Le récit qui nous porte est riche de toutes sortes de détails, mais c’est l’enseignement fondamental qui est des plus actuel pour nos sociétés de plus en plus sécularisées, celui d’une bienveillance sans frontières de notre Dieu pour l’humanité.
Que le partage du Pain et du Vin fasse de nous des témoins ardents de cette bienveillance de Dieu en nous unissant à Celui qui est la Lumière des nations, Jésus Christ notre Seigneur et notre Sauveur.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

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