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HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE « MES YEUX ONT VU LE SALUT QUE TU PRÉPARAIS

31 janvier, 2020

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HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE « MES YEUX ONT VU LE SALUT QUE TU PRÉPARAIS »

Textes: Malachie 3, 1-4, Hébreux 2, 14-18 et Luc 2, 22-40.

Les textes proclamés il y un instant nous permettent de bien saisir le sens de cette fête de la Présentation du Seigneur au Temple qu’on appelle aussi la Présentation de Jésus au Temple en particulier le texte de Malachie qui en donne le sens profond. .

I- Une vie reçue, une vie donnée
Réécoutons ce texte. « Voici que j’envoie mon Messager pour qu’il prépare le chemin devant moi…le messager de l’Alliance le voici qui vient ». Le vieillard Siméon fait écho à ce texte dans son cantique « Nunc dimittis… » « …mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël ton peuple.
Ces textes chantent la beauté de la mission de ce jeune enfant que les parents présentent au Temple. C’est cet enfant exceptionnel que l’auteur de la Lettre aux Hébreux (10, 5.7) met en scène lorsqu’il dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as formé un corps… Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté». Et la volonté de Dieu c’est que toute l’Humanité soit sauvée : « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). Le Père donne son Fils né de Marie pour le salut de tous. Il sera l’Agneau immolé (Jean 1, 9; Apocalypse 5, 12) pour la multitude, le Serviteur souffrant (Isaïe 42-53) qui est non seulement lumière des nations, mais qui offre sa vie en expiation pour le péché du monde.
Tel sera le destin de cet enfant que Marie et Joseph présentent au Temple. Sa vie est toute entière remise entre les mains du Père. Elle est reçue pour être donnée. Elle ne lui appartient pas comme un objet qu’on peut s’approprier. Il la reçoit et il la donne. Voilà ce qu’est le mystère de la Présentation du Seigneur.

II- Récipiendaires du don de Dieu
Ce mystère nous inspire encore aujourd’hui car nous sommes nous aussi des récipiendaires du don de Dieu. Cette vie qui est la nôtre ne nous appartient pas. Nous la recevons. Nous en sommes les dépositaires et notre plus beau cadeau sera de pouvoir dire un jour, de le dire déjà, « Père, je remets ma vie entre tes mains » (Luc, 23, 46) comme le fait la si belle prière de Charles de Foucauld « Mon Père, je m’abandonne à toi » (voir le texte à la fin). Oui, c’est alors la vraie Présentation qui est vécue.
Nous avons besoin, bien sûr, de nous entraîner à cette remise totale à Dieu. Et c’est vers Marie et Joseph que nous pouvons tourner notre regard aujourd’hui. Ils ont compris que cet enfant ne leur appartient pas. Ils l’ont reçu. Ils l’ont accueilli, En le présentant au Temple, ils reconnaissent en lui, « le messager désiré de l’Alliance », le Messie Sauveur,
Marie entend Syméon lui dire que son cœur sera transpercé. Le chemin à préparer devant le Seigneur demandera beaucoup à ceux et celles qui se mettront à l’écoute de ce messager. « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent » (Luc 11, 28) dira-t-il dans sa prédication.
Vous voyez pourquoi de mystère de la Présentation de Jésus au Temple a été retenu comme point de référence fondamental pour la vie consacrée qui se veut une suite radicale du Christ à laquelle tous les baptisés sont invités, mais que certaines personnes s’engagent publiquement à poursuivre en se libérant le plus possible de ce qui peut la retarder ou l’obscurcir.

III- Un héritage à nul autre pareil
Avant de terminer, j’aimerais souligner comment cette fête nous plonge dans les racines judaïques du christianisme.
Marie et Joseph sont montés au Temple « au jour fixé…selon ce qui est écrit dans la Loi. ». Jésus est un fils d’Israël. Il baigne dans cet héritage. Les gestes de ses parents et les siens plus tard reprennent ceux de ses frères et sœurs juifs. Les psaumes nourrissent sa prière. Les bénédictions comme le « Shema Israël » – «Écoute, Israël » (Deutéronome 6, 4) qui est le texte principal de la liturgie juive qu’on récite le matin et soir accompagné de bénédictions font partie de sa vie quotidienne.
Nous partageons cet héritage encore aujourd’hui. L’Église a retenu les Psaumes comme sa prière officielle dans la Liturgie des Heures . L’agencement de notre célébration eucharistique se fait sous le mode de la bénédiction, de l’ «action de grâces », », de la « berakah ». La grande prière eucharistique est une « berakah » chrétienne où la Parole, le Pain et le Vin sont partagés en mémorial de la Pâque du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.

Conclusion
Voilà. Cette fête de la Présentation du Seigneur, de Jésus au Temple comme vous le voyez va beaucoup plus loin que le symbole de la lumière qui en émane et qui l’a fait désigner comme la « chandeleur », la fête où on allume des chandelles. Mais à bien y penser, ces chandelles allumées ne sont-elles pas une image du Christ lui-même qui se laisse consumer pour éclairer et réchauffer l’humanité? Oui, nous avons besoin de laisser ce « Messager de l’Alliance » devenir lui-même l’Alliance Nouvelle qui s’adresse à toutes les nations, de tous les temps et de tous les lieux.
Que cette Eucharistie nous rende de plus en plus participants et participantes à ce projet d’amour d’un Dieu qui vient vers nous, qui nous donne la vie pour (comme le dit si bien une oraison de la liturgie quotidienne) pour, dis-je, qu’en offrant ce qu’il nous a donné, nous puissions le recevoir lui-même. Ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

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Mon Père,

Je m’abandonne à toi,
fais de moi ce qu’il te plaira.

Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.

Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté
se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je t’aime,
et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.

Charles de Foucauld (1858-1916)