HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE A « TENEZ-VOUS DONC PRÊTS, VOUS AUSSI »
HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE A « TENEZ-VOUS DONC PRÊTS, VOUS AUSSI »
Textes de l’Écriture : Isaïe 2, 1 – 5, Romains 13, 11–14 et Mathieu 24, 37-44.
Les venues ou visites du Seigneur sont diverses dans l’histoire du monde, dans l’histoire de l’Église et dans notre histoire personnelle
Le temps de l’Avent qui commence en ce dimanche est une période de temps pour nous mettre en situation d’attente. Le terme « Avent » est une transcription du mot latin « Adventus » qui veut dire « Venue » ou « Ce qui advient » ou « Visite ».
On est donc invités pendant l’Avent à regarder ce qui advient, à porter attention à une venue particulière celle du Seigneur que nous célébrerons à Noël dans la crèche à Bethléem.
I – Deux sortes de venues ou visites
Il arrive souvent que nous recevons des visites dans le quotidien de nos vies. Elles se présentent de façon différente bien campées avec leurs circonstances particulières et leurs caractéristiques propres. On peut les classer sous deux formes principales qui ne sont pas incompatibles entre elles.
La première forme est celle des visites préparées. Comme celles où on reçoit des amis ou de la famille à un moment précis avec un repas soigné, de la musique, un cœur ouvert etc. C’est de ce genre de visites que le temps des fêtes au Québec est rempli soit qu’elles se rattachent au travail soit qu’elles se fassent dans les familles. Dans tous les cas on se prépare et on voit à ce qu’il ne manque rien pour les personnes invitées.
L’autre forme qui survient souvent est à l’opposé de la première. Il s’agit de visites impromptues, inattendues parfois, mais souvent très enrichissantes. Ma grand-mère Lumina dans sa grande ferme à la campagne gardait toujours un bol de soupe pour les visiteurs qui pourraient survenir : parents, amis ou mendiants. La tradition du banc du « quêteux » au Québec va dans le même sens car, en raison du climat, il n’était pas indiqué de renvoyer quelqu’un qui arrivait et qui n’avait pas de lieu où se reposer.
Hé bien! Les visites du Seigneur peuvent prendre l’une ou l’autre de ces formes.
Le temps de l’Avent nous renvoie à la première forme. Il amorce une nouvelle année liturgique qui nous fera défiler selon un plan bien défini les mystères de la vie du Christ dans le temps de Noël et de l’Épiphanie, dans le temps du Carême et dans le temps pascal, puis dans ce qu’il est convenu d’appeler le temps ordinaire. La liturgie nous proposera des célébrations précises au cours de ces périodes liturgiques. Nous pourrons les prévoir car elles se tiennent à des moments déterminés d’avance comme, par exemple, la fête de la Pentecôte ou la Fête-Dieu. À travers ces temps et ces fêtes, les visites du Seigneur seront au rendez-vous.
La seconde forme de visites du Seigneur nous est présentée de façon percutante dans la lecture de l’évangile du jour. Après avoir rappelé le temps de Noé et avec l’image des deux hommes qui seront aux champs et dont l’un sera pris, l’autre laissé et celle des deux femmes au moulin en train de moudre dont là aussi l’une sera prise, l’autre laissée, Jésus met l’accent sur les venues du Seigneur à l’improviste et sans prévenir. « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra » est-il dit à la fin de cet évangile. Ces visites impromptues font partie de notre vie quotidienne et il est important de se garder ouverts à celles-ci et de ne pas se limiter aux visites prévues comme celles qui se produisent à chaque dimanche dans le cadre des célébrations liturgiques auxquelles nous participons.
II – Qu’est-ce qui se réalisera dans ces visites du Seigneur ?
Que se passe-t-il dans ces visites du Seigneur ? Les visites du Seigneur même lorsqu’elles sont imprévues ne sont pas sans but. S’il se penche vers nous, il le fait comme il l’a fait pour son peuple. Il nous promet que ses visites nous ferons grandir, nous donnerons des horizons nouveaux et des ailes pour aller plus loin.
Écoutez le prophète Isaïe qui le dit ainsi : « Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux ». Ces images appliquées à Jérusalem sont valables aussi de notre temps.
Le Seigneur se tient au milieu de nous par sa Parole, par ses Sacrements et par les autres en particulier les plus démunis. Il est au-dessus de tout car il est le Seigneur que son Père a établi pour notre salut. Élevé de terre sur la croix et ressuscité il attire toutes les nations et tous les peuples. Son amour n’a pas de frontières comme le rappelle souvent le pape François.
Les visites du Seigneur ont toutes le même but : nous rapprocher de Dieu et guérir nos blessures en nous accordant le salut que Jésus est venu apporter au monde. Elles se font dans le rythme de la vie liturgique ou dans notre vie ordinaire de façon souvent impromptue. Mais elles ne donneront leurs fruits que s’il y a dans celui ou celle qui les reçoit la bonne attitude.
III – Revêtir le Christ
C’est saint Paul dans la deuxième lecture qui nous donne la clé de cette bonne attitude à développer tout au cours du temps de l’Avent et à l’année longue aussi. En deux mots « se revêtir du Seigneur Jésus Christ ».
C’est ce qu’il écrit aux membres de la communauté chrétienne de Rome. Je cite ce que nous venons d’entendre : « Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ ».
« Se revêtir du Seigneur Jésus Christ » est une attitude qui se traduit dans des gestes très concrets, dans une conduite honnête qui évite les dérapages de toutes sortes comme ceux que dénonce saint Paul.
La liste de ces dérapages que fait saint Paul peut prendre d’autres couleurs aujourd’hui, mais ce qui est important c’est, pour nous, d’identifier où se trouvent en nous les œuvres de ténèbres et de profiter de notre temps de l’Avent pour laisser la lumière luire afin d’accueillir la venue, la visite que le Seigneur nous fait dans la liturgie, mais aussi qu’il veut nous faire personnellement dans notre vie de tous les jours.
Conclusion
Entrons dans ce temps de l’Avent avec un cœur ouvert et disposé à recevoir les visites que le Seigneur nous prépare. Bien souvent le Seigneur vient et nous ne le reconnaissons pas.
Retenons que dans l’attente ce n’est pas le résultat qui compte mais c’est l’esprit dans lequel se vit cette attente. Laissons-nous imprégner de l’exemple de la Vierge Marie qui a accepté la visite du Seigneur en le recevant pendant neuf mois dans son sein. Ce fut sûrement un temps extraordinaire de rencontre avec Dieu pour elle.
Pour nous le temps de l’Avent cette année, en union avec Marie, peut nous aider à recevoir de mieux en mieux les visites prévues et imprévues du Seigneur. Ce temps d’attente nous mettra dans la joie car il nous rapprochera de Celui qui est le Verbe fait chair qui s’est manifesté au monde en devenant humain comme l’un de nous. « Tenez-vous donc prêts, vous aussi » comme nous y invite saint Paul dans la deuxième lecture. Ainsi nous pourrons « Grandir dans l’espérance » comme le propose le thème de l’Avent du Prions en Église canadien
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.