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HOMÉLIE POUR LE 26E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « L’HOMME RICHE ET LE PAUVRE LAZARE »

27 septembre, 2019

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L’homme riche et le pauvre Lazare

HOMÉLIE POUR LE 26E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « L’HOMME RICHE ET LE PAUVRE LAZARE »

Textes: Amos 6, 1a.4-7, I Timothée 6, 11-16 et Luc 16, 19-31.

Vous le savez sans doute. Le choix des lectures à la messe le dimanche n’est pas fait au hasard. En principe, la première lecture tirée de l’Ancien Testament est choisie en fonction du texte retenu pour l’évangile.
Aujourd’hui, cet arrimage est des plus réussis. Les diatribes du prophète Amos (vers 750 avant Jésus-Christ) donnent le même message sept cent ans plus tôt que celui de la parabole célèbre du riche et du pauvre Lazare qu’on vient d’entendre.

I – Un message qui a traversé les siècles
Dans les deux cas, ce qui est dénoncé, c’est l’appropriation des biens sans aucun sens de leur relativité. C’est d’en faire le seul but de la vie, de les regarder comme le but ultime de la vie.
Ce chemin est ici non seulement condamné, mais il est décrit comme un chemin sans issue, ou plutôt avec un issue fatale. Ceux qui vivent bien tranquilles et ceux qui se croient en sécurité « couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans » annonce Amos « vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus ». Leur futur, prédit le prophète Amos, est un futur de douleurs et de souffrances loin des leurs dans le malheur.
Saint Luc décrit quelque chose de semblable pour le riche dont il raconte l’histoire. Il utilise des images bien connues de son temps. Il le voit dans le sein d’Abraham, sa vie étant terminée ici-bas. Il le présente dans une situation de souffrances et de regrets. Sa nouvelle vie est loin de celle du pauvre Lazare qui était au pied de sa table et qu’il voit maintenant tout près d’Abraham.
Le riche qui n’a pas de nom en est tellement renversé qu’il sollicite même le pauvre Lazare qu’il méprisait de son vivant pour intervenir en sa faveur. Il veut éviter à ses frères le même sort que le sien.

II – Une continuité de l’ici-bas à l’au-delà
Ce qu’on peut retenir ici, c’est ceci. En voyant les sorts des vautrés et celui du riche de la parabole dans l’au-delà, on réalise qu’il y a un lien entre notre vie ici-bas et notre futur dans la vie éternelle. Celle-ci n’est pas une récompense sans contribution de notre part. Elle n’est pas un simple renversement de situation. Elle éternise, pourrait-on dire, ce qu’on a été ici-bas.
Ainsi, si on a mis touts ses efforts pour jouir en tout des biens terrestres et sans préoccupation autre, on a comme fermé l’ouverture aux réalités spirituelles et il n’y a rien qui se passera pour nous. Si, au contraire, on a été dans l’accueil et dans le respect de soi-même malgré les limites de nos vies, là il y a place pour un futur ensoleillé comme celui du pauvre Lazare qui dans sa pauvreté a su être lui-même dans une vie que Dieu a remplie de sa présence.
Saint Luc ne fait dire aucun mot à Lazare. Il se contente de le présenter comme ce pauvre qui fait partie des pauvres dont Jésus dit qu’ils hériteront du Royaume des cieux. Sa pauvreté, avant d’être un fait économique, est un état d’accueil et une présence à plus grand que lui. Sa pauvreté est faite de la richesse de Dieu.

III – La Parole de Dieu qui fait vivre
Où trouver ce surplus de sens dans nos vies si nous ne voulons pas comme le riche nous refermer sur les biens qui passent ?
La réponse nous est donnée clairement par la conclusion de la parabole lorsque Dieu refuse que le riche revienne sur terre pour avertir ses frères, en lui expliquant que cela ne servirait à rien car ils ne le croiraient pas. Ils ont déjà les indicateurs tout trouvés pour répondre à leurs questionnements et à leurs interrogations. C’est Moïse et les Prophètes ce qui veut dire pour nous la Parole de Dieu contenue dans les Saintes Écritures. Il n’est pas nécessaire de chercher de midi à quatorze heures. Le message est clair « Ouvrez la Parole de Dieu, et vous trouverez les indications pour vous guider sur le chemin qui mène à l’héritage de la vie éternelle que vous partagerez avec Dieu comme le pauvre Lazare ».
Cette Parole de Dieu est comme une lampe sur nos pas (cf. Psaume 109, 105). Elle éclaire et elle nourrit ceux et celles qui se donnent la peine de l’écouter et de l’entendre. Cela se fait directement et de bien des façons : seul en la lisant et en la méditant, en communauté comme on le fait ce matin dans la liturgie, dans de petits groupes de partage etc. Ce qui compte c’est de laisser place à l’Esprit Saint pour que cette Parole de Dieu entre en nous avec sa force et sa puissance uniques, une force transformante et une puissance qui annoncent que Jésus est celui qui est lui-même la Parole de Dieu incarnée et qu’il est toujours vivant.

Conclusion
Ces lectures d’aujourd’hui sont une invitation à mettre dans nos vies la foi et l’écoute de la Parole de Dieu. Nous avons un choix à faire qui influencera notre futur. Ce choix se fait non pas par nos savoirs et nos connaissances, mais il se fait dans la foi à une personne qui est Jésus que je décide de suivre. Il nous offre d’être le Seigneur de nos vies et ainsi il nous introduira derrière lui dans le sein d’Abraham avec les élus qui trouvent auprès du Père une demeure éternelle que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec