HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « VIENS, SEIGNEUR JÉSUS ! »

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-7e-dimanche-de-Paques-Annee-C-Viens-Seigneur-Jesus-_a895.html

fr gesù risorto trittico

Jésus ressuscité, triptyque

HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « VIENS, SEIGNEUR JÉSUS ! »

Homélie pour le 7e dimanche de Pâques (Année B) 2 juin 2019 (sauf au Canada * où ce dimanche-là on célèbre la Solennité de l’Ascension qui n’a pas été célébrée le jeudi 30 mai 2019) par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec Textes: Actes 7, 55-60, Apocalypse 22, 12-14.16-17.20 et Jean 17, 20-26.
*(aussi en Italie c’est dimanche prochain, désolé si je n’ai pas mis l’homélie)

Les textes des lectures d’aujourd’hui en ce dimanche entre l’Ascension et celui de la Pentecôte illustrent ce qu’est la vie du disciple qui partage celle de Jésus ressuscité. Reprenons chacune des lectures dans cette perspective.

I – Saint Étienne premier martyr
Dans la première lecture, le martyre de saint Étienne auquel participe saint Paul, ardent adversaire alors des premières communautés chrétiennes, nous fait entrer dans l’intimité de ce disciple de Jésus hors pair que fut Étienne qui servait les plus pauvres avec générosité et affection. Le récit des Actes des Apôtres nous livre quelque chose de ce que fut la relation personnelle d’Étienne avec Jésus. Étienne représente tous ceux et celles qui ont cru à la résurrection de Jésus sur le témoignage des premiers disciples Pierre et Jean, Marie- Madeleine, les disciples d’Emmaüs, Thomas ou encore les 500 frères dont parle Saint Paul dans une de ses lettres ( 1 Corinthiens 15, 6).
Étienne est ainsi un peu comme nous et il peut nous servir de modèle. Il n’a pas connu Jésus directement. Nous aussi. Il l’a connu par les premiers témoins de la résurrection. Nous aussi. Il s’appuie sur leur parole et leur témoignage. Nous aussi. On voit, d’autre part, que cette foi qui est en lui est une foi à transporter les montagnes comme le souhaite Jésus dans les évangiles. Il est tellement uni à Jésus qu’il l’aperçoit déjà avant de mourir. Il s’identifie à lui en pardonnant à ses meurtriers. Il laisse un message de paix et d’amour en donnant sa vie comme Jésus l’a fait pour ses frères et sœurs.
C’est tout un témoignage qu’il donne. Il sera à l’instar des Apôtres un témoin, ce que veut dire le mot martyr en grec. Il inspirera nombre de personnes dans l’histoire, notamment ceux et celles qui, comme lui, auront à donner leur vie pour le Christ lors des persécutions dans l’empire romain. Il inspire encore aujourd’hui nombre de chrétiens et chrétiennes, témoins du Christ et martyrs à leur tour, qui vivent dans des pays où ils sont persécutés pour leur foi et dont certains donneront leur vie pour le Christ comme ce laïc catholique pakistanais, Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais des minorités religieuses, qui a été assassiné le 2 mars 2011 et dont la cause de béatification et de canonisation a été ouverte en 2016. Voir le lien à la fin.

II – Une inspiration
La deuxième lecture nous fait entrer, sous forme poétique, dans la vie des disciples des premières communautés chrétiennes. On sait que l’écrit de l’Apocalypse date de la fin du premier siècle après Jésus-Christ. Les persécutions contre les chrétiens sont déjà commencées comme celle de Néron en 64. L’auteur du livre de l’Apocalypse désire soutenir et encourager les chrétiens à persévérer malgré les embûches et les obstacles qu’ils rencontrent.
En s’adressant aux premiers disciples des églises naissantes autour de la mer Méditerranée l’auteur met dans la bouche de Jésus ces paroles que nous avons entendues : « Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville. Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. » L’image des « vêtements » renvoie au « vêtement blanc » du Baptême. La persécution est une purification. Elle ouvre les portes de la ville c’est-à-dire du Royaume de Dieu.
C’est là un message d’encouragement à la persévérance dans la foi reçue des Apôtres. Cette persévérance s’appuie sur une conviction ferme, celle de la présence toujours vivante de Jésus ressuscité. C’est pourquoi la prière de ces communautés se concentre dans l’invocation : « Viens, Saigneur, Viens ».
Cette invocation a franchi les siècles. Nous aussi nous sommes dans une Église écrasée de toutes parts, nous sommes à contre-courant et ce dont nous avons besoin c’est de nous tourner vers Celui qui est, comme le cite le début de cette deuxième lecture, l’Alpha et l’Oméga – le début et la fin de tout – et de lui dire avec insistance « Viens ». Nous le faisons à chaque Eucharistie de façon spéciale après la consécration lorsque nous reprenons une des invocations proposées par la liturgie qui est la suivante « Proclamons le mystère de la Foi » à laquelle l’assemblée répond : « Gloire à toi qui était mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu : Viens, Seigneur Jésus! »

III- Un héritage
La lecture de l’évangile nous renvoie à notre vie à nous de disciple de Jésus en présentant un extrait des paroles de Jésus lors de la dernière Cène. On constate par celles-ci que Jésus est conscient qu’il a un héritage à transmettre, un héritage qu’il désire partager avec ses disciples.
Le moment est solennel. En levant les yeux au ciel, Jésus laisse son coeur parler. Et, en même temps, il insiste pour montrer qu’il le fait dans une union totale avec son Père. Jésus ne se sépare jamais de Celui qui l’a envoyé. Il entre totalement dans le message d’amour du Père. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. ».
Jésus sait déjà le soir de la Cène qu’il ira jusqu’à donner sa vie dans cette fidélité incrustée en lui depuis toujours comme lui fait dire l’auteur de la Lettre aux Hébreux en utilisant un psaume : « Père tu m’as donné un corps et me voici pour faire ta volonté » (cf. Hébreux 10, 5-7). Faire la volonté de Dieu, c’est entrer dans le mouvement d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint au sein de la Trinité qui se répand sur les disciples que nous sommes. C’est le souhait que Jésus fait aux Apôtres autour de lui le soir de la Cène et à tous ceux et celles qui les suivront. Que « l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ». Tel est l’héritage de Jésus pour ceux et celles qui le suivent.
Cet héritage nous est confié et nous sommes invités nous aussi à être des hommes et des femmes témoins de l’amour de Dieu autour de nous, dans nos sociétés et dans nos pays.

Conclusion
Que les fruits de la rencontre de Jésus ressuscité continuent de s’exprimer dans nos vies et dans notre Église. « Oui! Seigneur, viens! » nous t’attendons. Que le Pain et le Vin consacrés que nous recevons ce matin nous soutiennent dans notre route de disciples du Seigneur Ressuscité à l’école des personnes qui nous ont précédés comme saint Étienne et les fidèles des premières générations chrétiennes.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

Laisser un commentaire