HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU »
« aimez-vous comme je vous ai aimé »
HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE C « JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU »
Textes : Actes 14, 21b-27, Apocalypse 21, 1-5a et Jean 13, 31-33a.34-35.
C’est un verset du psaume de méditation qui nous guidera dans la méditation des textes des lectures de ce 5e dimanche de Pâques : « Ils annonceront aux hommes tes exploits, la gloire et l’éclat de ton règne. »
En effet, c’est la proclamation du Règne de Dieu accompli en Jésus Ressuscité qui motive Paul et Barnabé dont nous parle la première lecture. C’est la nouveauté et l’accomplissement glorieux de ce Règne que célèbre l’Apocalypse dans la deuxième lecture. C’est l’incarnation concrète de ce Règne que Jésus nous propose dans le commandement nouveau de s’aimer les uns les autres que nous rappelle l’évangile.
I – La proclamation du Règne de Dieu après la Pentecôte
Premièrement : la proclamation du Règne de Dieu après la Pentecôte.
La progression et la diffusion de l’annonce de l’Évangile se fait après la Pentecôte par des personnes remplies de l’Esprit Saint fortes de la force même de Dieu et prêtes à braver toutes les épreuves qui surviennent. Saint Paul est le plus connu de ces grands évangélisateurs. Il fait cela parce qu’il a rencontré le Christ ressuscité. Il n’a pas, comme les autres apôtres, connu Jésus avant sa résurrection. C’est le Jésus ressuscité qui l’habite et dont il témoigne.
C’est la même chose pour chacune et chacun de nous si nous laissons le Ressuscité habiter en nous par une foi qui le reçoit et l’accepte comme le Seigneur de nos vies. Barnabé a sûrement fait ce choix lui aussi.
Ces deux évangélisateurs des débuts de l’Église sont des modèles non seulement par leurs déplacements qui sont impressionnants mais par leur engament à proclamer la Parole qui annonce la Bonne Nouvelle. Ils le font après avoir reçu l’imposition des mains de leurs frères d’Antioche. Ils se considèrent envoyés. Ils ne proclament pas leur évangile mais celui de Jésus. Les difficultés ne manquent pas, mais leur persévérance et leur ardeur les entraînent toujours en avant.
Nous avons ici dans l’extrait des Actes des Apôtres qui a été lu un moment de leur prédication qui se continuera pendant de nombreuses années et qui culminera dans la fondation de plusieurs communautés chrétiennes autour de la mer Méditerranée. Et saint Paul selon la tradition confirmera sa prédication par le don de sa vie à Rome où il subira le martyre.
II – La nouveauté et l’accomplissement du Règne de Dieu
Deuxièmement : la nouveauté et l’accomplissement du Règne de Dieu
La deuxième lecture à travers un style poétique et l’image de la Jérusalem nouvelle vient encourager les auditeurs et les auditrices de ce texte en leur révélant nous seulement la beauté du message qui leur a été confié comme disciples de Jésus, mais toute la nouveauté qu’il apporte à ceux et celles qui le reçoivent.
Le Règne de Dieu ou le Royaume de Dieu est décrit avec l’image de la Jérusalem nouvelle. « Il sera la demeure de Dieu parmi les hommes et ils seront son peuple, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur ».
Cette image est une image d’espérance et de réconfort pour les chrétiens des débuts de l’Église. Elle l’est encore pour nous aujourd’hui. Notre foi en Jésus rencontre bien des obstacles, même des persécutions comme aux premiers temps de l’Église et pourtant elle s’appuie sur une Parole qui ne passe pas et qui est toujours vivante comme l’est celui qui est Ressuscité et que nous célébrons de façon particulière dans le temps de Pâques.
Sa glorification par le Père dans sa Résurrection l’exalte afin que tout genou fléchisse devant lui et que toute langue proclame qu’il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2, 9-11) Notre espérance en lui ne sera pas déçue.
III – L’incarnation concrète du Règne de Dieu
Troisièmement : l’incarnation concrète du Règne de Dieu.
Le Règne de Dieu s’est accompli dans une obéissance totale de Jésus à son Père et dans le don de sa vie pour ses frères et sœurs. L’évangile lu nous présente un moment d’intimité de Jésus avec les siens avant sa Passion. Ce moment est touchant par la familiarité qui se dégage des propos retenus par saint Jean. Cette familiarité assez rare dans les évangiles se cristallise dans l’appellation « Mes petits enfants ».
Ces paroles viennent rejoindre le cœur des personnes présentes. Ainsi c’est dans une bonne terre que tombe le message de Jésus. C’est le commandement nouveau, le fameux « Aimez-vous le uns les autres ». « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». Ce commandement nouveau nous est présenté ici au moment où Jésus sera trahi. Il au cœur de la prédication de Jésus et Il sera repris de multiples façons par la suite dans l’annonce de l’Évangile. Il faut remercier saint Jean et ses disciples d’avoir mis l’accent sur ce commandement nouveau de façon répétée.
En effet, saint Jean dans ses Lettres reprendra souvent ce message fondamental de Jésus. Il en fera même, à juste titre, le signe de la présence de Dieu parmi nous : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (I Jean 4, 11). Et plus loin dans cette lettre on trouve une exhortation on ne peut plus directe : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (I Jean 4, 20-21)
Conclusion
Voilà aujourd’hui des lectures de la Parole de Dieu qui nous ouvrent des perspectives bien stimulantes. Nous sommes nous aussi comme Paul et Barnabé des évangélisateurs et des évangélisatrices à notre façon. Dans cette tâche nous pouvons compter sur la grâce de Dieu et nous collaborons à la naissance de cieux nouveaux, d’une terre nouvelle dont notre monde a tant besoin. Tous et toutes y arriveront en donnant le témoignage d’un amour de tous les instants qui ne fait pas de distinctions et qui est toujours ouvert sur le frère ou la sœur dans le besoin qui est pour nous la présence du Christ dans nos vies (cf. Mathieu 25, 40).
Que cette Eucharistie nous permette, en reconnaissant la présence de Jésus dans son Corps et dans son Sang qui sont sur l’autel, de le voir aussi dans nos frères et sœurs qui sont sur les places, dans la rue, dans nos familles, dans les centres d’achats, dans les ateliers, dans les salles de cours, dans les bateaux de réfugiés, dans les jeunes abusés et en bien d’autres lieux où Jésus nous attend.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québeca
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