Archive pour avril, 2019

dans l’église proche de chez moi – à travers la rue seulement – sont récemment arrivés des moines de l’Eglise maronite du Liban de la famille de Marc Charbel…

14 avril, 2019

dans l’église proche de chez moi – à travers la rue seulement – sont récemment arrivés des moines de l’Eglise maronite du Liban de la famille de Marc Charbel, je suis infiniment heureux, Pâques nous en ferons avec eux, aujourd’hui il y avait beaucoup de monde dans l’église, je propose l’homélie du pape Paul VI pour la canonisation du saint Charbel

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/homilies/1977/documents/hf_p-vi_hom_19771009.html

Charbel

CANONISATION DE CHARBEL MAKHLUOF

HOMÉLIE DU PAPE PAUL VI

Dimanche, 9 octobre 1977

Vénérables Frères et chers Fils,
L’Eglise entière, de l’Orient à l’Occident, est invitée aujourd’hui à une grande joie. Notre cœur se tourne vers le Ciel, où nous savons désormais avec certitude que saint Charbel Makhlouf est associé au bonheur incommensurable des Saints, dans la lumière du Christ, louant et intercédant pour nous. Nos regards se tournent aussi là où il a vécu, vers le cher pays du Liban, dont Nous sommes heureux de saluer les représentants: Sa Béatitude le Patriarche Antoine Pierre Khoraiche, avec nombre de ses Frères et de ses Fils maronites, les représentants des autres rites catholiques, des orthodoxes, et, au plan civil, la Délégation du Gouvernement et du Parlement libanais que Nous remercions chaleureusement.
Votre pays, chers Amis, avait déjà été salué avec admiration par les poètes bibliques, impressionnés par la vigueur des cèdres devenus symboles de la vie des justes. Jésus lui-même y est venu récompenser la foi d’une femme syro-phénicienne: prémices du salut destiné à toutes les nations. Et ce Liban, lieu de rencontre entre l’orient et l’Occident est devenu de fait la patrie de diverses populations, qui se sont accrochées avec courage à leur terre et à leurs fécondes traditions religieuses. La tourmente des récents événements a creusé des rides profondes sur son visage, et jeté une ombre sérieuse sur les chemins de la paix. Mais vous savez notre sympathie et notre affection constantes: avec vous, Nous gardons la ferme espérance d’une coopération renouvelée, entre tous les fils du Liban.
Et voilà qu’aujourd’hui, nous vénérons ensemble un fils dont tout le Liban, et spécialement l’Eglise maronite, peuvent être fiers: Charbel Makhlouf. Un fils bien singulier, un artisan paradoxal de la paix, puisqu’il l’a recherchée à l’écart du monde, en Dieu seul, dont il était comme enivré. Mais sa lampe, allumée au sommet de la montagne de son ermitage, au siècle dernier, a brillé d’un éclat toujours plus grand, et l’unanimité s’est faite rapidement autour de sa sainteté. Nous l’avions déjà honoré en le déclarant bienheureux le 5 décembre 1965, au moment de la clôture du Concile Vatican II. Aujourd’hui, en le canonisant et en étendant son culte à l’ensemble de l’Eglise, Nous donnons en exemple, au monde entier, ce valeureux moine, gloire de l’ordre libanais maronite et digne représentant des Eglises d’Orient et de leur haute tradition monastique.
Il n’est point nécessaire de retracer en détail sa biographie, d’ailleurs fort simple. II importe du moins de noter à quel point le milieu chrétien de son enfance a enraciné dans la foi le jeune Youssef – c’était son nom de baptème -, et l’a préparé à sa vocation: famille de paysans modestes, travailleurs, unis; animés d’une foi robuste, familiers de la prière liturgique du village et de la dévotion à Marie; oncles voués à la vie érémitique, et surtout mère admirable, pieuse et mortifiée jusqu’au jeûne continuel. Ecoutez les paroles que l’on rapporte d’elle après la séparation de son fils: «Si tu ne devais pas être un bon religieux, je te dirais: Reviens à la maison. Mais je sais maintenant que le Seigneur te veut à son service. Et dans ma douleur d’être séparée de toi, je lui dis, résignée: Qu’il te bénisse, mon enfant, et fasse de toi un saint» (P. PAUL DAHER, Charbel, un homme ivre de Dieu, Monastère S. Maron d’Annaya, Jbail Liban, 1965, p. 63). Les vertus du foyer et l’exemple des parents constituent toujours un milieu privilégié pour l’éclosion des vocations.
Mais la vocation comporte toujours aussi une décision très personnelle du candidat, où l’appel irrésistible de la grâce compose avec sa volonté tenace de devenir un saint: «Quitte tout, viens! Suis-moi!» (Ibid. p. 52; cfr. Marc. 10, 32). A vingt-trois ans, notre futur saint quitte en effet son village de Gégà-Kafra et sa famille pour ne plus jamais y revenir. Alors, pour le novice devenu Frère Charbel, commence une formation monastique rigoureuse, selon la règle de l’ordre libanais maronite de Saint Antoine, au monastère de Notre-Dame de Mayfouk, puis à celui plus retiré de Saint-Maron d’Annaya, après sa profession solennelle, il suit des études théologiques à Saint-Cyprien de Kfifane, reçoit l’ordination sacerdotale en 1859; il mènera ensuite seize ans de vie communautaire parmi les moines d’Annaya et vingt-trois ans de vie complètement solitaire dans l’ermitage des Saints Pierre et Paul dépendant d’Annaya. C’est là qu’il remet son âme à Dieu la veille de Noël 1898, à soixante-dix ans.
Que représente donc une telle vie? La pratique assidue, poussée à l’extrême, des trois vœux de religion, vécus dans le silence et le dépouillement monastiques: d’abord la plus stricte pauvreté pour ce qui est du logement, du vêtement, de l’unique et frugal repas journalier des durs travaux manuels dans le rude climat de la montagne; une chasteté qu’il entoure d’une intransigeance légendaire; enfin et surtout une obéissance totale à ses Supérieurs et même à ses confrères, au règlement des ermites aussi, traduisant sa soumission complète à Dieu. Mais la clé de cette vie en apparence étrange est la recherche de la sainteté, c’est-à-dire la conformité la plus parfaite au Christ humble et pauvre, le colloque quasi ininterrompu avec le Seigneur, la participation personnelle au sacrifice du Christ par une célébration fervente de la messe et par sa pénitence rigoureuse jointe à l’intercession pour les pécheurs. Bref, la recherche incessante de Dieu seul, qui est le propre de la vie monastique, accentuée par la solitude de la vie érémitique.
Cette énumération, que les hagiographes peuvent illustrer de nombreux faits concrets, donne le visage d’une sainteté bien austère, n’est-ce pas? Arrêtons-nous sur ce paradoxe qui laisse le monde moderne perplexe, voire irrité; on admet encore chez un homme comme Charbel Makhlouf une héroïcité hors de pair, devant laquelle on s’incline, retenant surtout sa fermeté au-dessus de la normale. Mais n’est-elle pas «folie aux yeux des hommes», comme s’exprimait déjà l’auteur du livre de la Sagesse? Même des chrétiens se demanderont: le Christ a-t-il vraiment exigé pareil renoncement, lui dont la vie accueillante tranchait avec les austérités de Jean-Baptiste? Pire encore, certains tenants de l’humanisme moderne n’iront-ils pas, au nom de la psychologie, jusqu’à soupçonner cette austérité intransigeante, de mépris, abusif et traumatisant, des saines valeurs du corps et de l’amour, des relations amicales, de la liberté créatrice, de la vie en un mot?
Raisonner ainsi, dans le cas de Charbel Makhlouf et de tant de ses compagnons moines ou anachorètes depuis le début de l’Eglise, c’est manifester une grave incompréhension, comme s’il ne s’agissait que d’une performance humaine; c’est faire preuve d’une certaine myopie devant une réalité autrement profonde. Certes, l’équilibre humain n’est pas à mépriser, et de toute façon les Supérieurs, l’Eglise doivent veiller à la prudence et à l’authenticité de telles expériences. Mais prudence et équilibre humains ne sont pas des notions statiques, limitées aux éléments psychologiques les plus courants ou aux seules ressources humaines. C’est d’abord oublier que le Christ a exprimé lui-même des exigences aussi abruptes pour ceux qui voudraient être ses disciples: «Suis-moi . . . et laisse les morts enterrer leurs morts» (Luc. 9, 59-60). «Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple» (Ibid. 14, 26). C’est oublier aussi, chez le spirituel, la puissance de l’âme, pour laquelle cette austérité est d’abord un simple moyen, c’est oublier l’amour de Dieu qui l’inspire, l’Absolu qui l’attire; c’est ignorer la grâce du Christ qui la soutient et la fait participer au dynamisme de sa propre Vie. C’est finalement méconnaître les ressources de la vie spirituelle, capable de faire parvenir à une profondeur, à une vitalité, à une maîtrise de l’être, à un équilibre d’autant plus grands qu’il n’ont pas été recherchés pour eux-mêmes: « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît» (Matth. 6, 32).
Et de fait, qui n’admirerait, chez Charbel Makhlouf, les aspects positifs que l’austérité, la mortification, l’obéissance, la chasteté, la solitude ont rendus possibles à un degré rarement atteint? Pensez à sa liberté souveraine devant les difficultés ou les passions de toutes sortes, à la qualité de sa vie intérieure, à l’élévation de sa prière, à son esprit d’adoration manifesté au cœur de la nature et surtout en présence du Saint-Sacrement, à sa tendresse filiale pour la Vierge, et à toutes ces merveilles promises dans les béatitudes et réalisées à la lettre chez notre saint: douceur, humilité, miséricorde, paix, joie, participation, dès cette vie, à la puissance de guérison et de conversion du Christ. Bref l’austérité, chez lui, l’a mis sur le chemin de la sérénité parfaite, du vrai bonheur; elle a laissé toute grande la place à l’Esprit Saint.
Et d’ailleurs, chose impressionnante, le peuple de Dieu ne s’y est pas trompé. Dès le vivant de Charbel Makhlouf, sa sainteté rayonnait, ses compatriotes, chrétiens ou non, le vénéraient, accouraient à lui comme au médecin des âmes et des corps. Et depuis sa mort, la lumière a brillé plus encore au-dessus de son tombeau: combien de personnes, en quête de progrès spirituel, ou éloignées de Dieu, ou en proie à la détresse, continuent à être fascinées par cet homme de Dieu, en le priant avec ferveur, alors que tant d’autres, soi-disant apôtres, n’ont laissé aucun sillage, comme ceux dont parle l’Ecriture (Sap. 5, 10; Epistola ad Missam).
Oui, le genre de sainteté pratiqué par Charbel Makhlouf est d’un grand poids, non seulement pour la gloire de Dieu, mais pour la vitalité de l’Eglise. Certes, dans l’unique Corps mystique du Christ, comme dit saint Paul (Cfr. Rom. 12, 4-8), les charismes sont nombreux et divers; ils correspondent à des fonctions différentes, qui ont chacune leur place indispensable. Il faut des Pasteurs, qui rassemblent le peuple de Dieu et y président avec sagesse au nom du Christ. Il faut des théologiens qui scrutent la doctrine et un Magistère qui y veille. Il faut des évangélisateurs et des missionnaires qui portent la parole de Dieu sur toutes les routes du monde. Il faut des catéchètes qui soient des enseignants et des pédagogues avisés de la foi: c’est l’objet du Synode actuel. Il faut des personnes qui se vouent directement à l’entraide de leurs frères . . . Mais il faut aussi des gens qui s’offrent en victimes pour le salut du monde, dans une pénitence librement acceptée, dans une prière incessante d’intercession, comme Moïse sur la montagne, dans une recherche passionnée de l’Absolu, témoignant que Dieu vaut la peine d’être adoré et aimé pour lui-même. Le style de vie de ces religieux, de ces moines, de ces ermites n’est pas proposé à tous comme un charisme imitable; mais à l’état pur, d’une façon radicale, ils incarnent un esprit dont nul fidèle du Christ n’est dispensé, ils exercent une fonction dont l’Eglise ne saurait se passer, ils rappellent un chemin salutaire pour tous.
Permettez-Nous, en terminant, de souligner l’intérêt particulier de la vocation érémitique aujourd’hui. Elle semble d’ailleurs connaître un certain regain de faveur que n’explique pas seulement la décadence de la société, ni les contraintes que celle-ci fait peser. Elle peut d’ailleurs prendre des formes adaptées, à condition qu’elle soit toujours conduite avec discernement et obéissance.
Ce témoignage, loin d’être une survivance d’un passé révolu, Nous apparaît très important, pour notre monde, comme pour notre Eglise.
Bénissons le Seigneur de nous avoir donné saint Charbel Makhlouf, pour raviver les forces de son Eglise, par son exemple et sa prière. Puisse le nouveau saint continuer à exercer son influence prodigieuse, non seulement au Liban, mais en Orient et dans l’Eglise entière! Qu’il intercède pour nous, pauvres pécheurs, qui, trop souvent, n’osons pas risquer l’expérience des béatitudes qui conduisent pourtant à la joie parfaite! Qu’il intercède pour ses frères de l’ordre libanais maronite, et pour toute I’Eglise maronite, dont chacun connaît les mérites et les épreuves! Qu’il intercède pour le cher pays du Liban, qu’il l’aide à surmonter les difficultés de l’heure, à panser les plaies encore vives, à marcher dans l’espérance! Qu’il le soutienne et l’oriente sur la bonne et juste voie, comme nous le chanterons tout à l’heure! Que sa lumière brille au-dessus d’Annaya, ralliant les hommes dans la concorde et les attirant vers Dieu, qu’il contemple désormais dans la félicité éternelle! Amen!

HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR ANNÉE C « IL S’EST ABAISSÉ, DEVENANT OBÉISSANT JUSQU’À LA MORT »

12 avril, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-Dimanche-des-Rameaux-et-de-la-Passion-du-Seigneur-Annee-C-Il-s-est-abaisse-devenant-obeissant-jusqu-a_a887.html

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HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR ANNÉE C « IL S’EST ABAISSÉ, DEVENANT OBÉISSANT JUSQU’À LA MORT »

Textes: Luc 19, 28-40, Isaïe 50, 4-7, Philippiens 2 6-11 et Luc 22, 14 – 23, 56.

La jonction du récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem avec le récit détaillé de sa Passion est une introduction bien choisie pour la Semaine Sainte, la Grand Semaine, que nous nous apprêtons à vivre. Il nous sera donné non seulement de méditer sur les derniers jours de Jésus, mais surtout de le suivre pas à pas notamment le Jeudi-Saint qui nous rappellera son dernier repas, la Cène, et le lavement des pieds, puis le Vendredi-Saint qui commémorera sa mort et enfin sa Résurrection qui sera célébrée dans la Vigile pascale et pendant tout le temps de Pâques.
I – Les mystères de la vie du Christ
Les actions, les gestes du Christ sont communément appelés les mystères de la vie du Christ non parce qu’il sont incompréhensibles, mais parce qu’ils sont remplis d’une puissance et d’une énergie qui dépassent les limites du temps et de l’espace à cause de la nature divine qui est en Jésus.
Les mystères de la vie du Christ que le cardinal de Bérulle appelait les « états intérieurs du Verbe Incarné » ( pour lire un résumé de la spiritualité bérullienne cliquez ici ) sont les actes, les gestes et les attitudes de celui qui est parfaitement homme, et, en même temps, parfaitement Dieu. Ce qui fait que les actions, les gestes de Jésus échappent ainsi par la puissance de Dieu à nos limites humaines. Par la grâce de Dieu, ce qu’il vit continue de vivre éternellement. C’est pourquoi, le souvenir de ce que Jésus a vécu, même dans le détail, est si important pour les personnes qui croient au Christ. Nous ne méditerons jamais assez le déroulement de sa vie et de ses enseignements. Ils sont toujours actuels.
Ses derniers jours revêtent une importance particulière non seulement parce qu’ils sont les derniers, mais surtout parce qu’ils marquent que son Heure, comme le dit saint Jean, est arrivée. Son histoire de vie prendra un tour inattendu pour ses disciples. Lui s’y sentira à l’aise car c’est ainsi qu’il manifestera son obéissance à Dieu qui l’a choisi comme celui qui porte les péchés du monde. Cette obéissance totale remplie d’amour en fait le Sauveur qui réconcilie le monde avec Dieu, qui rétablit les relations avec Dieu et les uns avec les autres.
II – Le salut en Jésus
C’est une richesse propre au christianisme que cette assurance d’un salut « au-delà de ma petite personne qui tend à réconcilier l’aventure humaine avec elle-même et avec Dieu » (Frère Dominique Motte o.p. du Couvent de Lille en France dans Carême dans la ville 2019 le 3 avril 2019). Ce salut nous est donné en Jésus-Christ qui l’obtient par sa mort sur la Croix et son Sang répandu. Sa résurrection, le troisième jour, l’établit fermement et pour toujours comme Seigneur à la gloire de Dieu le Père et Seigneur de nos vies.
C’est ce que proclame saint Paul dans ce bel hymne de la Lettre aux Philippiens que nous avons comme deuxième lecture : « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers ».
C’est avec cet arrière-fond que nous entrons dans cette nouvelle Semaine Sainte, car les mystères de la vie du Christ sont toujours actifs et remplis de grâces pour ceux et celles qui s’y unissent avec cœur et avec foi.

III – Les Rameaux
L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem est célébrée dans la liturgie d’aujourd’hui par une procession qui rappelle cet évènement et par la bénédiction des rameaux ou palmes portées par les participants et les participantes. Ces rameaux sont conservés par plusieurs personnes tout au long de l’année. Ils en disposent en les mettant au mur, par exemple, et en les tressant parfois.
Ces signes sont des rappels que l’abaissement de Jésus dans sa Passion n’est pas une défaite, mais un triomphe sur les forces du mal. Ce triomphe de Jésus ne se réalise pas à la façon des triomphes humains comme ceux des Oscars ou des Molières. Il réside dans l’abandon à la volonté de Dieu qui fait de lui le Serviteur de ses frères et sœurs pour les amener avec lui près du Père.
Il s’agit d’un renversement des perspectives habituelles comme dans les Béatitudes. Ce qui est petit est ce qui est grand, ce qui est rejeté est ce qui est aimé de Dieu, ce qui est pauvre est ce qui est la véritable richesse. Message dur à entendre parfois, mais message au cœur des mystères de la vie du Christ. La dynamique du salut de Dieu n’est pas du même genre que celle des humains. Le Royaume de Dieu n’est pas comme les royaumes de la terre. Jésus le dira devant Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». (Jean 18, 36)

Conclusion
Demandons à Dieu au début de cette Semaine Sainte 2019 de laisser nos esprits et nos cœurs s’imprégner des mystères qui nous revivrons. Nous en avons continuellement besoin car, à mesure que nous avançons à la suite de Jésus, de nouveaux espaces et de nouvelles perspectives nous attendent.
Acceptons cette année de nous laisser surprendre par Jésus.

Bonne Semaine Sainte!

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

SOYEZ MISERICORDIEUX – GIOVANNI CRISOSTOMO (de Iemn Enkeiridion, 67-68)

9 avril, 2019

http://www.novena.it/il_punto/padri_della_chiesa/marzo/01marzo.htm

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SOYEZ MISERICORDEUX – GIOVANNI CRISOSTOMO (de Iemn Enkeiridion, 67-68)

(traduction Google de l’italien)

O Seigneur Jésus Christ,
mon Dieu, sois miséricordieux,
indulgent et bienveillant
et pardonne-moi,
pécheur et serviteur inutile et indigne,
les erreurs, les offenses et les péchés
que j’ai commis consciemment
ou inconsciemment
en paroles, en actes ou en désirs
ou en pensées et occupations,
et avec tous mes sens,
depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour
et en ce moment.
Par l’intercession de Marie,
qui vous a engendré vierges,
votre très sainte et toujours vierge mère,
mon unique espoir inébranlable,
mon salut,
me rendent digne de participer
sans crainte de condamnation
à vos plus purs, immortels, redonnateurs de
vie et d’énormes mystères,
pour obtenir la rémission des péchés, la
vie éternel, sanctification,
lumière, force, guérison,
santé pour l’âme et le corps.
Laisse-les m’effacer
et me détruire complètement
mauvaises pensées, idées,
jugements téméraires et illusions nocturnes
causées par les esprits des ténèbres et du mal.
Car le tien est le royaume, la puissance, la gloire
, l’honneur et l’adoration,
avec le Père et avec le Saint-Esprit,
maintenant et à jamais, pour toujours et à jamais.
Amen. 

VIVRE D’AMOUR !…STE THÉRÈSE DE L’ENFANT-JÉSUS,

8 avril, 2019

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20000915_teresa_fr.html

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VIVRE D’AMOUR !…STE THÉRÈSE DE L’ENFANT-JÉSUS,

« Au soir d’Amour, parlant sans parabole Jésus disait : « Si quelqu’un veut m’aimer « Toute sa vie, qu’il garde ma Parole « Mon Père et moi viendrons le visiter.
« Et de son cœur faisant notre demeure «Venant à lui, nous l’aimerons toujours !… « Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure « En notre Amour !.. »
Vivre d’Amour, c’est te garder Toi-Même Verbe incréé, Parole de mon Dieu, Ah ! tu le sais, Divin Jésus, je t’aime L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu
C’est en t’aimant que j’attire le Père Mon faible cœur le garde sans retour. O Trinité ! vous êtes Prisonnière De mon Amour !…..
Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie, Roi glorieux, délice des élus. Tu vis pour moi, caché dans une hostie Je veux pour toi me cacher, ô Jésus ! A des amants, il faut la solitude Un cœur à cœur qui dure nuit et jour Ton seul regard fait ma béatitude Je vis d’Amour !…
Vivre d’Amour, ce n’est pas sur la terre Fixer sa tente au sommet du Thabor. Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire, C’est regarder la Croix comme un trésor!…
Au Ciel je dois vivre de jouissance Alors l’épreuve aura fui pour toujours Mais exilée je veux dans la souffrance Vivre d’Amour; Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure Sans réclamer de salaire ici-bas Ah ! sans compter je donne étant bien sûre Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas !… Au Cœur Divin, débordant de tendresse J’ai tout donné…. légèrement je cours Je n’ai plus rien que ma seule richesse Vivre d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est bannir toute crainte Tout souvenir des fautes du passé. De mes péchés je ne vois nulle empreinte, En un instant l’amour a tout brûlé…..
Flamme divine, ô très douce Fournaise ! En ton foyer je fixe mon séjour. C’est en tes feux que je chante à mon aise : « Je vis d’Amour !… »
Vivre d’Amour, c’est garder en soi-même Un grand trésor en un vase mortel Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême Ah je suis loin d’être un ange du ciel !…
Mais si je tombe à chaque heure qui passe Me relevant tu viens à mon secours, A chaque instant tu me donnes ta grâce Je vis d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse Semant la paix, la joie dans tous les cœurs Pilote Aimé, la Charité me presse Car je te vois dans les âmes mes sœurs La Charité voilà ma seule étoile A sa clarté je vogue sans détour J’ai ma devise écrite sur ma voile: « Vivre d’Amour. »
Vivre d’Amour, lorsque Jésus sommeille C’est le repos sur les flots orageux Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille J’attends en paix le rivage des cieux…. La Foi bientôt déchirera son voile Mon Espérance est de te voir un jour La Charité enfle et pousse ma voile Je vis d’Amour !…
Vivre d’Amour, c’est, ô mon Divin Maître Te supplier de répandre tes Feux En l’âme sainte et sacrée de ton Prêtre Qu’il soit plus pur qu’un séraphin des cieux !… Ah! glorifie ton Église Immortelle A mes soupirs, Jésus, ne sois pas sourd Moi son enfant, je m’immole pour elle Je vis d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est essuyer ta Face C’est obtenir des pécheurs le pardon O Dieu d’Amour! qu’ils rentrent dans ta grâce Et qu’à jamais ils bénissent ton Nom….
Jusqu’à mon cœur retentit le blasphème Pour l’effacer, je veux chanter toujours : « Ton Nom Sacré, je l’adore et je l’aime Je vis d’Amour !… »
Vivre d’Amour, c’est imiter Marie, Baignant de pleurs, de parfums précieux, Tes pieds divins, qu’elle baise ravie Les essuyant avec ses longs cheveux… Puis se levant, elle brise le vase Ton Doux Visage elle embaume à son tour. Moi, le parfum dont j’embaume ta Face C’est mon Amour !..
«Vivre d’Amour, quelle étrange folie!» Me dit le monde. « Ah ! cessez de chanter, « Ne perdez pas vos parfums, votre vie, « Utilement sachez les employer !… »
T’aimer, Jésus, quelle perte féconde!… Tous mes parfums sont à toi sans retour, Je veux chanter en sortant de ce monde : « Je meurs d’Amour ! »
Mourir d’Amour, c’est un bien doux martyre Et c’est celui que je voudrais souffrir. O Chérubins ! accordez votre lyre, Car je le sens, mon exil va finir!… Flamme d’Amour, consume-moi sans trêve Vie d’un instant, ton fardeau m’est bien lourd Divin Jésus, réalise mon rêve : Mourir d’Amour !…
Mourir d’Amour, voilà mon espérance Quand je verrai se briser mes liens Mon Dieu sera ma Grande Récompense Je ne veux point posséder d’autres biens. De son Amour je veux être embrasée Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours Voilà mon Ciel…. voilà ma destinée : Vivre d’Amour ! ! !….. »
Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus, Docteur de l’Eglise : Oeuvres (Février 1895)

Prière :
O Dieu, ton Saint Esprit a enflammé le cœur de Sainte Thérèse avec un amour sans réserve à Ton divin Fils et l’a illuminée pour comprendre et pratiquer la Loi Suprême d’Amour. Accorde-nous par son intercession Te trouver en toute personne, en toute chose et dans tous les événements. Nous Te le demandons par le Christ, nôtre Seigneur, Amen.

Par l’Athénée Pontifical « Regina Apostolorum »

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE C « JE NE TE CONDAMNE PAS »

5 avril, 2019

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-careme-Annee-C-Je-ne-te-condamne-pas_a886.html

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Jesus et la femme adultère

HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE C « JE NE TE CONDAMNE PAS »

Textes: Isaïe 43, 16-21, Philippiens 3, 8-14 et Jean 8, 1-11.

Cet épisode de la femme adultère est avec celui de la Samaritaine que Jésus rencontre au puits et à qui il demande à boire (Jean 4, 5-42) une des scènes les plus émouvantes de la prédication de Jésus que nous racontent les évangiles.
Le récit de la femme adultère que nous venons d’entendre est comme une photographie, un reportage sur le vif que les apôtres ont retenu et que saint Jean a inscrit dans son évangile.
Comme tous les événements de la vie de Jésus, il est pour nous riche d’enseignements. Sans prétention, j’en ai dégagé trois que je vous partage ce matin pour alimenter notre méditation en ce 5e dimanche du carême.
I – Une remarque bien appropriée
Le premier enseignement que je retiens est exprimé par la phrase « « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ». C’est une application pratique de ce que Jésus a déjà proclamé lorsqu’il disait : « Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. » (Luc 6, 42). En d’autres termes il dit à ceux qui condamnent la femme : « Commencez par vous regarder avant de condamner l’autre ».
Cette remarque a toute sa valeur en tout temps. Il est très facile, en effet, d’avoir deux regards : un pour les autres, sévère et dur, et un autre pour nous, large et doux. Il faut être conscient de cette tendance naturelle et prendre le temps de se questionner dans nos attitudes vis-à-vis les autres. Il ne s’agit pas de nier ce qui est mal ou ce qui est incorrect. On ne se ferme pas les yeux sur le mal ou le péché, mais on reste toujours sensible aux personnes, à leur dignité, à leurs efforts, à leurs limites, à leurs histoires si différentes les unes des autres.
Voilà une première leçon que je voulais vous partager après avoir médité le fameux récit de la femme adultère. Chacune et chacun peut en faire son profit, je pense. Mais ce n’est pas tout. Il y a deux autres points que je voudrais ajouter.
II – Une invitation au discernement
Le deuxième point m’est suggéré par le geste unique de Jésus qui se penche par deux fois et qui écrit sur la terre. Ce qui m’a intéressé ici ce n’est pas d’imaginer les mots que Jésus a pu écrire ou les signes qu’il a peut-être dessinés. Non, je me suis mis plutôt dans la peau de Jésus et j’ai vu ces deux gestes comme des gestes de pause où il laisse du temps à ses interlocuteurs pour se ressaisir, pour mieux discerner.
Ces moments de pause de Jésus qui se penche pour écrire sur le sol veulent favoriser un questionnement chez ses interlocuteurs, outrés par cette femme qui a commis l’adultère. Il les invite à plus d’ouverture au lieu de se cantonner dans une position qui oublie la personne au profit d’une application stricte de la Loi. Leur recours à la Loi de Moïse est ainsi mis en question. Ils le font d’une façon trop légaliste pour Jésus. Celui-ci voit la situation avec un autre regard qui est celui de la miséricorde, lui qui a dit à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. » (Luc 6, 36-37)
Jésus sait, bien sûr, que cette femme a péché et que la loi de Moïse impose une punition claire pour ce genre de faute. Et pourtant, il ne se laisse pas aller comme ses interlocuteurs à une interprétation rigide et absolue de la loi. Il s’intéresse non seulement à la punition mais à la personne qui est devant lui et à sa capacité de faire face à sa situation. C’est ce qui explique sa réponse « Je ne te condamne pas ».
III- Une attitude d’accueil et de compassion
Cette réponse c’est le troisième point que je veux souligner. Le « Je ne te condamne pas » est une réponse qui reflète l’amour de Dieu qui sauve et qui pardonne. C’est la mission de Jésus d’en être le messager. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades, dira-t-il un jour aux pharisiens qui lui reprochaient de manger avec les publicains et les pécheurs. Et il ajoutait : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mathieu 9, 12-13) Devant cette femme accablée par ses accusateurs, Jésus ne se présente pas comme un juge extérieur, il regarde avec amour l’intérieur de la personne. D’autre part, son attitude d’accueil et de respect ne l’empêche pas d’inciter la personne à changer, à se prendre en main, à se convertir. Il le dit explicitement à la femme : « Va et ne pèche plus ».
On est justifié de retenir le comportement de Jésus dans cet épisode de la femme adultère comme un modèle de notre comportement avec nos frères et sœurs dans le pétrin. L’attitude à développer à la suite de Jésus c’est celle du respect et de l’amour pour les personnes qu’elles que soit leur situation de vie et leur histoire.
Je ne puis m’empêcher de citer le pape François dans son document sur le Synode sur la Famille publié en 2016 intitulé Amoris laetitia ( La joie de l’amour ) qui insiste pour dire que « la route de l’Église est celle de ne condamner personne éternellement; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d’un cœur sincère ». (no 296) Déjà sur l’avion de retour de la Journée mondiale de la jeunesse tenue à Rio de Janeiro en 2013, il avait surpris le monde entier en répondant à un journaliste qui lui demandait ce qu’il pensait d’une personne qui est homosexuelle : « Qui suis-je pour la juger ? » Ce qui est, à tout fin pratique, une réponse calquée sur celle de Jésus à la femme adultère : « Je ne te condamne ».
L’Église à la suite de Jésus n’a pas à se lancer dans les condamnations, mais elle a à manifester la bonté et la miséricorde de Dieu. L’idéal évangélique et les invitations de Jésus gardent toute leur force. L’Église doit les rappeler et les proclamer, mais elle doit le faire en tenant compte des personnes d’abord. C’est ce qui est ressorti de la rencontre des présidents des conférences épiscopales sur les abus vis-à-vis les mineurs dans l’Église en février 2019 où on a mis au premier plan les personnes abusées alors qu’on avait eu tendance dans le passé à mettre en avant l’intérêt de l’Église institution et celui des personnes en autorité.

Conclusion
Comment arriver à cette attitude d’accueil et de respect pour les personnes dans leurs faiblesses et leurs pauvretés dont Jésus nous donne l’exemple ? Ce n’est pas facile. Nous y arriverons si, comme saint Paul, nous nous laissons saisir par le Christ comme il est dit dans la deuxième lecture. Il y a des choses qui sont possibles uniquement avec la grâce de Dieu. Cette grâce de Dieu est en nous et elle n’est pas vaine et inactive.
Les rencontres comme celle de Jésus avec la femme adultère ne nous manquerons pas. La société autour de nous porte les marques de blessures de toutes sortes, de recherches manquées, de pesanteurs difficiles à supporter. Il ne s’agit pas seulement de la société, mais il s’agit aussi de chacune et chacun d’entre nous qui portons, comme la femme adultère, le poids de nos propres limites, de notre péché et de nos pauvretés.
Que cette Eucharistie soit pour nous une rencontre unique avec Jésus comme le fut celle de la femme adultère avec lui. Il est présent parmi nous et il nous redit, qui que nous soyons : « Je ne te condamne pas. Va et ne pêche plus ».
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – DEUXIÈME PARTIE DU «NOTRE PÈRE» LE PAIN

3 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190327_udienza-generale.html

pater fr

PAPE FRANÇOIS – DEUXIÈME PARTIE DU «NOTRE PÈRE» LE PAIN

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 27 mars 2019

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui à analyser la deuxième partie du «Notre Père», celle dans laquelle nous présentons nos besoins à Dieu. Cette deuxième partie commence par un mot qui a le parfum du quotidien: le pain.
La prière de Jésus part d’une demande pressante, qui ressemble beaucoup à l’imploration d’un mendiant: «Donne-nous notre pain quotidien!». Cette prière vient d’une évidence que nous oublions souvent, c’est-à-dire que nous ne sommes pas des créatures autosuffisantes, et que nous avons besoin de nous nourrir tous les jours.
Les Ecritures nous montrent que pour beaucoup de personnes, la rencontre avec Jésus s’est réalisée à partir d’une demande. Jésus ne demande pas des invocations raffinées, au contraire, toute l’existence humaine, avec ses problèmes les plus concrets et quotidiens, peut devenir une prière. Dans les Evangiles, nous trouvons une multitude de mendiants qui supplient d’obtenir la libération et le salut. Certains demandent le pain, d’autres la guérison; certains la purification, d’autres la vue; ou encore qu’une personne chère puisse revivre… Jésus ne passe jamais avec indifférence à côté de ces demandes et de ces douleurs.
Jésus nous enseigne donc à demander au Père notre pain quotidien. Et il nous enseigne à le faire unis à tant d’hommes et de femmes pour qui cette prière est un cri — souvent gardé à l’intérieur — qui accompagne l’anxiété de chaque jour. Combien de mères et combien de pères, aujourd’hui encore, vont dormir avec le tourment de ne pas avoir suffisamment de pain le lendemain pour leurs propres enfants! Imaginons cette prière récitée non pas dans la sécurité d’un appartement confortable, mais dans la précarité d’une pièce où l’on s’adapte, où manque le nécessaire pour vivre. Les paroles de Jésus prennent une force nouvelle. L’oraison chrétienne commence par ce niveau. Ce n’est pas un exercice pour ascètes; il part de la réalité, du cœur et de la chair de personnes qui vivent dans le besoin, ou qui partagent la condition de ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre. Pas même les plus grands mystiques chrétiens ne peuvent faire abstraction de la simplicité de cette demande. «Père, fais que pour nous et pour tous, il y ait aujourd’hui le pain nécessaire». Et «pain» vaut également pour l’eau, les médicaments, la maison, le travail… Demander le nécessaire pour vivre.
Le pain que le chrétien demande dans la prière n’est pas «mon», mais il est «notre» pain. Jésus le veut ainsi. Il nous enseigne à le demander non seulement pour nous-mêmes, mais pour toute la fraternité du monde. Si l’on ne prie pas de cette manière, le «Notre Père» cesse d’être une prière chrétienne. Si Dieu est notre Père, comment pouvons-nous nous présenter à Lui sans nous prendre par la main? Nous tous. Et si, entre nous, nous nous volons le pain qu’Il nous donne, comment pouvons-nous nous dire ses enfants? Cette prière contient une attitude d’empathie, une attitude de solidarité. Dans ma faim, je sens la faim des multitudes, et alors je prierai Dieu, tant que leur demande ne sera pas exaucée. Jésus éduque ainsi sa communauté, son Eglise, à présenter à Dieu les nécessités de tous: «Nous sommes tous tes enfants, ô Père, aie pitié de nous!». Et à présent, cela nous fera du bien de nous arrêter un peu pour réfléchir aux enfants qui ont faim. Pensons aux enfants qui sont dans des pays en guerre: les enfants affamés du Yémen, les enfants affamés de Syrie, les enfants affamés de tant de pays où il n’y a pas de pain, au Soudan du Sud. Pensons à ces enfants et, en pensant à eux, récitons ensemble, à haute voix, la prière: «Père, donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien». Tous ensemble.
Le pain que nous demandons au Seigneur dans la prière est le même que celui qui, un jour, nous accusera. Il nous reprochera de ne pas avoir eu l’habitude de le rompre avec celui qui est proche de nous, de ne pas avoir eu l’habitude de le partager. C’était un pain offert pour l’humanité et, en revanche, il a seulement été mangé par certains: l’amour ne peut pas supporter cela. Notre amour ne peut pas le supporter; et l’amour de Dieu ne peut pas, lui non plus, supporter cet égoïsme de ne pas partager le pain.
Un jour, il y avait une grande foule devant Jésus; c’était des gens qui avaient faim. Jésus demanda si quelqu’un avait quelque chose, et il n’y eut qu’un enfant disposé à partager ses provisions: cinq pains et deux poissons. Jésus multiplia ce geste généreux (cf. Jn 6, 9). Cet enfant avait compris la leçon du «Notre Père»: que la nourriture n’est pas une propriété privée — mettons-nous cela dans la tête: la nourriture n’est pas une propriété privée —, mais une providence à partager, avec la grâce de Dieu.
Le vrai miracle accompli par Jésus ce jour-là n’est pas tellement la multiplication — qui est vrai —, mais le partage: donnez ce que vous avez et je ferai un miracle. Lui-même, en multipliant ce pain offert, a anticipé l’offre de sa personne dans le pain eucharistique. En effet, seule l’Eucharistie est en mesure de rassasier la faim d’infini et le désir de Dieu qui anime chaque homme, également dans la recherche du pain quotidien.
Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et d’autres pays francophones. Je salue en particulier les prêtres du diocèse de Cambrai, avec leur évêque Mgr Dollmann, les membres de la Faculté de Droit canonique de Paris, les pèlerins d’Angers, ainsi que les nombreux jeunes venus de Paris, Rueil-Malmaison, Dreux, Aix-en-Provence, et d’autres lieux. Que la prière du Notre Père nous aide à demander le pain quotidien pour tous. Et que dans la recherche du pain quotidien, nous puissions témoigner que seule l’Eucharistie est susceptible de rassasier la faim d’infini et le désir de Dieu présents en chaque homme. Que Dieu vous bénisse !

BENOÎT XVI « la prière chrétienne comme une véritable rencontre personnelle avec Dieu »

2 avril, 2019

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120530.html

the iron choros at center of the cryot (lien ou site)

les choros de fer au centre de la cryot

BENOÎT XVI « la prière chrétienne comme une véritable rencontre personnelle avec Dieu »

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 30 mai 2012

Chers frères et sœurs,

au cours de ces catéchèses, nous méditons sur la prière dans les lettres de saint Paul et nous essayons de percevoir la prière chrétienne comme une véritable rencontre personnelle avec Dieu le Père, dans le Christ, par l’intermédiaire de l’Esprit Saint. Aujourd’hui, au cours de cette rencontre, entrent en dialogue le «oui» fidèle de Dieu et l’«amen» confiant des chrétiens. Je voudrais souligner cette dynamique, en m’arrêtant sur la deuxième lettre aux Corinthiens. Saint Paul envoie cette lettre passionnée à une Eglise qui a mis plusieurs fois en doute son apostolat, et il ouvre son cœur afin que les destinataires soient rassurés sur sa fidélité au Christ et à l’Evangile. Cette deuxième Lettre aux Corinthiens commence par l’une des prières de bénédiction les plus profondes du Nouveau Testament. Elle récite: «Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu» (2 Co 1, 3-4).
Paul vit donc une grande épreuve, il a dû traverser de nombreuses difficultés et douleurs, mais il n’a jamais cédé au découragement, soutenu par la grâce et par la proximité du Seigneur Jésus Christ, pour lequel il était devenu apôtre et témoin en remettant entre ses mains son existence. Précisément pour cela, Paul commence cette Lettre par une prière de bénédiction et d’action de grâce à l’égard de Dieu, car à aucun moment de sa vie d’apôtre du Christ, le soutien du Père miséricordieux, du Dieu de toute consolation ne lui a fait défaut. Il a souffert terriblement, il le dit précisément dans cette Lettre, mais dans toutes ces situations, où aucune autre voie ne semblait s’offrir, il a reçu la consolation et le réconfort de Dieu. Pour annoncer le Christ, il a subi également des persécutions, jusqu’à être enfermé en prison, mais il s’est toujours senti intérieurement libre, animé par la présence du Christ et désireux d’annoncer la parole d’espérance de l’Evangile. Ainsi, de prison, il écrit à Timothée, son fidèle collaborateur. Enchaîné, il écrit: «Mais on n’enchaîne pas la Parole de Dieu! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent eux aussi le salut par Jésus Christ, avec la gloire éternelle» (2 Tm 2, 9b-10). Dans ses souffrances pour le Christ, il fait l’expérience du réconfort de Dieu. Il écrit: «De même que nous avons largement part aux souffrances du Christ, de même, par le Christ, nous sommes largement réconfortés» (2 Co 1, 5).
Dans la prière de bénédiction qui introduit la deuxième Lettre aux Corinthiens domine ainsi, à côté du thème de la douleur, le thème de la consolation, qu’il ne faut pas comprendre comme un simple réconfort, mais surtout comme un encouragement et une exhortation à ne pas se laisser vaincre par l’épreuve et par les difficultés. C’est une invitation à vivre toute situation en union avec le Christ, qui assume sur lui toute la souffrance et le péché du monde pour apporter lumière, espérance, rédemption. Et ainsi, Jésus nous rend capables de réconforter à notre tour ceux qui traversent toutes sortes d’épreuves. La profonde union avec le Christ dans la prière, la confiance en sa personne, conduisent à la disponibilité de partager les souffrances et les épreuves des frères. Paul écrit: «Si quelqu’un faiblit, je partage sa faiblesse; si quelqu’un vient à tomber, cela me brûle» (2 Co 11, 29). Ce partage ne naît pas d’une simple bienveillance, ni uniquement de la générosité humaine ou de l’esprit d’altruisme, mais jaillit de la consolation du Seigneur, du soutien inébranlable de «cette puissance extraordinaire [qui] ne vient pas de nous, mais de Dieu» (2 Co 4, 7).
Chers frères et sœurs, notre vie et notre chemin sont souvent marqués par des difficultés, des incompréhensions, des souffrances. Nous le savons tous. Dans la relation fidèle avec le Seigneur, dans la prière constante, quotidienne, nous pouvons nous aussi, concrètement, sentir la consolation qui vient de Dieu. Et cela renforce notre foi, parce que cela nous fait faire l’expérience de manière concrète du «oui» de Dieu à l’homme, à nous, à moi, dans le Christ; cela fait sentir la fidélité de son amour, qui va jusqu’au don de son Fils sur la Croix. Saint Paul affirme: «Le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons annoncé parmi vous, Silvain, Timothée et moi, n’a pas été à la fois “oui” et “non”; il n’a jamais été que “oui”. Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur “oui” dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons “amen”, notre “oui”, pour la gloire de Dieu» (2 Co 1, 19-20). Le «oui» de Dieu n’est pas tronqué, il n’est pas entre «oui» et «non», mais il est un simple et très sûr «oui». Et à ce «oui», nous répondons avec notre «oui», avec notre «amen» et ainsi sommes-nous assurés dans le «oui» de Dieu.
La foi n’est pas prioritairement une action humaine, mais un don gratuit de Dieu, qui s’enracine dans sa fidélité, dans son «oui», qui nous fait comprendre comment vivre notre existence en l’aimant Lui et nos frères. Toute l’histoire du salut est une révélation progressive de cette fidélité de Dieu, malgré nos infidélités et nos reniements, dans la certitude que «les dons de Dieu et son appel sont irrévocables», comme le déclare l’Apôtre dans la Lettre aux Romains (11, 29).
Chers frères et sœurs, la façon d’agir de Dieu — bien différente de la nôtre — nous apporte consolation, force et espérance parce que Dieu ne retire pas son «oui». Face aux différends dans les relations humaines, souvent aussi familiaux, nous sommes portés à ne pas persévérer dans l’amour gratuit, qui coûte engagement et sacrifice. En revanche, Dieu ne se lasse pas de nous, il ne se lasse jamais d’être patient avec nous et avec son immense miséricorde il nous précède toujours, il vient le premier à notre rencontre, ce «oui» qui est le sien est absolument fiable. Dans l’événement de la Croix, il nous offre la mesure de son amour, qui ne calcule pas et qui n’a pas de mesure. Saint Paul dans sa Lettre à Tite écrit: «Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes» (Tt 3, 4). Et pour que ce «oui» se renouvelle chaque jour «il nous a consacrés, il a mis sa marque sur nous, et il nous a fait une première avance sur ses dons» (2 Co 1, 21b-22).
C’est en effet l’Esprit Saint qui rend continuellement présent et vivant le «oui» de Dieu en Jésus Christ et crée dans notre cœur le désir de le suivre pour entrer totalement, un jour, dans son amour, lorsque nous recevrons une demeure non construite par des mains humaines dans les cieux. Il n’y a personne qui ne soit touché et interpellé par cet amour fidèle, capable d’attendre aussi ceux qui continuent à répondre avec le «non» du refus ou du durcissement du cœur. Dieu nous attend, il nous cherche toujours, il veut nous accueillir dans la communion avec Lui-même pour donner à chacun de nous la vie, l’espérance et la paix en plénitude.
Sur le «oui» fidèle de Dieu se greffe l’«amen» de l’Eglise qui retentit dans chaque action de la liturgie: «amen» est la réponse de la foi qui termine toujours notre prière personnelle et communautaire, et qui exprime notre «oui» à l’initiative de Dieu. Dans la prière, nous répondons souvent par habitude avec notre «amen», sans en saisir la signification profonde. Ce terme dérive de ‘aman qui, en hébreu et en araméen, signifie «rendre stable», «consolider» et, en conséquence, «être certain», «dire la vérité». Si nous regardons l’Ecriture Sainte, nous voyons que cet «amen» est prononcé à la fin des psaumes de bénédiction et de louange, comme, par exemple, dans le Psaume 41: «Dans mon innocence tu m’as soutenu et rétabli pour toujours devant ta face. Béni sois le Seigneur, Dieu d’Israël, depuis toujours et pour toujours! Amen! Amen!» (vv. 13-14). Ou bien il exprime l’adhésion à Dieu au moment où le peuple d’Israël revient plein de joie de l’exil babylonien et prononce son «oui», son «amen» à Dieu et à sa Loi. Dans le Livre de Néhémie on raconte que, après ce retour «Esdras ouvrit le livre; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit: “Amen! Amen!”» (Ne 8, 5-6).
Dès le début, l’«amen» de la liturgie juive est donc devenu l’«amen» des premières communautés chrétiennes. Et le livre de la liturgie chrétienne par excellence, l’Apocalypse de saint Jean, commence par l’«amen» de l’Eglise: «A lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous le royaume et les prêtres de Dieu son Père, à lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen» (Ap 1, 5b-6). Il en est de même dans le premier chapitre de l’Apocalypse. Et ce même livre se termine par l’invocation «Amen, viens, Seigneur Jésus» (Ap 22, 21).
Chers amis, la prière est la rencontre avec une Personne vivante à écouter et avec qui dialoguer; c’est la rencontre avec Dieu qui renouvelle sa fidélité inébranlable, son «oui» à l’homme, à chacun de nous, pour nous apporter son réconfort au milieu des tempêtes de la vie et nous faire vivre, unis à Lui, une existence pleine de joie et de bien, qui trouvera son accomplissement dans la vie éternelle.
Dans notre prière nous sommes appelés à dire «oui» à Dieu, à répondre par cet «amen» de l’adhésion, de la fidélité de toute notre vie à Lui. Cette fidélité nous ne pouvons jamais la conquérir avec nos propres forces, elle n’est pas seulement le fruit de notre engagement quotidien; celle-ci vient de Dieu et est fondée sur le «oui» du Christ, qui affirme: ma nourriture est de faire la volonté du Père (cf. Jn 4, 34). C’est dans ce «oui» que nous devons entrer, entrer dans ce «oui» du Christ, dans l’adhésion à la volonté de Dieu, pour parvenir avec saint Paul à affirmer que ce n’est pas nous qui vivons, mais que c’est le Christ lui-même qui vit en nous. Alors, l’«amen» de notre prière personnelle et communautaire enveloppera et transformera toute notre vie, une vie de consolation en Dieu, une vie plongée dans l’Amour éternel et inébranlable. Merci.

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